Sermons 2021

La conquête de la Perse

Dans son sermon du 23 juillet 2021, Sa Sainteté le Calife a évoqué les campagnes menées par le Calife Oumar (r.a.) pour la conquête de la Perse.

Sermon du vendredi 23 juillet 2021, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

[J’évoquais] ces jours-ci le Calife ‘Oumar (r.a.) dans mes sermons et notamment les batailles qui ont eu lieu au cours de son [califat]. J’évoquerai d’autres détails à ce propos aujourd’hui.

La bataille de Bouwayb a eu lieu, selon certains historiens, en l’an 13 de l’Hégire ou en l’an 18 selon d’autres.

Après la défaite des musulmans lors de la bataille de Jisr – que j’avais évoquée dans le précédent sermon – Mouthanna avait informé le Calife ‘Oumar (r.a.) de la situation de la campagne. Le Calife ‘Oumar (r.a.) a dit au messager : « Retourne chez tes compagnons et dis-leur de rester sur place et que les renforts sont en cours de route. »

La défaite des musulmans lors de la bataille de Jisr avait fort attristé le Calife ‘Oumar (r.a.). Il a envoyé des prédicateurs dans toute l’Arabie, qui, par leurs discours passionnés, ont galvanisé tout le pays. Les tribus arabes se sont présentées en vague pour participer à cette bataille nationale : parmi elles se trouvaient aussi des tribus chrétiennes.

Il ne s’y trouvait donc pas uniquement des [tribus] musulmanes mais aussi des [tribus] chrétiennes.

Le Calife ‘Oumar (r.a.) a envoyé une armée vers l’Irak et Mouthanna avait également réuni une armée sur la frontière de ce pays. Lorsque Roustom l’a su, il a envoyé une armée avec Mihran pour partir combattre les musulmans. Hira est une ville située à 5 kilomètres de Koufa. La rivière Bouwayb est tributaire de l’Euphrate.

Les deux belligérants se sont mis en rangs en ce lieu. Cette bataille a eu lieu au cours du mois de Ramadan. La ville de Koufa a été établie dans la région.

Mihran, le général persan, a demandé [aux musulmans] : « Allez-vous traverser la rivière ou allons-nous le faire ? »

Mouthanna lui a demandé de traverser la rivière. En effet lors de la dernière bataille, les musulmans avaient traversé la rivière ; cette fois-ci ils ont changé de stratégie en demandant aux Perses de la traverser.

Mouthanna a organisé et aligné son armée, puis a nommé des chefs expérimentés à la tête de leurs différentes sections séparées avant de monter sur son célèbre cheval, Chamous. Il a inspecté les rangs de l’armée islamique et s’est arrêté à chaque drapeau pour offrir des instructions sur la bataille. Il a encouragé les soldats avec des paroles passionnées en disant : « J’espère qu’aujourd’hui les Arabes ne seront pas humiliés à cause de vous ! Par Dieu, j’aime pour moi aujourd’hui ce que j’aime pour l’homme ordinaire d’entre vous ! » C’est-à-dire moi et vous êtes égaux.

Les braves de l’islam ont répondu avec enthousiasme à la voix de leur chef bien-aimé. Pourquoi n’en serait-il pas ainsi quand il les avait toujours traités très équitablement et les avait accompagnés à la fois dans le bonheur comme dans le malheur et que personne ne pouvait l’accuser de quoi que soit ? Mouthanna a dit à l’armée : « Je lancerai trois takbirs ! Préparez-vous et attaquez l’ennemi dès que vous entendez le quatrième takbir. » Lorsque Mouthanna a lancé le Takbir pour la première fois, l’armée persane a attaqué rapidement. Par conséquent, les musulmans se sont également dépêchés et après le premier takbir, les membres de la tribu des Banu ‘Ijl, ont quitté leurs rangs et pour se battre. Ainsi, les rangs ont été rompus. Mouthanna a envoyé un message par l’entremise de quelqu’un, disant : « L’Emir de l’armée vous envoie ses salutations et vous demande de ne pas déshonorer les musulmans aujourd’hui. » Après cela, la tribu qui avait lancé la charge s’est maîtrisée. Puis, après une bataille acharnée, il y a eu une bousculade parmi les Perses. Le nombre de Perses tués dans cette bataille est estimé à cent mille. Mihran, le chef de l’armée perse, a également été tué lors de cette bataille. Cette bataille est aussi appelée le jour d’Al-‘Achar car il y avait des centaines de personnes dans cette bataille, dont chacune a tué dix hommes. L’armée perse a été vaincue et a couru vers le pont pour traverser la rivière et se rendre dans sa zone de sécurité mais Mouthanna les a suivis avec son détachement et les a encerclés avant qu’ils n’aient pu traverser le pont ; il a brisé le pont de cette rivière et a tué de nombreux soldats perses. Plus tard, Mouthanna a exprimé ses regrets d’avoir poursuivi l’armée vaincue. Il disait : « Je n’aurais pas dû faire cela. J’ai commis une grosse erreur. Il ne me convenait pas de combattre ceux qui n’avaient pas la force de le faire. Je ne le ferai plus jamais. » Et il a conseillé les musulmans : « Ô musulmans ! Ne faites jamais une telle chose et ne suivez pas cet exemple. » C.-à-d., j’ai commis l’erreur de poursuivre ceux qui prenaient la fuite. Il ne faut pas le faire.

