Sermons 2023

Mohammad : l’exemple parfait

Dans son sermon du 29 septembre 2023, Sa Sainteté le Calife a évoqué des incidents suivant la bataille de Badr et mettant en exergue les qualités du Saint Prophète Mohammad (s.a.w.)

Sermon du vendredi 29 septembre 2023, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

J’évoquais les incidents qui avaient suivi la bataille de Badr. Ces récits nous présentent des points sur le caractère et la vie du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), ainsi que des faits historiques. Ils mettent aussi en exergue certains récits erronés pour ceux qui souhaitent étudier l’histoire, des récits qui donnent une image négative de l’islam aux non-musulmans. Les détracteurs de l’islam en usent pour ternir son image. Les extrémistes parmi les musulmans, quant à eux, en profitent pour atteindre leur objectif.

Le premier récit d’aujourd’hui concerne ‘Oumayr Ibn Wahb, qui, après la bataille de Badr et l’échec des polythéistes, s’était rendu à Médine de La Mecque dans le but d’assassiner le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Or, là-bas, le décret de Dieu en a décidé autrement : ‘Oumayr a embrassé l’islam.

Wahb Ibn ‘Oumayr faisait partie des prisonniers de Badr qui avait par la suite embrassé l’islam. Il avait été capturé par Rifâ’ah Ibn Râfi’. ‘Oumayr Ibn Wahb, son père, était un des chefs des Mecquois. Celui-ci avait âprement persécuté le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et les musulmans à La Mecque. Il avait cependant embrassé l’islam après la bataille de Badr.

Voici les détails de cet événement. Avant de se convertir à l’islam, ‘Oumayr et Safwân Ibn Oumayyah étaient assis dans le Hatîm [zone semi-circulaire située à l’intérieur de l’enceinte de la Ka’bah]. Safwân n’était pas musulman. Tout deux se lamentaient sur leur défaite à Badr et la mort de leurs chefs durant la bataille. Safwân a déclaré : « Après le trépas de ces chefs, la vie perd sa raison d’être ! » ‘Oumayr de répondre : « Par Dieu ! C’est bel et bien vrai ! Si je n’avais pas une dette à rembourser et si je n’étais pas préoccupé par le sort précaire de ma femme et de mes enfants après mon départ, je partirais assassiner Muhammad (s.a.w.), car j’ai une raison valable d’y aller. En effet, mon fils a été fait prisonnier par les musulmans. »

En entendant cela, Safwân a proposé de rembourser la dette d’Oumayr et a déclaré : « Je m’en porte garant : je la rembourserai. Quant à ta femme et tes enfants, ils vivront avec les miens. Je subviendrai à leurs besoins tant qu’ils vivront. Vas et tue Muhammad (s.a.w.) ! » (Que Dieu nous en préserve !) En entendant cette promesse, Oumayr a décidé de passer à l’acte et a dit à Safwân : « Garde cette affaire secrète entre toi et moi. » Safwân lui en a fait la promesse.

‘Oumayr est rentré chez lui ; il a sorti son épée et l’a aiguisée avant de l’enduire de poison. Puis, il a quitté La Mecque pour se rendre à Médine. À son arrivée à la mosquée Al-Nabawi, ‘Oumar s’y trouvait en compagnie d’autres musulmans, discutant de la bataille de Badr.

‘Oumar a observé ‘Oumayr laissant son chameau devant la porte de la mosquée du Prophète, descendant ensuite de l’animal, l’épée à la main. À cela, ‘Oumar a réagi en disant : « L’ennemi de Dieu, ‘Oumayr Ibn Wahb, est venu avec de mauvaises intentions. » ‘Oumar s’est levé immédiatement pour se rendre auprès du Saint Prophète (s.a.w.) et a dit : « Ô Messager de Dieu ! ‘Oumayr Ibn Wahb, l’ennemi de Dieu, est arrivé avec l’épée dégainée ! » L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a répondu : « Amenez-le-moi. » ‘Oumar s’est dirigé vers ‘Oumayr et l’a pris en tenant la sangle de son épée qui traînait autour de son cou. ‘Oumar a dit aux musulmans de parmi les Ansâr présents avec lui : « Venez avec moi auprès du Messager d’Allah (s.a.w.) et asseyez-vous près de lui. ‘Oumayr ne m’inspire pas confiance. » ‘Oumar (r.a.) l’a pris et est entré chez l’Envoyé d’Allah (s.a.w).

Quand le Saint Prophète remarqua ‘Oumar approchant, tenant fermement la sangle de l’épée d’Oumayr qui était suspendue autour de son cou, il lui adressa ces mots : « Laisse-le ‘Oumar. » Puis il a dit : « ‘Oumayr, approche-toi. »

‘Oumayr s’avança, et, conformément aux coutumes de l’époque préislamique, il salua l’Envoyé d’Allah (s.a.w) en disant : « An’im Sabâhan ». L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a répondu : « ‘Oumayr ! L’islam nous a honorés d’un meilleur salut que le tien, le salut des gens du Paradis. Pourquoi es-tu venu ? »

‘Oumayr a dit : « Je suis ici pour discuter du sort de mon fils, qui est votre prisonnier et sous votre responsabilité. Soyez juste à cet égard : c’est là ma requête. » Ayant vu son épée nue, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a demandé : « Et pourquoi cette épée ? » ‘Oumayr a répondu : « Que Dieu détruise cette épée ! As-tu préservé quelque dignité pour nous ? Cette épée nous a-t-elle déjà soutenus ? » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a insisté : « Dis-moi la vérité, quelle est la raison de ta visite ? » L’Envoyé d’Allah (s.a.w) ne croyait pas ce qu’il disait. ‘Oumayr a déclaré : « Je suis venu uniquement dans le but de discuter du sort de [mon fils] prisonnier. »

