Sermons 2022

Expéditions au Bahreïn

Dans son sermon du 01 juillet 2022, Sa Sainteté le Calife a évoqué un autre épisode de la campagne contre les rebelles au Bahreïn.

Sermon du vendredi 01 juillet 2022, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

J’évoquais les expéditions menées contre les apostats et les rebelles à l’époque du Calife Abou Bakr Al-Siddîq (r.a.), notamment la neuvième campagne qui était menée au Bahreïn.

Voici des explications supplémentaires à propos de l’attaque lancée par Al-‘Alâ Ibn Al-Hadrami contre Houtam. Al-‘Alâ a ordonné à Jarout de prendre la tribu d’Abdoul-Qays et de camper dans la région jouxtant Hajar afin de lancer l’assaut contre Houtam. Al-‘Alâ est venu dans cette région afin de combattre Houtam. En sus des gens de Darîn, tous les polythéistes se sont réunis sous l’égide de Houtam. C’est ainsi que tous les musulmans se sont réunis autour d’Al-‘Alâ. Les deux armées ont creusé des tranchées à l’avant de leur emplacement. Tous les jours, ils attaquaient l’ennemi en traversant leur tranchée. Après le combat, ils se repliaient derrière la tranchée. Ceci a continué pendant un mois. Durant cette période, une nuit, les musulmans ont entendu de grands bruits du côté du camp ennemi. Al-‘Alâ a demandé : « Y-a-t-il quelqu’un pour s’informer de la situation dans le camp ennemi ? » ‘Abdoullah Ibn Hadaf a déclaré : « Je vais le faire. » Il est retourné l’informer que leur ennemi était ivre. C’est en raison de leur ivresse qu’ils causaient tout ce bruit.

Quand ils l’ont su, les musulmans ont attaqué l’ennemi : en pénétrant dans leur camp, ils les ont tués. Les soldats ennemis ont couru vers leur tranchée : nombre d’entre eux sont morts en y tombant. D’autres ont eu la vie sauve. D’autres encore étaient apeurés. Certains ont été tués ou emprisonnés. Les musulmans ont tout pris de leur camp. Ceux qui ont pris la fuite ne sont partis qu’avec ce qu’ils portaient sur eux.

Abjar s’est enfui. Houtam était si effrayé qu’on eut dit qu’il n’y avait pas trace de vie en lui. Il s’est avancé vers son cheval quand les musulmans étaient déjà au milieu du camp des polythéistes. Même dans son état d’ivresse, Houtam a pu échapper aux musulmans et il était sur le point de monter sur son cheval pour prendre la fuite quand son étrier s’est brisé dès qu’il y a mis le pied ; et alors Qays Ibn ‘Asim l’a tué.

Après avoir tout pris du camp ennemi, les musulmans ont traversé leur tranchée et ont poursuivi les soldats ennemis. Qays Ibn ‘Asim s’est rapproché d’Abjar : mais le cheval de ce dernier était plus puissant que le sien. De peur qu’Abjar ne lui échappe Qays Ibn Asim a frappé d’un coup de lance l’arrière du cheval d’Abjar et l’a blessé. Abjar, cependant, a réussi à s’enfuir.

Selon un autre récit, Qays Ibn ‘Asim a frappé la tête d’Abjar : le coup lui a tranché le casque. Qays l’a frappé une fois de plus et l’a ensanglanté.

Durant la matinée, Al-‘Alâ a distribué le butin parmi les soldats et a également offert les vêtements de valeur des chefs tués aux combattants qui avaient fait preuve d’une grande bravoure lors de la bataille. ‘Afif Ibn Moundhir, Qays Ibn ‘Asim et Thoumamah Ibn Outhal figuraient parmi ceux qui ont reçu ces vêtements. Parmi les vêtements offerts à Thoumamah se trouvait une précieuse robe noire à motifs que Houtam portait avec grande fierté. Le succès de cette campagne a été rapporté au Calife Abou Bakr (r.a.). Dans sa lettre Al-‘Alâ a informé le Calife de la défaite des soldats des tranchées et de la mort de Houtam qui a été tué par Zayd et Mu’ammar. Il y a écrit : « Allah a fait perdre la raison à nos ennemis. Leur énergie a été épuisée par l’alcool qu’ils buvaient pendant la journée. Nous avons traversé le fossé et avons pénétré leur camp. Nous les avons trouvés ivres. Nous les avons tous tués, sauf quelques-uns. Allah a également achevé Houtam. »

Hajar et ses environs ont été capturés par Al-‘Alâ. Mais de nombreux Perses de la localité se sont opposés au nouvel État. Afin de semer la panique dans la population, ils ont souvent répandu la nouvelle que l’État de Médine serait renversé à Hajar.

