Sermons 2022

Campagnes dans le Hadramaout

Dans son sermon du 15 juillet 2022, Sa Sainteté le Calife a évoqué les campagnes menées contre les rebelles dans le sud de l'Arabie au cours du califat d'Abou Bakr.

Sermon du vendredi 15 juillet 2022, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

[J’évoquais] les expéditions des musulmans menées contre les apostats-rebelles. Mouhajir et ‘Ikrimah ont mené des expéditions dans les régions [de la tribu] de Kindah et de l’Hadramaout. Voici des détails à ce propos.

Lorsque Mouhajir s’est établi à Sana’a, il a informé le Calife Abou Bakr (r.a.) dans une lettre à propos de toutes ses expéditions. Il attendait sa réponse. Mou’adh Ibn Jabal et d’autres gouverneurs qui étaient à leurs postes depuis l’époque du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ont écrit au Calife Abou Bakr (r.a.) lui demandant la permission de rentrer à Médine. Le Calife Abou Bakr (r.a.) a permis à Mou’adh Ibn Jabal et à d’autres gouverneurs de demeurer au Yémen ou de retourner à Médine, ajoutant qu’ils devaient nommer d’autres personnes pour les remplacer. Le choix ayant été proposé, ils sont tous retournés à Médine. Mouhajir a reçu l’ordre de partir à la rencontre d’Ikrimah : ils devaient partir tous deux à Hadramaout et soutenir Ziyad Ibn Labîd. Le Calife l’a maintenu à son poste et lui a donné l’ordre suivant : « Permets à ceux qui ont accompli le Jihad avec toi entre La Mecque et Médine de rentrer, à moins qu’ils ne préfèrent accomplir le Jihad. »

‘Ikrimah a reçu la lettre du Calife Abou Bakr (r.a.) : il avait reçu l’ordre de se joindre à Mouhajir Ibn Abi Oumayyah qui venait de Sana’a. Tout deux devaient se tourner vers la tribu de Kindah. En recevant cette lettre, ‘Ikrimah s’est dirigé vers Mahra : il a campé à Abyan et y a attendu Mouhajir Ibn Abi Oumayyah. Abyan est un hameau du Yémen.

Selon l’histoire d’Al-Tabari, avant l’apostasie, toutes [les tribus] de la région de Kindah et du Hadramaout avaient embrassé l’islam. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) avait ordonné que la Zakât de certaines [tribus] d’Al-Hadramaout serait envoyée dans la région de Kindah et la Zakât de certains de la région de Kindah serait envoyée au Hadramaout. Celle des uns serait dépensée sur les autres. La Zakât de certains de la région d’Hadramaout serait distribuée parmi les gens de Sakoun tandis que celle de certains parmi ces derniers serait distribuée dans l’Hadramaout.

Certains habitants de Kindah ont déclaré : « Ô Messager d’Allah ! Nous n’avons pas de chameaux. Si vous (s.a.w.) le jugez approprié, ces gens devraient nous livrer les biens de la Zakât sur leurs montures. » Le Messager d’Allah a demandé aux gens du Hadramaout de le faire si cela leur est possible. Ils ont déclaré : « Nous verrons ce qu’il en est : s’ils n’ont pas de montures, nous le ferons. » Après le décès du Messager d’Allah (s.a.w.), et lorsqu’il était temps de collecter la Zakât, Ziyad a invité ces tribus. Elles se sont présentées et les Banou Waliyyah, c’est-à-dire les habitants de Kindah, ont dit : « Vous aviez promis à l’Envoyé d’Allah (s.a.w) de nous envoyer les biens de la Zakât. Ils ont répondu : « Vous avez des bêtes de somme : amenez vos animaux et prenez la Zakât. » Ils ont refusé de livrer la Zakât.

Les [gens de] Kindah étaient intransigeants dans leurs requêtes. Ils sont rentrés chez eux : ils étaient indécis, faisant un pas en avant et un autre en arrière. Dans l’attente de Mouhajir, Ziyad n’a pas pris des mesures contre ces tribus qui refusaient de payer la Zakât. Le Calife Abou Bakr (r.a.) a envoyé cette lettre à Mouhajir et ‘Ikrimah leur demandant de se rendre tous les deux pour l’Hadramaout tout en laissant Ziyad à son poste. « Permettez à ceux qui sont avec vous dans la région entre La Mecque et Yémen de retourner, à l’exception de ceux qui souhaitent participer au Jihad de leur propre chef. Envoyez ‘Oubaydah Ibn Sa’d au secours de Ziyad. »

Mouhajir a suivi ces directives. Ils sont partis de Sana’a avec l’intention de se rendre à Hadramaout et ‘Ikrimah est parti d’Abyan. Ils se sont rencontrés à Ma’arib. Tous deux ont traversé le désert du Souhayd jusqu’à ce qu’ils atteignent l’Hadramaout.

