Sermons 2022

La Taqwa : le but du Ramadan

Dans son sermon du 22 avril 2022, Sa Sainteté le Calife a s’est appesanti sur l’importance de la Taqwa et l’objectif du Ramadan.

Sermon du vendredi 22 avril 2022, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

Nous sommes en train de traverser le mois du Ramadan et environ vingt jours se sont déjà écoulés. Par la grâce d’Allah, tout croyant au cours de ce mois tente de profiter au maximum de Ses faveurs. En évoquant l’obligation du jeûne, Allah déclare, au tout début, que celui-ci a pour objectif l’acquisition de la Taqwa (la crainte révérencielle de Dieu). En somme, nous profiterons naturellement des faveurs du jeûne et du Ramadan lorsque nous tenterons, tout en jeûnant, de rehausser le niveau de notre Taqwa et chercherons la protection divine afin d’être à l’abri de tout mal.

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré que le jeûne est un bouclier. Est-ce suffisant, pour nous, de ne jeûner que de nom ? Suffit-il de prendre le Souhour (repas du matin) et l’Iftâr (repas de rupture du jeûne) ? Prendre ces deux repas suffit-il pour nous placer derrière le bouclier du jeûne ?

Non. Il faudra connaître les exigences du jeûne. L’objectif principal que Dieu a évoqué est : لعلكم تتقون c’est-à-dire, afin que vous puissiez atteindre la Taqwa.

Si nous souhaitons faire de notre jeûne et de notre Ramadan un jeûne et un Ramadan consacrés à l’amour d’Allah pour gagner Son agrément – dont la récompense est Allah Lui-même – en ce cas, nous devrons les élever au niveau que Dieu souhaite de notre part, au niveau pour [atteindre] lequel le jeûne a été rendu obligatoire. Comme je l’ai dit, Dieu a clairement indiqué que l’on doit adopter la Taqwa. Nous nous disons croyants et musulmans ; nous affirmons que nous avons pu parfaire notre foi dans le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) en suivant ses instructions et en acceptant Hazrat Mirza Ghulam Ahmad de Qadian (a.s.) en tant que Messie et Mahdi qui devait venir en accomplissement de ses prophéties. À présent, le travail de la régénérescence de l’islam sera accompli par ce Messie et Mahdi, selon la promesse d’Allah. Par conséquent, il est nous incombe de demander conseil au Messie Promis (paix soit sur lui) afin de maintenir le véritable esprit de l’islam en nous. Ses dires au sujet de la Taqwa nous conscientisent eu égard à ce qu’est la Taqwa véritable.

Comme je l’ai dit, nous affirmons que nous sommes musulmans et croyants. Le Messie Promis (a.s.) déclare : « Écoutez donc ceci : la première étape de la foi est que l’homme adopte la Taqwa. » Ensuite il demande : « Qu’est-ce que la Taqwa ? » Sa réponse est : « Se protéger de toutes sortes de mal. » Après analyse, nous constaterons qu’il ne s’agit pas d’une mince affaire. Nous saurons à partir de notre propre évaluation si nous respectons ou non les droits d’Allah, tout en remplissant les exigences de la Taqwa. Respectons-nous nos devoirs envers les créatures d’Allah tout en marchant sur la voie de la Taqwa ?

Le Messie Promis a expliqué qu’on ne connaîtra pas le sens de la Taqwa sans posséder une connaissance complète de ces points. Il est nécessaire d’acquérir des connaissances. Car sans le savoir, l’on ne peut ni obtenir quoi que ce soit ni atteindre ce but. Il explique : « Lisez le Coran encore et encore afin de savoir quels sont les droits d’Allah et les droits des autres, ainsi que les actions que Dieu a interdites et celles qu’Il a enjointes. […] Par ailleurs, vous devriez consigner les détails des mauvaises actions pendant que vous lisez le Coran. Ensuite, en profitant de la grâce et du soutien de Dieu, tentez d’éviter ces maux. Ceci sera la première étape de la Taqwa. »

Au cours de ce Ramadan, nous sommes en train de réciter le Saint Coran ; et généralement nous accordons plus d’attention à cette récitation. Nous devrions le lire avec l’intention de méditer sur ces commandements et ses interdictions, de nous abstenir des mauvaises actions et d’accomplir les bonnes œuvres. Il a déclaré que le Coran contient des détails sur les injonctions et les interdictions, les commandements divins, du début à la fin.

Nous devons prendre en considération ces points et agir en conséquence : ceci est le signe d’un croyant. Il a souligné qu’à moins d’être un Mouttaqi (une personne dotée de Taqwa), les actes d’adoration et les prières ne seront pas exaucés, car Allah Lui-même déclare :

إِنَّمَا يَتَقَبَّلُ اللَّهُ مِنَ الْمُتَّقِينَ

C’est-à-dire Allah accepte le culte des Mouttaqis. Il ajoute : « En vérité, les prières et le jeûne du Mouttaqi sont acceptés. »

Ensuite, il explique ce qu’est l’acceptation des actes d’adoration et la signification de cet agrément. Il déclare : « Quand nous disons que la Salat a été acceptée, cela signifie que les effets et les bénédictions de la Salat se manifestent dans l’adorateur. Tant que ces bénédictions et ces effets n’apparaissent pas, [la Salat] n’est que gestuelle. »

Nous devons donc déterminer si notre jeûne du Ramadan nous mène à atteindre cette norme. Il déclare : « Si l’adorateur souffre de défauts et de maux, de quel bénéfice aura été sa Salat ? La Salat aurait dû réduire les maux et vices dont il était affligé. Or, la prière est pour lui un excellent moyen. Ainsi, la première étape, difficile pour celui qui souhaite devenir croyant, est de s’abstenir des mauvaises actions : le nom de cela est la Taqwa. »

Ainsi donc, si nos actes d’adoration, notre jeûne et notre récitation du Saint Coran n’ont pas apporté des changements pratiques en nous et nous n’avons pas tenté d’atteindre la Taqwa qui est le but du jeûne, en ce cas nous n’avons pas [du tout] atteint l’objectif de notre jeûne. Nous avons parlé de ce bouclier évoqué par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) – il disait que le jeûne est un bouclier – mais [d’aucuns diront :] « Nous n’avons pas appris à utiliser ce bouclier. Nous avons organisé le Souhour et l’Iftâr mais nous n’avons pas rempli l’objectif de la consommation de ces repas. Nous avons passé toute la journée sans manger ni boire, mais nous n’avons pas atteint le but de cette privation, qui est la Taqwa, celle-là même qui aurait dû naître en nous. » Nous devons donc déterminer si cette Taqwa a pris naissance en nous ou pas.