Ils répandaient aussi la nouvelle que Mafrouq Al-Cha’bani accompagné de sa tribu, les Taghlib, et les troupes de Namir sont en cours de route.

Lorsqu’Abou Bakr (r.a.) a su à ce propos, il a écrit ceci à Al-‘Alâ : « Si l’enquête révèle que les Banou Cha’ban Ibn Tha’labah, dont le chef est Mafrouq, vont vous attaquer et que les fauteurs de troubles répandent en effet cette nouvelle, en ce cas, envoyez une armée pour les soumettre et les piétiner et effrayer les tribus derrière eux de sorte qu’ils n’aient jamais le courage de relever la tête. »

Les apostats se sont réunis à Darîn. Selon certains historiens, la bataille de Darîn a eu lieu à l’époque du califat d’Abou Bakr (r.a.). Mais selon d’autres, la bataille de Darîn s’est déroulée à l’époque du Calife ‘Oumar.

En tout cas, les apostats s’étaient réunis là-bas. Darîn était une île du golfe Persique à quelques kilomètres de Bahreïn. Des familles chrétiennes y vivaient.

Après la défaite infligée par Al-‘Alâ, une grande partie des rebelles vaincus se sont rendus à Darîn par bateau et les autres sont retournés dans leurs zones tribales respectives. Al-‘Alâ Ibn Hadrami a écrit aux musulmans de la tribu de Bakr Ibn Wa’il de les combattre. Il a également ordonné à ‘Outaybah Ibn Al-Nahhâs et ‘Amir Ibn ‘Abdil Aswad de rester là où ils se trouvaient et de placer une garde contre les apostats sur toutes les voies. Il a en outre ordonné à Misma de combattre les apostats. Il a ordonné à Khasfa Al-Taymi et Mouthannah Ibn Harithah Al-Chaybani de combattre eux aussi ces apostats.

Misma Ibn Haritha a joué un rôle majeur dans l’extinction de l’apostasie au Bahreïn. Il a accompagné Al-‘Alâ Ibn Hadrami avec son armée et a marché vers le nord du Bahreïn. Ils ont capturé Qatif et Hajar. Il a poursuivi sa mission jusqu’à vaincre l’armée perse et ses agents qui avaient aidé les apostats à Bahreïn. Afin de combattre les apostats dans ces régions, ceux qui sont restés fidèles à l’islam ont rejoint Al-‘Alâ Ibn Hadrami. Ils ont continué vers le nord le long de la côte ; et lorsqu’Abou Bakr s’est renseigné sur Mouthannah Ibn Harithah, Qays Ibn ‘Asim a répondu : « Il n’est pas un étranger, d’origine inconnue, ou un individu déshonorable. Il s’agit de Mouthannah Ibn Harithah Al-Chaybani. » Mouthannah Ibn Harithah Al-Chaybani s’est tenu aux carrefours pour arrêter les apostats et certains des apostats se sont repentis et se sont reconvertis à l’islam : on a accepté leur conversion. Certains ont refusé de se repentir et ont insisté à suivre la voie de l’apostasie : on les a empêchés d’entrer dans leur région. Ils ont rebroussé chemin et sont partis à Darîn par bateau. C’est ainsi qu’Allah les a tous rassemblés.

Al-‘Alâ était encore dans l’armée des polythéistes lorsqu’il reçut une réponse aux lettres qu’il avait envoyées à la tribu de Bakr Ibn Wa’il ; et ainsi, il a su qu’ils obéiraient à l’ordre d’Allah et soutiendraient Sa religion. Lorsqu’Al-‘Alâ a su que ces individus étaient musulmans, qu’ils ne se rebelleraient pas et qu’ils ne se battraient pas et qu’il était convaincu qu’après son départ, il n’y aurait pas d’événements désagréables avec les habitants du Bahreïn, il a demandé à tous les musulmans de marcher sur Darîn ; il les a invités à ce faire.

Les événements décrits plus loin sur leur traversée de la mer semblent invraisemblables. Cette description pourrait comprendre une part de vérité avec des exagérations : j’expliquerai plus loin ce qu’il en est réellement.