En colère contre Ziyad, la tribu de Kindah est retournée dans sa région. Ziyad s’est pris la responsabilité de récupérer la Zakât des Banou ‘Amr. Un jeune homme de la tribu de Kindah a offert par erreur le chameau de son frère dans la Zakât à Ziyad. Ziyad l’a marqué par le feu pour la Zakât. Il l’a scellé pour prouver qu’il appartient au Bayt Al-Mâl et qu’il est la propriété de la Zakât. Ce jeune homme lui a dit d’échanger le chameau en raison de sa méprise ; mais Ziyad a pensé qu’il cherchait des prétextes et n’était pas d’accord. Sur ce jeune a appelé les gens de sa tribu et Abou Soumayd à l’aide.

Abou Soumayd a demandé à Ziyad de changer de chameau : celui-ci a insisté sur sa position. Abou Soumayd s’est mis en colère et il a relâché le chameau de force. Les compagnons de Ziyad ont alors emprisonné Abou Soumayd et ses amis et ont également saisi le chameau. [Les captifs] ont appelé à l’aide. La tribu des Banou Mou’awiyah est donc venue aider Abou Soumayd.

La tribu Banou Mou’awiya est une branche des Banou Harith Ibn Mou’awiyah et des Banou ‘Amr Ibn Mou’awiyah de la tribu de Kindah. Ils ont exigé à Ziyad la libération de leurs compagnons, mais celui-ci refusé de libérer les prisonniers jusqu’à ce qu’ils se dispersent. Il leur a demandé de partir et qu’ensuite il verrait. Quand ils ne se sont pas dispersées, Ziyad les a attaqués et a tué beaucoup de leurs hommes. Certaines personnes ont pu s’échapper. Ziyad est rentré et a relâché leurs prisonniers, mais ils sont retournés et ont commencé à se préparer à livrer bataille. Les Banou ‘Amr Ibn Bani Harith, Ach’ath Ibn Qays et Simt Ibn Al-Aswad sont parti sur leurs fronts respectifs et ont refusé payé la Zakât et ont adopté l’apostasie.

Ziyad a rassemblé une armée et a attaqué Banou ‘Amr ; beaucoup de leurs hommes ont été tués et ceux qui ont pu s’échapper ont fui et un grand nombre a été emprisonné par Ziyad et envoyé à Médine. En cours de route, les Ach’ath et les Banou Harith ont attaqué la caravane et pris leurs prisonniers des musulmans. Après cet incident, de nombreuses tribus voisines ont également rejoint ces personnes et elles ont elles aussi déclaré l’apostasie.

Ziyad a écrit une lettre à Mouhajir pour obtenir de l’aide. Mouhajir a fait d’Ikrimah son adjoint et a attaqué Kindah avec ses compagnons. Les gens de la tribu de Kindah ont fui et se sont retranchés dans l’une de leurs forteresses appelée Noujayr au Yémen et près du Hadramaout. Trois chemins menaient vers cette forteresse. Ziyad a pris le contrôle d’une voie, Mouhajir a campé sur la deuxième et la troisième route est demeurée sous le contrôle de la tribu de Kindah jusqu’à ce qu’Ikrimah l’atteigne et l’occupe. L’armée de Ziyad et Mouhajir était composée de cinq mille compagnons Mouhajirîn et Ansâr et d’autres tribus. Les assiégés de la forteresse Noujayr ont été terrifiés lorsqu’ils ont constaté que les musulmans recevaient des renforts ; et leur chef, Ach’ath, s’est rendu sur-le-champ auprès d’Ikrimah pour conclure une trêve. ‘Ikrimah s’est présenté à Mouhajir avec Ach’ath, qui a demandé la protection pour lui et neuf autres individus, promettant d’ouvrir la porte de la forteresse aux musulmans. Mouhajir a accepté cette condition. En consignant les noms des neuf individus, Ach’ath a oublié d’écrire le sien en raison de sa hâte et de sa peur. Il a apporté le pacte à Mouhajir et qui l’a attesté de son sceau. Ach’ath est retourné et quand il a ouvert la porte les musulmans y sont entrés. Sept cents Kindis ont été tués durant les combats entre les deux groupes. Les habitants du fort ont livré bataille. Leurs hommes ont été tués et 1000 femmes ont été capturées. Par la suite, Mouhajir a demandé qu’on lui apporte le pacte et a pardonné tous ceux qui y étaient inscrits, mais le nom d’Ach’ath n’y figurait pas. Sur ce, Mouhajir a décidé de le tuer, mais à la demande d’Ikrimah, il l’a envoyé avec le reste des prisonniers au Calife Abou Bakr (r.a.), afin qu’il rende son verdict à son sujet. Les musulmans se sont présentés au Calife Abou Bakr (r.a.) avec la nouvelle de la victoire et des prisonniers. Le Calife a dit à Ach’ath : « Tu as été trompé par les Banou Waliyyah tandis que tu ne pouvais pas les tromper. Ils ne te considèrent pas capables de le faire. Ils ont été détruits et toi de même. N’as-tu pas peur de mériter une partie de la malédiction de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) ? » L’Envoyé d’Allah (s.a.w) avait maudit quatre chefs de la tribu Kindah qui avaient accepté l’islam avec Ach’ath puis avaient apostasié. Abou Bakr (r.a.) a dit : « Comment dois-je te traiter selon toi ? » Ach’ath a répondu : « Je n’ai aucune idée de votre opinion. »

