Sermons 2018

Vaillants compagnons de Badr

Dans son sermon du 20 juillet 2018, Sa Sainteté le Calife a évoqué d'autres illustres compagnons du Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) qui participèrent à la bataille de Badr.

Sermon du vendredi 20 juillet 2018, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Baitul-Futuh à Londres. Après le Ta’awudh, le Tashahoud et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

Un compagnon du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) se nommait Khallad Bin Rafi’ al-Zurqi : il était un Ansari et avait eu la chance de participer à la bataille de Badr et d’Ouhoud. Dieu lui avait accordé beaucoup d’enfants. Le père de Mu’adh Bin Rafa’ rapporte : « Mon frère Khallad Bin Rafi’ et moi sommes montés sur un chameau faible et boiteux pour accompagner le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) à Badr. Quand nous sommes arrivés à un lieu situé avant Rawha, notre chameau s’est assis. J’ai prié : « O Allah ! Si Tu nous fais retourner à Médine sur ce chameau, nous allons le sacrifier. » Nous étions dans cette condition quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est passé à côté de nous. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) nous a demandés : « Qu’est-ce qui vous arrive ? » Nous lui avons tout raconté. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) s’est arrêté. Il a fait ses ablutions, ensuite il a placé sa salive dans l’eau qui restait. Suivant ses directives nous avons ouvert la bouche du chameau et y avons placé un peu de cette eau. Nous en avons placé sur sa tête, son cou, ses épaules, sa bosse, son dos et sa queue. Ensuite le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a prié : « Ô Allah ! Transporte sur ce chameau Rafi’ et Khallad. » 

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est parti et nous lui avons emboîté le pas. Nous l’avons rattrapé au lieu-dit Mansaf  et notre chameau était le premier de la caravane. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a souri lorsqu’il nous a vus. La faiblesse du chameau avait complètement disparu grâce à sa prière. Nous avons avancé jusqu’à atteindre Badr. En cours de route, lorsque nous sommes arrivés à Musalla, le chameau s’est assis de nouveau. Mon frère l’a égorgé et a distribué sa viande en aumône. »

Ils avaient fait la promesse de sacrifier l’animal s’il leur était utile : ils ont réalisé leur vœu. 

Haritha Bin Suraqa était un autre compagnon. Il est décédé en l’an deux de l’hégire lors de la bataille de Badr. Sa mère Roubayya Bint Nazar était la tante paternelle d’Anas Bin Malik. Haritha Bin Suraqa avait embrassé l’islam avec sa mère avant l’hégire. Son père n’était plus vivant à l’époque. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait établi un lien de fraternité entre Haritha Bin Suraqa et Sa’id Bin ‘Uthman Bin Madh’oune. 

Selon Abou Na’im, Haritha Bin Suraqa avait pour sa mère un grand respect, tant et si bien que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Quand [en vision] je me suis vu au paradis, Haritha Bin Suraqa s’y trouvait. » 

Abban Bin Ariqa avait tué Haritha Bin Suraqa le jour de la bataille de Badr, à coups de flèches, quand celui-ci était en train de boire de l’eau. Haritha Bin Suraqa a reçu la flèche au cou et il est tombé en martyr. 

Anas (r.a.) relate : « En cours de marche le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a rencontré un jeune Ansari. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a demandé : « Ô Haritha ! Comment était ta matinée ? » Il a répondu : « J’ai passé la matinée avec une foi véritable en Dieu. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a commenté : « Écoute bien ce que tu dis. Tout propos doit s’accompagner de vérité. » Le jeune a déclaré : « Ô envoyé d’Allah ! Mon cœur s’est entièrement détaché de ce monde. Je veille la nuit en prière et la journée je suis assoiffé en raison [du jeûne]. C’est comme si je vois de mes yeux le trône de mon Créateur. Je vois les habitants du paradis qui se rencontrent. Je vois aussi les habitants de l’enfer qui crient. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Sois toujours dans cet état. Dieu a éclairé ton cœur de la foi. » 

Haritha Bin Suraqa a commenté : « Ô Envoyé d’Allah ! Priez pour que je tombe en martyr. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a prié pour lui. Le jour de Badr, Haritha Bin Suraqa était le premier des cavaliers à sortir et le premier à tomber en martyr. 

