Sermons 2023

Valeureux compagnons de Badr

Dans son sermon du 13 janvier 2023, Sa Sainteté le Calife a mentionné plusieurs illustres compagnons de Badr.

Sermon du vendredi 13 janvier 2023, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

Comme je l’avais dit dans un de [mes] précédents sermons, [je] devais présenter des récits restants sur certains compagnons. À cet égard, aujourd’hui je présenterai quelques récits sur ‘Abdoullah Ibn Jahch. Il appartenait à la tribu des Banou Asad, qui était l’alliée des Banou ‘Abd Chams selon certains. Selon d’autres, il était l’allié de Harb Ibn Oumayyah.

 On dit qu’Abdoullah Ibn Jahch n’était ni grand ni petit de taille. Ses cheveux étaient très épais.

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) l’avait nommé à la tête d’une expédition et avait loué sa robustesse, sa constance et sa témérité. Sa’d Ibn Abi Waqqas rapporte que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Je nommerai comme votre émir une personne qui n’est peut-être pas le meilleur des vôtres, mais qui est plus résistant à la faim et à la soif que vous. »  Il déclare : « Nous sommes ensuite allés vers la vallée de Nakhlah entre La Mecque et Taïf, sous le commandement d’Abdoullah Ibn Jahch. »

Voici les détails des butins collectés par ‘Abdoullah Ibn Jahch. Selon certains il s’agissait des premiers butins acquis par les musulmans. ‘Abdoullah Ibn Jahch a divisé ces butins en cinq parties : il a partagé les quatre parts et a gardé la cinquième pour le Bayt Al-Mâl. C’était le premier Khoums fixé en islam.

L’Imam Al-Cha’bi explique qu’Abdoullah Ibn Jahch était le premier à porter un drapeau en islam. Les butins qu’il avait acquis étaient les premiers à être distribués en islam.

Dans son ouvrage Sirat Khatamun Nabiyyine Mirza Bashir Ahmad Saheb écrit :  

« Kourz Ibn Jabir al-Fihriyy, un chef de La Mecque, avec une compagnie de Qouraychites, avait très habilement et subitement attaqué un pâturage de Médine, situé à seulement quatre kilomètres de la ville, et avait fui avec des chameaux appartenant aux musulmans. »  (Il s’agit ici d’une autre campagne.) 

« …cette attaque soudaine avait tout naturellement inquiété les musulmans car les chefs mecquois avaient d’ores et déjà menacé d’attaquer Médine et de détruire les musulmans. Vu ces dangers, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) décida de surveiller de plus près les mouvements des Qouraychites, afin que toutes les informations nécessaires les concernant pussent être disponibles à temps et que Médine fût à l’abri de toutes attaques soudaines. »  

Mirza Bashir Ahmad Saheb évoque ici l’expédition évoquée plus tôt. Il déclare : « À cette fin, le Saint Prophète rassembla un groupe de huit Mouhâjirîn. Avec sagesse, il choisit des hommes appartenant aux diverses tribus des Qouraychites, de sorte qu’il fût plus facile d’obtenir des renseignements sur les complots de celles-ci. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) nomma son cousin paternel, ‘Abdoullah Ibn Jahch, au poste de commandant de ce détachement. 

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) n’avait même pas informé le commandant de l’endroit où il serait envoyé ou même le but de sa mission afin de maintenir sa confidentialité. Au moment de leur départ, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui remit une lettre scellée et déclara : « Ceci contient les instructions nécessaires à votre intention. » 

J’avais cité ce récit dans le passé dans une certaine mesure mais pas en référence à Mirza Bashir Ahmad Saheb.  

« Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) leur a dit : « Ayant parcouru une distance de deux jours de Médine dans telle direction, ouvrez la lettre et agissez conformément aux instructions y inscrites. » 

Après avoir parcouru deux jours de voyage de Médine, ‘Abdoullāh ouvrit les instructions du Saint Prophète, qui étaient les suivantes : « Dirigez-vous vers la vallée de Nakhlah entre La Mecque et Taïf, obtenez des informations sur le Qouraychites et [ensuite] revenez avec les nouvelles à ce sujet. » 

Étant donné que rapporter des renseignements en se rapprochant si près de La Mecque était une tâche délicate, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait écrit au bas de cette lettre qu’après que l’objectif de cette mission fût connu, si un des compagnons hésitait à l’accompagner et souhaitait rentrer, il serait autorisé à le faire.

‘Abdoullah a lu ces instructions à ses compagnons, qui ont unanimement affirmé : « Nous nous présentons volontiers pour ce service. » Ensuite, le détachement s’est rendu à Nakhlah. Sa’d Ibn Abi Waqqâs et ‘Outbah Ibn Ghazwân ont perdu leurs chameaux en cours de route dans la région de Bahran et ont été séparés de leurs compagnons. Malgré tous leurs efforts, ils n’ont pas retrouvé leurs montures. Il ne restait plus que six personnes dans le détachement. »

J’en avais mentionné une partie en évoquant Sa’d Ibn Abi Waqqâs. 

Mirza Bashir Saheb écrit : « Margolis, un orientaliste, a écrit que Sa’d Ibn Abi Waqqâs et ‘Outbah Ibn Ghazwân avaient abandonné leurs chameaux à dessein afin de rester en arrière. Or, chaque incident de la vie de ses fidèles serviteurs de l’islam prouve leur bravoure. L’un d’entre eux est tombé en martyr entre les mains de mécréants à Bi’r Ma’ouna et le deuxième avait participé dans diverses batailles pour conquérir en fin de compte l’Irak. Pareilles suppositions ne prouvent que l’ineptie de M. Margolis. Qui plus est, cet auteur déclare que son livre est exempt de tout préjugé !