Je vais citer d’autres dires du Messie Promis (a.s.) qui nous donnent des indications sur ce qu’est la vraie Taqwa et quel type de Taqwa il souhaitait créer en nous. Il a déclaré : « Cette Taqwa qui épure l’homme – et pour laquelle les prophètes ont été suscités – a disparu de la terre. Le verset :

قَدْ أَفْلَحَ مَنْ زَكَّاهَا

(C’est-à-dire : celui qui a purifié son âme a atteint son objectif) ne s’applique pas à grand monde. Cet énoncé [coranique] s’applique à une poignée de gens. La pureté est quelque chose de fort louable. Les anges viennent faire l’accolade à celui qui se purifie. Les gens y accordent peu de valeur : sinon, ils auraient pu assouvir leurs plaisirs par des moyens licites. […] Le voleur commet ses larcins afin d’amasser des biens : or, s’il avait fait preuve de patience, Allah l’aurait enrichi par d’autres moyens. »

Il n’est pas question ici uniquement du vol apparent. Il y a certains commerçants qui vendent des produits périmés : cela aussi tombe dans la catégorie du vol.

[Le Messie Promis (a.s.) déclare :] « De même, la personne adultère commet son péché : or, si elle avait été patiente Dieu aurait comblé ses désirs par d’autres moyens. Dans un hadith, il est dit qu’aucun voleur ne volera quand il arrivera à l’état de croyance et qu’aucun adultère ne commettra de fornication quand il sera croyant. »

C’est-à-dire : l’on commet pareilles actions lorsque la foi disparaît du cœur.

[Le Messie Promis (a.s.) ajoute :] « Face à un tigre, la chèvre oubliera de brouter l’herbe devant elle. Les gens ont-ils une foi moindre que celle de la chèvre ? »

Quand on commet des péchés, l’on doit être conscient que Dieu voit les moindres faits et gestes.

Il déclare : « La racine et l’objectif véritable sont l’acquisition de la Taqwa. Celui qui en possède peut tout acquérir. Sans la Taqwa, il est impossible d’éviter les péchés, grands ou petits. Les lois des États d’ici-bas ne peuvent protéger du péché. [Les préposés de] l’État ne sont pas partout présents pour inspirer la peur. L’homme commet des transgressions lorsqu’il se croit seul : sinon il ne commettra jamais de péché. Quand il se croit seul, il devient athée. »

En ces instants, la foi et Dieu disparaissent de son cœur. Il est athée en ces instants-là.

« S’il était conscient que Dieu le voyait, il n’aurait pas commis de péché. Tout est tributaire de la Taqwa. C’est ainsi que débute le Saint Coran. [La supplication] « C’est Toi seul que nous adorons et c’est de Toi seul que nous implorons le secours » signifie aussi la Taqwa : quand l’homme agit, il ne s’attribue pas le mérite [de ses œuvres] par crainte [de Dieu], et il implore l’aide divine pour son avenir. »

Lorsqu’il a accompli une bonne œuvre, il ne s’en enorgueillit pas, il ne se dit pas vertueux : il ne pense pas qu’il a atteint un niveau excellent dans la piété. Il considère que c’est Dieu Qui lui a permis d’accomplir cette œuvre pieuse, de prier et de le supplier.

[Le Messie Promis (a.s.) ajoute :] « La prochaine sourate commence par Houdal-lil-Mouttaqîn. La prière, le jeûne, la Zakât et autres ne sont acceptés qu’à condition que la personne soit pieuse. Et dès lors, Dieu élimine toutes les sources des péchés (si l’on possède la Taqwa.) Si vous avez besoin d’une femme, Il vous accordera une femme, si vous avez besoin d’un remède, Il vous accordera ce remède ; Il vous accorde tout ce dont vous avez besoin, et Il vous l’accorde même de là où vous ne vous y attendiez pas. » Il ajoute : « Dans un autre verset du Saint Coran il est dit :

إِنَّ الَّذِينَ قَالُوا رَبُّنَا اللَّهُ ثُمَّ اسْتَقَامُوا تَتَنَزَّلُ عَلَيْهِمُ الْمَلَائِكَةُ أَلَّا تَخَافُوا وَلَا تَحْزَنُوا وَأَبْشِرُوا بِالْجَنَّةِ الَّتِي كُنْتُمْ تُوعَدُونَ

Cela fait également référence aux Mouttaqis.

Il continue : « Thoumm-astaqâmou fait également référence aux personnes pieuses. Elles sont passées par des tourments, elles ont traversé des épreuves, des tempêtes, mais elles sont toujours restées fidèles à la promesse qu’elles Lui avaient faite. Elles avaient promis à Dieu de rester fermes. »

Une fois qu’elles ont cru, elles ont renforcé leur foi. Leur foi n’a pas commencé à chanceler pour un rien.

Il continue : « Lorsqu’elles ont agi de la sorte et ont fait preuve de sincérité et de fidélité, elles vont alors obtenir ceci comme récompense :

تَتَنَزَّلُ عَلَيْهِمُ الْمَلَائِكَةُ أَلَّا تَخَافُوا

C’est-à-dire que les anges descendent sur eux et leur disent de ne pas avoir peur et de ne pas être tristes. « Votre Dieu est votre Gardien. »

وَأَبْشِرُوا بِالْجَنَّةِ الَّتِي كُنْتُمْ تُوعَدُونَ

Il leur donne la bonne nouvelle du paradis. Ce paradis est celui d’ici-bas. Allah donne la bonne nouvelle aux gens pieux d’un paradis dans cette vie, comme le Saint Coran en fait mention.

وَلِمَنْ خَافَ مَقَامَ رَبِّهِ جَنَّتَانِ

Il continue : « Ensuite on trouve :

نَحْنُ أَوْلِيَاؤُكُمْ فِي الْحَيَاةِ الدُّنْيَا وَفِي الْآَخِرَةِ

Dans la vie de ce monde et dans l’Au-Delà, nous sommes vos amis protecteurs. »

Chanceuses sont ces personnes qui ont pour Wali (Ami) Allah Qui devient leur soutien. Ceux-là accomplissent tout œuvre pour mériter le plaisir d’Allah.