On dit qu’il était aussi le premier Ansari à tomber en martyr à Badr. Lorsque la mère de Haritha Bin Suraqa a su que son fils est tombé en martyr, elle s’est présentée au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et lui a dit : « Vous n’ignorez pas à quel point j’aimais mon fils. » (En effet, il était imbu d’un grand amour pour sa mère). S’il est un habitant du paradis, je serai patiente. Sinon, Dieu seul sait ce que je ferai. »

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a dit : « Ô Oumm Haritha ! Il n’est pas un, mais plusieurs paradis. Haritha se trouve au Firdaous : la station la plus élevée du paradis. » Sa mère a répondu : « Je serai certainement patiente. » Selon un autre récit lorsque le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a donné cette nouvelle, la mère de Haritha est partie toute souriante et disait : « Félicitations Haritha ! » 

Lors de la bataille de Badr, Dieu a mené les chefs Mecquois à la mort et Il les a humiliés ; et Il a honoré les musulmans qui y ont participé. [Par l’entremise du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.)] Allah a dit aux musulmans de Badr : « Faites ce qu’il vous plaît ! Le paradis vous est acquis ! » 

Cela ne veut point dire qu’ils pourront commettre des péchés et qu’ils mériteront quand même le paradis. En fait ils ne commettront pas des actions contraires aux préceptes de Dieu : Il ne cessera de les guider. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré à propos de Haritha Bin Suraqa, qui était tombé en martyr à Badr : « Il se trouve au Firdaous. » 

‘Abbad Bin Bichr est un autre compagnon : il est tombé en martyr en l’an 11 de l’hégire lors de la bataille de Yamama. Il portait le nom d’emprunt d’Abou Bichr et d’Abou Rabi : il appartenait à la tribu des Banou ’Abdil Ash’al. Il n’avait qu’une fille qui d’ailleurs est décédée. À Médine, il avait embrassé l’islam sur les mains de Mus’ab Bin ’Oumair avant Sa’ad Bin Mu’adh et Ousayd Bin Huzair. 

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait établi un lien de fraternité entre ’Abbad Bin Bichr et Abou Hudhaifah. ’Abbad Bin Bichr avait participé aux batailles de Badr, d’Ouhoud, du fossé et à toutes les campagnes menées par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) l’avait commissionné pour l’exécution de Ka’ab Bin Ashraf. 

Hazrat Mirza Bashir Ahmad a évoqué l’assassinat de Ka’ab Bin Ashraf dans son ouvrage Sirat-Khataman-Nabiyyine, à la lumière de plusieurs récits historiques. 

La bataille de Badr avait mis en exergue l’hostilité des Juifs : ils pensaient que les mécréants allaient tuer les musulmans. Mais la lutte était en faveur des musulmans et ils ont remporté la victoire. D’où l’hostilité des Juifs. 

Mirza Bashir Ahmad relate ce qui suit. « Malheureusement l’exil des Banou Qainuqā’ n’a pas poussé les autres Juifs vers la réconciliation et leurs méfaits et complots n’ont cessé de croître. L’exécution de Ka’b Bin Ashraf est un autre maillon dans cette chaîne. Bien que Ka’b fût un Juif de confession, il ne l’était pas de descendance : il était arabe. Son père, Ashraf, était un homme très intelligent et rusé des Banou Nibhan, qui s’étaient établis à Médine : il s’est lié d’amitié avec les Banou Nadir et est devenu leur allié. Ashraf a réussi à amasser un tel pouvoir et une telle influence qu’Abū Rāfi ’bin Abil-Houqaiq, le chef des Banou Nadir, lui a donné sa fille en mariage. De cette union est né Ka’b, qui en grandissant a eu un statut encore plus éminent que celui de son père, tant et si bien que tous les Juifs de l’Arabie l’ont pris pour chef.

En sus d’être un homme bien bâti et beau, Ka’b était aussi un poète éloquent et un homme très riche. Usant de sa fortune, il maintenait tous les savants et autres personnalités influentes de sa nation sous son contrôle. D’un point de vue moral, il était très corrompu et était un maître dans l’art des complots et des conspirations. Lorsque le Saint Prophète a émigré à Médine, Ka’b bin Ashraf, avec les autres Juifs, a signé le traité entre eux et le Saint Prophète eu égard à l’amitié mutuelle, la paix et la sécurité et la défense collective. Or au profond de Ka’b, le feu de la méchanceté et de l’hostilité brûlait et il a commencé à s’opposer à Islam et à son Fondateur à travers des complots et des conspirations. Ka’b offrait chaque année des sommes importantes aux érudits juifs et aux chefs religieux. 

