Sermons 2023

Les trois rangs de la bonté en Islam

Dans son sermon du 05 mai 2023, Sa Sainteté le Calife a évoqué les trois niveaux de la bonté que préconise le Saint Coran.

Sermon du vendredi 05 mai 2023, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a cité le verset 91 du chapitre 16 du Coran avant d’entamer son sermon :

« En vérité, Allah enjoint la justice et la bienfaisance envers autrui, et de donner pour Sa cause comme on le fait à des parents proches ; et interdit l’indécence, et le mal manifeste et la transgression. Il vous admoneste afin que vous preniez garde. » (Le Saint Coran, chapitre 16, verset 91)

On cite ce verset dans Al-Khoutbah Al-Thâniy-yah (le deuxième sermon) de chaque prière du vendredi et de celle des deux Aïds. [Dieu] y évoque certaines bonnes œuvres qu’Il nous enjoint. Il évoque des mauvaises actions qu’Il nous interdit. Le véritable croyant est celui qui, pour renforcer sa foi, suit les injonctions de Dieu. Sinon, il ne méritera pas le statut qui fera du musulman un véritable croyant. Ce verset évoque trois actes méritoires : Al-‘Adl (la justice), Al-Ihsân (la bienfaisance) et l’Îtâ-i-dhil-Qourbâ (offrir à autrui comme on le ferait à un proche parent). Je citerai à cet égard les énoncés du Messie Promis (a.s.) tirés de ses ouvrages et de ses différentes rencontres. Chacun de ses dires tourne certes autour d’un point central, mais il s’y trouve différents conseils qui nous permettent de conformer notre vie aux ordres de Dieu.

Le Messie Promis (a.s.) n’a pas évoqué ces actes méritoires uniquement dans le contexte des relations humaines. Il explique aussi comment nourrir les vertus que sont l’Adl, l’Ihsân et l’Îtâ-i-dhil-Qourbâ dans sa relation avec Dieu. Le Messie Promis (a.s.) a exposé ce sujet de manière savante, faisant connaître la portée réelle de notre relation avec Dieu et menant le croyant à de nouvelles étapes de la foi et de la certitude. Pour le sermon d’aujourd’hui, je citerai donc certains dires du Messie Promis (a.s.) : ils méritent réflexion, et application au quotidien, car ils nous offrent un code de conduite qui nous liera avec Dieu et nous rappellent également nos devoirs à l’égard d’autrui. Ce faisant, ces conseils visent à engendrer une société harmonieuse où l’on s’acquitte de ses devoirs envers Dieu et autrui. Ceci garantit la paix de la société et celle du monde. Or, malheureusement, la majorité des gens de ce monde s’entêtent à usurper les droits d’autrui, à la fois dans le monde musulman comme dans le monde non-musulman.

Les musulmans évoquent sans doute le nom d’Allah : toutefois, ils commettent également des atrocités en Son nom. Face à ce constat, il incombe aux disciples du Messie Promis (a.s.) de se réformer en ayant en tête les commandements divins et d’œuvrer également à la réforme du monde.

Le Messie Promis (a.s.) déclare : « Dieu vous commande de faire montre de justice à Son égard et à l’égard de Sa création. C’est-à-dire, respectez les droits d’Allah et les droits de Ses créatures, et si vous pouvez faire plus que cela, ne vous contentez pas de la justice : faites aussi de la bienfaisance. C’est-à-dire, servez Dieu au-delà de votre devoir et avec une [grande] sincérité, comme si vous Le voyiez. »

Il a évoqué en premier les obligations envers les hommes pour ensuite déclarer qu’il faut adorer Dieu comme si on Le voyait.

« Accordez à autrui plus que ce qui lui revient de droit. Si vous pouvez faire davantage, adorez Dieu et servez Sa création d’une manière désintéressée, comme on le fait avec le zèle de la parenté. »

Il faut rendre culte à Dieu de manière désintéressée. Il ne faut pas se présenter à Dieu avec des intérêts [personnels]. De même, il faut servir la création de Dieu de manière désintéressée, comme on le fait avec la passion qui nous anime à l’égard d’un proche.

Le Messie Promis (a.s.) attire notre attention à l’égard de nos devoirs envers Dieu et envers les hommes : « De prime abord, ce verset signifie que vous devez faire montre d’équité dans votre obéissance à l’égard de votre Créateur et ne pas être injuste. » Il faudra Lui vouer obéissance à tout instant et suivre la voie de la justice dans l’obéissance à Allah.

