Sermons 2022

Exploits de Khalid Bin Walid

Dans son sermon du 22 juillet 2022, Sa Sainteté le Calife a évoqué les batailles menées contre les Persans par Khalid Bin Walid.

Sermon du vendredi 22 juillet 2022, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

Comme je l’avais dit précédemment, aujourd’hui j’évoquerai les campagnes menées par le Calife Abou Bakr (r.a.) contre les Persans. La bataille de Dhât Al-Salâsil ou Kazima en est une. Cette bataille a eu lieu au cours du mois de Mouharram en l’an 12 de l’Hégire. Cette bataille est connue sous trois noms : Dhât Al-Salâsil, Kazima ou la bataille d’Al-Hafîr. Elle est connue sous le nom de Dhât Al-Salâsil ou « la bataille des chaînes » pour la raison suivante : en arabe, Salâsil est le pluriel de Silsilah qui signifie « chaîne ». Lors de cette bataille, les soldats persans s’étaient liés les uns aux autres par des chaînes afin qu’aucun d’entre eux ne prenne la fuite.

Certains historiens mettent en doute ces faits. Cette bataille entre les musulmans et les Persans s’est déroulée tout près de Kazima, d’où le nom de la bataille de Kazima. Il s’agit d’un hameau situé entre Bassora et le Bahreïn sur le Sayf Al-Bahar. Elle est aussi connue comme la bataille de Al-Hafîr en raison du lieu portant le même nom et où elle s’est déroulée.

Khalid Ibn Al-Walîd était le commandant musulman lors de cette bataille et Hormuz était le général persan. L’armée musulmane comprenait 18 000 soldats.

Comme mentionné précédemment, Hormuz était le dirigeant persan de la région. Sa lignée et sa noblesse le plaçaient au-dessus de nombreux Persans. À la place de bonnets ordinaires, les nobles persans portaient des couvre-chefs très précieux, à la mesure de leur noblesse et leur statut. Ceux de la plus haute noblesse avaient des coiffes valant jusqu’à cent mille dirhams. Le couvre-chef d’Hormuz, qui valait cent mille dirhams, indiquait l’importance de sa position hiérarchique. Aux yeux des Persans, il jouissait d’une grande éminence. Mais les Arabes vivant dans les frontières de l’Irak le détestaient ; en effet, il était l’un des pires gouverneurs de cette frontière dans son traitement des Arabes. Ces Arabes non-musulmans nourrissaient à son égard une telle haine qu’il était devenu pour eux un parangon proverbial de méchanceté, de sorte qu’ils disaient : « plus infâme qu’Hormuz », « plus méchant qu’Hormuz » ou encore « plus ingrat qu’Hormuz ».

Pour cette raison, Hormuz a dû faire face à des raids et des escarmouches de la part des Arabes. D’autre part, Hormuz a dû se battre contre les pirates indiens.

En tout cas, Khalid Ibn Al-Walîd avait écrit une lettre à Hormuz avant de quitter Al-Yamamah, qui disait : « Obéis et tu seras en sécurité ; ou obtiens une garantie de sécurité pour toi et ton peuple, et accepte de payer la Jizya ; sinon tu n’auras personne à blâmer à part toi. J’ai dressé contre toi une nation qui aime la mort comme vous autres aimez la vie. »

Lorsque la lettre de Khalid est parvenue à Hormuz, il a envoyé la nouvelle à Chosroês Ardachir Chah et a mobilisé ses forces.

Il s’est rendu immédiatement à Kazima avec un détachement rapide pour rencontrer Khalid et s’est avancé avec ses chevaux, mais ne l’a pas trouvé sur cette route. Il a ensuite reçu l’information que l’armée musulmane se rassemblait à Al-Hafîr. Il a fait demi-tour et s’est dirigé vers Al-Hafîr qui était la première étape sur le chemin de Bassora à La Mecque. Dès qu’il y est parvenu, il a aligné son armée. Hormuz a positionné deux frères à sa droite et à sa gauche. L’un d’eux s’appelait Qoubaz et l’autre Anouchejan. Les Persans s’étaient enchaînés : ce fait a été mentionné dans le récit. Les Persans qui n’étaient pas d’accord avec ce stratagème ont dit : « Vous vous êtes enchaînés pour votre ennemi ! Ne le faites pas, car c’est de mauvais présage. » Ceux enchaînés ont répondu aux autres : « Nous savons que vous avez l’intention de fuir ! »

Quand Khalid a appris qu’Hormuz était à Al-Hafîr, il a tourné ses troupes vers Kazima. Quand Hormuz l’a su, il s’est empressé de précéder Khalid à Kazima et s’y est campé.

