Sermons 2023

Le mariage d’Aisha et le sacrifice de Zaynab

Dans son sermon du 13 octobre 2023, Sa Sainteté le Calife a évoqué deux évènements majeurs après la bataille de Badr et a aussi commenté sur la guerre au Moyen-Orient.

Sermon du vendredi 13 octobre 2023, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

J’évoquais certains événements de la vie du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) survenus à l’occasion de la bataille de Badr ou immédiatement après. Parmi eux figure le mariage du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et d’Aïcha : donc je vais en faire mention ici. Khawlah Bint Hakîm, l’épouse d’Outhman Ibn Madh’oun, se présenta au Messager d’Allah le lendemain de la mort d’Oumm Al-Mou’minîn, Khadîjah, et déclara : « Ô Messager d’Allah, souhaitez-vous vous marier ? » Il a demandé : « Avec qui ? » Elle lui a suggéré de prendre une épouse, qu’elle soit vierge ou veuve, selon sa préférence. Il a demandé : « Qui est la vierge ? » Khawla a répondu : « ‘Aïcha, la fille d’Abou Bakr (r.a.). » Puis, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) lui a demandé qui était la veuve. Elle a répondu : « Sawdah, la fille de Zam’ah, qui est devenue musulmane et qui est votre suivante. »

L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a demandé à Khawla de se rendre auprès des familles concernées et de discuter de cette affaire. Une fois autorisée par le Messager d’Allah, elle a quitté les lieux pour accomplir cette tâche. Elle a d’abord visité la maison d’Abou Bakr Al-Siddîq (r.a.) afin de discuter de la proposition de mariage pour ‘Aïcha. Abou Bakr (r.a.) n’était pas chez lui, mais sa femme, Oumm Roummân, était présente. Khawlah lui a parlé et l’a félicitée en ces termes : « Oumm Roummân, Allah vous a gratifiés de précieuses bénédictions. » Intriguée par cette déclaration, Oumm Roummân a demandé de quelles précieuses bénédictions il s’agissait. Khawla a révélé que l’Envoyé d’Allah (s.a.w) l’avait envoyée avec la proposition de mariage pour ‘Aïcha.

Oumm Roummân a demandé à Khawlah d’attendre le retour d’Abou Bakr (r.a.). Après un certain temps, Abou Bakr Al-Siddîq (r.a.) est rentré, et Khawlah a pu lui présenter le message qu’elle avait donné à Oumm Roummân. Abou Bakr (r.a.) a demandé : « Khawlah, quelle est cette bonne nouvelle ? » À quoi, Khawlah a répondu : « Le Messager d’Allah (s.a.w.) m’a envoyée pour demander la main d’Aïcha. »

En entendant cela, Abou Bakr (r.a.) a demandé : « Le mariage du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avec ‘Aïcha est-il approprié ? Elle est la fille de son frère. »

Khawla s’est rendu chez le Messager d’Allah (s.a.w.) et a présenté les remarques d’Abou Bakr Al-Siddîq. L’Envoyé d’Allah (s.a.w.) lui a dit : « Retourne et dis-lui que nous sommes frères en islam. Il est mon frère et je peux épouser sa fille conformément à la charia. Il n’y a donc aucune objection à cet égard. » Khawla est retournée en parler à Abou Bakr (r.a.), qui a répondu en disant : « Attends. » Il est sorti.

Oumm Roummân a raconté que Mout’im Ibn ‘Adiyy avait proposé son fils en mariage à ‘Aïcha. Elle a ajouté avec conviction : « Par Allah, Abou Bakr (r.a.) n’a jamais fait une promesse qu’il n’a pas tenue ! » Ainsi, Abou Bakr (r.a.) s’est rendu chez Mout’im Ibn ‘Adiyy qui était en compagnie d’Oumm Al-Fatah, son épouse.

Celle-ci a déclaré : « Ô Ibn Abi Qouhâfa ! Si nous marions notre fils à ta fille, il se pourrait que tu le convertisses à ta religion. » Abou Bakr (r.a.) a demandé à Mout’im Ibn ‘Adiyy : « Penses-tu la même chose ? » Il s’est adressé à la fois au mari et à la femme, et Mout’im a confirmé : « Oui, je partage l’avis de ma femme. »

Abou Bakr (r.a.) a quitté Mout’im ; et Allah a dissipé toutes ses hésitations concernant cette promesse. Quand Mout’im a déclaré que son fils ne sera pas musulman, cette proposition de mariage a été annulée. Abou Bakr a eu le cœur net. Ils s’étaient arrangés pour considérer la proposition envoyée. Mais la proposition a été annulée. Il a ensuite demandé à Khawla d’informer le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) de son consentement. Khawla a transmis son message et le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a épousé ‘Aïcha. Ce récit est enregistré dans le Mousnad d’Ahmad Ibn Hanbal.