En tout cas, selon les rapports, les musulmans ne disposaient pas de bateaux pour atteindre l’île. Ayant fait ce constat, Al-‘Alâ Ibn Hadrami a rassemblé ses troupes et a prononcé le discours suivant : « Allah a rassemblé les troupes de Satan pour vous et a poussé la bataille vers la mer. Il vous a déjà montré Ses signes sur la terre ferme, afin que vous puissiez voir d’autres signes en mer. Marchez vers votre ennemi, traversez la mer et avancez vers lui, car Allah l’a rassemblé pour vous. » Tous ont répondu : « Par Dieu ! Nous le ferons ! Après avoir vu le miracle de la vallée de Dahna, nous n’aurons pas peur de ces gens tant que nous vivrons. » Ce récit est tiré d’Al-Tabari. Le miracle était l’incident du retour des chameaux des musulmans qui avaient pris la fuite et de la source d’eau qui avait jailli [en plein milieu du désert] : [j’en avais] fait mention plus tôt. Ils ont fait référence à ce miracle et ont dit qu’à présent ils verront le miracle de la traversée de la mer. Al-‘Alâ et tous les musulmans se sont rendus vers la côte dans cet endroit. Al-‘Alâ et ses compagnons priaient Dieu en ces termes :

یا أرحم الراحمین یا کریم یا حلیم یا أحد یا صمد

یا حي یا محيي الموتى یا حي یا قیوم لا إله إلا أنت یا ربنا

« Ô Toi, le plus Miséricordieux des miséricordieux ! Ô Noble Dieu ! Ô Toi, le plus indulgent ! L’unique ! L’indépendant ! Ô Toi Qui es vivant, Qui donnes la vie aux morts !

Ô Dieu vivant, Toi Qui soutiens toute chose ! Il n’y a personne digne d’adoration sauf Toi, ô notre Seigneur ! »

Selon le récit, Al-‘Alâ a demandé à tous les soldats de mettre leurs chevaux à la mer en récitant cette prière. Ainsi, tous les musulmans, à la suite de leur commandant, Al-‘Alâ Ibn Hadrami, sont montés sur leurs chevaux, ânes, chameaux et mulets et sont entrés dans la mer ; et ensuite, par la puissance d’Allah, ils ont traversé le golfe sans subir aucune perte. Il semblait qu’ils marchaient sur du sable mou et humide. Les pattes des chameaux ne s’enfonçaient pas et les musulmans n’ont rien perdu dans la mer. On trouve mention d’un petit sac perdu qu’Al-‘Alâ a [trouvé et] rapporté. Le voyage de la côte jusqu’à Darîn durait un jour et une nuit en bateau, mais la troupe a parcouru cette distance en très peu de temps, au cours d’une journée. Ces faits ont été rapportés par Al-Tabari, mais certains écrivains contemporains ont expliqué cet incident de la traversée de la mer, en disant qu’il est possible que la marée était basse dans le golfe Persique en ce moment-là ou que les récits soient exagérés et qu’en fait les musulmans aient traversé la mer par des bateaux appartenant aux gens locaux.

Cependant, ce détail n’est mentionné nulle part dans les récits. Différents individus ont présenté ces récits : ils ont mentionné la traversée. Il ne fait aucun doute que les musulmans soient arrivés à Darîn. Allah sait le mieux comment ils y sont parvenus. Quant aux miracles, je présenterai le principe expliqué par le Mouslih Maw’oud (ra) en référence à l’histoire du prophète Moïse (a.s). Le Mouslih Maw’oud (ra) explique l’événement de la séparation de la mer lors de l’exode du Prophète Moïse (a.s.), mentionné dans le Coran. Il explique : « Selon le Saint Coran, les enfants d’Israël se rendaient en Terre Sainte poursuivis par l’armée de Pharaon. Les enfants d’Israël en prirent peur et pensèrent qu’ils seraient attrapés, mais Dieu, par l’intermédiaire de Moïse, les rassura et dit à Moïse de frapper la mer de son bâton. Ceci ouvrit un chemin dans la mer et ils avancèrent. Sur chaque côté, il y avait de l’eau en hauteur et ressemblant à des dunes de sable. L’armée de Pharaon les poursuivit, mais après la traversée sauve des Hébreux, l’eau revint et les Égyptiens se noyèrent. Pour comprendre cet incident, il faut se rappeler que selon les enseignements du Saint Coran, tous les miracles viennent d’Allah et aucun être humain n’y est impliqué ou ne peut l’influencer.

Ainsi, le fait que Moïse ait levé son bâton pour frapper la mer n’était qu’un signe. Ce bâton du prophète Moïse n’avait pas le pouvoir de séparer la mer. De même, il faut se rappeler que les termes du Saint Coran ne prouvent pas que la mer s’est fendue en deux pour que Moïse passe au milieu. Les deux mots utilisés dans le Saint Coran concernant cet incident sont Faraqa et Infalaqa qui signifient se distancer ou se séparer. Ces paroles du Saint Coran prouvent que la mer s’est séparée du rivage quand les enfants d’Israël étaient sur le point de la traverser. Ils ont traversé sur le terrain qui s’offrait à eux. Des phénomènes similaires ont lieu sur des rivages.