Abou Bakr (r.a.) a déclaré : « Je pense que tu mérites la mort. » Ach’ath a répondu : « Je suis celui qui a persuadé l’adversaire [d’épargner] dix [personnes]. Comment justifier ma condamnation à mort ? » Le Calife Abou Bakr (r.a.) a demandé : « Les musulmans t’avaient-ils confié l’affaire ? » Ach’ath a répondu : « Oui. » Sur ce, Abou Bakr (r.a.) a déclaré : « Étant donné qu’ils t’ont confié l’affaire et que tu es venu les voir, ont-il apposé un sceau pour attester le pacte ? Ach’ath de répondre : « Oui. » Le Calife Abou Bakr (r.a.) a déclaré : « La paix est requise après le scellement d’un pacte uniquement pour ceux (nommés) dans le document. Tu n’étais qu’un négociateur. » Quand Ach’ath a craint d’être tué, il a déclaré : « Si vous attendez de moi quelque bien, alors libérez ces prisonniers et pardonnez mes méfaits et acceptez ma conversion à l’islam. Traitez-moi de la même manière que vous traitez ceux de ma catégorie. Et rendez-moi ma femme. »

Avant cet incident, Ach’ath s’était une fois présenté à l’Envoyé d’Allah (s.a.w) et il avait demandé la main d’Oumm Farwah bint Abi Qouhafa, le sœur d’Abou Bakr (r.a.), en mariage. Abou Qouhafa lui avait donné sa fille en mariage et avait fixé le départ de la mariée au retour d’Ach’ath. Selon un écrivain, Oumm Farwah serait plutôt la fille du Calife Abou Bakr (r.a.). En tout cas, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) mourut et Ach’ath est devenu un apostat et un rebelle. Il a eu peur qu’on ne lui renverrait pas sa femme. Ach’ath a dit à Abou Bakr (r.a.) : « Vous me trouverez parmi les meilleures personnes de votre région pour la religion d’Allah. » Alors, Abou Bakr (r.a.) a épargné sa vie et a accepté sa conversion à l’islam et lui a confié sa femme. Il a également dit : « Va, et que je ne reçoive que de bonnes nouvelles de ta part. »

Ainsi Abou Bakr (r.a.) a libéré tous les prisonniers et ils sont tous retournés dans leurs régions respectives. Selon un récit, Ach’ath n’a pas osé retourner dans sa tribu en raison de sa trahison envers elle. Après avoir retrouvé sa liberté, il est resté avec Oumm Farwa à Médine. À l’époque d’Oumar, lorsque les guerres d’Irak et de Syrie ont eu lieu, il a accompagné les armées islamiques pour lutter contre les Persans et les Romains et a accompli des actes remarquables, grâce auxquels il a rétabli son prestige parmi le peuple et son honneur d’antan fut rétabli.

Par conséquent, tant que la paix et l’ordre n’avaient pas été pleinement établis et que les fondements du gouvernement islamique n’étaient pas établis, Mouhajir et ‘Ikrimah sont restés à Hadramaout et à Kindah.

C’étaient là les dernières batailles contre les rebelles apostats. Par la suite, la révolte en Arabie a été complètement réprimée et toutes les tribus sont passées sous le règne de l’islam.

Mouhajir a œuvré avec la même rigueur qu’au Yémen pour maintenir la paix et l’ordre dans la région et pour éliminer complètement les causes de la rébellion et de l’insurrection.

Abou Bakr (r.a.) a permis à Mouhajir de prendre soit le Yémen et ou l’Hadramaout sous son contrôle. Il a choisi le Yémen : ainsi, deux émirs ont été nommés au Yémen. Abou Bakr (r.a.) a écrit à ceux qui ont livré bataille contre les apostats et les rebelles : « Il est plus approprié, selon moi, que vous n’engagiez au sein de l’Etat que ceux qui ont été exemptés de la tache de l’apostasie et de la rébellion. »

C.-à-d., certains sont revenus dans le giron de l’islam, mais il ne faut pas inclure dans les affaires de l’Etat ceux qui ont précédemment apostasié ou se sont rebellés.