‘Aïcha (r.a.) relate que L’Envoyé d’Allah (s.a.w.) lui a dit après leur mariage : « Je t’ai vu à deux reprises en rêve avant le mariage. Un ange t’a amenée dans un tissu de soie. » Selon un autre récit, l’ange a dit : « Voici votre épouse. » Je lui ai demandé de soulever (le tissu) et il l’a fait et j’ai vu qu’il s’agissait de toi. Je me suis dit : « Si ce rêve vient d’Allah, Il l’accomplira. » Puis, je t’ai encore vue dans un tissu de soie dans un rêve. J’ai demandé qu’on soulève le tissu et [l’ange] l’a soulevé et alors j’ai vu qu’il s’agissait de toi. [J’ai pensé :] si ce rêve vient d’Allah, Il l’accomplira. » Ce récit est tiré du recueil d’Al-Boukhari.

Le livre Al-Isti’âb, qui traite des conditions des compagnons, présente un récit sur ‘Aïcha. « Une fois, Abou Bakr (r.a.) a demandé au Messager d’Allah (s.a.w.) : « Ô Messager d’Allah, pourquoi ne prenez-vous pas votre épouse ? » En effet, bien que l’annonce du mariage eût été faite, ‘Aïcha ne s’était pas encore rendue dans la maison de son époux. C’est Abou Bakr (r.a.) lui-même qui a attiré l’attention sur le fait qu’elle ne s’y était pas rendue. L’Envoyé d’Allah (s.a.w.) a expliqué que cela était dû au montant de la dot. Abou Bakr (r.a.) lui a versé douze onces et demie, sachant qu’une once équivaut à quarante dirhams. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) nous a ainsi envoyé cette somme en guise de Mahr. »

L’âge de ‘Aïcha au moment du mariage est sujet à débat en raison des déclarations d’historiens, de biographes et de narrateurs ultérieurs. Les non-musulmans soulèvent des objections majeures à cet égard. En principe, l’âge d’Aïcha au moment de son mariage n’était pas extraordinaire au point de susciter des objections parmi les gens de l’époque.

Si ce mariage était hors du commun, les hypocrites ou les opposants auraient certainement soulevé des objections. Or, aucun livre ne fait mention d’objections de cette nature. Le Messie Promis (a.s.), le Hakam ‘Adal, a qualifié d’absurdes les affirmations de ces ouvrages qui prétendent que l’âge d’Aïcha était exceptionnellement précoce. Il a souligné que l’âge de neuf ans attribué à ‘Aïcha est une affirmation dépourvue de sens, et que cela n’est corroboré ni par les hadiths ni par le Coran.

Hazrat Mirza Bashir Ahmad Sahib présente ces faits sur le départ d’Aïcha de sa maison parentale : « Le Saint Prophète (s.a.w.) épousa ‘Aïcha Al-Siddîqah après le décès de Khadîjah. Cela s’est passé lors de la 10e année de l’apostolat, au cours du mois de Chawwāl. À ce moment-là, ‘Aïcha n’avait que sept ans. Malgré son jeune âge, il semblait que sa croissance et son développement avaient été remarquablement avancés, sinon Khawlah Bint Hakîm, la personne qui avait proposé ce mariage, n’aurait pas pu la considérer comme une partenaire appropriée pour le Saint Prophète (s.a.w.).

Quoi qu’il en soit, elle n’avait pas encore atteint la pleine maturité à ce moment-là. Par conséquent, même si le Nikâh (contrat de mariage) avait été établi, la cérémonie de départ (le transfert de la jeune mariée à la maison de son époux) n’avait pas encore eu lieu. Conformément aux coutumes locales, elle vivait chez ses parents. Cependant, au cours de la deuxième année de l’Hégire, cinq ans après l’annonce de son mariage, elle avait atteint la pleine maturité à l’âge de douze ans.

Par conséquent, c’est Abou Bakr (r.a.) qui s’est approché du Saint Prophète pour demander que la cérémonie de départ ait lieu, c’est-à-dire que sa fille rejoigne la maison de son époux. En réponse, le Saint Prophète a organisé le paiement de la dot. ‘Aïcha a fait ses adieux à la maison de ses parents pour entrer dans la maison du Saint Prophète au cours du mois de Chawwāl de la deuxième année de l’Hégire.