L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a dit : « Non ! Un jour, toi et Safwân Ibn Oumayyah étiez assis tout près du Hatîm et évoquiez ceux des Qouraychites qui avaient été tués et jetés dans la fosse lors de la bataille de Badr. Tu avais dit à Safwân : « Si je n’avais pas de dettes et ne m’inquiétais pas pour ma femme et mes enfants, j’aurais tué Muhammad. » Safwân s’est engagé à régler ta dette et à prendre soin de ta femme et tes enfants à condition que tu me tues. »

‘Oumayr y a répondu immédiatement – Allah avait informé le Saint Prophète propos de ces faits et ce qui s’est passé – ainsi donc, selon le récit, lorsque ‘Oumayr a entendu cela, il s’est exclamé immédiatement : « J’atteste que vous êtes le Messager d’Allah ! Ô Messager d’Allah ! Nous rejetions les nouvelles que vous receviez du ciel et la révélation qui vous est parvenue. En ce qui concerne cette affaire, il n’y avait pas de tierce personne dans le Hatîm à ce moment-là, en-dehors de moi et Safwân. Personne d’autre n’était au courant de notre conversation. Par Dieu ! Personne ne vous en a informé à part Allah ! Toute louange est due à Allah, qui nous a guidés vers l’islam et nous a permis de suivre ce chemin. »

Ensuite, ‘Oumayr a récité la profession de foi. Après cela, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a dit aux Compagnons : « Enseignez la religion à votre frère, apprenez-lui le Saint Coran et relâchez son fils qui est prisonnier. » Les Compagnons ont immédiatement obéi à l’ordre. ‘Oumayr a dit à l’Envoyé d’Allah : « J’ai tout le temps tenté d’éteindre la lumière d’Allah et j’ai causé de grandes souffrances à ceux qui avaient accepté la religion d’Allah. J’aimerais à présent que vous me permettiez de me rendre à La Mecque pour inviter ses habitants à Allah et à l’islam. Il est possible qu’Allah les guide. Sinon je les tourmenterai en raison de leur polythéisme tout comme j’ai persécuté vos compagnons en raison de leur acceptation de l’islam. L’Envoyé d’Allah (s.a.w.) lui a donné la permission de se rendre à La Mecque pour prêcher mais non pas pour nuire aux autres. Il est rentré à La Mecque, et son fils Wahb Ibn ‘Oumayr a également embrassé l’islam.

Après le départ d’Oumayr de La Mecque, Safwân disait aux autres : « Je vous annonce la bonne nouvelle d’un événement qui aura lieu bientôt et grâce à cela, vous oublierez les malheurs et les troubles de la bataille de Badr ! » Aussi, Safwân interrogeait les voyageurs qui rentraient [à La Mecque] sur les actions d’Oumayr. Finalement, un voyageur est arrivé à La Mecque et a informé Safwân qu’Oumayr avait accepté l’islam. Safwân a juré de ne plus lui parler et de ne plus lui accorder aucun avantage.

‘Oumayr est rentré à La Mecque en tant que musulman. Il ne s’est pas rendu d’abord chez Safwân, mais est rentré directement chez lui, où il a annoncé sa conversion à Islam à sa famille et les a invités à l’embrasser. Lorsque Safwân en a été informé, il a déclaré : « J’ai compris pourquoi il est rentré chez lui au lieu de venir me voir en premier. Il est devenu incroyant et égaré. Je ne lui parlerai jamais. Ni lui ni sa famille ne bénéficieront plus de mon soutien ! »

Les polythéistes considéraient leur polythéisme comme religion, le culte du Dieu unique comme égarement. La situation est la même aujourd’hui encore.

Après cela, Oumayr s’est rendu auprès de Safwân Ibn Oumayyah et lui a dit : « Tu es l’un de nos chefs. Tu sais que nous adorions les pierres et faisions des sacrifices pour elles. Est-ce là une religion ? J’atteste qu’il n’y a de dieu qu’Allah et que Muhammad est le Messager d’Allah. » Mais Safwân n’a pas répondu aux propos d’Oumayr et ne s’est pas tourné vers lui.

Dans son ouvrage Sîrat Khâtamun Nabiyyîn Hazrat Mirza Bashir Ahmad Saheb a commenté sur cet incident en ces termes :

« Les mécréants de La Mecque, qui, jusqu’à présent, combattaient sur la base d’une force et d’une arrogance apparentes, ont eu recours aux complots et conspirations, après avoir été vaincus par les musulmans dans une arène ouverte. L’événement suivant, survenu quelques jours seulement après Badr, est une preuve catégorique de cette menace. Quelques jours après Badr, ‘Oumayr Ibn Wahb et Ṣafwān Ibn Oumayyah Ibn Khalaf, qui étaient influents parmi les Qouraych, étaient assis dans la cour de la Ka’bah pleurant les morts de Badr. Ils se disaient comme évoqué plus haut : « La vie ne vaut plus la peine d’être vécue. » ‘Oumayr a dit : « Je suis prêt à mettre ma vie en danger, mais la pensée de mes enfants et de mes dettes me retient. J’ai aussi une excuse pour me rendre à Médine car mon fils y est prisonnier. Là-bas, je pourrai tuer le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). » (Que Dieu nous en préserve !)

Safwân a promis de payer ses dettes et de soutenir sa famille comme évoqué plus haut.