Hormuz et son armée se sont alignés ; ils avaient le contrôle de l’eau. Lorsque Khalid Ibn Al-Walîd est arrivé, il a dû s’arrêter à un endroit où il n’y avait pas d’eau, et ses soldats s’en sont plaints. Son héraut a annoncé que tous les hommes devaient mettre pied à terre, déposer leurs bagages et combattre l’ennemi pour l’eau, car « par Dieu, le groupe le plus ferme des deux prendra le contrôle de l’eau et sera le plus honorable parmi les deux armées. »

Les soldats ont descendu les bagages. La cavalerie n’a pas bougé de sa place. L’infanterie s’est avancée et a attaqué l’ennemi. Lorsque les combats ont commencé des deux côtés, Allah a envoyé un nuage et la pluie est tombée derrière les rangs des musulmans et ils en ont tiré de la force.

Hormuz a préparé un piège pour Khalid. Il a dit à son équipe de défense qu’il invitera Khalid pour un duel. « Quand je retiendrai son attention, attaquez Khalid par surprise. » Hormuz est sorti sur le terrain et Khalid est descendu de son cheval. Hormuz est également descendu de son cheval et a invité Khalid pour le duel. Khalid a marché vers lui et tous les deux se sont battus. Ils ont échangé des coups et Khalid a vaincu Hormuz. La défense d’Hormuz, agissant par traîtrise, a attaqué Khalid en l’encerclant.

Lors des duels, aucune tierce personne ne lance d’attaque. En tout cas, ici, les soldats d’Hormuz ont attaqué Khalid. Malgré cela, Khalid a tué Hormuz.

Dès qu’Al-Qa’qa’Ibn ‘Amr a vu cette perfidie des Persans, il a attaqué les protecteurs d’Hormuz ; il les a encerclés et les a mis à mort. Les Persans ont été vaincus et ont fui. Qoubaz et Anouchejan faisaient également partie de ceux qui se sont enfuis.

Les musulmans ont poursuivi les Persans dans l’obscurité de la nuit et les ont tués jusqu’au grand pont sur l’Euphrate, où se trouve aujourd’hui Bassora. À la fin de la bataille, Khalid a réuni le butin, dont des chaînes égales à la charge d’un chameau. Leur poids était de 1000 ratals, soit environ 375 kilos.

Le butin envoyé à Abou Bakr (r.a.) comprenait également le couvre-chef d’Hormuz qui valait cent mille dirhams et qui étaient incrustés de joyaux. Abou Bakr (r.a.) l’a offert à Khalid Ibn Al-Walîd. Khalid a envoyé la part d’un cinquième du butin et un éléphant à Médine et a annoncé partout la victoire de l’armée islamique.

Zourr Ibn Koulayb est arrivé à Médine avec le butin et l’éléphant. Les habitants de Médine n’avaient jamais vu d’éléphant auparavant. Et il ne s’agissait pas seulement des Médinois : aucun habitant de l’Arabie n’avait jamais vu d’éléphant à l’exception des éléphants d’Abraha. Quand il a été défilé dans toute la ville, les vieilles femmes ont été très surprises de le voir et ont demandé que si ce qu’elles voyaient était bien une création de Dieu. Elles pensaient qu’il s’agissait d’une invention humaine. Le Calife Abou Bakr (r.a.) a renvoyé cet éléphant à Khalid avec Zourr.

L’une des principales raisons de la victoire des musulmans lors de cette bataille était la politique du Calife Abou Bakr (r.a.) qu’il a formulée à l’égard des paysans d’Irak et qui a été strictement suivie par Khalid. Dans le cadre de cette politique, il n’a pas tourmenté les paysans et leur a permis de rester là où ils s’étaient installés ; et il ne leur a pris aucune rançon ou impôt à l’exception d’une modique somme en guise de Jizya.

Les cavaliers de la bataille de Dhât Al-Salâsil, ont reçu la somme de mille dirhams et les fantassins ont reçu un tiers de cette somme.

La bataille de Kazima a eu de conséquences marquantes. Cette bataille a ouvert les yeux des musulmans et ils ont constaté que les Persans, dont la renommée s’était faite entendre depuis longtemps, malgré toute leur force, ne pouvaient tenir tête à leur maigre armée. Ils n’auraient même pas pu imaginer la quantité de butin obtenu lors de cette bataille.

La bataille d’Al-Ouboullah s’est déroulée en l’an 12 de l’Hégire. Le Calife Abou Bakr (r.a.) a ordonné à Khalid de commencer la campagne militaire en Irak depuis Al-Ouboullah, qui était un point frontalier sur le golfe Persique. Les caravanes commerciales venant en Irak de l’Inde et du Sind séjournaient d’abord à Al-Ouboullah.

