Sermons 2022

Abou Bakr, serviteur de l’humanité

Dans son sermon du 25 novembre 2022, Sa Sainteté le Calife a évoqué l'altruisme du calife Abou Bakr.

Sermon du vendredi 25 novembre 2022, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

J’évoquais différent aspects de la biographie du Calife Abou Bakr (r.a.). Voici des récits sur ses services humanitaires et son aide alimentaire aux démunis. Même avant d’accepter l’islam, Abou Bakr (r.a.) était parmi les meilleurs des Qouraychites. Ceux qui étaient en difficulté se tournaient vers lui pour tout soutien. Abou Bakr (r.a.) conviait des gens pour de grands repas à La Mecque.

À l’époque de l’ignorance, Abou Bakr (r.a.) faisait partie des chefs et des nobles des Qouraychites. Il était considéré comme un des notables de cette société et parmi les meilleurs. Les gens se tournaient vers lui pour régler leurs différends. Il était unique dans son sens de l’hospitalité à La Mecque.

Selon les récits, Abou Bakr (r.a.) était des plus bienveillants envers les pauvres et les indigents. Durant l’hiver, il achetait des couvertures pour les distribuer parmi les démunis. Selon un récit, une année, il a acheté des couvertures de laine de la campagne et les a distribuées parmi les veuves et les orphelins de La Mecque au cours de l’hiver.

Selon un rapport, avant d’être élu Calife, il trayait les chèvres d’une famille d’orphelins. Quand il a été élu Calife, une fille de cette famille lui a dit : « À présent vous n’allez plus traire nos chèvres ? » En entendant cela, Abou Bakr (r.a.) a déclaré : « Pourquoi pas ? Par ma vie ! Certainement je les trairai pour vous. J’espère que ma nouvelle responsabilité ne m’empêchera pas de le faire. » Comme dans le passé, il a continué à les traire. Quand ces filles venaient avec leurs chèvres, il faisait montre de compassion et demandait : « Dois-je en faire de l’écume ou pas ? » Si elles lui demandaient de le faire, il plaçait le récipient loin en trayant la chèvre pour en produire beaucoup d’écume. Si elles lui demandaient de ne pas en faire, il plaçait le récipient tout près des pis en trayant le lait afin qu’il n’y ait pas d’écume.

Il leur a rendu ce service pendant six mois après son élection comme Calife. Ensuite, il a élu domicile à Médine. Il avait deux maisons. À l’époque du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), il habitait à l’extérieur de Médine. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui avait offert un terrain tout près de sa mosquée : Abou Bakr (r.a.) avait construit une maison dessus. Il disposait aussi d’une autre maison à Médine : il en avait donc deux. Mais durant le vécu du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), il passait plus de temps dans la maison située dans la banlieue de Médine. Après son élection comme Calife, il s’est établi à Médine.

Tant qu’il n’avait pas élu domicile à Médine, il trayait [les chèvres] pour ces filles.

‘Oumar (r.a.) s’occupait d’une vieille femme aveugle vivant dans la banlieue de Médine. Il apportait de l’eau pour elle et s’occupait de ses affaires. Une fois, lorsqu’il s’est rendu chez elle, il a su que quelqu’un était passé avant lui et avait accompli toutes les tâches de la vieille femme. La prochaine fois, il s’est précipité chez cette femme afin que l’autre n’arrive pas avant lui. ‘Oumar (r.a.) s’est caché et il a constaté que c’était Abou Bakr (r.a.) qui visitait cette vieille femme : il était déjà Calife à l’époque. ‘Oumar (r.a.) lui a dit : « Par Allah ! Seul vous pouviez le faire. » C’est-à-dire, vous seul pouviez me dépasser dans cette bonne œuvre.

Selon un récit, Moussa Ibn Isma’îl a déclaré que Mou’tamir a relaté ceci de son père : « Abou ‘Outhman relatait qu’Abdour Rahman Ibn Abi Bakr lui a relaté que les gens d’Al-Souffa étaient des démunis. Une fois, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a déclaré : « Celui qui a de quoi nourrir deux personnes doit en prendre un troisième. Celui qui a de quoi nourrir quatre doit en prendre un cinquième, un sixième ou quelque chose de ce genre. »

C’est-à-dire qu’il disait aux compagnons de nourrir chez eux les indigents présents.

Abou Bakr (r.a.) en a pris trois et le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) dix. En sus d’Abou Bakr (r.a.), il y avait trois autres personnes chez lui. ‘Abdour Rahman disait : « Il y avait mon père, ma mère et moi-même. » Le rapporteur commente : « J’ignore si ‘Abdour Rahman a déclaré que sa femme ou son domestique – qui vivaient sous le même toit – étaient aussi présents. »

Abou Bakr (r.a.) a pris son dîner chez le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et il est resté là-bas. Il a accompli la prière d’Ichâ, puis il est rentré. Il avait accueilli des invités chez lui, mais il est retourné auprès du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) où il avait pris son dîner. Il s’est attardé jusqu’au dîner du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et il est retourné tard, quand Allah l’a voulu. Son épouse lui a demandé : « Qu’est-ce qui vous a empêché de vous occuper de vos invités ? » C’est-à-dire, pourquoi était-il en retard ? Abou Bakr (r.a.) a demandé : « Ne leur as-tu pas offert le repas ? » Elle a répondu : « Ils ont refusé de manger jusqu’à votre retour. Moi, je leur ai offert le repas. Mais les invités ont refusé d’en manger. »

Abdour Rahman déclare : « Je me suis caché dans un coin, de peur que mon père ne me réprimande, notamment pourquoi je n’avais pas nourri les invités. » Abou Bakr (r.a.) s’est exclamé : « Imbécile ! Fainéant ! » Il a dit aux invités : « Veuillez manger ! » Il a juré qu’il ne mangerait pas.

