Sermons 2022

Abou Bakr, premier Calife de l’Islam

Dans son sermon du 04 mars 2022, Sa Sainteté le Calife a présenté les évènements conduisant à l'élection d'Abou Bakr (r.a) comme premier calife de l'Islam.

Sermon du vendredi 04 mars 2022, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

Le recueil d’histoire d’Al-Tabari relate ceci au sujet du débat autour de l’élection d’Abou Bakr Al-Siddiq (r.a.) : « À cette occasion, Al-Houbab Ibn Al-Moundhir s’est mis debout et a déclaré : « Ô groupe d’Ansâr ! Gardez la prérogative décisionnelle, car en ce moment-même ces personnes (c.-à-d. les Mouhajirîn) sont sous votre ombre. Personne n’osera vous défier, et les gens n’iront pas à l’encontre de votre opinion. Vous êtes respectés, riches, nombreux ; vous êtes des guerriers forts, dignes, expérimentés, braves et courageux. Les gens scrutent vos faits et gestes. Ne soyez pas en désaccord, sinon votre opinion créera le désordre parmi vous, et la situation se retournera contre vous. Si ces gens (c.-à-d. les Qouraychites Mouhajirîn) refusent ce que je viens de dire, il y aura dans ce cas un émir de parmi-eux et un de parmi nous. » Sur ce, ‘Oumar (r.a.) a déclaré : « Cela est impossible ! Deux épées ne peuvent être réunies en un seul fourreau. Par Allah, les Arabes n’accepteront jamais de prendre un Emir parmi vous, tandis que leur Prophète faisait partie d’une tribu qui vous est étrangère. Par contre, il ne sera pas impossible pour les Arabes d’accepter que leur sort ait été mis entre les mains de personnes au sein desquelles se trouvait le Prophète, et que leur émir soit choisi parmi elles. De ce fait, si parmi les Arabes, quelqu’un refuse de l’accepter, nous pourrons lui présenter une preuve claire et un droit établi. Qui pourra nous défier vis-à-vis de la gouvernance de Muhammad (s.a.w.) et de son émirat ? Nous faisons partie des amis et de la famille du Prophète (s.a.w). Nul ne défiera cette proposition, excepté un imbécile, un pécheur ou une personne qui veut se détruire. »

Al-Houbab Ibn Al-Moundhir a déclaré : « Ô groupe d’Ansâr ! Réglez cette question vous-même, et n’écoutez pas cette personne et ses compagnons ! Ils exproprient votre part ; et s’ils n’acceptent pas notre proposition, expulsez-les de vos quartiers et prenez les rênes de toutes les affaires, car, par Dieu, vous méritez le plus cet émirat, et vous en êtes les plus dignes ! Vos épées ont rendu tous les peuples obéissants à cette religion, ceux qui ne pouvaient y être assujettis autrement. Je prends la responsabilité de régler ce processus, car j’en ai une grande expérience, et je suis qualifié pour cela. Par Dieu ! Si vous le souhaitez je pourrai rectifier et régler cette affaire. » ‘Oumar (r.a.) a répondu : « Si tu agis ainsi, Allah t’anéantira. » Al-Houbab a répondu : « C’est toi qui sera tué ! » C’est alors qu’Abou ‘Oubaydah (r.a.) a déclaré : « Ô groupe d’Ansâr ! Vous êtes ceux qui étaient les premiers à soutenir et à aider la religion. Ne soyez pas à présent les premiers à la corrompre et à la changer. » Bachir Ibn Sa’d (r.a.) a alors déclaré : « Ô groupe d’Ansâr, nous avons eu l’honneur de faire le djihad contre les idolâtres et de servir l’islam à son début. Notre unique objectif était de faire plaisir à notre Seigneur et d’obéir à notre Prophète (s.a.w.). Ce n’est pas juste d’affirmer notre supériorité sur les autres, et nous ne souhaitons pas à travers cela tirer un quelconque bénéfice mondain. Nous bénéficions déjà de la faveur divine. Ecoutez ! Certes Muhammad (s.a.w) faisait partie des Qouraychites ; de ce fait son peuple mérite davantage cet émirat et en est plus digne. Par Dieu ! Je ne vais jamais m’opposer à eux à ce propos. Craignez Allah ! Ne vous opposez pas à eux, et ne vous disputez pas avec eux au sujet de cette affaire. »

Le discours d’Oumar (r.a.) est rapporté dans Al-Sounan Al-Koubra d’Al-Nasai : « Lorsqu’à la Saqifah des Banou Sa’idah, les Ansâr ont proposé qu’un émir soit nommé de parmi eux et un autre de parmi les autres, ‘Oumar (r.a.) a déclaré, comme mentionné précédemment : « Deux épées ne peuvent être réunies en un seul fourreau. Elles ne pourront s’y tenir. » ‘Oumar (r.a.) a pris la main d’Abou Bakr (r.a.) et a déclaré : « Qui possède ces trois qualités ?

إِذْ يَقُولُ لِصَاحِبِهِ لَا تَحْزَنْ إِنَّ اللَّهَ مَعَنَا

C’est-à-dire lorsque le Saint Prophète (s.a.w.) disait à son compagnon : Ne sois pas triste, Allah est avec nous. Qui était ce compagnon ? »

Ensuite il a ajouté :

إِذْ هُمَا فِي الْغَارِ

C’est-à-dire : Lorsque les deux se trouvaient dans la grotte. Qui était ces deux personnes ? » Ensuite ‘Oumar (r.a.) a ajouté :

لَا تَحْزَنْ إِنَّ اللَّهَ مَعَنَا

C’est-à-dire : « Ne sois pas triste ! Allah est avec nous ! » Qui était cette personne qui accompagnait le Saint Prophète (s.a.w.) ? N’était-ce pas Abou Bakr (r.a.) ? » Ayant mentionné cela, ‘Oumar (r.a.) a fait la bai’ah d’Abou Bakr (r.a.), et a invité les autres à en faire de même. Ainsi, les gens ont également fait sa bai’ah. Après ‘Oumar (r.a.), Abou ‘Oubaydah Ibn Al-Jarrah (r.a.) et Bachir Ibn Sa’d (r.a.) ont fait la bai’ah, et ainsi tous les Ansâr ont eux aussi fait la bai’ah d’Abou Bakr (r.a.). Cette bai’ah est célèbre dans la littérature islamique sous le nom de Bai’at Al-Saqifah et Al-Bai’at Al-Khâssah. Selon certaines narrations, Sa’d Ibn ‘Oubada (r.a.) n’avait pas fait la bai’ah d’Abou Bakr (r.a.), tandis que selon d’autres narrations il est rapporté qu’il l’avait faite avec les autres Ansâr. Il est écrit dans le recueil d’histoire Al-Tabari : « Tout le peuple avait fait la bai’ah à tour de rôle, ainsi que Sa’d (r.a.). »