La conquête d’Al-Ouboullah est mentionnée dans deux récits. Selon le premier, les musulmans ont conquis Al-Ouboullah une première fois sous le règne d’Abou Bakr (r.a.). Mais Al-Ouboullah est entré de nouveau en possession des Persans. Les musulmans l’ont complètement occupé au cours du califat d’Oumar Ibn Al-Khattâb. Selon un autre rapport, Al-Ouboullah aurait été conquis à l’époque d’Oumar. Or, Al-Tabari a brièvement mentionné cette bataille en évoquant le califat d’Abou Bakr (r.a.) dans son livre. Il écrit que l’histoire de la conquête d’Al-Ouboullah au cours du califat d’Abou Bakr (r.a.) est contraire aux récits des biographes connus et des récits authentiques. ‘Outbah Ibn Ghazwan l’avait conquis en l’an quatorze de l’Hégire à l’époque d’Oumar (r.a.).

Voici les faits de la bataille d’Al-Ouboullah selon les recueils d’histoire. Certains historiens disent qu’elle a eu lieu la première fois à l’époque d’Abou Bakr (r.a.) et certains nient ces faits, ajoutant qu’elle a eu lieu au cours du califat d’Oumar. Mais les livres d’histoire évoquent la bataille et la conquête d’Al-Ouboullah au cours des règnes bénis d’Abou Bakr (r.a.) et d’Oumar (r.a.). L’on en déduit que la première victoire a eu lieu au cours du règne d’Abou Bakr (r.a.), mais que plus tard, le peuple d’Al-Ouboullah s’est rebellé et a obtenu son indépendance grâce à l’aide navale des Persans. Par la suite, Al-Ouboullah a été conquis de nouveau aux cours de l’époque bénie du Calife ‘Oumar (r.a.).

Voici les détails de la bataille d’Al-Ouboullah. À la fin de la bataille de Dhât Al-Salâsil, Khalid Ibn Al-Walîd a envoyé Al-Mouthanna à la poursuite de l’armée vaincue des Persans et a expédié en même temps Ma’qil à Al-Ouboullah pour y recueillir le butin et arrêter les prisonniers. Alors, Ma’qil s’est mis en route et il est arrivé à Al-Ouboullah où il a recueilli le butin et les prisonniers.

Voici les détails de la conquête d’Al-Ouboullah à l’époque de l’ère bénie du Calife ‘Oumar. Celui-ci a envoyé ‘Outbah Ibn Ghazwan à Bassora en l’an 14 ou 16 de l’Hégire. ‘Outbah y est resté pendant un mois. Les gens d’Al-Ouboullah sont sortis pour les combattre : ils étaient cinq cents soldats persans qui étaient chargés de protéger Al-Ouboullah. ‘Outbah les a combattus et les a vaincus tant et si bien que les Persans se sont repliés dans la ville et ‘Outbah est retourné vers son armée. Allah a mis la terreur dans le cœur des Perses : ils ont quitté la ville, se sont embarqués sur des bateaux avec quelques marchandises et ont traversé la rivière. Ainsi, toute la ville était vide. Les musulmans sont entrés dans la ville où ils ont obtenu beaucoup de biens, d’armes et d’autres objets. Ils ont également fait des prisonniers. Le Khoums a été déduit de tous ces biens et le reste du butin a été distribué parmi les combattants. Le nombre de musulmans était de trois cents.

La bataille de Mazâr a eu lieu au cours du mois de Safar en l’an 12 de l’Hégire. Mazâr est une ville de Maysan. Mazâr est situé à quatre jours de voyage de Bassora. Le jour de cette bataille, les gens disaient : « Le mois de Safar est arrivé et tous les gens cruels et les rebelles seront tués là où les rivières se rencontrent ! »

[Comme mentionné précédemment,] Hormuz était le rival de Khalid Ibn Al-Walîd lors de la bataille de Dhât Al-Salâsil. Il avait écrit à son roi pour obtenir de l’aide. Le roi avait envoyé une armée sous la direction de Qarin pour l’aider, mais elle venait d’atteindre Mazâr lorsqu’elle a reçu la nouvelle de la défaite et de la mort d’Hormuz lors de la bataille de Dhât Al-Salâsil. Les troupes vaincues d’Hormuz étaient également venues rencontrer Qarin à Mazâr et les soldats d’un détachement disait aux autres : « Si vous êtes divisés aujourd’hui, vous ne pourrez plus jamais vous rassembler. Rassemblez-vous pour relancer l’attaque tout de suite ! » L’armée en déroute et les nouveaux renforts qui arrivaient, soit la nouvelle armée qui venait de la Perse, se sont rencontrés et ils se sont encouragés mutuellement à combattre. Ceux qui se sont enfuis disait : « La nouvelle armée est arrivée avec le soutien du roi et Qarin est son général. Il est possible que Dieu nous accorde le dessus et nous délivre de notre ennemi, et que nous puissions couvrir nos pertes. »