Telles sont les véritables valeurs de l’islam. Certaines des figures de proue de l’armée islamique telles que Khalid ibn Hilal et Mas’oud ibn al-Haritha sont également tombés en martyrs lors de cette bataille. Mouthanna a accompli les prières funéraires des martyrs et a déclaré : « Par Dieu, ma peine et mon chagrin sont atténués par le fait que ces gens aient participé dans cette bataille, qu’ils aient agi avec courage et bravoure et qu’ils soient restés fermes et non effrayés ou inquiets. Ma tristesse s’est atténuée par le fait que le martyre devienne une expiation pour le pardon des péchés. »

Les historiens racontent un incident lors de cette bataille qui met en lumière le courage des femmes musulmanes. Le camp pour les femmes et les enfants de l’armée islamique se trouvait à Qawadis, loin du champ de bataille. À la fin de la bataille, lorsqu’un groupe de musulmans est venu à cheval devant le camp, les femmes musulmanes les ont mépris pour l’armée ennemie qui était venue les attaquer. Elles ont rapidement encerclé les enfants et ont pris des pierres et des bâtons pour les tuer. Lorsque les soldats se sont approchés, elles ont découvert qu’ils s’agissaient de musulmans. ‘Amr ibn ‘Abdil Masih, le chef de ce détachement a déclaré spontanément : « Pareille réaction convenait à des femmes musulmanes. »

La bataille de Bouayb était terminée, mais avait laissé des effets profonds. La campagne islamique en terre persane n’avait jamais auparavant fait autant de victimes.

L’effet de cette bataille était de renforcer la mainmise des musulmans dans la plupart des régions de l’Irak. Ils ont occupé le Sawad al-‘Iraq jusqu’au Tigre, et après des escarmouches mineures, les musulmans ont repris le contrôle des zones environnantes. L’armée persane en fuite s’est réfugiée de l’autre côté du Tigre. Après cette victoire, les musulmans se sont répandus dans différentes parties de l’Irak.

La bataille d’Al-Qadisiyya a eu lieu en l’an 14 de l’Hégire. Qadisiyya est un endroit dans l’Irak actuel, à soixante-cinq kilomètres de Koufa. Lors du califat d’Oumar (r.a.) en l’an 14 de l’Hégire, il y a eu une bataille décisive entre les musulmans et les Perses à Qadisiyya, suite de laquelle l’empire perse est passé sous le contrôle des musulmans. Quand le peuple de la Perse fut mis au courant des actes des musulmans, ils ont dit à Roustom et Firouzan, leurs deux chefs : « Vos disputes ont affaibli les Perses et ont élevé le moral de l’ennemi. Si cette situation perdure, la Perse sera détruite car [il ne demeure que] Bagdad, Sabaat – un lieu près de Madain – et Tikrit, [ville] située à 175 kilomètres de Bagdad entre celui-ci et Mossoul). Madain est l’unique ville intacte. Si vous ne vous réconciliez pas, nous allons tout d’abord vous tuer, puis nous mourrons et trouverons la paix. » C’est-à-dire que nous allons nous battre à votre place. Roustom et Firouzan ont déposé Boran, le roi perse, et ont installé à sa place Yazdgerd, alors âgé de 21 ans. Tous les forts et casernes militaires ont été fortifiés. Quand Mouthanna a informé ‘Oumar (r.a.) de ces activités du peuple de Perse, le Calife ‘Oumar (r.a) a déclaré : « Par Dieu ! Je ferai rivaliser les rois des non-Arabes avec les chefs et les rois des Arabes. »

Ainsi, il a envoyé chaque noble, prédicateur et poète pour la confrontation et a ordonné à Mouthanna de quitter la région perses et de se rendre dans les zones côtières proches de leurs frontières respectives. Il a également ordonné d’inclure les tribus de Rabi’a et de Mouzar. ‘Oumar (r.a.) a envoyé des émissaires dans toute l’Arabie et a dit aux chefs et aux dirigeants de se rassembler à La Mecque. Étant donné que le Hajj approchait, ‘Oumar (r.a.) est parti pour le pèlerinage. Les tribus arabes se sont rassemblées de toutes parts pour le pèlerinage. À son retour du Hajj, une grande armée était rassemblée à Médine. ‘Oumar (r.a.) prit lui-même le commandement de cette armée et après avoir nommé ‘Ali comme émir à Médine, il est parti camper à Sirar, une source à cinq kilomètres de Médine. On dit qu’Oumar (r.a.) lui-même n’avait pas encore pris la décision définitive d’aller au front. Il était parti avec une armée mais n’avait pas décidé s’il irait lui-même ou s’il nommerait quelqu’un d’autre comme commandant. Cependant, selon les chroniques d’Al-Tabari, ‘Oumar (r.a.) a consulté le peuple et tous l’ont conseillé de se rendre en Perse. Ils lui ont dit : « Prenez toute l’armée sous votre commandement. » ‘Oumar (r.a.) n’avait consulté personne jusqu’à ce qu’il vienne à Sirar ; mais ‘Abdour Rahman était de ceux qui l’avaient empêché de partir. Les autres lui ont dit qu’il devait partir avec l’armée ; mais ‘Abdour Rahman l’en a empêché.