« Hormis Lui, personne n’est digne d’être adoré et à Lui seul revient l’amour véritable. De même, personne autre que Lui n’est digne de confiance et ce droit Lui revient, étant donné qu’Il est Le seul Créateur, Pourvoyeur et Seigneur. » Comment faire montre de justice à l’égard d’Allah ? Il s’agit de lui vouer obéissance, car Il est notre Créateur, Il existe [éternellement] et c’est Lui Qui est le soutien [de toute chose]. La Rouboubiyyah se trouve entre Ses mains : Il est le Seigneur, le Pourvoyeur. Il comble tous nos besoins. Par conséquent, c’est à Lui que reviennent les droits de confiance et d’être aimé.

Le Messie Promis (a.s.) ajoute : « De même, ne Lui associez personne dans Son adoration, dans Son amour et dans Sa Seigneurie. Si vous y parvenez, ceci est l’Adl (la justice), dont la démonstration est obligatoire et s’impose à vous. »

Ceci est ce que signifie faire preuve de justice dans le cas d’Allah. C’est une chose essentielle.

« L’Ihsân est la prochaine étape, si vous souhaitez progresser. Arrivés à ce stade, vous Lui vouerez un tel amour, vous serez à ce point convaincus de Sa grandeur et serez assidus dans Son culte, qu’il sera comme si vous aviez témoigné visuellement de Sa Majesté, de Sa Gloire et de Sa Beauté infinie. »

La prochaine étape est celle de l’Ihsân. On ne peut accorder quelque faveur à Allah : ici dans ce contexte cela signifie se vouer corps et âme à Son culte, à L’honorer, à Le respecter, à L’aimer comme si on avait vu Sa grandeur, on avait vu Sa gloire, étudié ses attributs et témoigné de Sa beauté éternelle.

Le Messie Promis (a.s.) ajoute : « Le prochain rang est celui de l’Îtâ-i-dhil-Qourbâ c’est-à-dire d’éliminer complètement toute affectation et artifice dans votre culte, de votre amour et de votre obéissance. »

Au début, l’effort accompli à l’étape de l’Ihsân peut être affecté et maniéré. [Ce culte] peut exiger de l’effort et de la contrainte, mais à la prochaine étape toute affectation et formalité disparaissent.

« L’on rend culte à Dieu avec un zèle et une passion sincères et l’on prendre conscience de Sa majesté et de Sa gloire. Votre souvenir de Son Être est empreint de la même affection présente dans le souvenir de vos pères. Votre amour pour Lui doit ressembler à celui d’un enfant pour sa mère bien-aimée. »

Le Messie Promis (a.s.) ajoute : « Dans le second cas – celui de l’Adl (justice) – en termes de compassion pour l’humanité, le sens de ce verset est que vous devez traiter vos frères et autrui avec équité, prendre uniquement ce qui vous est dû et vous maintenir sur la voie de la justice. »

Vous pouvez certes réclamer vos droits mais en faisant montre de justice. Évitez toute requête déplacée.

Le Messie Promis (a.s.) ajoute : « Si vous souhaitez progresser, l’étape suivante est celle de l’Ihsân (de faire du bien aux autres). À ce stade, suite à une faute commise par votre frère, vous répondrez par le bien, et en échange de ses outrances, vous lui accorderez aide et réconfort par compassion et amour.

Vient ensuite le stade de l’Îtâ-i-dhil-Qourbâ (qui requiert de l’individu de manifester à l’égard d’autrui la même bonté que celle prodiguée à des parents proches). Ceci exige que toute bonté exprimée à l’égard de son frère ou de l’humanité, ne soit pas considérée comme une faveur accordée à autrui. Au contraire, vous devez la montrer de manière naturelle et sans aucune arrière-pensée. Cette bonté doit ressembler à l’intimité qui pousse un parent à bien traiter son proche. Le stade ultime du développement moral est de démontrer de la sympathie envers la création sans aucun motif ni intérêt personnel. Cette passion pour son frère ou pour son proche doit se développer à un tel degré que l’acte de bonté se fait naturellement, sans aucun motif, sans attendre aucune reconnaissance, prière ou action. » (Izâlah-e-Awhâm, Rouhâni Khazâ’in, vol. 3, p. 550-552)

On ne s’attend à aucune marque de gratitude, de prière ou d’autres réactions de la part d’autrui. Il faudra se départir de tout désir. Il faudra accomplir cette action uniquement pour mériter la proximité de Dieu.