‘Abdour Rahman disait : « Par Allah ! Chaque fois que nous prenions une bouchée il y avait encore plus de nourriture qui restait. Nous avons tous mangé à satiété. Et il restait plus de nourriture qu’au départ. » Les invités ont mangé : mais il y avait autant de nourriture voire il y en avait plus. « Tous ont mangé à satiété. Quand Abou Bakr (r.a.) a constaté que la quantité de nourriture n’avait pas changé et qu’au contraire, il y en avait plus, il a dit à sa femme : « Sœur de Bani Firas ! Qu’est-ce que cela signifie ? » Sa femme a dit : « Par Dieu ! Il y a à présent trois fois plus de nourriture ! » C’est dire que le repas avait augmenté.

Abou Bakr (r.a.) en a également mangé et a déclaré que c’était qui Satan l’avait incité à jurer de ne pas en manger. Il avait ainsi déclaré qu’il n’en mangerait pas. Mais lorsqu’il a constaté que ce repas avait été béni, il a déclaré que c’était Satan qui l’avait incité à faire ce serment, et a dit : « Ceci est un repas béni et j’en mangerai aussi », a-t-il dit. Et il en a mangé un peu. Après cela, il a pris ce repas et l’a apporté à l’Envoyé d’Allah (s.a.w) et il est resté avec lui jusqu’au matin. En effet, la nourriture est restée là jusqu’au matin.

[Le rapporteur déclare] qu’il y avait un accord entre nous et une tribu et qu’elle avait expiré. « Nous avons fait asseoir douze hommes séparément et chacun d’eux était accompagné de quelques personnes. » C’est-à-dire qu’il y avait douze hommes parmi ceux qui ont conclu l’accord, et chacun d’eux était accompagné de quelques individus.

[Le rapporteur] déclare : « Allah sait mieux combien étaient avec chaque personne. Mais il est certain que l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a envoyé ces hommes avec ses compagnons. C’est-à-dire qu’il y en avait un nombre important.

‘Abdour-Rahman a dit qu’ils ont tous consommé cette nourriture ou il a dit quelque chose de ce genre.

C’est donc ainsi qu’une fois, Allah avait aussi béni la nourriture d’Abou Bakr (r.a.).

‘Abdour-Rahman Ibn Abi Bakr raconte : « Le Messager d’Allah (s.a.w.) a demandé : « L’un d’entre vous a-t-il nourri un pauvre aujourd’hui ? » Abou Bakr (r.a.) a déclaré : « Je suis entré dans la mosquée et un mendiant m’a fait une requête. J’ai trouvé un morceau de pain dans la main d’Abdour-Rahman. Je le lui ai pris et l’ai offert au mendiant. »

Un mendiant lui a donc quémandé quelque chose. Son fils tenait du pain dans la main ; il le lui a pris et l’a offert à ce mendiant.

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a) déclare : « ‘Abdour-Rahman, le fils de Abou Bakr (r.a.) était également digne du califat. Les gens disaient même que sa nature était plus douce que celle d’Oumar et que son mérite n’était pas inférieur au sien. « Vous devez le nommer Calife après vous », ont-ils conseillé à Abou Bakr (r.a.). Mais celui-ci a choisi ‘Oumar (r.a.) pour le califat même s’il y avait une différence entre la nature d’Abou Bakr (r.a.) et celle d’Oumar (r.a.). Ainsi, Abou Bakr (r.a.) n’a tiré aucun avantage personnel du califat ; toute grandeur se trouvait dans le service du peuple, selon lui.

Le Mouslih Maw’oud (r.a.) déclare : « Les Soufis présentent un récit – Dieu seul sait à quel point il est authentique – dans lequel on raconte qu’après la mort d’Abou Bakr (r.a.), ‘Oumar (r.a.) a demandé à son domestique : « Quelles étaient les bonnes œuvres que ton maître accomplissait, afin que je puisse en faire de même ? »

Parmi tant d’œuvres, le domestique a déclaré : « Chaque jour, Abou Bakr (r.a.) se rendait dans tel ou tel endroit avec du pain et un repas. [En route,] il me laissait à un endroit et allait de l’avant. J’ignore pourquoi il allait là-bas. »

‘Oumar (r.a.) a accompagné le domestique avec de la nourriture, jusqu’à la place qu’il avait indiquée. Plus loin, il a trouvé un aveugle estropié qui n’avait ni mains ni pieds dans une grotte. ‘Oumar (r.a.) a mis un morceau de nourriture dans la bouche de cet infirme. Sur ce, l’homme a pleuré et a déclaré : « Qu’Allah ait pitié d’Abou Bakr ! Il était en effet un homme bon. » ‘Oumar (r.a.) a demandé : « Comment sais-tu qu’Abou Bakr était mort ? » L’infirme a répondu : « Je n’ai plus de dents. C’est pourquoi Abou Bakr mâchait un morceau et le mettait dans ma bouche. Aujourd’hui, quand j’ai senti un morceau dur dans la bouche, j’ai pensé que ce n’était pas Abou Bakr qui me l’avait offert, mais quelqu’un d’autre. D’ailleurs, Abou Bakr ne ratait jamais une journée. Le fait qu’il ait raté [une occasion] prouve qu’il n’est plus présent en ce monde! »

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) déclare : « Qu’est-ce qu’Abou Bakr (r.a.) a obtenu du royaume terrestre ? Il n’a rien gagné du califat ou de la royauté. A-t-il déclaré sienne la propriété de l’Etat ? Certainement pas ! Les biens reçus par ses proches provenaient de ses avoirs personnels. Sa seule distinction était le service qu’il avait rendu. » »

Le Messie Promis (a.s.) déclare : « Voici les deux parties de la Charia : le droit d’Allah et le droit de [Ses] créatures. »

Ce sont deux devoirs [à respecter]. Le droit d’Allah et le droit d’autrui.

