Sermons 2023

Prélude à la bataille d’Ouhoud

Dans son sermon du 01 décembre 2023, Sa Sainteté le Calife a évoqué les évènements conduisant à la bataille d'Ouhoud.

Sermon du vendredi 01 décembre 2023, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

Je présenterai certains faits sur les Ghazwât (expéditions militaires) menées par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Ces événements mettent en exergue les traits de son caractère et son exemplarité.

Pour ce qui est de la bataille de Badr, nous avons constaté sa bienveillance à l’égard des prisonniers. Ces derniers eux-mêmes affirment que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait instruit ses compagnons de bien les traiter. En conformité avec ces préceptes, ses compagnons leur prodiguaient des aliments de qualité supérieure à ceux qu’ils consommaient eux-mêmes. D’ailleurs, ces prisonniers ont été libérés sur des conditions très favorables quand s’est soulevée la question de leur libération. La rançon de certains qui savaient lire et écrire était de l’enseigner aux musulmans. Cette [bienveillance] du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) découlait du fait qu’il ne nourrissait aucune inimitié personnelle à l’égard de quiconque. C’est-à-dire, qu’il n’était pas animé d’une hostilité personnelle à l’égard de ces prisonniers. Il avait mené cette bataille uniquement contre ceux qui souhaitaient anéantir la religion de Dieu. Certains avaient participé à la bataille du côté ennemi par contrainte. Il existe plusieurs exemples de ce genre. Ceux-là ne souhaitaient pas se battre contre les musulmans, mais ils ont été contraints à le faire. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a accordé de nombreuses concessions à ceux-là. À la suite de cela, nombre d’entre eux sont devenus musulmans. Par ailleurs, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a fixé les principes et les règles de la guerre. Il a respecté ses traités. Il a suivi à la lettre, voire de façon pointilleuse, ces principes. Il se distinguait de ces puissances contemporaines qui énoncent pléthore de principes et règles sans pour autant s’y conformer, voire qui sont coupables de deux poids deux mesures. La vie du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) était le reflet pratique du Coran qui enjoint les principes fondamentaux de la justice et de l’équité, comme par exemple dans l’affirmation suivante :

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا كُونُوا قَوَّامِينَ لِلَّهِ شُهَدَاءَ بِالْقِسْطِ ۖ وَلَا يَجْرِمَنَّكُمْ شَنَآنُ قَوْمٍ عَلَىٰ أَلَّا تَعْدِلُوا ۚ اعْدِلُوا هُوَ أَقْرَبُ لِلتَّقْوَىٰ ۖ وَاتَّقُوا اللَّهَ ۚ إِنَّ اللَّهَ خَبِيرٌ بِمَا تَعْمَلُونَ

« Ô vous qui croyez ! Soyez fermes dans la cause d’Allah en portant témoignage avec justice. Et ne laissez pas l’hostilité d’un peuple vous inciter à agir autrement qu’avec justice. Soyez toujours équitables, car l’équité est plus près de la piété. Et craignez Allah. Assurément, Allah est Très-Conscient de ce que vous faites. » (5 : 9)

L’exemple pratique du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) embrassait tous les aspects de cet enseignement et érigeait les normes éthiques les plus éminentes dans ce domaine. Comme précédemment évoqué, il convient d’explorer son approche au cours de ses campagnes militaires. À cet égard, outre la bataille de Badr, j’évoquerai d’autres engagements. Parmi, on recense ces expéditions armées désignées sous le terme de Sâriât, qu’il a lancées durant sa vie et sous le commandement d’autres chefs. Étant donné l’ampleur des détails historiques à ce propos, quelques sermons seront peut-être nécessaires [pour couvrir toutes ces expéditions].

Aujourd’hui, je me focaliserai sur la bataille d’Ouhoud. Les événements témoignent que cette bataille a été déclenchée par l’ennemi, motivé par son hostilité, contraignant ainsi les musulmans à prendre part au conflit. Selon les récits, ce raid s’est déroulé un samedi au cours du mois de Chawwâl en l’an trois de l’Hégire, soit un an après la bataille de Badr. Bien que les historiens et les biographes s’accordent généralement sur la datation de la bataille d’Ouhoud au cours du mois de Chawwâl en l’an trois Hijri, une opinion divergente, mais très minoritaire, suggère qu’elle a eu lieu en quatre Hijri. Diverses assertions entourent la date spécifique de Chawwâl, mentionnant principalement le sept et quinze de ce mois. Ibn Ishâq, Ibn Hichâm, Ibn Hazm et Al-Tabari n’ont présenté que la date du quinze du mois de Chawwâl. Le Saint Prophète (s.a.w.) quitta Médine le vendredi, après la prière d’Asr, atteignant le champ d’Ouhoud avant le lever du soleil le samedi. Ouhoud est l’une des montagnes de la plaine d’Ouhoud et se situe à environ 5 kilomètres de Médine. Le mont Ouhoud s’étend à environ quatre kilomètres au nord de l’actuelle Mosquée du Prophète (Al-Masjid Al-Nabawiyy). Bien que la population actuelle de Médine se soit étendue jusqu’au pied de cette colline, elle s’est également dispersée dans les environs. Notons que le mont Ouhoud est inclus dans le Haram. Il s’étend sur une longueur de six kilomètres d’est en ouest arborant une teinte rougeâtre. Dans son ouvrage Sîrat Khâtam-oun-Nabiyyîn, Mirza Bashir Ahmad Sahib affirme que cette bataille a eu lieu le 15 du mois de Chawwâl en l’an trois de l’Hégire, soit le 31 mars 624 après J.C., un samedi. Il est précisé que la raison de cette bataille réside dans la défaite cuisante subie par les Qouraychites lors de la bataille de Badr. Suite à cet échec, des leaders éminents des Qouraychites, tels qu’Abdoullah Ibn Abi Rabî’ah, ‘Ikramah Ibn Abi Jahl, Safwân Ibn Oumayyah, Aswad Ibn Al-Mouttalib, Joubayr Ibn Mout’am, Hârith Ibn Hichâm, Houwaytib Ibn ‘Abdil ‘Ouzza, et d’autres, se sont rendus auprès d’Abou Soufyân. Celui-ci détenait des biens de la caravane commerciale qui avait conduit à la bataille de Badr. Cette marchandise était transportée jusqu’à La Mecque et entreposée au Dâr Al-Nadwah conformément à la pratique ; or les propriétaires n’avaient pas encore reçu leurs biens, car au moment où Abou Soufyân acheminait ces marchandises, les habitants de La Mecque étaient engagés dans la bataille de Badr. Quelque temps après cette bataille, ces individus se sont approchés d’Abou Soufyân, exprimant le fait que Muhammad (s.a.w.) avait infligé de lourdes pertes à leurs compatriotes. En conséquence, ils se préparaient à entrer en guerre contre Muhammad (s.a.w.) en utilisant ces marchandises, espérant ainsi venger leurs défunts. Ils ont déclaré : « Nous sommes disposés à constituer une armée grâce aux profits de ce commerce afin de combattre Muhammad (s.a.w.). »