En rentrant chez lui, ‘Oumayr a fait bouillir une épée dans du poison et est parti de La Mecque. Lorsqu’il est arrivé à Médine, ‘Oumar, qui était très vigilant, s’est inquiété de sa présence. Il s’est rendu immédiatement chez le Saint Prophète pour l’avertir qu’Oumayr était venu et qu’il était inquiet à son sujet. Le Saint Prophète lui a donné l’ordre d’amener ‘Oumayr. ‘Oumar est parti le prendre non sans avoir dit aux compagnons qu’il allait amener ‘Oumayr pour rencontrer le Saint Prophète et que, comme il a douté de ses intentions, ils devaient s’asseoir avec le Saint Prophète, et rester vigilants. Après cela, ‘Oumar a présenté ‘Oumayr en présence du Saint Prophète. Le Saint Prophète a gentiment demandé à Oumayr de s’asseoir à côté de lui et lui a demandé : « Qu’elle est la raison de ta visite ? » Oumayr a répondu : « Mon fils est votre prisonnier. Je suis venu obtenir sa libération. Le Saint Prophète a dit : « Pourquoi donc cette épée à l’épaule ? » Il a répondu : « Vous me demandez à propos de l’épée ? Les épées nous ont-elles aidé à Badr ? » (Il avait recours aux ruses dans ses propos.) Le Saint Prophète (s.a.w.) lui a dit : « Dis-moi la vérité sur la raison de ta visite. » ‘Oumayr a répondu : « Comme je viens de le dire, je suis venu pour obtenir la libération de mon fils. » Le Saint Prophète (s.a.w.) a dit : « Eh bien, en d’autres termes, tu n’as pas ourdi de complot avec Safwân dans la cour de la Ka’bah ? »

‘Oumayr, déconcerté, mais réussissant à se ressaisir, a déclaré : « Je n’ai rien comploté. » L’Envoyé d’Allah (s.a.w.) a dit : « N’as-tu pas comploté mon assassinat ? Sache que Dieu ne te permettra pas de me toucher. »

‘Oumayr est entré dans un état de profonde réflexion et a répondu : « Vous dites la vérité ! Nous avons ourdi un complot comme vous l’avez dit. Il semble cependant que Dieu est avec vous et qu’il vous a informé de nos intentions ; car il n’y avait pas de troisième personne parmi nous lorsque Safwân et moi discutions de cette question. Peut-être qu’Allah en a fait ainsi afin que je devienne croyant. Je crois en vous d’un cœur sincère. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a été satisfait de la conversion d’Oumayr et a dit aux compagnons : « C’est votre frère. Présentez-lui les enseignements de l’islam et libérez son [fils] prisonnier. »

‘Oumayr Ibn Wahb est devenu musulman et en peu de temps il a progressé dans sa foi et sa sincérité. Il était tellement captivé par la lumière de la vérité qu’il a insisté que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui permette de rentrer à La Mecque afin qu’il puisse y prêcher aux gens. Le Saint Prophète lui a accordé cette permission et, une fois arrivé à La Mecque, il a converti secrètement de nombreuses personnes grâce à sa fervente prédication.

Jour après jour, Safwān attendait avec anxiété la nouvelle de l’assassinat du Saint Prophète et disait aux Qouraych de se préparer à recevoir une bonne nouvelle. Mais il a perdu la tête lorsqu’il a été témoin de ce spectacle. »

Après la bataille de Badr, un certain nombre d’individus se sont convertis à l’islam, mais de manière hypocrite, dont ‘Abdoullah Ibn Oubayy Ibn Saloul. Le ‘Allâmah Ibn Kathîr relate ceci dans son commentaire sur les versets 9 et 10 de la sourate Al-Baqarah : « Lors de la bataille de Badr, Allah a fait prévaloir Son décret et honoré l’islam ainsi que les musulmans. ‘Abdoullah Ibn Oubayy Ibn Saloul, était le chef de Médine et issu de la tribu des Banou Khazraj : à l’époque pré-islamique il était le chef des tribus Aus et Khazraj et ces dernières l’avaient choisi comme leur dirigeant.

Selon un récit, à un moment donné, son peuple faisait confectionner une couronne. Pendant ce temps, l’islam progressait et son message atteignait un plus grand nombre d’individus qui se convertissaient à l’islam en grand nombre, le laissant de côté. En conséquence, l’islam et la communauté musulmane étaient pour lui source de frustration. La victoire des musulmans lors la bataille de Badr, lui a fait prendre conscience de l’ascendance de l’islam. Au début, il avait sous-estimé le nombre de convertis, mais lorsque les musulmans ont remporté la bataille de Badr, il s’en est inquiété. Il a embrassé l’islam en apparence et avec lui, un groupe de ses partisans a également embrassé la foi islamique. Certains Gens du Livre se sont joints à lui.

Hazrat Mirza Bashir Ahmad Saheb commente à ce propos : « Jusqu’alors, de nombreux membres des tribus Aus et Khazraj étaient attachés au polythéisme. La victoire de Badr a provoqué un mouvement parmi eux et, après avoir assisté à cette magnifique et extraordinaire victoire, beaucoup d’entre eux étaient convaincus de la véracité de l’islam. Par la suite, le culte des idoles commença à diminuer très rapidement à Médine. Or, cette victoire de l’islam avait attisé le feu de la rancœur et de la jalousie dans les cœurs de certains. Estimant qu’il n’était pas sage de s’y opposer ouvertement, ils avaient embrassé l’islam en apparence, mais de l’intérieur ils ont cherché à le déraciner et se sont joints au parti des hypocrites. Le plus important d’entre eux était ‘Abdoullah Ibn Oubayy Ibn Saloul, chef très renommé de la tribu des Khazraj. En raison de l’arrivée du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) à Médine, il avait subi le choc de se voir retirer son leadership. Après Badr, cet individu est devenu musulman au départ, mais son cœur était empli de malice et d’inimitié à l’égard de l’islam. Il est devenu le chef de file des hypocrites et a secrètement ourdi une série de complots contre l’islam et le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Les événements qui se sont déroulés par la suite montrent clairement qu’à certaines occasions, cet individu a créé des situations très périlleuses pour l’islam. »

Ces récits à son sujet exigent un compte rendu séparé et détaillé.