Il s’agit des conclusions de la recherche menée par Mirza Bashir Ahmad Sahib, bien que les historiens présentent un âge supérieur. Au moment de son mariage, la mère d’Aïcha résidait à un endroit appelé Al-Sounh, en périphérie de Médine. Les femmes des Ansâr se sont réunies pour préparer et embellir ‘Aïcha. Le Saint Prophète s’y est rendu en personne. Après ces préparatifs, ‘Aïcha a quitté la maison parentale pour entrer dans celle du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).

Hazrat Mirza Bashir Ahmad évoque en ces termes les qualités d’Aïcha : « Malgré sa tendre jeunesse, l’intelligence et la mémoire d’Aïcha étaient exceptionnelles. Grâce à l’enseignement et à la formation prodigués par le Saint Prophète, elle s’est développée de façon étonnante et à un rythme des plus extraordinaires. Le but du Saint Prophète en l’amenant chez lui à un si jeune âge était de la former au plus tôt selon ses souhaits pour qu’elle puisse demeurer en sa compagnie le plus longtemps possible et afin de la préparer à accomplir de manière compétente le travail sensible et magnifique qui incombait à l’épouse d’un prophète législateur. Ainsi, le Saint Prophète a pleinement atteint son objectif, et ‘Aïcha a offert un service inégalé dans l’histoire du monde en matière de réforme, d’éducation et de formation des femmes musulmanes. Une part considérable des hadiths du Saint Prophète se base sur les récits d’Aïcha. En fait, le nombre de ses narrations s’élève à un total impressionnant de 2 210.

Le niveau de sa connaissance, de sa sagesse et de sa profonde compréhension de la religion était tel que les compagnons les plus éminents l’acceptaient comme une autorité et profitaient de son savoir. D’après les récits, après le Saint Prophète, les compagnons ont toujours trouvé en ‘Aïcha une source fiable pour répondre à leurs questions religieuses. ‘Ourwah Ibn Al-Zoubayr déclare : « Je n’ai jamais vu plus grande érudite qu’Aïcha en matière de connaissance du Saint Coran, de droit des successions, de lois relatives aux choses licites et illicites, de jurisprudence, de poésie, de médecine, de récits arabes et de généalogie. »

Son statut en matière de vertu et de générosité était tel qu’un jour, par hasard, elle reçut une somme de 100 000 dirhams. Avant la fin de la journée, elle avait distribué l’intégralité de cette somme en charité, même si elle n’avait pas de quoi manger pour ce soir-là chez elle.

C’était en raison de ces attributs très louables, qui avaient commencé à montrer leur splendeur même à l’époque du Saint Prophète, qu’elle était particulièrement chère au Saint Prophète. Une fois, le Saint Prophète a déclaré : « Il y a eu de nombreux modèles excellents parmi les hommes, mais très peu parmi les femmes. » Ensuite, le Saint Prophète a cité Asiyah, la femme de Pharaon, et Marie, la fille d’Imrân, puis il a souligné qu’Aïcha est supérieure aux autres femmes, comme le Tharîd, l’un des mets les plus délicieux d’Arabie, l’emporte sur les autres plats. Une fois, certaines des épouses pures se sont plaintes au Saint Prophète au sujet d’Aïcha, mais il est demeuré silencieux. Cependant, lorsque ses épouses ont insisté, le Saint Prophète a déclaré : « Que puis-je faire de vos récriminations ? Tout ce que je sais, c’est que je ne reçois pas de révélation de mon Dieu chez les autres épouses, mais j’en reçois chez ‘Aïcha. »

Mon Dieu ! Ô combien sainte était la femme qui était investie de cette distinction, et ô combien saint était le mari dont les critères d’amour n’étaient rien d’autre que la sainteté et la pureté.

Selon les Hadiths, durant ses derniers jours, Sawdah bint Zam’ah offrit son tour de compagnie au Saint Prophète à ‘Aïcha, et de cette manière ‘Aïcha reçut une double opportunité de profiter de la compagnie du Saint Prophète (s.a.w.).

