Sermons 2022

Batailles contre les faux-prophètes

Dans son sermon du 06 mai 2022, Sa Sainteté le Calife a mentionné la première des expéditions menée contre les rebelles au cours du Califat d'Abou Bakr.

Sermon du vendredi 06 mai 2022, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

Eu égard à l’envoi de certaines expéditions par Abou Bakr Al-Siddiq (r.a.), tel que je l’ai mentionné dans les sermons précédents, je vais présenter quelques détails afin que l’on puisse avoir une idée de la gravité de la situation à l’époque. Comme évoqué auparavant, il avait envoyé en tout onze expéditions. Voici les détails de la première de ces expéditions menées contre Toulayhah Ibn Khouwaylid, Malik Ibn Nouwayrah, Sajah Bint Al-Harith et Mousaylimah le Menteur, les rebelles, apostats et faux prophètes.

Abou Bakr Al-Siddiq a remis un drapeau à Khalid Ibn Al-Walîd et lui a ordonné d’aller combattre Toulayhah Ibn Khouwaylid. Ensuite, il devait partir combattre Malik Ibn Nouwayrah à Boutah. S’il insistait à se battre, Khalid devait le combattre. Boutah est le nom d’une source dans la région des Banou Asad. Selon un récit, Abou Bakr a nommé Thâbit Ibn Qays comme émir des Ansâr et l’a subordonné à Khalid Ibn Al-Walîd. Il a ordonné à Khalid de partir combattre Toulayhah et ‘Ouyaynah Ibn Hisn qui était campé tout près d’une source des Banou Asad à Bouzakha.

Lorsqu’Abou Bakr a confié le drapeau à Khalid Ibn Al-Walîd pour combattre les apostats, il a déclaré : « J’ai entendu le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) affirmer ceci : « Khalid Ibn Al-Walîd est un bon serviteur de Dieu. Il est notre frère et une des épées d’Allah contre les mécréants et les hypocrites. » »

Abou Bakr a envoyé Khalid Ibn Al-Walîd contre Toulayhah et ‘Ouyaynah. Voici une brève introduction de ces deux adversaires.

Toulayhah Al-Asadi était l’un des faux prophètes qui était apparu durant la dernière période de la vie du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Son nom était Toulayhah Ibn Khouwaylid Ibn Nawfal Ibn Nadla Al-Asadi. L’année de l’arrivée des délégations, c’est-à-dire en l’an 9 de l’Hégire, il se présenta au service du Messager d’Allah (s.a.w.) avec sa tribu, les Banou Asad. Quand il atteignit Médine, il salua le Messager d’Allah (paix soit sur lui) et se mit à fanfaronner : « Nous sommes à votre service. Nous témoignons qu’il n’y a d’autre divinité qu’Allah et que vous êtes le serviteur et le messager d’Allah ; et ce sans que vous n’ayez envoyé personne vers nous. » C’est ce qu’il a dit au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). « Et nous sommes suffisants pour ceux qui sont restés à l’arrière. »

Lorsqu’ils sont rentrés, Toulayhah a apostasié au cours de la vie même du Prophète (s.a.w.) et s’est proclamé prophète. Il a fait de Samira sa base militaire. La région de Samira est éponyme d’une personne de la tribu d’Ad. Elle est située à un jour de voyage à partir de Médine dans la direction de La Mecque. La région est entourée de montagnes noires, d’où le nom. En tout cas, quand Toulayhah s’est proclamé prophète, son peuple l’a soutenu. La première raison de l’égarement de sa tribu est un incident survenu lorsqu’il était en voyage avec celle-ci. Quand l’eau manqua et les gens avaient très soif, il a dit à ses partisans : « Prenez mon cheval, La’l : parcourez quelques kilomètres [dans telle direction] et vous trouverez de l’eau. » Ils ont suivi ses consignes et ont en effet obtenu de l’eau. Pour cette raison, les villageois ont été victimes de sa tromperie. Il avait dû découvrir au préalable que l’eau y était disponible et il les y a habilement envoyés. Les incultes ont été victimes de sa ruse.

Parmi ses inepties, il avait supprimé les prosternations de la Salât. C’est-à-dire [qu’il prétendait] qu’il n’y avait plus besoin de se prosterner durant la Salât. Par ailleurs, il était d’avis qu’il recevait des révélations du ciel et avait l’habitude de présenter comme révélation des phrases qui rimaient. Selon l’histoire, à l’époque de l’ignorance, les devins avaient l’habitude d’intimider les gens en leur présentant des phrases qui rimaient. Or, Toulayhah était également un devin. Toulayhah Al-Asadi s’est fourvoyé. Son problème s’est aggravé et sa force a augmenté. Lorsque le Messager d’Allah (s.a.w.) a été informé de son cas, il a envoyé Dirar Ibn Al-Azwar Al-Asadi pour le combattre. Mais il n’a pas été capable de le faire, car la force de Toulayhah avait augmenté, en particulier après que les tribus d’Asad et de Ghatafan, ses deux alliés, eurent cru en lui.