Dès qu’il a entendu cette déclaration, Abou Soufyân l’a approuvée, ajoutant que les Banou ‘Abd Manâf étaient à ses côtés. Suite à cela, Qouraychites ont séparé les bénéfices de la transaction, évaluée à cinquante mille dinars, attribuant le capital d’origine aux détenteurs. Selon un récit, le bénéfice partagé était de vingt-cinq mille dinars. Quoi qu’il en soit, les gains ont été affectés à cette entreprise guerrière. Allah a révélé ce verset à ce propos :

إِنَّ الَّذِينَ كَفَرُوا يُنْفِقُونَ أَمْوَالَهُمْ لِيَصُدُّوا عَنْ سَبِيلِ اللَّهِ ۚ فَسَيُنْفِقُونَهَا ثُمَّ تَكُونُ عَلَيْهِمْ حَسْرَةً ثُمَّ يُغْلَبُونَ ۗ وَالَّذِينَ كَفَرُوا إِلَىٰ جَهَنَّمَ يُحْشَرُونَ

« Assurément, les mécréants dépensent leurs biens pour empêcher les gens de suivre la voie d’Allah. Ils continueront certainement à les dépenser, mais cela ne leur rapportera que lamentations et pleurs au vu de leur échec total, et alors seront-ils carrément vaincus. Et les mécréants seront rassemblés en Enfer. » (8 : 37)

Outre cette cause fondamentale, d’autres facteurs peuvent être considérés comme à l’origine de cette bataille. Comme explicité dans le précédent sermon. Après la bataille de Badr, il était devenu impossible pour les habitants de La Mecque de se rendre en Syrie, car la route commerciale entre La Mecque et la Syrie traversait la périphérie de Médine, désormais fermée par les musulmans en raison des persécutions antérieures infligées par les infidèles ; il est devenu ardu pour eux de transiter par cette voie avec les caravanes, ce qui a entraîné une détérioration économique significative des Qouraychites. La fermeture des voies commerciales, les revers lors des Ghazwât et des Sarâya, l’élimination des chefs qouraychites à Badr, ainsi que l’emprisonnement de soixante-dix polythéistes ont laissé des stigmates sur leur réputation et leur statut social. Ces événements ont créé une nécessité impérative pour eux de rétablir leur honneur et de restaurer leur position sociale. Ils étaient disposés à sacrifier leur vie dans le but de permettre aux Qouraychites de redorer leur blason politique et religieux en déclin à La Mecque.

Parallèlement, suite à la bataille de Badr, les Qouraychites de La Mecque ont subi deux autres humiliations déconcertantes. Ces incidents ont exacerbé la colère et la détermination des Mecquois, y compris Abou Soufyân, à se lancer dans une guerre pour se venger contre les musulmans.

Un auteur a souligné l’une des raisons sous-jacentes à la bataille d’Ouhoud : l’échec des Qouraychites dans certaines expéditions intensifiait leurs sentiments de chagrin et de vengeance. Il explique qu’après avoir ramené en toute sécurité sa caravane commerciale à La Mecque, Abou Soufyân fut confronté aux railleries incessantes des habitants locaux. Il voua de se venger des musulmans et réussit à convaincre les Qouraychites qu’il se rendrait à Médine pour mener une bataille à grande échelle contre eux. Afin de concrétiser son serment, Abou Soufyân mobilisa une armée de deux cents hommes et arriva à Médine. Cependant, il n’osa pas s’engager dans un affrontement ouvert, préférant fuir après avoir coupé quelques arbres, incendié des champs et causé la perte de deux vies. Cette bataille est connue sous le nom de la bataille de Sawîq, comme précédemment évoqué dans mes sermons antérieurs. L’entreprise d’Abou Soufyân visait à prévenir les railleries futures des habitants de La Mecque, qui pourraient lui reprocher d’avoir abandonné les membres de sa tribu sur le champ de Badr. Ce fut en vain, car suite à l’échec de cette campagne, les gens commencèrent à critiquer les actions enfantines d’Abou Soufyân.

Il déployait d’énormes efforts pour engager une guerre d’envergure contre les musulmans dans le but de satisfaire son ego. Comme énoncé dans mes sermons antérieurs au sujet de la défaite à Qaradah, à la suite de l’échec de la campagne dirigée par Abou Soufyân contre Médine, les musulmans détournèrent une imposante caravane commerciale vers la Syrie, empruntant la route irakienne. Cette caravane transportait des ornements en or, des récipients en argent et d’autres marchandises évaluées à environ cent mille dirhams. Alors qu’elle cheminait dans la région de Qaradah, Zayd Ibn Haritha intercepta la caravane des Qouraychites aux frontières de Médine. Tous les biens et marchandises des Qouraychites furent confisqués et emportés à Médine. Après la cuisante défaite de la bataille de Badr, l’incident de Qaradah représenta une perte significative pour le peuple qouraychite.