En premier lieu, nous devons faire montre de ce comportement les uns à l’égard des autres et l’étendre aux autres.

Évoquant les droits d’Allah, il déclare :

« [A la lumière du verset cité] nos devoirs envers Dieu exigent de Lui vouer obéissance en respectant la justice. Celui qui nous a créés et qui ne cesse de subvenir à nos besoins mérite obéissance. Mais si l’on est doué d’un plus grand discernement, l’on ne se contentera pas d’accomplir ses devoirs mais l’on respectera de surcroît les exigences de l’Ihsân… »

La première étape est celle de l’Adl : nous vouons obéissance à Celui Qui nous a créés et Qui subvient à nos besoins.

« L’on ne se contentera pas d’accomplir son devoir mais l’on respectera de surcroît les exigences de l’Ihsân dans l’exercice de cette obéissance, car les faveurs de Dieu, le Bienfaiteur, sont innombrables. »

Au seuil de l’Ihsân on dénombre les faveurs de Dieu et on Lui voue obéissance. « En somme, il est évident que l’état d’Ihsân (faveur) est supérieur à celui d’Adl (justice). Quand on étudie ces faveurs, le visage et les excellences du Bienfaiteur se dévoilent à l’adorateur ; la définition de l’Ihsân est d’adorer Dieu comme si on Le voyait. »

Au seuil de l’Ihsân, on se souvient des faveurs de Dieu : on ne peut Lui accorder des faveurs. C’est ce rappel des faveurs divines qui fait de l’homme le Mouhsin.

Voici la méthode pour se rappeler des faveurs divines : quand on se souvient des faveurs de son Bienfaiteur l’on perçoit Son visage. Lorsqu’on le perçoit, on établit avec Lui une relation plus proche. Quand cette relation se développera avec Dieu, on L’adorera en toute sincérité : ce sera comme si l’on voyait Dieu à travers l’œil de son esprit.

Le Messie Promis (a.s.) ajoute : « Ceux qui vouent obéissance à Dieu sont divisés en trois catégories. Il y a tout d’abord ceux qui ne peuvent estimer à leur juste valeur les faveurs divines en raison du fait que Dieu est invisible et que les objets matériels sont, quant à eux, visibles. »

Un voile leur obscure la vue ou ils placent une plus grande confiance dans les moyens matériels : « Ils ne possèdent pas la passion qu’engendre une étude de la grandeur des faveurs divines. Il n’y a pas non plus cet amour qui s’enflamme après avoir observé les grâces grandioses du Bienfaiteur. »

N’ayant pas la connaissance de la personne de Dieu, ne pouvant voir Son visage, n’ayant pas en tête Ses faveurs, et n’ayant pas médité sur Sa Rouboubiyyah (Sa Seigneurie), l’on n’est pas animé de cet amour.

Le Messie Promis (a.s.) ajoute : « Il n’y a pas chez eux cet amour qui s’enflamme après avoir vu les grâces grandioses du Bienfaiteur. Après un regard superficiel, ils acceptent les droits de Dieu en tant que Créateur. »

Ces gens-là acceptent superficiellement que Dieu les a créés et n’en possède pas un savoir profond.

Le Messie Promis (a.s.) ajoute : «… ils ne peuvent ainsi apprécier à leur juste valeur les faveurs divines et ne peuvent contempler le Visage du Véritable Bienfaiteur. »

Leur vision est superficielle et ne discernent pas les droits d’Allah découlant de Ses pouvoirs de Créateur. Ils n’étudient pas ces points en profondeur.

« Les brumes du culte de la chose matérielle les empêchent de voir dans toute sa plénitude le visage de Dieu, la Cause Véritable. »

Ils sont entourés de ces nuées de moyens matériels qui les empêchent de voir le visage de Dieu.

[En effet,] « Les brumes du culte de la chose matérielle les empêchent de voir dans toute sa plénitude le visage de Dieu, la Cause Véritable. »

Ils ne peuvent voir la beauté du véritable donateur.

« Leur connaissance imparfaite est davantage ternie par le matérialisme. »

Ils possèdent un savoir imparfait de Dieu : c’est pour cette raison qu’ils prient parfois et parfois ne prient pas. Parfois ils s’acquittent de leur devoir envers Lui, parfois pas. Leur connaissance est polluée par le matérialisme et les désirs de ce monde : c’est pour cette raison qu’ils ne sont pas à même de voir pleinement le visage de Dieu.