Ces quelques musulmans sont arrivés à Nakhlah et ont commencé leur mission. Afin de garder la mission secrète, certains se sont rasé la tête pour ne pas alerter les voyageurs afin qu’ils les prennent pour des pèlerins venus avec l’intention d’accomplir la ‘Oumrah. Cependant, ils étaient à peine sur place quand une petite caravane de Qouraychites arriva soudainement : elle se rendait de Taïf à La Mecque, et les deux groupes se sont rencontrés. Les musulmans se sont consultés sur l’action à prendre. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) les avait envoyés dans le but d’obtenir secrètement des renseignements, mais d’autre part, la guerre avec les Qouraychites avait commencé. Les deux adversaires étaient face à face ; et naturellement, étant donné que les membres de la caravane des Qouraychites avaient repéré les musulmans, leur mission secrète de renseignement ne resterait plus secrète.  

Une autre difficulté était que certains musulmans pensaient que c’était peut-être le dernier jour de Rajab, un des mois sacrés au cours desquels les combats étaient interdits, comme le stipulait l’ancienne coutume arabe. D’autres pensaient que le mois de Cha’bân avait déjà commencé. Selon certains récits, cette expédition avait été envoyée au cours du mois de Jamâdi al-Âkhir. Il y avait un doute sur le jour : était-ce celui de Jamâdi ou de Rajab ? D’autre part, la vallée de Nakhlah était située sur la périphérie du Ḥaram (enceinte sacrée de la Ka’bah) et il était évident que si une décision n’était pas prise ce jour-là, la caravane entrerait dans le Ḥaram le lendemain, dont le caractère sacré était définitif. Par conséquent, en tenant compte de tous ces facteurs, les six musulmans ont décidé d’attaquer la caravane et de capturer ou de tuer ses membres. Ils ont donc lancé l’attaque au nom d’Allah causant la mort d’un homme nommé Amr Ibn Al-Hadrami : deux autres ont été capturés mais le quatrième individu s’est échappé. Les musulmans n’ont pas réussi à l’appréhender. Par la suite, les musulmans ont saisi les biens de la caravane. Puisqu’un homme appartenant aux Qouraychites s’était échappé et qu’inévitablement la nouvelle de cette attaque arriverait rapidement à La Mecque, ‘Abdoullah Ibn Jahch et ses compagnons sont rapidement rentrés à Médine avec le butin.

Margolis affirme que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait envoyé cette expédition sciemment aux cours du mois sacré sachant que les Qouraychites seraient tout naturellement inattentifs au cours de ce mois et que les musulmans pourraient aisément piller cette caravane. Or, toute personne douée de bon sens comprendra qu’on ne peut pas envoyer un tout petit détachement aussi loin pour s’attaquer à une caravane. D’autant plus que les quartiers généraux des ennemis étaient tout près ; et on sait de source sûre qu’ils ont été envoyés en mission de renseignement et rien de plus. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) était extrêmement fâché quand il a eu vent de l’attaque lancée par les musulmans et a déclaré : « Je ne vous avais pas permis de vous battre au cours du mois sacré ! » Il a refusé de prendre une part du butin.

‘Abdoullāh et ses compagnons ont ressenti un remords et une honte extrêmes. Ils se sont dit qu’ils étaient ruinés étant donné qu’ils avaient attiré la colère de Dieu et de Son Prophète. Les autres compagnons les ont réprimandés pour leur action. D’autre part, les Qouraychites ont également soulevé un tollé, disant que les musulmans avaient violé la sainteté du mois sacré. Étant donné que’Amr Ibn Al-Hadrami, celui qui avait été tué, était un chef de clan et également un allié de ‘Outbah Ibn Rabi’ah, un chef de La Mecque, cet événement a enflammé les Qouraychites. Ils se sont âpretés à attaquer Médine.  

La bataille de Badr était le résultat de ces préparatifs et de cette animosité des Qouraychites. 

Cette attaque au cours du mois sacré avait causé du bruit à la fois parmi les musulmans et les mécréants, et finalement le verset coranique suivant a été révélé, soulageant les musulmans: 

يَسْأَلُونَكَ عَنِ الشَّهْرِ الْحَرَامِ قِتَالٍ فِيهِ قُلْ قِتَالٌ فِيهِ كَبِيرٌ وَصَدٌّ عَنْ سَبِيلِ اللَّهِ وَكُفْرٌ بِهِ وَالْمَسْجِدِ الْحَرَامِ وَإِخْرَاجُ أَهْلِهِ مِنْهُ أَكْبَرُ عِنْدَ اللَّهِ وَالْفِتْنَةُ أَكْبَرُ مِنَ الْقَتْلِ وَلَا يَزَالُونَ يُقَاتِلُونَكُمْ حَتَّى يَرُدُّوكُمْ عَنْ دِينِكُمْ إِنِ اسْتَطَاعُوا

Ils t’interrogent à propos du combat pendant le Mois Sacré. Dis-leur : « Se battre pendant le Mois Sacré est grave, mais aux yeux d’Allah, il est encore plus grave d’empêcher les hommes de suivre la voie d’Allah, de se montrer ingrat envers Lui et d’empêcher les croyants de se rendre à la Sainte Mosquée et d’en expulser ses vrais ayants droit ; et la persécution est un crime encore plus grave que le fait de tuer. » Ô musulmans les mécréants ne cesseront pas de vous combattre jusqu’à qu’ils vous aient détournés de votre foi, s’ils le peuvent. (2 : 217) 

Selon l’histoire, les chefs des Qouraychites menaient leur propagande sanguinaire même pendant les mois sacrés. Voire ils étaient encore plus actifs dans leurs desseins maléfiques au cours de ces mois, profitant des rassemblements et des voyages qui y avaient lieu. En outre, de manière éhontée et afin de se satisfaire, ils réarrangeaient l’ordre des mois sacrés, [une pratique] connue sous le nom de Nas’i. Ils ont ainsi traité les musulmans.