Ensuite, le Messie Promis (a.s.) explique la différence entre le succès du croyant et de l’incroyant : comment ils voient leurs succès respectifs.

« Gardez toujours ce principe à l’esprit que le croyant est toujours embarrassé face à ses succès. »

Pourquoi est-il embarrassé ? Il se croit incapable d’avoir pu accomplir telle œuvre. Il considère son succès comme une grâce divine et non comme le fruit de ses compétences, de son savoir, de son intelligence, de ses richesses ou de ses capacités physiques. Non. Il considère cela comme une grâce divine. Lorsqu’il en est conscient, il loue Dieu pour lui avoir conféré Sa grâce.

« Ainsi avance-t-il, restant ferme face à toute adversité, et ainsi progresse-t-il dans sa foi. Sachez que la réussite d’un mécréant le mène à l’égarement, tandis que la réussite d’un croyant lui ouvre les portes des bénédictions. »

Étant donné que le mécréant s’attribue tout succès, il s’empêtre davantage dans l’égarement. Mais le véritable croyant attribue tout à Dieu : sur ce, il reçoit davantage de faveurs.

Le Messie Promis (a.s.) déclare : « La réussite du mécréant le mène à sa perte en raison du fait qu’il ne se tourne pas vers Dieu, et élève au rang de la divinité son effort, son intelligence et ses compétences. Le croyant, par contraste, se tourne vers Dieu, et renforce ainsi sa relation avec Lui ; grâce à cette entreprise, après chacune de ses réussites une nouvelle relation s’établit avec Dieu, et des changements s’opèrent en lui.

إِنَّ اللَّهَ مَعَ الَّذِينَ اتَّقَوْا

Dieu est avec ceux qui sont pieux. Il faut également savoir que le terme Taqwa a été utilisé à maintes reprises dans le Saint Coran (plus d’une centaine de fois). Son sens dépend du premier mot. La préposition مع utilisée avant la Taqwa signifie : celui qui accorde préséance à Dieu, Dieu lui donnera préséance en retour, et Il le protège dans ce monde de toutes formes d’humiliation. Je considère que la seule voie qui puisse préserver l’homme de toutes formes d’humiliation et de difficulté est celle de la Taqwa. En marchant sur celle-ci l’on ne manquera de rien. Les réussites du croyant le font évoluer ; elles ne le font pas stagner. »

Il affirme : « La Taqwa influe sur l’état du Mouttaqi ici-bas. Ceci est une transaction qui se fait au comptant, non pas au crédit. À l’instar du poison et de l’antidote qui influent sur le corps immédiatement, l’effet de la Taqwa est immédiat. »

Il faudra s’inquiéter si sa condition ne change pas en dépit d’accomplir de bonnes œuvres et des actes d’adoration. Les gens m’écrivent pour me demander : « Comment savoir [si l’on progresse] ? » Si l’on accorde plus d’attention aux bonnes œuvres et à Allah, l’on est en train d’agir pour la personne de Dieu et Celui-ci bénira ces œuvres.

Le Messie Promis (a.s.) attire [notre] attention vers la Taqwa en ces termes : « La beauté spirituelle de l’homme exige de suivre toutes les voies subtiles de la Taqwa. Ces dernières sont les ornements et les fioritures de cet éclat spirituel. »

C’est dire que lorsqu’on marche sur les voies de la Taqwa, l’on s’embellit spirituellement.

« [Il est évident qu’il faut] respecter de son mieux les charges confiées par Dieu et ses engagements spirituels et utiliser à bon escient – de la tête aux pieds – toutes ses aptitudes externes et ses membres physiques, à l’instar des yeux, des oreilles, des mains, des pieds, et des autres membres de son corps, ainsi que ses aptitudes internes tel son cœur et ses bonnes mœurs. [Cela signifie aussi] éviter de les utiliser à mauvais escient et être vigilant quant aux assauts furtifs [du vice]. »

Ce sont là autant d’engagements pris avec Dieu eu égard à notre foi. Nous [promettons] d’utiliser à bon escient nos yeux, c’est-à-dire d’éviter le regard concupiscent et toute action condamnable. Il faut éviter d’utiliser ses oreilles pour écouter des propos condamnables. L’on [promet] d’accomplir de bonnes œuvres avec ses mains et ses pieds, de se débarrasser le cœur de pensées immondes. Pour cela, il faudra accomplir à foison l’Istighfâr. L’on promet aussi d’utiliser ses autres aptitudes, de pousser au plus haut niveau ses excellences morales. Ce sont autant d’engagements ayant trait à la foi que prend l’homme devant Dieu. Le Messie Promis (a.s.) nous recommande de les respecter tous.

Il ajoute : «… il faut aussi respecter ses devoirs envers autrui. »

La première catégorie d’œuvres concerne sa personne ; la deuxième concerne autrui.

« Toute la beauté spirituelle de l’homme est liée à [l’observance de] cette prescription […] si l’on s’est acquitté de ses devoirs » dit le Messie Promis (a.s.)

Si l’on s’est acquitté de ces devoirs envers Dieu et autrui, l’on engendrera en soi la beauté spirituelle.

Le Messie Promis (a.s.) déclare : « Ceci a été nommé Libâs Al-Taqwa dans le Saint Coran. Libâs Al-Taqwa (Le vêtement de la Taqwa) est un terme du Saint Coran ; cela indique que la beauté spirituelle est tributaire de la Taqwa. La Taqwa signifie que l’homme doit s’évertuer à respecter toutes ses charges et tous ses engagements spirituels qui le lient à Dieu ; et il doit en faire de même concernant les charges et engagements qui le lient avec la création de Dieu. Il doit s’appliquer à honorer les exigences les plus subtiles de ces engagements. »

L’on doit prêter attention aux détails concernant les actes d’adoration et eu égard à sa réforme personnelle et aux droits d’autrui.

À moins que l’on tente de suivre toutes les subtilités ayant trait aux droits d’Allah et des droits d’autrui, l’on n’aura pas atteint le niveau requis de Taqwa, dit le Messie Promis (a.s.). C’est un point très important à garder à l’esprit.