Après l’émigration du Saint Prophète, quand les-dit érudits sont venus recueillir leurs allocations annuelles, Ka’b a mentionné le Saint Prophète et s’est enquis à son propos à la lumière des écritures religieuses juives. Les érudits ont répondu qu’il semblait être le prophète qui leur avait été promis. Ka’b était très mécontent de cette réponse et les a renvoyé en les qualifiant de grands paresseux et il ne leur a pas versé leurs allocations. Quand les érudits juifs ont perdu leurs salaires, ils sont revenus voir Ka’b après un certain temps et lui ont dit qu’ils avaient mal interprété les signes et qu’ils avaient découvert qu’en réalité Muhammad n’était pas le prophète promis. Ka’b, satisfait de leur réponse et ayant atteint son but, a rétabli leurs allocations annuelles. En tout cas, il s’agissait simplement d’une opposition religieuse, qui, bien qu’exprimée de manière désagréable, n’était pas condamnable : Ka’b ne méritait pas la mort en raison de pareils actes de sa part. Or son opposition a pris une forme dangereuse.

Après la bataille de Badr, il a commencé à comploter et à fomenter la sédition, mettant ainsi les musulmans en danger. Avant la bataille de Badr, Ka’b croyait que le zèle religieux des musulmans était temporaire et que petit à petit ils se disperseraient et retourneraient à leur religion ancestrale. Or quand les musulmans ont triomphé à Badr et que la plupart des chefs des Qurayshites ont été tués, Ka’b a compris que la nouvelle religion ne disparaîtra pas d’elle-même. Après Badr, il s’est résolu de faire de son mieux pour détruire complètement l’islam. La première expression de sa rancœur et de sa jalousie a été quand la nouvelle de la victoire de Badr est parvenue à Médine. En l’entendant, Ka’b croyait au début qu’elle était fausse, parce qu’il était impossible que Muhammad (s.a.w.) puisse triompher d’une si grande armée des Qurayshites et que ces chefs renommés de La Mecque soient ainsi tués. Si cette nouvelle était vraie, la mort valait mieux que la vie, se disait Ka’b. 

Quand cette nouvelle a été confirmée et que Ka’b a compris que la victoire de Badr avait offert à l’islam une force qui dépassait ses rêves les plus fous, la colère et rage l’ont submergé. Il s’est mis en route immédiatement dans la direction de La Mecque. Une fois sur place grâce à son éloquence et sa maîtrise de la poésie, il a attisé le feu dans le cœur des Qurayshites. Il a engendré dans leurs cœurs une soif intarissable pour le sang musulman et les a emplies de sentiments de vengeance et d’inimitié. Ayant attisé leur haine Ka’b a emmené les Qurayshites dans la cour de la Ka’bah, leur remettant ses draps dans leurs mains, et il leur a demandé de jurer qu’ils ne se reposeraient pas jusqu’à ce que l’islam et son fondateur ne disparaissent de la face de la terre. Après avoir enflammé les esprits à La Mecque, ce fauteur de troubles a voyagé de tribu en tribu dans l’Arabie tout entière, incitant les gens contre les musulmans. Ensuite, il est retourné à Médine et a composé des couplets provocateurs et obscènes à propos des femmes musulmanes. Il n’a pas épargné les femmes de la maison du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et a diffusé ses couplets infamants dans tout le pays. 

En fin de compte, il a ourdi un complot pour faire assassiner le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Il l’a invité dans sa résidence pour un festin, et avec l’aide de quelques jeunes hommes juifs il a tenté de faire assassiner le Saint Prophète. Par la grâce de Dieu, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait reçu l’information en avance et son plan a échoué. 