« Regardez le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) : il a passé sa vie au service [des autres]. Regardez l’état d’Ali : il avait tant rapiécé [ses vêtements], qu’il n’y avait plus de place [pour le rapiécer davantage]. Abou Bakr (r.a.) s’était imposé comme devoir de nourrir une vieille femme d’halva quotidiennement. Voyez à quel point il était régulier à cet égard. Lorsqu’Abou Bakr (r.a.) est décédé, cette vieille femme a dit : « Aujourd’hui, Abou Bakr est mort ! » Ses voisins lui ont demandé : « As-tu reçu une révélation à cet égard ? » Elle a répondu : « Non ! Il n’a pas apporté d’halva aujourd’hui. Donc, il est décédé. » »

C’est-à-dire qu’il n’était pas possible que durant sa vie il ne lui apporte pas d’halva, quelle que soit la circonstance.

« Voyez combien de services il a rendus. Tout le monde doit servir autrui de cette manière. »

Il existe un récit sur l’indulgence d’Abou Bakr (r.a.). Il disait : « Si j’attrape un voleur, mon plus grand désir sera que Dieu couvre son crime. »

Voici des récits sur sa bravoure. Abou Bakr (r.a.) était la personnification du courage et de la bravoure. Il a pris de grands risques pour le bien de l’islam ou par amour pour le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Durant sa vie à la Mecque, lorsqu’il sentait quelque danger ou souffrance guettant le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), il se tenait devant lui comme un mur pour le protéger et le soutenir.

Abou Bakr (r.a.) a fait preuve de constance et de persévérance lors du siège des musulmans dans la vallée d’Abou Talib pendant trois ans. Ensuite, lors de la migration, il a eu l’honneur d’accompagner le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), même si sa vie était en danger. Abou Bakr (r.a.) a non seulement participé à toutes les batailles mais il a également assuré la protection du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). C’est en raison de ce courage et de cette bravoure qu’Ali avait demandé une fois aux musulmans : « Qui est le plus courageux parmi les gens ? » Les gens ont répondu : « C’est vous, ô Commandeur des Croyants ! » ‘Ali a répondu : « En ce qui me concerne, j’ai tué tous mes opposants lors des duels. Mais le plus courageux est Abou Bakr (r.a.). Écoutez, avant la bataille de Badr, nous avions érigé un dais pour Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Et nous nous étions demandés qui assurerait la sécurité du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) de peur qu’un polythéiste ne l’attaquât. Par Dieu, aucun des nôtres ne se porta volontaire. Abou Bakr Siddiq (r.a.) se tint à côté du Messager d’Allah (s.a.w.), son épée nue à la main. Aucun polythéiste n’osa s’approcher de lui. Si jamais quelqu’un l’eût osé, Abou Bakr lui eût sauté dessus. C’est pour cette raison qu’Abou Bakr est le plus courageux. »

De même, lors de la bataille d’Ouhoud, quand la rumeur du martyre de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) s’est répandue, Abou Bakr (r.a.) a été le premier à se rendre auprès de lui en déchirant la masse [de soldats]. On dit qu’il n’y avait qu’onze compagnons avec le Saint Prophète en ces instants, dont Abou Bakr (r.a.), Sa’d, Talhah, Al-Zoubayr et Abou Doujanah. Lors de la bataille d’Ouhoud, Abou Bakr (r.a.) était l’un des rares fidèles compagnons ayant assuré la protection du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) dans le défilé. Lors de la bataille de la tranchée, Abou Bakr (r.a.) était avec l’Envoyé d’Allah (s.a.w). Quand on creusait la tranchée, il emportait la terre dans ses vêtements. Il était également de ceux qui avaient promis de sacrifier leur vie lors du traité de paix de Houdaybiyyah. Quand l’accord a été rédigé, Abou Bakr (r.a.) a présenté un l’exemple de foi, de courage, de constance, de loyauté, d’obéissance et d’amour à l’endroit du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Par la suite, ‘Oumar ne l’a jamais oublié durant toute sa vie.

Abou Bakr (r.a.) a également participé à la campagne de Taïf ainsi que son fils ‘Abdoullah Ibn Abi Bakr. Ce jeune fils d’Abou Bakr (r.a.) est tombé en martyr lors de cette bataille. Ensuite, quand l’Envoyé d’Allah (s.a.w) s’est rendu à Tabouk avec une armée de trente mille hommes, il avait nommé divers commandants et leur avait confié des drapeaux. A cette occasion, il a remis le plus grand drapeau à Abou Bakr (r.a.).