Le culte à lui seul n’apporte aucun bénéfice si l’on ne respecte pas les droits d’autrui. Se contenter de respecter certains droits des créatures et oublier Dieu – d’aucuns affirment en effet qu’ils respectent les droits d’autrui – ne suffira pas pour mériter la Taqwa. Il est important pour un véritable croyant d’honorer ces deux droits.

Le Messie Promis (a.s.) explique [les raisons] des innovations et de l’éloignement de la Taqwa en ces termes : « Des milliers d’innovations ont pris naissance dans chaque secte et groupe. La Taqwa et la pureté étaient les buts premiers de l’islam pour lesquels l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a enduré d’âpres souffrances que seul un prophète serait capable d’endurer : cette Taqwa et cette pureté ont aujourd’hui disparu. Visitez les prisons et voyez [à quelle communauté] appartient la majorité des criminels. »

En d’autres termes, ces criminels sont en majorité des musulmans. J’avais déjà mentionné qu’il y avait un ministre au Ghana qui, lors d’une réunion, avait dit que la majorité des prisonniers y sont des musulmans. Le ministre a dit : « Je suis un ahmadi et je vous lance ce défi : vous ne verrez aucun ahmadi parmi ces prisonniers – ou du moins un nombre comparativement infime. » Après enquête, sa déclaration se révéla juste.

C’est là le signe d’un vrai croyant, d’un vrai ahmadi. C’est également une grande source de prédication. Si nous avons cela en tête et que nous faisons montre d’une haute moralité dans chaque occupation, dans chaque action, dans nos affaires, dans notre emploi, dans nos relations avec les gens, si nous élevons le niveau de notre adoration, si nous tentons de faire naître la Taqwa en nous, si nous nourrissons la crainte d’Allah dans nos cœurs, ces actions favoriseront notre réforme et seront aussi un moyen silencieux de prédication.

Le Messie Promis (a.s.) déclare : « L’adultère, l’ivresse, la violation des droits et d’autres crimes sont si communs que l’on eût dit que Dieu n’existait pas. On aura besoin d’un épais volume pour recueillir l’analyse des maux et des fléaux affectant différentes sections de la nation. Toute personne sage et prudente examinera la condition des différents individus de la nation et arrivera à la conclusion correcte et certaine que la Taqwa a disparu, cette même Taqwa qui était la cause pour laquelle le Saint Coran [a été envoyé] et qui était la source de l’honneur. »

Le Saint Coran voulait créer cette Taqwa. Tel était son but. Cette Taqwa-là a disparu parmi les musulmans.

Le Messie Promis (a.s.) déclare : « L’état de la pratique, qui devait impérativement être bon et qui faisait la différence entre les musulmans et les non-musulmans, s’est affaibli et corrompu. »

Si tel est le cas, comment prêcher ? Et quel effet les musulmans auront-ils sur le monde ? Nous sommes en train de voir le résultat aujourd’hui. La solution se trouve chez les ahmadis. Si nous nous corrompons nous aussi, qui accomplira cette tâche ? Par la grâce de Dieu, les promesses du Messie Promis (a.s.) s’accompliront : mais si nous n’en faisons pas partie, Allah fera venir d’autres nations et accomplira les promesses par leur entremise. Si notre société sombre au niveau décrit par le Messie Promis (a.s.), imaginez à quel point nous allons devoir nous soucier de notre piété et de notre Taqwa, et du niveau de piété et de Taqwa de nos descendants !

Le Messie Promis (a.s.) déclare : « La Taqwa ne signifie pas qu’il ne faut pas profiter des faveurs divines. Si vous n’en profitez pas, cela aussi sera un éloignement de la Taqwa. »

Certains soi-disant saints et fakirs portent des vêtements simples et consomment des repas infects pour faire valoir leur piété. Or, le Messie Promis (a.s.) déclare : « Rappelez-vous que l’homme doit s’adonner aux supplications à tout instant et en toutes circonstances, et suivre l’injonction suivante :

وَأَمَّا بِنِعْمَةِ رَبِّكَ فَحَدِّثْ

On doit mentionner les bénédictions accordées par Dieu et les montrer. Ceci augmente l’amour de Dieu et engendre une passion à Lui vouer obéissance. En faire mention ne signifie pas qu’on doit uniquement user de sa langue : l’on doit également en voir l’effet sur le corps. Si Allah a accordé de bons vêtements à untel mais qu’il porte toujours des vêtements sales pour s’attirer la pitié d’autrui ou pour que l’on ne devine pas son aisance, il sera pécheur parce qu’il souhaite cacher la bonté et la grâce de Dieu et a recours à l’hypocrisie et tente de tromper et de leurrer autrui. Ceci ne sied pas à un croyant. »

Le croyant n’agit pas de la sorte.

« L’approche religieuse du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) était globale (c’est-à-dire qu’il usait de tous les moyens à sa disposition). »

Il ne se penchait pas dans une seule direction. S’il recevait des vêtements de qualité, il en portait. S’il n’en disposait pas, il portait des vêtements ordinaires.

« Il portait ce qu’il recevait. Il ne rejetait pas les vêtements qui lui étaient offerts. Mais après lui, certains ont cherché leur humilité dans un aspect du monachisme. Certains derviches mélangeaient de la poussière à la viande qu’ils consommaient. »

Se disant derviches, ils ajoutaient de la poussière à la viande qu’ils mangeaient.

« Quelqu’un s’est rendu chez un derviche. Celui-ci a dit à ses disciples : « Offrez-lui un repas. » L’invité a quant à lui insisté pour qu’il mange avec le derviche. Lorsqu’il s’est assis pour manger avec ce prétendu saint homme, on a placé devant lui des boulettes [de feuilles] de l’arbre neem. »

Le neem (ou margousier) est un arbre dont les feuilles sont très amères. On lui en a préparé un repas amer, sans aucune saveur agréable. Loin d’avoir une bonne saveur, le repas avait un goût amer terrible.

Le Messie Promis (a.s.) ajoute : « D’aucuns adoptent de telles pratiques. Leur objectif est de prouver leurs excellences aux autres. Or, l’islam n’inscrit pas pareilles pratiques au registre des excellences. La perfection de l’islam est la Taqwa, grâce à laquelle l’on mérite le statut de Wali. L’on est amené à converser, par la suite, avec les anges et à recevoir des bonnes nouvelles de la part de Dieu. Nous ne présentons pas ce genre d’enseignement car ce serait contraire aux valeurs de l’islam.