La biographie de Napoléon relate que lorsqu’il a envahi l’Égypte avec une partie de son armée, il traversa par les rives de la mer Rouge au moment de la marée montante. Ils en sont sortis indemnes in extremis. Le miracle dans l’incident de Moïse était qu’Allah a amené les enfants d’Israël à la mer où moment de la marée basse et que dès que le prophète Moïse a levé les mains l’eau a commencé à se retirer selon le commandement d’Allah. Mais lorsque l’armée de Pharaon est entrée dans la mer, son avancée a été entravée. Son armée suivait les Hébreux très lentement et elle était toujours dans la mer quand la marée est montée. Et l’ennemi s’est donc noyé. Les mouvements de la marée sont courants en mer : à un moment, l’eau s’éloigne loin du rivage et à un autre moment elle s’avance sur terre. La « séparation » de la mer est liée aux mouvements de la marée. Le prophète Moïse (a.s.) a traversé la mer au moment de la marée basse quand la mer se retirait. Pharaon est arrivé par la suite. Étant donné qu’il était parti au moins un jour après le départ de prophète Moïse (a.s.), il s’est empressé alors que Moïse (a.s.) avait déjà parcouru la majeure partie de la partie sèche de la mer qu’il traversait. Lorsque Pharaon les vit passer, il envoya ses chars en toute hâte, mais le sable de la mer, qui était humide, fut fatal à ses chars, et ses chars s’y enlisèrent, et il était si tard que la marée commença à monter. Les deux options lui étaient difficiles : il ne pouvait ni avancer ni reculer. Le résultat a été que la mer l’a encerclé et lui et beaucoup de ses compagnons se sont noyés.

La marée était haute et l’eau montante de la mer charria leurs corps jusqu’au rivage. »

En tout cas, les musulmans ont atteint Darîn d’une manière ou d’une autre, comme je l’ai dit. Un phénomène ressemblant à la marée s’est peut-être produit. En arrivant à Darîn, il y a eu une confrontation entre les musulmans et les rebelles apostats. Une bataille très sanglante a eu lieu dans laquelle tous les rebelles ont été tués. Personne n’a survécu pour informer les autres de ces événements. Les musulmans ont assujetti leurs familles et confisqué leurs biens. Chaque cavalier recevait six mille dirhams et chaque fantassin deux mille.

Il avait fallu une journée entière aux musulmans pour les atteindre depuis la plage et les combattre. Une fois leur tâche accomplie ils sont rentrés.

Voici l’incident du martyre de Thoumamah Ibn Outhal. Al-‘Alâ Ibn Hadrami a ramené tout le monde sauf ceux qui ont préféré rester là-bas. Thoumamah Ibn Outhal faisait également partie des rapatriés. ‘Abdoullah Ibn Hadhaf relate : « Nous étions à une source des Banou Qays Ibn Tha’labah. Les gens de la région ont vu Thoumamah portant la robe de Houtam. Il s’agissait de la même robe offerte à Thoumamah comme butin après la mort de Houtam. Les gens de cette tribu ont envoyé un homme pour enquêter et lui ont dit : « Va et demande à Thoumamah d’où il a eu cette robe et demande-lui si c’est bien lui ou quelqu’un d’autre qui a tué Houtam. » Houtam était leur chef. L’homme a questionné Thoumamah sur la robe. Il a répondu : « Je l’ai reçu comme butin. » L’autre a demandé : « C’est toi qui a tué Houtam ? » Thoumamah a répondu : « Non, même si j’aurais aimé l’avoir tué. » L’autre a demandé : « D’où vient cette robe ? » Thoumamah a répondu : « Je viens de te répondre qu’on me l’a offert du butin. » L’individu de cette tribu est revenu et a rapporté toute la conversation à ses amis. Ils sont tous retournés auprès de Thoumamah et l’ont entouré. Ils ont tous dit : « Tu as tué Houtam ! » Thoumamah a répondu : « Vous mentez ! Je ne suis pas son assassin. Cependant, j’ai obtenu cette robe comme part du butin. » Ils ont dit que seul le tueur reçoit sa part. Thoumamah a dit que la robe n’était pas sur son corps mais qu’elle était sur sa monture ou dans ses affaires. Les gens ont dit : « Tu mens ! » Et ils l’ont tué.