Étant particulièrement attentif à l’éducation et à la formation d’Aïcha, le Saint Prophète a accepté la proposition de Sawdah, considérant qu’Aïcha méritait une attention particulière en raison de son âge et de ses caractéristiques. Cependant, même après cela, le Saint Prophète a visité régulièrement Sawdah, comme il le faisait dans le cas de ses autres épouses, en lui montrant de l’affection et en veillant à son bien-être. »

Les avis divergent concernant l’alphabétisation d’Aïcha. Un hadith du Boukhâri atteste qu’elle détenait un manuscrit du Saint Coran, à partir duquel elle dictait personnellement divers versets à un musulman d’Irak. Cela prouve au minimum qu’elle savait bel et bien lire. Ella a très probablement appris à écrire après avoir rejoint le foyer du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) bien que divers historiens aient déclaré qu’elle était incapable d’écrire. ‘Aïcha vécut plus ou moins quarante-huit ans après la disparition du Saint Prophète (s.a.w.) et rencontra son Créateur bien-aimé au cours du mois de Ramadan de l’an 58 de l’Hégire. Elle avait alors environ soixante-huit ans.

Un autre événement important de la vie du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), survenu immédiatement après la bataille de Badr, concerne sa fille Zaynab. Elle résidait à La Mecque, puis vint à Médine. Le gendre du Prophète (s.a.w.), Aboul-‘Âs Ibn Rabî’, fut capturé par les musulmans à la suite de la bataille de Badr.

Son épouse Zaynab se trouvait à La Mecque, et elle envoya en rançon pour son mari le collier que sa mère Khadîjah lui avait offert lors de son mariage. La personne chargée de livrer cette rançon était ‘Amr Ibn Rabî’, le frère d’Aboul-‘Âs. Quand l’Envoyé d’Allah (s.a.w.) vit ce collier, il fut profondément ému. Il se tourna vers ses Compagnons et leur dit : « Si vous le trouvez approprié, libérez le mari de Zaynab et restituez-lui également ce collier. »

Les Compagnons répondirent : « Mais certainement, ô Messager d’Allah ! » En conséquence, Aboul-‘Âs fut libéré et le collier de Zaynab fut rendu. Cependant, l’Envoyé d’Allah (s.a.w.) a libéré Aboul-‘Âs à condition qu’il permette à Zaynab de quitter La Mecque pour rejoindre Médine dès qu’il s’y rendrait.

Selon Ibn Ishâq, dès qu’Aboul-‘Âs atteignit La Mecque après sa libération, l’Envoyé d’Allah (s.a.w.) envoya Zayd Ibn Hârithah et un Ansâri à Bâtin Yajîj, un lieu situé à 12 kilomètres de La Mecque. Le Prophète leur donna des instructions précises : « Si Zaynab passe près de vous, restez avec elle et amenez-la-moi immédiatement. » Ils partirent donc sans délai. Cet incident se déroula environ un mois après la bataille de Badr. Aboul-‘Âs arriva à La Mecque et permit à Zaynab de rejoindre le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Elle prépara ses provisions pour le voyage. Zaynab relate : « J’étais occupée à préparer le voyage vers quand Hind bint ‘Outbah m’a dit : « Ô fille de Muhammad (s.a.w.), j’ai appris que tu veux retourner chez ton père. » Je l’ai ignorée, sans répondre à sa remarque. Sur ce, elle a déclaré : « Ô cousine ! Ne prends pas cette attitude. Si tu as besoin de provisions pour ton voyage, ou si tu as besoin d’argent grâce auxquelles tu pourras rejoindre ton père, j’ai tous ce dont tu as besoin. Ne te sens pas gênée de me le demander. Les femmes ne nourrissent pas les mêmes griefs que les hommes dans leur cœur. »

Zaynab a expliqué : « Je crois qu’elle le disait sincèrement, mais j’avais peur d’elle et c’est pourquoi je l’ai évitée. »

Selon Ibn Ishâq, après avoir terminé ses préparatifs de voyage, Zaynab et était prête à partir. Kinânah Ibn Rabî’, le frère d’Aboul-‘Âs, lui offrit une monture et pris son arc et son carquois et ils partirent à la lumière du jour, Zaynab se trouvant dans le palanquin. Quand cette nouvelle se répandit parmi les Qouraych, ils allèrent à sa recherche et les retrouvèrent à Dhi Touwa. Dhi Touwa est une vallée très connue de La Mecque, située à environ 800 mètres du Masjid Al-Harâm. Habbâr Ibn Aswad Al-Fahri s’approcha d’eux et effraya la monture avec sa lance. Le résultat malheureux en est que Zaynab, qui était enceinte, a fait une fausse couche. Son beau-frère décocha une flèche et assit, avertissant qu’ils seraient la cible de ces flèches s’ils s’approchaient davantage. On rapporte également que Habbâr frappa la monture avec une lance, faisant chuter Zaynab sur une pierre alors qu’elle était enceinte, provoquant une fausse couche.