Lors du traité de Ḥoudaibiyyah, malgré l’alliance conclue, les mécréants de La Mecque et leurs alliés ont attaqué une tribu alliée aux musulmans, dans la région du Ḥaram. Et ensuite, quand les musulmans ont commencé à soutenir cette tribu, ils se sont également battus contre eux dans la région même du Haram. Par conséquent, il est naturel que les musulmans aient trouvé réconfort dans cette réponse, et les Qouraychites se soient également calmés. Pendant ce temps, deux de leurs hommes sont arrivés à Médine pour faire libérer leurs deux captifs. Cependant, jusqu’à présent, Sa’d Ibn Abi Waqqâs et ‘Outbah n’étaient pas encore revenus. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) craignait qu’ils ne fussent entre les mains des Qouraychites et que ces derniers ne les tuassent. C’est pour cette raison que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a refusé de libérer les captifs jusqu’à leur retour et a déclaré : « Lorsque mes hommes reviendront à Médine sains et saufs, je relâcherai les vôtres. » Par conséquent, quand ils sont retournés à Médine, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a libéré les deux captifs contre rançon. Or, un des deux captifs était si profondément impressionné par les hautes qualités morales du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et par la vérité de l’enseignement de l’islam lors de son séjour à Médine, qu’il a refusé de rentrer, et a rejoint les serviteurs du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) en lui prêtant allégeance. Il a finalement été martyrisé à Bi’r-Ma’ouna. Il se nommait Hakam Ibn Kisan. 

L’épée d’Abdoullah Ibn Jahch s’est brisée le jour de la bataille d’Ouhoud. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) lui a confié une branche de palmier qu’on appelle Ourjoun [en arabe]. Elle est devenue comme une épée dans sa main. À partir de ce jour, il a été connu sous le nom d’Ourjoun. 

Abou Na’im déclare qu’Abdoullah Ibn Jahch était celui qui jurait au nom de son Seigneur, et qui avait implanté l’amour de Dieu en son cœur et avait été le premier à hisser le drapeau islamique.

L’Imam Al-Cha’bi relate : « Deux hommes des Banou ‘Amir et Banou Asad se sont présentés à moi exprimant leur fierté. L’homme des Banou ‘Amir tenait la main de celui des Banou Asad. L’Asadi disait : « Laisse ma main ! » et l’autre disait : « Je jure par Dieu que je ne te quitterai pas ! » L’Imam Al-Cha’bi dit : « Je lui ai dit : « Ô frère des Banou ‘Amir ! Laisse-le ! » Et j’ai dit à l’homme des Banou Asad : « Tu possèdes six vertus absentes chez toute autre tribu de l’Arabie. Premièrement, le Messager d’Allah (s.a.w.) voulait épouser une femme de votre tribu, et Allah a fait en sorte que cela se produise. L’ange Gabriel était l’ambassadeur entre les deux. Cette dame était Zaynab bint Jahch : ceci est cause de fierté pour votre peuple. Deuxièmement, il y avait une personne parmi vous qui méritait le paradis et qui marchait toujours humblement sur terre : il s’agit d’Oukacha Ibn Al-Mihsan : ceci est cause de fierté pour votre peuple. Troisièmement, le premier drapeau confié l’islam a été remis à ‘Abdoullah Ibn Jahch, l’un des vôtres et ceci est cause de fierté pour votre peuple. Quatrièmement le premier butin distribué en l’islam était celui d’Abdoullah Ibn Jahch. Cinquièmement la première personne à prêter allégeance lors du serment de Ridwan appartenait à votre peuple. Il s’est présenté à l’Envoyé d’Allah (s.a.w) et a dit : « Ô Envoyé d’Allah (s.a.w) ! Présentez votre main afin que je puisse vous prêter allégeance. » L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a demandé : « Sur quelles conditions vas-tu me prêter allégeance ? » Il a répondu : « Pour ce qui est dans votre cœur ! » L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a demandé : « Qu’est-ce qu’il y a dans mon cœur ? » Il a répondu : « La victoire ou le martyre. » 

Sur ce, Abou Sinan a prêté allégeance au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et les gens venaient et disaient : « Nous prêtons allégeance sur les mêmes conditions qu’Abou Sinan ! » Ceci est cause de fierté pour votre peuple. Sixièmement le jour de la bataille de Badr, sept Mouhâjirîn étaient de ta tribu et ceci est cause de fierté pour votre peuple. »

Selon un récit, Zaynab bint Khouzaymah était mariée à ‘Abdoullah Ibn Jahch quand il est tombé en martyr le jour d’Ouhoud. Après son martyre, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a épousé Zaynab bint Khouzaymah. Elle est demeurée avec lui pendant huit mois ou deux ou trois mois [selon d’autres récits]. Elle est décédée à la fin du mois de Rabi’ Al-Âkhir. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a dirigé ses prières funéraires et l’a enterrée à la Jannat Al-Baqî’.  

J’avais déjà mentionné les autres récits à propos d’Abdoullah Ibn Jahch. 

Salih Choukran est le prochain compagnon. Selon certains, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait reçu en héritage Choukran et Umm Ayman de son père. Après la bataille de Badr, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) l’a libéré : il avait été [précédemment] un esclave. Salih Choukran était parmi ceux qui ont eu le privilège de se laver la dépouille Saint Prophète (a.s.) : il était accompagné de huit autres membres de la famille du prophète. 

Selon le Mousnad de l’Imam Ahmad Ibn Hanbal, Salih avait reçu cette autre bénédiction : cela concerne le bain de la dépouille de l’Envoyé d’Allah (s.a.w). Salih Choukran et Oussamah Ibn Zayd faisaient partie de ces compagnons qui versaient l’eau en ces instants-là. Ibn ‘Abbâs rapporte : « Lorsque les gens se sont réunis pour baigner la dépouille du Saint Prophète (s.a.w.), seuls les membres de sa famille étaient dans la maison. Il y avait son oncle ‘Abbâs et ‘Ali, Fadl Ibn ‘Abbâs, Qoutham Ibn ‘Abbâs, Ousamah Ibn Zayd et Salih Choukran, qui était son esclave affranchi. Aws Ibn Khawli Al-Ansari des Banou ‘Awf Ibn Khazraj se trouvait à la porte : il avait participé à la bataille de Badr. Il a appelé ‘Ali et a dit : « Ô Ali ! Je jure par Allah ! Garde aussi notre part du Messager d’Allah (s.a.w.). » ‘Ali lui a dit : « Entre ! » Il est entré et était présent à l’occasion du bain du Messager d’Allah (s.a.w.), mais il n’a pas participé au bain. Selon le narrateur, ‘Ali soutenait la dépouille du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) par sa poitrine et sa chemise était toujours sur lui. ‘Abbâs, Fadl et Qoutham ont retourné la dépouille de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) avec ‘Ali. Ousamah et Salih Choukran versaient l’eau. ‘Ali a commencé à le baigner. » 