Voici les détails sur la dixième campagne, menée par Souwayd Ibn Mouqarrin contre les rebelles apostats. Le Calife Abou Bakr (r.a.) avait confié un drapeau à Souwayd Ibn Mouqarrin et lui a ordonné de se rendre dans la région de Tihama au Yémen. Selon l’étymologie, Tihama signifie chaleur intense et stagnation de l’air. Elle signifie aussi une pente. À l’ouest et au sud du Yémen se trouve une bande de terre basse sur les rives de la mer Rouge appelée Tihama. Il y a beaucoup de collines basses mais en couches dans cette contrée. La frontière nord de Tihama s’approche de La Mecque et se termine à une distance d’environ 564 kilomètres de Sana’a, la capitale du sud du Yémen. Tihama était un district du Yémen comprenant de nombreux villages et villes. C’était donc une description de la région de Tihama au Yémen.

Voici une introduction de Souwayd Ibn Mouqarrin. Son père se nommait Mouqarrin Ibn ‘Â’idh. Il appartenait à la tribu de Mouzaynah et son surnom était Abou ‘Adiyy ou Abou ‘Amr, selon certains. Il s’est converti à l’islam en l’an 5 de l’Hégire. Il avait participé à la bataille du fossé avec le Saint Prophète. En outre, il a participé avec le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) dans toutes ses autres expéditions. Il était le frère d’Al-Nou’man Ibn Mouqarrin qui avait joué un rôle important dans les conquêtes persanes.

Il n’y a aucune description dans les livres d’histoire de l’expédition de Souwayd à Tihama et des opérations contre les apostats.

Cependant, les livres d’histoire évoquent l’apostasie des gens de Tihama et leur condition en ces termes. En l’an dix de l’Hégire, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a nommé des collecteurs de la Zakât au Yémen après le pèlerinage d’adieu. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a divisé le Yémen en sept régions. Tahir Ibn Abi Hala a été nommé gouverneur à Tihama. En sus des Arabes [des tribus mineures], il y avait deux tribus majeures et importantes à Tihama : ‘Ak et Ach’ar. Selon le recueil d’Al-Tabari, ‘Atab Ibn ‘Asib et ‘Outhman Ibn Abil-‘Âs ont écrit en premier à Abou Bakr que les apostats avaient attaqué les musulmans de leur région. Ils ne s’étaient pas contentés de s’apostasier, mais comme je l’ai déjà dit, ils s’en prenaient aussi aux musulmans. La situation était la même ici. ‘Attâb a envoyé son frère, Khalid Ibn Asîd, pour réprimer les gens d’Al-Tihama, où un groupe important des Banou Moudlij et divers groupes des Khouza’ah et Kinanah s’étaient rebellés sous la direction de Joundoub Ibn Salamah de la famille des Banou Chounouq, un clan des Banou Moudlij. Les deux rivaux se sont affrontés et Khalid Ibn Asîd les a vaincus et a dispersé et tué de nombreux ennemis. Les gens des Banou Chounouq ont été tués en plus grand nombre. Leur nombre a diminué après l’incident.

Cette opération a débarrassé la région d’Attâb de la sédition et de l’apostasie ; Joundoub s’est enfui, puis il s’est reconverti à l’islam après un certain temps.

Selon un rapport, après la disparition de l’Envoyé d’Allah (s.a.w), les tribus d’Ak et d’Ach’ar étaient celles qui s’étaient les plus révoltées à Tihama. En voici les détails.

Ils se sont réunis quand ils ont reçu la nouvelle du décès du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Les gens de la tribu de Khadham les ont également rejoints. Ils campaient à Al-Âb sur la côte et étaient accompagnés de soldats qui n’avaient pas de chefs. Al-Âb, est une région entre La Mecque et la côte où résidait la tribu d’Ak.

Tahir Ibn Abi Hala en a informé Abou Bakr (r.a.) et est parti les réprimer. Il a également écrit à Abou Bakr pour l’informer de son départ. Tahir était accompagné de Masruq Al-‘Akki et les membres de sa tribu qui n’avaient pas apostasié. Il est allé à leur rencontre à Al-Âb ; et après une bataille féroce, Allah a vaincu les ennemis. Les musulmans les ont tués sans difficulté ; la puanteur de leurs cadavres s’est répandue dans toutes les directions. Les musulmans ont remporté une glorieuse victoire.

