Sermons 2023

Début de la bataille d’Ouhoud

Dans son sermon du 15 décembre 2023, Sa Sainteté le Calife a évoqué la première phase de la bataille d'Ouhoud.

Sermon du vendredi 15 décembre 2023, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

Je parlais de la bataille d’Ouhoud dans [cette série sur] la biographie du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Voici d’autres détails sur cet affrontement.

L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a campé sur la plaine d’Ouhoud ; derrière l’armée musulmane se trouvait le mont Ouhoud, la protégeant des attaques par l’arrière. D’un côté se trouvait le col d’où pouvait attaquer l’ennemi si l’occasion se présentait.

Conscient de ce danger et de cette vulnérabilité, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a placé un détachement de cinquante archers avec à sa tête ‘Abdoullâh Ibn Joubayr pour surveiller le passage. Le Sahîh d’Al-Boukhâri présente les directives du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) à l’endroit de ces archers : « Même si vous voyez que des vautours s’acharnent sur nos dépouilles, ne bougez pas d’ici jusqu’à ce que je vous appelle. Si vous voyez que nous avons vaincu les infidèles et que nous les avons mis en déroute, même alors vous ne devez pas quitter votre poste jusqu’à ce que je vous appelle. »

Selon un autre récit d’Al-Boukhâri le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Ne quittez pas ce lieu ; quand bien même vous nous verriez vaincre l’ennemi, ne quittez pas ce lieu. Et si vous le voyez nous vaincre, ne venez pas nous aider. »

[En d’autres termes :] N’abandonnez votre poste en aucune circonstance.

Selon un biographe, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Tenez loin de nous la cavalerie ennemie, afin qu’ils ne nous attaquent pas par l’arrière. Même si nous sommes victorieux, ne quittez pas ce lieu afin qu’ils ne nous attaquent pas par l’arrière. Restez à vos postes et ne les abandonnez pas. Si vous constatez que nous avons vaincu l’ennemi et que nous avons pénétré leurs rangs, même là n’abandonnez pas votre poste. Si vous constatez qu’ils nous massacrent, ne venez pas à notre secours et ne nous défendez pas. Couvrez-les de flèches car les chevaux n’avanceront pas en raison des flèches. Certes, nous serons victorieux tant que vous demeurerez à vos postes. »

Ensuite le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Ô Allah ! Je Te prends comme témoin. »

Selon un autre auteur, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) aurait déclaré en cette occasion : « Ne venez pas vous joindre à nous, même si vous nous voyez récolter les butins. Protégez-nous, quelles que soient les circonstances. »

Un biographe mentionne les cinquante archers et écrit : « Celui qui a eu l’occasion de voir le champ de bataille et de se familiariser avec la scène de Jabal Al-Roumâh, qui repose au bord de la vallée de Qanâ, comprendra l’expertise militaire exceptionnelle du Messager d’Allah (s.a.w.). Cela révèle sa brillante planification des batailles, mettant en lumière ses compétences étendues dans l’organisation des forces armées et sa préparation exceptionnelle pour le combat, qui sont indispensables à la victoire. »

Un autre auteur évoque la stratégie de guerre du Saint Prophète (s.a.w.). Il déclare : « Cette stratégie était si remarquable et sophistiquée qu’elle révèle son génie en matière de leadership militaire. Cette démonstration d’une capacité extraordinaire prouve qu’aucun commandant, aussi intelligent soit-il, n’aurait pu élaborer un plan de bataille plus avisé et plus sage. Lors de l’affrontement à Ouhoud, il a astucieusement choisi la meilleure position sur le champ de bataille pour l’armée musulmane.

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a pris position sur les hauteurs de la montagne, assurant ainsi la sécurité de son flanc droit et de son dos. De plus, il a ordonné le blocage du seul col à gauche par lequel l’ennemi aurait pu atteindre l’arrière de l’armée islamique, en y positionnant des archers. Il a soigneusement choisi un emplacement légèrement surélevé par rapport au champ de campement. En cas de défaite, s’il était voulu par Dieu, plutôt que de fuir et d’être pris en chasse, l’armée islamique aurait pu facilement trouver refuge. En outre, si l’ennemi avait tenté de percer le cœur de l’armée musulmane en avançant vers le centre, il aurait fait face à des pertes considérables.

Le Messager d’Allah (s.a.w.) a astucieusement obligé l’ennemi à rester exposé sur la pente. Alors que les Qouraychites s’attendaient à ce que l’armée islamique sorte de Médine et se place devant eux, le Saint Prophète (s.a.w.) a fait pivoter l’armée musulmane sur 180 degrés et, laissant l’ennemi à l’ouest, s’est positionné en lieu sûr derrière eux. La nouvelle disposition de l’armée islamique lui conférait désormais une position stratégique excellente.

Les montagnes d’Ouhoud et d’Aynayn assuraient la protection de l’arrière et du côté droit. À gauche, le col de Jabal Al-Roumâh était tenu par les archers, et au-delà de Jabal Al-Roumâh, la crête verticale de la vallée de Qanâ rendait toute attaque ennemie impossible depuis le sud-est.