L’expédition eut lieu dans les alentours de Médine. Ceci intensifia davantage le désir de vengeance des Qouraychites. Cet épisode fut également l’une des raisons de la bataille d’Ouhoud. Toutefois, les infidèles avaient de nombreuses autres motivations à se préparer à la guerre.

Les Qouraychites sollicitèrent la participation des tribus environnantes. Voici des détails à ce propos. Quand les Qouraychites avaient mobilisé les ressources nécessaires en vue d’un affrontement décisif contre le Messager d’Allah (s.a.w.), ils ont initié les préparatifs pour la phase suivante. Les Qouraychites étaient certes en guerre, mais ils adoptèrent aussi des stratégies diverses pour impliquer les tribus environnantes dans ce conflit. Certaines furent approchées individuellement, tandis que d’autres le furent sous forme de délégation. Les Qouraychites en appâtaient d’aucuns ou attisaient la fierté régionale ou religieuse afin de les rallier à leur cause. ‘Amr Ibn Al-‘Âs, Houbayrah Ibn Abi Wahb, ‘Abdoullah Ibn Zouba’râ, Mousâfih Ibn ‘Abd Manâf, et Abou ‘Ouzzah Al-Joumhiyy, entre autres, furent dépêchés pour cette mission. À noter qu’Abou ‘Ouzzah Al-Joumhiyy était parmi les prisonniers de Badr que le Messager d’Allah (s.a.w.) avait libérés. Il avait plaidé devant le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), en disant : « Ô Muhammad (s.a.w.) ! J’ai cinq filles qui n’ont d’autre soutien que moi. Je vous prie de bien vouloir me pardonner. » Non seulement le Messager d’Allah (s.a.w.) lui a accordé son pardon, mais il l’a également libéré sans réclamer de rançon. Tel était le comportement du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). En cet instant, Aboul ‘Ouzzah Al-Joumhiyy promit qu’à l’avenir, il ne participerait plus à des hostilités contre l’Envoyé d’Allah (s.a.w) et qu’il ne soutiendrait personne dans des actions hostiles. Toutefois, Safwân Ibn Oummayah attisa sa cupidité avant la bataille d’Ouhoud, et il rompit sa promesse ; c’est ainsi qu’à travers ses poèmes, il commença à encourager le peuple arabe à chercher vengeance. Ces vers provocateurs visaient à rallier les tribus en leur rappelant le passé et en les invitant à se joindre à la cause des Qouraychites. Les tribus de Kinânah, Ahl Al-Tihâmah, et d’innombrables individus d’autres tribus se rallièrent à leur cause, offrant des garanties de toutes parts de causer du tort à l’État de Médine. Non seulement ces tribus assurèrent leur soutien, mais elles se joignirent également activement à cette entreprise hostile.

‘Abbâs (r.a.) informa le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) des préparatifs entrepris par les infidèles en vue de la guerre. Les détails de ces préparatifs sont les suivants :

L’oncle du Saint Prophète, ‘Abbâs, résidant à La Mecque, l’informa des préparatifs de guerre et de l’enthousiasme croissant des Qouraychites. ‘Abbâs transmit ces informations au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) à travers une lettre, par l’intermédiaire d’une personne de la tribu des Banou Ghifâr contre paiement. Il chargea cette personne de voyager sans s’arrêter pendant trois jours et trois nuits afin d’atteindre Médine et de remettre la lettre au Prophète. Ainsi, l’émissaire entreprit ce voyage sans relâche, voyageant jour et nuit, et se présenta au Saint Prophète le troisième jour. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) se trouvait à Qoubâ’. L’émissaire remit la lettre à l’Envoyé d’Allah (s.a.w), qui en brisa le sceau et la confia à Oubay Ibn Ka’b, lui demandant de la lire. Oubay Ibn Ka’b lut le contenu de la lettre. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) instruisit Oubay de garder cette lettre et son contenu secrets.

Selon un autre recueil, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) se rendit à la maison de Sa’d Ibn Rabî’et lui parla de la lettre d’Abbâs en ces termes :

« J’espère que tout ira pour le mieux. Garde cette nouvelle secrète. »

Quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) quitta la maison de Sa’d, la femme de ce dernier s’approcha de lui et demanda : « Qu’a dit le Prophète (s.a.w.) ? » Elle avait entendu la conversation depuis l’intérieur de la maison. Sa’d répondit : « Cela ne te concerne pas. » Elle a dit qu’elle avait tout entendu. Après avoir tout dévoilé, Sa’d prononça la formule : « In-nâ lil-lâh » et ajouta : « Je ne pensais pas que tu écoutais notre conversation. » Il emmena ensuite sa femme auprès du Messager d’Allah (s.a.w.), exposa sa situation et dit : « Ô Messager d’Allah, j’avais craint que cette affaire ne se propageât parmi les gens, et que vous ne pensiez que j’avais révélé ce secret, bien que vous m’ayez enjoint d’être discret. » Voici ce que dit le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) : « On n’y peut rien. Ce n’est rien, laisse-la. » Il aura certainement conseillé à la femme de garder le secret. Tandis que d’une part, le Saint Prophète (s.a.w.) prenait cette mesure de précaution, de l’autre, les Juifs de Médine et les hypocrites propageaient la rumeur selon laquelle Muhammad (s.a.w.) n’avait reçu aucune bonne nouvelle. Ces hypocrites et ennemis saisirent cette occasion pour exprimer leur hostilité et leur dédain. Ils ont diffusé cette nouvelle en la manipulant et ont cherché à susciter la peur parmi les adeptes de l’islam. Cette information s’est répandue dans les environs de Médine, et une atmosphère d’alerte générale s’est instaurée. Partout, une rumeur insistante circulait, indiquant le retour des polythéistes à La Mecque en vue d’une confrontation armée. Le ‘Allâmah Ibn ‘Abd Al-Barr rapporte qu’Abbâs avait l’habitude de recueillir des informations sur les polythéistes et de les envoyer au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Les musulmans de La Mecque considéraient ‘Abbâs comme leur soutien. Bien qu’Abbâs souhaitât se rendre à Médine, le Saint Prophète (s.a.w.) lui écrivit qu’il était préférable qu’il restât à La Mecque. Les informations fournies par ‘Abbâs étaient très détaillées. Dans l’une de ses lettres, il écrivit que l’armée des Qouraychites se dirigeait vers le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). « Préparez-vous autant que possible pour les combattre à leur arrivée. Ils sont une force totale de trois mille hommes, comprenant deux cents cavaliers, sept cents portant des armures, trois mille chameaux et apportant toutes leurs armes.