Se référant aux incidents d’apostasie à Tihama, un auteur écrit que Tahir Ibn Abi Hala était à l’avant-garde de la répression de l’apostasie là-bas. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) avait nommé Tahir Ibn Abi Hala gouverneur de cette partie de Tihama où se trouvaient les tribus d’Ak et d’Ach’ar. Ensuite Abou Bakr a ordonné à Oukacha Ibn Thawr de rester à Tihama, de rassembler son peuple autour de lui et d’attendre l’ordre du Calife. Au moment du décès du Saint Prophète (s.a.w.) Oukacha était gouverneur de Saqasiq et de Soukoun, deux régions du Hadramaout.

Le Calife Abou Bakr (r.a.) a renvoyé Jarir Ibn ‘Abdillah Al-Bajali auprès de la tribu Bajilah et lui a ordonné de prendre les musulmans de sa tribu et de combattre ceux qui ont apostasié de l’islam. Il devait ensuite se rendre auprès de la tribu Khadham et combattre l’ennemi. Jarir est parti sur cette expédition et exécuta l’ordre donné par le Calife Abou Bakr (r.a.) ; et hormis quelques individus, personne n’est venu le combattre. Ils les a tués et dispersés.

Je parlerai davantage de ces expéditions. J’en évoquerai la onzième, la prochaine fois, Incha Allah.

Pour l’instant, je souhaite mentionner quelques personnes récemment décédées. Deux d’entre elles sont des jeunes du Burkina Faso. Dans la soirée du 11 juin, ils se trouvaient dans un village de la région de Dori où des terroristes ont lancé une attaque : de nombreuses personnes ont été tuées. Deux de nos Khouddam ahmadis qui travaillaient dans leur magasin ont également été tués. Il y a eu une fusillade et ils sont tombés en martyrs sur le coup. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Le premier se nomme Dicko Zakaria. Il avait 32 ans. Il avait servi comme Qaid régional du [Majlis] Khuddam ul Ahmadiyya de la région de Dori. Il avait intégré l’école de Hifdh au Ghana pour mémoriser le Coran. Il avait suivi des cours de mémorisation pendant un certain temps avant de rentrer [au pays]. Il était toujours prêt à servir la Jama’at. Il répondait présent [à tout appel] au travail de la Jama’at. Il respectait l’office des cinq prières quotidiennes et accomplissait aussi régulièrement les prières de Tahajjoud et les Nawâfil. Il était régulier dans ses cotisations. S’il avait quelque revenu supplémentaire en sus de ses revenus mensuels, il cotisait immédiatement. Il avait un amour véritablement sincère pour la Jama’at et le Califat. Il suivait régulièrement les sermons du vendredi et suivait aussi les autres émissions de la MTA avec beaucoup d’intérêt. Son missionnaire local dit que lors de sa dernière rencontre avec lui, le défunt avait exprimé son grand désir de rencontrer le Calife de l’époque. Le Mou’allim a écrit qu’il était un Khadim idéal. Il laisse derrière lui son épouse, deux filles et un fils.

Le deuxième martyr se nomme Dicko Moussa. Il avait 34 ans. Il servait Qaid du [Majlis] Khuddam ul Ahmadiyya de de Saitinga. Il participait à tous les programmes de sa Jama’at et y faisait participer les autres aussi. Il était régulier dans ses prières et ses cotisations. Il n’y avait pas de mosquée dans sa Jama’at : il tentait de construire un abri pour y offrir des prières régulièrement. Il m’écrivait fréquemment. Il servait toute personne qui visitait sa région de la capitale. Il accompagnait tout visiteur et travaillait avec lui. Il laisse dans le deuil deux épouses et trois filles.

Qu’Allah leur accorde Son pardon et Sa miséricorde et qu’Il élève leurs rangs.

L’Amir de la Jama’at relate à propos des deux martyrs : « Ces deux Khouddam étaient les frères de notre missionnaire Dicko Ahmad Boureïma, qui est actuellement en charge de la Radio Ahmadiyya de Dori. L’Ahmadiyya a été introduit dans leur famille par l’intermédiaire de leur père Ibrahim Bounti. Il était un prédicateur très sincère et passionné. Il a également servi comme Zaim Ansarullah de la région de Dori. Il est décédé en 2011.

L’Amir Sahib demande de prières et écrit que des attaques terroristes ont lieu au Burkina Faso depuis 2015 et qu’il y a beaucoup de destruction dans la partie nord du pays. Plus de deux millions de personnes ont été déplacées. Qu’Allah créé la paix dans la région.

Les conditions économiques et politiques actuelles du monde augmentent les risques de terrorisme. Qu’Allah ait pitié de l’humanité et lui accorde la sagesse.