Après avoir assisté à ces événements, les gens s’éloignèrent. Plus tard, Abou Soufyan et les dirigeants des Qouraych arrivèrent et demandèrent à Kinânah de ne pas tirer davantage et de pourparler. Il arrêta de tirer des flèches, et Abou Sufyan reprocha à l’homme ses actions : « Tu es parti ouvertement avec cette femme, tandis que tu es au courant de nos peines et des réalisations de Muhammad (s.a.w.). Si tu emmènes la fille de Muhammad (paix et bénédictions d’Allah sur lui) en plein jour, cela sera interprété comme une humiliation pour nous et montrera notre impuissance. »

Puis, il dit : « Je jure que nous n’avons aucune intention de l’arrêter et nous n’avons aucune animosité à son encontre. Il vaut mieux que tu retournes avec elle. Quand la situation sera plus favorable, et les gens comprendront que nous l’avons ramenée, emporte-la secrètement chez son père. » Kinânah suivit ce plan.

Selon Ibn Ishâq, Zaynab demeura à La Mecque pendant deux ou quatre jours et quand les rumeurs prirent fin, il remit secrètement Zaynab à Zayd et à son compagnon pendant la nuit. Celui-ci emmena Zaynab au Messager d’Allah en pleine nuit.

L’Imam Al-Bayhaqi a présenté un récit d’Aïcha sur le voyage de Zaynab de La Mecque à Médine. Elle relate que l’Envoyé d’Allah (s.a.w.) avait offert sa bague à Zayd Ibn Hârithah avant de l’envoyer à La Mecque pour prendre Zaynab. Il donna intelligemment la bague à un berger qui l’a ensuite remise à Zaynab.

Zaynab reconnut la bague et demanda qui la lui avait remise. Le berger répondit : « Un homme en dehors de La Mecque. » Sur ce, Zaynab quitta La Mecque pendant la nuit. Zayd lui offrit une monture et elle le suivit jusqu’à Médine.

Le Prophète Muhammad (s.a.w.) disait : « Zaynab était la meilleure de toutes mes filles, car elle a souffert à cause de moi. »

Hazrat Mirza Bashir Ahmad Sahib présente ce qui suit dans son ouvrage Sîrat Khâtam-un-Nabiyyîn :

« Au lieu d’une rançon monétaire, le Saint Prophète a proposé à Aboul-‘Âs d’envoyer Zaynab à Médine à son retour à La Mecque. De cette manière, une âme croyante serait délivrée de la terre de l’incroyance. Après un certain temps, Aboul-‘Âs est lui aussi devenu musulman et a émigré à Médine ; et de cette manière, mari et femme ont été à nouveau réunis. On rapporte que quelques Qouraych de La Mecque avaient tenté de reprendre Zaynab de force lorsqu’elle quitta La Mecque.

Lorsqu’elle a résisté, un misérable nommé Habbār Ibn Aswad l’a attaqué de manière barbare avec une lance. Le traumatisme et le choc de l’attaque ont entraîné une fausse couche. En fait, à cette occasion, elle a reçu un choc si profond qu’elle n’a jamais pu s’en remettre complètement par la suite. Finalement, c’est dans cet état de faiblesse et de maladie qu’elle a connu qu’une mort prématurée.

Je m’arrête ici sur ce thème aujourd’hui.

Je souhaite formuler une requête de prière compte tenu de la situation mondiale. La guerre a éclaté entre le Hamas et Israël depuis quelques jours. Des citoyens des deux côtés – femmes, enfants ou personnes âgées – ont été tués, ou sont tués, sans discernement. Selon les lois islamiques de la guerre, tuer des femmes, des enfants ou toute personne non impliquée dans les hostilités est strictement interdit. Le Saint Prophète (sa) l’a proscrit catégoriquement. Le monde affirme – et des preuves existent pour le montrer – que le Hamas a déclenché cette guerre et a tué des civils israéliens. Même si l’armée israélienne a tué de nombreux Palestiniens innocents dans le passé, les musulmans doivent strictement suivre les enseignements de l’islam. Peu importent les actions des soldats israéliens, ils en sont responsables et on peut parvenir à une résolution par divers moyens. Si un conflit est nécessaire, il doit se dérouler entre des armées et ne pas cibler des femmes, des enfants et des innocents.

En tout cas, les actions du Hamas dans ce contexte étaient injustes et ont eu plus d’effets négatifs que positifs. Si quelqu’un doit payer le prix, c’est le Hamas, et la guerre doit se limiter à son encontre.

Cependant, les actions entreprises par l’État israélien sont également très dangereuses, et il semble qu’il n’y ait aucune résolution en vue. La perspective de nouveaux décès parmi les femmes et les enfants est profondément inquiétante.