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est décédé et la question de Toulayhah n’a pas été réglée. Lorsqu’Abou Bakr a pris les rênes du Califat et qu’il a préparé une armée pour écraser les apostats rebelles et nommé des dirigeants [de l’armée], il a envoyé un contingent sous la direction de Khalid Ibn Al-Walîd contre Toulayhah Al-Asadi.

Ils n’étaient pas uniquement des apostats ou prétendants à la prophétie : ils ont également combattu les musulmans et tenté de leur faire du mal.

Qui était ‘Ouyaynah Ibn Hisn ? ‘Ouyaynah était le chef des Banou Fazarah lors de la bataille d’Al-Ahzab. Au cours de cette bataille, les trois armées des infidèles, ainsi que les Banou Qouraydhah, avaient l’intention de lancer une forte attaque contre Médine. L’un des chefs de l’armée était ‘Ouyaynah. Même après la défaite des infidèles dans la bataille d’Ahzab, il avait l’intention d’attaquer Médine ; mais le Messager d’Allah (s.a.w.) est sorti de la ville et a arrêté son attaque, le forçant à battre en retraite. Cette bataille s’appelait Dhi Qard. ‘Ouyaynah Ibn Hisn s’est converti à l’islam avant la conquête de La Mecque et y a participé. Il était musulman à l’occasion de la conquête de La Mecque. Il a également participé aux Ghazwât de Hounayn et de Taïf. Le Prophète (s.a.w.) l’a envoyé en l’an neuf de l’Hégire avec cinquante cavaliers pour soumettre les Banou Tamim, dont aucun n’était de parmi les Ansâr ou les Mouhajirîn. La raison de cette expédition était que les Banou Tamîm avaient empêché l’émissaire du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) de repartir avec l’aumône. Ensuite, à l’époque du Calife Abou Bakr, il s’est joint aux apostats et rebelles : il s’est lié à Toulayhah et lui a prêté allégeance. Mais par la suite, il est retourné dans le giron de l’islam.

Ces gens se battaient contre l’islam avant de devenir musulmans. Puis ils ont combattu les musulmans de nouveau. Lorsque les tribus d’Abs et de Zoubayn et leurs partisans se sont réunis à Bouzakha, Toulayhah a demandé aux Banou Jadila et Ghawth, deux branches de la tribu de Tayy, de venir le rejoindre immédiatement. Certains des membres de ces tribus se sont précipités vers lui et il a également ordonné à leur tribu de se joindre à eux. Ainsi, ils sont venus soutenir Toulayhah. Avant d’envoyer Khalid Ibn Al-Walîd de Dhou’l-Qassa, Abou Bakr a dit à ‘Adiyy : « Vas vers ta tribu (c’est-à-dire la tribu de Tayy) de peur qu’ils ne périssent. »

C’est-à-dire de peur qu’ils ne se battent contre les musulmans et ne périssent.

‘Adiyy a rejoint sa tribu ; il les a arrêtés à Zarba et Gharib et les a invités à l’islam et les a mis en garde. Zarba est le nom d’un lieu dans la région des Ghatafan ; et on dit aussi que c’est le nom de la source d’Ibn ‘Awf, [un membre] des Banou Mourra. En tout cas, Khalid est parti dans la suite d’Adi. Abou Bakr lui avait ordonné de commencer l’expédition du côté de la tribu Tayy, puis de se tourner vers Bouzakha et de là vers Bouta ; et lorsqu’ils auraient fini avec l’ennemi ils ne devaient pas bouger jusqu’à ce qu’ils eussent reçu de nouveaux ordres pour attaquer ailleurs. Abou Bakr a déclaré qu’il se rendait lui-même vers Khaybar. Il y avait la rumeur qu’Abou Bakr en personne se rendait à Khaybar et puis de là-bas il partirait rejoindre Khalid dans les environs de la montagne Salama. Selon un autre récit, Abou Bakr avait fait ce plan pour que, lorsque la nouvelle lui parviendrait, l’ennemi fût apeuré, pensant qu’il y avait encore une autre armée, même s’il avait [en réalité] envoyé toute l’armée avec Khalid.