À la lumière du traité conclu entre les habitants de Médine à son arrivée, le Saint Prophète était désormais le chef de l’exécutif et le commandant en chef de l’État démocratique de la ville. Ainsi, lorsque la situation empira, et qu’il était évident que Ka’b était coupable de la violation du traité, de rébellion, d’incitation à la guerre, de sédition, d’usage de langage vulgaire et de conspiration pour assassiner le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), celui-ci a déclaré que Ka’b Bin Ashraf était susceptible d’être mis à mort en raison de ses actions. Pour ce faire il a ordonné à certains de Ses Compagnons de l’exécuter. 

Suite aux campagnes séditieuses de Ka’b l’atmosphère était tendue à Médine à l’époque : une annonce officielle de son exécution aurait déclenché une guerre civile à Médine et beaucoup de sang aurait coulé. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) était prêt à tout faire pour éviter la violence intercommunautaire et l’effusion de sang.

Ainsi, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ordonna que Ka’b fût exécuté secrètement par quelques individus. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) confia cette mission à un fidèle compagnon nommé Muhammad bin Maslamah et souligna que le plan devait être exécuté avec le conseil de Sa’d bin Mu’adh, qui était le chef de la tribu des Aus. 

Muhammad bin Maslamah déclara : « Ô Messager d’Allah ! Afin de le tuer secrètement nous serons obligés de trouver une excuse pour l’attirer hors de sa résidence et pour l’exécuter dans un endroit sûr. » Les conséquences auraient été graves si l’opération secrète était dévoilée au grand jour. Le Saint Prophète commenta : « Très bien. » 

Suite aux conseils de Sa’d bin Mu’adh, Muhammad bin Maslamah prit Abou Na’ila et deux ou trois autres Compagnons et se rendirent à la résidence de Ka’b. Ils le prièrent de sortir et lui dirent : « Notre chef (c’est-à-dire, Muhammad) exige de l’aumône de notre part alors que nous sommes en difficulté. Auras-tu l’obligeance de nous accorder un prêt ? » En entendant cela, Ka’b sauta de joie et déclara : « Par Dieu ! Ce n’est rien ! Le jour n’est pas loin quand vous l’abandonnerez ! » Muhammad Bin Maslamah répondit : « En tout cas, nous avons déjà accepté Muhammad et attendons maintenant de voir le résultat final de ce mouvement. Mais dis-nous si tu nous feras ce prêt ? »

« Bien sûr !, déclara Ka’b, mais vous devrez déposer des garanties. » Muhammad a demandé : « Quelles sont tes exigences ? » Le misérable répondit : « Laissez vos femmes en gages. » En réprimant sa colère, Muhammad commenta : « Comment est-il possible pour nous de laisser nos femmes en garantie avec un homme comme toi ! » L’autre répondit : « Vos fils feront l’affaire. » Muhammad ajouta : « Impossible. Nous ne pourrons pas endurer les reproches de l’Arabie tout entière. Par contre, si tu es assez généreux, nous sommes prêts à laisser nos armes avec toi comme garantie. » Ka’b accepta, et Muhammad bin Maslamah et ses compagnons partirent avec la promesse de revenir la nuit. À la tombée de la nuit, ils se présentèrent à la résidence de Ka’b avec leurs armes. Ayant conduit Ka’b dans un coin hors de chez lui pour les discussions, les compagnons tuèrent Ka’b. Muhammad bin Maslamah et ses compagnons se présentèrent au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et lui en informèrent. 

Les nouvelles de l’exécution de Ka’b ébranlèrent la ville et le peuple juif était furieux. Le lendemain, au matin, une délégation juive se présenta au Saint Prophète et se plaignit que leur chef Ka’b bin Ashraf avait été assassiné. Le Saint Prophète écouta leurs commentaires et dit : « Êtes-vous également au courant des crimes dont il est coupable ? » Le Saint Prophète leur a brièvement rappelé tous ses méfaits, à savoir, le non-respect du traité, l’incitation à la guerre, la sédition, l’usage d’un langage grossier et la conspiration d’assassinat. Sur ce, les Juifs prirent peur et ne prononcèrent pas un mot. Le Saint Prophète ajouta : « Au moins à partir de maintenant, vous feriez bien de vivre en paix et éviter d’attiser l’hostilité, la violence et les troubles. » 

Un nouveau traité fut rédigé avec les Juifs et ils promirent de cohabiter avec les musulmans en paix et de ne plus fomenter des troubles.