Hazrat Sahibzada Mirza Bashir Ahmad a également abordé ce point dans son ouvrage Sîrat-Khâtamoun-Nabiyyîn, notant que : « Plaçant sa confiance en Dieu, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) marcha et installa son camp dans une plaine au pied du mont Ouhoud, de telle sorte que la chaîne de montagnes tombât derrière les musulmans et que Médine se trouvât devant eux. De cette façon, il sécurisa l’arrière de l’armée. Il y avait un col dans la vallée, à l’arrière, d’où l’on pouvait attaquer. Le plan mis au point par le Saint Prophète pour le sécuriser consistait à placer cinquante archers parmi ses compagnons à cet endroit, sous le commandement d’Abdoullâh Ibn Joubayr, et à leur donner l’ordre catégorique de ne quitter cet endroit sous aucun prétexte et de continuer à arroser l’ennemi de leurs flèches. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) était si préoccupé par la sécurité de ce col qu’il donna à plusieurs reprises des instructions à ‘Abdoullâh Ibn Joubayr : « Ce col ne doit être abandonné sous aucun prétexte. Même si vous voyez que nous avons été victorieux et que l’ennemi s’est enfui vaincu, ne quittez pas cet endroit ; de même, si vous voyez que les musulmans ont été vaincus et que l’ennemi a eu le dessus, ne quittez pas cette place. »

Cette instruction était catégorique ; et un autre récit rapporte les paroles suivantes : « Même si vous voyez que des vautours déchirent nos dépouilles, ne bougez pas d’ici jusqu’à ce que vous ayez reçu l’ordre de partir. »

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) déclare à ce propos : « Le Saint Prophète (s.a.w.) atteignit Ouhoud. Là, dans un étroit défilé au haut d’une colline, il posta une garde de cinquante hommes, ordonnant au commandant de repousser toute attaque ennemie ou toute tentative de prendre possession du passage. Il leur donna des instructions précises : celles de rester à leur poste et de ne pas en bouger, à moins d’en recevoir l’ordre, quoi qu’il arrivât. Avec les six cent cinquante hommes qui restaient, le Saint Prophète (s.a.w.) alla au devant d’une armée environ cinq fois supérieure. »

Après avoir affecté les archers sur la colline, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) fut rassuré et commença à mettre l’armée musulmane en ordre de bataille et confia aux commandants leurs responsabilités.

En apparence, les musulmans étaient nettement désavantagés par rapport aux infidèles. Ils étaient dans une infériorité numérique et sous-équipés, leurs armes étant de moindre qualité. Les disparités entre les deux camps étaient notables, avec au moins quatre polythéistes pour chaque musulman en termes de nombre. De plus, l’armée des polythéistes se distinguait par son armure et sa cavalerie. Il convient de noter que la majorité des soldats de l’armée islamique ne portaient pas d’armure, et seulement environ une centaine d’entre eux étaient équipés ainsi. En contraste, l’armée mecquoise, représentant les infidèles, comptait sept cents soldats équipés d’armure, soit le même nombre de l’ensemble de l’armée de Médine. L’armée des polythéistes était organisée en dix rangs, tandis que l’armée islamique se limitait à deux, avec cinquante archers postés au col. Malgré cela, le point le plus crucial et le plus robuste du champ de bataille se trouvait du côté des musulmans. Le Saint Prophète (s.a.w.) avait désigné Zoubayr Ibn Al-‘Awâm comme chef de l’aile droite de l’armée et Moundhir Ibn ‘Oumar Al-Ghanawi comme commandant de l’aile gauche. Il demanda : « Qui a levé le drapeau des polythéistes ? »

On lui répondit : « Talhah Ibn Abi Talhah. » Le Messager d’Allah, que Dieu le bénisse et lui accorde la paix, de déclarer : « Nous sommes plus dignes eu égard au respect de notre engagement que lui. » Il prit le drapeau d’Ali et le confia à Mous’ab Ibn ‘Oumayr qui appartenait à la même tribu que Talhah, c’est-à-dire les Banou ‘Abd Al-Dâr Ibn Qousay, d’où étaient issus les porte-étendards des Qouraychites. Autrement dit, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) confia le drapeau islamique à un musulman appartenant à la même tribu des Qouraych qui portait le drapeau de ces derniers. Avant l’avènement de l’islam, cette responsabilité était confiée à la même famille, c’est-à-dire les Banou ‘Abd Al-Dâr. Le respect des engagements, évoqué par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), signifie l’engagement pris avec Qousay ou le pacte national. Le cri de guerre des musulmans ce jour-là était « Amit ! Amit ! » Le Messager d’Allah (que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui) adressait humblement ses prières pour la victoire et le succès devant la Cour du Tout-Puissant. Les Ansâr de Médine étaient positionnés aux ailes droite et gauche de l’armée islamique. Le Messager d’Allah, accompagné des émigrés, était au centre de l’armée qui subissait la pression la plus intense de l’ennemi lors de la bataille. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) se trouvait au milieu de la deuxième rangée. Il était derrière la première rangée. Il avait donné l’ordre aux Compagnons de ne pas avancer sans recevoir d’instructions de sa part. Selon le Sahîh Mouslim, Anas a rapporté que le Messager d’Allah (s.a.w.) faisait cette supplication le jour d’Ouhoud:

اللهم إنك إن تشاء لا تعبد في الارض

C’est-à-dire : « Ô Allah ! Assurément, si Tu le souhaites, Tu ne seras pas adoré en ce monde. » C’est-à-dire, telle sera la situation si Tu ne nous aides pas. Selon d’autres récits, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) aurait fait cette prière lors de la bataille de Badr. On en trouve mention dans ce contexte aussi. Selon le commentaire de Mouslim, il aurait récité cette prière en ces deux occasions. Allah en est le plus Savant.