Khalid est donc parti. De Bouzakha, il se tourna vers Aja’. Aja’et Salma sont deux montagnes. J’ai déjà mentionné Salma. Aja’se trouve sur le côté gauche de Samira. Selon un récit Aja’était une des montagnes appartenant aux Banou Tayy. En tout cas, Khalid a indiqué qu’il se rendait vers Khaybar et qu’il reviendrait ensuite de là pour lancer l’attaque contre la tribu de Tayy. Grâce à cette tactique, les gens de la tribu de Tayy ne se sont pas déplacés pour partir rejoindre Toulayhah.

‘Adiyy s’est rendu auprès de la tribu de Tayy et l’a invitée à l’islam. Mais les gens de la tribu de Tayy ont déclaré qu’ils n’obéiraient jamais à Abou Al-Fasîl. Abou Al-Fasîl faisait référence à Abou Bakr. Le Fasîl est le petit d’un chameau ou un veau qui a été séparé de sa mère ou sevré.

Étant donné que les mots « Bakr » et « Fasîl » signifient l’enfant du chameau, certaines personnes nommaient Abou Bakr « Abou Al-Fasîl » ou le père de l’enfant du chameau, par mépris et pour l’insulter. ‘Adiyy a dit : « Une armée s’avance vers vous et n’aura aucune pitié pour vous. La tuerie sera telle que personne n’aura la vie sauve. J’ai tenté de vous convaincre : l’affaire est entre vos mains, à présent. »

Selon un autre récit, il a également dit aux gens de sa tribu : « Par la suite, vous vous souviendrez d’Abou Bakr par le nom de « Al-Fahl Al-Akbar ». » Le Fahl est le mâle de chaque animal. C’est-à-dire : vous le méprisez et vous vous moquez de lui en disant de lui « le petit d’un chameau ». Mais vous serez obligés de le nommer un chameau mâle fort.

Les gens de la tribu de Tayy lui ont dit : « En ce cas, vas à la rencontre de cette armée et empêche-la de nous attaquer jusqu’à ce que nous ayons rappelé nos compatriotes qui sont à Bouzakha. Nous craignons que si nous nous opposons à Toulayhah tandis que certains des nôtres sont sous son contrôle, il les tuera tous ou les prendra en otage. »

On disait de Toulayhah qu’il ne relâchait jamais ses adversaires. Les gens de la tribu de Tayy disaient donc qu’étant donné que certains des leurs étaient dans les rangs de Toulayhah, si ce dernier devait apprendre que les Banou Tayy étaient devenu musulmans, il les tuerait.

‘Adiyy a reçu Khalid à Sounah, un endroit à la périphérie de Médine. ‘Adiyy a déclaré : « Khalid ! Donne-moi trois jours. Cinq cents guerriers te rejoindront, avec lesquels tu attaqueras l’ennemi. Cela vaut mieux que de les envoyer dans le feu de l’enfer. » C’est-à-dire que les gens de la tribu de Tayy viendront se joindre à tes rangs et se battront avec toi.

Khalid a accepté sa proposition. Avant qu’Adiyy n’ait rejoint sa tribu, celle-ci avait envoyé des hommes à Bouzakha pour rappeler ceux des leurs. Les gens de la tribu ont envoyé un message à leurs hommes dans l’armée de Toulayhah pour qu’ils reviennent immédiatement, parce que les musulmans avaient l’intention d’attaquer la tribu de Tayy avant d’attaquer l’armée de Toulayhah. Ce stratagème a fonctionné. Ils sont donc retournés vers leur tribu pour les aider. S’il n’en avait pas été ainsi, Toulayhah et ses compagnons ne les auraient pas laissés en vie. Ensuite, ‘Adiyy est revenu et a informé Khalid de la conversion de sa tribu à l’islam.

Un écrivain a noté que c’est une grande réussite d’Adiyy d’avoir invité son peuple à rejoindre l’armée islamique. L’adhésion des Banou Tayy à l’armée de Khalid a été la première défaite de l’ennemi, car la tribu de Tayy était l’une des plus puissantes de la péninsule arabique. D’autres tribus les appréciaient, faisaient confiance à leur force et leur pouvoir et les craignaient. Cette tribu était respectée et dominait dans sa région. Les tribus voisines tentaient de s’allier à elle. Khalid est parti de là vers Ansour avec l’intention de combattre la tribu de Jadilah. Ansour était aussi le nom d’une source de la tribu de Tayy et une population y vivait autour. ‘Adiyy lui a dit que la tribu de Tayy ressemble à un oiseau et que la tribu de Jadilah est l’une des deux ailes de la tribu de Tayy. « Donne-moi quelques jours de répit ; peut-être qu’Allah ramènera la tribu de Jadilah sur le droit chemin. » À savoir, qu’ils se réformeront sans qu’il n’y ait de bataille, tout comme il avait fait sortir les Ghawth, la deuxième branche de la tribu de Tayy, hors de la voie de l’égarement. Khalid a suivi son conseil. ‘Adiyy est parti voir la tribu de Jadilah. ‘Adiyy n’a cessé de parlementer avec eux jusqu’à ce qu’ils aient juré allégeance à ‘Adiyy ; et celui-ci a annoncé la bonne nouvelle de leur conversion à l’islam à Khalid. Ils se sont joints aux musulmans avec mille cavaliers de la tribu.