Evoquant le Califat après le Saint Prophète (s.a.w.), Hazrat Mousleh Maw’oud (r.a.) déclare :

« Voyez, le Califat a fait suite au Saint Prophète (s.a.w.), et il a été sublime. Après son décès, Abou Bakr (r.a.) a été nommé Calife. À cette occasion, les Ansâr souhaitaient qu’il y ait un Calife de parmi eux, et qu’un autre soit nommé parmi les Mouhajirîn. En entendant cela, Abou Bakr (r.a.), ‘Oumar (r.a.) et d’autres compagnons se sont aussitôt rendus à l’endroit où les Ansâr s’étaient réunis, et leur ont dit que l’idée d’avoir plusieurs Calife était mauvaise, que l’islam ne pouvait prospérer dans la division et qu’il ne fallait donc qu’un seul Calife. S’ils créaient une division cela les diviserait et les déshonorerait ; et les Arabes les détruiraient. Il valait mieux abandonner cette idée.

Certains Ansâr ont commencé à répondre, en présentant des arguments. ‘Oumar (r.a.) a déclaré : « J’ai pensé que comme Abou Bakr (r.a.) ne sait pas s’exprimer, je vais faire un discours devant les Ansâr ; mais lorsqu’Abou Bakr (r.a.) a fait son discours, il a mentionné tous les points que j’avais en tête, et en a présenté même de nombreux autres. » Il ajoute : « En voyant cela, je me suis dit : « Aujourd’hui, ce vieil homme m’a dépassé. » » Allah a répandu une telle grâce que certains des Ansâr se sont levé d’eux-mêmes et ont déclaré que tout ce qu’Abou Bakr (r.a.) a mentionné est vrai : les Arabes n’obéiront en effet à personne d’autre qu’un Mecquois. Ensuite, un Ansâri tout ému a déclaré : « Ô mon peuple ! Allah l’Exalté a envoyé un des messagers dans ce pays que des membres de sa propre famille avaient expulsé de leur ville ; nous lui avions donné refuge dans nos maisons, et en échange, Dieu nous a honorés. Nous étions des Médinois inconnus et méprisés. Mais grâce à ce Prophète nous sommes respectés et célèbres. Il faut que nous nous contentions de ce qui nous a honorés et évitions la convoitise, sinon nous risquons d’être en perte. »

A ce moment, Abou Bakr (r.a.) a dit : « Il est important d’établir un Califat. Vous pouvez élire comme Calife qui vous voulez, je n’ai aucun désir d’être Calife. » Il a ajouté : « Voici Abou ‘Oubaydah Ibn Al-Jarrah, à qui le Saint Prophète (s.a.w.) avait accordé le titre d’Amîn Al-Oummah : faites sa bai’ah. Sinon il y a ‘Oumar (r.a.) qui est une épée dégainée pour l’islam, faites sa bai’ah. » ‘Oumar (r.a.) de répondre : « Abou Bakr (r.a.), arrêtez de parler, avancez votre main et prenez notre bai’ah. » Allah a insufflé le courage en Abou Bakr (r.a.), et il a accepté la bai’ah. »

Voici d’autres détails au sujet de la bai’ah générale à la Saqifah des Banou Sa’idah : « Le Saint Prophète (s.a.w.) est décédé un lundi ; les gens ont participé à la bai’ah d’Abou Bakr (r.a.) à la Saqifah des Banou Sa’idah. La bai’ah générale a eu lieu le reste de la journée du lundi et le mardi matin. Anas Ibn Malik (r.a.) a rapporté : « Lorsque la bai’ah a eu lieu à la Saqifah des Banou Sa’idah, le lendemain, alors qu’Abou Bakr Al-Siddiq (r.a.) était assis, ‘Oumar (r.a.) s’est mis debout et a fait un discours avant Abou Bakr (r.a.). Il a fait les louanges d’Allah, et a déclaré : « Ô gens ! Je vous avais dit quelque chose (c.-à-d. que le Saint Prophète (s.a.w.) n’était pas décédé). Je n’ai vu ce sujet mentionné nul part dans le livre d’Allah, ni le Saint Prophète (s.a.w.) ne m’avait-il annoncé cela. Mais je pensais que le Saint Prophète (s.a.w.) trancherait certainement sur ce point pour nous. »

Le rapporteur a relaté : « ‘Oumar (r.a.) a déclaré : « Nous pensions que nous décéderions en premier, et que le Saint Prophète (s.a.w.) serait le dernier à être en vie de parmi nous. Sans aucun doute, Allah l’Exalté a laissé parmi vous ce à travers quoi il avait guidé le Saint Prophète (s.a.w.), et si vous vous y cramponnez, Allah vous guidera également, tout comme il avait guidé le Saint Prophète (s.a.w.). Allah l’Exalté a mis vos affaires entre les mains d’un homme qui est le meilleur parmi vous, un compagnon du Saint Prophète (s.a.w.), et qui est désigné par le titre Thania-thnayn idh houma fi-l-ghâr. (C’est-à-dire qu’il faisait partie des deux qui se trouvaient dans la grotte.) Alors, levez-vous et faites sa bai’ah ! » Les gens ont donc fait la bai’ah d’Abou Bakr (r.a.) après la Bai’at Al-Saqifah.