Salamah Ibn Al-Akwa’déclare : « J’ai participé à sept campagnes en compagnie de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) et j’ai eu l’occasion de participer à neuf des expéditions qu’il avait envoyées. Parfois, notre commandant était Abou Bakr (r.a.), et parfois Oussamah Ibn Zayd. Après le décès de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) l’ensemble de l’Arabie a apostasié : le courage démontré par Abou Bakr (r.a.) en ces circonstances était unique. » J’en ai déjà fait mention en détail dans le passé.

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) relate : « Une fois, les mécréants ont mis un nœud coulant autour du cou du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et ont commencé à le tirer fort. Quand Abou Bakr (r.a.) a appris cela, il s’est accouru et a chassé ces mécréants en disant : « Ô gens ! Ne craignez-vous pas Dieu ! Frappez-vous une personne simplement parce qu’elle dit qu’Allah est son Seigneur ? Il ne vous demande aucune rémunération. Pourquoi donc le frappez-vous ? »

Les compagnons disent que nous considérions Abou Bakr (r.a.) comme le plus courageux d’entre nous en notre temps parce que l’ennemi savait que s’il tuait le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), l’islam disparaîtrait. Nous avons constaté qu’Abou Bakr se tenait toujours auprès du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) afin de répliquer à toute attaque lancée contre le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Lors de la bataille de Badr, quand il y a eu la confrontation contre les infidèles, les Compagnons se sont consultés pour préparer une plateforme pour le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Ils ont dit : « Ô Envoyé d’Allah (s.a.w.) ! Veuillez vous mettre dessus et prier pour notre succès. Nous combattrons les ennemis nous-mêmes. Ô Messager d’Allah ! Même si nous sommes sincères, ceux qui sont assis à Médine sont plus sincères et honnêtes que nous. Ils ignorent qu’il y aurait une bataille contre les mécréants, sinon ils auraient rejoint le combat. »

En effet, la bataille de Badr n’avait pas été annoncée au préalable. Sinon, ils s’y seraient joints.

« Ô Messager d’Allah ! Si, à Dieu ne plaise, nous sommes vaincus dans cette bataille, nous avons attaché une chamelle rapide à côté et Abou Bakr s’y trouve. Or, nous ne connaissons pas d’homme plus brave et plus courageux que lui. Ô Messager d’Allah ! Vous devez vous rendre immédiatement à Médine avec Abou Bakr sur cette chamelle et amener une nouvelle armée pour combattre les infidèles, qui sera plus sincère et loyale que nous. »

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) déclare : « Vous pouvez estimer à partir de cet incident à quel point Abou Bakr était imbu du sens du sacrifice. »

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) déclare : « Une fois, certains individus ont demandé aux Compagnons quelle était la personne la plus courageuse à l’époque du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). À l’instar des débats entre Sunnites et Chiites d’aujourd’hui, les Compagnons ont loué ceux avec qui ils avaient quelque attachement.

Les Compagnons ont répondu qu’ils considéraient le plus brave celui qui se tenait aux côtés du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Ce point ne peut être compris que par un homme de guerre et pas par d’autres. Celui qui connaît l’art du combat et ses dangers peut comprendre que l’acte le plus courageux est de se tenir là où le danger est le plus grand. L’ennemi souhaite tuer celui qui est l’âme du pays et de la nation, car sa mort met fin à tous les différends. L’ennemi attaquera de toutes ses forces là où se trouve cette personne. L’ennemi lance des attaques les plus violentes au centre. Seuls les plus courageux peuvent se tenir fermes pour protéger ce centre. Or, les compagnons ont dit que souvent Abou Bakr (r.a.) se tenait tout près de l’Envoyé d’Allah et que, selon eux, il était le plus courageux d’entre eux.

Le Mouslih Maw’oud (r.a.) a expliqué l’interprétation du deuxième verset de la sourate Banî Isrâ’îl en ces termes : « Il convient également de noter qu’Asrâ bi-‘Abdihi indique que le conducteur était quelqu’un d’autre et que le voyageur ne détenait aucune autorité. L’incident de la migration s’est également produit de la même manière. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) est sorti la nuit et ce n’était pas de son plein gré. Il est parti quand il a été forcé de le faire, quand les infidèles avaient assiégé sa maison pour le tuer.

Ainsi, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) n’avait pas entrepris ce voyage de son propre chef : c’est le décret de Dieu qui l’avait contraint à le faire. En somme, c’était Allah Qui l’avait conduit, Qui l’avait fait sortir et Qui lui avait dit de migrer. Il était contraint de sortir en raison de la volonté divine. »

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) déclare : « Tout comme l’ange Gabriel était avec lui dans son rêve lors de son voyage à Jérusalem, Abou Bakr (r.a.) était avec lui durant sa migration. En somme, Abou Bakr (r.a.) lui était soumis de la même manière que Gabriel l’était, sous l’autorité de Dieu. Gabriel signifie le combattant de Dieu ; de même, Abou Bakr (r.a.) était un serviteur spécial d’Allah et avait le statut d’un combattant intrépide pour la religion. »

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) déclare : « En fait, quand on nourrit la foi en la parole d’Allah, le désespoir ne peut surgir dans le cœur humain. Si la foi en Allah est parfaite, l’on ne peut être victime du désespoir. Mais quel espoir était-il possible quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) se trouvait dans la grotte d’Al-Thawr ? Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait quitté sa demeure dans l’obscurité de la nuit et s’était caché dans la grotte d’Al-Thawr, dont l’ouverture était grande ouverte – et tout être humain pouvait facilement regarder à l’intérieur et y pénétrer. Un seul compagnon était avec lui et tous les deux étaient sans armes et sans soutien. Les hommes armés de La Mecque les ont poursuivis jusqu’à la grotte d’Al-Thawr, et certains d’entre eux ont insisté pour se baisser et regarder à l’intérieur, afin d’attraper [le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et Abou Bakr (r.a.)] s’ils étaient à l’intérieur.