Le ‘Allâmah Al-Baladhouri relate qu’Oumar a envoyé ‘Abd al-Rahman Ibn Choukran, le fils de Choukran, à Abou Mousa Al-Ach’ari et a écrit : « Je t’envoie un homme juste, ‘Abd al-Rahman Ibn Salih Choukran, qui était un esclave affranchi de l’Envoyé d’Allah (s.a.w). Traite-le en respectant la position de son père auprès de l’Envoyé d’Allah (s.a.w). » Selon un récit, le ‘Allâmah Bavi déclare que Choukran vivait à Médine et qu’il avait également une maison à Bassorah. Il est décédé au cours du califat d’Oumar (r.a.). 

Le dernier membre de sa famille est décédé à Médine sous le règne de Haroun Al-Rachid. Un membre de sa famille vivait également à Bassorah. Mous’ab déclare : « J’ignore si sa descendance a continué ou non. » Salih Choukran rapporte : « J’ai vu l’Envoyé d’Allah (s.a.w) chevauchant un âne vers Khaybar. Il priait en faisant des gestes. »  

C’est-à-dire qu’il priait assis sur une monture. Cela répond à la question de savoir si l’on peut prier tout en voyageant ou pas. 

Malik Ibn Doukhcham est autre un compagnon dont il restait certains rapports. Selon certains récits, on le nommait également Malik Ibn Doukhaychim et Ibn Doukhcham. Son père se nommait Doukhcham Ibn Marzakha. On le nommait aussi Doukhcham Ibn Malik Ibn Doukhcham Ibn Marzakha. Sa mère se nommait ‘Oumayra bint Sa’d. Malik était marié à Jamila bint Oubay Ibn Saloul, qui était la sœur d’Abdoullah Ibn Oubay Ibn Salul, le chef des hypocrites. Malik avait composé ces vers à l’occasion de la capture de Souhayl Ibn ‘Amr : 

« J’ai capturé Souhayl et en retour je ne souhaite capturer quiconque d’aucune autre nation. Les Banou Khandaf savent que Souhayl est le meilleur des siens. Quand ils ont été lésés, j’ai frappé le porte-drapeau jusqu’à ce qu’il se prosterne. Je me suis contraint de combattre Souhayl Ibn ‘Amr, celui à la lèvre coupée. » 

Le recueil Ousd Al-Ghâbah mentionne ce récit concernant les prisonniers de la bataille de Badr. Abou Salih raconte sous l’autorité d’Ibn ‘Abbâs qu’Abou Yousr Malik Ibn Doukhcham Al-‘Awfi et Târiq Ibn ‘Oubayd Al-Ansâri s’étaient présentés à l’Envoyé d’Allah (s.a.w) et lui ont dit : « Ô Envoyé d’Allah (s.a.w) ! Vous aviez dit que celui qui tuerait [un combattant ennemi] dans cette bataille recevrait tant et celui qui en capturerait un obtiendrait autant. Nous avons tué soixante-dix combattants et en avons emprisonné soixante-dix. Sa’d Ibn Mou’adh a dit: « Ô l’Envoyé d’Allah (s.a.w) ! Nous aurions pu en faire de même, mais nous ne l’avons pas fait parce que nous protégions l’arrière des musulmans. Le butin est peu et les gens sont nombreux. Si vous leur donnez autant que vous avez promis, certains des nôtres n’obtiendront rien. » Ces gens en ont discuté jusqu’à ce qu’Allah révèle ce verset : 

يَسْأَلُونَكَ عَنِ الْأَنْفَالِ قُلِ الْأَنْفَالُ لِلَّهِ وَالرَّسُولِ فَاتَّقُوا

« Ô Messager ! On t’interroge sur les butins. Dis-leur donc que le butin appartient à Allah et à Son messager. » 

Le jour de la bataille d’Ouhoud, Malik Ibn Doukhcham est passé à coté de Kharija Ibn Zayd. Kharija gisait mortellement blessé. Il avait reçu environ treize blessures mortelles. Malik lui a dit : « Ne sais-tu pas que l’Envoyé d’Allah (s.a.w) est tombé en martyr ? » Kharija a dit : « S’il est tombé en martyr, Allah est certainement vivant et ne mourra pas. Muhammad (s.a.w.) a transmis le message. Par conséquent, combattez pour sa religion. »

Cet incident est mentionné comme suit dans un autre récit. Lorsque la rumeur du martyre de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) s’est répandue, Malik Ibn Doukhcham est passé à côté de Kharija Ibn Zayd qui était assis et avait reçu treize blessures fatales à la poitrine. Malik lui a dit : « Ne sais-tu pas que Muhammad (s.a.w.) est tombé en martyr ? » Kharija a répondu : « Si Muhammad (s.a.w.) est tombé en martyr, Allah est certainement vivant et ne mourra jamais. Il a certainement transmis son message, le message de l’islam. Combattez pour votre religion. » Le narrateur relate que Malik est passé à côté de Sa’d Ibn Rabi’ qui avait reçu douze blessures mortelles. Malik à dit Sa’d. « Sais-tu que Muhammad (s.a.w.) est tombé en martyr ? Sa’d a répondu : « Je témoigne que Muhammad (s.a.w.) a transmis le message de son Seigneur ! Combattez pour votre religion car Allah est vivant et ne mourra jamais ! » 

Selon un rapport, plusieurs personnes ont dit à l’Envoyé d’Allah (s.a.w) que Malik Ibn Doukhcham est le refuge des hypocrites. A cela, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a dit : « Ne prie-t-il pas ? Vous dites qu’il est un hypocrite. Ne prie-t-il pas ? » Les gens ont dit : « Oui, ô Messager d’Allah, Il prie. Mais il n’y a rien de bon dans sa Salât. » Alors, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a dit à deux reprises : « Il m’est interdit de tuer ceux qui prient. » C’est, en passant, une leçon pour les musulmans d’aujourd’hui. 