‘Abdour Rahman a dit : « Avant ce jour, je n’ai voulu sacrifier mes parents qu’au nom du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et personne d’autre. D’ailleurs je ne le ferais jamais après lui. Mais aujourd’hui j’annonce : « Que mes parents soient sacrifiés pour vous, ô Calife ! Laissez-moi la décision finale de cette affaire. » Il lui a conseillé de s’arrêter à Sarar et d’envoyer une grande armée d’ici. Puis il a dit : « Vous avez vu depuis le début jusqu’à maintenant ce qu’Allah Tout-Puissant a décidé pour vos armées. Si nous vous perdons, cela aura beaucoup plus d’impact que la défaite de votre armée. Si vous êtes tué ou vaincu au début, je crains que les musulmans ne puissent jamais plus réciter le Takbir ou offrir le témoignage de La ilaha ill-Allah. » ‘Oumar (r.a.) a tenu une réunion publique après le Majlis al-Choura [à laquelle participaient] des compagnons sélectionnés. ‘Oumar (r.a.) a déclaré : « Allah le Tout-Puissant a uni les gens dans l’islam et a créé l’amour les uns pour les autres dans leurs cœurs. L’Islam a fait de chacun un frère. La condition des musulmans est comme celle d’un corps : si une partie en souffre, tout le corps le ressent. Par conséquent, il est important que les musulmans décident de leurs affaires par consultation mutuelle, en particulier avec l’avis de personnes sensées, et il est important que les gens suivent et obéissent à tout ce qu’ils décident d’un commun accord. Les Emirs doivent faire accepter par la population les opinions des gens avisés sur [le sort] de la population elle-même et sur leur stratégie de guerre. O gens, je souhaitais être des vôtres comme l’un d’entre vous. Je souhaitais participer à la bataille comme vous, mais vos membres avisés m’en ont empêché. C’est pourquoi j’ai décidé de ne pas partir et d’envoyer quelqu’un d’autre. » À ce moment-là, ‘Oumar (r.a.) cherchait quelqu’un. Au cours de cette période il a reçu la lettre de Sa’d qui était responsable de la collecte de l’aumône dans le Nejd à ce moment-là. ‘Oumar (r.a.) a dit : « Suggérez-moi quelqu’un qui puisse prendre la tête de l’armée. ‘Abdour Rahman a dit : « Vous l’avez entre vos mains ! » ‘Oumar (r.a.) a demandé : « Qui est-ce ? » ‘Abdour Rahman de répondre : « Le brave lion : Sa’d ibn Malik, c’est-à-dire Sa’d ibn Abi Waqqas. » Le reste de la population a également soutenu ce conseil.

Selon les chroniques d’Al-Tabari, ‘Oumar (r.a.) a nommé Sa’d comme émir et lui a conseillé ceci : « Ô Sa’d, ne t’enorgueillis pas du fait qu’on t’appelle l’oncle et le compagnon du Messager d’Allah (la paix soit sur lui), car Allah n’éradique pas le mal par le mal, mais enlève le mal par le bien. Entre Dieu et le serviteur, il n’y a que la relation d’obéissance. » C’est là le conseil qu’il lui a prodigué.

Au moment du départ, ‘Oumar (r.a.) dit à Sa’d :

« Souviens-toi de mon conseil. »

Un autre conseil était : « Tu as entrepris une tâche difficile et ardue. Habituez-vous, toi et tes compagnons, à la bonté et recherchez la victoire à travers elle.

Rappelez-vous qu’il existe un moyen pour inculquer toute habitude. La patience est le moyen pour inculquer l’habitude à faire le bien. Soyez patients, vous vous habituerez à faire le bien. Soyez donc patients suite à tout malheur et toute souffrance qui vous frappe. Cela insufflera en vous la crainte d’Allah. »

Ensuite il a déclaré : « Prends tes compagnons musulmans et marchez de Charaf vers la Perse ». Charaf est une source d’eau dans le Nejd. L’armée s’était rassemblée là et ‘Oumar les a conseillé de partir de là. « Placez votre confiance en Allah et cherchez Son aide dans toutes vos affaires. Rappelez-vous que vous partez combattre une nation nombreuse. Ils disposent d’un équipement abondant. Militairement, ils sont très puissants et vous allez combattre dans une zone difficile et bien protégée, quoiqu’elle soit bonne en raison de sa fertilité et de son irrigation. Ne soyez pas victimes de leur tromperie ; en effet, ils sont rusés et trompeurs. Quand vous arriverez à Qadisiyya, placez-vous là où se termine la région montagneuse et où commencent les plaines. Restez-y et ne bougez pas de là. »

Il leur a indiqué l’endroit où ils devaient se placer.

« Lorsque l’ennemi aura connaissance de votre arrivée, tout enragé il vous attaquera avec toute sa cavalerie et son infanterie et de toutes ses forces. Si vous restez fermes face à l’ennemi et que vous vous battez pour mériter les récompenses et si vos intentions seront bonnes, j’espère que vous les surmonterez et qu’ils ne pourront jamais plus vous combattre de cette manière. Même s’ils le font, leurs cœurs n’y seront pas. Ils combattront les cœurs effrayés. Si la situation change, s’il y a retraite ou quelque défaite, éloignez-vous des plaines les plus proches du territoire iranien et allez dans les régions montagneuses le plus proches de votre région à vous.

Vous aurez plus de courage dans votre région et vous y serez plus familiers : les Perses auront peur dans votre région ; ils ne connaîtront pas cette région. [Demeurez-là bas] jusqu’à ce que Dieu vous accorde la victoire contre eux. »

Il était certain que la victoire était inévitable, même s’il y avait un revers temporaire : la victoire finale serait celle des musulmans.

Les mouvements de cette armée étaient conformes aux ordres détaillés du Calife ‘Oumar de Médine. Le chroniqueur, Al-Tabari, écrit : « ‘Oumar (r.a.) avait en outre fixé la date de départ de l’armée de Charaf et a également ordonné qu’après avoir atteint Qadisiyya, l’armée devait se stationner entre les lieux d’Ouzayb al-Hajjanat et d’Ouzayb al-Qawadis et l’armée devait s’étendre de l’est à l’ouest : Ouzayb est également un point d’eau entre Qadisiyya et Moughisia. Elle est située à 6 kilomètres de Qadisiyya et à 51 kilomètres de Moughisia.

Grâce à la lettre du Calife ‘Oumar (r.a.) envoyée à Sa’d ibn Abi Waqqas, l’on peut déduire qu’il existait deux Ouzaibs dans la région.