Ils ont suivi ces consignes et ont campé à Mazâr. Qarin a nommé Qoubaz et Anouchejan à l’avant-garde : ils s’étaient échappés lors de la bataille de Dhât Al-Salâsil. D’autre part, Al-Mouthanna et Al-Mou’anna ont informé Khalid Ibn Al-Walîd à propos de ces préparatifs de l’ennemi. Dès que Khalid a obtenu l’information sur Qarin, il a distribué le butin obtenu lors de la bataille de Dhât Al-Salâsil à ces combattants pour lesquels Dieu avait décrété ce butin. Il a accordé davantage du Khoums à ceux qui en voulaient. Le reste du butin obtenu lors de la bataille de Dhât Al-Salâsil et la bonne nouvelle de la victoire ont été envoyés au Calife Abou Bakr (r.a.). On l’a également informé que les forces vaincues lors de la bataille de Dhât Al-Salâsil et la nouvelle armée sous la direction de Qarin s’étaient rassemblées en un seul endroit. Khalid est parti et s’est approché pour affronter l’armée de Qarin sur le champ de bataille et il a aligné son armée.

Le combat a éclaté des deux côtés. Ils se sont battus avec rage. Qarin est sorti pour défier les musulmans au combat individuel. Khalid et Ma’qil Ibn Âcha’se sont avancés pour le rencontrer. Tout deux ont couru vers Qarin, mais Ma’qil a atteint Qarin avant Khalid et l’a tué. ‘Asim a tué Anouchejan et ‘Adiyy a tué Qoubaz. Après la mort de ces trois chefs, les Persans ont perdu leur courage et ont fui le champ de bataille. Un grand nombre de Perses ont été tués lors de cette bataille et ceux qui ont été repoussés ont fui dans leurs bateaux. Khalid est resté à Mazâr et a offert les biens de chaque victime, quelle que soit leur valeur, au combattant qui l’avait tué. Il a également distribué les biens entre eux. Il a en outre donné une part du Khoums à ceux qui se sont distingués lors du combat. Le reste du Khoums a été envoyé à Médine avec une délégation dirigée par Sa’id Ibn Al-Nou’man.

Selon une tradition, 30 000 Persans ont été tués lors de cette bataille en sus de ceux qui se sont noyés dans le canal. On dit que si l’eau n’avait pas fait office d’obstacle, pas un seul d’entre eux n’aurait survécu.

Les fuyards étaient très désorganisés et ont tout laissé derrière eux. Après la bataille, ceux qui ont pris part aux combats et ceux qui ont soutenu l’armée des Persans ont été emprisonnés avec leurs familles. Abou’l-Hasan Al-Basri faisait également partie de ces prisonniers. Il était le père de l’imam Al-Hasan Al-Basri qui était un célèbre prédicateur et soufi de Bassora qui s’était converti à l’islam. On raconte qu’après l’emprisonnement d’Abou’l-Hasan Al-Basri, il a été emmené à Médine où sa maîtresse l’a libéré.

Après cette victoire, la population a été traitée avec grande indulgence. Les paysans et les autres ont été incités à payer la Jizya sans aucun inconvénient. Ils ont été maintenus sur leurs terres et leurs lieux [d’habitation]. Après s’être libéré de ces affaires initiales, Khalid s’est tourné vers l’administration de la région conquise. Des fonctionnaires ont été nommés pour collecter la Jizya. Pour la protection du territoire conquis, il avait stationné des troupes à Al-Hafîr et Al-Jisr Al-A’dham, c’est-à-dire le plus grand pont. Ils ont été mieux organisés. Il a mis tous les détachements sous la direction des officiers et leur a donné la consigne d’être vigilants eu égard aux mouvements secrets et ouverts de l’ennemi et de les combattre quand l’occasion se présentait. Quelle plus grande preuve de la maîtrise de l’art de la guerre par Khalid que dès le début de son avancée en terre persane, les puissantes armées de Chosroès ont commencé à être vaincues et leur courage et leurs ambitions se sont refroidis ?

La bataille de Mazâr a eu lieu à une courte distance de Hirah qui est situé à mi-distance entre le golfe et Madain.

Après s’être occupé des derniers aspects de cette bataille, Khalid Ibn Al-Walîd s’est mis en route pour s’informer des mouvements de l’ennemi et pour s’assurer qu’il ne se rassemblait pas contre les musulmans.