Le Coran enseigne :

كُلُوا مِنَ الطَّيِّبَاتِ

« Consommez des mets purs. » Or ces gens mélangent de la poussière à des mets purs pour les rendre impurs. De telles religions sont nées longtemps après l’islam. Ces gens ont ajouté des pratiques à celles du Saint Prophète (s.a.w.). Leur islam n’a rien à voir avec le Coran. Ils établissent leur propre charia que je regarde avec mépris et dégoût. Le Messager d’Allah est pour nous le bel exemple à suivre.

Notre bien-être et notre vertu résident dans le fait de marcher sur les traces du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) autant que possible et de ne prendre aucune mesure contre lui. »

C’était là une question de nourriture et de boisson, mais il y a aussi la question de la bienséance au quotidien. Il déclare : « De même, il y a les relations avec les épouses et les enfants. (C’est-à-dire le comportement à la maison.) Dans la société, d’aucuns ont commis des erreurs concernant leur relation avec leurs femmes et leurs enfants et se sont éloignés du droit chemin.

Le Saint Coran déclare :

وَعَاشِرُوهُنَّ بِالْمَعْرُوفِ

(« et comportez-vous bien envers elles ») Mais ils ont agi contre cette injonction. »

Loin d’agir de manière Ma’rouf, dans certaines maisons d’aucuns commettent des injustices.

« Ainsi, porter de bons vêtements, si cela est possible, et manger de la bonne nourriture, si cela est possible, ne réduisent pas la Taqwa, mais l’augmentent au contraire. »

Le Messie Promis (a.s.) déclare également qu’il est important de bien traiter sa femme. Prendre soin de ses enfants, répondre à leurs besoins et les former correctement est également important. Ceci est aussi la Taqwa et c’est un commandement du Saint Coran.

Par conséquent, il est nécessaire de respecter à la fois les droits d’Allah et les droits d’autrui.

Ensuite le Messie Promis (a.s.) explique que le Mouttaqi reçoit une lumière de la part de Dieu. Il déclare : « L’ignorance ne peut coexister avec la véritable Taqwa. La vraie Taqwa contient en elle une lumière, comme le déclare Dieu :

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آَمَنُوا إِنْ تَتَّقُوا اللَّهَ يَجْعَلْ لَكُمْ فُرْقَانًا وَيُكَفِّرْ عَنْكُمْ سَيِّئَاتِكُمْ

وَيَجْعَلْ لَكُمْ نُورًا تَمْشُونَ بِهِ

C’est-à-dire : « Ô vous qui croyez ! Si vous êtes fermes sur la voie de la Taqwa et si vous restez assidus et fidèles à cet attribut de piété pour la cause d’Allah, Il vous démarquera des autres. Une lumière vous démarquera des autres par le biais de laquelle vous marcherez sur différents chemins. C’est-à-dire, cette lumière sera visible dans chacune de vos paroles et actions. Une lumière éclairera vos moindres faits et gestes, vos paroles, vos sens et votre intellect. Cette lumière sera perçue dans vos jugements. »

C’est-à-dire que vous ne commettrez pas d’écart de conduite si vous vous conformez au plaisir de Dieu. Si jamais c’est le cas, Allah vous reformera immédiatement. Allah vous poussera à accomplir l’Istighfâr.

Le Messie Promis (a.s.) déclare : « Cette lumière sera perçue dans vos jugements. Vos yeux seront également illuminés, ainsi que vos oreilles, votre langue, vos paroles, vos faits et gestes ; et les chemins que vous emprunterez s’illumineront eux aussi. En d’autres termes, vos capacités et vos sens seront emplis de lumière. Vous serez lumière de la tête aux pieds. »

Toutes les voies vous mèneront à la vertu. Vous userez de vos aptitudes pour accomplir de bonnes œuvres. Vos pensées seront également vertueuses. Les pensées néfastes disparaîtront. Quand une telle société est établie, il s’agira sûrement de celle des pieux.

Le Messie Promis (a.s) dit : « Telle est la loi éternelle : tout cela n’est accordé qu’après que l’homme ait atteint une parfaite Ma’rifah (gnose). Celle-ci est la source de toute peur, de tout amour et de toute appréciation. Celui qui reçoit la Ma’rifah parfaite reçoit aussi l’amour et la peur parfaits, et celui à qui on les accorde obtient le salut, car il est sauvé de tous les péchés qui résultent de l’audace. Afin d’atteindre ce genre de salut, nous n’avons pas besoin du sang du Christ, ni de la Crucifixion, ni de la Rédemption ; tout ce dont nous avons besoin est un sacrifice : le sacrifice de notre ego que notre nature même exige. Ce sacrifice est autrement connu sous le nom d’islam, (sacrifier ses désirs permet d’adopter la Taqwa et cela s’appelle l’islam) qui, littéralement, signifie s’offrir pour être sacrifié, ou se soumettre volontairement et complètement au seuil de Dieu. Le beau nom « islam » est l’âme de la charia et l’essence de tous ses commandements. L’amour parfait est nécessaire pour s’offrir aisément en sacrifice, et l’amour parfait exige une gnose (connaissance) parfaite. (Sans le savoir l’on ne peut aimer). C’est ce que signifie le mot « islam » : le vrai sacrifice exige une connaissance parfaite et un amour parfait de Dieu et rien d’autre.

Dieu indique cela dans le Saint Coran :

لَنْ يَنَالَ اللَّهَ لُحُومُهَا وَلَا دِمَاؤُهَا وَلَكِنْ يَنَالُهُ التَّقْوَى مِنْكُمْ

C’est-à-dire que ni la chair ni le sang de vos sacrifices ne M’atteignent ; le seul sacrifice qui M’atteint est que vous Me craigniez et que vous adoptiez la Taqwa pour Ma cause. »

Ainsi, tel est le niveau de Taqwa qu’exigent Dieu et Son Messager de notre part. C’est aussi le niveau de Taqwa que l’Imam de l’époque attend de nous. Cela a été mentionné à plusieurs reprises dans le Saint Coran et le jeûne a été prescrit au mois du Ramadan pour y parvenir.