‘Oumar (r.a.) a envoyé Sa’d ibn Abi Waqqas en Perse avec quatre mille moudjahidine. Plus tard, deux mille Yéménites et deux mille Nejdis se sont également joints à lui. En cours de route, trois mille hommes des Banou Asad l’ont rejoint et Ach’ath ibn Qays Al-Kindi s’est joint à lui avec mille sept cents soldats yéménites. Le nombre des soldats musulmans a progressivement augmenté pour atteindre plus de 30 000.

L’on peut comprendre l’importance de cette armée du fait qu’elle comptait quatre-vingt-dix-neuf compagnons qui avaient rejoint le Saint Prophète dans la bataille de Badr. Al-Tabari en a mentionné plus de soixante-dix. Plus de trois cent dix étaient de ceux qui ont eu le privilège d’être en compagnie du Saint Prophète depuis le début de l’islam jusqu’au serment d’allégeance de Ridwan. Il y avait trois cents compagnons qui ont participé à la conquête de La Mecque.

Sept cents n’étaient pas eux-mêmes des compagnons mais étaient fiers d’être leurs enfants. Sa’d ibn Abi Waqqas a atteint Charaf et y a campé. Mouthanna avec 8000 hommes attendait les renforts à Dhou Qar, qui est un point d’eau tout près de Koufa. Il attendait l’aide des musulmans quand il est décédé. Il avait nommé Bachir ibn Khasasiya comme son successeur.

Mouthanna est mort là-bas. En atteignant Charaf, Sa’d a envoyé à ‘Oumar (r.a.) des détails sur la formation de l’armée. Sur ce, ‘Oumar (r.a.) lui-même a décidé de l’ordre de l’armée et a ordonné dans la lettre qu’il divise l’ensemble de l’armée en groupes de dix moudjahidine et nomme un chef sur chacun d’eux et qu’il nomme un officier supérieur sur ces troupes puis augmente leur nombre et enfin qu’il les envoie à Qadisiya.

Sa’d devait garder le détachement de Moughira ibn Chou’ba sous son commandement. Il lui a dit : « Envoyez-moi par la suite les détails de la situation, et tenez-moi au courant de l’évolution au jour le jour de la situation. »

Sa’d a organisé l’armée selon ces instructions et a envoyé des rapports détaillés à ‘Oumar (r.a.). La nomination d’un chef pour dix hommes était en accord au même système de l’époque du Saint Prophète (s.a.w.).

Dans une autre lettre, ‘Oumar (r.a.) a écrit à Sa’d : « Continue à conseiller ton cœur et à prêcher et à conseiller votre armée. Soyez patient ! Car la récompense de Dieu est selon l’intention. Sois très prudent concernant la responsabilité qui t’a été confiée et concernant la tâche que vous allez accomplir. Sois très prudent. Demande la protection de Dieu et récite fréquemment La Hawla wa la Quwwata illa Billah. Informe-moi par écrit où se trouve ton armée et qui a été nommé commandant de l’ennemi, car je n’ai pu vous donner certaines directives en raison du manque d’information à votre sujet et à propos de votre ennemi. Envoyez toutes les données, ensuite je vous donnerai plus d’instructions. Décris-moi les détails des scènes de l’armée musulmane et l’état de la zone entre vous et la capitale perse, Madain, de telle manière que je puisse les voir de mes propres yeux. »

C’est-à-dire consignez tous les détails.

« Explique-moi en détail votre situation. Crains Allah et place ton espoir en lui et compte sur Lui dans l’accomplissement de tes œuvres. Crains qu’Allah ne te retire et ne te remplace par d’autres pour accomplir ce travail. »

C’est-à-dire que vous devriez toujours craindre Dieu. Dieu n’a pas signé de contrat avec vous. Si vous n’assumez pas cette responsabilité, Il vous retirera de ce travail et apportera quelqu’un d’autre pour effectuer ce travail. Ce travail se fera de toute façon. En arrivant à Qadisiyya, Sa’d a envoyé ‘Oumar (r.a.) un compte rendu détaillé de la formation de son armée et des quatre frontières. ‘Oumar (r.a.) lui a répondu : « Demeurez à votre place jusqu’à ce que l’ennemi vous attaque. Si l’ennemi est vaincu, avancez jusqu’à Madain. »

J’avais déjà mentionné ce qui suit à propos de Sa’d. Il est nécessaire ici d’en faire mention [de nouveau].

Sa’d est resté à Qadisiyya pendant un mois selon les instructions du Calife, mais aucun des Perses n’est venu les combattre.

Les habitants de cette région ont écrit une lettre au roi Yazdgerd de la Perse disant : « Les Arabes sont à Qadisiyya depuis un certain temps et vous n’avez rien fait contre eux. Ils ont détruit la zone jusqu’à l’Euphrate et pillé le bétail. Si l’aide ne vient pas, nous leur remettrons tout. » Après cette lettre, Yazdgerd a appelé Roustam : celui-ci cherchait à éviter de participer à la guerre par des excuses et a conseillé à Jalinous de nommer un commandant de l’armée à sa place. Mais les excuses de Roustam n’ont pas tenu la route face au roi et il a dû partir avec l’armée.

‘Oumar (r.a.) a écrit à Sa’d : « Envoie à Roustom des gens d’influence, intelligents et courageux pour l’inviter vers l’islam. » Il ne faut pas commencer à se battre : il faudra inviter l’ennemi vers l’islam.