Sa’d Ibn Abi Waqqâs rapporte qu’Abdoullâh Ibn Jahch lui a dit : « Viens avec moi et nous allons implorer Allah ensemble. » Ils se sont séparés de la troupe. Sa’d a prié en ces termes : « Ô mon Seigneur ! Demain quand nous allons confronter l’ennemi, envoie-moi un guerrier puissant et coriace. Je le combattrai pour Ta cause, et il m’affrontera également. Ensuite, accorde-moi la victoire sur lui, et je le tuerai, lui retirant son équipement. »

Ensuite ‘Abdoullâh Ibn Jahch s’est levé et a prié ainsi : « Ô Allah ! Demain envoie-moi un guerrier fort et féroce. Je le combattrai pour Ta cause et il me combattra. Ensuite, il m’attrapera et me coupera le nez et les oreilles. Ensuite, quand je Te rencontrerai demain tu me demanderas : « Ô serviteur d’Allah ! Pourquoi as-tu le nez et les oreilles coupées ? »

Je répondrai : « Ô Allah ! J’ai subi ce sort pour mériter Ton agrément et celui de Ton Messager (s.a.w.). » En réponse, Allah dira : « Oui, tu as dit la vérité. » Sa’d Ibn Abi Waqqâs a dit : « Ô mon fils ! La prière d’Abdoullah Ibn Jahch a été plus estimée que la mienne. Ce jour-là, dans la soirée, j’ai vu ‘Abdoullah avec ses oreilles et son nez tenant par un fil. » C’est-à-dire que l’ennemi l’avait mutilé.

‘Abdoullâh Ibn ‘Amr Ibn Haram relate qu’il avait vu Moubachchir Ibn ‘Abdil Moundhir dans un rêve la veille d’Ouhoud.

Les prières des deux précédés compagnons ont été agréées. L’un d’eux a remporté la victoire sur l’ennemi, et l’autre s’est également battu courageusement avant d’embrasser le martyr. Quoi qu’il en soit, c’est un récit des prières de ces deux compagnons.

Abdullah Ibn Amr Ibn Haram a raconté qu’il avait vu Mubashir Ibn Abdul Munzir dans un rêve la veille d’Ouhoud. « Il était tombé en martyr lors de la bataille de Badr. Il me disait que tu allais venir chez eux dans quelques jours. J’ai demandé : « Où es-tu ? » « Je suis au paradis et je m’y promène là où je le souhaite. » Je lui ai demandé : « N’es-tu pas tombé en martyr le jour de Badr ? » Il a répondu : « Oui. Ensuite j’ai été ramené à la vie. »

‘Abdoullah Ibn ‘Amr Ibn Haram a mentionné ce rêve au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) qui a expliqué : « Ô Abou Jâbir ! C’est la bonne nouvelle du martyre. » Jâbir a rapporté que son père est en effet tombé en martyr le jour d’Ouhoud.

Selon les récits, les polythéistes ont formé leurs rangs à Sabkha, se préparant soigneusement pour la bataille. Leur nombre s’élevait à trois mille, avec une cavalerie de deux cents chevaux qui était à l’avant. Ils ont nommé Khâlid Ibn Al-Walîd à la tête de la cavalerie sur l’aile droite et ‘Ikramah Ibn Abi Jahl à la tête de la cavalerie sise sur l’aile gauche. Safwân Ibn Oumayyah était le commandant de l’infanterie – ou ‘Amr Ibn Al-‘Âs selon certains récits. ‘Abdoullâh Ibn Abi Rabî’ah était à la tête des archers. Plus tard, ces mêmes figures ont embrassé l’islam.

Ils ont confié le drapeau à Talhah Ibn Abi Talhah, qui appartenait à la tribu Banou Abd Ad-Dar. C’était le même drapeau à propos duquel le Saint Prophète (s.a.w) avait affirmé : « Nous avons plus de droits à le porter. » J’en ai fait mention précédemment. Le drapeau fut remis à Talhah Ibn Abi Talhah, membre de la tribu Banou ‘Abd Al-Dâr. Abou Soufyân, quant à lui, encourageait les porteurs de drapeau de la tribu Banou ‘Abd Al-Dâr en leur disant : « Ô Banou ‘Abd Al-Dâr ! Le jour de Badr, vous aviez hissé notre drapeau et vous aviez vu le sort que nous avions subi. L’issu des batailles dépend des porte-drapeaux.

Un porte-drapeau puissant suscite l’enthousiasme des combattants. Si le porte-drapeau s’enfuit, les combattants fuient également, pris de peur. Portez donc notre bannière comme il se doit ou écartez-vous de notre chemin ; nous serons suffisants. »

Il a ainsi tenté de stimuler leur fierté. Ils ont déclaré : « Devrions-nous vous confier notre étendard ? Vous verrez bientôt notre réaction quand les combats débuteront ! » Les tentes des femmes Qouraychites se trouvaient à l’arrière de l’armée d’où retentissaient sans cesse le son des tambourins et des récitations évoquant les morts de Badr, ravivant l’enthousiasme des combattants et les encourageant à laver les humiliations antérieures.

Dans son ouvrage, Sîrat-Khâtamoun-Nabiyyîn, Mirza Bashir Ahmad Saheb a commenté sur cet épisode en ces termes :

« Ainsi, après avoir complètement fortifié l’arrière de l’armée, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) commença à mettre l’armée musulmane en ordre de bataille et nomma des commandants distincts pour ses différentes sections.

À cette occasion, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) reçut la nouvelle que le drapeau de l’armée des Qouraychites était entre les mains de Talhah, qui appartenait à la dynastie qui, sous l’administration de Qousayy Ibn Kilâb, l’ancêtre suprême des Qouraychites, détenait le droit de porter l’étendard en représentation des Qouraychites lors des batailles. Après en avoir pris connaissance, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Nous sommes plus dignes de faire preuve de loyauté nationale. » Il a alors retiré le drapeau des Mouhâjirîn d’entre les mains d’Ali et l’a confié à Mous’ab Ibn ‘Oumayr, qui était membre de la même dynastie à laquelle appartenait Talhah.