Mirza Bashir Ahmad Sahib, dans son ouvrage Sîrat Khâtam-oun-Nabiyyîn, a décrit ces informations comme suit : « Les revenus générés par la caravane commerciale mentionnée dans les évènements de la bataille de Badr s’élevaient à 50 000 dinars. Cette somme était encore en sécurité au Dâr Al-Nadwah, conformément à la décision des chefs de La Mecque, afin de préparer une attaque contre les musulmans. Or, cet argent fut sorti et les préparatifs de guerre commencèrent avec toute la force et l’effort nécessaires. Sans la vigilance et les mesures de précaution du Saint Prophète (s.a.w.), les musulmans n’auraient même pas eu connaissance de ces préparatifs et l’armée des mécréants aurait atteint les portes mêmes des musulmans. Le Saint Prophète (s.a.w.) avait demandé à son oncle paternel, ‘Abbâs Ibn ‘Abdil-Mouttalib, qui, dans son cœur, était avec le Saint Prophète (s.a.w.), de rester à La Mecque et d’informer le Saint Prophète (s.a.w.) des mouvements des Qouraychites. Ainsi, à cette occasion également, ‘Abbâs Ibn ‘Abdil-Mouttalib envoya un cavalier rapide des Banou Ghifâr vers Médine, en lui promettant une forte récompense, et informa ainsi le Saint Prophète (s.a.w.) de ce mouvement des Qouraychites au moyen d’une lettre. En outre, il insista strictement auprès de cet émissaire pour qu’il transmette la lettre au Saint Prophète (s.a.w.) dans un délai de trois jours. Lorsque l’émissaire atteignit Médine, le Saint Prophète (s.a.w.) était à Qoubâ’, situé à la périphérie de Médine. L’émissaire poursuivit le Saint Prophète (s.a.w.) jusqu’à Qoubâ’et lui présenta cette lettre scellée.

Le Saint Prophète (s.a.w.) remit immédiatement cette missive à son scribe personnel, Oubayy Ibn Ka’b Al-Ansâri, et lui demanda de la lire. Lorsque Oubayy lut la lettre, elle contenait la terrible nouvelle qu’une armée féroce de Qouraychites approchait de La Mecque. En entendant cela, le Saint Prophète (s.a.w.) ordonna strictement à Oubayy Ibn Ka’b de garder le contenu de la lettre confidentiel.

L’armée se mit en route. Selon les détails, l’armée des Qouraychites quitta La Mecque le 5 du mois de Chawwâl. Elle se trouvait sous la direction d’Abou Soufyân. Khâlid Ibn Al-Walîd était le chef de la cavalerie. Les membres de la tribu des Banou ‘Abd Al-Dar étaient les porte-étendards. Trois mille guerriers portant des lances, vêtus d’armures, équipés de boucliers, portant arcs et flèches, et animés par une ferveur vengeresse, quittèrent La Mecque en direction de Médine pour affronter le Saint Prophète (s.a.w.). De ce nombre, deux mille neuf cents provenaient des Qouraychites et de leurs esclaves, ainsi que d’autres tribus, tandis que cent étaient des membres des tribus Kinânah. Ils étaient équipés de sept cents armures, deux cents chevaux, et trois mille chameaux, comme mentionné précédemment. Ils emportèrent également des chameaux destinés à être abattus et consommés en chemin. En outre, ils emportèrent des tambourins et une quantité spéciale de vin à boire. Selon une biographie, les Qouraychites ont tenté d’inciter ‘Abbâs à les accompagner dans cette bataille, mais celui-ci a décliné en mentionnant l’abandon par les Qouraychites qu’il a subi lors de la bataille de Badr. Lorsqu’il avait été capturé, personne ne lui était venu en aide pour obtenir sa libération.

De nombreuses femmes exprimèrent également le désir d’accompagner les hommes à la guerre dans un esprit de vengeance. À ce sujet, lors des délibérations une personne déclara : « Partons avec un linceul sur la tête. Si nous ne pouvons pas venger nos morts, nous ne reviendrons pas vivants. La compagnie des femmes sera ainsi bénéfique. Cela nous élèvera le moral et nous encouragera à aller de l’avant en nous rappelant les événements de Badr. » Nawfal Ibn Mou‘awiyah Al-Dou’ali a déclaré : « Ces femmes incarnent notre honneur et notre dignité. Si nous avons été vaincus, nous serons déshonorés si elles sont profanées. » Diverses opinions ont été exprimées à ce sujet. Hind, l’épouse d’Abou Soufyân, était également présente lors de cette occasion et elle s’est exprimée ainsi : « Ô noble assemblée ! » Face aux deux divergences d’opinions masculines, cette femme a poursuivi : « Peuple, ne craignez point de ne pas revenir indemnes. Vous êtes revenus sains et saufs de Badr et avez également eu le privilège de retrouver vos épouses ! Vous ne sauriez nous interdire de participer à cette guerre conjointement. C’est une erreur que vous avez commise à Badr en renvoyant vos femmes. Si ces femmes avaient été présentes avec vous lors de la bataille de Badr, elles vous auraient poussés au combat. Malheureusement, nos proches ont été fauchés par nos ennemis sur le champ de Badr. »