La bataille d’Al-Walajah a eu lieu au cours du mois de Safar en l’an 12 de l’Hégire. Al-Walajah est une zone sèche près de Kaskar. Après la défaite humiliante des Persans lors de la bataille de Mazâr, bataille au cours de laquelle leurs grands chefs ont été tués, l’empereur persan a mis en place une autre stratégie et a prévu d’affronter les musulmans après une plus grande préparation. Par conséquent, l’Etat persan a invité à la cour du roi de Perse les dirigeants de Bakr Ibn Wâ’il, une grande tribu de chrétiens vivant en Irak, et les a persuadés de se battre contre les musulmans, ayant organisé une armée. Dirigée par le célèbre chevalier, Andarzaghar, celle-ci est partie pour Al-Walajah. Bakr Ibn Wâ’il était une très grande tribu chrétienne en Irak. L’empereur Ardachir les a convoqués ; il a fait d’eux une armée et les a envoyés à Al-Walajah pour combattre les musulmans. Les habitants et les paysans des banlieues de Hirah et Kaskar ont rejoint cette armée. Hirah est une ville située à cinq kilomètres au sud-ouest de Koufa. Kaskar était une ville située entre Koufa et Bassora. De peur que le mérite de la victoire contre les musulmans ne revienne entièrement aux Arabes chrétiens, le roi persan a envoyé un de ses grands généraux, Bahman Jadhouyih accompagné d’une grande armée. Lorsque ce chef persan s’est rendu compte que son armée était devenue très importante, il a décidé d’attaquer Khalid Ibn Al-Walîd. Khalid Ibn Al-Walîd était près de Bassora lorsqu’il a reçu la nouvelle du rassemblement de l’armée perse à Al-Walajah. Il a pensé qu’il était approprié d’attaquer l’armée perse à partir de trois directions afin que leur masse soit dispersée. L’armée perse serait mise en difficulté par une attaque surprise. Il a donc nommé Souwayd Ibn Mouqqarrin comme son suppléant et lui a ordonné de rester à Al-Hafîr et d’atteindre les gens qu’il avait laissés sur la rive inférieure du Tigre. Il leur a ordonné d’être à l’affût de l’ennemi à tout moment et de ne pas être négligents ou complaisants. Il a pris son armée et a avancé vers Al-Walajah pour faire face à l’armée ennemie et à ses partisans. Une bataille féroce a eu lieu. Khalid Ibn Al-Walîd avait tendu une embuscade de combattants sur les deux flancs de l’ennemi, et, le moment venu, les deux troupes embusquées ont attaqué l’ennemi des deux côtés. Les forces persanes ont fui dans la déroute, mais Khalid Ibn Al-Walîd leur a barré la route par le front et les deux troupes ont attaqué de l’arrière, de sorte qu’elles ont été entièrement encerclées tant et si bien qu’aucun soldat ne s’est soucié de la mort de son compagnon. Le commandant de l’armée ennemie a été vaincu et tué.

Khalid Ibn Al-Walîd a traité les paysans de la manière habituelle, c’est-à-dire qu’il n’en a tué aucun. Il a fait prisonniers uniquement les descendants des combattants et leurs partisans et a invité les populations à payer la Jizya et à devenir des Dhimmis, autant de conditions qu’ils ont acceptées.

La bataille d’Oulays a eu lieu au cours du mois de Safar en l’an 12 de l’Hégire. Oulays était également un des hameaux d’Anbâr en Irak. La défaite la tribu de Bakr Ibn Wâ’il et une autre défaite écrasante des Persans aux mains de Khalid le jour de Al-Walajah ont enragé leurs compatriotes chrétiens. Ils ont écrit des lettres aux Persans et ces derniers ont correspondu avec eux. Ils se sont tous réunis à Oulays. ‘Abdoul-Aswad Al-‘Ijli a été nommé leur chef. Le roi persan a demandé à Bahman Jadhouyih de se rendre à Oulays avec son armée et de rencontrer les chrétiens de la Perse et d’Arabie qui y étaient rassemblés. Or, Bahman Jadhouyih n’a pas accompagné son armée, mais a envoyé un autre illustre brave nommé Jaban à sa place et lui a ordonné d’instiller dans le cœur du peuple un esprit de guerre, mais de ne pas commencer la bataille avec l’ennemi avant son arrivée, sauf si l’ennemi n’en prenait l’initiative. Jaban est parti pour Oulays. Bahman Jadhouyih s’est rendu auprès du roi persan Ardachir pour le consulter, mais il a constaté que celui-ci était malade. Bahman Jadhouyih a pris soin de lui et n’a envoyé aucune instruction à Jaban. Jaban est parti seul pour le front avec l’armée et a atteint Oulays au cours du mois de Safar. Les chrétiens arabes de diverses tribus et de la banlieue de Hirah ont afflué à Jaban. Lorsque Khalid a eu vent du rassemblement de ces groupes chrétiens, il est sorti pour les combattre, mais il ignorait que Jaban s’était également approché. Khalid est venu uniquement avec l’intention de combattre ces Arabes et ces chrétiens, mais il a été confronté à Jaban à Oulays. Lorsque Jaban est arrivé à Oulays, à cette occasion les Persans ont demandé à Jaban si les soldats devaient s’occuper des musulmans en premier ou prendre leur repas. Autrement dit, devaient-ils lancer la bataille ou prendre le repas pour ensuite combattre l’ennemi ? Jaban a répondu : « Si l’ennemi ne vous attaque pas, vous devriez également ne rien entreprendre. Mais je pense qu’ils vous attaqueront soudainement et ne vous laisseront pas manger. »

