Salat : la prière en Islam

Secrets de l’exaucement des prières

Hazrat Mirza Bashir-Ud-Din Mahmud Ahmad présente une série de méthodes pour rendre les supplications plus efficaces et favoriser leur acceptation.
  1. La méthode spéciale : l’arme divine
  2. Le respect des commandements d’Allah
  3. La foi parfaite en Dieu
  4. Aider autrui
  5. Prières en faveur du Saint Prophète Mohammad
  6. Louanges divines
  7. La purification des habits et du corps
  8. Lieu consacré à la prière
  9. Introspection
  10. Gratitude
  11. Crainte et espoir
  12. Vivacité
  13. Prières générales et exaucées
  14. Lieu consacré à la supplication
  15. Implorer Allah par Ses attributs
  16. Implorer Dieu par Son nom
  17. Conclusion

Dieu est Roi et nous sommes Ses sujets. Un souverain peut, ou non, accepter une requête : le suppliant ne peut l’exiger de sa part ni ne peut-il le contraindre. Au cas échéant, le roi deviendra sujet et vice versa. Allah n’est pas uniquement Roi mais surtout Seigneur et Créateur ; nous sommes, quant à nous, Ses serviteurs et Ses créatures. Croire qu’Il sera obligé de tout accorder est une erreur. Il existe, cependant, des méthodes favorisant l’exaucement des prières sans altérer pour autant les rapports entre Maître et serviteur.

La méthode spéciale : l’arme divine

Voici une méthode très difficile à appliquer et hors de la portée du commun des mortels. Dieu exauce toutes les supplications de celui ou celle qui en use. Elle n’est accordée qu’à ceux ayant atteint un niveau spirituel élevé : toutes leurs prières sont exaucées.

Affirmer qu’un serviteur ne peut tout obtenir du Maître et prétendre, d’autre part, que toutes ses demandes seront acceptées semble, de prime abord, être une contradiction : or ceci n’est pas le cas. Appelons cette méthode « l’arme divine » : elle est efficace quand le détenteur s’en sert. Celui qui n’y a pas recours ne peut rien reprocher à l’arme : la faute lui incombe. Dans certains cas, le suppliant se transforme en arme entre les mains de Dieu : il mange, boit, entend ou se réveille uniquement quand Dieu le souhaite. En bref, chacun de ses actes est dédié à Dieu et est sous Son contrôle. Toutes ses supplications sont exaucées car elles sont celles recommandées par Dieu : les accepter n’amoindrit en rien Sa grandeur. Vu que cette méthode n’est pas à la portée de tout le monde, je n’entrerai pas dans les détails. J’aborderai des formules applicables par tous et qui favorisent, dans une grande mesure, l’exaucement des prières.

Le respect des commandements d’Allah

La première méthode est tirée du verset suivant du Saint Coran :

وَإِذَا سَأَلَكَ عِبَادِي عَنِّي فَإِنِّي قَرِيبٌ أُجِيبُ دَعْوَةَ الدَّاعِ إِذَا دَعَانِ فَلْيَسْتَجِيبُوا لِي وَلْيُؤْمِنُوا بِي لَعَلَّهُمْ يَرْشُدُونَ

« Et quand Mes serviteurs t’interrogent sur Moi (et demandent si Dieu exauce les supplications) dis-leur que Je réponds aux prières mieux que quiconque, car Je suis aussi proche d’un fidèle adorateur que du but pour lequel il prie. » Ici une précision s’impose : un planton peut être physiquement proche d’un roi sans jamais oser occuper le siège à côté de lui. De même, être proche d’Allah ne signifie pas qu’Il exaucera toutes nos supplications. Il explique ici une méthode présente dans la nature humaine : respecter Ses prescriptions, appliquer Ses commandements, conformer tous ses désirs et actions à la loi divine, et ainsi les prières auront plus de chance d’être exaucées, car le serviteur est récompensé quand le Maître est satisfait de lui. S’il provoque la colère du Maître, et présente une requête, celle-ci sera immédiatement rejetée, le moment n’étant pas propice. Allah ne se fâche pas sans raison : Son courroux est attisé quand on viole Sa loi. Pour que ses prières soient exaucées, le suppliant doit méditer sur ses actions : a-t-il enfreint une seule règle de la loi divine ? Toutes ses œuvres doivent se conformer aux prescriptions de Dieu. Il exauce les prières de celui avec qui Il est satisfait.

Deuxième méthode : la foi parfaite en Dieu

La deuxième méthode figure également dans le verset précité. Dieu y affirme :

وَلْيُؤْمِنُوا بِي

« Si Mes serviteurs souhaitent que leurs prières soient exaucées, qu’ils croient en Moi. » À première vue cette condition semble incohérente : celui qui respecte les injonctions de Dieu croit déjà en Lui. Croire signifie ici respecter la loi divine et être fermement convaincu que Lui Seul exauce les prières. Certains respectent bien la loi, prient avec ferveur, mais croient que certaines affaires sont si importantes ou qu’ils sont de si grands pécheurs que leurs suppliques seront rejetées. Pareilles pensées entravent leur exaucement. La prière de celui qui ne nourrit pas d’espoir en Allah sera rejetée.