Après la conversion de la tribu de Tayy à l’islam, Khalid Ibn Al-Walîd est parti combattre Toulayhah Al-Asadi. Lorsque Khalid Ibn Al-Walîd s’est approché de l’ennemi, il a envoyé en éclaireurs Oukachah Ibn Al-Mihsan et Thâbit Ibn Akram pour s’informer à propos de l’ennemi. Lorsqu’ils se sont approchés de l’ennemi, Toulayhah et son frère Salama sont sortis pour s’informer de la situation. Salama n’a pas donné de répit à Thâbit et l’a tué. Lorsque Toulayhah a constaté que son frère avait terminé son combat, il lui a demandé de l’aider pour combattre Oukachah Ibn Al-Mihsan : « Viens m’aider, sinon il me tuera », lui a-t-il dit. Ensemble, ils ont attaqué Oukachah et l’ont également tué avant de retourner chez eux.

Selon un récit, Khalid a envoyé Oukachah et Thâbit Al-Ansari pour s’informer de l’ennemi. Habal, le frère de Toulayhah, les a rencontrés et ils l’ont tous deux tué. Allah sait dans quelle mesure cela est vrai : peut-être qu’il a eu l’intention de les combattre et c’est ainsi qu’ils se sont battus et Habal a été tué. En tout cas, Oukachah et Thâbit Ibn Akram étaient partis en éclaireurs : ils n’étaient pas partis se battre. Lorsque Toulayhah a reçu la nouvelle, lui et son frère Salama sont sortis. Toulayhah a tué Oukachah et son frère a tué Thâbit : puis tous deux sont revenus. Khalid a continué avec son armée jusqu’à ce qu’il atteigne l’endroit où Thâbit gisait mort. Mais personne n’a été au courant de cela jusqu’à ce qu’un cavalier ait marché sur lui. Les musulmans en ont été forts peinés.

Quand ils ont regardé attentivement, ils ont découvert qu’Oukachah Ibn Al-Mihsan était également tombé en martyr. Les musulmans en ont été davantage tristes et ont déclaré que deux grands chefs et cavaliers musulmans sont tombés en martyrs. Voyant cette situation, Khalid a commencé à organiser l’armée pour la bataille ; et il est retourné vers la tribu de Tayy. Selon un récit, ‘Adiyy Ibn Hatim a déclaré : « J’ai envoyé un message à Khalid Ibn Al-Walîd lui demandant de venir me voir et de rester quelques jours. J’envoie des hommes dans toutes les tribus de Tayy et rassemble pour vous beaucoup plus de troupes que les musulmans qui sont avec vous. Ensuite, je vous accompagnerai contre votre ennemi. Venez donc vers moi. »

Selon un récit, Khalid a campé à Ouraq dans la région de Salma. Mais selon un autre récit, il avait campé à Aja’. De là, Khalid a rassemblé son armée pour la bataille contre Toulayhah. Ils se sont affrontés à Bouzakha.