Il a déclaré : « Suivez cette consigne à la lettre. Permettez à ceux des combattants qui le souhaitent de retourner et ne prenez jamais l’aide d’un rebelle apostat pour combattre l’ennemi. »

En évoquant ces guerres menées par Abou Bakr (r.a.), la plupart des écrivains et en particulier les biographes contemporains supposent que ce Jihad a été mené contre ceux qui s’étaient proclamés, à tort, d’être des prophètes et qu’ils ont tués par la force de l’épée ; qu’ils ont été exterminés parce que c’était là le châtiment préconisé par la Charia.

Mais une étude de l’histoire et des biographies ne soutient pas cette thèse. Comme démontré à la lumière du Saint Coran, du comportement béni du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et des hadiths, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) n’a jamais pris d’action [contre qui que ce soit] simplement pour s’être proclamé prophète, et Abou Bakr (r.a.) non plus. Ces campagnes n’avaient pas pour but d’exterminer les faux prétendants à la prophétie. La raison véritable était l’attitude rebelle de ces individus. Hazrat Mouslih Maw’oud (ra) explique pourquoi les compagnons ont livré bataille contre les faux prophètes. Il déclare : « Selon Maulana Maududi, les Compagnons se sont battus contre quiconque prétendait être prophète après l’Envoyé d’Allah (s.a.w). Or, ceci est contraire aux paroles des Compagnons. »

Le Mouslih Maw’oud (ra) parlait au cours du vécu de Maulana Maududi et déclare : « Maulana Maududi doit se rappeler que ceux qui se sont proclamés prophètes après le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et que les Compagnons avaient combattus s’étaient tous rebellés contre l’Etat islamique et avaient déclaré la guerre contre celui-ci. Maulana Maududi prétend avoir étudié à fond la littérature islamique. Si seulement il avait lu l’histoire islamique avant d’exprimer son opinion sur cette question, il aurait su que Mousaylimah le Menteur, Aswad Al-‘Ansi, Sajah bint Al-Harith et Toulayhah Ibn Khouwaylid Al-Asadi avaient tous refusé d’obéir à l’autorité de Médine et avaient annoncé leurs propres gouvernements dans leurs régions respectives. »

Hazrat Mouslih Maw’oud (ra) a écrit : « Si vous lisiez attentivement l’histoire relatée par Ibn Khaldoun, il vous serait rendu clair que la théorie de Maulana Maududi est fausse. Il y est écr,it : « Tous les Arabes, la masse populaire comme l’élite avaient apostasié. La nouvelle de leur apostasie avait atteint Médine. Les Qouraychites et les Thaqif étaient les deux tribus qui n’avaient pas sombré dans l’apostasie. La puissance de Mousaylimah s’était accrue. Les tribus d’Al-Tay’ et d’Asad avaient voué obéissance à Toulayhah Ibn Khouwaylid. La tribu de Ghatafân avait également sombré dans l’apostasie. La tribu de Hawazin avait elle aussi cessé de payer la Zakât. Les nobles des Banou Soulaym ont pareillement apostasié. Les Emirs nommés par le Saint Prophète (s.a.w.) sont revenus du Yémen, Al-Yamamah, Banou Asad et d’autresn de toutes les régions et villes. Ils ont dit que les Arabes, grands et petits, ont refusé d’obéir à l’Etat islamique. Le Calife Abou Bakr (r.a.) a attendu le retour d’Ousamah avant de combattre les rebelles. Mais les tribus d’Abs et de Dhoubyan se sont hâtés ; elles se sont réunies à Al-Abraq près de Médine et y ont campé. D’autres ont campé à Dhou’l-Qassah. Les monothéistes des Banou Asad et certains des Banou Kinanah les ont également rejoints.

Ils ont envoyé des délégations au Calife Abou Bakr (r.a.) affirmant que leur obéissance se limitait à l’accomplissement de la Salat. Ils s’étaient rassemblés autour de Médine et avaient présenté leur condition [quant à l’obéissance du Calife], notamment qu’ils étaient prêts à lui obéir uniquement en matière de Salât, mais qu’ils n’étaient pas prêts à payer la Zakât. Le Calife Abou Bakr (r.a.) a rejeté leur requête. Hazrat Mouslih Maw’oud (ra) explique : « Il est évident, à la lumière de cela, que les Compagnons ont combattus ceux qui s’étaient rebellés contre l’état. Ils ont refusé de payer les impôts et ont attaqué Médine. » Ils s’étaient rassemblés autour de Médine avec l’intention de l’attaquer si leur condition n’était pas respectée.