C’est ainsi que les dirigeants de Qouraychites se rallièrent à l’avis de Hind et consentirent à intégrer les femmes à l’expédition militaire. On estime à quinze le nombre de femmes qui accompagnaient l’armée. Parmi elles, Abou Soufyân inclut son épouse, Hind Bint ‘Outbah. De même, ‘Ikramah Ibn Abi Jahl prit avec lui sa femme, Oumm Hakîm Bint Al-Hârith Ibn Hichâm, et Al-Hârith Ibn Hichâm emmena sa femme, Fâtimah Bint Al-Walîd. Quant à Safwân Ibn Oumayyah, il prit avec lui son épouse, Barza Bint Mas’oud, la mère d’Abdoullah Ibn Safwân. Ibn Ishâq relate qu’Amr Ibn Al-‘Âs a pris part à la bataille avec son épouse, Raytah Bint Al-Mounabbih, tandis que Talhah Ibn Abi Talhah a pris sa femme, Soulâfah Bint Sa’d, en sa compagnie. Cette dernière était la mère de Mousafi’, Al-Joulas et Kilâb, tous tombés au combat le jour d’Ouhoud. Également présents étaient Khunnâs Bint Malik, membre de la tribu de Banou Malik, accompagnée de son fils, Abou ‘Azîz Ibn ‘Oumayr. Elle était la mère de Mous’ab Ibn ‘Oumayr. Parmi les femmes, ‘Oumrah Bint ‘Alqamah, issue de la tribu des Banou Al-Hârith, se joignit également à l’expédition. Quand Hind Bint ‘Outbah venait à la rencontre de Wahchi ou quand celui-ci s’approchait d’elle au cours de la bataille, elle lui disait : « Ô Abou Dasmah ! (Ceci était le surnom de Wahchi). Accomplis une œuvre qui sera source de réconfort pour nos cœurs. » Wahchi était un esclave abyssin armé d’une lance redoutable, dont la précision était telle qu’elle ne laissait aucun survivant parmi ceux qu’elle touchait. Wahchi était l’esclave de Joubayr Ibn Mout’im. Celui-ci le convoqua et lui enjoignit : « Rejoint l’expédition. Si tu parviens à blesser ou tuer Hamza, je t’affranchirai, car Hamza a ôté la vie à mon oncle, Tou’aymah Ibn ‘Adiyy. » L’armée établit son camp à Jabal ‘Aynayn, en bordure de la vallée de Qanâh à Sabkha, dans la plaine d’Ouhoud, en face de Médine. Sabkha constitue également une localité adjacente à Jabal ‘Aynayn et à Jourf, près de Médine. Jourf, situé à environ 5 kilomètres au nord de Médine, représente un lieu géographique distinct. ‘Aynayn, quant à elle, est une montagne faisant partie du massif d’Ouhoud. Une vallée sépare ‘Aynayn d’Ouhoud, et Qanâh se distingue comme l’une des trois vallées renommées de Médine, s’étendant entre Médine et Ouhoud. Ceci est la configuration géographique de ces lieux. Selon les détails de la bataille, ‘Abbâs a fourni des renseignements à l’égard de l’armée qouraychite à l’Envoyé d’Allah (s.a.w). De même, ‘Amr Ibn Sâlim a informé le Messager de Dieu (s.a.w.) du départ des polythéistes de La Mecque. Quand il l’a su, Abou Soufyân était furieux. En effet, ‘Amr Ibn Sâlim et quelques-uns de ses compagnons se sont détachés de l’armée des Qouraychites au lieu-dit Dhou Touwa, atteignant rapidement Médine. Ils ont alors informé le Prophète (s.a.w.) de la progression imminente des infidèles. En revenant à Médine, cette faction d’Amr Ibn Sâlim a devancé l’armée d’Abou Soufyân, la dépassant pendant la nuit à Abwah. En d’autres termes, ils l’ont traversée à partir de cet endroit. Au lever du jour, Abou Soufyân rebroussa chemin en direction de La Mecque. En cours de route, il reçut l’information selon laquelle ‘Amr Ibn Salim et quelques-uns de ses compagnons avaient quitté les lieux à la tombée de la nuit en direction de La Mecque. Abou Soufyân, dans un état nerveux, déclara : « Je jure par Allah qu’ils ont dû rejoindre Muhammad pour le mettre au courant de notre avancée. Ils lui ont fourni toutes les informations à notre sujet, l’avertissant de notre arrivée imminente. Ils ont probablement veillé à s’enfermer dans leurs forteresses avant notre arrivée. Nous ne pourrons leur causer de tort et nous allons échouer dans notre objectif. » Safwân Ibn Oumayyah dit immédiatement : « S’ils ne sortent pas de leurs forteresses pour combattre sur le champ de bataille, il n’y a aucune raison de paniquer. Nous couperons les bosquets de dattes des Aws et des Khazraj, une action à laquelle ils ne pourront jamais remédier. En conséquence, ils perdront leurs biens et leurs récoltes. Cependant, s’ils décident de quitter leurs forteresses pour s’engager dans le désert, il n’y aura rien à craindre. Leur nombre est inférieur au nôtre, et leurs armes sont loin d’égaler les nôtres. Ils ne disposent pas de chevaux, tandis que nous en avons en abondance. Nous avons le pouvoir de leur infliger des pertes humaines et matérielles lors de la bataille, une capacité qu’ils ne pourront égaler. » Safwân Ibn Oumayyah exprima ainsi son avis.