« Ils ne peuvent ainsi apprécier à leur juste valeur les faveurs divines et ne peuvent contempler le Visage du Véritable Bienfaiteur. Leur connaissance est floue car d’une part ils se fient à leurs efforts et à leurs moyens, et d’autre part, par formalité, ils affirment que Dieu, en tant que Créateur et Pourvoyeur, a des droits sur eux. »

Leur vision est floue : plaçant leur confiance en leurs efforts et leur savoir, ils pensent avoir pu accomplir telle ou telle œuvre. Ils subissent un tant soit peu l’effet d’une société religieuse. Ils acceptent que Dieu les a créés, qu’Il pourvoit à leurs besoins et qu’Il en a créé les moyens. Leur condition est un amalgame [du monde et de la spiritualité]. Vu cette condition, ils ne peuvent voir clairement le visage de Dieu.

Le Messie Promis (a.s.) ajoute : « Étant donné que Dieu n’impose pas sur l’homme des charges qui dépassent son entendement, tant qu’ils sont à ce stade, Dieu ne leur exige pas plus que la reconnaissance qui Lui est due. Dans le verset en question Al-‘Adl (l’équité) signifie qu’ils obéissent à Dieu en toute justice. »

La Rahmâniyyah de Dieu est ici à l’œuvre. Il est miséricordieux à l’égard de pareilles gens qui ne peuvent discerner clairement Son visage et Il accepte leur condition. Ceci est l’Adl : la condition de base et le niveau minimum que doit atteindre le musulman.

« Or, dit le Messie Promis (a.s.), l’entendement de l’homme peut atteindre un stade supérieur. Quand son discernement n’est plus terni par le monde matériel il voit la main des faveurs divines… »

Il ne se fie plus aux moyens matériels : il voit les faveurs divines. Il place sa confiance entièrement en Dieu et possède le savoir.

« Il se débarrasse des voiles ténébreux que sont les moyens terrestres [et attribue tout à Dieu]. Il ne dira plus, par exemple, « j’ai eu une bonne récolte parce que j’ai irrigué mon champ » ou que « j’ai réussi en raison de mes seules compétences » ou que « j’ai pu atteindre cet objectif grâce à l’aide d’untel » ou que « sans celui-là je serais en danger ». Toutes ces notions seront à ses yeux insignifiantes. »

On ne place pas confiance en ses aptitudes et ses efforts, ni en l’aide ou les compétences d’autrui. « Toutes ces notions seront à ses yeux insignifiantes. Il ne verra qu’une seule Personne, qu’une seule Puissance, et qu’un seul Bienfaiteur et qu’une seule Main. Et c’est là, qu’avec clairvoyance et une vision exempte du culte de l’objet matériel, l’homme apercevra les faveurs divines. Son Bienfaiteur ne sera pas invisible mais bel et bien présent quand il Lui rendra culte. »

Quand on accomplit la Salât on voit Dieu devant soi.

« Le Coran qualifie d’Ihsân cette étape dans l’adoration du divin. Voilà aussi le sens de l’Ihsân selon les dires du Saint Prophète Muhammad (s.a.w) recueillis dans le Sahîh Al-Boukhâri et le Sahîh Mouslim. »

Mais ce [progrès] ne s’arrête pas là.

« La troisième étape, celle qualifiée d’Îtâ-i-dhil-Qourbâ, est celle de l’amour personnel. Celui qui a été témoin des faveurs divines pendant un certain temps, sans y associer les moyens matériels (et ne plaçant sa confiance qu’en Dieu), et Le considérant comme l’unique Bienfaiteur et Lui rendant culte, établira avec Dieu un lien d’amour personnel. »

Cet amour ne sera pas motivé par des desseins personnels. On ne va pas implorer Dieu pour Lui réclamer quelque objet : on nourrira un amour personnel pour Son Etre.

Le Messie Promis (a.s.) ajoute : « L’observation constante de faveurs engendre nécessairement des sentiments dans le cœur du récipiendaire et il nourrit peu à peu un amour personnel pour Son Bienfaiteur. »

La reconnaissance de faveurs fréquentes de la part Dieu favorise Sa compréhension et Sa connaissance. Un amour personnel pour la personne d’Allah naît dans son cœur.

« Cet amour découle de ces faveurs illimitées. En pareil cas, il n’adore pas Dieu uniquement en raison de faveurs personnels : son amour personnel siège dans son cœur. »

Dans un premier temps, on rend culte à Dieu pour Lui réclamer quelque chose. Ensuite, on rend culte à Dieu car on Le considère comme source de toute faveur. À la prochaine étape on n’adore pas Dieu pour Lui réclamer quelque chose, mais en raison de l’amour personnel pour Allah.