Les soldats n’ont pas écouté Jaban. Ils ont mis le couvert, choisi la nourriture et tout le monde a été convié pour le repas. Khalid est arrivé devant l’ennemi et s’est arrêté. Il a ordonné de décharger les marchandises. Lorsqu’il a terminé avec ce travail, il s’est tourné vers l’ennemi. Khalid a nommé des détachements pour protéger ses arrières et s’est avancé vers la ligne ennemie en la défiant. Il a demandé : « Où est Abjar ? Où est ‘Abdoul-Aswad ? Où est Malik Ibn Qays ? » À l’exception de Malik, tout le monde est resté silencieux en raison de leur lâcheté. Malik s’est avancé pour le duel. Khalid lui a dit : « D’entre tous, qu’est-ce qui t’a donné le courage de venir me combattre ? As-tu la force de me battre ? » Et sur ce, Khalid l’a frappé et l’a tué. Les Persans ont dû se lever avant qu’ils n’aient eu la chance de prendre leur repas.

Jaban a dit à ses soldats : « Ne vous avais-je pas demandé de ne pas commencer à manger ? Par Dieu ! Aucun général ne m’a jamais terrifié comme celui d’aujourd’hui lors de cette bataille ! » Quand ces soldats n’ont pas pu prendre leur repas, pour exhiber leur bravoure ils ont déclaré : « Nous laissons la nourriture pour l’instant jusqu’à ce que nous nous débarrassions des musulmans. Nous reviendrons ensuite manger. »

Jaban a déclaré : « Par Dieu ! Je pense que vous avez gardé cette nourriture pour l’ennemi ! »

C’est-à-dire : « Ne pensez pas que vous retournerez triomphant pour ensuite manger cette nourriture. Je pense que c’est votre ennemi qui la mangera (c’est-à-dire les musulmans) mais vous n’en n’avez pas conscience. »

Jaban a dit à ses soldats : « Ecoutez-moi ! Ajoutez du poison à la nourriture. Si vous êtes victorieux, cette perte sera modique. Si l’ennemi est victorieux, alors vous aurez au moins fait quelque chose qui fera souffrir l’ennemi (le fait de manger de la nourriture empoisonnée). » Mais les soldats étaient confiants de leur victoire. Ils ont déclaré : « Ce n’est pas la peine d’empoisonner notre repas. Nous allons gagner la guerre aisément et ensuite manger. »

Khalid a déployé son armée comme il l’avait fait lors des batailles précédentes. Une bataille féroce s’est ensuivie. Les Persans attendaient l’arrivée de Bahman Jadhouyih ; c’est pour cette raison qu’ils se sont battus avec acharnement, car Jaban leur donnait l’espoir que Bahman allait venir avec une grande armée et était sur le point d’arriver. En fait, en raison de la maladie du roi persan, Bahman n’a pas eu l’occasion de parler de la situation au roi, ni n’a-t-il eu l’occasion d’avancer avec son armée. Voire il n’avait pas non plus de contact avec Jaban. Cependant, lors de cette bataille, les musulmans les ont combattus avec beaucoup d’acharnement et de rage. Une bataille féroce a eu lieu.

Se référant à l’enthousiasme de l’armée persane et à l’état affaibli des musulmans, un biographe écrit que les chrétiens au sein de l’armée persane ont attaqué en premier, mais leur chef, Malik Ibn Qays, a été tué. Lorsqu’il est mort, ses soldats ont perdu courage et ont sombré dans le désespoir. Voyant cela, Jaban a poussé l’armée persane vers l’avant. Les Persans se sont battus courageusement dans l’espoir que Bahman apporterait de nouveaux renforts. Les musulmans ont attaqué coup sur coup, mais à chaque fois les Persans ont déjoué leurs attaques avec beaucoup de courage et de persévérance.