À l’opposé, l’armée des Qouraychites s’était également mise en ordre de bataille. Abou Soufyân était le commandant en chef de l’armée. Khâlid Ibn Al-Walîd commandait l’aile droite ; et ‘Ikramah Ibn Abi Jahl le flanc gauche. Les archers étaient dirigés par ‘Abdoullâh Ibn Rabî’ah. Les femmes étaient positionnées derrière l’armée et, tout en battant leurs tambours, elles chantaient des couplets pour réveiller l’esprit martial de leurs hommes. »

Les deux armées prenaient position et Abou Soufyân s’est adressé aux musulmans Ansâr en disant : « Ô groupe d’Aws et de Khazraj ! Eloignez-vous de nous et de nos proches. Nous ne nous soucions pas de vous. » En réponse, les Ansâr ont vivement maudit Abou Soufyân.

La bataille était sur le point de commencer, avec Abou ‘Âmir Al-Fâsiq étant le premier à déclencher les hostilités. Il était surnommé Râhib à l’époque de la Jâhiliyyah.

Le Messager d’Allah (paix et bénédiction d’Allah sur lui) le désigna du nom de Fâsiq. Cet individu quitta Médine pour se rendre à La Mecque, prétendant auprès de Qouraych que lorsqu’il reviendrait auprès de son peuple, toute la nation le suivrait. Il se trompait en pensant qu’en retournant à Médine et en faisant valoir son influence, les Ansâr abandonneraient les musulmans pour le suivre. Il se présenta avec cinquante hommes de son peuple ; et l’on rapporte que quinze personnes l’avaient accompagné depuis La Mecque, le reste étant constitué de membres de différentes tribus et d’esclaves des habitants de La Mecque.

Il a lancé : « Ô Aws ! Je suis Abou ‘Âmir. » Les Ansâr ont répliqué ainsi : « Ô transgresseur ! Que Dieu te prive de tout soulagement ! » Ayant entendu cette réponse des Ansâr, il a déclaré : « Ma nation a été atteinte par le mal après mon départ. » Ensuite, il s’est battu férocement et on lui a jeté des pierres.

Le fils d’Abou ‘Âmir, Hanzalah, avait participé à cette bataille du côté des musulmans. Il était devenu musulman. Il avait sollicité la permission du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) de tuer son propre père. Cependant, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) l’en dissuada. Même en période de guerre, il avait souligné l’importance de préserver sa conscience et son entendement. Il lui dit que quelqu’un d’autre le ferait. Ainsi, après Abou ‘Âmir, un polythéiste à dos de chameau s’est présenté sur le champ de bataille et a exigé un duel.

Les combattants l’ont ignoré jusqu’à ce qu’il les ait défiés à trois reprises. Al-Zoubayr est alors sorti des rangs et s’est approché de lui. D’un bond, il a atteint le niveau du chameau et a saisit son cou, engageant ainsi le duel sur le chameau. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Celui d’entre eux qui touchera le sol en premier sera tué. » À ce moment précis, le polythéiste a chuté du chameau et Al-Zoubayr lui est tombé dessus. Il a tué le polythéiste. Le Saint Prophète (s.a.w.) a fait l’éloge d’Al-Zoubayr en disant : « Chaque prophète a un disciple. Mon disciple est Al-Zoubayr. S’il n’était pas sorti pour combattre ce polythéiste, je serais sorti en personne. »

Le combat a début et les belligérants se sont rapprochés les uns des autres. Hind bint ‘Outbah s’est tenue parmi les femmes, et celles-ci ont commencé à jouer du tambourin. Ensuite, Hind s’est exprimée en vers : « Regardez, ô Banou ‘Abd Al-Dâr ! Observez celles qui protègent vos arrières. Avancez et usez vaillamment de vos épées. Nous sommes les filles de nobles ! »

Voilà les vers qu’elle déclamait.

Elle disait : « Nous marchons sur des tapis moelleux, des perles au cou, la raie de nos cheveux regorgeant de musc. Si vous avancez, nous vous embrasserons. Si vous tournez le dos, nous seront courroucées contre vous, sans regret pour cette séparation. »

Elle tentait ainsi d’éveiller les émotions des soldats ennemis. Quand l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a entendu ces vers, il a déclaré :

اللهم بك أجول وبك أصول وفيك أقاتل حسبي الله ونعم الوكيل

« Ô Allah, je pars en tournée sous Ta protection, j’attaque avec Ton aide et je combats pour Ton plaisir. Allah me suffit – et quel bon protecteur! »

Les polythéistes usaient de moyens terrestres. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a déclaré : « Allah est notre unique recours. »

En tout cas, la bataille rangée a débuté entre les deux armées. Ce jour-là, les combattants ont livré une lutte acharnée, marquant une intensification du conflit. Des figures telles qu’Abou Doujânah Al-Ansâri, Talhah Ibn ‘Oubaydillâh, Hamzah Ibn ‘Abdil-Mouttalib, ‘Ali Ibn Abi Tâlib, Anas Ibn Nadr, et Sa’d Ibn Rabî’ont démontré une bravoure exceptionnelle sur le champ de bataille. Allah a apporté Son secours aux musulmans, accomplissant ainsi Sa promesse. Les musulmans ont combattu les idolâtres avec succès, les repoussant hors de leurs rangs ou les contraignant à la retraite. Les cavaliers polythéistes ont lancé trois attaques contre les musulmans, mais à chaque fois, ils ont été repoussés par une pluie de flèches.