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) n’a pas dit que les musulmans n’avaient pas tué Ka’b. Il a dénombré ses crimes et a présenté la conclusion logique : à savoir sa condamnation à mort. Les Juifs ont dû admettre que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) disait la vérité, et c’est pour cette raison qu’ils ont signé ce pacte, promettant d’éviter pareils incidents à l’avenir et de vivre en paix. Ils n’allaient pas se venger pour ensuite mériter les punitions des musulmans. Si les Juifs croyaient que cette exécution était injuste, ils n’auraient pas maintenu le silence. Au contraire, ils auraient réclamé le prix du sang. Leur silence prouve que cette exécution était légitime et en accord avec les lois de l’époque. 

Les troubles que Ka’b semait dans le pays étaient plus graves que le meurtre. Tel était le châtiment qu’il méritait selon les traditions de l’époque. Étant donné que cette punition s’y accordait, tout comme le démontre la réaction des Juifs, il n’y a pas eu lieu d’objecter. Sinon les Juifs auraient dit qu’on devait intenter un procès à Ka’b et le punir ouvertement. Tout ceci démontre que cette exécution était légitime. Or, aujourd’hui les extrémistes détournent les sens de ces incidents ainsi que certains états : ils croient que pareils assassinats sont permis. De prime abord, l’on n’est pas en train de fomenter ainsi des troubles. Ceux qui sont tués ne sont pas coupables de ces révoltes. D’ailleurs dans le cas de [Ka’b] seul le coupable a été puni et pas les membres de sa famille ou d’autres innocents. Aujourd’hui [ces extrémistes] tuent des innocents, des femmes et des enfants. Ils sont en train d’estropier des innocents. Pareilles actions sont interdites à la lumière de la loi d’aujourd’hui. À l’époque du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), Ka’b méritait cette punition et l’Etat l’a infligée. 

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait envoyé ‘Abbad Bin Bichr collecter l’aumône chez les tribus des Banou Soulaim et Banou Mouzaina. ‘Abbad Bin Bichr resta en leur compagnie pendant dix jours. Il resta le même nombre de jours chez les Banou Moustaliq avant de retourner à Médine. Selon un récit, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait choisi ‘Abbad Bin Bichr comme responsable des butins lors de la bataille de Hounain et l’avait choisi pour assurer sa sécurité lors de la bataille de Tabouk. 

‘Abbad Bin Bichr était parmi les compagnons les plus éminents du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Selon Aisha, trois personnes sont supérieures parmi les Ansar et elles appartiennent toutes à la tribu des ‘Abdil Ash’al : Sa’d Bin Mouadh, Ousayd Bin Hadir et ’Abbad Bin Bichr. 

Selon ’Abbad Bin Bichr le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a dit aux Ansar : « Ô Ansar ! Vous ressemblez au vêtement en contact avec mon corps. Les autres ressemblent aux vêtements que je porte au-dessus. Je suis convaincu que je n’entendrai rien de déplaisant de votre part. »

‘Abbad Bin Bichr est décédé à l’âge de 45 ans lors de la bataille de Yamama. Aisha relate : « Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) était en train d’accomplir la prière de Tahajjud chez moi quand il entendit la voix d’Abbad Bin Bichr qui priait dans la mosquée. Il demanda si c’était bien celle d’Abbad. J’ai répondu à l’affirmative et le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a prié : « Ô Allah ! Aie pitié d’Abbad ! » 

Anas relate que deux individus sortirent de chez le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) par une nuit obscure. Il s’agissait d’Abbad Bin Bichr et d’Ousayd Bin Houdair. Ils avaient devant eux comme deux lampes qui les éclairaient. Quand ils se sont séparés, chacun d’entre eux a été accompagné de la sienne afin de les éclairer dans les ténèbres de la nuit. En fin de compte ils sont rentrés chez eux. 

‘Abbad Bin Bichr était présent lors de la signature du pacte de Houdaibiya. Mirza Bashir Ahmad écrit à ce propos : « Le Saint Prophète a quitté Médine un lundi matin au début du mois Dhoul Qa’dah en l’an six de l’hégire avec un groupe d’un peu plus de 1 400 compagnons. Oumm Salamah, l’honorable épouse du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), avait aussi entrepris le voyage. Numailah bin ‘Abdillah a été nommé l’Emir de Médine et Abdullah bin Oumm Maktoum qui était aveugle, a été nommé l’Imam.