Mousaylimah avait écrit ceci à l’Envoyé d’Allah (s.a.w) : « Selon l’ordre [divin], la moitié de l’Arabie m’appartient et l’autre moitié aux Qouraychites. » Après la mort du Saint Prophète (s.a.w.) il a expulsé Thoumamah Ibn Athal, le gouverneur nommé par l’Envoyé d’Allah (s.a.w), de Hajar et d’Al-Yamamah. Mousaylimah s’est imposé en personne comme gouverneur de cette région et a attaqué les musulmans.

De la même manière, il a emprisonné deux compagnons venus de Médine, Habib Ibn Zayd et ‘Abdoullah Ibn Wahab et il a voulu les contraindre à l’accepter comme prophète. »

Comme mentionné auparavant, ‘Abdoullah Ibn Wahab s’était soumis par peur, mais Habib Ibn Zayd a refusé d’accepter l’ordre de Mousaylimah qui lui a coupé les membres et l’a jeté dans un feu.

De même, certains des officiers nommés au Yémen par l’Envoyé d’Allah (s.a.w) ont été emprisonnés et d’autres ont été âprement tourmentés.

Selon Al-Tabari, Aswad Al-‘Ansi s’était également rebellé et avait harcelé les gouverneurs nommés par l’Envoyé d’Allah (s.a.w) en donnant l’ordre de reprendre la Zakât. Ensuite, il a attaqué Chahr Ibn Badan, le chef de Sana’a nommé par l’Envoyé d’Allah (s.a.w). Il a tué de nombreux musulmans et les a pillés. Il a tué le gouverneur et après son meurtre, il forcé sa femme, une musulmane, de l’épouser. Les Banou Najran se sont également rebellés et ont rejoint les rangs d’Aswad Al-‘Ansi avant d’expulser les deux compagnons, ‘Amr Ibn Hazm et Khalid Ibn Sa’îd, de la région.

Il ressort clairement de ces incidents que les prétendants à la prophétie n’ont pas été combattus parce qu’ils prétendaient être prophètes de l’Oummah du Saint Prophète (s.a.w.) ou qu’ils prétendaient diffuser la religion du Saint Messager (s.a.w.). Les Compagnons les ont combattus parce qu’ils abrogeaient la loi islamique, promulguaient leurs propres lois et se revendiquaient le gouvernement de leur région. Non seulement se sont-ils revendiqués gouverneurs de la région mais ils ont tué les compagnons. Ils ont envahi les terres islamiques, ils se sont rebellés contre le gouvernement établi et ils ont déclaré leur indépendance. »

Le Mouslih Maw’oud (ra) déclare : « À la lumière de ces récits, Maulana Maududi ment en affirmant que tous les compagnons du Saint Prophète (s.a.w.) se sont battus contre les faux prophètes [uniquement en raison de leur annonce.] Quelqu’un osera-t-il déclarer que les compagnons justifiaient le meurtre d’êtres humains uniquement parce que Mousaylimah le Menteur et Aswad Al-‘Ansi était des humains ? »

Hazrat Mouslih Maw’oud (ra) a déclare : « Ceux qui déforment l’histoire de l’islam ne servent pas l’islam. S’ils ont à l’esprit le service de l’islam, ils doivent accorder priorité à la vérité et éviter les fausses déclarations et la distorsion des événements. »

En tout cas l’insurrection a pris fin dans la péninsule d’Arabie avec l’élimination de ces rebelles. Un historien écrit : « Toute rébellion a pris fin en Arabie. Tous les apostats ont été réprimés. La planification et la rapidité avec lesquelles Abou Bakr (r.a.) a éradiqué cette sédition à l’échelle du pays sont le reflet de ses hautes capacités. On voit clairement comment il avait un soutien divin à chaque étape du chemin. C’est un exploit incroyable de vaincre l’insurrection, l’apostasie et la rébellion en moins d’un an et de rétablir la domination de l’islam en terre arabe. »

Abou Bakr Al-Siddîq (r.a.) était extrêmement heureux de la domination de l’islam : mais il n’y avait ni fierté ni arrogance dans ce bonheur car il savait que ce qui s’était passé n’était dû qu’à la grâce et à la miséricorde d’Allah. Il n’avait pas la force de combattre et de vaincre les armées des apostats de toute l’Arabie avec rien qu’une poignée de musulmans et de relever le drapeau de l’islam avec grande gloire.