Le Coran affirme : « Ne désespérez jamais de la miséricorde de Dieu, car seul l’ingrat sombre en pareil abattement. » Le fidèle suppliant prie toute sa vie sauf si Dieu le lui interdit. Il ne faut jamais abandonner de son propre chef la prière car si elle n’est pas acceptée aujourd’hui elle le sera peut-être demain : si elle n’est pas exaucée la première fois, elle le sera la deuxième, la troisième ou même la soixante-dix-septième fois.

Hazrat Mirza Ghulam Ahmadas, le Messie Promis et Imam Al-Mahdi, disait à ce propos : « Il existe deux sortes de mendiants : ceux qui frappent à une porte et qui ne s’en vont pas les mains vides et ceux qui, après le premier refus, s’en vont frapper à la porte suivante. Soyez comme le mendiant déterminé devant Dieu et non comme l’indécis ; ne bougez pas du seuil divin tant que vous n’avez pas reçu quelque chose. Même si votre prière n’est pas exaucée, Dieu vous accordera Ses faveurs tôt ou tard. »

Ayez la certitude que Dieu acceptera vos supplications et continuez à prier tant qu’Il ne vous demande pas d’arrêter. J’ai aussi souligné l’importance de purifier ses actes et de suivre toutes les injonctions d’Allah car le Maître accorde des faveurs au serviteur qui lui plaît.

Troisième méthode : aider autrui

On tient pour cher son bien-aimé. Les parents d’un enfant en danger seront reconnaissants envers son sauveur. En somme, nous éprouvons de l’affection pour nos bienfaiteurs et ceux qui nous sont chers. Il en est de même pour les suppliques. L’amour d’Allah est incomparable à toute forme d’affection humaine. Une femme cherchait son enfant perdu : chaque fois qu’elle en voyait un elle se jetait sur lui follement. Finalement, elle retrouva le sien, le serra contre elle et s’en alla toute joyeuse. Le Saint Prophètesa expliqua à ses compagnons : « L’amour maternel avait rendu cette femme folle. Allah, quant à Lui, aime davantage Ses serviteurs et éprouve une plus grande compassion à leur égard. »

Chaque fois que vous sollicitez Allah pour une affaire importante, tentez de résoudre les problèmes d’autrui : vous profiterez ainsi de l’aide divine. Ceci est une méthode très efficace. Tentez de résoudre une difficulté d’un serviteur de Dieu. Si vous n’y parvenez pas malgré vos efforts sincères, Dieu ne vous en tiendra pas rigueur. Après pareil effort, vous pourrez Lui demander tout ce que vous désirez : votre prière sera vite exaucée car Dieu sera plus attentif que vous ne l’avez été à l’égard d’autrui. Même si nous n’arrivons pas à soulager notre semblable, Dieu résoudra notre problème car, étant humains, nous ne réussissons pas toujours dans nos entreprises. Quant à Allah, Il accomplit toujours Ses désirs et mène à bien ce qu’Il décrète.

Quatrième méthode : prières en faveur du Saint Prophète Mohammadsa

Ceux qui n’ont pas atteint le niveau spirituel où Dieu en personne leur recommande des supplications doivent louer à foison le Saint Prophète Mohammadsa avant de prier, car il est le plus proche d’Allah d’entre tous les êtres humains. Nous annonçons haut et fort la grandeur sans pareille de l’Envoyésa d’Allah. Il est unique et jouit d’un rang spirituel élevé : d’où la raison de la présence de son nom dans la déclaration de foi : « La ilaha illallah Mohammad Ur Rassoullah » (Nul n’est digne d’adoration sauf Allah et Mohammadsa est Son Messager).

L’exaucement de la prière est étroitement lié au Daroud (Salat-‘Alan-Nabi). Celui qui loue le Saint Prophète Mohammadsa lors de ses supplications a infiniment plus de chance d’être exaucé que celui qui ne le fait pas. Quand on implore des bénédictions en faveur du Saint Prophètesa, Dieu annonce : « Mon serviteur prie en faveur de Mon bien aimé ! Que la grâce lui soit accordée ! » Si nous n’avons pas l’habitude de louer le Saint Prophètesa, nous avons intérêt à le faire pour que nos prières soient exaucées : de plus Dieu élèvera davantage notre statut.