Lorsque la bataille a commencé, ‘Ouyaynah et 700 hommes de Banou Fazarah se sont battus avec acharnement en compagnie de Toulayhah. ‘Ouyaynah et Toulayhah ont uni leurs forces et se sont battus contre les musulmans. Toulayhah était assis dans sa tente en laine recouverte d’un manteau. Il se posait en prophète : c’est pour cette raison qu’il était assis dans la tente et présentait des nouvelles de l’invisible. Il avait l’habitude de dire : « Combattez, vous autres. Je vais vous dire ici quel sera le résultat. » Il était donc dans sa tente pendant que les gens se battaient. Quand ‘Ouyaynah a souffert durant la bataille et a subi de grandes pertes, il est allé voir Toulayhah et lui a demandé : « L’ange Gabriel ne t’a-t-il pas encore visité ? » Nous souffrons dans les combats et tu clames que tu reçois des révélations et que Gabriel t’informera de ce qui va se passer. Quel sera donc le résultat ? L’ange Gabriel n’est-il pas venu ? » Il a dit : « Non. » ‘Ouyaynah est retourné pour reprendre la bataille. Quand l’intensité de la bataille l’a inquiété, il est revenu voir Toulayhah et a dit : « Malheur à toi ! Gabriel ne s’est-il pas encore manifesté ? » Il répondu : « Non ! » « Par Allah ! » ‘Ouyaynah a-t-il juré, « quand viendra-t-il ? Nous sommes sur le point de périr ! » Il est retourné sur le champ de bataille et a commencé à se battre. Quand il a échoué de nouveau, il est retourné auprès de Toulayhah et a demandé si Gabriel n’était pas encore venu. Cette fois, Toulayhah a répondu : « Oui, il est venu. » ‘Ouyaynah a demandé : « Qu’a-t-il dit ? » Toulayhah a répondu : « Il m’a dit qu’il y a une meule pour vous comme il y a une meule pour les musulmans. Il y aura un événement que vous ne pourrez jamais changer. » ‘Ouyaynah s’est dit en son cœur qu’Allah sait que bientôt il y aura des événements que tu ne pourras pas changer. Puis il est retourné vers sa tribu et leur dit : « Ô Banou Fazarah ! Par Dieu ! Toulayhah est un menteur ! Abandonnez la bataille. » Sur ce, tous les Banou Fazarah ont abandonné la bataille. Quand les autres ont été vaincus, ils ont pris la fuite et, se rassemblant autour de Toulayhah, ils lui ont demandé ses instructions.

Or, plus tôt, Toulayhah avait préparé un cheval pour lui-même et un chameau pour sa femme Nawar. Il s’est levé et a sauté sur son cheval ; et il a fait monter sa femme. Puis il s’est enfui avec elle en disant à ses compagnons : « Celui d’entre vous qui en a les moyens, qu’il fasse comme moi ! Protégez votre famille ! Fuyez du champ de bataille ! »

Puis Toulayhah a pris le chemin de Houchiya jusqu’au soir. Son armée a été dispersée et Allah a fait mourir beaucoup d’entre eux. Selon un récit, Toulayhah s’est rendu à Naq’ah chez les Banou Kalb. Là-bas, il a embrassé l’islam. Naq’ah est un lieu près de La Mecque, dans les environs de Taïf. Et on dit aussi qu’il est resté chez les Banou Kalb jusqu’à la mort d’Abou Bakr.

Les Banou ‘Amir étaient tout près de lui avec leurs élites et gens ordinaires, ainsi que les tribus de Soulaym et de Hawazin. Par la suite, quand Allah a vaincu les Banou Fazarah et Toulayhah, ces tribus sont venues en disant : « Nous retournons dans cette religion que nous avions abandonnée. »

Ces tribus se sont reconverties à l’islam de leur propre chef.

Ils ont déclaré : « Nous croyons en Allah et en Son Messager et acceptons le jugement d’Allah et de Son Messager concernant nos vies et nos biens. »

Selon le recueil d’histoire d’Al-Tabari, les Banou ‘Amir sont venus après la défaite du peuple de Bouzakha et ont déclaré : « Nous entrons dans la religion que nous avions abandonnée. » Khalid a accepté leur allégeance sur les mêmes conditions qu’il avait prises des gens de Bouzakha, c’est-à-dire les tribus d’Asad, de Ghatafan et de Tayy. Tous ont accepté l’islam sur la condition d’obéir [au Calife].

Voici les mots de cet engagement : « Vous vous engagez auprès d’Allah que vous croirez sûrement en Lui et en Son messager et accomplirez la Salât et payerez la Zakât. Et vous encouragerez vos fils et vos femmes d’en faire de même. » Ils ont répondu à l’affirmative.

Khalid n’a pas accepté le serment d’allégeance des tribus d’Asad, de Ghatafan, de Hawazin, de Soulaym et de Tayy tant qu’ils n’avaient pas confié aux musulmans ceux d’entre eux qui, en état d’apostasie, avaient brûlé vif les musulmans, les avaient mutilés et les avaient attaqués.

Khalid a accepté leur allégeance à la condition de lui livrer ceux qui avaient fait du mal aux musulmans, les avaient tués, avaient incendié leurs maisons, les avaient brûlés et mutilés. Il a dit : « Remettez-nous ces gens-là et j’accepterai votre allégeance. » Tous ces coupables doivent être présentés. Toutes les tribus ont remis ces individus à Khalid et celui-ci a alors accepté leur serment d’allégeance.

Il a ensuite fait amputer les membres de ceux qui avaient opprimé les musulmans et les a jetés dans le feu. Comme je l’avais dit dans les précédents sermons, en guise de représailles, il leur a infligé les mêmes tourments qu’ils avaient fait subir aux musulmans.