Lors du jour de la bai’ah générale, Abou Bakr (r.a.) a prononcé un discours. Après avoir fait les louanges d’Allah, il a déclaré : « Ô gens ! J’ai été nommé pour être votre Wali, mais je ne suis pas le meilleur d’entre vous. Si je fais quelque chose de bien, coopérez avec moi. Si je fais quelque chose de tordu, n’hésitez pas à me redresser. La vérité est une loyauté et le mensonge une trahison. Une personne faible des vôtres est forte à mes yeux jusqu’à ce que je n’obtienne des autres ce qui lui est dû. Une personne forte des vôtres est faible à mes yeux, tant que je n’obtienne d’elle ce qui est dû aux autres, Incha Allah. Le peuple qui abandonne le djihad dans la voie d’Allah, Allah l’humiliera et la déshonorera ; et la nation dans laquelle l’immoralité se répand, Allah répandra le malheur parmi elle. Si j’obéis à Allah et à Son Prophète (s.a.w.), obéissez-moi ; et si je désobéis à Allah et à Son Prophète (s.a.w.), vous n’êtes pas alors obligés de m’obéir. Levez-vous pour la Salât ! Qu’Allah vous fasse miséricorde ! »

Il y a également des récits sur ‘Ali (r.a.) au sujet de la bai’ah d’Abou Bakr (r.a.). Selon le recueil historique d’Al-Tabari, Habib Ibn Abi Thâbit a rapporté : « ‘Ali (r.a.) était chez lui quand une personne est venue l’informer qu’Abou Bakr (r.a.) était présent pour accepter la bai’ah. ‘Ali (r.a.) portait qu’une simple chemise. Il est sorti rapidement dans cet état. Il ne portait aucun pagne, ni aucun manteau, car il ne supportait pas d’être en retard. Il a pu ainsi faire la bai’ah d’Abou Bakr (r.a.), et s’est assis auprès de lui. Il a ensuite fait apporter ses vêtements qu’il avait apportés. Puis, il a assisté à l’assemblée d’Abou Bakr (r.a.). »

On trouve différentes narrations d’Ali (r.a.) au sujet de la bai’ah d’Abou Bakr (r.a.). Selon certains récits, ‘Ali (r.a.) n’avait pas fait la bai’ah au cours des six premiers mois. Il aurait fait la bai’ah suite au décès de Fatimah (r.a.). Selon d’autres récits, ‘Ali (r.a.) avait fait immédiatement la bai’ah de son plein gré.

Selon Abou Sa’id Al-Khoudri, lorsque les Ansâr et les Mouhajirîn avaient fait la bai’ah, Abou Bakr (r.a.) est monté sur le minbar et a regardé les gens présents. Il n’y a pas vu ‘Ali (r.a.). Lorsqu’Abou Bakr (r.a.) s’est enquis au sujet d’Ali (r.a.), des gens parmi les Ansâr sont partis le chercher. Abou Bakr (r.a.) a déclaré : « Ô fils de l’oncle du Saint Prophète (s.a.w.) et son gendre ! Souhaiterais-tu briser la force des musulmans ? » ‘Ali (r.a.) de répondre : « Ô Calife du Saint Prophète (s.a.w.) ! Ne me réprimandez pas. ». Ensuite il a fait la bai’ah d’Abou Bakr (r.a.).

Le ‘Allamah Ibn Kathir déclare qu’Ali (r.a.) avait fait la bai’ah d’Abou Bakr (r.a.) un jour ou deux après le décès du Saint Prophète (s.a.w.). » Il s’agit de la réalité car ‘Ali (r.a.) n’a jamais abandonné Abou Bakr (r.a.) ni n’a-t-il abandonné le fait de prier derrière Abou Bakr (r.a.).

Le Messie Promis (a.s.) déclare : « ‘Ali (r.a.) avait initialement tardé à faire la bai’ah d’Abou Bakr (r.a.), mais lorsqu’il est rentré chez lui, on ne sait quelle pensée lui a traversé l’esprit, car il n’a même pas pris le temps de nouer son turban : il s’est précipité avec une calotte [sur la tête] pour faire la bai’ah, et a fait venir son turban par la suite. Il semblerait qu’il se fût dit qu’il s’agissait là d’une transgression (c.-à-d. son absence). C’est pour cette raison qu’il s’est précipité, et qu’il n’a pas pris le temps de nouer son turban ; il s’est précipité en portant une simple calotte pour aller faire la bai’ah, et il a fait venir son turban plus tard. »

Hazrat Mousleh Ma’oud (r.a.) a déclaré : « Abou Bakr (r.a.) était un simple commerçant de La Mecque. Si le Saint Prophète (s.a.w.) n’avait pas été envoyé, et si l’histoire de La Mecque avait quand même été écrite, l’historien n’aurait pas écrit qu’Abou Bakr (r.a.) était un marchand noble et honnête d’Arabie. Mais en suivant le Saint Prophète (s.a.w.) Abou Bakr (r.a.) a obtenu ce statut et aujourd’hui le monde entier prononce son nom avec respect. Lorsque le Saint Prophète (s.a.w.) est décédé et que les musulmans ont choisi Abou Bakr (r.a.) comme leur Calife et leur roi, cette nouvelle est parvenue à La Mecque. En ces instants, de nombreuses personnes étaient assises dans une assemblée, dont le père d’Abou Bakr (r.a.), Abou Qouhafa. Lorsqu’il a entendu que les gens avaient prêté allégeance sur la main d’Abou Bakr (r.a.), il n’y a pas cru et a demandé à l’annonceur de quel Abou Bakr il était question. Celui-ci a répondu qu’il s’agissait de l’Abou Bakr qui était son fils.

Il a commencé à nommer chacune des tribus arabes et a demandé si elle avait, elle aussi, juré allégeance à Abou Bakr. Quand le visiteur lui a dit que toutes avaient unanimement choisi Abou Bakr comme Calife et roi, Abou Qouhafa a déclaré spontanément : « J’atteste qu’il n’y a de dieu qu’Allah, qu’Il est un et sans partenaire et j’atteste que Muhammad, le Messager de Dieu, était Son vrai Messager. »

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) écrit : « Il était un musulman depuis un certain temps. En effet, Abou Qouhafa avait déjà juré allégeance au Saint Prophète (s.a.w.). Il a récité la Kalimah (la chahadah) de nouveau, car il avait reconnu la Noubouwwah (le prophétat) de Muhammad (s.a.w.) quand Abou Bakr est devenu Calife : ses yeux se sont ouverts et il a compris que c’était là une grande preuve de la vérité de l’islam. Sinon, comment toute l’Arabie pouvait-elle se réunir entre les mains de son fils ? »