Chanceux sont ceux des nôtres qui tentent de passer les jours restants du Ramadan à atteindre ce niveau de Taqwa ou qui l’ont fait durant les jours écoulés. Qu’Allah fasse qu’on ait pu passer ces jours de cette manière. Veillons à ce que chacune de nos actions et paroles soit conforme à la Volonté de Dieu. Une fois, une personne est venue voir le Messie Promis (a.s.) et a dit que les gens disaient qu’il s’était prétendu Messie Promis (a.s.), mais qu’il n’était pas un Sayyid (un descendant du Saint Prophète) – et comment un Sayyid pourrait-il prêter allégeance à un simple disciple du Saint Prophète (s.a.w.) ? »

Certains Sayyids et d’autres qui élèvent les Sayyids à un rang supérieur prétendent aujourd’hui encore que ceux-ci jouissent d’un statut extraordinaire. « Comment un Sayyid pourrait-il prêter allégeance à un non-Sayyid ? » disent-ils. De même, aujourd’hui certains Arabes croient que le Messie Promis (a.s.) devait apparaître parmi les Arabes. [Ils disent :] « Comment le Messie peut-il être un non-Arabe et comment les Arabes pourront-ils l’accepter ? » Or, ils lisent le Saint Coran mais ne réfléchissent pas à sa signification. La réponse s’y trouve déjà : Allah déclare que c’est Lui Qui accordera ce rang. Les hommes ne sont pas à même de décerner ces rangs.

Le Messie Promis (a.s.) déclare : « Allah n’est satisfait ni du corps physique ni de l’ascendance. Il n’apprécie que la Taqwa.

إِنَّ أَكْرَمَكُمْ عِنْدَ اللَّهِ أَتْقَاكُمْ

Cela signifie, « En vérité, le plus honorable parmi vous, aux yeux d’Allah, est celui qui est le plus Mouttaqi. »

Affirmer que l’on est Sayyid, Moghol, Pathan (Pachtoune) ou Cheikh n’a aucune valeur. Si quelqu’un est vaniteux à cause de la caste ou de la nation à laquelle il appartient, telle vanité n’a aucun sens, car après la mort, toute trace d’appartenance ethnique ne servira à rien. Aux yeux de Dieu, l’appartenance ethnique n’a aucune signification et personne ne peut mériter le salut parce qu’il appartient à une famille noble. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait dit à Fatimah (r.a.) : « Ô Fatimah ! Ne soit pas fière du fait que tu sois la fille de l’Envoyé d’Allah (s.a.w). Aux yeux de Dieu, l’appartenance ethnique n’a aucune importance. »

Étant donné que cette injonction s’appliquait à Fatimah (r.a.), que dire du statut des autres ?

Le Messie Promis (a.s.) ajoute : « On recevra un rang dans l’Au-delà selon son niveau de Taqwa. La distinction entre différentes nations et tribus fait partie de la tradition et de l’organisation de ce monde : elle n’a aucune valeur aux yeux de Dieu. On peut développer de l’amour pour Allah en adoptant la Taqwa, qui est la clé pour atteindre les rangs les plus excellents. Si un Sayyid devient chrétien puis lance des insultes contre Saint Prophète (s.a.w.) et viole les commandements de Dieu, pourra-t-on prétendre qu’il obtiendra le salut et entrera au ciel simplement parce qu’il est un descendant du Saint Prophète (s.a.w.) ?

إِنَّ الدِّينَ عِنْدَ اللَّهِ الْإِسْلَامُ

En vérité, la vraie religion aux yeux de Dieu, qui permet d’atteindre le salut, c’est l’islam. Si on devient chrétien, juif ou hindou, on n’est pas digne pour autant d’être honoré aux yeux de Dieu. Dieu a aboli toutes les castes et ces divisions entre nations. La distinction entre tribus ne concerne que ce monde. Cependant, après avoir profondément réfléchi à cette question, j’ai compris que la Taqwa est le véritable critère pour atteindre un rang élevé dans la cour du Seigneur. Dieu a déjà décrété que le Mouttaqi entrera au paradis. Selon Dieu, la personne la plus honorable est celle qui possède le plus haut degré de Taqwa. De plus, Allah déclare :

إِنَّمَا يَتَقَبَّلُ اللَّهُ مِنَ الْمُتَّقِينَ

En somme, seuls les prières et les actes des Mouttaqis sont acceptés. Allah n’a pas déclaré que les actes et les prières des Sayyids sont acceptés.

En outre, Allah déclare concernant les Mouttaqis :

وَمَنْ يَتَّقِ اللَّهَ يَجْعَلْ لَهُ مَخْرَجًا ۞ وَيَرْزُقْهُ مِنْ حَيْثُ لَا يَحْتَسِبُ

Le Mouttaqi est affranchi de toutes les difficultés et recevra des provisions d’où il ne s’y attend pas. Dites-moi : cette promesse a-t-elle été faite aux Sayyids ou aux Mouttaqis ? Allah a par ailleurs déclaré que le Mouttaqi est l’ami d’Allah. Encore une fois, cette promesse ne concernait pas [spécifiquement] les Sayyids. Quel rang est-il plus élevé que la Wilayah (la sainteté) ? Ce statut n’est accordé qu’à un Mouttaqi. Certaines personnes ont déclaré que la Wilayah est un rang supérieur à la Noubouwwah (le prophétat) déclarant que la Wilayah du Prophète est supérieure à son statut de prophète. En réalité, la personne du Prophète est composée de deux éléments : la Noubouwwah et la Wilayah. À travers sa Noubouwwah, il présente les injonctions et les enseignements de la charia aux créatures de Dieu ; et à travers sa Wilayah, il s’assure que la création de Dieu forge un lien avec son Créateur.

Allah déclare :

ذَلِكَ الْكِتَابُ لَا رَيْبَ فِيهِ هُدًى لِلْمُتَّقِينَ

(Ceci est un livre parfait ; il ne s’y trouve aucun doute ; il est un guide pour les Mouttaqis). Il n’est pas dit qu’il est un guide pour les Sayyids. En bref, Allah désire la Taqwa. En effet, les Sayyids doivent davantage adopter la Taqwa, car ils sont les descendants d’un Mouttaqi.

Il leur incombe d’atteindre la Taqwa, au lieu de penser qu’être Sayyids leur confère un rang spécial. Le Messie Promis (a.s.) a déclaré qu’ils devraient être les premiers à se présenter (et accepter le Messie Promis) au lieu de se quereller avec Dieu sur le fait que ce droit leur revient en tant que Sayyid. Dieu l’accorde à qui Il veut.