« Cet amour ressemble à celui de l’enfant à l’égard de sa mère. »

À cette étape, non seulement on voit Dieu lors du culte, mais on en tire [de cette rencontre] également du plaisir, à l’instar d’un véritable amant, et l’amour personnel naît en l’amoureux après la disparition de tous les intérêts personnels. Dieu décrit cet état par l’expression « Îtâ-i-dhil-Qourbâ ». Ceci est indiqué dans le verset :

فَاذْكُرُوا اللَّهَ كَذِكْرِكُمْ آَبَاءَكُمْ أَوْ أَشَدَّ ذِكْرًا

«… souvenez-vous d’Allah, comme vous vous souvenez de vos pères ou même avec plus de dévotion. » (Le Saint Coran, chapitre 2, verset 201)

Ceci est l’étape où l’on nourrit un amour pur à l’égard de la personne de Dieu.

Le Messie Promis (a.s.) explique : « En somme ceci est le sens du verset :

إِنَّ اللَّهَ يَأْمُرُ بِالْعَدْلِ وَالْإِحْسَانِ وَإِيتَاءِ ذِي الْقُرْبَى

Ici, Dieu décrit les trois étapes de la gnose et nomme la troisième étape « l’amour personnel ».

À cette étape, tous les motifs égoïstes sont éradiqués et le cœur est plein d’amour à l’instar d’un flacon empli de parfum. C’est ce qu’indique le verset suivant :

وَمِنَ النَّاسِ مَنْ يَشْرِي نَفْسَهُ ابْتِغَاءَ مَرْضَاةِ اللَّهِ وَاللَّهُ رَءُوفٌ بِالْعِبَادِ

« Et parmi les hommes, il y a aussi celui qui vendrait son âme pour obtenir le plaisir d’Allah ; et Allah est Compatissant envers Ses serviteurs. » (Le Saint Coran, chapitre 2, verset 208)

Ailleurs, ce sujet est évoqué en ces termes :

بَلَى مَنْ أَسْلَمَ وَجْهَهُ لِلَّهِ وَهُوَ مُحْسِنٌ فَلَهُ أَجْرُهُ عِنْدَ رَبِّهِ وَلَا خَوْفٌ عَلَيْهِمْ وَلَا هُمْ يَحْزَنُونَ

C’est-à-dire, ceux qui mériteront le salut se confient à Dieu ; et en imaginant Ses faveurs ils L’adorent comme s’ils Le voyaient. Ces gens-là obtiennent une récompense de Dieu : ils ne sont point affligés et ne sont pas frappés de tristesse. Dieu et l’amour qu’ils Lui vouent sont les objets de leur désir et les bénédictions divines sont leur récompense.

Dieu dit par ailleurs :

وَيُطْعِمُونَ الطَّعَامَ عَلَى حُبِّهِ مِسْكِينًا وَيَتِيمًا وَأَسِيرًا – إِنَّمَا نُطْعِمُكُمْ لِوَجْهِ اللَّهِ لَا نُرِيدُ مِنْكُمْ جَزَاءً وَلَا شُكُورًا

C’est-à-dire : Les croyants sont ceux qui pour l’amour de Dieu nourrissent l’indigent, l’orphelin, et le captif ; en leur disant : « Nous ne désirons de vous ni récompense ni remerciements en vous nourrissant. Nous n’avons pas d’autre objectif. Notre unique objectif est le plaisir Dieu (et pour que nous puissions Le voir davantage.) »

A la lumière de tous ces versets, il est évident que, selon le Saint Coran, le stade le plus élevé de l’adoration et de la vertu est d’acquérir l’amour de Dieu et Son plaisir. »

Et pour obtenir le véritable amour d’Allah, comme mentionné dans ces versets, il est nécessaire de nourrir une sympathie personnelle et une relation avec Ses créatures. Seul un croyant qui aime Dieu peut respecter ces droits comme il se doit.