Selon un récit, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) avait envoyé ‘Âsim Ibn ‘Adiyy, le frère de Ma’an Ibn ‘Adiyy, avec Malik Ibn Doukhcham pour démolir le Masjid Dirâr.

On dit que Malik n’a pas eu de descendants. 

Il reste aussi quelques récits à propos d’Oukacha Ibn Al-Mihsan. Il se nommait Oukacha. Al-Mihsan Ibn Harsan était son père. Abou’l-Mihsan était son surnom. Il est tombé en martyr en l’an 12 de l’Hégire au cours du caliphat d’Abou Bakr.

L’Imam Al-Cha’bi a loué Oukacha en ces termes : « Il y avait un habitant du paradis qui marchait toujours en toute humilité sur la terre : il s’agit d’Oukacha Ibn Al-Mihsan. »

Immédiatement après la bataille de Badr en l’an deux de l’Hégire, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a envoyé ‘Abdoullah Ibn Jahch sur une expédition dans laquelle a également participé Oukacha Ibn Al-Mihsan.

Selon Al-Sîrat Al-Halabiyyah, à l’occasion de la bataille d’Ouhoud, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a tiré des flèches avec son arc, qu’on appelait Katoum parce qu’il ne faisait aucun bruit en tirant. Finalement, à cause des tirs continus, une partie de cet arc s’est cassée. On rapporte qu’une extrémité de son arc, autour de laquelle la corde est nouée, s’est cassée.

En somme, cet arc s’est brisé en raison des tirs continus. La corde de l’arc entre les mains de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) ne mesurait qu’un empan. Oukacha Ibn Al-Mihsan l’a pris pour attacher l’arc, mais la corde était courte. Il a dit : « Ô Messager d’Allah, cette corde est trop courte ! » Il a dit « Tires-la et elle sera assez longue. » Oukacha a dit : « Par Celui qui a envoyé l’Envoyé d’Allah (s.a.w) avec la vérité ! J’ai tiré la corde et elle est devenue si longue que je l’ai enroulée deux ou trois fois à l’extrémité de l’arc et j’ai pu l’attacher facilement. »

Selon un récit, en l’an 6 de l’Hégire, Ouyayna Ibn Hisn a attaqué les chameaux de traite du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avec les cavaliers de Ghatafân. Les chameaux de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) avaient l’habitude de paître là-bas. Il s’y trouvait un pâturage. A Ghaba vivaient un homme et une femme des Banou Ghifâr. L’ennemi a tué l’homme et ils ont pris la femme avec les chameaux. Salama Ibn Al-Akwa’ a été le premier à être au courant de cet incident. Il est sorti pour Ghaba le matin et il était accompagné d’un esclave de Talhah Ibn ‘Oubaydillah et d’un cheval. Ils ont montés à l’endroit dit Thaniyat al-Wadâ’ : là-bas, ils ont vu les chevaux des assaillants. Salama a grimpé d’un côté de la montagne et a appelé à l’aide son peuple. Ensuite ils sont sortis comme des animaux de chasse à la poursuite de l’assaillant jusqu’à ce qu’ils les rattrapent et commencent à leur tirer dessus des flèches. Chaque fois que les cavaliers se tournaient vers lui, Salama s’enfuyait, puis revenait. Chaque fois qu’il en avait l’occasion, il tirait des flèches. Lorsque la nouvelle de cet incident est parvenu à l’Envoyé d’Allah (s.a.w) il a annoncé à Médine qu’il y avait un danger. Les cavaliers se sont rassemblés autour de l’Envoyé d’Allah (s.a.w). Oukacha Ibn Al-Mihsan et d’autres compagnons faisaient partie de ces cavaliers.

Oukacha Ibn Al-Mihsan a poursuivi Oubar et son fils ‘Amr Ibn Oubar lors de cette expédition. Tous deux étaient montés sur un chameau. Oukacha les a percés d’une seule lance, les a tués tous les deux et a ramené les chameaux volés. 

Kharija Ibn Zayd était un autre [compagnon de Badr]. Son nom de famille était Abou Zayd. Selon un rapport, Mou’âdh Ibn Jabal, Sa’d Ibn Mou’âdh et Kharija Ibn Zayd ont interrogé des érudits juifs sur certains points de la Torah, auxquelles ces érudits ont refusé de répondre et ont caché la vérité. Sur ce, Allah a révélé ce verset : 

إِنَّ الَّذِينَ يَكْتُمُونَ مَا أَنْزَلْنَا مِنَ الْبَيِّنَاتِ وَالْهُدَى مِنْ بَعْدِ مَا بَيَّنَّاهُ لِلنَّاسِ فِي الْكِتَابِ أُولَئِكَ يَلْعَنُهُمُ اللَّهُ وَيَلْعَنُهُمُ اللَّاعِنُونَ

« Ceux qui cachent de ces Signes clairs et de cette direction parfaite après que Nous les ayons expliqués aux hommes dans le Livre, c’est ceux-là qu’Allah maudit ; et les maudissseurs de droit les maudissent aussi. » (Le Saint Coran, chapitre 2, verset 160)  

Le prochain [compagnon] se nomme Ziyâd Ibn Labîd. Son surnom était Abou ‘Abdillah. Il appartenait aux Banou Bayadah Ibn ‘Âmir, une branche de la tribu de Khazraj des Ansâr. Ses descendants ont vécu à Médine et à Bagdad.  

Douhak Ibn Al-Nou’man relate que Masrouq Ibn Waïl est venu à Médine auprès de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) en passant par la vallée d’Aqiq. De nombreuses vallées, mines et autres endroits en Arabie portent le nom d’Aqiq. Le plus célèbre est Wadi Aqiq qui passe à l’ouest de Médine. À l’époque de l’Envoyé d’Allah (s.a.w), la route de Médine à La Mecque atteignait Dhou’l-Halifa par cette Aqiq. Les écrivains disent que la route est la même aujourd’hui.  