« Allah fera de cette invitation une source d’humiliation pour eux et la cause de notre succès. Envoie-moi des lettres tous les jours. »

Sur ce, Sa’d a sélectionné 14 personnes estimées et les a envoyées comme émissaires à la cour royale du roi perse, Yazdgerd, afin de l’inviter vers l’islam. Les musulmans étaient à cheval, portant des manteaux et des fouets à la main. Le premier à parler au roi était Nou’man ibn Mouqarrin, après quoi Moughirah ibn Dararah a pris la parole. Moughirah a dit au roi : « Soit nous nous battrons contre vous, soit vous payerez la Jizya. Vous avez maintenant le choix d’accepter de vivre sous notre règne et de payer la Jizya ou de vous préparer à vous battre contre nous. Cependant, il existe également une troisième option et c’est que si vous acceptez l’islam, vous vous protégerez de tout. »

Sur ce, Yazdgerd a répondu : « Si le meurtre des émissaires n’était pas interdit, je vous aurais tous tués ! Je n’ai rien à vous offrir. Partez d’ici ! » Il a ensuite demandé qu’on lui apporte un panier de terre et a dit : « Prenez cela de ma part ! » Il a ensuite ordonné que ces émissaires soient expulsés des portes de Madain. ‘Asim ibn ‘Amr a pris le panier de terre et l’a remis à Sa’d (ra) avant de déclarer : « Je vous offre la bonne nouvelle qu’Allah nous a accordé les clés de cette terre ! »

Après cet incident, les deux armées n’ont pas bougé et il n’y a eu aucune action pendant de nombreux mois. Roustom a pris son armée et est resté à Sabaat ; il s’est abstenu de s’engager dans une bataille, malgré la pression de Yazdgerd. Le peuple a cherché à plusieurs reprises la protection de Yazdgerd sinon ils tomberaient sous la domination musulmane et ainsi Roustom a été contraint d’avancer pour livrer bataille ; l’armée persane a quitté Sabaat et a campé dans les plaines de Qadisiyyah. Lorsque Roustom est parti de Sabaat, son armée se composait de 130 000 soldats et ils avaient 33 éléphants. Il a fallu quatre mois à Roustom pour atteindre Qadisiyyah. Après avoir installé le camp à Qadisiyyah, le lendemain matin, Roustom a fait une évaluation de l’armée musulmane et a souhaité faire la paix avec eux et leur permettre de repartir. Par conséquent, Roustom a demandé aux musulmans de faire la paix et de repartir. La réponse de l’armée musulmane était qu’ils n’étaient pas venus avec l’intention d’acquérir le monde : leur seul but était l’au-delà. Roustom a alors demandé à l’armée musulmane d’envoyer ses représentants à sa cour afin qu’ils puissent négocier sur la question. Par la suite, des tapis très précieux et coûteux ont été posés dans la cour de Roustom et celle-ci a été embellie. Un siège royal en or a été placé pour Roustom : un tissu était posé dessus et il était orné de coussins brodés de fil d’or. Parmi les musulmans, Rabi’ibn ‘Amir a été le premier à s’y rendre (en tant que représentant des musulmans). Il marchait à petits pas avec l’appui de sa lance dont la pointe déchirait le tapis. Il atteignit Roustom et planta sa lance dans le tapis. Rabi a proposé trois options à Roustom. Premièrement, que s’ils acceptent l’islam, ils les laisseront tranquilles et les laisseront être dans leur pays ; ils pouvaient gouverner le pays à leur guise. Ou, qu’ils paient la Jizya, et en retour, ils leur accorderont protection. Et s’ils ne souhaitent pas choisir l’une ou l’autre option, ils entreront dans une bataille contre eux le quatrième jour. Il a en outre déclaré que les musulmans n’engageraient pas la bataille durant les trois premiers jours, mais si les Perses commençaient la bataille, ils n’auraient alors d’autre choix que d’y répondre.

Le lendemain, Sa’d envoya Houdhayfah ibn Mihsan. Il a également présenté les mêmes trois options que Rabi’. Le troisième jour, Moughira ibn Chou’bah s’est présenté à Roustom et à la fin de sa conversation, à l’instar de ses deux compagnons, il a lui aussi mentionné les trois options : accepter l’islam, payer la Jizyah ou livrer bataille. Sur ce, Roustom a déclaré : « Vous serez certainement détruits ! » Moughira de répondre : « Quiconque parmi nous est tué entrera au paradis et quiconque parmi vous sera tué entrera dans le feu de l’enfer. Et celui qui restera en vie parmi nous aura la victoire sur vous. » Roustom est devenu furieux en entendant ces paroles de Mughira et a déclaré : « Je jure par le Soleil ! Demain le soleil ne se sera même pas complètement levé quand nous vous aurons complètement détruits ! »

Après Moughira, Sa’d a envoyé quelques autres musulmans sages à la cour de Roustom et ils sont tous revenus le même soir. Sa’d a demandé aux musulmans de se préparer pour la bataille et a envoyé un message aux Perses qu’ils devraient traverser la rivière. Les musulmans avaient pris le contrôle du pont et toute la nuit, les Perses ont dû construire un pont sur la rivière Atiq. En traversant le pont, Roustom a déclaré : « Demain, nous anéantirons les musulmans. » En réponse à cela, l’un de ses compagnons a déclaré : « Si Allah le souhaite ! » (Peut-être qu’il croyait en Allah). Cependant, Roustom a répondu : « Même si Allah ne le souhaite pas, nous les détruirons ! » (Qu’Allah nous en préserve). Les musulmans avaient maintenant préparé leurs rangs pour la bataille, mais Sa’d a développé un furoncle sur son corps et il souffrait de la sciatique. Par conséquent, il ne pouvait même pas s’asseoir et s’allongeait sur la poitrine. Un coussin était placé sous sa poitrine, de sorte qu’avec son aide il pouvait regarder l’armée du haut du fort ou de la plate-forme qui avait été construite au-dessus d’un arbre. Sa’d a nommé Khalid ibn Arfata comme son adjoint. Sa’d s’est adressé aux musulmans et les a encouragés à accomplir le Jihad et leur a rappelé la promesse de victoire d’Allah. L’armée perse était au bord de la rivière ‘Atiq : celle-ci s’écoule de l’Euphrate. L’armée musulmane était à côté du mur de Koudays et de la tranchée. Koudays est une zone à côté de Qadisiyya et située à une distance d’un kilomètre et demi de la rivière ‘Atiq. Trente mille soldats parmi l’armée perse s’étaient enchaînés les uns aux autres afin que personne ne puisse fuir le champ de bataille. Sa’d a demandé aux musulmans de réciter la sourate Al-Anfal. Après sa récitation, les musulmans se sont sentis sereins. Après avoir offert la prière de Dhouhr, la bataille entre les musulmans et l’armée perse a commencé. L’armée perse a causé beaucoup de pertes aux musulmans. ‘Asim a appelé les archers experts des Banou Tamim et leur a ordonné d’attaquer ceux montés sur les éléphants avec leurs flèches ; et il a également demandé à certains parmi les braves fantassins d’aller à l’arrière des éléphants et de leur couper la selle. Par la suite, tous les éléphants avaient perdu leurs selles ou leurs cavaliers. La bataille a continué même après le coucher du soleil. Le premier jour, 500 musulmans de la tribu des Banou Asad sont tombés en martyrs. Ce jour est connu sous le nom de Yawm al-Armâs.