Voyant que les moyens matériels étaient insuffisants, Khalid Ibn Al-Walîd a levé humblement ses mains et a supplié : « Ô Allah, si Tu m’accordes la victoire sur mes ennemis, je ne laisserai pas un seul soldat ennemi en vie et ce fleuve deviendra rouge de leur sang. »

Selon certains livres, Khalid aurait juré ou fait la promesse que s’il remportait cette bataille il ne laisserait aucun guerrier ennemi en vie.

Par la suite, Khalid a ordonné à l’armée d’attaquer l’arrière de l’armée persane par les côtés droit et gauche. L’armée persane a été désintégrée par cette attaque et n’a eu d’autre recours que de fuir ou se rendre. Khalid a ordonné de capturer l’ennemi et de le faire prisonnier et de ne tuer personne sauf les combattants. On devait tuer uniquement ceux qui résistaient.

La cellule de recherche présente une note à ce sujet ; et selon moi leur conclusion semble être correcte. De nombreux biographes et historiens, dont Al-Tabari, ont mentionné que selon la promesse faite par Khalid dans sa prière, ces prisonniers ont été tués et jetés dans le canal tout au long d’une journée et d’une nuit, rendant l’eau du canal rouge de leur sang. C’est-à-dire non seulement se sont-ils battus contre les guerriers ennemis, mais ils ont également tué des prisonniers, et, pour cette raison, ce canal est toujours connu sous le nom de Nahr Al-Dam ou le canal du sang. Or cela ne semble pas être vrai que les prisonniers aient été tués et que le sang ait été déversé dans le canal. Ces biographes ont sans doute été négligents ou ont exagéré. Cela dit, il est tout à fait possible que ceux qui ont délibérément créé de fausses histoires de cruauté et brutalité dans les guerres islamiques aient inclus de tels événements là où l’occasion se présentait.

Parmi les historiens, il y avait des ennemis, ceux qui nourrissaient de l’inimitié ou de la haine contre les musulmans, qui auraient prétendu qu’ils avaient tué les prisonniers et déversé leur sang dans le canal. En tout cas, il semblerait que ces faits aient été rapportés [avec ces intentions] afin de tromper les gens et de leur faire croire que les musulmans avaient persécuté et tué des prisonniers innocents.

De prime abord, tuer les prisonniers n’était pas un acte répréhensible selon les règles et coutumes de guerre de l’époque. Mais durant les guerres islamiques, en particulier à l’époque du Saint Prophète et des Califes Bien-Guidés, des prisonniers n’ont pas été tués de cette façon. Bien que le nombre de tués dans ces guerres aient atteint des milliers et ou des centaines de milliers, il n’en demeure que tous ont été tués au cours des combats.

Une étude des guerres menées par des généraux à l’instar de Khalid Ibn Al-Walîd prouve qu’il a, dans la mesure du possible, épargné la vie de chaque personne qui a déposé les armes ou a fait preuve de soumission. Malgré les affabulations de certains historiens, l’on constate qu’il avait des preuves et des raisons concrètes pour valider l’exécution de certains ennemis sur le champ de bataille.

Une étude de ces faits démontre que cette affaire semble être une histoire fabriquée de toutes pièces. Certains des historiens et biographes qui décrivent en détail ces lieux et les moindres aspects de ces événements n’ont même pas mentionné cet incident sur l’exécution des prisonniers. Cela prouve qu’il s’agit d’histoires fabriquées.

Même un écrivain connu pour ses opinions libertines évoque eu égard à cette histoire des points contestables et inacceptables. Ayant mentionné cet incident, il affirme que les narrateurs en ont exagéré les faits à l’extrême. Certes, la rigueur de Khalid contre les ennemis de l’islam prenait une telle ampleur qu’Al-Qa’qa’et ses compagnons n’arrivaient plus à le supporter. En d’autres termes, il a été sévère envers les prisonniers, mais il est faux de dire qu’il les a tués.

De même, un auteur évoque cet incident en suggérant que les Persans n’ont pas été tués et jetés dans le canal. Il écrit que Khalid a attaqué les chrétiens et a détruit les rangs des soldats persans avec une telle rapidité que l’on eût dit qu’ils étaient faits d’argile et non de chair et de sang. Les Persans étaient étendus sur toute la longueur ; ils formaient un demi-cercle en forme de croissant et poussaient les musulmans dans étau. Les Persans et les Arabes chrétiens avaient encerclé les musulmans et se battaient avec une grande ferveur. Mais les chrétiens n’avaient pas l’enthousiasme des musulmans qu’ils combattaient. Tout musulman est devenu un lion assoiffé de sang, fauchant les chrétiens comme de la mauvaise herbe. Certes les Persans tuaient et blessaient également les musulmans ; mais peu d’entre ces derniers tombaient et ceux qui étaient blessés se battaient avec encore plus de ferveur. Les Persans mouraient en si grand nombre que leurs cadavres jonchaient le champ et tout Persan blessé quittait le champ de bataille. Les musulmans avaient tué un si grand nombre que leurs vêtements étaient entachés de sang.