Voici les détails sur la Ghazwah des Banou Soulaym, également connue sous le nom de Qarqarat Al-Koudr. Peu de temps après le retour du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) de la bataille de Badr, il a su à propos du rassemblement des membres des tribus Banou Soulaym et Banou Ghatafân à l’endroit dit Qarqarat Al-Koudr, où ils se préparaient à lancer une attaque contre Médine. Qarqarat Al-Koudr est le nom d’une source située dans une plaine aride. Cette plaine se trouve à une distance de 154 kilomètres de Médine, entre La Mecque et la Syrie dans la direction du Nejd.

Face à cette nouvelle alarmante, l’Envoyé d’Allah (s.a.w.) a pris la décision immédiate de se rendre auprès des tribus Banou Soulaym et Banou Ghatafân pour contrer leurs intentions hostiles. Il est parti en personne avec une armée de 300 compagnons à Qarqarat Al-Koudr. Les récits diffèrent quant à la date de départ de l’armée. Selon Ibn Ishaq, le Messager d’Allah (s.a.w.) aurait entrepris cette campagne à la fin du mois de Ramadan ou au début de Chawwâl, de l’an deux de l’Hégire, soit sept jours après son retour de la bataille de Badr. Quant à Tabaqât Ibn Sa’d, cette expédition militaire contre les Banou Soulaym a eu lieu le 6 de Joumâda’l-Awwal. Selon Al-Wâqidi, cette expédition aurait eu lieu durant la première moitié du mois de Mouharram, de l’an trois de l’Hégire. A noter que les récits d’Al-Wâqidi sont généralement considérés comme moins fiables.

Cette expédition était sous la direction du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), avec ‘Ali en tant que porteur du drapeau islamique qui était de couleur blanche. L’Envoyé d’Allah (s.a.w.) avait nommé ‘Abdoullah Ibn Oumm Maktoum comme son adjoint à Médine. On relate également qu’il aurait désigné Siba’Ibn ‘Arfatah Al-Ghifâri comme son adjoint à Médine.

On explique que leurs rôles ont été définis comme suit : Ibn ‘Arfatah Al-Ghifâri avait reçu la responsabilité des décisions administratives, tandis qu’Abdoullah Ibn Maktoum était chargé de diriger les prières.

L’ennemi a pris connaissance de l’arrivée de l’armée islamique, composée de trois cents combattants : cette nouvelle a pris les Banou Soulaym et Banou Ghatafân par surprise. C’était un développement inattendu pour eux. Ils ont pris leurs jambes à leur cou et se sont réfugiés aux sommets des montagnes. Quand l’Envoyé d’Allah (s.a.w.) est arrivé dans la vallée d’Al-Koudr avec son armée, il a découvert des traces de chameaux et des points d’eau, mais aucun ennemi.

L’Envoyé d’Allah (s.a.w.) a envoyé un groupe de compagnons dans la partie supérieure de la vallée, et, sans rencontrer de résistance, il s’est rendu lui-même à l’intérieur de la vallée. Là, l’Envoyé d’Allah (s.a.w.) a trouvé des bergers de ces tribus, parmi lesquels se trouvait un esclave nommé Yasar. Il (s.a.w.) l’a interrogé sur les Banou Soulaym et les Banou Ghatafân. Il lui a répondu qu’il ne savait rien à leur propos. Il se contentait simplement d’abreuver les chameaux, parfois le cinquième ou le quatrième jour, à tour de rôle et les locaux étaient montés aux sources. « Nous nous étions séparés d’eux avec le troupeau de chameaux », a dit l’esclave.

Étant donné que ces gens étaient venus avec l’intention de livrer bataille l’Envoyé d’Allah (s.a.w.) a pris les chameaux et les bergers. Il y est resté trois nuits. Dix nuits selon un autre récit. Tant qu’il était sur place, personne n’a eu le courage de le combattre. Ainsi, il est revenu victorieux sans aucun combat.

Selon un récit l’Envoyé d’Allah (s.a.w.) avait reçu cinq cents chameaux comme butin. Étant donné que ces tribus étaient venues se battre et avaient abandonné leurs biens, conformément aux coutumes de l’époque, il était permis d’en prendre comme butin. Ainsi, ces troupeaux étaient des butins de guerre. L’Envoyé d’Allah (s.a.w.) a prélevé le khoums (un cinquième) de ce butin et a réparti le reste entre quatre cents musulmans. Chaque moudjahid a reçu deux chameaux. Cette armée était composée de deux cents moudjahidines. Le berger Yasar faisait partie des butins ; l’Envoyé d’Allah (s.a.w.) l’a libéré. L’Envoyé d’Allah (s.a.w.) est demeuré quinze jours hors de Médine pour cette campagne.

Dans son ouvrage Sîrat Khâtamun Nabiyyîn, Hazrat Mirza Bashir Ahmad Saheb commente sur cette campagne en ces termes :

« Suite à la migration, les Qouraych de La Mecque ont visité les différentes tribus d’Arabie, transformant bon nombre d’entre elles en ennemis acharnés des musulmans. Deux d’entre elles se démarquaient par leur force et leur nombre : elles résidaient dans la région centrale de l’Arabie, connue sous le nom de Nejd, et répondaient aux noms de Banou Soulaym et de Banou Ghatafân. Les Qouraych de La Mecque avaient cherché à gagner ces deux tribus à leur cause en particulier, les incitant ainsi à s’opposer aux musulmans.