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) relate cet incident en ces termes : « Quelle était la condition d’Abou Bakr avant l’islam ? Quand il est devenu Calife, son père était vivant. Quelqu’un est parti lui dire : « Félicitations ! Abou Bakr est devenu Calife ! » Il a demandé : « Quel Abou Bakr ? » Il a répondu : « Votre fils ! » Abou Qouhafah n’était toujours pas convaincu et il a dit qu’il s’agit peut-être de quelqu’un d’autre. Quand le visiteur l’a rassuré, Abou Qouhafah de déclarer : « Allahou Akbar ! Si grande est la gloire de Muhammad (s.a.w.) que les Arabes ont considéré le fils d’Abou Qouhafah comme leur chef ! » Abou Bakr, qui ne jouissait pas d’un émient statut dans le monde, a été tellement honoré par l’entremise de Muhammad (s.a.w.) que jusqu’aujourd’hui des millions de personnes sont fières d’être associées à lui. »

Le Premier Calife de la Communauté déclare : « Certainement Allah n’est l’obligé de personne. Il retourne des dizaines de millions de fois plus à celui qui offre quelque chose dans Sa voie. Abou Bakr avait laissé une chambre modeste à La Mecque, mais voyez combien Dieu l’a appréciée. En retour, il est devenu le maître de tout un empire. »

Il y a par ailleurs un rêve de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) concernant le califat d’Abou Bakr. Selon ‘Abdoullah Ibn ‘Oumar, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Je me suis vu à côté d’un puits, puisant de l’eau d’un seau attaché à une poulie. Abou Bakr (r.a.) est venu et il a tiré un ou deux seaux d’eau, mais avec faiblesse. Allah couvrira sa faiblesse et lui pardonnera. Ensuite, ‘Oumar Ibn Al-Khattab est venu et le sceau s’est transformé en un sceau plus grand. Je n’ai vu aucune force accomplissant un travail aussi incroyable qu’Oumar. Il a puisé tant d’eau que les gens ont été satisfaits et sont rentrés chez eux. »

Abou Bakr (r.a.) avait lui aussi fait un rêve. Il est dit qu’Abou Bakr avait une fois rêvé qu’il avait une paire d’étoffes yéménites sur le corps mais qu’il y avait deux taches sur sa poitrine. Il a raconté ce rêve à l’Envoyé d’Allah (s.a.w) et celui-ci a dit : « Cette paire de vêtements yéménites signifie que tu auras une bonne progéniture. Les deux taches signifient deux ans d’émirat, c’est-à-dire que tu seras le dirigeant des musulmans pendant deux ans. »

[Les récits] évoquent l’allocation fixée pour Abou Bakr (r.a.) après son élection comme Calife. Après son élection comme Calife, il s’est rendu à Médine et y est resté. Il a réfléchi sur sa situation et s’est dit : « Par Dieu ! Je ne pourrai m’occuper des affaires de la communauté tout en faisant du commerce. Ce service exige que je sois libre et que j’y consacre toute mon attention. Cependant, je dois aussi répondre aux besoins de ma famille. » Il a donc cessé de faire du commerce et commencé à prélever les dépenses quotidiennes pour ses propres besoins et ceux de sa famille du Trésor. Un montant de six mille dirhams par an a été sanctionné pour ses dépenses personnelles. L’allocation d’Abou Bakr a été fixée par le trésor afin que lui et sa famille puissent gagner leur vie. Mais quand Abou Bakr était proche de sa mort, il a ordonné à ses proches de rendre toute la somme pour ses dépenses personnelles qu’il avait prélevé du Bayt Al-Mal en vendant telle ou telle terre ou propriété qui lui appartenait : « Remboursez l’intégralité des fonds appartenant aux musulmans que j’ai dépensés sur ma personne en vendant ces terres. »

Ainsi, après sa mort, quand ‘Oumar est devenu Calife et qu’il a reçu cette somme, il a pleuré en disant : « Ô Abou Bakr Al-Siddiq ! tu as placé un lourd fardeau sur ton successeur ! »

Le Mouslih Maw’oud (r.a.) déclare : « Abou Bakr était le souverain de tout le monde islamique. Mais que recevait-il [en retour] ? Il était le protecteur du denier public mais lui-même n’avait aucun contrôle sur cet argent. Certes, Abou Bakr était un grand homme d’affaires, mais comme il avait l’habitude de donner de l’argent dans le chemin de Dieu dès qu’il en recevait, lorsque le Saint Prophète (sws) mourut et qu’il devint Calife, il n’avait pas un sou. Le deuxième jour de son califat, il ramassa un paquet de vêtements et entreprit de le vendre. Quand ‘Oumar l’a rencontré en cours de route, il a demandé ce qu’il faisait. Abou Bakr (r.a.) a répondu : « Je dois aussi manger. Si je ne vends pas ces vêtements, comment vais-je payer ma nourriture ? » ‘Oumar a répondu : « Cela est impossible. Si vous continuez à vendre des vêtements, qui fera le travail du Califat ? » Abou Bakr a répondu : « Si je ne fais pas ce travail, comment vais-je survivre ? » ‘Oumar a répondu : « Prenez une allocation du trésor. » Abou Bakr a répondu : « Je ne pourrais le faire. Quel droit ai-je sur le trésor ? » ‘Oumar (r.a.) de répondre : « Le Saint Coran a permis de dépenser les fonds du Bayt Al-Mal sur ceux qui accomplissent un travail religieux. Pourquoi alors ne pourriez-vous pas en prendre ? » À partir de ce jour, il a reçu une allocation du Bayt Al-Mal, mais elle ne suffisait qu’à subvenir à ses besoins en nourriture et en vêtements. »

Le califat d’Abou Bakr Al-Siddiq était le plus court des quatre Califes bien-guidés : il a duré environ deux ans et demi. Mais cette courte période mérite d’être appelée l’âge d’or et l’époque la plus importante du Califat Rachidah, car Abou Bakr (r.a.) a dû faire face aux plus graves dangers et aux plus grands malheurs [de cette période]. Par la suite, grâce au soutien, à l’aide et à la grâce extraordinaire de Dieu et au courage d’Abou Bakr (r.a.) et sa perspicacité, tous les nuages de terreur et de danger ont été dissipés en peu de temps et toutes les peurs se sont transformées en paix. Les rebelles et les fauteurs de troubles ont été réprimés d’une telle une manière que l’émirat précaire du Califat a été établi sur une base ferme et solide.

‘Aïcha, la mère des Croyants, a également mentionné les dangers et difficultés auxquels Abou Bakr Al-Siddiq était confronté au début de son Califat.