On trouve mention d’une lettre de Khalid Ibn Al-Walîd envoyée au Calife Abou Bakr. Khalid Ibn Al-Walîd a ligoté Qourrah Ibn Houwayrah et certains de ses compagnons et les a envoyés avec d’autres prisonniers au Calife Abou Bakr (r.a.). Il lui a écrit ceci : « Les Banou ‘Amir sont revenus à l’islam après avoir apostasié. Je n’ai accepté l’allégeance d’aucune des tribus que j’ai combattues ou réconciliées sans combat jusqu’à ce qu’ils m’aient apporté ceux qui avaient commis des atrocités contre les musulmans. Je les ai tués. Je vous envoie Qourrah et ses compagnons. »

Abou Bakr a également écrit une lettre à Khalid. Nâfi’rapporte qu’Abou Bakr a répondu à la lettre de Khalid en ces termes : « Qu’Allah te récompense pour tout ce que tu as entrepris et tout succès que tu as remporté. Crains Allah dans tout ce que tu entreprends. Allah est avec les Mouttaqis et ceux qui font le bien. Evertues-toi dans l’œuvre d’Allah et ne soit pas complaisant. Si tu attrapes quelqu’un ayant tué un musulman, tu dois le tuer de manière à en faire un exemple pour les autres. Ceux qui ont désobéi à l’ordre de Dieu et qui sont ennemis de l’islam peuvent être tués si cela est avantageux à l’islam. »

Khalid est resté à Bouzakha pendant un mois : il s’est mis à la recherche de ces individus et les a arrêtés. Selon les instructions d’Abou Bakr Al-Siddiq, ces individus ont subi des châtiments sévères.

Le recueil d’histoire d’Al-Tabari évoque la venue à Médine de Qourrah Ibn Houwayrah et ‘Ouyaynah Ibn Hisn après avoir été emprisonnés. Khalid a résolu le problème des Banou Amir et a accepté leur allégeance : il a envoyé Qourrah Ibn Houwayrah et ‘Ouyaynah Ibn Hisn comme prisonniers. Quand ils se sont présentés à Abou Bakr, Qourrah a déclaré : « Ô Calife du Prophète ! Je suis un musulman. ‘Amr Ibn Al-‘Âs est un témoin de ma conversion à l’islam. Lorsqu’il est venu me voir pendant son voyage, je l’ai accueilli comme mon invité ; je l’ai respecté et protégé. »

Abou Bakr a appelé ‘Amr Ibn Al-‘Âs et lui a demandé sa confirmation. ‘Amr a raconté tout l’incident et ce que Qourrah avait dit. Mais quand il a commencé à relater ses propos sur la Zakât, Qourrah a déclaré : « Arrête et ne dis pas davantage ! » ‘Amr a déclaré : « Puisse Allah t’accorder Sa miséricorde. Ce n’est pas possible. Je vais raconter toute l’histoire à Abou Bakr. » Il a relaté toute la conversation : Qourrah avait dit plus tôt que si on ne prélevait plus la Zakât, les Arabes seraient prêts à obéir. C’est-à-dire qu’on ne doit plus prélever la Zakât. Sur ce, ‘Amr a répondu : « C’est comme si tu es devenu un mécréant. » Qourrah a déclaré : « Si vous fixez un délai pour exiger la Zakât, nous déciderons ensemble si nous souhaitons y contribuer ou pas. »

Abou Bakr lui a pardonné cela, en dépit de ces faits, et lui a laissé la vie sauve.

‘Ouyaynah Ibn Hisn est venu à Médine avec les deux mains attachées autour du cou. Les garçons de Médine le tourmentaient avec des branches de palmier et disaient : « Ô ennemi d’Allah ! Es-tu devenu mécréant après avoir cru ? »

Il a déclaré : « Par Dieu ! Je n’ai jamais cru en Allah ! » Abou Bakr lui a pardonné et l’a laissé en vie.

Un autre écrivain écrit qu’Ouyaynah a été présenté à Abou Bakr, le Calife du Prophète (s.a.w.). Il a trouvé un moyen, qu’il ne pouvait imaginer, de se faire pardonner par Abou Bakr. Abou Bakr (r.a.) a ordonné qu’on le délie et lui a demandé de se repentir. ‘Ouyaynah s’est repenti sincèrement et a avoué ses erreurs ; il s’est excusé et s’est converti à l’islam. Puis, il est demeuré fermement attaché à l’islam.