Ainsi, Sir William Muir écrit : « Les Qouraych ont tourné leurs regards vers ce territoire [c’est-à-dire, Najd] et ont établi des liens plus étroits avec les tribus qui l’habitaient. Dès lors, l’attitude des Banou Soulaym et des Ghatafân étaient des plus hostiles envers Muhammad (s.a.w.). Incités par les Qouraychites et par l’exemple d’Abou Soufyân, ils ont projeté une attaque contre Médine. »

(Cet orientaliste admet que ces deux tribus souhaitaient attaquer Médine de concert. Les musulmans avaient donc tout à fait le droit de prendre leurs biens en guise de butin.)

Hazrat Mirza Bashir Ahmad ajoute : « Quelques jours après son retour à Médine suite à la bataille de Badr, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a reçu la nouvelle qu’une grande armée, composée des tribus Soulaym et Ghatafân, se rassemblait à Qarqarat Al-Koudr avec l’intention d’attaquer Médine. La réception de cette information aussi rapidement après la bataille de Badr démontre qu’au moment où l’armée des Qouraych est partie de La Mecque avec l’intention d’attaquer les musulmans, les chefs des Qouraych ont dû faire parvenir un message aux tribus de Soulaym et de Ghatafân, les encourageant à attaquer Médine sur le front opposé.

Il est également possible que lorsqu’Abou Soufyân s’est échappé avec sa caravane, il ait pu encourager ces tribus à se soulever contre les musulmans par le biais d’un émissaire. Quoi qu’il en soit, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) était à peine revenu à Médine après la bataille de Badr, quand il a reçu la terrible nouvelle de l’attaque imminente des tribus de Soulaym et de Ghatafân contre les musulmans. Dès réception de cette information, en guise de mesure préventive, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a immédiatement rassemblé une armée de Compagnons et s’est dirigé vers le Nejd. Après un voyage éprouvant de plusieurs jours, il est parvenu à Qarqarah, une plaine désolée située dans une région appelée Al-Koudr, pour découvrir que, suite à la nouvelle de l’arrivée imminente des musulmans, les membres des tribus de Banou Soulaym et de Banou Ghatafân s’étaient réfugiés dans les montagnes environnantes.

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) envoya un détachement de musulmans à leur recherche et se rendit lui-même au cœur de la vallée, sans trouver aucune trace de ces tribus. Cependant, il trouva un grand troupeau de chameaux appartenant à ces tribus paissant dans la vallée voisine ; et conformément aux lois de la guerre, les compagnons le saisirent. Ensuite, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) rentra à Médine.

Le berger de ces chameaux était un esclave nommé Yasar : il avait été emmené en captivité avec les chameaux. Il fut si profondément influencé par la compagnie du Saint Prophète (s.a.w.) qu’il embrassa l’islam peu de temps après. Bien que le Saint Prophète (s.a.w.) l’ait libéré comme un acte de bienveillance, il ne quitta pas le service du Saint Prophète (s.a.w.) jusqu’à son dernier souffle. »

Le premier Aïd Al-Fitr des musulmans a eu lieu au cours du mois de Chawwâl de la deuxième année de l’Hégire.

On rapporte ce qui suit à ce propos : « Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a accompli le premier Aïd Al-Fitr à la fin du Ramadan de la deuxième année de l’Hégire. Il a interrogé [ses compagnons] sur la signification et le statut des deux jours traditionnellement célébrés à l’époque de l’Ignorance. Les habitants ont expliqué qu’ils célébraient ces jours de la même manière qu’ils le faisaient alors.

En réponse, le Prophète a déclaré : « Allah a désigné deux jours meilleurs pour la communauté musulmane. » Les compagnons ont demandé avec intérêt quels étaient ces jours. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a répondu : « L’Aïd Al-Fitr et l’Aïd Al-Adhâ. Au lieu de jeûner ces jours-là, les musulmans devront manger, boire et se réjouir. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) se rendait au lieu de [la prière de l’]Aïd pour les célébrations, situé à l’est de Médine. Le jour de l’Aïd, il prenait un chemin pour se rendre à l’endroit de la fête, puis en empruntait un autre pour rentrer. Il y avait toute une procession et cela impressionnait les non-musulmans. Une fois, en raison de fortes pluies, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a dirigé la prière de l’Aïd Al-Fitr à la Mosquée Nabawi plutôt qu’au lieu [désigné] pour l’Aïd.

Hazrat Mirza Bashir Ahmad Saheb a écrit à ce propos : « À la fin du Ramadan, après que le jeûne ait été ordonné, le Saint Prophète a émis l’injonction sur la Sadaqat Al-Fitr (l’aumône de la fête de l’Aïd), conformément à l’ordre divin. Chaque musulman qui en avait la capacité était tenu d’offrir le poids d’un Sā’de dattes, de raisins, d’orge ou de blé, etc., par personne, de sa part, de sa famille et des personnes à sa charge, en guise d’aumône avant l’Aïd. Cette aumône devait être distribuée aux pauvres, aux nécessiteux, aux orphelins et aux veuves, etc., afin de servir d’expiation pour tout manquement lors du jeûne et pour aider les pauvres à l’occasion de l‘Aïd. Ainsi, conformément à l’ordre de l’Envoyé d’Allah (s.a.w.), la Sadaqat Al-Fitr a été officiellement collectée auprès de tous les musulmans, jeunes et vieux, hommes et femmes avant chaque ‘Aïd à la fin du Ramadan et distribué aux orphelins, aux pauvres et aux nécessiteux.