« …Masrouq Ibn Waïl [est venu à Médine] et a accepté l’islam. Il a adhéré à l’islam avec excellence. Il dit : « Ô l’Envoyé d’Allah (s.a.w), je souhaite que vous envoyiez quelqu’un à mon peuple qui l’invitera à l’islam. » Alors, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) lui a envoyé Ziyâd Ibn Labîd Al-Ansâri. Ziyâd est mort au début du règne de Mou’awiyah en l’an 41 de l’Hégire. Selon Al-Tabarâni, Ziyâd est resté à Koufa, tandis que Mouslim et Ibn Hibbân disent qu’il a vécu en Syrie. Ibn Hibbân dit qu’il faisait partie des compagnon juristes.  

Ziyâd Ibn Labîd relate que l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a mentionné un événement et a dit que cela se produira lorsque la connaissance disparaîtra. J’ai demandé : « Ô Messager d’Allah ! Comment le savoir disparaîtra-t-il, quand nous lisons le Coran et l’enseignons à nos enfants, et nos enfants l’enseigneront à leurs enfants jusqu’au Jour de la Résurrection ? »

[C’est-à-dire,] étant donné quand le Coran existera [jusqu’à la fin des temps] comment la connaissance disparaitra-t-elle ?

L’Envoyé d’Allah (s.a.w) de répondre : « Qu’Allah te bénisse, ô Ziyâd ! Je te considérais comme l’une des personnes les plus sages de Médine ! Ces Juifs et Chrétiens ne lisent-ils pas la Torah et l’Evangile qu’ils détiennent auprès d’eux ? Or, ils ne suivent aucune de leurs paroles. » 

[En d’autres termes,] la connaissance disparaîtra quand les musulmans liront le Coran sans suivre ses préceptes dans la pratique. C’est justement ce que nous constatons aujourd’hui. 

Yazîd Ibn ‘Abdillah Ibn Qousayd rapporte qu’Abou Bakr Al-Siddîq a envoyé ‘Ikramah Ibn Abi Jahl avec cinq cents musulmans pour aider Ziyâd Ibn Labîd et Mouhâjir Ibn Oumayyah Ibn Abi Oumayyah.

‘Ikramah leur est parvenu quand ces derniers avaient conquis Noujayr, qui se trouve au Yémen. Ziyâd Ibn Labîd leur a offert une part du butin. Cette caravane était arrivée après la victoire. L’Imam Al-Chafi’i déclare que Ziyâd avait écrit à Abou Bakr à ce sujet. Abou Bakr lui a écrit en réponse que seul celui qui a participé à la bataille a droit au butin. Selon lui, ‘Ikramah n’en méritait pas car il n’avait pas participé à cette bataille. Quand Ziyâd en a parlé à ses compagnons, ils ont tout de même joyeusement inclus ‘Ikrimah et son armée dans ce butin.

[Le prochain compagnon] se nomme Khalid Ibn Al-Boukayr. Al-Boukayr Ibn ‘Abd Yalil était son père. Il appartenait à la tribu des Banou Sa’d, qui était l’alliée des Banou ‘Adiyy. Ibn Ishaq relate : « Nous ne connaissons aucun des quatre frères qui ont pris part à la bataille de Badr à l’exception d’Iyas et de ses frères ‘Aqil, Khalid et ‘Amir. Ces quatre frères ont émigré ensemble et sont restés à Médine auprès de Rifa’ah Ibn Abdil-Moundhir. »

Ibn Ishaq relate qu’après la bataille d’Ouhoud, certains individus des tribus d’Azal et de Qara se sont présentées à l’Envoyé d’Allah (s.a.w) et ont dit : « Ô Messager d’Allah (s.a.w.) ! Nous sommes intéressés par l’islam. Envoyez quelques-uns de vos compagnons avec nous pour enseigner la religion à notre peuple et à lire le Coran. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a envoyé six compagnons avec lui sous l’autorité de Marsad Ibn Abi Marsad, dont Khalid Ibn Al-Boukayr.

Ces tribus ont trahi et tué ces musulmans qui étaient venus leur enseigner la religion.

‘‘Ammâr Ibn Yâsir est le prochain compagnon. Son surnom était Abou Yaqzân. En puisant dans les livres d’histoire, Hazrat Mouslih Maw’oud (ra) a écrit qu’une fois, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) est passé devant un esclave nommé ‘Ammâr et vit qu’il sanglotait et s’essuyait les yeux. Il lui a demandé : « Quel est le problème ? » ‘Ammâr répondu : « Ô Messager d’Allah ! Ma situation est très mauvaise. Ils m’ont roué de coups et tourmenté. Ils ne m’ont pas laissé tant que je n’ai pas prononcé des paroles contre vous et en faveur de leurs dieux. » 

L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a demandé : « Mais qu’as-tu ressenti dans ton cœur ? » ‘Ammâr a répondu : « J’avais une foi inébranlable en mon cœur. J’ai prononcé des paroles contre vous, mais j’avais la foi au cœur. » L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a dit : « Si ton cœur était satisfait de la foi, Dieu pardonnera ta faiblesse. » 

Il y a une divergence d’opinion sur la migration d’Ammâr Ibn Yâsir vers l’Abyssinie. Certains pensent qu’il a participé à la deuxième migration en Abyssinie. 