Le problème confrontant le Calife Abou Bakr Al-Siddîq (r.a.) était maintenant de savoir quelles mesures prendre pour renforcer l’unité religieuse et amener l’islam à son apogée. L’objectif de la politique d’Abou Bakr Al-Siddîq (r.a.) était uniquement l’essor de l’islam ; et ce désir avait toujours animé son cœur et son esprit. Après la destruction des rebelles apostats, tout le monde était convaincu que désormais aucun séditionniste ne pourrait confronter le Calife du Prophète de Dieu. Or, Abou Bakr (r.a.) n’a été victime d’aucune complaisance. Il savait que des forces extérieures pouvaient provoquer des troubles en réveillant le rêve de l’apostasie et de la rébellion. Il se peut que l’insurrection se fût assoupie temporairement. Les grandes puissances extérieures s’opposant à l’islam, pouvaient à nouveau semer l’agitation aux frontières de l’Arabie : il ne se faisait aucune illusion. Afin d’éviter cette rébellion anticipée des tribus arabes, il a jugé approprié de tourner l’attention des tribus arabes vers la Perse et la Syrie afin qu’elles n’aient pas l’occasion de déclencher des émeutes contre le gouvernement et afin d’accorder la satisfaction aux musulmans pour qu’ils puissent suivre les règles de la religion sans réserve. Par conséquent, afin de défendre les frontières de l’Arabie et de protéger l’État islamique de ses puissants rivaux, il était nécessaire de transmettre le message de l’islam à ces nations puissantes afin qu’elles obtiennent également la paix en acceptant ou en comprenant le message universel. Ils pourraient ainsi vivre paix et les autres pourraient également pratiquer leur religion librement en paix et en sécurité, à l’abri de la tyrannie de ces grandes puissances. Les livres d’histoire ont présenté la méthode et la stratégie adoptées par le Calife Abou Bakr (r.a.).

Selon les recueils d’histoire, après la fin des guerres et des campagnes contre les rebelles apostats, Abou Bakr Al-Siddîq (r.a.) a réfléchi aux futures mesures à prendre afin d’être définitivement protégé des empires de la Perse et de Rome, ennemis de longues date des Arabes et de l’islam, car même au cours de la vie bénie du Saint Prophète, ces deux puissances voulaient maintenir les Arabes sous leur domination. Quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est décédé, le feu de l’apostasie et de la rébellion a éclaté dans de nombreuses régions et chez de nombreuses tribus mettant ainsi en péril l’Etat de Médine. Dans certains endroits, ces mêmes puissances étaient derrière l’insurrection. Profitant de cette opportunité, les forces d’Héraclius ont commencé à se rassembler en Syrie et les forces Persanes en Irak. Abou Bakr (r.a.) a envoyé la première armée contre les Romains sous la direction d’Oussamah, conformément aux ordres de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) : par conséquent, il ne pouvait être complaisant et indifférent à ces pouvoirs usurpateurs et oppressifs. Mais avant qu’il n’ait eu l’occasion de présenter le moindre plan d’action devant tout le monde, il a appris qu’Al-Mouthannah Ibn Harithah, qui avait contribué à réprimer la révolte des rebelles apostats au Bahreïn, avait pris ses compagnons et avait avancé vers le nord en direction de l’Irak en longeant la côte du golfe Persique. Ils ont atteint en fin de compte les tribus arabes qui habitaient les régions deltaïques du Tigre et de l’Euphrate. Al-Mouthannah Ibn Harithah appartenait au Bakr Ibn Wâ’il, une tribu du Bahreïn. Le territoire du Bahreïn était situé entre Al-Yamamah et le golfe Persique et comprenait le Qatar et l’île du Bahreïn contemporain. Darîn était sa capitale. Al-Mouthannah Ibn Harithah et Al-‘Alâ Ibn Al-Hadrami avaient également combattu les rebelles. Al-Mouthannah était le chef de ces habitants du Bahreïn et de sa banlieue, qui étaient demeurés fidèles à l’islam et qui avaient participé aux guerres contre les rebelles dans les rangs de l’armée islamique. Abou Bakr (r.a.) n’avait pas encore décidé de la prochaine étape lorsqu’Al-Mouthannah lui-même est venu à Médine et l’a informé à propos de la situation en Irak, notamment que les tribus arabes vivant dans les régions du delta du Tigre et de l’Euphrate sont tourmentés et harcelés par les résidents locaux. Les Arabes s’adonnent à l’agriculture ; et quand les récoltes sont prêtes, les populations locales les pillent. Ainsi, Al-Mouthannah Ibn Harithah a demandé que les armées islamiques soient envoyées pour libérer ces personnes de leurs souffrances.