C’est au cours de cette même année que l’Aïd Al-Fitr a également débuté. En d’autres termes, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a ordonné que les musulmans célèbrent l’Aïd le premier jour de Chawwâl à la fin du mois du Ramadan. Cet ‘Aïd était pour célébrer l’occasion qu’Allah avait offerte aux musulmans de lui rendre culte au cours du Ramadan. Il est fascinant de constater que même pour l’expression de cette joie, le Saint Prophète a prescrit un acte de culte. Ainsi, il a ordonné que le jour de l’Aïd, tous les musulmans devaient se rassembler dans un espace ouvert et accomplir deux Rak’ât de Salât. Ensuite, après cette Salât, les musulmans pouvaient exprimer leur joie extérieure, car lorsque l’âme éprouve de la joie, le corps a le droit d’en profiter également. En réalité, Allah a placé un ‘Aïd à la fin de toutes les formes majeures d’adoration qui sont observées collectivement. L’Aïd des Salâts est la prière du vendredi, qui vient après l’observation des Salâts pendant une semaine. Cette fête est considérée comme la plus importante de toutes les fêtes en islam. Ensuite, l’Aïd Al-Fiṭr est l’Aïd du jeûne : il est célébré à la fin du Ramadan. L’Aïd Al-Adhâ est l’Aïd du Hajj : il est célébré le deuxième jour du Hajj. Toutes ces fêtes de l’Aïd sont une forme d’adoration en soi. Par conséquent, les fêtes de l’Aïd en l’islam possèdent une grande magnificence et éclairent la réalité de l’islam. On a l’occasion de contempler la manière dont l’islam souhaite lier chaque action des musulmans au souvenir d’Allah. »

Ceci est l’importance des Aïds qu’on ne doit pas oublier. Il ne suffit pas de se réjouir : il faudra se consacrer à l’adoration de Dieu et à Son souvenir.

Hazrat Mirza Bashir Ahmad Saheb ajoute : « Je suis obligé de faire une digression sur l’histoire, sinon j’expliquerai comment l’islam a imprégné chaque mouvement, chaque déclaration et chaque action d’un musulman au souvenir de Dieu. À tel point que même dans les tâches quotidiennes d’importance mineure, telles que se tenir debout et s’asseoir, se déplacer, dormir et se réveiller, manger et boire, se laver, changer de vêtements, porter des chaussures, sortir et entrer chez soi, partir ou revenir d’un voyage, vendre ou acheter quelque chose, monter ou descendre d’une hauteur, se promener, etc, monter ou descendre d’une hauteur, entrer ou sortir de la mosquée, rencontrer un ami, rencontrer un ennemi, voir la nouvelle lune, approcher sa femme, ainsi, d’une manière ou d’une autre, le commencement et l’achèvement de chaque tâche ont été liés au souvenir d’Allah, même lorsqu’on éternue et on bâille. »

Ceci est l’enseignement véritable de l’islam que tout musulman doit avoir en tête : nous ne devons jamais oublier la personne de Dieu.

« Dans un tel contexte, il n’est pas étonnant que les idolâtres d’Arabie qualifiaient le Saint Prophète de fou épris de Dieu, lui qui a transmis cet enseignement divin, bien que les mécréants aient cru à tort qu’il l’avait formulé de son propre chef. Il est vrai que pour un homme du monde, ces actions ressemblent à de la folie. Or celui qui a compris la réalité de son propre être sait qu’il s’agit de l’essence même de la vie. »

La vraie vie est de se consacrer à tout instant au souvenir de Dieu.

On évoque deux événements suspects au cours de cette période après la bataille de Badr et avant celle d’Ouhoud. Même un examen rapide révèle qu’il s’agit clairement d’histoires fabriquées et manifestement douteuses.

Le premier incident concerne le meurtre d’Asmâ’bint Marwân. ‘Oumayr Ibn ‘Adiyy Al-Khatmi était un compagnon aveugle et le premier musulman de sa tribu, les Banou Khatmah. C’était la deuxième année de l’Hégire ; il restait cinq nuits avant la fin du Ramadan. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) aurait envoyé ‘Oumayr Ibn ‘Adiyy Al-Khatmi vers Asmâ’bint Marwân, une Juive qui s’était convertie à l’islam et qui était l’épouse du fils de Zayd Ibn Housn Al-Ansâri. Le meurtre d’Asmâ’bint Marwân aurait été commandité parce qu’elle avait insulté l’islam, incité les gens contre l’Envoyé d’Allah (s.a.w.) et composé des poèmes satiriques à son encontre. Selon un rapport, cette femme apportait des vêtements sales à la mosquée du Prophète et les y déposait. Cette histoire a été ajoutée dans le cadre du récit.

Par ces moyens, elle souhaitait tourmenter le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et les musulmans. ‘Oumayr est entré chez elle pendant la nuit, conformément à l’ordre du Prophète selon le récit. Ses enfants dormaient autour d’elle pendant qu’elle allaitait un bébé. ‘Oumayr palpa [l’enfant] puis l’éloigna d’elle. Il enfonça ensuite son épée dans sa poitrine avec grande force, la faisant passer à travers sa taille. Après cet acte, ‘Oumayr Ibn ‘Adiyy retourna à Médine et participa à la prière matinale dirigée par le Saint Prophète. Lorsque le Saint Prophète Muhammad (paix et bénédictions soient sur lui) se leva après la prière, il remarqua ‘Oumayr. Il lui demanda s’il avait tué la fille de Marwân, et ‘Oumayr répondit affirmativement et demanda s’il avait commis là un péché.

(D’une part le récit alléguait que c’est le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) qui l’avait envoyé et ici ‘Oumayr demande s’il avait commis un péché en la tuant.)

En réponse le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) aurait énoncé un proverbe arabe inconnu et dit :

لا ينتطح فيها عنزان

« Même deux chèvres ne se querelleront pas à ce propos. »

Cela signifie que le meurtre de cette femme était si insignifiant que même ceux qui s’y opposaient ne diront rien à ce propos. On raconte que ce mot ou proverbe faisait partie des termes entendus uniquement de la bouche du Messager d’Allah (s.a.w.). C’est l’unique récit rapportant cette expression.