Voyant l’ennemi si près, Abou Bakr (r.a.) a pleuré et a dit : « Ô Messager d’Allah ! L’ennemi nous a rattrappés. » En ces instants le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a prononcé ces paroles avec une grande assurance :

لَا تَحْزَنْ إِنَّ اللَّهَ مَعَنَا

« Pourquoi avoir peur, Abou Bakr (r.a.) ? Dieu est avec nous. » La situation était des plus critiques en ces instants-là : le meurtre ou la capture du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) étaient les deux seules certitudes. Mais malgré le fait que l’ennemi fût fort et qu’il disposât d’armes et de soldats et que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) fût démuni dans la grotte et n’était qu’avec un seul compagnon, ne disposant ni d’arme ni d’État pour le soutenir et ne disposant d’aucun groupe [d’assistants], malgré la présence de ce grand nombre d’ennemis juste à côté, il déclara :

لَا تَحْزَنْ إِنَّ اللَّهَ مَعَنَا

[en d’autres termes,] « Pourquoi dis-tu que l’ennemi est puissant ? Est-il plus puissant que Dieu ? Pourquoi paniquer quand Dieu est avec nous ? »

Abou Bakr (r.a.) avait peur non pas pour sa personne mais pour l’Envoyé d’Allah (s.a.w). » Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) déclare : « Certains chiites présentent cet incident et disent qu’Abou Bakr était sans foi, qu’Allah nous préserve [d’une telle pensée !] et qu’il avait peur d’offrir sa vie, tandis que les recueils d’histoire affirment clairement que lorsque le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré :

لَا تَحْزَنْ إِنَّ اللَّهَ مَعَنَا

Abou Bakr (r.a.) a dit : « Ô Messager d’Allah, je ne crains pas pour ma vie. Si je suis tué, un seul homme sera tué. Je crains pour vous, car si vous êtes blessé, la vérité disparaîtra du monde. » »

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) déclare : « Ceci n’est pas la particularité exclusive des prophètes. Il existe également des gens qui, à leur époque, ont accompli des œuvres impossibles aux autres. Prenez le cas d’Abou Bakr (r.a.). Personne n’aurait pu dire à son propos qu’il serait à la tête de sa nation à un moment donné. On croyait généralement qu’il était de nature faible, enclin à la conciliation et doux. Regardez les batailles à l’époque du Saint Prophète. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) n’a pas nommé Abou Bakr (r.a.) commandant de l’armée dans des batailles majeures. Il l’avait envoyé à la tête de certaines petites expéditions militaires et il nommait d’autres comme commandants lors de grandes batailles.

De même, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ne le nommait pas responsable pour d’autres tâches. Il ne lui avait pas confié l’enseignement du Saint Coran ou le travail d’arbitrage. Mais l’Envoyé d’Allah (s.a.w) savait qu’au moment opportun, Abou Bakr (r.a.) accomplirait des œuvres impossibles aux autres.

L’Envoyé d’Allah (s.a.w) est décédé et les musulmans divergeaient sur celui qui serait le Calife : même en ces instants-là Abou Bakr (r.a.) ne pensait pas qu’il serait élu à ce poste. Il pensait qu’Oumar ou d’autres en étaient les plus dignes. Les Ansâr étaient tout agités et souhaitaient que le Calife fût choisi parmi eux car qu’ils pensaient avoir consenti à des sacrifices pour la cause de l’islam. Les Ansâr pensaient que le droit au califat leur revenait. Les émigrants, quant à eux, disaient que le Calife serait des leurs. Ainsi, un différend avait surgi à la mort du Saint Prophète, les Ansâr disant que le Calife serait élu de parmi eux et les émigrés disant la même chose. En fin de compte, les Ansâr ont dit que pour mettre fin à ce différend un Calife sera élu de parmi les Ansâr et un autre de parmi les Mouhâjirîn. Une réunion a été convoquée pour régler ce différend. ‘Oumar déclare : « En ces instants je me suis dit qu’Abou Bakr (r.a.) est certainement bon et noble, mais il ne pourra pas régler ce différend. Cette tâche sera très difficile pour lui. Je suis le seul capable de résoudre ce problème. » Ici, il est question de force et pas de tendresse ou d’amour. Abou Bakr (r.a.) est quelqu’un qui fait preuve de gentillesse et d’amour. « Par conséquent, dit ‘Oumar, j’ai commencé à réfléchir et à présenter de tels arguments pour prouver que le Calife devra revenir aux Qouraychites. Il serait fallacieux de dire qu’un Calife devait être élu parmi les Ansâr et un autre parmi les Mouhâjirîn. J’ai réfléchi à de nombreux arguments et je me suis rendu à l’assemblée qui s’est tenue pour régler le différend. Abou Bakr (r.a.) était aussi avec moi. Je voulais prendre la parole et convaincre les gens avec les arguments auxquels j’avais pensé. Je pensais qu’Abou Bakr (r.a.) n’aurait pas la force ou la vivacité de prendre la parole dans cette assemblée. J’étais sur le point de me lever, quand, fâché, Abou Bakr (r.a.) m’a sommé de rester assis. Il s’est mis debout et a prononcé son discours. »