Le faux prophète et rebelle, Toulayhah Al-Asadi, s’était également converti à l’islam. On dit que Toulayhah s’est converti à l’islam lorsqu’il a appris que les tribus d’Asad et de Ghatafan ainsi que les Banou ‘Amir étaient devenues musulmanes. Ensuite, il est parti pour La Mecque pour effectuer la ‘Oumrah au cours de l’émirat d’Abou Bakr. Lorsqu’il passait dans les environs de Médine, on l’a présenté à Abou Bakr. Celui a déclaré : « Que puis-je faire pour lui ? Laissez-le tranquille. Allah l’a sûrement guidé vers l’islam. »

Toulayhah s’est rendu à La Mecque et a effectué la ‘Oumrah.

Par la suite, il a prêté allégeance au Calife ‘Oumar après son élection. Le Calife ‘Oumar (r.a.) lui a dit : « Tu es le meurtrier d’Oukachah et de Thâbit. Par Dieu ! Je ne t’aimerai jamais ! » Toulayhah a déclaré : « Ô Emir des Croyants ! Pourquoi s’attrister de la mort de ces deux personnes qu’Allah a honorées par mon entremise grâce au martyre et ne m’a pas humilié à travers eux. » Autrement dit, je n’ai pas été humilié et ne suis pas mort suite à leur attaque. « Sinon j’aurai fini en enfer. Aujourd’hui je suis récipiendaire de la grâce d’Allah en acceptant l’islam. »

‘Oumar a accepté son allégeance et a dit : « Ô trompeur, que reste-t-il de tes divinations ? » Comme il était un devin, il lui a demandé s’il pratiquait toujours la divination. Il a répondu : « De temps à autre. » Ensuite il est retourné là où campait sa tribu et y est resté.

Toulayhah a joué un rôle important durant les guerres en Irak contre les Iraniens. Après être devenu musulman, il s’est battu vaillamment dans les guerres d’Irak et il est tombé en martyr dans la bataille de Nahawand en l’an 21 de l’Hégire.

Khalid Ibn Al-Walîd s’est dirigé vers la zone de Zafar pour avancer vers Oumm Zimal Salma bint Oumm Qirfah. Le nom d’Oumm Zimal était Salma bint Malik Ibn Houdhayfah et elle ressemblait à sa mère, Oumm Qirfah bint Rabi’ah. Elle jouissait d’honneur et de renommée à l’instar de sa mère ; et elle possédait un chameau d’Oumm Qirfah.

Voici les détails au sujet d’Oumm Qirfah. Son nom d’origine était Fatima bint Rabi’ah et elle était la dirigeante des Banou Fazarah. Elle était proverbiale pour sa force et ses mesures de sécurité. Cinquante épées étaient accrochées dans sa maison à tout moment, et cinquante hommes armés d’épées étaient de garde. Tous étaient ses fils et petits-fils. L’un de ses fils s’appelait Qirfah, d’où son surnom « Oumm Qirfah » tandis que son nom d’origine était [, rappelons-le], Fatima bint Rabi’ah. Sa maison était située dans un coin de la vallée d’Al-Qoura, qui était à sept nuits de voyage de Médine.

Une expédition a été menée contre Oumm Qirfah en l’an 6 de l’Hégire. L’une des raisons était qu’elle avait conspiré pour attaquer Médine et assassiner le Saint Prophète. Un auteur écrit qu’une fois, elle a préparé un détachement de trente de ses fils et petits-fils et leur a ordonné d’envahir Médine et de tuer le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). C’est [principalement] pour cette raison que les musulmans sont partis punir cette fauteuse de troubles.

La deuxième raison était que Zayd Ibn Haritha est parti pour la Syrie à des fins commerciales. Il disposait des marchandises d’autres Compagnons. Lorsqu’ils ont atteint la vallée d’Al-Qoura, plusieurs hommes de la branche Banou Badr de la tribu de Fazarah ont lancé une attaque et ont sévèrement battu Zayd et ses compagnons avant de saisir tous leurs biens. Ces compagnons sont revenus et ont rapporté l’incident au Prophète. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a envoyé une armée avec eux pour punir les pillards.

L’histoire d’Oumm Zimal Salma, fille d’Oumm Qirfa, est comme suit.

Les tribus de Ghatafan, Tayy, Soulaym et Hawazin avaient étaient vaincues par Khalid Ibn Al-Walîd à Bouzakha. Ils ont pris la fuite pour se réfugier auprès d’Oumm Zimal Salma et ont promis qu’ils combattront les musulmans à ses côtés même au prix de leur vie en combattant les musulmans et ne reculeront pas. La tribu vaincue de Ghatafan s’est rassemblée à Zafar, un lieu situé sur le chemin entre Bassorah et Médine. Il s’y trouve un puits, tout près de Hawab. Hawab est aussi un endroit sur le chemin de Médine à Bassorah où il y a un puits. Là-bas, Oumm Zimal Salma les a enflammés en raison de leur défaite et leur a ordonné de mener la guerre. Elle a elle-même fait le tour de différentes tribus et les a incitées à combattre Khalid, jusqu’à ce qu’elles se rassemblent autour d’elle, prêtes à livrer bataille.