Evoquant la rébellion qui a eu lieu au cours du califat d’Outhman, le deuxième Calife a déclaré : « Cette rébellion s’est intensifiée et les compagnons ont également reçu des lettres contenant des plaintes contre les gouverneurs. Tous ensemble, ils ont demandé au Calife ‘Outhman : « Ne savez-vous pas ce qui se passe dans les provinces ? » Celui-ci de dire : « Les rapports que je reçois indiquent que tout va bien. » Les Compagnons ont répondu : « Nous recevons des lettres sur tel ou tel fait et il faudrait mener des enquêtes à ce propos. » Le Calife ‘Outhman leur a demandé conseil sur la façon de mener ces enquêtes ; et suite à leurs conseils, Ousama Ibn Zayd a été envoyé à Bassorah, Muhammad Ibn Mouslim à Koufa, ‘Abdoullah Ibn ‘Oumar en Syrie et ‘Ammâr Ibn Yâsir en Égypte, pour enquêter sur les conditions dans ces provinces et signaler si les gouverneurs oppriment réellement les sujets et agissent arbitrairement et usurpent les droits du peuple. En sus de ces quatre individus, il en a envoyé d’autres vers d’autres contrées afin de l’informer de la situation de là-bas.

Ces individus sont partis et sont revenus après enquête et ont rapporté qu’il y a la paix partout et que les musulmans vivent en toute liberté et que leurs droits ne sont pas violés et que les autorités agissent de manière juste. 

Mais ‘Ammâr Ibn Yâsir, qui avait été envoyé en Egypte, n’était pas de retour. Il avait accusé un retard et l’on était sans nouvelles de lui à telle enseigne que les résidents de Médine ont pensé qu’il avait été tué. En réalité, en raison de sa simplicité et sa méconnaissance de la politique, il était tombé dans les griffes des rebelles, qui n’étaient autres que les disciples d’Abdoullah Ibn Saba. ‘Abdoullah Ibn Saba était présent en Egypte, il savait qui si le rapport de ce comité d’investigation disait qu’il existait un état de paix et de sécurité partout dans le pays, tout le monde se retournerait contre eux. La décision d’envoyer cette délégation avait été faite si soudainement qu’il n’était pas en mesure de prendre des dispositions dans d’autres provinces. Néanmoins, prendre des mesures en Égypte était facile pour lui. Il a accueilli ‘Ammâr Ibn Yâsir dès son arrivée en Egypte et a commencé par lui décrire les défauts et les cruautés d’Amr Ibn Al-‘Âs, le gouverneur d’Egypte. ‘Ammâr Ibn Yâsir a été subjugué par la magie de ses paroles. Au lieu de mener une enquête impartiale, il n’a même pas daigné approcher le gouverneur d’Egypte, encore moins n’a-t-il mené l’investigation qui s’imposait. Au contraire, il a côtoyé ce groupe de rebelles et a commencé à soulever des objections avec eux. ‘Ammâr Ibn Yâsir est le seul Compagnon dont on peut prouver catégoriquement qu’il avait été pris au piège par les rebelles. Hormis lui, aucun autre éminent Compagnon n’a participé dans un acte de ce genre. Si quelqu’un de parmi eux a été impliqué, cette assertion a été réfutée par d’autres narrations. 

Il existe une raison particulière que ces gens ont pu tromper ‘Ammâr Ibn Yâsir. Il n’était pas un hypocrite, que Dieu préserve [d’une telle pensée]. Il y a une raison particulière à tout cela. 

Aussitôt arrivé en Egypte, il a été accueilli par ce groupe de personnes éloquentes et beaux-parleurs qui semblaient être des personnes dignes de foi. Ils se sont plaints auprès de lui contre le gouverneur de l’Egypte avec grande habileté. Par hasard, le gouverneur de l’Egypte était un homme qui avait, naguère, été un ennemi implacable de l’Envoyé d’Allah (s.a.w). Lors de la victoire sur la Mecque, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a ordonné qu’il doit être exécuté même si on le retrouve dans l’enceinte de la Ka’bah. Bien que l’Envoyé d’Allah (s.a.w) l’ait pardonné plus tard, son comportement préislamique avait laissé des traces d’antipathie sur les cœurs de certains Compagnons, y compris ‘Ammâr. Donc, ayant entendu des plaintes contre cette personne, ‘Ammâr a été automatiquement influencé et a cru à toutes les allégations portées contre lui. Les Sabaïs, c’est à dire les partisans d’Abdoullah Ibn Saba, ont tiré profit de l’antipathie naturelle contre le gouverneur suite à cet évènement particulier pour renforcer davantage leur accusation.

À l’occasion de la bataille de Siffîn, ‘Ammâr Ibn Yâsir s’est adressé aux combattants en ces termes : « Où sont ceux qui recherchent l’agrément d’Allah et ne désirent pas retourner vers leurs richesses et leurs enfants ? » Un groupe s’est approché de lui. ‘Ammâr leur a lui : « Ô gens ! Venez avec nous vers ces gens qui demandent le paiement du sang d’Outhman Ibn ‘Affân. Ils pensent qu’Outhman a été tué injustement. Par Allah, ils exigent la rétribution du meurtre d’Outhman. Mais ces gens ont goûté au monde. »  

Ici, ‘Ammâr a compris à quel point ces rebelles ont causé du tort. 

‘Ammâr a dit : « Ces gens aiment le monde et sont à sa poursuite. Ils ont compris que si la vérité s’accroche à eux, celle-ci deviendra une barrière entre eux et leurs affaires mondaines. Ces gens n’ont aucune supériorité en islam, pour mériter l’obéissance du peuple et de l’émirat. » (Ils souhaitent uniquement fomenter les troubles.) 

« Ils ont trompé leurs partisans en disant que notre Imam a été injustement tué pour qu’ils puissent devenir des rois oppresseurs. C’est la ruse par laquelle ils ont atteint le point que vous voyez. Si ces personnes n’exigeaient pas la vengeance d’Outhman, deux personnes ne les suivraient même pas. » 

Puis il dit : « Ô Allah, si Tu nous aides, comme Tu nous as aidés plusieurs fois, et si Tu les fais réussir dans leur but, châtie-les d’une punition douloureuse en raison des nouvelles choses qu’ils ont créées parmi Tes serviteurs. »