Lors de la bataille ‘Oumar a demandé à Zayd, son frère aîné, de porter sa cotte de mailles. Zayd lui a répondu : « Je souhaite comme toi tomber en martyr. » Tous les deux ont laissé l’armure et ont combattu sans, dans le souhait d’atteindre le martyre.

Quand les combats ont atteint leur paroxysme ce jour-là, Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) s’est assis sous le drapeau des Ansâr et a dépêché un message à ‘Ali pour qu’il prenne le drapeau et avance. En réponse, ‘Ali s’est avancé en déclarant : « Je suis Abou’l-Qâsim. » À ce moment, le polythéiste Talhah Ibn Abi Talhah est sorti des rangs ennemis, portant le drapeau des idolâtres, car le privilège de porter le drapeau pendant les guerres était réservé à la famille des Banou ‘Abd Al-Dâr.

Le drapeau des Qouraychites avait d’ailleurs été confectionné par les Banou ‘Abd Al-Dâr. Talhah Ibn Abi Talhah a alors lancé un défi au duel, les interpellant ainsi : « Qui est prêt à se mesurer à moi ? » Malgré ses multiples provocations envers les musulmans, aucun ne s’est présenté pour l’affronter. Finalement, Talhah de dire : « Ô Compagnons de Muhammad, pensez-vous que vos martyrs vont au paradis et les nôtres en enfer ? »

Selon un autre récit, il aurait déclaré : « Ô Compagnons de Muhammad, pensez-vous qu’Allah va nous soumettre au tranchant de vos épées, nous jetant ainsi en enfer, tandis que vous êtes tués par nos épées pour entrer au Paradis ? » Il aurait ensuite lancé un défi en demandant : « Qui parmi vous est prêt à me conduire en enfer avec son épée sans tarder, ou à partir aux paradis avec la mienne au plus vite ? »

Il a tenté de provoquer les musulmans. « Par Al-Lât et Al-‘Ouzzah ! Vous mentez ! Si vous y croyiez vraiment, l’un d’entre vous aurait certainement accepté mon défi à un duel. »

En entendant cela, ‘Ali est sorti et s’est avancé vers lui pour engager le combat. Les deux ont commencé à se battre à l’épée, et ‘Ali l’a finalement tué. Selon un récit, leur affrontement a eu lieu au cœur des deux armées. Subitement, ‘Ali s’est précipité sur lui, le renversant, lui coupant la jambe et le faisant chuter au sol. Ses parties privées ont été exposées. Sur ce, Talhah lui a dit : « Ô mon frère ! J’implore ta pitié au nom de Dieu ! »

Après avoir entendu cela, ‘Ali s’est retiré et ne l’a pas attaqué davantage. Certains compagnons lui ont demandé pourquoi il ne l’avait pas tué. ‘Ali a répondu : « Son satr (zone intime) était exposé, et j’étais face à lui. J’ai ressenti de la compassion et j’ai compris qu’Allah l’avait tué. »

Un récit rapporte que le Saint Prophète (s.a.w.) a demandé à ‘Ali : « Pourquoi ne l’as-tu pas achevé ? » ‘Ali a répondu que Talhah avait sollicité la clémence au nom de Dieu. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a alors ordonné à ‘Ali de l’achever et il l’a exécuté.

Le mort du porte-drapeau des polythéistes a confirmé le rêve du Prophète (s.a.w.) dans lequel il se voyait monter à dos de bélier. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) en fut ravi et s’écria « Allâhou Akbar ! » à voix haute. Les musulmans ont également proclamé « Allâhou Akbar ! » et ont attaqué les polythéistes avec une telle intensité que leurs rangs ont été dispersés. Les compagnons du Messager d’Allah (s.a.w.) se sont organisés en divers groupes, s’engageant avec leurs épées dans une lutte acharnée, jusqu’à ce qu’ils éloignent complètement les ennemis de leurs positions.

Suite à la mort de Talhah, le drapeau des polythéistes fut porté par son frère, Abou Chayba ‘Outhmân Ibn Abi Talhah. Hamzah l’attaqua, lui coupant le bras jusqu’à l’épaule, l’épée lui tranchant la clavicule. Après l’avoir tué, Hamzah revint en déclarant : « Je suis le fils d’Abdoul-Mouttalib, celui qui abreuve les pèlerins. » Par la suite, le drapeau des polythéistes fut brandi par le frère d’Outhmân et de Talhah, à savoir Abou Sa’îd Ibn Abi Talhah.

Sa’d Ibn Abi Waqqâs tira une flèche qui toucha Abou Sa’îd Ibn Abi Talhah à la poitrine, le tuant. Ensuite, Mousâfi’, le fils de Talhah Ibn Abi Talhah tué plus tôt par ‘Ali – prit le drapeau, mais fut à son tour tué par une flèche tirée par ‘Âsim Ibn Thâbit. Al-Hârith Ibn Talhah, le frère de Mousâfi’, prit ensuite le drapeau, mais il fut également atteint et tué par une flèche tirée par ‘Âsim. Notons que la mère de ces deux fils de Talhah, à savoir Mousâfi’et Al-Hârith, faisait elle aussi partie de l’armée polythéiste.