L’État israélien a annoncé son intention de raser complètement Gaza et a procédé à des bombardements continus. Il a réduit la ville en poussière et annonce que plus d’un million de personnes doivent l’évacuer. Certains ont commencé à partir. Au moins l’ONU a tenté de se faire entendre, même si c’est d’une voix timorée, soulignant que pareilles actions violeront les droits des civils : ceci sera condamnable et entraînera de grandes difficultés et Israël devra reconsidérer ses actions. Plutôt que de leur ordonner fermement de cesser ces actions, l’ONU se contente de faire une requête.

Ceux qui ne participent pas à la guerre sont innocents. Si le monde considère comme innocents les femmes, les enfants et les civils d’Israël, il doit en être de même de ceux de la Palestine. Étant le Peuple du Livre, les préceptes religieux des [Israéliens] interdisent pareilles tueries. S’ils prétendent que les musulmans ont tort, ils doivent également réfléchir sur leurs propres actions. Quoi qu’il en soit, nous devons beaucoup prier.

L’ambassadeur palestinien au Royaume-Uni avait accordé une interview à la BBC affirmant que le Hamas est un groupe militant et non un gouvernement. L’État palestinien n’a rien à voir avec ses actions. Néanmoins, il a présenté le point pertinent suivant : si la justice véritable avait été respectée, ces événements n’auraient jamais eu lieu. Si les grandes puissances n’étaient pas, ou ne sont pas, coupables d’une politique injuste, pareils conflits n’auraient pas eu lieu dans le monde. S’ils mettent fin à ce traitement inéquitable, les guerres cesseront d’elles-mêmes.

Je répète ces conseils depuis un certain temps à la lumière des enseignements de l’islam. En face, nos interlocuteurs sont d’accord en ces instants, mais ne sont pas prêts à appliquer ces conseils.

Mettant la justice de côté, les puissances occidentales se préparent à s’abattre sur la Palestine, et il est question de fournir de l’aide militaire [à Israël]. On partage des images des victimes et des exactions commises. Or les médias relayent [aussi] des nouvelles trompeuses : un jour on montre les images des malheurs accablant les femmes et les enfants israéliens et le lendemain l’on découvre qu’il s’agissait en fait de Palestiniens mais ces médias ne présentent pas pour autant des excuses. On n’exprime aucune sympathie à l’égard de ces Palestiniens. [Ces médias] obéissent aux puissants de ce monde et se soumettent à leurs désirs. Ils vénèrent ceux qui détiennent les richesses.

Après une analyse approfondie, il apparaît que les grandes puissances semblent favoriser la guerre plutôt que de chercher à l’éviter. Elles ne montrent aucune volonté à mettre fin au conflit. Après la Première Guerre mondiale, les grandes puissances avaient établi la Société des Nations dans le but de prévenir de futurs conflits. Or, cet organisme a échoué car ces mêmes puissances n’ont pas respecté les principes de la justice et ont cherché à préserver leur domination.

S’ensuivit la Seconde Guerre mondiale qui aurait coûté la vie à 7 millions de personnes. Aujourd’hui, il en est de même avec l’ONU : créée pour instaurer la justice dans le monde, soutenir les opprimés et mettre fin aux guerres, aucune de ces missions n’est accomplie. Au contraire, tout le monde cherche son propre bénéfice.

Le commun des mortels ne peut imaginer les conséquences d’une guerre qui éclatera en raison de cette injustice. Les grandes puissances ont connaissance des conséquences terribles. Or personne ne s’intéresse à établir la justice et n’est prêt à le faire suite aux rappels.

En pareilles circonstances, tout au moins, les pays musulmans auraient dû revenir à la raison, s’unir et mettre de côté leurs dissensions. Pour améliorer leurs relations avec les Gens du Livre, Allah encourage les musulmans à les inviter à se rassembler autour de leur croyance commune en Dieu, leur dénominateur commun, comme l’énonce le verset :

تَعَالَوۡاْ إِلَىٰ كَلِمَةٍ سَوَآءِۭ بَيۡنَنَا وَبَيۡنَكُمۡ

Pourquoi donc, en ce cas, serait-il impossible aux musulmans qui récitent tous la même profession de foi de surmonter leurs différences et de s’unir ? Les musulmans doivent réfléchir et s’accorder : c’est le moyen pour mettre fin au chaos dans le monde. À l’unisson, il faudra qu’ils appellent haut et fort au respect de la justice et au soutien des opprimés : une voix unie est plus forte. Au cas échéant, ces États musulmans seront responsables de la mort des musulmans innocents.