ذَلِكَ فَضْلُ اللَّهِ يُؤْتِيهِ مَنْ يَشَاءُ وَاللَّهُ ذُو الْفَضْلِ الْعَظِيمِ

Ceci ressemble à l’objection des Juifs qui disent : pourquoi le prophétat a-t-il été accordé aux enfants d’Ismaël ?

Ne savent-ils pas ceci :

وَتِلْكَ الْأَيَّامُ نُدَاوِلُهَا بَيْنَ النَّاسِ

Quiconque se dresse contre Dieu sera abandonné. La signification de ce verset est : « Nous faisons alterner de tels jours parmi les gens. »

Par conséquent, ceci est le décret de Dieu. Le Messie Promis (a.s.) a déclaré : « Quiconque se ligue contre Dieu sera rejeté. Dieu peut interroger n’importe qui, mais personne ne peut L’interroger. »

Réfutant une autre allégation sur sa revendication, le Messie Promis (a.s.) déclare : « Lorsque le Saint Prophète (a.s.) a commencé son ministère et a fait sa déclaration, à l’époque, les érudits juifs étaient considérés vertueux et moraux. Cependant, cela ne sous-entend pas qu’ils étaient considérés Mouttaqis aux yeux de Dieu. Dieu parle des Mouttaqis qui le sont à Ses yeux. Lorsque ces gens ont entendu la déclaration du Saint Prophète (s.a.w.), craignant la perte de leur honneur parmi les gens, ils l’ont rejeté par arrogance et ont choisi de ne pas accepter la vérité. Réfléchissez : ils étaient jugés Mouttaqis aux yeux du peuple, mais ils ne l’étaient pas dans le vrai sens. Un vrai Mouttaqi est celui qui ne cache jamais la vérité, même s’il doit perdre son honneur, endurer toutes sortes d’humiliations, faire face à la menace de perdre sa vie ou être menacé par la famine. Il est prêt à tout endurer pour la crainte d’Allah. Jamais il ne cachera la vérité.

La Taqwa n’est certainement pas celle définie par les Mollahs dans les tribunaux. Selon eux, l’on est Mouttaqi tant que l’on professe sa croyance verbalement même si l’on ment ou l’on vole.

En d’autres termes, il ne suffit pas de prétendre être musulman pour être un Mouttaqi. En fait, la Taqwa comprend de nombreuses étapes ; et sans les parcourir complètement, l’on n’est pas un Mouttaqi accompli. On ne peut profiter d’un produit que lorsqu’il est pris dans sa juste quantité. Celui qui a faim et soif ne sera pas rassasié par un petit morceau de pain et une goutte d’eau. »

Si les Maulvis étalent leur savoir, cela ne signifie pas qu’ils sont Mouttaqis. La Taqwa se développe à travers les œuvres. Le simple fait de se dire Mollah ou savant n’engendre pas en soi la Taqwa. Le Messie Promis (a.s.) déclare : Celui qui a faim et soif ne sera pas rassasié par un petit morceau de pain et une goutte d’eau. Sans consommer la quantité adéquate de nourriture et de boisson, sa vie ne sera pas sauve. Il en va de même pour la Taqwa ; on doit adopter tous les aspects de la Taqwa afin d’être vraiment considéré Mouttaqi. Sinon même un mécréant pourrait être qualifié de Mouttaqi parce qu’il possède certainement au moins un aspect des qualités du Mouttaqi en lui : il doit bien posséder quelque vertu, mais cela ne fait pas de lui un Mouttaqi. Allah n’a créé personne qui soit complètement rempli de maux : on possède aussi quelque vertu en soi, mais cette quantité de Taqwa chez le mécréant n’est d’aucun avantage. Il doit posséder une quantité adéquate afin d’éclairer son cœur. »

Comme mentionné plus tôt, il faut respecter les droits d’Allah et les droits de Sa création ; on doit posséder toutes sortes de vertus.

Le Messie Promis (a.s.) déclare : « Si Dieu est satisfait d’une personne, elle sera protégée du mal sous toutes ses formes. Il existe beaucoup de musulmans qui disent : « Ne jeûnons-nous pas et n’accomplissons-nous pas la Salât, etc. ? » Or, cela ne les rend pas Mouttaqis. La Taqwa est complètement différente. Pour devenir Mouttaqi, il faut donner la priorité à Dieu et être prêt, en raison de la crainte de Dieu, à rompre ses liens avec sa famille, sa tribu, ses amis ou les dirigeants de sa ville et être prêt à endurer toutes sortes d’humiliation pour l’amour de Dieu. De grandes promesses faites aux Mouttaqis dans le Saint Coran sont en faveur des Mouttaqis qui ont respecté les exigences de la Taqwa dans la mesure de leurs moyens. Ils sont restés fidèles à la Taqwa autant qu’ils pouvaient humainement le faire jusqu’au point où, physiquement, ils ne pouvaient plus rien faire davantage. Par la suite, ils ont quémandé à Dieu une force supplémentaire, comme il ressort de la prière « c’est Toi seul Que nous adorons ; et Toi seul nous implorons à l’aide ». Iyyâka Na’boudou signifie que nous avons usé de tous nos moyens et n’avons négligé aucun détail. Et Iyyâka Nasta’în signifie que pour aller plus loin, nous quémandons plus de force à Dieu, tout comme le poète Hafiz l’a déclaré [dans ses vers en persan] : « Nous ne pouvons pas atteindre ce stade élevé à moins que Tu nous accordes Tes bénédictions. »

Ainsi, il faut garder à l’esprit qu’être Mouttaqi aux yeux de Dieu est différent du fait d’être Mouttaqi aux yeux des gens. Les opposants qui se liguaient contre Jésus (a.s.) étaient considérés comme des croyants et des Mouttaqis aux yeux des Juifs ordinaires. S’ils ne s’étaient pas opposés [à Jésus] ils ne se seraient pas ligués [contre lui]. C’était exactement le même cas à l’époque du Saint Prophète (saw). L’orgueil, l’avarice, l’ostentation, l’honneur, etc., étaient autant d’aspects qui empêchaient les gens de l’époque d’accepter la vérité. Ainsi, la Taqwa n’est pas facile à atteindre ; et quand Allah accorde la Taqwa à untel, Il lui inculque également les valeurs (de la Taqwa). Comment peut-on devenir Mouttaqi si après le dévoilement de la vérité, on rejette sans raison les arguments solides et les signes d’Allah ? En fait, lorsque la vérité se manifeste et que l’on réfute les arguments solides et les signes d’Allah, l’on ne peut jamais être considéré Mouttaqi. Le Mouttaqi doit être complètement humble. »

Évoquant son avènement, le Messie Promis (a.s.) déclare : « Est-il possible qu’untel fasse des plans durant la nuit pendant 24 ans et affirme chaque jour que Dieu lui a révélé ceci ou cela et que Dieu ne fait rien pour le punir ? Si tel était le cas, le monde serait englouti dans les ténèbres et les gens seraient détruits.