Le Messie Promis (a.s.) déclare à ce propos : « ’Aïcha (r.a.) relate : « Lorsque mon père a été nommé Calife et qu’Allah lui a confié l’Emirat, au début du Califat, il a dû faire face à des tribulations de toutes parts dont la rébellion des faux prophètes et l’apostasie des hypocrites. Ces malheurs auxquels il était confronté étaient si terribles que si des montagnes en étaient frappées elles auraient été aplanies. Mais [Dieu] lui a donné une patience de prophète : tant et si bien qu’il a joui de l’aide de Dieu. Les faux prophètes ont été tués et les apostats détruits. Le conflit a pris fin et les malheurs ont disparu. L’affaire a été réglée, le califat a été renforcé et Allah a sauvé les croyants de la calamité et a transformé leur peur en paix et a renforcé pour eux leur religion. Il a établi un monde sur la vérité et a humilié les fauteurs de trouble ; Il a accompli Sa promesse et a aidé Son serviteur Abou Bakr Al-Siddiq et a détruit les chefs rebelles et les idoles et a mis une telle terreur dans le cœur des mécréants qu’ils ont été vaincus. En fin de compte, ils sont retournés [à l’islam] et se sont repentis. Telle était la promesse de Dieu Tout-Puissant et Il est le plus véridique de tous les véridiques. Voyez donc comment la promesse du Califat a été accomplie dans toute sa splendeur en la personne d’Abou Bakr Al-Siddiq. »

Abou Bakr a fait face à cinq types de peine et de difficulté dès le début de son califat.

Premièrement, le chagrin de la mort et de la séparation de l’Envoyé d’Allah (s.a.w). Deuxièmement, son élection comme Calife et la peur des conflits et de la discorde dans l’Oummah. [Troisièmement] la question du départ de l’armée d’Ousama. Quatrièmement ceux qui se disaient musulmans et pourtant refusaient de payer la Zakat et prévoyaient d’attaquer Médine. Dans l’histoire, ils sont connus comme « la fitna de ceux qui ont refusé de payer la Zakat. »

Cinquièmement, la fitna de l’apostasie : c’est-à-dire ces rebelles qui se sont révoltés ouvertement et ont annoncé la guerre. Parmi eux se trouvaient également ceux qui prétendaient à tort d’être des prophètes.

Les détails de la façon dont Allah a accordé le succès à Abou Bakr (r.a.) afin d’éliminer complètement ces circonstances précaires, ces calamités et ces désordres, seront mentionnés plus loin.

Avant cela, je présenterai un extrait détaillé du Hakam et ‘Adal, le Messie Promis (a.s.), dans lequel il a comparé Abou Bakr avec Josué fils de Noun, le premier Calife de Moïse (a.s.), en mentionnant les problèmes, les défis, les victoires et les succès qu’a connus Abou Bakr.

Il déclare : « Voici le verset prouvant la similarité entre le califat de la dispensation de Moïse et celui de la dispensation du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). C’est le verset prouvant avec certitude les similitudes entre la chaîne du califat de Moïse et le califat de Muhammad. Ce verset se lit ainsi :

وَعَدَ اللّٰہُ الَّذِیۡنَ اٰمَنُوۡا مِنۡکُمۡ وَعَمِلُوا الصّٰلِحٰتِ لَیَسۡتَخۡلِفَنَّہُمۡ فِی الۡاَرۡضِ کَمَا اسۡتَخۡلَفَ الَّذِیۡنَ مِنۡ قَبۡلِہِمۡ

C’est-à-dire : « Dieu a promis à ceux qui croient et qui accomplissent de bonnes œuvres qu’Il les nommera Califes sur Terre, à l’instar des Califes qu’Il a nommés avant eux. » Quand nous réfléchissons au mot indiquant la ressemblance et rendant ainsi obligatoire des similitudes entre les successeurs du Saint Prophète (saws) et les successeurs du Prophète Moïse (a.s.), nous devons accepter qu’Abou Bakr (r.a.) était le premier fondement de cette similitude et que la similitude finale serait démontrée par le Messie, le Sceau des Califes, dans la dispensation du Prophète Muhammad, le Messie qui était [d’ailleurs] le dernier des Califes du Saint Prophète (s.a.w.). Le premier Calife, Abou Bakr (r.a.), est le reflet et le calque de Josué, fils de Noun (a.s.) : après le décès du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) Allah a choisi Abou Bakr (qu’Allah l’agrée) comme Calife et a insufflé en lui la plus grande perspicacité, lui permettant d’éradiquer la fausse croyance sur la survie du Christ à laquelle le Khâtam Al-Khoulafâ’ serait confronté. Ainsi, Abou Bakr (r.a.) a dissipé complètement tous ces doutes et tous les compagnons, sans exception, ont cru en la mort de tous les prophètes précédents (a.s.). Voire les compagnons ont obéi à Abou Bakr (r.a.) dans tous les domaines, de même qu’après la mort du Prophète Moïse, les enfants d’Israël ont obéi à Josué, fils de Noun. Dieu a fait de Josué, fils de Noun, le soutien et l’aide de Moïse ; de même, il a fait d’Abou Bakr (r.a.) le soutien et l’aide du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). [Abou Bakr (r.a.)] et Josué, fils de Noun, sont deux noms différents de la même entité.

À l’instar de Josué, fils de Noun, Dieu a béni Abou Bakr (r.a.) tant et si bien qu’aucun ennemi n’a eu le dessus sur lui. À l’instar du travail inachevé du prophète Moïse, le travail inachevé de l’armée d’Ousama a été achevé par la main d’Abou Bakr.

Et une autre coïncidence étrange entre Abou Bakr et Josué, fils de Noun, est que c’était lui qui en premier a rapporté la mort de Moïse ; Dieu lui avait immédiatement révélé que Moïse était mort, afin que les Juifs ne sombrassent pas dans l’erreur ou le désaccord quant à la mort de leur Prophète comme il ressort du premier chapitre du livre de Josué.

De même, ce fut Abou Bakr (r.a.) en premier qui a confirmé la mort du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Il l’a embrassé en disant qu’il était pur de son vivant et après sa mort.