Il en était de même pour les vêtements de Khalid Ibn Al-Walîd. Le sol était arrosé du sang des Persans et l’excès de sang a commencé à couler comme de l’eau. Finalement, les Persans ont été vaincus ; ils ont fui, désespérés. Les musulmans les ont suivis et ont continué à les tuer et à les arrêter sur une longue distance. Les Persans ont fui dans un tel désespoir que des milliers de leurs soldats sont tombés dans le fleuve et se sont noyés. Quand les Persans sont partis, les musulmans sont revenus. Soixante-dix mille Persans ont été tués dans cette bataille. Cent trente-huit musulmans sont tombés en martyrs. Cependant, les historiens se demandent également comment les musulmans ont tué un si grand nombre de Persans. Un historien a soulevé cette question. Si l’on accepte comme vrai l’incident de l’eau du canal devenant rouge de sang, cela aurait pu être en raison de la noyade des soldats blessés.

On peut dire que ces récits ont été ternis d’exagérations dans une certaine mesure. Cela a offert des opportunités à certains de s’en prendre aux batailles islamiques et à la personne de Khalid Ibn Al-Walîd. Ils ont accusé les musulmans d’avoirs commis des atrocités lors de ces batailles. En tout cas, Allah sait le mieux, mais il semble qu’il ne s’agit que d’une accusation.

Lorsque l’ennemi a subi des pertes et que son armée a été dispersée et que les musulmans ont fini de les chasser et sont revenus, Khalid est arrivé à la nourriture et a dit : « Ceci est pour vous. Je vous l’offre. Ceci est à vous. Quand l’Envoyé d’Allah (s.a.w) trouvait de la nourriture préparée par l’ennemi ayant fui le champ de bataille, il la distribuait à son armée. » Les musulmans l’ont consommé comme dîner. Soixante-dix mille soldats ennemis ont péri lors de la bataille d’Oulays comme mentionné.

Voici le récit de la victoire d’Amghichiyya. Allah l’avait conquis sans bataille en l’an 12 de l’Hégire. Amghichiyya est le nom d’un lieu en Irak. Lorsque Khalid a terminé avec la victoire d’Oulays, il a fait des préparatifs et s’est rendu à Amghichiyya. Mais avant son arrivée, les habitants avaient rapidement abandonné la ville et s’étaient enfuis avant de se disperser à Sawad.

Sawad était une des régions en Irak conquises par les musulmans au cours du califat d’Oumar : elle portait ce nom en raison de la luxuriance de ses champs.

Khalid a ordonné de détruire Amghichiyya et tout ce qui se trouvait dans les alentours. Amghichiyya était une ville égale à Hirah. Oulays était le poste militaire de ce lieu. À Amghichiyya, les musulmans ont obtenu plus de butins qu’ils n’en avaient reçus dans aucune bataille jusqu’à celle de Dhât Al-Salâsil. Les cavaliers ont reçu une part de mille cinq cent dirhams lors cette bataille. Cette part s’ajoutait au butin qui était octroyé à ceux qui avaient accompli des exploits. La nouvelle de la victoire d’Oulays et d’Amghichiyya a été envoyée par Khalid par l’intermédiaire un certain Jandal des Banou ‘Ijl : il était un guide renommé pour son courage. Il s’est présenté au Calife Abou Bakr (r.a.) et lui a donné la bonne nouvelle de la victoire d’Oulays ; et il a très bien décrit le montant du butin, le nombre de prisonniers, les objets que comprenait le Khoums, les détails des combattants qui avaient accompli des exploits et les actes héroïques de Khalid. Abou Bakr (r.a.) a apprécié sa bravoure, son opinion ferme et le style avec le lequel il a présenté la nouvelle de la victoire.

Il lui a demandé son nom. Il a répondu : « Je m’appelle Jandal. » Le Calife Abou Bakr (r.a.) a répondu : « Très bien ! » Puis il a ordonné qu’on lui offre une esclave du butin. Celle-ci lui a donné un enfant.

De même, Abou Bakr (r.a.) a déclaré à cette occasion : « Aucune femme ne pourra donner naissance à quelqu’un comme Khalid Ibn Al-Walîd. »

Je mentionnerai le reste à l’avenir, Incha Allah.


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