Le Calife Abou Bakr (r.a.) a consulté les Compagnons de Médine et a présenté la proposition d’Al-Mouthannah Ibn Harithah. Étant donné que les habitants de Médine ignoraient la situation en Irak, ils ont suggéré d’inviter Khalid Ibn Al-Walîd, de lui présenter toute l’affaire et de solliciter son avis. Khalid Ibn Al-Walîd était présent à Al-Yamamah durant ces jours. Abou Bakr (r.a.) l’a invité à Médine. Abou Bakr (r.a.) lui a présenté à Médine la proposition d’Al-Mouthannah d’attaquer l’Irak. Khalid Ibn Al-Walîd était d’avis que si l’opération d’Al-Mouthannah contre les Persans aux frontières de l’Irak échouait et que son armée devait se replier vers l’Arabie, les forces persanes s’enhardiraient. Ils ne se contenteraient pas de chasser l’armée d’Al-Mouthannah hors des frontières de l’Irak, mais tenteraient également de rétablir l’influence et le contrôle sur le Bahreïn et ses zones limitrophes.

Face à pareille situation, l’état islamique serait en danger. Khalid a déclaré qu’une véritable assistance devrait être fournie pour prévenir ce danger. On devrait envoyer une armée pour soutenir Al-Mouthannah et contraindre les Persans à se retirer davantage au lieu de gagner de l’influence aux frontières de l’Arabie, afin que celle-ci ne soit jamais en danger de leur côté. Khalid Ibn Al-Walîd a présenté son opinion. En l’entendant, les compagnons ont accepté les suggestions d’Al-Mouthannah. Le Calife Abou Bakr (r.a.) a nommé Al-Mouthannah comme chef de ceux qui l’avaient accompagné aux frontières irakiennes. Il lui a ordonné de persuader les tribus arabes de la région de s’unir et d’accepter l’islam. Il l’a informé aussi qu’une armée serait bientôt envoyée de Médine pour les aider. Avec son aide, Al-Mouthannah pourra continuer à avancer.

Certains historiens pensent qu’Al-Mouthannah ne s’était pas rendu à Médine pour demander de l’aide, ni n’avait-il rencontré le Calife Abou Bakr (r.a.), mais il s’était avancé loin dans la région du delta avec son armée et avait rencontré les forces du commandant persan, Hormuz. Celui-ci était le commandant des forces frontalières à l’époque et jouissait du rang le plus élevé qu’une personne puisse atteindre après celui de Chosroès. La bataille entre Hormuz et Al-Mouthannah était en cours lorsqu’Abou Bakr (r.a.) a appris ces événements.

Il ignorait complètement le nom d’Al-Mouthannah à cette époque. Après avoir reçu ces rapports, lorsqu’il a enquêté, il a constaté qu’Al-Mouthannah avait accompli de nombreux faits d’armes au Bahreïn pendant les campagnes contre l’apostasie et la rébellion. Abou Bakr (r.a.) a ordonné à Khalid Ibn Al-Walîd de se rendre en Irak avec une armée pour aider Al-Mouthannah ; et après avoir vaincu Hormuz, de marcher vers Hira. Hira est une ville à environs 5 kilomètres de Koufa. Il a ordonné à Ayaz Ibn Ghanam de se rendre à Doumat al-Jandal, une forteresse et colonie entre la Syrie et Médine, qui était de quinze à seize jours de voyage de Médine selon la méthode de mesure de l’époque. Après avoir maîtrisé les habitants rebelles et apostats de là-bas, il devait se rendre à Hira.

Ayaz Ibn Ghanam était un compagnon du Saint Prophète (s.a.w.). Il avait embrassé l’islam avant le traité de Houdaybiyyah et y avait participé. Abou ‘Oubaydah l’a nommé son successeur en Syrie au moment de sa mort. Le Calife ‘Oumar l’avait maintenu à ce poste et avait dit : « Je ne changerai pas l’émir qu’Abou ‘Oubaydah a nommé. »

Le Calife Abou Bakr (r.a.) a déclaré que celui d’entre Khalid Ibn Al-Walîd et Ayaz Ibn Ghanam, qui atteindra Hira en premier aura la direction des opérations militaires dans cette région.

Selon un récit, quand Khalid Ibn Walid a terminé avec Al-Yamamah, le Calife Abou Bakr (r.a.) lui a demandé de partir vers Faj Al-Hind, c’est-à-dire ‘Aboullah, d’atteindre l’Irak par la région supérieure de l’Irak, d’y rassembler le peuple et de les inviter à Allah. S’ils l’acceptent, alors très bien. Sinon, il doit leur prélever la Jizya et s’ils refusent de la payer, il doit les combattre. Il lui a aussi enjoint de ne forcer personne à se joindre au combat et d’éviter de prendre l’aide de tout apostat même s’il est retourné dans le giron de l’islam plus tard. Il doit prendre tout musulman qu’il croisera.