Il a dissipé, devant une grande assemblée, tous les malentendus qui avaient persisté chez certains compagnons au sujet de [la continuité de] la vie du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) en citant un verset. De même, il a déraciné l’idée erronée qui avaient perduré dans le cœur de certains parce qu’ils n’ont pas médité profondément sur les hadiths évoquant la vie de Jésus-Christ. Josué, fils de Noun, avait tué les ennemis les plus féroces de la religion, les imposteurs et les corrupteurs ; de même, par les mains d’Abou Bakr (r.a.) nombre de fauteurs de troubles et de faux prophètes ont été éliminés. Moïse est mort en cours de route à un moment critique quand les Israélites n’avaient pas encore vaincu les ennemis cananéens : de nombreux objectifs n’avaient pas encore été atteints et l’ennemi dominait faisant naître une période encore plus périlleuse après la mort de Moïse ; de même la situation était dangereuse après la mort du Saint Prophète (a.s.). De nombreuses tribus arabes avaient apostasié ; certaines avaient refusé de payer la Zakat et de nombreux menteurs se sont proclamés prophètes.

Une époque aussi périlleuse nécessitait un Calife fort, courageux et vaillant, qui avait une foi et une détermination inébranlables ; et c’est ainsi qu’Abou Bakr (r.a.) fut nommé Calife.

Dès son élection, il a dû confronter de grandes peines, tout comme l’a dit ‘Aïcha (r.a.) : « Mon père était confronté à de grandes difficultés en raison des troubles, de l’insurrection des tribus arabes et des faux prophètes dès qu’il a été élu Calife de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) et il a été frappé de grandes peines. Si celles-ci tombaient sur une montagne elle aurait été réduite en poussière et aplanie. »

Selon la loi de Dieu, lorsqu’un Calife est élu après la mort d’un Prophète, le courage, la persévérance, la perspicacité et la fermeté lui sont insufflés, tout comme Allah le déclare dans le livre de Josué au verset 6 du chapitre un : « Fortifie-toi et prends courage » c’est-à-dire, « Moïse est mort, maintenant sois fort. »

La même chose a été révélée au cœur d’Abou Bakr (r.a.), non pas comme une injonction de la charia, mais comme un décret divin. L’équivalence et la similitude des incidents donnent l’impression qu’Abou Bakr Ibn Abi Qouhafah et Josué, fils de Noun, sont la même personne. La similitude de leur succession s’est établie avec la plus grande clarté. Quand on regarde les similitudes entre deux communautés établies, il est naturel de regarder la première personne ou la dernière personne. Habituellement, les gens ne considèrent pas nécessaire d’examiner les similitudes au cours de la période médiane des deux communautés, ce qui nécessite une enquête et des recherches plus approfondies. Au lieu de cela, l’on se base sur le premier et le dernier. Ainsi, les similitudes entre Josué, fils de Noun, et Abou Bakr (r.a.) – qui furent les premiers Califes de leurs communautés respectives – et aussi les similitudes entre Jésus, fils de Marie, et le Messie Promis de cette Oummah – qui furent les derniers Califes de leurs communautés respectives, se sont manifestées en toute clarté.

La ressemblance entre Abou Bakr (r.a.) et Josué est si frappante que l’on eût dit qu’ils étaient une seule personne, comme deux morceaux du même joyau. Ainsi, après la mort de Moïse (a.s.), tous les Enfants d’Israël ont écouté l’appel de Josué (a.s.) et aucun d’entre eux ne s’est disputé à ce sujet et tous lui ont obéi ; de même, cet incident a eu lieu à l’époque d’Abou Bakr (r.a.). Malgré la grande tristesse de la mort du Saint Prophète (s.a.w.), tout le monde a accepté de tout cœur le Califat d’Abou Bakr (r.a.). Ainsi, sous tous les aspects, la similitude de Josué avec Abou Bakr Al-Siddiq (r.a.) peut être prouvée. Dieu a soutenu Josué (a.s.) avec Son secours divin, comme il avait soutenu Moïse (a.s.). De même, Dieu a béni le travail d’Abou Bakr (r.a.) pour que tous les compagnons puissent le voir, et son prestige a augmenté tout comme il le fait dans le cas des prophètes. Étant imprégné du pouvoir et de la puissance de Dieu, Abou Bakr (r.a.) a détruit les faux prophètes et ceux qui ont tenté de créer le désordre afin que les compagnons, qu’Allah soit satisfait d’eux, comprennent qu’Allah est avec Abou Bakr, tout comme il l’était avec le Saint Prophète (s.a.w.).

Une autre similitude remarquable entre Abou Bakr (r.a.) et Josué, fils de Noun (a.s.), est qu’après la disparition du Prophète Moïse (a.s.), Josué a dû traverser un fleuve dangereux appelé le Jourdain, avec son armée. La rivière était agitée et la traverser semblait impossible. S’ils ne pouvaient pas traverser ce fleuve dangereux, les Israélites auraient péri aux mains de leurs ennemis. Ainsi, après la disparition du Prophète Moïse (a.s.), ce fut la première situation périlleuse à laquelle Josué (a.s.) a dû faire face au cours de son Califat. Au cours de cette épreuve, Dieu a sauvé Josué, fils de Noun, et son armée par Sa puissance miraculeuse et a fait assécher le Jourdain, ce qui leur a permis de le traverser facilement. Le Jourdain s’était peut-être asséché en raison de la marée ou suite à un miracle extraordinaire. Néanmoins, c’est ainsi que Dieu a sauvé les Enfants d’Israël de ce danger et de la destruction des mains de l’ennemi.

Après la disparition du Saint Prophète (s.a.w.), Abou Bakr, le Calife légitime, et ses compagnons, qui étaient au nombre de plus de 100 000, ont fait face à une situation grave similaire. Elle était encore plus dangereuse et avait pris la forme d’une rébellion féroce balayant tout le pays. Allah avait dit à propos de ces Bédouins :

قَالَتِ الْأَعْرَابُ آَمَنَّا قُلْ لَمْ تُؤْمِنُوا وَلَكِنْ قُولُوا أَسْلَمْنَا وَلَمَّا يَدْخُلِ الْإِيمَانُ فِي قُلُوبِكُمْ

Certainement ces Bédouins devaient se rebeller, afin que cette prophétie s’accomplisse. » La traduction du verset est : « Les Arabes du désert disent : « Nous croyons. Dis : « Vous n’avez pas encore cru, mais dites plutôt que nous nous sommes soumis, car la vraie croyance n’est pas encore entrée dans vos cœurs. Il en fut ainsi et tous devinrent apostats. Certains d’entre eux ont refusé de payer la Zakat et certains ont prétendu être des prophètes et plusieurs centaines de milliers d’individus misérables se sont ralliés à eux. La force des ennemis a pris une telle ampleur que le nombre de compagnons était insignifiant. Une violente tempête d’opposition a balayé tout le pays. Ceci était bien plus dangereux que la tempête à laquelle était confronté Josué, fils de Nou. Après la mort de Moïse, Josué fut entraîné dans une grave épreuve, au cours de laquelle ils firent face à une rivière tumultueuse et n’avaient pas de barques pour la traverser ; pendant tout ce temps, la menace de l’ennemi planait autour d’eux. Abou Bakr (r.a.) a été confronté à la même épreuve après la mort du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et une tempête d’opposition de la part des tribus arabes rebelles a éclatée. Une deuxième épreuve sous la forme de faux prophètes a renforcé la première.