Le prochain défunt que j’évoquerai se nomme Mohammad Yusuf Baloch, fils de M. Noor Khan de Basti Sadiqpur du district d’Umarpur, Sindh. Il est également décédé récemment. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons.

Il appartenait à une famille d’origine baloutche. Ils sont originaires de Dera Ghazi Khan : le défunt y est né. En 1934, Maulana Ghulam Rasool Rajiki Sahib a introduit l’Ahmadiyya au sein de sa famille. Après la création du Pakistan, ils ont migré vers les terres du Tahrik-e-Jadid à Sadiqpur, Umerkot. Le défunt a également résidé à Rabwah pendant environ six ans. Il a servi comme gardien de la mosquée de son quartier. Par la grâce d’Allah, il était Moussi. Il laisse derrière lui son épouse, sept fils et quatre filles. L’un de ses fils, Shabbir Ahmed, est un missionnaire : étant actuellement en service en Côte d’Ivoire, il n’a pas pu assister aux funérailles de son père. Les deux petits-fils du défunt sont aussi des missionnaires.

Son fils, Shabbir Sahib, écrit : « [Notre défunt père] possédait de nombreuses qualités. Nous l’avons vu accomplir la prière de Tahajjoud depuis notre enfance. Il avait l’habitude de réciter le Coran à haute voix après la prière d’Al-Fajr tous les jours. Il avait une grande affection pour le Califat. Chaque fois que je rentrai, il m’appelait et me conseillait de ne jamais oublier les deux points suivants : d’être toujours fidèle au Califat et de respecter mon Waqf. Il avait un très grand sens de l’hospitalité : il ramenait chez lui des gens qu’il rencontrait en cours de route. De nombreuses personnes étrangères à la Jama’at dont des hindous étaient venus présenter leurs condoléances. Ils ont exprimé de très bons sentiments à son égard. Vu que le défunt aidait beaucoup les pauvres, ils ont déclaré que leur père est décédé. »

La troisième défunte se nomme Aziza Mubariza Farooq, une Waqifa-e-Nao de Rabwah. Elle était la fille de M. Farooq Ahmad. Elle est décédée récemment. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Quand elle avait 11 ans, elle s’était agrippée à un câble électrique à haute tension : des deux bras ont été paralysés et endommagés. Par la suite, elle a dû être amputée de ses deux bras. Mais même là, elle n’a pas abandonné et a poursuivi ses études. Elle s’est entraînée d’abord à écrire avec un stylo dans la bouche, puis, par la suite elle s’est entraînée à écrire en tenant un stylo entre ses deux coudes. Et en quelques mois elle commença à écrire d’une belle écriture. Elle a poursuivi ses études et après un certain temps, sa famille s’est établie à Rabwah. Elle y a poursuivi ses études. Elle a passé sa licence en 2013 avec de bonnes notes. Elle a également fait une maîtrise en arabe au Talim-ul-Islam College. Elle a également servi au Tahir Heart Institute pendant un certain temps en tant que Waqifa-e-Nao. Elle a appris la prononciation correcte et la traduction mot-à-mot du Coran et a toujours obtenu des notes de 100 %. Elle tenait également des cours de traduction du Coran dans son quartier. Outre ses parents, elle laisse dans le deuil deux frères et deux sœurs. Qu’Allah lui accorde Son pardon et Sa miséricorde. Qu’Allah accorde patience et persévérance aux membres de sa famille.

Le prochain défunt se nomme Anzoumana Ouattara qui était Mou’allim de la communauté en Côte d’Ivoire. Il était de la région de Massadougou. Il est également décédé récemment. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Le missionnaire en charge de la Côte d’Ivoire écrit : « Le défunt était un aîné de la communauté, imbu de simplicité et d’humilité. Il était régulier dans l’accomplissement de ses Salâts et son jeûne. Il accomplissait fréquemment les prières Nawâfil et jeûnait régulièrement les lundis et jeudis. Ses prières étaient souvent exaucées. Il avait un grand amour pour le Califat. Il était un prédicateur émérite. Il a accepté l’Ahmadiyya par un rêve en 1997. Dans le rêve il s’est vu dans la forêt en train de se rendre au village nommé Nasian. Il se frayait une route avec une épée, tout en récitant la Kalima Tayyiba à haute voix. Il raconte : « Un jour après ce rêve, j’appris qu’un missionnaire ahmadi, M. Omar Moaz, était venu prêcher au village de Nasian. » Sur ce, il s’est rendu à Nasian. Il a fait la Bai’ah dès qu’il a entendu le message de la Jama’at. Il a déclaré : « Allah m’avait demandé d’accepter ce message dans mon rêve. Je dois tenter de me rendre dans ce village où je trouverai la foi. »