Le lendemain matin, Sa’d a enterré tous les martyrs et a envoyé les blessés aux femmes afin les faire soigner. De plus, le lendemain, un renfort pour l’armée musulmane a été reçu de la Syrie.

Hachim ibn ‘Outbah ibn Abi Waqqas était le commandant de ce renfort, tandis que le commandant du contingent de l’armée au front était Al-Qa’qa’ibn ‘Amr. Al-Qa’qa’a rapidement terminé le voyage et a atteint l’armée en Irak au petit matin à Aghwas. Al-Qa’qa’a très intelligemment divisé l’armée en groupes de dix et chaque groupe était à une courte distance les uns des autres. Chaque groupe composé de dix soldats rejoindrait progressivement l’armée musulmane les uns après les autres. A l’arrivée de chaque groupe, l’armée musulmane lançait le slogan « Allahou Akbar ! » et ainsi il semblait que l’armée musulmane recevait continuellement des renforts. Al-Qa’qa’lui-même était à l’avant de l’armée et dès qu’il a atteint l’armée musulmane, il a transmis ses salutations de paix et leur a annoncé la bonne nouvelle de l’arrivée de l’armée musulmane.

Il dit : « Ô gens ! Faites comme moi ! » Il est ensuite sorti et a invité l’ennemi à un duel. En entendant son appel, Bahman Jazaviyyah s’est présenté et tous deux ont commencé à se battre : et Al-Qa’qa’l’a tué. En raison de la mort de Bahman Jazaviyyah et de l’arrivée du renfort, les musulmans étaient très heureux. Abu Bakr (r.a.) a déclaré à propos d’Al-Qa’qa’qu’il n’est pas possible de vaincre une armée dans laquelle il y a des gens comme lui. Ce jour-là, l’armée perse n’a pas pu se battre avec ses éléphants car leurs selles avaient été rendues inutiles la veille. Par conséquent, ils avaient passé toute la matinée à essayer de les réparer. D’autre part, les musulmans ont conçu un stratagème : ils ont mis des vêtements sur les chameaux, couvrant tout leur corps et leur cou. Ils ressemblaient à des éléphants. Partout où ces chameaux passaient, les chevaux de l’armée perse commençaient à cabrer de manière incontrôlable, tout comme la veille les chevaux des musulmans réagissaient en voyant les éléphants. Les deux cavaleries se sont battues du matin à l’après-midi. Quand plus de la moitié de la journée s’était écoulée, la bataille générale a commencé ; ce jour est connu sous le nom de Yawm al-Aghwath et il appartenait aux musulmans, c’est-à-dire qu’ils étaient victorieux. Au matin du troisième jour, les deux armées étaient dans leurs tranchées respectives ; une bataille très féroce a eu lieu ce jour-là.

2 000 musulmans sont tombés en martyrs et 10 000 soldats de l’armée perse ont été tués. Les musulmans enterraient leurs morts et envoyaient leurs hommes blessés aux femmes qui soignaient leurs blessures, mais les soldats morts de l’armée perse ont été laissés sur le champ de bataille. Cette nuit-là, les Perses ont réparé les selles de leurs éléphants et les fantassins les protégeaient ; néanmoins, les éléphants n’ont pas pu faire autant de ravages que le premier jour. Sa’d a envoyé un message à Al-Qa’qa’et à ‘Asim et a déclaré qu’il tuerait l’éléphant blanc de l’armée perse. Suite à cela, Al-Qa’qa’et ‘Asim ont attaqué cet éléphant et ont enfoncé leurs lances dans ses yeux ; en conséquence, il est devenu incontrôlable et a désarçonné son cavalier. La trompe de l’éléphant a ensuite été tranchée. Puis, il a été mis au sol à coups de flèche. Après cela, les musulmans ont planté leurs lances dans les yeux d’un autre éléphant. L’éléphant se précipitait parfois vers l’armée musulmane et ils le transperçaient de leurs lances ou il se précipitait alors vers l’armée perse et ils le transperçaient également des leurs. Finalement, l’éléphant connu sous le nom d’Ajrab a couru vers la rivière ‘Atiq ; et en voyant cela, tous les autres éléphants ont emboîté le pas et sont tombés dans la rivière. Ils sont morts avec leurs cavaliers. Les combats ont continué jusqu’au coucher du soleil et ce jour est connu sous le nom de Yawm al-Amâs.

Une autre bataille féroce a éclaté après la prière d’Icha. On dit que ce jour-là, le bruit des épées ressemblait à celui du fer coupé dans une ferronnerie. Sa’d resta également éveillé toute la nuit et était occupé à implorer Allah. Aucun Arabe ou non-Arabe n’avait vu pareille scène nocturne dans le passé.