Cependant, au campement des Qouraychites à Abwah pendant leur avancée vers Médine, Hind Bint ‘Outbah suggéra à Abou Soufyân de faire exhumer la tombe de la mère de Muhammad, prétendant que celle-ci se trouvait à Abwah. Elle avança que si l’un de leurs hommes était capturé, chaque Qouraychite devrait alors verser en rançon un organe de sa mère. Ceci était un conseil démoniaque, aux allures sinistres. Abou Soufyân partagea cette proposition avec les Qouraychites, précisant qu’il s’agissait d’une simple suggestion. Les Qouraychites répliquèrent en soulignant qu’il ne fallait pas ouvrir cette brèche, car cela conduirait les Banou Bakr à exhumer les tombes de leurs défunts. Il était clair que cette proposition était extrêmement périlleuse. Néanmoins, à chaque étape de leur progression, les chameaux étaient abattus, et les femmes récitaient des poèmes pour réchauffer l’atmosphère. Elles distribuaient des coupes de vin, gémissaient tout en récitant des élégies funèbres, faisaient pleurer les autres et attisaient leur vengeance. Pendant cette avancée continue de la caravane des infidèles, les musulmans, de leur côté, se préparaient vigoureusement. On rapporte que le Messager d’Allah (s.a.w.) dépêcha Anas et Mounis, les fils de Fa’zalah, en mission de reconnaissance un jeudi soir au cours des dix premiers jours de Chawwâl. Il est probable que, dans cette même conjoncture, le Prophète (s.a.w.) ait également ordonné le recensement de l’ensemble de la population musulmane de Médine.

Ainsi, le recensement fut mené, révélant qu’à cette époque, mille cinq cents musulmans vivaient à Médine. Dans les circonstances de l’époque, ce chiffre était considéré comme particulièrement élevé. Dans l’enthousiasme de leur joie, certains Compagnons allèrent jusqu’à déclarer : « Maintenant que notre nombre a atteint 1 500, avons-nous quelque chose à craindre ? » Cependant, un Compagnon, issu de ces mêmes individus, témoigna : « Après cela, nous avons été confrontés à des moments tellement éprouvants qu’à plusieurs reprises, nous avons même été contraints d’offrir notre Salât dans la clandestinité. » À une autre occasion également, le Saint Prophète donna l’instruction de procéder à un recensement, et à ce moment-là, le chiffre obtenu se situait entre 600 et 700. Les deux compagnons dépêchés par le Messager d’Allah (s.a.w.) pour obtenir des renseignements rencontrèrent les Qouraychites à ‘Aqîq. Ils revinrent ensuite auprès du Messager d’Allah (s.a.w.) pour l’informer qu’ils avaient recueilli des informations sur l’armée des infidèles. Il existe plusieurs vallées dans la péninsule arabique portant le nom d’Aqîq, et la vallée d’Aqîq de Médine est la plus significative, s’étendant du sud-ouest au nord-est de Médine, englobant toutes les vallées de Médine. Ils rapportèrent que l’armée des infidèles avait laissé ses chameaux et chevaux dans les champs d’Ourayd. Ourayd est également une oasis située à trois miles de Médine, où ils n’avaient laissé aucune végétation, tout ayant été brouté. Les polythéistes descendirent dans la vallée de Qanâ le mercredi. Le jeudi et vendredi, leurs chameaux continuèrent à consommer la verdure de la vallée, ne laissant aucune feuille verte. À ce moment, le Messager d’Allah (s.a.w.) envoya Al-Habâb Ibn Al-Moundhir pour les observer. Après les avoir évalués, il est rentré pour en informer le Messager d’Allah (s.a.w.) qui lui a ordonné : « Ne partage cette information à personne. Hasboun-Al-lâhou wa ni’m-al-Wakîl. Al-lâhoum-ma bika ajoulou wa bika asoul. (Allah nous suffit, et Il est le meilleur garant. Ô Allah je parts en tournée et j’attaque sous Ta protection.)

En raison de la menace d’une attaque nocturne par les mécréants, les chefs des Aws et des Khazraj, Sa’d Ibn Mou’âdh, Ousayd Ibn Khouzayr et Sa’d Ibn ‘Oubâdah, revêtirent leurs armures et, le vendredi soir, se tinrent près de la porte du Saint Prophète (s.a.w.) dans la mosquée et firent également le tour de Médine jusqu’au matin. L’armée des polythéistes mecquois campait dans les terres salées et marécageuses de la vallée de Qanâ avant le départ des musulmans de Médine. À l’est, à l’ouest et au sud de Médine se trouvaient d’épaisses palmeraies. Les traverser rendait difficile l’attaque d’une ville ou d’un quartier, car un seul ennemi pouvait se déplacer à travers les bosquets. Dans de telles circonstances, les assaillants auraient été facilement neutralisés. Une attaque n’était possible que du côté nord. C’est pourquoi les Qouraychites campèrent au nord et à l’ouest. Les habitants n’étaient pas concentrés dans une seule zone ; ils étaient plutôt répartis entre les montagnes dans une vaste zone de hameaux et de quartiers. Certaines tribus avaient créé des habitations près de leurs terres et de leurs vergers, et elles avaient également construit de nombreuses tours à deux étages ; et en cas de menace, les enfants et les femmes étaient emmenés à l’étage supérieur de ces tours. Après s’être occupés de leurs familles, ils se battaient contre les assaillants.