Quelque temps après son l’acceptation de l’Ahmadiyya, il a commencé à servir la Jama’at régulièrement en tant que Mou’allim. Lorsque la guerre civile a éclaté dans le pays en 2002, ils ne pouvaient plus maintenir un contact [régulier] avec le Centre. Le défunt Mou’allim a maintenu le contact avec les villages et les Jama’at environnantes et a poursuivi le travail d’éducation et de formation des membres de la Jama’at en toutes circonstances et est resté en contact [autant que possible] avec le Centre. Il a également construit une mosquée chez lui, dans son village ; et de là, il a également travaillé pour l’éducation et la formation des membres de la Jama’at. Régulièrement, il effectuait de longs trajets pour participer aux programmes nationaux.

Le défunt a pu assister à la Jalsa Salana du Royaume-Uni en 1998. Il a eu le privilège de rencontrer le quatrième Calife et a participé dans l’émission de la MTA « Rencontre avec les Francophones » avec le quatrième Calife. Il était très content de cette rencontre et disait qu’il s’agissait d’un beau moment de sa vie et qu’il n’a pas les mots pour la décrire.

Il m’avait rencontré en 2004 lors de ma visite au Burkina Faso. Là-bas, il m’a dit : « Je vous rencontre aujourd’hui en raison de ma nouvelle vie. Et c’est à cause de votre visite qu’Allah m’a accordé Sa grâce et que je reçois cette bénédiction. »

Il a relaté : « J’étais tombé gravement malade deux mois auparavant. Ma famille pensait que je vivais mes derniers moments. »

C’est alors qu’il m’a vu dans un rêve : il m’a vu passer ma main sur sa tête et il dit que dans son rêve, il avait l’impression que toute la maladie l’abandonnait. Lorsqu’il s’est réveillé, la maladie avait en effet disparu et il s’était rétabli. En tout cas, lors de ma visite, il m’a demandé d’accomplir physiquement ce qu’il avait vu dans son rêve et a présenté sa tête pour que je puisse passer ma main dessus et il en a été très heureux.

Il nourrissait envers le Califat une loyauté totale et disait aux autres que la vie qui lui a été accordée était vouée à servir la foi et qu’il passerait sa vie restante à le faire : il s’agit d’un serment qu’il a respecté. Il a vécu jusqu’à l’âge de 94 ans et a été actif et en bonne santé jusqu’à son dernier jour. Malgré son âge avancé, il partait seul en tournée dans la Jama’at voisine. Il m’a également rencontré une deuxième fois en 2008 quand je me suis rendu au Ghana. Il s’y était rendu lui aussi et avait participé à la Jalsa du jubilé du Califat ; et il en était très heureux.

Bandoko Shahid Sahib, qui est missionnaire, dit : « Il avait un amour particulier pour les missionnaires du Pakistan. Il les accueillait avec grande humilité et les traitait avec respect et honneur. Il était toujours en tête de liste dans ses sacrifices financiers et cotisait régulièrement. » Il raconte : « Je me suis rendu dans son village cette année à la fin janvier et le défunt m’a dit qu’il partait cette année. Je lui ai demandé s’il voyageait quelque part. Il a répondu qu’il quitterait ce monde parce qu’il était très heureux cette année. » Le missionnaire dit : « Il a ensuite dit qu’il avait passé toute sa vie à travailler pour Allah (il avait en effet une ferme conviction en Allah) et qu’il allait vers Lui pour obtenir son salaire. Une semaine avant son décès, il a dit à sa famille qu’il lui restait un contrat d’une semaine avec Allah. » Il ajoute : « Le vendredi suivant, une semaine plus tard, il s’est réveillé le matin et selon sa routine avant la prière de Tahajjoud, il a effectué ses ablutions. Il venait de terminer ses ablutions lorsqu’il est retourné vers son Créateur après avoir eu des vertiges et une chute. »

Allah a accordé à la communauté du Messie Promis (a.s.) des personnes altruistes remplies de loyauté et de sincérité résidant dans des pays lointains, des personnes qui répandent le message de l’islam dans le monde. Qu’Allah ne cesse d’accorder à la Jama’at pareils individus désintéressés qui sont prêts à la servir.

Il laisse dans le deuil cinq fils et six filles qui sont tous ahmadis, par la grâce d’Allah. Qu’Allah leur accorde la fermeté et leur permette de suivre l’exemple de leur père. Après la prière du vendredi, je dirigerai les prières funéraires de toutes ses personnes en l’absence de leurs dépouilles.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

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