Cette épreuve n’était pas moindre que l’épreuve à laquelle était confronté Josué, fils de Noun, mais était en fait beaucoup plus dangereuse. Ainsi, la Parole de Dieu a renforcé Josué, dans laquelle Il a déclaré : « Le Seigneur ton Dieu sera avec toi partout où tu iras » et « Sois fort et courageux. Ne te décourage pas. » Cela a donné de la force à Josué et l’a rempli de résolution et de foi, autant de qualités qui se développent quand on est rassuré par Dieu. De même, Abou Bakr (r.a.) a puisé sa force en Dieu face à une tempête de rébellion. Quiconque connaît cette période de l’histoire islamique peut convenir que l’épreuve à laquelle Abou Bakr (r.a.) a été confronté était si grave, que sans la Main de Dieu soutenant Abou Bakr, et que si l’islam n’était pas une religion envoyée par Dieu et si Abou Bakr n’était pas le vrai Calife, alors, ce jour-là, l’islam aurait été anéanti. Ainsi, comme ce fut le cas avec le Prophète Josué (a.s.), Abou Bakr a également puisé sa force dans la pure Parole de Dieu, car Dieu le Tout-Puissant avait déjà prédit cette épreuve dans le Saint Coran.

Ainsi, quiconque réfléchira sur le verset suivant, déduira sans l’ombre d’un doute que cette épreuve avait déjà été mentionnée dans le Saint Coran ; et la prophétie était :

وَعَدَ اللَّهُ الَّذِينَ آَمَنُوا مِنْكُمْ وَعَمِلُوا الصَّالِحَاتِ لَيَسْتَخْلِفَنَّهُمْ فِي الْأَرْضِ كَمَا اسْتَخْلَفَ الَّذِينَ مِنْ قَبْلِهِمْ وَلَيُمَكِّنَنَّ لَهُمْ دِينَهُمُ الَّذِي ارْتَضَى لَهُمْ وَلَيُبَدِّلَنَّهُمْ مِنْ بَعْدِ خَوْفِهِمْ أَمْنًا يَعْبُدُونَنِي لَا يُشْرِكُونَ بِي شَيْئًا وَمَنْ كَفَرَ بَعْدَ ذَلِكَ فَأُولَئِكَ هُمُ الْفَاسِقُونَ

Signifiant que Allah a promis aux croyants pieux qu’il ferait d’eux des successeurs sur la terre, semblables aux successeurs qu’Il a faits dans le passé et nommerait des vice-gérants dans cette Oummah, comme il en a nommé après le Prophète Moïse. »

Le Messie Promis (a.s.) a lui-même présenté cette traduction explicative, disant : « Il nommera des Califes dans cette Oummah, comme il a nommé des Califes après le Prophète Moïse (a.s.) et Il établira pour eux leur religion, (c’est-à-dire l’islam) qu’Il a choisie pour eux. Il renforcera cette religion et leur donnera en échange la sécurité et la paix après leur peur. Ils m’adoreront et ils ne m’associeront rien. » Méditez sur ce verset qui déclare clairement qu’il y aura une période de peur où la paix s’estompera. Cependant, Dieu transformera cette période de peur en une période de paix et de sécurité. Cette période de peur tomba sur Josué, fils de Noun : et tout comme la Parole de Dieu l’a rassuré, de la même manière, elle a rassuré Abou Bakr (r.a.). »

Si Dieu le veut j’expliquerai les détails des cinq aspects restants dans le futur.

Priez pour l’état actuel de conflit dans le monde. La situation continue de devenir de plus en plus effrayante et on profère même des menaces de guerre nucléaire. Comme je l’ai déjà mentionné à de nombreuses reprises, cela aura des conséquences épouvantables que les générations futures devront endurer. Seul Allah peut guider ces gens. Ces jours-ci, récitez le Daroud (salutations sur le Saint Prophète (s.a.w.)) à foison et aussi l’Istighfar (la quête du pardon d’Allah). Qu’Allah nous pardonne nos péchés et qu’Il accorde la sagesse et la compréhension aux dirigeants du monde.

À une occasion, le Messie Promis (as) avait enjoint à sa communauté de réciter abondamment la prière suivante :

رَبَّنَا آَتِنَا فِي الدُّنْيَا حَسَنَةً وَفِي الْآَخِرَةِ حَسَنَةً وَقِنَا عَذَابَ النَّارِ

« Notre Seigneur, accorde-nous une belle part dans ce monde ainsi qu’une belle part dans l’Au-delà, et protège-nous contre le châtiment du Feu. »

Il avait ajouté qu’il fallait réciter cette prière lorsqu’on se redressait du Roukou’ lors de la Salât. Il est important de la réciter abondamment ces jours-ci. Qu’Allah nous accorde des bienfaits, et nous protège de toutes les formes de châtiment du feu.

Je dirigerai une prière funéraire en l’absence de la dépouille. Il s’agit de celle du respecté Abou Al-Faraj Al-Housni de la Syrie, décédé le 13 février à l’âge de 90 ans. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Son père, le respecté Mohammad Al-Housni, était parmi les pionniers ahmadis (en Syrie). Il a accepté l’Ahmadiyya grâce aux efforts de Maulana Jalaluddin Shams. M. Abou Al-Faraj Al-Housni était le neveu du premier Amir de la Jama’at syrienne, le respecté Mounir Al-Housni et a également servi comme Naïb Amir pendant son mandat et par la suite également. Le défunt est né en 1933 ; il a été positivement influencé par les vertus et la piété son oncle M. Mounir Al-Housni et ses discussions académiques, car il s’asseyait souvent en sa compagnie. Il avait 15 ans quand, un jour, il fut ému jusqu’aux larmes en entendant la récitation du Saint Coran à la radio.