Un autre historien écrit que l’armée ennemie a placé un barrage pendant la nuit entre l’armée musulmane et Médine, où se trouvaient les hypocrites, les Juifs, les exemptés de combat, les femmes et les enfants. Mirza Bashir Saheb explique : « Peut-être vers la fin de Ramadan de l’an 3 A.H., ou au début de Chawwâl, l’armée des Qouraychites partit de La Mecque. De nombreux guerriers d’autres tribus d’Arabie faisaient également partie de l’armée. Abou Soufyân était le commandant de l’armée. Celle-ci comptait 3 000 hommes, dont 700 guerriers revêtus d’armures. Les moyens de transport étaient nombreux : 200 chevaux et 3 000 chameaux. L’équipement de guerre était plus que suffisant. Quelques femmes étaient elles aussi présentes, dont Hind, l’épouse d’Abou Soufyân, les épouses d’Ikramah Ibn Abi Jahl, de Ṣafwân Ibn Oumayyah, de Khâlid Ibn Al-Walîd et les épouses d’autres combattants. Selon l’ancienne coutume d’Arabie, ces femmes avaient apporté leurs instruments de musique, car elles comptaient chanter des couplets de motivation au battement des tambours, pour éveiller l’ardeur guerrière de leurs hommes. Après un voyage d’environ dix ou onze jours, cette armée de Qouraychites arriva près de Médine, tourna au nord de la ville et s’arrêta près du mont Ouhoud. Le champ verdoyant d’Ourayd était situé à proximité, où les animaux de Médine paissaient et où l’on pratiquait également l’agriculture. Avant toute chose, les Qouraychites ont investi ce pâturage et l’ont dévasté à leur guise. Lorsque le Saint Prophète (s.a.w.) reçut de ses informateurs la nouvelle que l’armée des Qouraychites était arrivée à proximité, il envoya un compagnon nommé Al-Habâb Ibn Al-Moundhir pour obtenir des informations sur le nombre et la force de l’ennemi. En outre, le Saint Prophète (s.a.w.) a également souligné que si la force de l’ennemi était supérieure à la leur et que les musulmans étaient en danger, Al-Habâb ne devait pas annoncer cette nouvelle ouvertement à son retour dans le rassemblement ; il devait plutôt transmettre cette nouvelle en privé, afin que personne ne soit découragé. Al-Habâb partit discrètement et revint en peu de temps avec beaucoup d’habileté pour soumettre son rapport au Saint Prophète (s.a.w.). On était alors un jeudi et la nouvelle de l’arrivée de l’armée des Qouraychites s’était répandue dans toute la Médine. Leur raid sur Ourayd et la dévastation des champs étaient connus de tous. Bien que les masses n’aient pas été informées en détail de l’existence de l’armée des mécréants, cette nuit-là, à Médine, fut marquée par une grande peur et une [atmosphère de] grave danger. Des compagnons triés sur le volet gardèrent la maison du Saint Prophète (s.a.w.) toute la nuit.

Lors d’une réunion de consultation préparatoire à la bataille d’Ouhoud, le Saint Prophète (s.a.w.) déclara : « La nuit dernière, j’ai fait un rêve où une vache a été sacrifiée. J’ai également vu qu’il y avait une entaille dans la lame de mon épée, Dhoul-Fiqâr. » Selon une version, le Saint Prophète (s.a.w.) mentionna que la poignée de son épée s’était brisée, et selon une autre version, il déclara qu’une fissure était apparue près de la poignée de son épée, Dhoul-Fiqâr. Ces deux présages indiquent un malheur à venir. « Je vis alors que j’avais placé ma main dans une cotte de mailles solide et sûre. Selon une autre narration, le Saint Prophète (s.a.w.) déclara qu’il portait une solide cotte de mailles et qu’il était monté sur un bélier. Les compagnons interrogèrent le Saint Prophète (s.a.w.) sur l’interprétation de ce rêve. Il répondit : « La vache indique que certains de mes compagnons seront martyrisés. » Selon une autre narration, le Saint Prophète (s.a.w.) précisa : « L’abattage de la vache indique que certains d’entre nous atteindront le martyre. Quant à mon épée brisée, cela signifie que quelqu’un de ma maison ou de ma famille sera tué. » Selon une autre narration, il est rapporté que les entailles dans la lame de mon épée signifient qu’aucun d’entre vous n’aura à faire face à cette perte, c’est-à-dire qu’aucun membre des autres familles ne sera concerné. Le mot « faloul » a été utilisé ici pour signifier que la lame de l’épée s’émousse, qu’une fissure apparaît dans la poignée de l’épée, ou qu’elle se brise. Cela indique que deux incidents distincts se produiront. Le Saint Prophète (s.a.w.) poursuivit en expliquant : « La cotte de mailles solide fait référence à Médine, et le bélier signifie que je tuerai les partisans de l’ennemi. » Quoi qu’il en soit, le Saint Prophète (s.a.w.) chercha conseil à ce sujet. Ibn ‘Outbah, Ibn Ishâq, Ibn Sa’d, etc., ont déclaré que le Saint Prophète (s.a.w.) a fait ce rêve le vendredi soir. Le lendemain matin, le Saint Prophète (s.a.w.) se rendit auprès de ses compagnons, loua et glorifia Allah le Tout-Puissant, puis évoqua son rêve. Il déclara : « Si vous êtes d’accord, nous devrions rester à Médine et envoyer nos femmes et nos enfants à la forteresse. Si l’ennemi campe à l’extérieur de Médine, il sera dans une position très désavantageuse. En revanche, s’il pénètre dans notre ville, nous les combattrons dans les rues, car nous connaissons mieux l’endroit qu’eux. Nous pouvons également les attaquer à partir des collines en lançant des pierres. » Grâce à la construction de bâtiments, Médine était fortifiée de tous côtés et ressemblait à une forteresse.