Quand le Saint Prophète a atteint Dhul-Halifah, situé à environ 9 kilomètres de Médine en route vers La Mecque, il a demandé à tout le monde de s’arrêter. Après avoir offert la prière de Zuhr, il a ordonné que les chameaux sacrificiels, qui étaient au nombre de 70, soient marqués et que les compagnons portent la tenue spéciale des pèlerins connus sous le nom d’Ihram. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) l’a également porté. Ensuite, afin de s’assurer que les Qurayshites n’étaient pas en train d’ourdir quelque méfait, le Saint Prophète a envoyé en éclaireur Bousr bin Sufyan de la tribu des Khuza’ah, qui vivait près de La Mecque et s’est dirigé lentement vers la ville sainte. En outre, en guise de précaution, le Saint Prophète a envoyé un détachement de 20 cavaliers sous le commandement de ‘Abbad bin Bichr, pour servir d’éclaireur aux musulmans.

Après un voyage de quelques jours, le Saint Prophète s’est approché d’un lieu appelé ‘Usfan, situé à environ 50 kilomètres de route sur la route de La Mecque. L’éclaireur l’a informé que les Qurayshites étaient furieux et fermement déterminés à arrêter les musulmans. Ivres de rage et pour exprimer leur barbarie, certains s’étaient vêtus de peaux de guépard et étaient décidés à mener la guerre, afin d’arrêter les musulmans coûte que coûte. Les Qurayshites avaient envoyé un détachement d’audacieux cavaliers sous le commandement de Khalid bin Walid qui n’était pas encore musulman. Ils s’étaient rapprochés des musulmans et Ikrimah bin Abi Jahl était aussi présent. Quand le Saint Prophète a reçu la nouvelle, il a ordonné aux compagnons de se détourner de la route usuelle vers La Mecque et de se diriger vers la droite afin d’éviter tout conflit. C’est ainsi que les musulmans ont pris une route très difficile et vers la côte. »

Ils ont avancé jusqu’à atteindre le lieu du traité de Houdaibiya. ‘Abbad Bin Bichr était parmi ces cavaliers envoyés en éclaireurs. Il était intègre et le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait une grande confiance en lui. ‘Abbad Bin Bichr prêta le serment d’allégeance de Ridwan à Houdaibiya. 

Lors de la bataille de Dha-tur-Riqa le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait décidé de camper dans une vallée par une nuit ventée.  Il demanda qui parmi ses compagnons allaient assurer la sécurité. ‘Abbad Bin Bichr et ‘Ammar Bin Yasir se mirent debout et promirent de veiller sur le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Ils montèrent ensuite tous deux aux crêtes de la vallée. ‘Abbad Bin Bichr dit à Ammar Bin Yasir qu’il allait assurer la surveillance durant la première partie de la nuit et qu’Ammar pouvait aller dormir pour ensuite prendre la relève durant la dernière partie. Ammar Bin Yasir partit se coucher et ‘Abbad Bin Bichr se mit debout pour prier.

Dans la région du Nedj, les musulmans avaient emprisonné les femmes [d’une tribu] en raison des exactions de cette dernière. L’un de ses membres n’avait pas été fait prisonnier. Lorsqu’il revint il eut vent que les musulmans avaient emprisonné sa femme. Il jura aussitôt qu’il ne décolérera pas tant qu’il n’aura pas nui à Muhammad (s.a.w.) ou tant qu’il n’aura pas versé le sang de ses compagnons. En les poursuivant il arriva jusqu’à la vallée où campait le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). À l’entrée de celle-ci, il vit l’ombre d’Abbad bin Bichr : ayant compris qu’il s’agissait de la sentinelle des ennemis, il lança une flèche : elle se planta dans le corps d’Abbad qui était en prière. Il retira la flèche, la jeta et continua la prière. L’ennemi décocha une deuxième flèche qui toucha ‘Abbad : il la retira également. Lorsqu’il tira sa troisième flèche, ‘Abbad saigna abondamment : or il se contenta de retirer la flèche et compléta sa prière. Il réveilla ensuite ‘Ammaar bin Yassir. Lorsque ce dernier le vit blessé, il lui demanda pourquoi il ne l’avait pas réveillé plus tôt. Il répondit qu’il était en train de réciter la sourate Al-Kahf, et qu’il n’a donc pas souhaité interrompre sa prière. Tel était leur niveau d’adoration. 