Dans son ouvrage « L’Arche de Noé », le Messie Promis (a.s.) nous prodigue le conseil suivant sur l’attente de Dieu à notre égard. « Allah vous ordonne d’agir avec justice à l’égard de tous les humains, et (d’aller plus loin et) de faire du bien même à ceux de la part de qui vous n’avez reçu aucun bienfait, et (d’avancer encore plus loin et) de sympathiser avec vos semblables avec des marques de tendresse dignes d’un proche parent, ou avec la bienveillance d’une mère envers ses enfants, par exemple. La personne qui a rendu service à quelqu’un peut parfois être poussée à le lui rappeler ; ceci peut être considéré comme de la vanité. Mais si la bonté procède d’un élan naturel de sympathie, comme il en est dans le rapport mère-enfant, une telle faiblesse n’apparaîtra pas ; ceci constitue le degré suprême de la bienveillance. Outre cela, le verset précité attire votre attention sur vos devoirs envers votre Seigneur, et dans ce contexte, en définissant la nature de vos rapports avec Lui, l‘Adl ou la justice implique obéissance à Ses commandements, en guise de gratitude pour les nombreux bienfaits qu’Il vous a accordés, l’Ihsân ou la bienveillance exige de croire en Lui avec une telle certitude qu’il sera comme si vous Le voyiez réellement, et l’Îtâ-i-dhil-Qourbâ ou la bonté naturelle exige l’adoration ou l’obéissance sans désir du Paradis et sans crainte de l’Enfer ; et même si le séjour de la félicité n’avait pas été promis et même si l’Enfer n’existait pas, vous devriez L’aimer avec la même ardeur et vous soumettre entièrement à Sa volonté. »

Ceci est le résumé de cet amour personnel pour Dieu décrit plus tôt. Le Messie Promis (a.s.) a présenté cette explication dans son ouvrage « L’Arche de Noé ».

Le Messie Promis (a.s.) attire notre attention vers nos devoirs envers les Créatures de Dieu en ces termes :

« Allah vous ordonne la justice, et bien que vous ayez été justes, allez au-delà et faites preuve de bienveillance, et dépassez le seuil de la bienséance et faites montre d’une telle considération à l’égard des autres qu’il sera comme s’ils étaient vos proches. Il convient de rappeler qu’il n’y a que ces trois niveaux. Premièrement, l’homme fait preuve de justice ; c’est-à-dire qu’il réclame ses droits en ayant accordé à autrui les siens. S’il souhaite aller plus loin, vient l’étape de la bienveillance. Et s’il avance encore plus loin, il abandonne même ce stade et exprime une sympathie à l’égard d’autrui ressemblant à l’amour d’une mère pour son enfant. C’est-à-dire qu’il s’agit d’un amour naturel et non avec l’intention d’octroyer des faveurs à autrui. »

Ceci est le résumé des droits qu’ont nos semblables. Ce sont des points qu’il a expliqués à des non-musulmans. En maintes occasions il a prodigué des conseils à la Jama’at : « Vous devez traiter la création de Dieu comme s’ils sont vos parents intimes. Ceci est l’étape la plus élevée, car il existe une forme d’ostentation dans l’étape de l’Ihsân [la bienfaisance envers les autres]. À titre d’exemple, si l’obligé fait preuve d’ingratitude, son bienfaiteur lui rappellera sa faveur. Or l’amour naturel d’une mère pour son enfant ne comprend aucun élément de prétention. »

Quand on accorde une faveur à quelqu’un, parfois on en fait des rappels. Or la mère ne le fait pas. « Si le roi dit à la mère qu’elle peut tuer son enfant et qu’elle n’aura pas de compte à rendre à ce sujet, elle ne sera pas prête d’entendre pareils propos et maudira le roi. Malgré le fait qu’elle sait qu’elle mourra avant que l’enfant ne vieillisse, elle continuera à s’occuper de lui en raison de son amour pour lui. Souvent, des parents âgés ont des enfants et n’ont aucun espoir de pouvoir tirer profit de leurs enfants, pourtant ils leur témoignent de l’amour et s’occupent d’eux. Quand l’amour d’une personne atteint un tel état, cela devient un phénomène naturel et cela a été évoqué dans l’énoncé « Îtâ-i-dhil-Qourbâ ». L’on doit entretenir ce genre d’amour pour Dieu sans désirer de rang élevé, sans craindre l’humiliation. »

Le Messie Promis (a.s.) explique que le niveau le plus bas de la justice est de donner autant que vous prenez. « Ceci est la norme minimale de justice. Si l’on progresse, l’on atteint le niveau de l’Ihsân. La bienveillance est de rendre ce qu’on a pris et d’offrir davantage. Le niveau supérieur est celui de l’Îtâ-i-dhil-Qourbâ, c’est-à-dire de traiter autrui de la même manière qu’une mère aime son enfant naturellement, sans désir de compensation.