‘Oumar (r.a.) déclare : « Par Dieu ! Abou Bakr (r.a.) a présenté tous les arguments auxquels j’avais pensé. Ensuite, il a présenté de nombreux autres arguments. Il n’a pas cessé de parler jusqu’à ce que les cœurs des Ansâr aient été satisfaits et qu’ils aient accepté le principe que le Calife sera choisi de parmi les Mouhâjirîn. »

‘Oumar lui-même déclare qu’une fois il avait déchiré les vêtements d’Abou Bakr (r.a.) dans le marché en raison d’une dispute et qu’il était prêt à le frapper. C’était le même Abou Bakr à propos duquel le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait l’habitude de dire qu’il avait le cœur tendre. Mais quand le moment de la mort de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) s’est approché, il a dit à ‘Aïcha : « Je souhaite ardemment dire aux gens de nommer Abou Bakr Calife après moi, mais je me retiens ; car je sais qu’après ma mort, Dieu et Ses fidèles serviteurs ne nommeront personne Calife hormis Abou Bakr. »

« C’est ainsi qu’il a été nommé Calife. Il avait un cœur tendre. Il avait une nature si douce qu’une fois, donc, ‘Oumar (r.a.) avait voulu le frapper dans le marché et avait déchiré ses vêtements. Mais un jour ‘Oumar est venu voir ce même Abou Bakr (r.a.) au cœur tendre et lui a dit que tous les Arabes s’opposent à l’Etat islamique ; on accomplit la prière en congrégation uniquement à Médine, à La Mecque et dans petite ville. Les autres prient aussi, mais il existe de telles dissensions entre eux qu’ils ne sont pas prêts à prier les uns derrière les autres. Le désaccord a pris une telle ampleur que personne n’est prêt à écouter l’autre. Le peuple ignorant de l’Arabie qui est musulman depuis cinq ou six mois demande d’être exempté de la Zakât. Ces gens ne comprennent pas la question de la Zakât. ‘Oumar a déclaré : « Si la Zakât leur est exempté pour un ou deux ans, quel est le problème ? » ‘Oumar [dans le passé] se tenait toujours avec l’épée à la main et disait pour le moindre écart [venant d’autrui] : « Ô Messager d’Allah ! Si vous me l’ordonnez, je le décapiterai ! » Ce même ‘Oumar a été tant terrassé et il a pris une telle peur qu’il s’est rendu auprès d’Abou Bakr (r.a.) et lui a demandé d’exempter ces ignorants pendant un certain temps et qu’ils pourront tenter de les convaincre petit à petit. Il s’agissait d’Abou Bakr (r.a.), tellement sensible de cœur qu’Oumar (r.a.) avait déclaré une fois qu’il était sur le point de le frapper et qu’il avait même déchiré ses vêtements. Ce même Abou Bakr (r.a.) a regardé ‘Oumar avec colère lorsqu’il plaidait en faveur d’une exemption de la Zakât pour les rebelles pour une durée de deux ans. Il a déclaré : « Tu plaides en faveur de ce que ni Dieu ni Son Prophète n’ont réclamé ? » ‘Oumar a déclaré : « C’est vrai. Mais ces gens sont des ignorants. L’armée de l’ennemi a atteint les murs de Médine. Serait-il bon que ces ennemis avancent et qu’il y ait le chaos de nouveau dans le pays ou serait-il approprié de renoncer à la Zakât pendant un ou deux ans ? Les deux options sont l’anarchie ou la réconciliation. » Abou Bakr (r.a.) de répondre : « Par Dieu ! Même si l’ennemi entre à Médine et tue les musulmans dans ses rues et que des chiens traînent les cadavres des femmes, je ne leur pardonnerai pas la Zakât ! Par Dieu, si ces gens avaient donné ne serait-ce qu’un morceau de corde comme Zakât à l’époque du Saint Prophète, je le leur réclamerait certainement. ‘Oumar ! Si tu as peur, tu peux t’en aller. Je les combattrai tout seul et je ne m’arrêterai pas tant qu’ils n’auront pas renoncé à leur méchanceté. » Ainsi, la bataille a eu lieu et Abou Bakr (r.a.) a été victorieux ; et avant sa mort, il a de nouveau subjugué toute l’Arabie. L’œuvre accomplie par Abou Bakr (r.a.) était sienne : personne d’autre n’aurait pu l’accomplir. »

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) déclare : « Les dirigeants de La Mecque inspiraient un tel respect que les gens avaient peur en parlant devant eux. Ils avaient accordé tant de faveurs au peuple qu’une personne n’osait les regarder en face. Ce respect est évident dans l’incident impliquant le chef envoyé par les Mecquois pour négocier avec le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), lors du traité de Houdaybiyyah. Lors des pourparlers, il a touché la barbe bénie du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Voyant cela, l’un des Compagnons a frappé sa main avec le manche de son épée et dit : « Ne pose pas ta main impure sur la sainte barbe de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) ! »

Le Mecquois a levé les yeux pour voir qui était celui qui avait frappé sa main avec le manche de l’épée. Les Compagnons étaient vêtus de leurs armures : seuls leurs yeux et leurs anneaux étaient visibles. Le chef Mecquois l’a regardé attentivement pendant un moment et a ensuite dit : « Es-tu untel ? » L’autre a répondu a dit : « Oui. » Le Mecquois a dit : « Te souviens-tu que j’avais sorti ta famille de tel problème à telle occasion et que je t’avais rendu telle faveur à telle occasion ? Oses-tu t’adresser à moi ? »