Cinquième méthode : louanges divines

La cinquième méthode consiste à louer Allah. Ceci est un principe général présent dans l’enseignement islamique et la nature humaine. Les mendiants complimentent ceux qu’ils implorent. Ils les comparent à de grands rois et vantent leurs mérites quand, en réalité, ces hommes ne sont guère extraordinaires. Ces mendiants se présentent aussi comme de grands nécessiteux : se faisant ils s’attirent la grâce et la générosité de leurs bienfaiteurs. Or toute louange de Dieu, aussi grandiose soit-elle, sera toujours en deçà de Ses mérites car Il réunit en Sa personne et Ses attributs toutes les perfections. D’où l’importance de louer Dieu avant de L’implorer.

À cet égard la sourate Al-Fatiha est la supplication par excellence enseignée par Dieu. La méthode préconisée dans ce chapitre coranique nous encourage à louer Dieu à foison avant de Lui demander quoique ce soit. Louer signifie témoigner que Dieu réunit en Sa personne toute perfection et pureté et qu’Il est exempt de tout défaut et de toute faiblesse. Le Tasbih, ou glorification, est aussi un type de louange. Les prières sont davantage exaucées après que nous avons chanté les louanges de Dieu et proclamé Sa grandeur et Sa gloire. Quand le suppliant loue Allah et proclame Sa Sainteté tout en confessant sa propre inaptitude, comment pourra-t-Il rejeter ses prières ? Les éloges activent tous les attributs de Dieu qui œuvrent de concert en faveur du suppliant.

Sixième méthode : la purification des habits et du corps

La sixième méthode consiste à veiller à la propreté des habits et du corps avant de prier. Bien que tous les adorateurs ne perçoivent pas la présence divine, ceux ayant vécu l’expérience spirituelle savent qu’on se sent proche d’Allah quand on prie. De plus, l’âme est attirée vers Dieu même si ceux regardant avec des yeux charnels ne peuvent Le voir. Au cours du rêve l’esprit se détache du corps : de même lors de la supplication, l’âme s’en affranchit pour se présenter devant Dieu. Le degré de propreté de l’âme est lié à celui du corps.

On raconte qu’une princesse épousa un homme ordinaire. Lorsqu’ils se retrouvèrent seuls, l’épouse fut gênée par l’odeur émanant des mains de son mari, celui-ci ne les ayant pas lavées après le repas. Elle les fit trancher ! Bien que la crasse d’untel ou d’un autre n’affecte pas Allah, Il déteste cependant toute impureté. D’où l’accent que place l’Islam sur la propreté comme condition essentielle de tout acte d’adoration. La Salat de celui portant des habits imbibés d’urine est rejetée de même que les supplications faites dans un état d’impureté. Celui qui se présente à Dieu dans un tel état est chassé de Sa présence au lieu d’obtenir des bénédictions.

Les soufis ont des habits consacrés uniquement à la prière qu’ils maintiennent propres et parfumés. Il faut veiller à la propreté de ses vêtements afin de favoriser l’exaucement des prières.

Septième méthode : lieu consacré à la prière

La septième méthode consiste à prier dans un endroit et à un moment calmes. On peut, par exemple, se retirer dans un lieu désert où on ne risque pas d’être dérangé ou prier la nuit quand tout le monde dort : ces mesures favorisent la concentration. Il sera impossible de prier avec toute l’attention requise dans un lieu bruyant : l’homme étant curieux de nature, il tente de savoir ce qui se passe autour de lui. Pour éviter ces désagréments, il faut prier dans le silence et dans un lieu calme et isolé : ceci favorise une plus grande concentration et rien n’entrave l’esprit qui se fixe uniquement sur l’objectif de la supplication.

Huitième méthode : introspection

La huitième méthode consiste à analyser, en détail, ses défauts et ses faiblesses avant toute prière. Le suppliant doit meurtrir son âme jusqu’à réaliser qu’il est impuissant sans le soutien de Dieu. Pareille humilité est propice à la prière. Il doit reconnaître son incapacité devant Dieu à l’instar d’un nourrisson vulnérable sans l’aide de ses parents. Il pourvoit aux besoins de celui dont l’âme est sujette à ces conditions. Aucune requête de celui priant avec l’esprit débordant d’arrogance ne sera exaucée. Il faut avant tout se faire très humble devant Dieu : c’est un moyen très efficace pour nouer une relation avec Lui et favoriser l’exaucement des prières.

Neuvième méthode : gratitude

Le suppliant doit se rappeler des faveurs divines avant toute requête : désirs et espoir sont en effet des vecteurs incitant l’homme à agir. Il doit analyser toutes les faveurs que Dieu lui a octroyées de la tête jusqu’aux pieds, se posant des questions de ce genre avant sa requête : « Si je n’avais pas de mains comment serrer celles des autres ? Comment boire ou me boutonner ? » Il doit prendre conscience de toutes les faveurs octroyées par Dieu afin que l’amour de son Créateur anime chaque fibre de son être. Une vague de passion et d’ardeur lui traversera le cœur et toutes ses suppliques seront agréées. Il se dira : « Dieu m’ayant accordé tant de faveurs sans requête de ma part, pourquoi ne m’exaucera-t-Il pas si je L’implore ? » Dès lors qu’on acquiert cette certitude, la prière sera exaucée.