Le Saint Coran nous informe qu’en progressant, les hommes d’Allah peuvent atteindre ce genre d’amour de leur Seigneur. La capacité de l’homme n’est pas des moindres. L’on peut atteindre ces niveaux par la grâce de Dieu, voire ceci est l’un des éléments essentiels de la morale. »

Le Messie Promis (a.s.) ajoute : « Je suis convaincu que les hommes d’Allah progressent dans la mesure où leur amour des êtres humains dépasse celui de l’amour maternel. »

Le Messie Promis (a.s.) explique : « L’état de justice ressemble à celui d’un Mouttaqi se trouvant à l’étape d’Al-Nafs Al-Am-mârah (l’âme qui incite au mal). L’Adl (la justice) est nécessaire pour remédier à cette situation. » Se départir de ses maux et de ses pensées [nocives] exige un état de justice.

« L’on doit s’opposer à son Nafs (ego narcissique). S’opposer à son Nafs est aussi une forme de justice pour éviter les péchés.

« En guise d’exemple, on doit rembourser sa dette, mais le moi désire éviter ce paiement d’une manière ou d’une autre. Et par hasard, le délai du remboursement s’est écoulé. En pareil cas, le Nafs (l’ego) devient encore plus audacieux se disant qu’il ne subira aucune poursuite légale. Or ceci n’est pas juste. L’exigence de la justice est qu’il doit rembourser sa dette. Il ne doit pas éviter ce remboursement en ayant recours à des ruses ou des prétextes… »

Certains évitent de rembourser leurs dettes, ne le font pas à temps et parfois nient entièrement qu’ils ont contracté une dette s’il n’y a pas de preuves claires. En tout cas, ils doivent savoir qu’Allah surveille chacune de leurs actions.

Je précise d’ailleurs que parfois il y a des différends sur des transactions quand d’aucuns accordent une confiance indue aux autres quand Allah a ordonné de consigner par écrit toute transaction financière. Il ne faut pas se dire qu’untel est un parent ou un ami proche et que ce n’est pas la peine de consigner cela en écrit. Pareille [erreur] est source de querelles et Al-Nafs Al-Am-mârah incite le concerné à accomplir une mauvaise action.

Il incombe au croyant d’éviter pareille action et d’agir avec équité.

Le Messie Promis (a.s.) déclare : « Je regrette d’annoncer que d’aucuns ne se soucient pas de ces questions et il existe des gens dans notre Jama’at qui négligent le paiement de leurs dettes. Ceci est contre la justice. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) n’accomplissait pas la prière [funéraire] de pareils individus. Chacun d’entre vous doit se rappeler qu’il ne faut pas être paresseux dans le paiement de ses dettes et éviter toute sorte de trahison et de malhonnêteté car cela va à l’encontre du commandement d’Allah qu’Il a évoqué dans ce verset. »

Le Messie Promis (a.s.) ajoute : « L’Ihsân (la bienveillance) est la prochaine étape. Allah accorde la force de progresser dans le bien à celui qui respecte la justice et ne dépasse pas ses limites. Il ne s’arrête pas à la justice mais accompli un plus grand bien pour le peu qu’il reçoit : mais une faiblesse subsiste encore à l’étape de l’Ihsân : à un moment ou à un autre, le bienfaiteur fait étalage de ses bienfaits. En guise d’exemple, si untel a nourri quelqu’un pendant dix ans et que celui-ci n’est pas d’accord avec lui sur un point, le bienfaiteur lui rappellera qu’il était l’esclave de ses miettes pendant une décennie ; et il annule ainsi cette bonne action. En fait, il existe une forme d’étalage cachée chez le bienfaiteur. Mais la troisième étape est exempte de toute impureté : il s’agit de celle de l’Îtâ-i-dhil-Qourbâ. »

Le Messie Promis (a.s.) déclare : « Le rang d’Îtâ-i-dhil-Qourbâ décrit un état naturel : on y accomplit des bonnes œuvres comme s’il s’agissait une exigence naturelle, à l’exemple de la mère qui allaite et nourrit son bébé. Elle ne le fait pas en se disant que lorsqu’il grandira il gagnera de l’argent pour elle et la servira. Si le roi lui dit qu’elle ne sera pas incriminée si elle cesse d’allaiter son enfant et qu’il meurt, elle ne cessera pas d’allaiter son enfant suite à cet ordre : au lieu de cela, elle insultera le roi, car s’occuper de son enfant est une exigence naturelle qui n’est pas basée sur l’espoir ou la peur. De même, on nomme « Moutma’in-nah » l’état [que l’on atteint] quand on progresse dans la vertu et qu’on parvient au point où celle-ci émane de soi tout naturellement. »

Puis il dit : « La mère est prête à souffrir pour réconforter son enfant. Elle s’allonge sur un endroit humide et offre un endroit sec sur le lit à son enfant. Si l’enfant tombe malade, elle passe des nuits blanches et endure maintes souffrances. Dites-moi si ces actions d’une mère pour son enfant sont artificielles et affectés. »

C’est en raison d’un amour pur. Un croyant doit être animé du même amour pour honorer les droits d’Allah et les droits de Ses serviteurs.