Les principaux compagnons des Mouhâjirs et des Ansâr partageaient l’avis du Saint Prophète (s.a.w.), et ‘Abdoullah Ibn Oubay a également fait la même proposition. Cependant, une partie des musulmans, principalement des jeunes compagnons qui n’avaient pas participé à la bataille de Badr et qui aspiraient au martyre, exprima le désir de combattre l’ennemi à l’extérieur de Médine. Ils déclarèrent : « Ô Messager d’Allah (s.a.w.), emmenez-nous combattre l’ennemi à l’extérieur de Médine, de crainte qu’ils ne pensent que nous avons pris peur. » ‘Abdoullah Ibn Oubay, quant à lui, exprima une opinion différente en disant : « Ô Messager d’Allah (s.a.w.), restez à Médine. Par Allah, chaque fois que nous avons combattu l’ennemi à l’extérieur de Médine, nous avons été vaincus. Chaque fois que nous avons combattu à l’intérieur de Médine, nous avons été victorieux. » Hamza Ibn ‘Abdil Mouttalib, Sa’d Ibn ‘Oubâdah, et Al-Nou’mân Ibn Mâlik ont déclaré : « Ô Messager d’Allah (s.a.w.) ! Si nous ne quittons pas Médine, l’ennemi pensera que nous avons pris peur et leur courage contre nous s’amplifiera. Lors de la bataille de Badr, Allah vous a accordé la victoire alors que vous n’étiez que 300 hommes, tandis que nous sommes plus nombreux maintenant. » Iyâs Ibn Aws Ibn ‘Atîq a exprimé le souhait que les Banou ‘Abd Al-Ach’al réalisent le rêve du Saint Prophète (s.a.w.), dans lequel une vache a été abattue. Il souhaitait en effet que les Banou ‘Abd Al-Ach’al réalisent le rêve du Saint Prophète (s.a.w.), dans lequel une vache était abattue. D’autres ont également déclaré qu’il en résulterait l’une des deux issues positives suivantes : soit ils remporteraient la victoire, soit ils embrasseraient le martyre. Ils ont par ailleurs juré que les Arabes ne pourraient pas entrer dans leurs maisons. Hamza (r.a.) déclara : « Je jure par Celui qui vous a révélé le Livre que je ne mangerai pas aujourd’hui avant d’être sorti et d’avoir combattu l’ennemi avec mon épée. » Par la suite, il continua à observer le jeûne tout au long du vendredi et du samedi, et il était encore en état de jeûne lorsqu’il embrassa le martyre.

Al-Nou’man Ibn Mâlik déclara : « Ô Messager d’Allah (s.a.w.), ne nous privez pas du Paradis ! Je jure par Celui qui détient ma vie que j’entrerai certainement au Paradis. » Le Saint Prophète (s.a.w.) demanda : « Comment cela ? » Al-Nou’mân Ibn Malik répondit : « Parce que j’aime Allah le Tout-Puissant et Son Messager (s.a.w). » Dans une autre narration, il est mentionné qu’il a dit : « J’atteste qu’il n’y a personne digne d’adoration excepté Allah et que Muhammad (s.a.w.) est bien le Messager d’Allah, et que je ne fuirai pas le jour de la bataille. » Le Saint Prophète (s.a.w.) déclara : « Tu as dit la vérité. » Il est tombé en martyr au cours de cette bataille.

Mâlik Ibn Sinân Al-Khoudri, Iyâs Ibn ‘Atîq, et un autre groupe de personnes insistèrent de quitter Médine pour participer à la bataille. Dans son ouvrage, Sîrat Khâtam-oun-Nabiyyîn, Mirza Bashir Ahmad a expliqué ceci : « Le Saint Prophète (s.a.w.) rassembla les musulmans et sollicita leur avis concernant l’attaque imminente des Qouraychites : devaient-ils rester à Médine ou partir combattre l’ennemi ? Avant d’entamer la discussion, le Saint Prophète (s.a.w) évoqua l’attaque projetée des Quraychites et leurs intentions meurtrières. »

Ensuite, il évoqua le rêve que j’ai déjà rapporté. « Les compagnons s’enquirent de l’interprétation du rêve, et le Saint Prophète (s.a.w) déclara : « J’ai compris que l’abattage de la vache signifiait que certains de mes compagnons seraient martyrisés, et il semble que la pointe de mon épée brisée soit une indication du martyre de quelqu’un de ma famille, ou peut-être que je souffrirai moi-même d’une blessure dans cette bataille. Quant au fait d’insérer ma main dans une cotte de mailles, j’ai compris qu’il est plus approprié que nous restions à Médine pour repousser cette attaque. Le Saint Prophète (s.a.w.) interpréta le rêve dans lequel il se voyait monté sur un bélier comme symbolisant le chef de l’armée des Qouraychites, c’est-à-dire son porte-drapeau, qui, si Dieu le voulait, serait tué par les musulmans. Après cela, le Saint Prophète (s.a.w.) demanda conseil à ses compagnons sur la meilleure action à entreprendre dans l’état actuel des choses. Comme mentionné précédemment, les compagnons suggérèrent de rester à Médine et de se battre, peut-être influencés par le rêve du Saint Prophète (s.a.w.) ou simplement par l’évaluation des circonstances de l’époque. Le Saint Prophète (s.a.w.) souscrivit également à cette proposition. Cependant, la majorité des compagnons, et en particulier les jeunes hommes qui n’avaient pas participé à la bataille de Badr et qui étaient impatients d’avoir l’occasion de servir la religion par leur propre martyre, insistèrent avec force sur le fait de sortir de la ville et de combattre en rase campagne. Ce groupe présenta son opinion avec une telle persistance que, témoin de leur zèle, le Saint Prophète (s.a.w.) accepta leur proposition et décida que les musulmans combattraient les mécréants en rase campagne. Après la prière du vendredi, le Saint Prophète (s.a.w.) exhorta publiquement les musulmans à mériter la récompense spirituelle par le jihad dans la voie d’Allah en participant à cette Ghazwah. Je présenterai, si Dieu le veut, ces récits à l’avenir.

Je vous encourage à persévérer dans vos prières en faveur des Palestiniens. Après la pause dans les combats, les bombardements aveugles pourraient reprendre de manière intense, entraînant le martyre d’un plus grand nombre d’innocents. La cruauté qui en découlera demeure incertaine ; seul Allah en a connaissance. Les intentions des grandes puissances concernant l’avenir des Palestiniens sont très inquiétantes. C’est pourquoi nous devons intensifier nos prières en leur faveur, demandant à Allah de leur accorder Sa miséricorde.

(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

Etiquettes