Néanmoins, suite à cet incident, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a rebaptisé ‘Oumayr « Basîr », ce qui signifie « celui qui voit ». ‘Oumar Ibn Al-Khattâb a commenté, en disant : « Voyez cet aveugle qui a passé la nuit dans l’obéissance à Dieu. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a alors dit : « Ne le qualifie pas d’aveugle ; appelle-le « voyant ».

Un autre récit présente ceci sur le meurtre d’Asmâ’. Lorsque le Saint Prophète (s.a.w.) décida de la mort d’Asmâ’bint Marwân, il demanda aux gens : « Y a-t-il quelqu’un qui puisse nous débarrasser de cette femme ? » ‘Oumayr Ibn ‘Adiyy répondit alors : « Je prendrai la responsabilité de mener à bien cette tâche. » Il se rendit auprès d’elle quand elle vendait des dattes. Montrant les dattes devant lui, il lui demanda : « Avez-vous des dattes meilleures que celles-ci ? » Elle répondit par l’affirmative, entra dans sa maison et se pencha pour prendre des dattes. ‘Oumayr regarda à droite et à gauche, puis la frappa à la tête et la tua. Le Saint Prophète (s.a.w.) déclara : « Si vous voulez voir un homme qui a aidé Allah et Son messager, regardez ‘Oumayr Ibn ‘Adiyy. » Selon un autre récit, quand le Saint Prophète (s.a.w.) légitima le meurtre d’Asmâ’bint Marwân, ‘Oumayr fit le serment qu’il l’a tuerait si Allah ramenait le Saint Prophète (s.a.w.) sain et sauf à Médine après la bataille de Badr.

Cela signifie que l’ordre a été donné avant la bataille de Badr. Il avait l’intention de la tuer après le retour de la bataille. Lorsque le Saint Prophète (s.a.w.) revint à Médine après sa victoire à Badr, ‘Oumayr se rendit à la maison d’Asmâ’et la tua pour honorer son serment.

Selon un autre récit, quand ‘Oumayr retourna dans son quartier après avoir tué Asmâ’bint Marwân, les fils de cette dernière enterraient leur mère avec un groupe de personnes. Apercevant ‘Oumayr, ils lui demandèrent s’il l’avait tuée. Il répondit par l’affirmative, puis dit : « Vous tous, complotez contre moi et ne me donnez pas de répit ! Je jure par Celui qui détient ma vie que si vous vous unissez tous et prononcez les mots que cette femme a prononcés, je vous décapiterai un par un jusqu’à ce que soit j’atteigne le martyre, soit je vous envoie en enfer ! »

À partir de ce jour, l’islam se répandit [ouvertement] dans la tribu des Banou Khatmah, car jusqu’alors, ceux qui avaient accepté l’islam parmi eux avaient dissimulé leur foi.

Le ‘Allâmah Al-Sohaili explique que c’était le mari d’Asmâ’qui l’avait tuée. Selon Al-Isti’âb, ‘Oumayr aurait également tué sa sœur parce qu’elle calomniait le Saint Prophète (s.a.w.). Cependant, Al-Isti’âb ne mentionne pas le nom de la sœur d’Oumayr. Ce sont là les récits qu’on a colportés à ce propos.

Cet incident est mentionné dans certains livres d’histoire, mais dans aucun des six livres authentiques de hadiths ou d’autres recueils fiables des hadiths. En fait, certains [auteurs] des générations ultérieures ont intégré ces récits fictifs dans leurs écrits, les utilisant même pour justifier des sanctions en cas de blasphème contre le Prophète (s.a.w.). Aujourd’hui, certains Mollahs utilisent cet argument pour justifier le meurtre de ceux qui déshonorent le Prophète (s.a.w.), même si la loi islamique ne prévoit aucune peine pour de tels actes ; et d’ailleurs ces récits sont fictifs. Une étude critique de cet incident révèle d’abord son caractère peu fiable, comme en témoigne la déclaration du ‘Allâmah Al-Albani, qui l’a qualifié de pure invention.

Dans son livre Silsilat Al-Ahâdîth Al-Da’îfah wa’l-Mawdou’ah, le ‘Allâmah Nasiruddin Al-Albani mentionne l’un des narrateurs, Muhammad Ibn ‘Oumar Al-Wâqidi, qu’il qualifie de menteur et d’affabulateur. Ibn Mou’în l’a également classé parmi les narrateurs faibles.

L’analyse rationnelle des événements de ce récit soulève de nombreuses questions. Par exemple, comment le compagnon a-t-il pu atteindre la maison de cette femme par ses propres moyens malgré sa cécité ? On pourrait avancer qu’il connaissait déjà le chemin ou le fréquentait régulièrement, ce qui lui aurait permis d’estimer correctement sa route. Cependant, comment expliquer qu’il soit parti seul de nuit, qu’il soit arrivé directement à la porte, qu’il y soit entré, et qu’il ait découvert la femme ? Comment a-t-il su que ses enfants dormaient près d’elle ? Si l’on suggère qu’il les a sondés un par un, comment se fait-il qu’aucun d’entre eux ne se soit réveillé pendant qu’il faisait cela ? Comment a-t-il également discerné qu’elle nourrissait son enfant ? En fin, pourquoi, en se rendant compte qu’elle était attaquée, n’a-t-elle pas tenté de fuir ou de se défendre contre l’agresseur aveugle ? Selon le récit, l’agresseur a enlevé de force l’enfant qu’elle nourrissait. S’il était aveugle, la femme quant à elle était voyante, mais elle n’a pas crié et n’a pas résisté. Son mari dormait lui aussi. Ne s’est-il rendu compte de rien ? Qui plus est, comment le compagnon aveugle a-t-il pu discerner qui était qui sans entendre leur voix ? Généralement, les malvoyants reconnaissent les autres à leur voix, et dans ce cas précis, comment a-t-il su qu’il s’agissait bien d’Asmâ’bint Marwân ?