Cette femme s’appelait Soulâfa. Chaque fois que la flèche d’Âsim atteignait un de ses fils, il revenait de là, blessé, et mettait sa tête sur les genoux de sa mère. Soulâfa lui demandait : « Qui t’a blessé, mon fils ? » Il répondait : « J’ai entendu la voix de cet homme. Après m’avoir tiré une flèche, il disait : « Prends ça ! Je suis le fils d’Abou Aflah. »

Ainsi, sa mère fit le vœu que si elle avait entre les mains le crâne d’Âsim Ibn Thâbit, elle la remplirait de vin et en boirait. Elle déclara également qu’une récompense de cent chameaux serait offerte à quiconque couperait la tête d’Âsim Ibn Thâbit et la lui apporterait. Cependant, ‘Âsim ne fut pas martyrisé lors de la bataille d’Ouhoud, mais lors de la Sariyyah de Raji’.

Ainsi, après la mort des deux premiers frères, Kilâb Ibn Talhah, leur troisième frère, prit le drapeau, mais fut tué par Al-Zoubayr. Selon une autre version, il aurait été tué par Qouzmân. Ensuite, leur frère, Al-Joulâs Ibn Talha pris le drapeau, mais il fut tué par Talhah Ibn ‘Oubaydillâh. Ainsi, ces quatre frères, à savoir Mousâfi’, Al-Hârith, Kilâb et Al-Joulâs, ont été tués, tout comme leur père, Talhah. Le même jour, durant la bataille d’Ouhoud, leurs deux oncles, ‘Outhmân et Abou Sa’îd, ont également perdu la vie.

Ensuite, Artah Ibn Chourahbîl hissa le drapeau des Qouraychites, mais il fut tué par ‘Ali, bien qu’il existe un récit selon lequel Hamzah l’aurait tué. Chourayh Ibn Qârid prit ensuite le drapeau, il fut également tué, mais l’identité de son assassin n’a pas pu être établie. Par la suite, Abou Zayd Ibn ‘Amr prit le drapeau et fut tué par Qouzmân.

Puis, le fils de Chourahbîl Ibn Hâchim hissa le drapeau, mais il fut lui aussi tué, par Qouzmân. Par la suite, leur esclave Souwâb, parmi ces combattants, prit en main le drapeau. Cet Abyssinien s’est battu jusqu’à ce que sa main soit coupée. Rapidement, il s’est assis et a porté le drapeau en le soutenant contre sa poitrine et son cou jusqu’à ce qu’il soit également tué, cette fois encore par Qouzmân. Selon une version, l’assassin de Sawâb était Sa’d Ibn Abi Waqqâs, tandis qu’une autre opinion attribue sa mort à ‘Ali. En tout cas, une fois que tous les porteurs de drapeaux eurent été tués, les polythéistes furent défaits et s’enfuirent. Leurs femmes les maudissaient. Le rêve du Saint Prophète selon lequel le porteur de drapeau serait tué s’était réalisé. Les musulmans poursuivirent les polythéistes, les tuant et les repoussant hors de l’armée.

Les femmes accompagnant l’armée des Qouraych se sont également enfuies, laissant peu de place au doute quant à la défaite de ces derniers. L’issue de la bataille était indiscutablement en faveur des musulmans. Ces derniers pénétrèrent dans les rangs de l’armée polythéiste et commencèrent à rassembler le butin.

Hazrat Mirza Bashir Ahmad aborde ce sujet dans ses écrits. « La première avancée de l’armée des Qouraychites fut celle d’Abou ‘Âmir et de ses partisans. Il appartenait à la tribu des Aws, résidait à Médine et était connu sous le nom de Râhib. Peu de temps après l’installation du Saint Prophète à Médine, cet individu se laissa emporter par la malice et la jalousie et partit pour La Mecque avec quelques partisans, et ne cessa d’inciter les Qouraychites de La Mecque contre le Saint Prophète et les Musulmans. Lors de la bataille d’Ouhoud, il est entré en guerre contre les musulmans en tant que partisan des Qouraychites. Il est étonnant de constater que Hanzalah, le fils d’Abou ‘Âmir, était un musulman très fidèle, qui était avec l’armée musulmane à l’occasion de cette bataille, et qui fut martyrisé en combattant vaillamment. Abou ‘Âmir, un individu influent de la tribu d’Aws, était convaincu que lors de sa présentation aux habitants de Médine après une longue période de séparation, ces derniers abandonneraient immédiatement Muhammad [sa] pour se rallier à lui.

C’est dans cet espoir qu’Abou ‘Âmir s’avança avec ses partisans avant tout le monde et s’exclama d’une voix forte : « Ô gens de la tribu d’Aws ! C’est moi, Abou ‘Âmir. » Les Ansâr s’écrièrent d’une seule voix : « Va-t’en, méchant homme ! Que tes yeux ne connaissent jamais de délice ! » Sur ce, ils le couvrirent de pierres et Abou ‘Âmir, ainsi que ses partisans, perdirent la raison et prirent leurs jambes à leur cou. Devant ce spectacle, Talhah, le porte-drapeau des Qouraychites, s’avança avec véhémence et demanda un duel d’un ton très arrogant. ‘Ali s’avança pour l’affronter et l’abattit en deux ou quatre coups. Ensuite, ‘Outhmân, le frère de Talhah, s’avança et, du front opposé, Hamzah sortit pour le défier et le mettre à terre. Témoins de ce spectacle, les mécréants devinrent furieux et lancèrent une attaque générale. Les musulmans s’avancèrent à leur tour en lançant des slogans proclamant la grandeur de Dieu, et les deux armées se heurtèrent violemment l’une à l’autre.