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) déclare : « Aujourd’hui, l’ingratitude est si commune que si vous accordez quelque faveur à quelqu’un le soir, il l’oublie le lendemain et il déclare : « Suis-je désormais son esclave jusqu’à la fin de mes jours ? » Oubliez l’esclavage de toute une vie : on ne peut plus être reconnaissant pendant quelques heures. Mais l’esprit de gratitude avait atteint la perfection parmi les Arabes. C’était une occasion très délicate, mais quand ce chef Mecquois a évoqué ses faveurs, les yeux du compagnon sont tombés au sol et il s’est retiré, honteux. Les gens étaient à ce point reconnaissants.

Ensuite, ce chef a de nouveau parlé au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et a dit : « Je suis le père des Arabes. Je vous supplie de respecter votre peuple. Ceux qui sont autour de vous s’enfuiront face aux troubles et c’est votre peuple qui vous aidera. Pourquoi donc humiliez-vous votre peuple ? Je suis le père des Arabes. »

Il répéta maintes et maintes fois au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) : « Je suis le père des Arabes. Écoutez-moi et repartez sans effectuer la ‘Oumrah, comme je le dis. »

En même temps, afin d’accentuer ses propos et de persuader le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), il a de nouveau touché sa barbe bénie. Il avait touché sa barbe bénie en guise de supplique et dans un geste d’humilité afin de pouvoir le convaincre. Mais comme il y avait aussi un aspect de mépris dans cette action, les Compagnons n’ont pas pu l’endurer et c’est là que, dès qu’il a touché la barbe du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), quelqu’un a frappé sa main durement et a dit : « Ne touche pas de ta main impure la barbe bénie de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) ! » Le chef a levé les yeux et a regardé intensément pour voir qui était celui qui l’avait retenu. L’ayant finalement identifié, le chef Mecquois a baissé ses yeux. Quand le représentant des mécréants a reconnu qu’il s’agissait d’Abou Bakr (r.a.), il a baissé les yeux et a déclaré : « Abou Bakr (r.a.) ! Je ne t’ai jamais accordé une quelconque faveur. » C’était donc une nation imbue d’une telle gratitude qu’à l’exception d’Abou Bakr (r.a.), tous les Ansâr et les émigrants présents étaient les obligés de ce chef. Personne hormis Abou Bakr (r.a.) n’avait le courage de le retenir. Abou Bakr (r.a.) était le seul à qui cet homme n’avait accordé aucune faveur.

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) déclare : « La Zakât est une obligation : celui qui n’en offre pas est exclu de l’islam. Après le décès du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) à l’époque de Abou Bakr (r.a.) certains ont refusé de donner la Zakât en citant ce verset :

خُذْ مِنْ أَمْوَالِهِمْ صَدَقَةً تُطَهِّرُهُمْ وَتُزَكِّيهِمْ بِهَا

Ici, Allah ordonne au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) de prendre la Zakât. Étant donné qu’il n’est plus présent, qui d’autre pourra la réclamer ? Les ignorants n’ont pas compris que ce sera le représentant de Muhammad (s.a.w.) qui le prendra. Mais par ignorance, ils ont déclaré : « Nous ne paierons pas la Zakât. » Les uns ont refusé de la payer et des émeutes ont éclaté. Presque toute l’Arabie a apostasié et de nombreux prétendants à la prophétie se sont annoncés. On aurait dit que l’islam était sur le point d’être détruit. À un moment aussi critique, les compagnons ont dit à Abou Bakr (r.a.) : « Soyez bienveillant à l’égard de ceux qui ont refusé de payer la Zakât. » ‘Oumar, qu’on disait très courageux, a déclaré « Peu importe à quel point je suis dur, je ne le suis pas plus qu’Abou Bakr. Car j’ai également proposé d’être indulgent à leur égard. Il faudra en premier soumettre les infidèles et ensuite on réformera [ceux qui refusent de payer la Zakât]. Mais Abou Bakr (r.a.) a dit : « Qui est Ibn Qouhafah pour changer l’ordre émis par le Saint Prophète (s.a.w.) ? Je me battrai contre eux jusqu’à ce qu’ils paient la totalité de la Zakât et offrent la corde pour attacher un chameau qu’ils offraient à l’époque du Saint Prophète. »

C’est là que les Compagnons se sont rendus compte du courage et de la témérité du Calife choisi par Dieu. Finalement, Abou Bakr (r.a.) les a maîtrisés et leur a pris la Zakât ; et ensuite il les a laissés.

Un auteur évoque en ces termes les sacrifices financiers d’Abou Bakr (r.a.) : selon un récit, il disposait de quarante mille dirhams lorsqu’il était devenu musulman, en sus de ces marchandises et de ses autres avoirs.

Selon un autre rapport, il disposait d’un million de dirhams. À La Mecque, il a dépensé des milliers de dirhams pour soutenir les musulmans ordinaires et pauvres. Mais lorsqu’il a émigré, il avait cinq ou six mille dirhams en espèces sur lui. Selon un récit, il avait économisé tout cet argent pour les besoins du Saint Prophète (s.a.w.) et l’avait apporté à Médine au moment de la migration. Il a puisé de cet argent pour couvrir les frais de voyage de certains membres de la famille du Saint Prophète après la migration, et a également acheté des terres pour les musulmans à Médine.