Un seul signe suffit pour un Mouttaqi, mais il en existe des milliers dans mon cas. La condition du monde invite (un réformateur) ; les hadiths déclarent que l’imam sera des vôtres. La sourate Al-Nour mentionne également Minkoum (de parmi vous). L’état des cœurs des gens et leur vie bestiale exigent la venue (d’un réformateur). On prétendait que le Moujaddid (réformateur) apparaît au début de chaque siècle. Vingt-deux ans se sont écoulés. (C’était au moment où le Messie Promis (a.s.) en faisait mention). Les éclipses du soleil et de la lune ont eu lieu, la peste est apparue et le Hajj a également été annulé. Si les gens [me] renient après en avoir été témoins, comment pouvons-nous croire qu’ils possèdent la Taqwa ? »

Ceci est une réponse à ceux qui émettent des fatwas de mécréance contre le Messie Promis (a.s.) et se considèrent pieux et vertueux. Ceux-là égarent les autres.

Le Messie Promis (a.s.) déclare : « Nous les avons invités à plusieurs reprises à venir poser librement leurs questions légitimes. Mais il est impossible que vous contredisiez le Saint Coran. Ils prétendent que Jésus (a.s.) descendra physiquement des cieux, mais cela n’est possible que s’il y était monté physiquement en premier lieu. Le Coran parle de la mort de Jésus (a.s.) et pourtant ils prétendent qu’il a transpercé le plafond pour monter aux cieux. Est-ce la Taqwa que d’abandonner la vérité pour suivre des spéculations ? La vraie Taqwa a été mentionnée dans le Saint Coran : examinez les œuvres de ceux possédant la Taqwa. »

Le Messie Promis (a.s.) conseille ceci à sa Jama’at au sujet de la Taqwa : « Allah Se manifeste à ceux qui possèdent la Taqwa : ils vivent sous Son ombre. Or, la Taqwa doit être sincère. Il ne faut point que Satan y ait une part, car Allah déteste le chirk (l’attribution de partenaires à Dieu). Si Satan en a une part, Allah déclare que le tout appartiendra à Satan. […] Les membres de ma Jama’at ne doivent pas s’enorgueillir du fait qu’ils accomplissent la prière et le jeûne ou qu’ils évitent les péchés majeurs tels que l’adultère ou le vol. Les adeptes des autres confessions, voire les polythéistes, évitent eux aussi ces péchés. […] Or, la question de la Taqwa est plus subtile : la Taqwa est l’objectif à atteindre. Implantez dans vos cœurs la grandeur de Dieu. Les œuvres contenant la moindre trace d’ostentation seront rejetées : être Mouttaqi n’est pas chose facile.

Pourquoi exploser de colère si quelqu’un t’accuse [à tort] d’avoir volé son stylo ? » Ceci ne sied pas aux gens de la Taqwa. Il faut faire preuve de patience. « C’est pour Dieu que tu éviteras de t’emporter en pareille occasion. Cette fureur naît du manque de relation avec Dieu. » Tu n’as pas marché vers la vérité. « Tant que l’homme n’affronte pas plusieurs morts, il ne pourra être Mouttaqi. Les miracles et les révélations ne sont que des branches de la Taqwa : la chose essentielle est la Taqwa. Ne soyez point en quête de révélations et de rêves : c’est la Taqwa qu’il faut chercher. »

Il ne faut pas se fier au fait qu’untel a reçu des révélations ou qu’il a fait des rêves [vrais]. Le critère essentiel est la Taqwa.

« Les révélations reçues par le Mouttaqis sont vraies. Or, sans posséder la Taqwa, celles-ci ne seront pas dignes de confiance. Satan aura une part de ces révélations. Se dire récipiendaire de révélations n’est point le signe que l’on possède la Taqwa. Il faudra jauger les révélations du récipiendaire à la lumière de sa Taqwa. Oubliez tout et essayez de parcourir la première étape de la Taqwa. Tous les prophètes avaient pour vocation d’enseigner la Taqwa.

إِنْ أَوْلِيَاؤُهُ إِلَّا الْمُتَّقُونَ

C’est-à-dire, « les véritables amis de Dieu sont les Mouttaqis. »

Le Coran nous enseigne les voies subtiles de la Taqwa. D’ailleurs, le Prophète parfait exige que sa nation soit parfaite. Étant donné que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) était le Sceau des prophètes, la Noubouwwah (le prophétat) est arrivée à sa perfection par son entremise. Il est le Sceau des Prophètes, car toutes les excellences de la Noubouwwah sont arrivées à la perfection en sa personne. Celui qui désire plaire à Allah et être témoin de miracles, doit adopter des habitudes extraordinaires. […] Les élèves désireux de réussir leurs examens étudient jusqu’à se rendre faibles à l’instar de ceux qui sont atteints de la tuberculose. Soyez prêts à endurer toute souffrance afin de passer l’examen de la Taqwa. Quand l’homme parcourt cette voie, Satan lance de grands assauts contre lui. Or, à une étape donnée, Satan baisse les bras. C’est là que la mort frappe la vie pécheresse de l’homme, c’est là qu’il se place dans le giron de Dieu. […] En bref, notre précepte est que l’homme doit user de toutes ses aptitudes pour atteindre Dieu. »

J’ai présenté divers extraits du Messie Promis (a.s.) dans lesquels il nous a conseillés sous différents angles afin que nous comprenions le sens de la Taqwa et son essence profonde. Tout comme le Messie Promis (a.s.) l’a déclaré, après que nous nous soyons joints à sa communauté, nous devons comprendre le véritable esprit de la Taqwa et y adhérer. Durant les jours restants du Ramadan, nous devons nous efforcer de comprendre la véritable essence de la Taqwa et de respecter les droits d’Allah et de Sa création. Qu’Allah nous en accorde la possibilité.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

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