Après la mort du porte-drapeau des Qouraychites, les deux armées s’affrontèrent et un carnage brutal s’ensuivit, qui se poursuivit pendant un certain temps. Enfin, lentement mais sûrement, l’armée des Qouraychites commença à perdre pied face à l’armée musulmane. Le célèbre historien britannique, Sir William Muir, écrit : « Contraints par l’ardeur féroce des musulmans, l’armée Mecquoise a commencé à vaciller. Leur cavalerie cherchait à plusieurs reprises à tourner le flanc gauche de Muhammad ; mais ils furent à chaque fois repoussés par le tir à l’arc féroce de la petite bande qu’il avait postée sur la hauteur voisine. Le même mépris audacieux du danger était affiché par les musulmans qu’à Badr. »

Ce sont là les commentaires de cet historien anglais.

« Les rangs de l’armée mecquoise se brisaient lorsqu’Abou Doujânah, distingué par le tissu rouge enroulé autour de son casque, lançait ses assauts avec une épée que lui avait donnée Muhammad, infligeant la mort de tous côtés. Hamzah était visible [partout] grâce à sa plume d’autruche flottant dans l’air ; ‘Ali était marqué par son long panache blanc et Al-Zoubayr était connu par son turban jaune vif ; comme des héros dans les batailles de l’Iliade ils semaient la confusion et la mort partout où ils apparaissaient. »

L’Iliade à laquelle se réfère Sir William Muir était un récit héroïque de guerriers grecs. Sir William Muir déclare : « Telles étaient les scènes qui formèrent les héros des conquêtes musulmanes. »

Néanmoins, une bataille intense s’ensuivit et pendant longtemps on ne sut pas qui avait le dessus. Finalement, par la grâce de Dieu, l’armée des Qouraychites fut repoussée et ses rangs se disloquaient. Les porte-drapeaux des Qouraychites furent tués les uns après les autres ; neuf d’entre eux ramassèrent leur bannière de guerre, mais chacun d’eux fut tué par l’armée musulmane (dont les détails ont déjà été mentionnés). Finalement, l’esclave abyssinien de Talhah nommé Souwâb s’avança et prit hardiment l’étendard. Mais un musulman s’avança et d’un seul coup lui coupa les deux mains, sur quoi le drapeau des Qouraychites tomba dans la poussière. Cependant, la bravoure et la passion de Souwâb étaient telles qu’il tomba à terre avec le drapeau et tenta de le relever en le pressant contre sa poitrine. Néanmoins, le musulman (qui l’avait attaqué) sachant parfaitement ce que signifiait vaincre un drapeau, attaqua et tua Souwâb. Par la suite, personne parmi les Qouraychites n’eut le courage ou la volonté de reprendre le drapeau. Au même moment, sur l’ordre du Saint Prophète (s.a.w.), les musulmans scandèrent le slogan « Allah est le plus grand » et lancèrent une puissante attaque qui dispersa les derniers rangs de l’armée ennemie.

Fendant les rangs, ils atteignirent la partie de l’armée où se trouvaient les femmes. Une bousculade se produisit au sein de l’armée mecquoise et le champ de bataille se retrouva bientôt vide. Les musulmans se sentaient parfaitement à l’aise, au point de ramasser le butin de guerre.

Hazrat Mouslih Maw’oud (ra) explique : « La bataille a eu lieu mais, avec l’aide de Dieu, en peu de temps les six cent cinquante musulmans chassèrent les trois mille soldats mecquois aguerris. Les musulmans se lancèrent à leur poursuite. Le col dans lequel cinquante musulmans se tenaient en embuscade était à l’arrière. La sentinelle dit au commandant : « L’ennemi bat en retraite. Il est temps que nous prenions part à la bataille et que nous gagnions nos lauriers pour l’autre monde. » Le commandant les arrêta, leur rappelant l’ordre précis du Saint Prophète (s.a.w.). Mais les hommes expliquèrent que cet ordre devait être pris dans l’esprit et non à la lettre. Il n’y avait pas de sens à continuer de garder le col pendant que l’ennemi était en déroute. Après cet échange d’arguments, ils quittèrent le col et se lancèrent dans la bataille. »

J’aborderai plus tard les événements découlant de leur désobéissance. William Muir a également mentionné l’épée d’Abou Doujânah (ra) et a présenté des détails supplémentaires sur ce compagnon qui a pris l’épée du Saint Prophète (s.a.w.) et lui a rendu justice.

Anas relate que le jour de la bataille d’Ouhoud le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a pris une épée et il a déclaré : « Qui la prendra ? » Tous les compagnons ont levé la main en disant : « Moi ! Moi ! » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Qui fera honneur à ses droits ? » Anas a déclaré : « Les gens se sont retenus. Sur ce, Simâk Ibn Kharâchah, c.-à-d. Abou Doujanah, a déclaré : « Je ferai honneur à ses droits ! » Anas ajoute : « Il a pris l’épée et a fendu les têtes polythéistes. » Ce hadith est tiré du recueil de Mouslim.

Ibn « Outbah a rapporté que lorsque le Saint Prophète (s.a.w.) présenta l’épée, ‘Oumar (ra) manifesta son désir de la prendre. Cependant, le Saint Prophète (s.a.w.) retint sa main et ne la lui donna pas. Initialement, ‘Oumar (ra) fit la demande, puis Al-Zoubayr (ra), mais le Saint Prophète (s.a.w.) refusa de la remettre à l’un ou à l’autre. Les deux ressentirent une certaine déception dans leur cœur d’avoir été privés de cette opportunité. Selon une autre version, Al-Zoubayr (ra) sollicita cette épée à trois reprises, mais à chaque fois, le Saint Prophète (s.a.w.) refusa de la céder. ‘Ali (ra) se leva également pour demander l’épée, mais le Saint Prophète (s.a.w.) lui indiqua de rester assis et ne la lui donna pas. Selon une autre narration, Abou Bakr (ra) faisait également partie des compagnons qui exprimèrent leur désir de recevoir l’épée.