Elle a donc provoqué une guerre contre les musulmans ; et les tribus qui s’étaient éparpillées çà et là se sont réunies autour d’elle.

Plus tôt, au cours du vécu d’Oumm Qirfa, Oumm Zimal Salma avait été emprisonnée et avait rencontré ‘Aïcha. Celle-ci l’avait libérée. Elle est restée quelque temps auprès d’elle et ensuite est retourné dans sa tribu. Elle a apostasié au retour.

Lorsque Khalid en a été informé, il était occupé avec l’arrestation de criminels, le paiement de la Zakât, l’invitation vers l’islam et l’apaisement de différentes tribus. Khalid s’est préparé à livrer bataille contre Oumm Zimal Salma, dont la puissance avait pris de l’ampleur et dont la menace s’était aggravée.

Khalid s’est avancé pour la combattre avec ses légions. Une bataille féroce a eu lieu. Oumm Zimal, chevauchant le chameau de sa mère, attisait l’armée avec ses discours provocateurs. Les apostats combattaient avec grande bravoure. Le chameau d’Oumm Zimal était entouré de cent chameaux sur lesquels étaient montés de grands guerriers qui la protégeaient avec soin. La cavalerie musulmane a tenté à grand frais d’atteindre Oumm Zimal mais elle a été repoussée par ses gardes du corps. Après avoir tué une centaine d’hommes, les musulmans se sont finalement rapprochés du chameau d’Oumm Zimal. Ils ont coupé les jarrets du chameau et ont tué Oumm Zimal. Lorsque ses camarades ont vu son chameau tomber et l’ont vue être tuée, ils ont perdu leur courage et ont fui le champ de bataille, affolés. Ainsi, les feux de la sédition se sont calmés et l’apostasie et la rébellion dans la partie nord-est de la péninsule arabique ont pris fin. Khalid a envoyé la bonne nouvelle de cette victoire à Abou Bakr.

Si Dieu le souhaite, je présenterai d’autres récits sur Abou Bakr (ra) à l’avenir. Je termine ce sujet ici pour aujourd’hui.

Je souhaite mentionner deux membres [de la Jama’at] décédés, et dirigerai leurs prières funéraires après la prière du vendredi. La première défunte se nomme Sabirah Begum, épouse de Rafiq Ahmad Butt Sahib de Sialkot. Elle est décédée quelques jours de cela. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Par la grâce d’Allah elle était une Moussia. Son fils a écrit à son sujet qu’elle était régulière dans ses prières quotidiennes et notamment la prière de Tahajjoud. Elle était dévouée et hospitalière. Elle s’occupait des pauvres et était une femme pieuse. Elle avait un lien profond d’amour et de dévotion avec le Califat. Elle écoutait régulièrement les sermons avec grande attention. Elle avait beaucoup d’estime pour les Wâqifîn-e-Zindagi de la Jama’at.

Son fils, Naseem Butt Sahib, est missionnaire à Kaduna, au Nigeria. Étant donné qu’il est à pied d’œuvre, il n’a pas pu assister aux prières funéraires et à l’enterrement de sa mère. Pour cette raison, je vais diriger ses prières funéraires. Toute sa famille, y compris son mari, ses fils et ses petits-enfants sont très actifs dans leurs services en faveur de la Jama’at.

La deuxième prière funéraire sera celle de Mme Surayya Rashid. Elle était l’épouse de Rashid Ahmad Bajwah Sahib. Elle est décédée le 20 avril au Canada. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Elle était elle aussi une femme très pieuse et vertueuse ; très dévouée, elle s’occupait des pauvres. Elle était hospitalière et amicale. Pendant une longue période, elle a eu l’opportunité de servir en tant que Sadr Lajna local. Elle a également eu l’occasion d’enseigner la récitation du Saint Coran à de nombreux enfants. Pour l’éducation et la formation morale de ses enfants, elle a vendu tous ses biens et a construit une maison à Rabwah. Peut-être qu’elle n’a pas construit de maison, mais elle a en tout cas déménagé à Rabwah. Elle était une Moussia. Son fils, Safir Bajwa Sahib, est également un missionnaire servant à Rabwah, qui n’a pas pu, lui non plus, assister à sa prière funéraire. Par ailleurs, une de ses filles est l’épouse d’un missionnaire. Qu’Allah accorde Son pardon et Sa miséricorde aux défuntes, et qu’Il permette à leurs enfants et descendants de perpétuer leurs bonnes œuvres.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

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