Ces puissances [musulmanes] ne doivent pas oublier la déclaration du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) qui invite à aider à la fois les opprimés et les oppresseurs. Ils doivent saisir ce principe.

Que Dieu accorde la sagesse aux nations musulmanes, leur permettant de s’unir et d’établir la justice. Que Dieu accorde la sagesse aux puissances mondiales, afin qu’au lieu de conduire le monde vers la ruine, elles tentent de l’en protéger et qu’elles évitent de faire de leurs propres intérêts leur objectif ultime : elles non plus ne seront pas à l’abri quand la destruction surviendra. En tout cas, la prière est notre unique arme et tout ahmadi doit y recourir plus intensément qu’auparavant.

Certaines familles ahmadies sont encerclées à Gaza : qu’Allah les protège et qu’Il protège tous les innocents là où ils se trouvent. Qu’Allah accorde le bon sens au Hamas et qu’il ne soit pas responsable de l’oppression de son peuple et qu’il n’opprime personne. Si une guerre doit avoir lieu, qu’elle soit menée en accord aux principes islamiques. L’hostilité d’aucun peuple ne doit nous écarter de la justice, comme nous l’enjoint Allah. Puisse Allah permettre aux grandes puissances de faire preuve de justice à l’égard des deux concernés et de promouvoir la paix au lieu de favoriser un groupe tout en opprimant un autre et qu’elles ne soient pas coupables d’injustice. Qu’Allah fasse que la paix règne dans le monde.

Après les prières du vendredi, je dirigerai deux prières funéraires. L’une concerne un membre décédé ici [au Royaume-Uni]. [Sa Sainteté demande :] Le cortège funèbre est-il arrivé ? Le Dr Bashir Ahmad Khan est le défunt. Il résidait ici, au Royaume-Uni, dans le quartier de la mosquée Fazl [à Londres]. Il est décédé quelques jours de cela à l’âge de 92 ans. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Il était le petit-fils de Hazrat Mir Ahmad Sahib (ra) et le gendre de Hazrat Qazi Muhammad Yusuf Sahib (ra), l’ancien Emir de la Jama’at de la région du Sarhad, tous deux compagnons du Messie promis (as). Il était le fils de Mahmud Khawas Khan de Peshawar. Le défunt était assidu dans sa Salât et le jeûne et était profondément dévoué au Califat. Il s’occupait des nécessiteux et était un homme sincère et pieux. Il a dédié sa vie dans le cadre du programme Nusrat Jahan et a travaillé à l’hôpital Ahmadiyya de Techiman, au Ghana pendant un certain temps. Après son retour du Ghana, il a organisé des camps médicaux dans des villages près d’Islamabad (Pakistan), avec d’autres médecins ahmadis. Quand il s’est établi au Royaume-Uni à l’époque du quatrième Califat, le défunt a accompli le travail de la traduction et du résumé des sermons du vendredi du Calife avec une grande diligence. Il avait un énorme amour pour le Saint Coran. Il l’étudiait régulièrement, y réfléchissait et en enseignait la traduction à ses enfants. Enfant, à l’époque de Hazrat Mousleh Maw’oud (ra), il eut l’occasion de se rendre à Qadian et d’y séjourner pendant une longue période. Il avait mémorisé de nombreux discours du Hazrat Mousleh Maw’oud (ra). De même, il avait mémorisé de nombreux extraits et poèmes du Messie Promis (a.s.).

Le défunt était un Moussi (membre du système Al-Wasiyyat). Il laisse dans le deuil sa femme, son fils et ses six filles.

Son gendre, le Dr Mousallam Aldroubi, déclare : « Il accomplissait régulièrement les prières de Tahajjoud. Il était un homme pur et fidèle. Il était juste, brave et courageux, et avait un amour extraordinaire pour la Jama’at et le Califat. C’est lui qui m’a appris la précieuse leçon de l’amour des Califes. Le défunt était également très passionné par la prédication. Il ne manquait jamais une occasion de diffuser le message. »

Mousallam poursuit : « Quand j’étais en Syrie et en Jordanie et qu’il me rendait visite, j’ai remarqué qu’il se liait rapidement d’amitié avec mes voisins. Il établissait également de bonnes relations avec mes gardiens et mes employés et leur parlait de l’Ahmadiyya. »