Ibn ‘Abbas rapporte : « Durant sa dernière maladie avant son décès, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) est sorti de chez lui. Il avait enroulé un tissu autour de sa tête. Il est monté sur la chaire. Il a loué Dieu et a déclaré : « Personne ne m’a été plus bienveillant avec sa vie et ses biens qu’Abou Bakr Ibn Abi Qouhafah. »

Abou Hourayrah relate : « l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a déclaré : « Aucune richesse ne m’a été plus profitable que celle d’Abou Bakr. » Le narrateur dit qu’Abou Bakr (r.a.) a pleuré en entendant cela et a dit : « Ô Messager d’Allah, moi et mes biens n’appartiennent qu’à vous ! »

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) relate : «’Oumar (r.a.) raconte à propos d’un djihad : « [J’ai pensé :] Abou Bakr m’a toujours dépassé. Aujourd’hui, je vais le surpasser. Je suis rentré chez moi et, prenant la moitié de ma fortune, je l’ai présentée au Saint Prophète (s.a.w.). C’était une période de grande épreuve pour l’islam. Mais Abou Bakr a apporté toute sa fortune et l’a offerte au Saint Prophète (s.a.w.). » »

Selon un rapport, Abou Bakr (r.a.) avait tout apporté, y compris ses couvertures et ses lits. En tout cas, il a tout présenté au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Celui-ci lui a demandé : « Qu’as-tu as laissé à la maison ? Il a répondu : « Allah et Son Messager ! » ‘Oumar (r.a.) déclare : « J’ai été très embarrassé d’entendre cela et j’ai pensé qu’aujourd’hui je voulais surpasser Abou Bakr, mais voici qu’il m’a devancé aujourd’hui encore. »

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) déclare : « Si Abou Bakr (r.a.) a apporté toute sa richesse, on peut se demander ce qu’il a laissé pour sa famille ? Il ne faut pas oublier que cela signifiait toutes ses économies de la maison. Il était commerçant et n’avait pas apporté ses avoirs en usage dans son commerce ni n’avait-il vendu sa maison. Il a apporté les biens ménagers. »

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) déclare : « Cet incident démontre deux qualités d’Abou Bakr (r.a.). L’une est qu’il a dépassé les autres dans ses sacrifices. Deuxièmement, malgré le fait qu’il ait apporté tous ses biens, il est arrivé en premier tandis que ceux qui avaient offert un peu étaient inquiets de savoir combien garder à la maison et combien apporter. Mais malgré cela, nulle part on ne trouve mention qu’Abou Bakr s’est plaint concernant les autres. Il a tout apporté mais il n’a pas objecté quant au fait qu’il ait tout apporté et pas les autres. En consentant à des sacrifices, Abou Bakr (r.a.) se disait qu’il était redevable envers Dieu et qu’il ne Lui a fait aucune faveur, voire c’est une faveur qu’Il lui a faite de lui avoir accordé cette possibilité [de consentir à ces sacrifices]. »

Le Mouslih Maw’oud (r.a.) explique dans ce contexte que ceux qui font des sacrifices financiers doivent regarder ces personnes. Il ne faut pas être comme ces hypocrites qui ne cotisent pas et qui, même s’ils offrent un peu, critiquent les autres en disant qu’untel a donné moins et qu’untel a offert tant.

Le Messie Promis (a.s) déclare : « Les compagnons étaient une communauté pieuse que le Coran couvre de louanges. Êtes-vous comme eux ? Dieu dit que ceux qui accompagneront le Messie Promis (a.s) se tiendront côte à côte avec les compagnons [de l’Envoyé d’Allah (s.a.w)]. Les compagnons avaient sacrifié leur richesse et leur patrie dans le chemin de la vérité. Ils avaient tout abandonné. La plupart [d’entre vous] auront entendu l’incident d’Abou Bakr (r.a.). Quand les musulmans ont reçu l’ordre de sacrifier leur richesse dans le chemin de Dieu, il a apporté tous ses biens de la maison. Quand l’Envoyé d’Allah (s.a.w) lui a demandé ce qu’il avait laissé à la maison, il dit : « J’y ai laissé Dieu et Son Messager. » Abou Bakr (r.a.) était un chef de La Mecque qui menait une vie ascétique et portait les vêtements les plus simples. Ainsi, les compagnons peuvent être considérés comme des martyrs dans la cause d’Allah. Pour eux, il a été décrété que le paradis était à l’ombre des épées. »

Le Messie Promis (a.s.) déclare : « Considérez l’état des compagnons : lorsqu’ils ont été confrontés à des moments difficiles, ils ont sacrifié tout ce qu’ils avaient dans le chemin d’Allah. Abou Bakr Al-Siddîq (r.a.) a été le premier à revêtir l’habit de la pauvreté (c’est-à-dire qu’il a apporté tout ce qu’il possédait et qu’il ne portait qu’une couverture.) Mais comment Allah l’a-t-il récompensé pour cette action ? C’est lui qui est devenu le tout premier Calife. Seule pareille richesse sera utile pour gagner le vrai mérite, la bonté et le plaisir spirituel. En bref, le véritable mérite est d’accomplir ces œuvres pieuses en premier.

Par conséquent, pour être béni du vrai mérite, de la bonté et du plaisir spirituel, la seule richesse utile est celle dépensée dans la voie de Dieu. »

Incha Allah, je présenterai les récits restants à l’avenir.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

Etiquettes