Dixième méthode : crainte et espoir

Le suppliant doit aussi méditer sur la colère divine. Que serait-il devenu sans ses membres supérieurs et inférieurs et s’il était privé de toutes les faveurs dont il jouit ? Il doit aussi penser à ceux qu’Allah a privés de Ses grâces après leur octroi. Les maisons et les villes détruites, la perte des bras ou des jambes servent amplement de leçons. Ces faits à l’esprit, l’on entamera sa prière animé de crainte et d’espoir comme le recommande le Coran. Ces deux sentiments isoleront le suppliant du monde et le pousseront à s’incliner devant Dieu, favorisant ainsi l’acceptation de ses supplications.

Onzième méthode : vivacité

Le suppliant doit demeurer vif durant sa requête car l’esprit influe sur le corps et vice versa. L’indolence a un effet délétère sur l’esprit : c’est pourquoi des postures physiques propices à la vivacité sont prescrites durant la Salat.

La paresse physique influe sur l’esprit et les pensées. Au cours de la Salat, le suppliant doit demeurer vivace : il ne doit pas s’accouder lors de la prosternation car ceci diminue la ferveur et nuit à la communion avec Dieu. Une vivacité porteuse d’espoir est nécessaire lors de la prière : elle favorisera des supplications plus efficaces et variées.

Douzième méthode : prières générales et exaucées

Le suppliant doit faire d’autres invocations avant de prier pour l’affaire le tenant à cœur. Selon le plan établi de Dieu, les projets humains se réalisent progressivement et non du jour au lendemain. N’ayant pas réussi dans une entreprise, l’on cesse parfois de prier en sa faveur. On souhaite que la supplication soit exaucée promptement quand, dans la réalité, elle exige du temps.

Avant de prier pour quelque affaire importante, le suppliant doit faire d’autres prières. Quand il sera vif et alerte en raison des premières supplications et qu’il exaltera ses pensées, il pourra présenter à Dieu ses requêtes particulières.

La meilleure méthode à suivre est d’adresser des supplications qui seront certainement exaucées par Dieu. Par exemple l’on peut prier : « Ô Seigneur ! Fais que l’Islam soit connu de tous ! Que Ta gloire et Ta puissance se manifestent ! Accrois l’honneur de Tes prophètes ! » Allah répondra : « Qu’il en soit ainsi ! » Tout en faisant ces prières, l’on doit présenter son objectif, demandant à Dieu de l’exaucer. Cette méthode accentue la vivacité de l’esprit et l’ardeur : cela favorise une meilleure expression de la supplication et attire le plaisir de Dieu. Quand on prie en ayant mérité Son plaisir, la supplication sera certainement exaucée.

Treizième méthode : consacrer un lieu à la supplication

Les supplications ont de grandes chances d’être exaucées dans des lieux bénis. Le Saint Prophète Mohammadsa a d’ailleurs souligné l’importance de prier à La Mecque, dans sa mosquée de Médine et à la mosquée Aqsa de Jérusalem : ces lieux ont un effet positif sur le suppliant. On doit opter pour de tels endroits quand on prie.

Le Saint Prophètesa appréciait le fait que ses compagnons consacrent un espace particulier de leurs maisons à la prière. Le Messie Promisas avait également réservé une chambre nommée « Bait-Oud-Doua » pour ses prières. Cette pratique favorise aussi l’exaucement des supplications.

Quatorzième méthode : implorer Allah par Ses attributs

Toute prière est liée aux attributs d’Allah. D’où l’importance d’analyser ses besoins avant chaque requête spécifique : si on invoque Allah par le truchement de l’attribut correspondant, elle sera vite exaucée.

Quinzième méthode : implorer Dieu par Son nom

Si le suppliant ignore l’attribut correspondant, il peut présenter ses doléances en implorant le nom « Allah » qui englobe tous Ses attributs. Il peut y avoir recours pour tout type de prière : pour être protégé contre un ennemi ou la pauvreté, pour être pardonné ou se prémunir des malheurs.

Conclusion

Même si certaines méthodes semblent insignifiantes au premier regard, leur application produira des résultats surprenants. À l’instar d’un simple mouvement redressant un trait de plume imparfait, elles pousseront la prière au seuil de l’exaucement.

(Adapté des sermons du 21 et du 28 juillet 1916 prononcés par Mirza Bashir-Ud-Din Mahmud Ahmad, deuxième Calife de la communauté islamique Ahmadiyya.)

Etiquettes