Le matin venu, le zèle et la passion des musulmans restaient résolus et ils ont eu le dessus. Après cette nuit, le matin venant, tout le monde était fatigué car ils étaient restés éveillés toute la nuit. Cette nuit-là est connue sous le nom de Laylat al-Harir. La raison est que pendant la nuit, les musulmans ne se parlaient pas, mais se contentaient de chuchoter. C’est aussi le sens du terme Harir : il s’agit du bruissement produit par un arc après le lancement d’une flèche, ou le léger bruit d’une meule qui tourne.

Al-Tabari a également écrit que la raison pour laquelle [cette nuit] a été appelée Laylat al-Harir est que du début de la soirée jusqu’au matin, les musulmans se sont battus avec grande vaillance. Ils ne parlaient pas à voix haute, ils se chuchotaient plutôt : ainsi cette nuit était connue sous le nom de Laylat al-Harir.

En tout cas, le quatrième jour, les combats se sont poursuivis jusqu’à l’après-midi et l’armée perse a continué à battre en retraite. Par la suite, Roustom a été attaqué et il s’est enfui vers la rivière ‘Atiq. Lorsqu’il a sauté dans la rivière, un musulman du nom de Hilal l’a capturé, l’a traîné jusqu’au rivage et l’a tué.

Celui qui l’avait tué a déclaré : « J’ai tué Roustom ! Venez vers moi ! » Les musulmans l’ont encerclé de toutes parts et ont scandé très haut le slogan : « Allahou Akbar ! ». En apprenant la mort de Roustom, et se sentant vaincus, les soldats persans ont pris la fuite. Les musulmans les ont pourchassés : ils en ont tué certains et emprisonné une grande partie. Cette bataille est connue sous le nom de bataille d’Al-Qadisiyya. Tous les jours, dès le matin, ‘Oumar avait l’habitude d’interroger les cavaliers qui venaient du front au sujet de la bataille d’Al-Qadisiyya. Lorsqu’un messager est venu apporter la bonne nouvelle de la défaite des polythéistes, ‘Oumar (r.a.) était en train de courir partout, ici et là, en quête de renseignements. Le messager était sur son chameau et ne connaissait pas le Calife. Le messager est entré à Médine, et il a constaté que les gens saluaient ‘Oumar en l’appelant Amir al-Mou’minîn. Il lui a demandé : « Pourquoi ne m’aviez-vous pas dit que vous étiez l’Emir des Croyants ? » ‘Oumar a répondu : « O mon frère, ce n’est rien. »

Après avoir reçu la bonne nouvelle de la victoire, ‘Oumar l’a annoncé devant une assemblée, et ensuite il a prononcé un discours très impactant. Il a envoyé l’ordre que la troupe reste sur place, et que l’armée soit réorganisée de nouveau, et de tourner son attention vers d’autres choses qui nécessitent d’être réformées.

Sa’d a également demandé conseil auprès du Calife. Il l’a informé que lors de la bataille d’Al-Qadisiyya, nombre de combattants [persans], par le passé, avaient fait la paix avec les musulmans. Certains respectaient à ce point le traité de paix, que l’empire perse les a inclus de force parmi les troupes. Ils n’avaient pas participé de leur plein gré à la bataille, mais avaient été forcés à le faire. C’était le cas pour bon nombre d’entre eux. Beaucoup avaient quitté cette région pour aller dans la région ennemie et à présent ils en revenaient. Afin de statuer sur ce point, ‘Oumar avait convoqué un Majlis al-Choura à Médine. La décision suivante a été prise : « Les traités de ceux qui en avaient conclu avec les musulmans, qui les ont respectés, qui sont restés dans leurs régions et ne se sont pas dirigés vers les zones ennemies seront respectés à la lettre [par les musulmans]. Ceux qui n’en n’avaient pas conclu avec les musulmans, mais qui sont restés dans leurs régions, et qui n’ont pas rejoint les troupes ennemies contre les musulmans, seront traités de la même manière que ceux avec lesquelles un traité avait été conclu.

Les musulmans devront bien traiter ceux qui prétendent que l’empire perse les avait forcés à rejoindre les troupes ennemies et dont l’affirmation semble véridique. Il y a ceux qui prétendaient, à tort, avoir été forcés à le faire mais qui [en réalité] avaient rejoint de leur plein gré l’ennemi pour combattre les musulmans : ils n’ont pas respecté le premier traité, car ils ont aidé l’ennemi. Il faut établir un nouveau traité avec ceux-là ou les emmener dans des endroits où ils se sentiront en paix. (C’est-à-dire qu’il faut faire un nouveau traité pour les déloger de là-bas, et ils seront libres de partir habiter où ils le souhaitent.) Ceux avec qui il n’y a aucun traité, qui avaient quitté leurs régions pour rejoindre l’ennemi, et qui ont participé à la bataille contre musulmans, pourront être invités [à revenir dans la région] si vous le considérez approprié. Ils devront payer la Jizya. Vous devez être bienveillants dans la mesure du possible. Ils pourront vivre dans vos régions. Si vous ne le considérez pas approprié, alors ne les invitez pas ; ils continueront à vous combattre et vous continuerez à vous battre contre eux.

S’ils restent dans vos régions et décident de vous combattre vous serez alors également en droit de répondre. Mais s’ils reviennent sur leur décision, après avoir rejoint l’ennemi, alors épargnez-les. »

Ces instructions se sont avérées bénéfiques et les populations environnantes sont retournées sur leurs terres et les ont habitées. C’est un excellent exemple de la tolérance et du courage des musulmans. C’était une grande détermination montrée par les musulmans quand ils ont invité les mêmes personnes à se réinstaller sur leurs terres, qui à un moment si délicat avaient ignoré leurs accords et avaient rejoint l’ennemi.