Mme Zubaida, l’épouse du défunt, raconte : « Il a été affecté en Afrique de l’Ouest dans le cadre du programme Nusrat Jahan à l’époque de Hazrat Khalifatul Masih III (rh). En toute obéissance, il a commencé à se préparer immédiatement. Ses préparatifs étaient si rapides que j’en ai été étonnée. Notre fille avait deux mois à l’époque, mais il a dit que nous devions nous préparer immédiatement parce que c’était l’instruction de notre Imam. Nous sommes arrivés à Rabwah avec nos quatre enfants et avons eu une audience avec le troisième Calife qui nous a prodigué des conseils. Nous sommes ensuite rentrés à Bannu, avons déposé sa demande de congé et avons commencé à prier, car à cette époque, le gouvernement imposait des restrictions aux médecins qui souhaitaient se rendre à l’étranger. C’était à l’époque du [premier ministre] Bhutto. Néanmoins, il a reçu la permission et nous sommes partis. Il priait pour pouvoir [continuer d’]accomplir ses prières en congrégation. D’une manière ou d’une autre, Allah a résolu ces difficultés et il a pu prier en congrégation. »

Sa femme ajoute : « Lorsqu’Allah nous a permis d’acheter une voiture, il prenait ses amis avec lui à la mosquée et les ramenait chez eux. Il était très heureux de pouvoir le faire. Quand nous avons obtenu une maison à proximité de la mosquée Fazl, il était ravi de pouvoir accomplir les cinq prières quotidiennes à la mosquée. Il cherchait toute occasion afin de servir sa foi. Il ne manquait jamais une occasion de prêcher. Il payait toujours ses cotisations obligatoires à temps et nous conseillait d’en faire autant. »

Qu’Allah le Tout-Puissant accorde au défunt Sa miséricorde et Son pardon, et permette à ses enfants de perpétuer ses vertus.

La deuxième prière funéraire, qui est en l’absence de la dépouille, est celle de Mme Wasima Begum, épouse du Dr Shafiq Sehgal. M. Shafiq Sehgal était l’ancien Emir de la Jama’at de la région de Multan. Il a servi comme Naïb Wakil-ut-Tasnif. La défunte est décédée à l’âge de 89 ans. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Elle était Moussiah. Elle laisse dans le deuil son mari et ses trois fils.

Son mari, le Dr Muhammad Shafique Sehgal, écrit : « Ma femme était la petite-fille de Hazrat Sheikh Mushtaq Ahmad Sahib (ra), un compagnon du Messie promis (as). Elle était la fille de feu le juge Sheikh Bashir Ahmad de Lahore. Elle était également la nièce de Sayyidah Umm Wasim. Elle était entièrement dévouée au Califat et est toujours restée loyale. »

Son petit-fils, Muhyi-ud-Din écrit : « Ma grand-mère avait un remarquable esprit du sacrifice. Elle lisait fréquemment le Rouhâni Khazâ’in. Mon grand-père avait dédié sa vie pour servir la communauté (il était un Wâqif-e-Zindagi). J’ai un jour demandé à ma grand-mère si elle l’était aussi. Elle a répondu que les Califes ont dit que les épouses des Wâqifîn-e-Zindagi le sont également. »

Aisha, sa belle-fille, qui est aussi sa nièce, dit : « Ma tante était très amicale et aimée de tous. Dans le serment de la Lajna, les femmes promettent de sacrifier leur vie, leur fortune, leur temps et leurs enfants, et elle était un exemple dans l’accomplissement de ce serment. Après mon mariage, elle m’a donné des conseils moraux sur de nombreux sujets. Elle m’a également enseigné la traduction mot à mot du Saint Coran. »

Zakiya, sa belle-fille et nièce, déclare : « Ma tante aidait les pauvres et était une femme exemplaire. Elle aimait tout le monde. Elle ne s’opposait jamais à ce que disait son mari. C’était une grande bienfaitrice qui était toujours prête à aider les gens. »

Sa sœur, Mme Naima Jamil, raconte : « Elle était gentille comme ma mère. Je suis devenue veuve à l’âge de 50 ans, mais Allah le Tout-Puissant me l’a envoyée sous la forme d’un ange. Elle m’a toujours aidée en toutes choses et m’a guidée. Elle était dévouée dans son culte de Dieu, mais elle également très respectueuse de ses devoirs envers l’humanité. Elle s’est pris la responsabilité du mariage de nombreuses jeunes femmes. Elle ne s’est jamais sentie supérieure à pauvre villageois. Elle soutenait financièrement de son mieux ses employés dans le besoin. »

Qu’Allah accorde Sa miséricorde et Son pardon à la défunte. Qu’il permette à ses enfants de perpétuer ses vertus.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

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