Il est allé voir son oncle et lui a dit qu’il souhaitait en savoir plus sur Allah. Il lui a donné un livre du Messie Promis (a.s.), et quand il l’a lu, une grande transformation s’est produite en lui et il est parti voir son oncle en disant qu’il souhaitait prêter allégeance. Il eut la chance de rencontrer trois Califes ; le deuxième Calife (r.h.) en 1955 lorsque Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) a visité Damas et il a également eu l’opportunité d’assurer la sécurité du Calife (r.a.). Puis en 1972, il a eu l’opportunité de voyager au Pakistan et de passer quelques mois en compagnie du troisième Calife (r.h.) à Rabwah, période pendant laquelle il a pu apprendre l’ourdou et acquérir une connaissance approfondie de la Jama’at. La même année, il a pu voyager du Pakistan à Qadian. En 1986, il s’était rendu au Royaume-Uni à l’occasion de la Jalsa Salana (conférence annuelle) et a eu l’honneur d’avoir une audience avec feu le quatrième Calife. Ensuite, en 2017, il a pu assister à nouveau à la Jalsa Salana à Qadian et a également prononcé une allocution en arabe lors de cette Jalsa. Le défunt était vertueux, pieux, sincère et un aîné dont les actions étaient conformes à ses paroles. Il n’avait pas d’enfants et sa femme n’est pas ahmadie.

Le Président de la Jama’at syrienne dit : « Je l’ai accompagné en 2017 lors d’une visite à Qadian. Il était assez faible, mais sa passion était telle qu’il semblait qu’il ne marchait pas mais qu’il planait dans les airs. Au début, il était réticent à s’y rendre à cause de sa maladie, mais quand le Calife lui a dit qu’il devait s’y rendre, il m’a dit que désormais étant donné que le Calife avait donné un ordre ou avait dit qu’il devait y aller, il n’y avait plus lieu de s’inquiéter. Allah le Tout-Puissant a accordé Ses bénédictions ; et lui et sa femme ont été guéris de leur maladie et de leur faiblesse. Ainsi, par la grâce d’Allah le Tout-Puissant, il s’est rendu à Qadian. En fait, il a également pu monter au sommet du Minarat-ul-Masih. On dit qu’il a grimpé au sommet plus vite que les jeunes qui s’y trouvaient, malgré le fait qu’il eût auparavant éprouvé des difficultés à marcher.

Mousallam Aldroubi, qui est médecin, écrit : « Moi-même et d’autres sommes témoins du fait que le défunt était un ami d’Allah et parmi les dévots de la Syrie. Le défunt était un commerçant renommé à Damas. Il était exemplaire et bien connu. Il était très sage et intelligent. Il offrait régulièrement des prières de Tahajjoud (volontaires avant l’aube). Il a fait de vrais rêves, dont beaucoup se sont réalisés, y compris ceux concernant les diverses difficultés et luttes auxquelles la Syrie est confrontée. Lorsque divers missionnaires se rendaient en Syrie pour étudier l’arabe, il les traitait avec beaucoup de respect, premièrement parce qu’ils avaient été envoyés par le Calife et deuxièmement parce qu’ils avaient consacré leur vie à la diffusion du message. »

Housam Al-Naqib, l’ancien Sadr de la Syrie qui réside actuellement en Turquie, écrit ceci : « Le défunt possédait de nombreuses qualités des plus excellentes, dont la principale était son amour pour le Messie Promis (a.s.) et ses Califes. Je n’oublierai jamais mon voyage à Qadian avec lui, un voyage dont chaque aspect était un miracle. Je suis resté avec lui tout au long de notre visite à Qadian, et il priait constamment : « Ô Dieu, accorde au Calife Ton aide et Ton soutien. Accorde-lui Tes bénédictions dans sa vie et dans tout ce qu’il fait. » »

Il ajoute : « Quand on mentionnait une directive du Calife lors d’un rassemblement, il ne permettrait à personne d’autre de parler afin qu’il puisse entendre, comprendre et tirer profit de la directive dans son intégralité. Il était extrêmement altruiste. Cela ne lui plaisait pas d’entendre les autres le complimenter, il les grondait plutôt en leur disant de laisser de telles choses, car Allah et Sa communauté sont tout ce qui compte et qu’ils devraient plutôt parler de la Jama’at. Il a toujours étudié les livres du Messie Promis (a.s.). Hormis les dernières années de sa vie où il était extrêmement faible, il n’a jamais cessé d’étudier la littérature de la Jama’at. Il avait un attachement particulier au Tafsir-e-Kabir (la Grande Exégèse du Coran) du Mouslih Maw’oud (r.a.).

Chaque fois que quelqu’un l’interrogeait sur le commentaire d’un verset du Saint Coran, il présentait l’explication offerte dans le Tafsir-e-Kabir. »

Son neveu, Muhammad ‘Ammar Al-Miski, qui vit ici au Royaume-Uni, relate : « J’avais 14 ans quand j’allais avec lui faire la prière du vendredi. En rentrant avec lui chez lui, je lui posais des questions sur des choses concernant la Jama’at en cours de route et il répondait en détail. La littérature de la Jama’at n’était pas disponible en Syrie, et le défunt a donc joué un rôle énorme dans la transmission des connaissances de la Jama’at à ses membres. Il avait appris à lire l’ourdou lors de sa visite à Rabwah et rapportait des livres en ourdou avec lui afin de les lire et de les comprendre. Il les traduisait ensuite en arabe afin les expliquer aux membres de la Jama’at. Le défunt était désintéressé et n’a jamais désiré de poste officiel mais a préféré toujours rester un serviteur de la foi. Hazrat Khalifat-ul-Masih IV (rh) souhaitait le nommer émir, mais il (M. Al-Housni) a déclaré que les gens pourraient affirmer que la fonction d’émir était devenue un poste héréditaire et a donc demandé que quelqu’un d’autre soit nommé ; et il coopérerait pleinement avec qui que ce soit. Par la suite, il a coopéré avec un émir qui était plus jeune que lui et était en fait exemplaire dans sa coopération. Puisse Allah le Tout-Puissant accorder le pardon au défunt, élever son rang et accepter toutes ses prières en faveur de sa femme et lui permettre d’accepter l’Ahmadiyya.

Après la Salât, je dirigerai Incha Allah, sa prière funéraire.

 


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

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