Ensuite, Abou Bakr (r.a.) a commencé à préparer une armée pour aider Khalid. En marchant d’Al-Yamamah vers l’Irak, Khalid Ibn Al-Walîd a divisé son armée en trois parties et ne les a pas toutes envoyées sur la même route. Il a envoyé Al-Mouthannah deux jours avant son départ. Après lui, il a envoyé Adiyy Ibn Hatim et ‘Asim Ibn ‘Amr avec un écart d’un jour. Après eux Khalid Ibn Al-Walîd lui-même est parti. Il leur a enjoint à tous de se rassembler à Hafir pour attaquer de concert l’ennemi. Hafir est le premier arrêt sur le chemin entre Bassorah et La Mecque.

C’était la frontière la plus grande et la plus forte parmi toutes les frontières de la Perse et son commandant était Hormuz. Le général de l’armée de la région combattait les Arabes du côté de la terre et les Indiens du côté de la mer. En tout cas, le nombre des combattants de l’armée de Khalid était très faible car, premièrement, la majeure partie avait été utilisée lors de la bataille d’Al-Yamamah ; deuxièmement, Abou Bakr (r.a.) lui avait dit que si un combattant ne souhaitait pas se rendre en Irak, il ne devait pas le forcer à le faire. En même temps, une instruction très importante était de ne pas inclure d’anciens apostats retournés à l’islam dans l’armée islamique sans autorisation spéciale du Calife.

Khalid a demandé par écrit des renforts au Calife Abou Bakr (r.a.). Celui-ci n’a envoyé qu’un seul individu en la personne d’Al-Qa’qa’ Ibn ‘Amr pour l’aider. Les gens ont été très surpris et ont demandé : « Vous n’envoyez qu’un seul homme pour aider Khalid même si la majeure partie de l’armée s’est séparée de lui ? » Abou Bakr (r.a.) a répondu : « Une armée qui comprend un individu comme Al-Qa’qa’ Ibn ‘Amr ne peut jamais être vaincue. »

Il a envoyé une lettre à Khalid aux mains d’Al-Qa’qa’, dans laquelle il a écrit qu’il devrait encourager ceux qui étaient restés fidèles à l’islam après l’Envoyé d’Allah (s.a.w) et qui avaient combattu les apostats à rejoindre son armée. En recevant cette lettre, Khalid a commencé à organiser son armée.

Voici les détails concernant ces paysans de l’Irak. Suite au désir et la stratégie d’Abou Bakr (r.a.) les Arabes travaillaient comme agriculteurs sur les terres de l’Irak. Lorsque la récolte était prête, ils en recevaient une petite partie. La majeure partie revenait aux propriétaires terriens persans qui possédaient la terre. Ces propriétaires étaient très cruels envers les pauvres Arabes et les traitaient pire que des esclaves. Abou Bakr (r.a.) a ordonné à ses commandants en Irak ne pas nuire à ces agriculteurs arabes lors des batailles : ils ne doivent pas être tués, ni faits prisonniers. En somme, il ne faut les maltraiter d’aucune manière car ils étaient également comme les Arabes, écrasés par l’oppression persane. Ils devraient comprendre qu’avec l’établissement d’un Etat arabe ici, leurs jours d’oppression prendront fin et ils pourront enfin profiter de la vraie justice, de la liberté et de l’égalité légitimes grâce à leurs compatriotes.

La stratégie du Calife Abou Bakr (r.a.) a grandement profité aux musulmans. Le chemin vers leurs conquêtes a été facilité, et ils ne craignaient pas d’être attaqués par derrière ou bloqués en avançant. Quand Khalid Ibn Al-Walîd a campé à Libaj, Al-Mouthannah était présent quant à lui à Khafan avec son armée. Libaj est un endroit entre Bassorah et Al-Yamamah. Khafan se trouve tout près de Koufa. Khalid a écrit une lettre à Al-Mouthannah lui demandant de venir le voir et a envoyé avec elle la lettre d’Abou Bakr (r.a.) dans laquelle celui-ci avait ordonné à Al-Mouthannah Ibn Harithah d’obéir à Khalid.

Ce récit est tiré du recueil d’Al-Tabari.

Selon la première version, le Calife Abou Bakr (r.a.) en personne aurait envoyé Khalid Ibn Al-Walîd.

En tout cas, je mentionnerai plus tard les détails sur les batailles, leurs noms et les victoires, si Dieu le veut.

[J’évoquerai], Incha Allah, les batailles menées par les musulmans contre les Iraniens dans la région de l’Irak au cours du califat d’Abou Bakr (r.a.) et les victoires qu’Allah leur a accordées.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

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