Bien que la consultation tenue à Médine ait donné l’option de rappeler ou non ces Perses et de répartir leurs terres parmi les musulmans, les historiens écrivent qu’en cette période dangereuse, ceux qui avaient rompu leurs pactes ont été rappelés et leurs terres ont été taxées à un taux plus élevé. C’était la seule condition supplémentaire : bien qu’ils aient rompu leurs accords, ils pouvaient retourner sur leurs terres ; toutefois l’impôt foncier qu’ils payaient devrait être supérieur à celui payé par les autres. Mais dans tous les cas, ils pouvaient continuer à être propriétaires de leurs terres. Cette bataille a été assez décisive dans la série de victoires en Irak. Les soldats musulmans étaient déterminés et audacieux face à des conditions extrêmement hostiles. Les historiens ont écrit que la participation à la bataille d’Al-Qadisiyyah était considérée comme un facteur distinctif lorsque des allocations étaient attribuées aux gens par le Calife. ‘Oumar (ra) a en effet déterminé un montant plus élevé d’allocation pour ceux qui avaient participé à la bataille d’al-Qadisiyyah.

Hazrat Mouslih Maw’oud (ra) a commenté sur la bataille d’Al-Qadisiyya : « À l’époque d’Oumar (r.a.), Yazdgerd, petit-fils de Pervez le Chosroès, a été placé sur le trône. Par la suite, les Perses se sont préparés sur une grande échelle afin de livrer combat contre les musulmans. ‘Oumar (r.a.) a envoyé une armée avec à sa tête Sa’d Ibn Abi Waqqas afin de les combattre. Sa’d a choisi Al-Qadisiyya comme champ de bataille et il a envoyé la carte de la région au Calife ‘Oumar (r.a.). Celui-ci a apprécié l’endroit mais a écrit : « Avant d’engager la bataille, envoie une délégation chez le roi perse et invite-le vers l’islam. » Après avoir reçu cet ordre, il a envoyé une délégation à Yazdgerd. Quand elle est parvenue à la cour du roi, celui-ci a demandé à son traducteur de demander la raison de leur visite. Nou’man Ibn Mouqarin, le chef de la délégation, s’est mis debout et a évoqué le but de l’avènement du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) en disant : « Il nous a ordonnés de répandre l’islam dans le monde et d’inviter tout le monde vers la religion de la vérité. Nous nous sommes présentés à vous suite à cette injonction. Nous vous invitons à embrasser l’islam. » Yazdgard était furieux d’entendre cette réponse. Il a déclaré : « Vous êtes des sauvages et des mangeurs de charogne ! Si la faim et la pauvreté vous ont poussés à lancer cette attaque, je suis prêt à vous offrir tant à manger que vous pourrez vivre rassasiés jusqu’à la fin de vos jours. Je vous offrirai aussi des vêtements à porter. Prenez tout cela et retournez dans votre pays. Pourquoi souhaitez-vous perdre votre vie en nous combattant ? »

Quand il a terminé, Moughirah Ibn Dararah, de la délégation islamique, a déclaré : « Tout ce que vous avez dit à notre sujet est vrai. Nous étions certainement des sauvages et un peuple de charognards. Nous mangions des serpents, des scorpions, des sauterelles et des lézards. Mais Allah nous a accordé Sa grâce et Il nous a envoyé Son Prophète pour nous guider. Nous avons cru en lui et nous avons suivi ses directives. Conséquemment, il y a eu une révolution en nous. À présent, ces maux que vous avez évoqués ne sont pas présents en nous. Vous ne pourrez pas nous tenter. La guerre a débuté entre nous et le verdict sera rendu sur le champ de bataille. Vous ne pourrez pas nous écarter de notre objectif en nous tentant avec des biens matériels. »

C’est-à-dire, si vous n’acceptez pas notre invitation et que vous souhaitez vous battre contre nous, nous allons livrer bataille. Vous ne pourrez pas nous écarter de notre objectif en nous tentant par les biens de ce monde.

Yazdgerd était fort en colère d’entendre ces propos. Il a dit à un domestique d’apporter un sac de terre. Il s’est adressé au chef de la délégation islamique en disant : « Étant donné que tu as rejeté ma demande, je ne t’offre rien d’autre que ce sac de terre ! » Ce compagnon s’est avancé sérieusement, il a baissé sa tête et il a porté le sac de terre sur son dos. Il a fait un saut et est sorti précipitamment de la cour du roi en disant à ses compagnons : « Aujourd’hui le roi de la Perse nous a offert la terre de son pays de ses mains ! » Ils ont pris leurs chevaux et sont sortis rapidement.

Le roi a tremblé lorsqu’il a entendu sa déclaration. Il a dit à ses courtisans : « Poursuivez-les et ramenez ce sac de terre ! Cela est de très mauvais augure de leur offrir de mes mains la terre de notre pays ! » Mais les musulmans étaient déjà très loin sur leurs chevaux.

Leur déclaration s’est accomplie et en quelques années la Perse toute entière était sous la domination des musulmans. »

Hazrat Mouslih Maw’oud (ra) demande : « Comment ce changement extraordinaire s’est-il opéré parmi les musulmans ? Ce sont les enseignements du Coran qui ont apporté une révolution morale en leurs personnes. Elle a frappé de mort leur vie de bassesse et les a placés sur le piédestal des excellences et des hautes valeurs morales.

C’est cela qui a occasionné cette révolution en eux.

Ainsi, c’est en adhérant aux enseignements du Saint Coran que l’on peut produire une véritable révolution.

Incha Allah je poursuivrai [cette série] de récits à l’avenir.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

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