Selon une autre version de cette histoire, quand la femme est entrée à l’intérieur pour prendre des dattes, le compagnon a regardé autour de lui mais n’a vu personne. Ceci mérite réflexion. Le Compagnon était aveugle. Comment a-t-il pu regarder autour de lui et comment a-t-il pu dire qu’il avait regardé autour de lui et qu’il n’avait vu personne ? A-t-il pu distinguer les dattes devant lui pour pouvoir affirmer qu’elles n’étaient pas bonnes ? On pourrait arguer qu’il les a touchées de ses mains, ce qui serait plausible. Mais demeure la question de savoir s’il a également observé son environnement.

Selon un récit, le compagnon est retourné auprès du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) pour l’informer qu’il l’a tuée. Par la suite, il est retourné sur les lieux et a découvert les fils de la femme en train de l’enterrer. Comment est-il possible qu’après avoir commis le meurtre, les fils de la femme soient arrivés si rapidement pour l’enterrer, et que tout cela se soit déroulé si vite et sans encombre ?

D’autre part, des recherches menées de notre côté ont mis en lumière des divergences qui remettent en question la véracité de cet incident. La majorité des récits nomment la femme en question Asmâ’bint Marwân, tandis que selon l’auteur d’Al-Isti’âb, il ne s’agissait pas d’Asmâ’, mais plutôt de Bint ‘Adiyy, la sœur d’Oumayr.

Deuxièmement, le nom de l’agresseur est ‘Oumayr Ibn ‘Adiyy selon la plupart des récits. Mais ce nom varie. On trouve mention d’Amr Ibn ‘Adiyy, et même Ghishmir, selon Ibn Durayd. Selon d’autres récits, l’agresseur ne porte aucun de ces noms. C’est quelqu’un de la tribu de la femme qui l’a tuée tandis qu’elle vendait des dattes.

Selon Ibn Sa’d, le meurtre aurait eu lieu au milieu de la nuit, tandis que la narration d’Al-Zarqâni affirme qu’il s’est produit pendant la journée ou en soirée, car la victime était occupée à vendre des dattes à ce moment-là. Des divergences subsistent quant à l’attaque : a-t-elle été étranglée, poignardée à l’estomac, assassinée pendant son sommeil, ou suivie jusqu’à son domicile sous le prétexte d’acheter des dattes avant d’être étranglée?

Ensuite, selon la Sîrat Ibn Hichâm, elle est devenue hypocrite lorsque Abou Oufouq a été tué. Cela indique qu’elle était auparavant musulmane et qu’elle est devenue hypocrite en apprenant le meurtre d’Abou Oufouq. Si elle était musulmane avant cela, comment a-t-elle pu écrire des poèmes satiriques sur le Saint Prophète (s.a.w.) et profaner la mosquée ?

Selon le récit d’Al-Wâqidi, ‘Oumayr aurait dit : « Ô Allah, j’ai fait un vœu pour Ton bien. Si je retourne à Médine avec le Saint Prophète (s.a.w.), je la tuerai certainement. » Cependant, selon le Dâ’irat Ma’ârif Sîrat Muhammad Rasoulillah (s.a.w.), il était aveugle et n’avait donc pas pu participer à la bataille de Badr. En référence à cet incident, le même auteur a cité la déclaration d’Al-Wâqidi, qui affirmait que, malgré sa cécité, il avait pris part au djihad.

Ils mélangent donc de fausses narrations. Si cet incident n’est pas fictif et fabriqué, pourquoi les livres d’histoire tels que Târîkh al-Tabari, Târîkh Ibn Kathîr et d’autres ne l’ont-ils pas mentionné ? Il n’a été que brièvement mentionné dans certains livres, tels qu’Al-Tabaqât Al-Koubra d’Ibn Sa’d, etc. Certains ont brièvement mentionné cet incident, mais Al-Wâqidi l’a mentionné en détail. Cet incident n’est pas répertorié dans les recueils de hadiths, bien que les auteurs de ces ouvrages aient inclus toutes les narrations attribuées au Saint Prophète (s.a.w.).

Pourquoi alors cet incident n’a-t-il pas été inclus ? Selon ce récit, si l’Envoyé d’Allah (s.a.w.) avait envoyé le compagnon pour tuer cette femme, pourquoi lui a-t-il demandé s’il serait puni pour son acte, comme je l’ai mentionné précédemment ? Si un tel incident avait eu lieu, la communauté juive aurait affirmé que les musulmans avaient enfreint leur traité en tuant Asmâ’bint Marwân, mettant ainsi en péril la paix à Médine.

Cependant, les historiens, notamment les auteurs d’Al-Rawd Al-‘Ounouf et de Târîkh Al-Tabari, sont unanimes pour affirmer que le premier conflit entre les musulmans et le peuple juif a été l’expédition contre les Banou Qaynouqa’.

Le peuple juif n’a donc pas réagi. Ces facteurs prouvent donc que cet incident est très douteux, voire complètement faux. Des religieux extrémistes ont donné de l’importance à ces incidents et ont ainsi terni les beaux enseignements de l’islam. Aujourd’hui, ils fabriquent des histoires similaires afin de mener à bien leurs activités extrémistes contre les ahmadis et ces mollahs incitent d’autres personnes à en faire de même. Le deuxième incident est similaire à celui-ci. Je le mentionnerai prochainement, Incha Allah. Son inauthenticité a également été clairement démontrée.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

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