Muhammad Ibn ‘Amr et d’autres rapportent que les combats faisaient rage lors de la bataille de Siffin : les deux groupes belligérants étaient sur le point de disparaître. Mou’awiyah a dit : « C’est le jour où les Arabes périront, à moins qu’ils ne tuent cet esclave, ‘Ammâr Ibn Yâsir. » Une bataille féroce a duré trois jours et trois nuits. Le troisième jour, ‘Ammâr a dit à Hâchim Ibn ‘Outbah Ibn Abi Waqqâs, qui portait le drapeau ce jour-là : « Que mes parents te soient dévoués ! Emmène-moi avec toi. » Hâchim de dire : « Ô ‘Ammâr ! Qu’Allah t’accorde la miséricorde. Tu es un homme que la guerre considère léger et méprisable. Je porterai le drapeau avec l’espoir qu’à travers lui j’atteindrai mon objectif. Si je fais preuve de faiblesse, je ne suis pas à l’abri de la mort. » Il est resté avec eux jusqu’à ce qu’ils chevauchent. ‘Ammâr se tenait dans son armée et Dhou’l-Qala’ se tenait en face d’eux avec son armée. Tous deux se sont battus et ont été tués. Les deux armées ont été détruites. ‘Ammâr a été attaqué par Houwi Al-Saqiyy et Abou’l-Ghadiya Al-Mouzani et tous les deux l’ont tué. On a demandé à Abou’l-Ghadiya comment il l’avait tué. Il a dit : « Lorsqu’ils se sont approchés de nous avec leur armée et que nous nous sommes approchés d’eux, ils ont demandé si quelqu’un souhaitait se battre. Siqasiq est le nom d’une tribu au Yémen. Un de ces membres est sorti des rangs. Les deux se sont combattus à l’épée. ‘Ammâr a tué le Siqasiqi. Ensuite, il a appelé au combat quiconque le désirait. Himyir est une autre tribu du Yémen, l’un d’eux s’est également porté candidat pour le combat. 

Ils se sont battus à l’épée. ‘Ammâr a tué le Himyari. Le Himyari a pu le blesser. Ensuite, il a demandé qui d’autre voulait se battre. Je me suis présenté. Nous avons combattu à l’épée. Sa main s’était affaiblie. Je lui ai donné un deuxième coup avec beaucoup de force, ce qui l’a fait tomber. Ensuite je l’ai frappé avec l’épée de telle manière qu’il ne bougeait plus. » Le narrateur déclare que lorsque ‘Ammâr est tombé en martyr, ‘Ali a dit : « Celui parmi les musulmans qui ne considère pas incongru le martyre d’’Ammâr Ibn Yâsir et n’en est pas triste est certainement un égaré. Qu’Allah fasse miséricorde à ‘Ammâr le jour où il a embrassé l’islam ! Qu’Allah fasse miséricorde à ‘Ammâr ! Quand quatre compagnons de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) ont été mentionnés, ‘Ammâr en était le quatrième, et quand mentionné cinq ont été mentionnés, il en était le cinquième. Il était l’un des anciens compagnons du Prophète. On ne doute pas qu’Ammâr ait mérité le Paradis à de nombreuses reprises. Ainsi, ‘Ammâr est béni au ciel. On dit qu’Ammâr est avec la vérité et la vérité est avec ‘Ammâr. ‘Ammâr ira avec la vérité partout où il ira et le tueur d’Ammâr est dans le feu. » 

Sa’id Ibn ‘Abd Al-Rahman raconte de son père qu’un homme est venu voir ‘Oumar Ibn Al-Khattâb et a dit : « Je suis en état d’impureté et je n’ai pas d’eau. » ‘Ammâr Ibn Yâsir a dit à ‘Oumar Ibn Al-Khattâb : « Souvenez-vous quand vous et moi étions en voyage ? Vous n’avez pas prié et je me suis retourné dans la poussière comme des animaux et j’ai prié. » Il avait ainsi accompli le Tayammoum par manque d’eau. « J’en ai parlé au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et il a dit : « Ceci t’aurait suffi, » et il a frappé le sol de ses mains et a soufflé dessus et s’est passé les mains l’une sur l’autre. 

Abou Waïl relate : « ‘Ammâr a prononcé un sermon court et il a parlé avec éloquence. Quand il est descendu de la chaire, nous avons dit : « Ô Abou Yaqzân ! Vous avez parlé avec beaucoup d’éloquence mais votre discours était bref. Pourquoi n’avez-vous pas parlé plus longuement ? » Il a dit : « J’ai entendu le Messager d’Allah (s.a.w.) dire : « Une longue prière et un court sermon sont un signe de sagesse. Faites donc de longues prières et prononcez des sermons brefs. Certaines déclarations sont certainement magiques. »

Hasan Ibn Bilal a dit : « J’ai vu ‘Ammâr Ibn Yâsir (r.a.). Il passait ses doigts dans sa barbe [pour la démêler] lorsqu’il faisait ses ablutions. Le narrateur dit que je lui ai dit : « Est-ce que vous vous lissez la barbe ? » Il a répondu : « Pourquoi ne devrais-je pas le faire quand j’ai vu le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) le faire ? »

Selon ‘Amr Ibn Ghalib, un individu a dit du mal d’Aïcha auprès d’Ammâr Ibn Yâsir et il a dit : « Ecarte-toi de là, être infâme ! Calomnies-tu l’épouse bien-aimée de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) ? »

C’étaient là quelques récits sur les compagnons. Je présenterai le reste à l’avenir.

Nous avons reçu une triste nouvelle. Neuf de nos ahmadis sont tombés en martyr au Burkina Faso avant-hier. C’est un incident très triste. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons.

Ils ont été tués d’une manière très cruelle. Leur foi a été mise à l’épreuve et ils ont fait preuve de patience. Ils n’ont pas été victimes d’une fusillade aveugle. Ils ont été exécuté un par un. En tout cas, nous avons reçu des détails à ce propos et en recevrons d’autres. Incha Allah, je les mentionnerai en détail le vendredi prochain. Puisse Allah leur accorder Sa miséricorde et qu’Il élève leurs rangs à tous. Continuez à prier, la situation y est dangereuse. Les terroristes ont menacé de lancer de nouvelles attaques si la mosquée est rouverte. Qu’Allah protège les ahmadis de cette région de leur mal. J’en présenterai les détails la semaine prochaine, si Dieu le veut. 


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

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