Selon un autre récit, Abou Doujânah (ra) a demandé comment on pouvait lui rendre justice. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a répondu : « Ne pas tuer un musulman avec et ne pas prendre la fuite avec cette épée entre les mains, mais de combattre avec bravoure. »

Sur ce, Abou Doujânah a déclaré : « Je prends cette épée et je lui ferai honneur. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) l’a remise entre ses mains ; et il a en effet fendu la tête des polythéistes avec. Il récitait ces vers à cette occasion : « J’avais fait une promesse à mes amis lorsque nous étions sous les palmiers-dattiers de Safâ. Ma promesse était : « Je ne me tiendrai pas à l’arrière de l’armée et je combattrai l’ennemi avec l’épée d’Allah et de Son Prophète. »

Quand Abou Doujanah marchait d’une allure fière vers les rangs des soldats ennemis le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait déclaré : « Allah déteste pareille démarche, sauf en cette occasion (de guerre). »

Dans son ouvrage Sîrat-Khâtamoun-Nabiyyîn, Hazrat Mirza Bashir Ahmad Saheb a évoqué cet incident concernant Abou Doujânah en ces termes : « En voyant ce spectacle de leur défaite lors des duels, les mécréants sont devenus furieux et ont lancé une attaque. Proclamant la grandeur de Dieu, les musulmans ont également avancé et les deux armées se sont violemment confrontées. C’est peut-être à cette occasion que le Saint Prophète a pris son épée à la main et a déclaré : « Qui prendra cette épée et lui rendra justice ? » De nombreux compagnons ont tendu la main souhaitant mériter cet honneur, dont ‘Oumar et Al-Zoubayr, et selon d’autres récits, même Abou Bakr et ‘Ali. Cependant le Saint Prophète s’est retenu et a répété : « Qui pourra rendre justice à cette épée ? » Finalement, Abou Doujânah Al-Ansâri a tendu la main et a déclaré : « Ô Messager d’Allah ! Accordez-moi cet honneur ! » Le Saint Prophète lui a confié l’épée et Abou Doujânah s’est avancé avec l’arme à la main, marchant fièrement vers les mécréants. Le Saint Prophète s’est adressé aux compagnons en disant : « Allah déteste pareille démarche, mais pas lors d’une occasion comme celle-ci. »

Al-Zoubayr était le plus désireux de recevoir l’épée du Saint Prophète. Il estimait que ce mérite lui revenait parce qu’il était un proche parent du Saint Prophète. Il en a été fort tourmenté, se demandant pourquoi le Saint Prophète ne lui avait pas confié l’épée, mais l’avait offerte à Abou Doujânah. Afin d’apaiser son anxiété, il s’est juré de suivre Abou Doujânah sur le champ de bataille, afin qu’il puisse être témoin de l’usage de cette épée. Il raconte : « Abou Doujânah a noué un tissu rouge autour de sa tête, et prenant cette épée à la main, tout en fredonnant doucement des chants de louange de Dieu, il a pénétré les rangs des idolâtres. Il semait la mort autour de lui là où il passait. Tous ceux qui croisaient son chemin mouraient entre ses mains.

Se frayant un chemin à travers l’armée des Qouraychites, il a émergé au coin opposé de l’armée, où se tenaient les femmes des Qouraychites. Hind, la femme d’Abou Soufyân, qui encourageait ses hommes avec beaucoup de zèle, est venue devant lui. Abou Doujânah a levé son épée pour la frapper ; Hind a hurlé, appelant ses hommes à l’aide, mais personne n’est venu lui porter secours. Cependant, Abou Doujânah a abaissé son épée et s’est éloigné de là. »

Al-Zoubayr raconte : « J’ai demandé à Abou Doujânah : « Que s’est-il passé ? Tu as d’abord levé l’épée, puis tu l’as abaissée. » Il a répondu : « Mon cœur n’acceptait pas que j’utilise l’épée du Saint Prophète contre une femme qui d’ailleurs n’avait aucun homme pour la protéger. »

Ceci est le principe de guerre que prône l’islam.

Al-Zoubayr raconte : « C’est alors que j’ai compris qu’Abou Doujanah avait fait honneur à l’épée du Saint Prophète et que je n’aurais peut-être pas pu en faire de même ; et ainsi, mes doutes ont disparu. »

Hazrat Mouslih Maw’oud (ra), a également mentionné cet incident dans lequel le compagnon a brandi son épée contre une femme mais ne l’a pas tuée. Quand on lui a posé cette question, Abou Doujânah a répondu : « Je ne souhaitais pas frapper une faible femme par l’épée confiée par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). »

Hazrat Mousleh Maw’oud ajoute : « Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a toujours encouragé ses disciples à respecter les femmes. C’est pour cette raison qu’enhardies, les femmes des Kouffâr tentaient de nuire aux musulmans. »

Ceci explique la raison pour laquelle il a épargné cette femme : le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) enjoignait le respect des femmes.

C’est pour cette raison qu’elles s’enhardissaient encore plus et cherchaient à faire du mal, mais les musulmans d’endurer patiemment tout cela. Telles sont les règles de la guerre selon l’islam.

Inchâ Allâh, je présenterai les détails restants à l’avenir. Continuez à prier pour les Palestiniens. Les injustices dépassent les limites de jour en jour, en fait elles ne cessent de s’accroître. Qu’Allah saisisse les oppresseurs et qu’Il soulage les Palestiniens opprimés. Qu’Il accorde aux pays musulmans raison et discernement afin qu’ils unissent leur voix et qu’ils s’efforcent de défendre les droits de leurs frères musulmans.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

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