Abou Saïd al-Khudri rapporte qu’Abbad bin Bichr lui a dit : « Ô Abou Saïd ! J’ai vu en songe cette nuit que le ciel s’est ouvert pour moi, et ensuite s’est refermé. Incha Allah je vais tomber en martyr. » Abou Saïd al-Khudri répondit : « Je jure au nom d’Allah que ce que tu as vu est meilleur pour toi ! » 

Abou Saïd al-Khudri rapporte : « Lors de la bataille de Yamama, j’ai entendu ‘Abbad bin Bichr inviter les Ansars : « Dégainez vos épées ! » Il se sépara ensuite de la formation. Il avait choisi 400 personnes de parmi les Ansars et personne d’autre. ‘Abbad bin Bichr, Abou Dajana, et Bara bin Malik se trouvaient à la tête de cette troupe. Le détachement arriva jusqu’à Baboul Hadiqah et mena une dure bataille lors de laquelle ‘Abbad bin Bichr tomba en martyr. Son visage était méconnaissable en raison des coups d’épée qu’il avait reçus : je n’ai pu le reconnaître que par le reste de son corps. »

Sawwad bin Ghazia était un des Ansars et faisait partie de la tribu de Banou Adi bin Najjaar. Il avait participé aux batailles de Badr, d’Ouhud, de Khandaq et également aux autres qui suivirent. Lors de la bataille de Badr, il avait emprisonné Khalid Bin Hisham al-Majzoumi. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) l’avait envoyé comme responsable à Khaybar. Il avait rapporté d’excellentes dattes de là-bas. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) troqua une Sa’ (unité de mesure) de dattes contre deux Sa’ de dattes ordinaires. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) apprécia tellement ces dattes, qu’il en acheta au prix qu’elles valaient. 

Dans la partie consacrée aux récits de la bataille de Badr dans son livre Sirat, Mirza Bashir Ahmad mentionne un récit démontrant l’amour de Sawwad pour le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Elle date du 17e jour du mois de Ramadan de l’an 2 de l’Hégire : c’était un jour de vendredi, soit le 14 mars 623, selon le calendrier géorgien. Le matin de ce jour, la prière a été faite au réveil : les adorateurs de l’unique Dieu se sont tous prosternés sur la terre en plein air, ensuite le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a prononcé un sermon sur le Jihad. 

Lorsque les premières lueurs du jour ont apparu, il a placé les musulmans en rang en faisant des signes à l’aide d’une flèche. L’un des compagnons qui s’appelait Sawwad se tenait en avant des rangées ; le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a indiqué de se ranger en faisant un signe avec la flèche et lui a touché le torse involontairement par la partie boisée. Sur un ton audacieux Sawwad s’est exclamé : « Ô Prophète d’Allah ! Dieu vous a envoyé avec vérité et justice. Mais vous m’avez touché injustement avec cette flèche. Par Dieu je demande réparation !» Entendant cela les compagnons furent fort surpris, et inquiets. Ils se demandaient ce qui était arrivé à Sawwad. Mais le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a répondu avec une grande gentillesse : « D’accord ! Frappe-moi avec cette flèche en retour. »

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a ôté sa chemise de son torse, mais Sawwad, animé de son amour pour lui, a avancé et a embrassé son torse. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a demandé à Sawwad en souriant : « Qu’est-ce qui t’as pris de faire cela ? » Il a répondu d’une voix émue : « Ô Prophète de Dieu, l’ennemi est en face de nous. J’ignore si je vais m’en sortir. J’ai donc souhaité toucher votre corps béni et exprimer mon amour avant de tomber en martyr. » Sur ce le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a prié pour qu’il obtienne ce qui est le meilleur pour lui. Ces compagnons exprimaient de manière sublime leur amour pour le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Le récit similaire d’Okasha est plus tardif : Okasha était d’ailleurs vieux à l’époque. Celui concernant Sawwad est plus tôt. Ces compagnons cherchaient la moindre occasion pour exprimer leur amour pour le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et obtenir des bénédictions qui en résultent.

Qu’Allah exalte continuellement le rang de ces étoiles scintillantes et qu’Il nous permette également de connaître l’amour du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

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