Le Messie Promis (a.s.) explique : « Allah recommande de dépasser le niveau de la bienveillance et de progresser vers le niveau de l’Îtâ-i-dhil-Qourbâ et de faire le bien avec un enthousiasme et une passion naturels en ne souhaitant aucune récompense, aucun profit ou aucun service de la part de la création d’Allah. Que votre bonté à l’égard de la création d’Allah soit exempte de tout artifice ou affectation.

Dans un autre verset Allah a déclaré:

لَا نُرِيدُ مِنْكُمْ جَزَاءً وَلَا شُكُورًا

C’est-à-dire que la règle de celui ayant établi un lien avec Dieu et possédant un niveau élevé est que sa bonté est vouée à Allah et il n’espère aucune prière ou remerciement en retour. Il accomplit le bien par sympathie pour l’humanité. Nous n’avons vu pareil enseignement saint ni dans la Torah ni dans l’Évangile. Nous les avons lus page par page, sans y découvrir la trace d’un précepte aussi pur et complet. »

Le Messie Promis (a.s.) déclare : « Dieu nous ordonne de rendre le bien pour le bien, d’être bienfaisants lorsque cela est nécessaire, et de faire le bien avec une volonté naturelle comme on le ferait si l’on avait affaire à des proches, et ce quand cela s’avère nécessaire et approprié. Dieu vous interdit la transgression, ou encore de faire montre de bienfaisance inopportunément, ou encore de ne pas faire montre de bienfaisance lorsque cela s’avère nécessaire… »

Le bon sens et la justice doivent prévaloir. La bienfaisance ne doit pas être à mauvais escient et l’on ne doit pas non plus refuser une bienfaisance lorsque cela est nécessaire. La sagesse est de mise et on doit se demander quel sera l’avantage de telle ou telle action.

«… ou encore de manquer à pratiquer la bonté telle qu’elle se fait entre les proches lorsque cela est opportun, ou encore de pratiquer la bonté en dehors de ses justes limites. Ce verset présente trois échelons dans la pratique du bien. »

Dieu nous recommande certes d’accomplir de bonnes œuvres mais [Il] nous recommande aussi la sagesse : ces vertus doivent être opportunes et pas corrompre la société. En dépit de son amour pour son enfant, la mère ne va pas lui offrir un tison de feu si son enfant le lui réclame. L’objectif principal est le bien et il faut accomplir ces trois actes méritoires à bon escient.

Le Messie Promis (a.s.) déclare : « Le premier échelon est celui de rendre le bien pour le bien. Une personne de capacités moyennes peut facilement atteindre ce premier échelon, où il arrive à rendre le bien pour le bien qu’on lui a fait. »

Ceci est une réaction fondamentale attendue de toute personne digne. Il ne s’agit pas d’une vertu des plus grandioses. C’est tout simplement de la courtoisie.

« Le deuxième échelon est un peu plus difficile à gravir. Ici il est question de prendre l’initiative à faire le bien par pure générosité. Cette qualité est de niveau intermédiaire. »

Il s’agit d’accomplir un acte de bienfaisance à l’égard d’un autre sans mérite de sa part : il s’agit d’une œuvre de niveau intermédiaire.

« La plupart des gens sont bienfaisants à l’égard des pauvres, mais il y a toutefois un point faible à cette bienfaisance, en ce sens que ces gens-là sont fortement conscients de leur bienfaisance. En conséquence, ils espèrent jouir en retour de la gratitude ou de la prière des pauvres. Si à un moment donné, le récipiendaire de sa bienfaisance se retournait contre lui, il le taxerait d’ingrat. Parfois, il lui rappelle sa générosité ou parfois il lui impose des fardeaux insoutenables. »

(Il lui rappelle qu’il lui a accordé quelque faveur ou qu’il l’a servi pendant tant d’années. Pareil bienfaiteur lui impose des fardeaux insoutenables et lui fait des rappels.)

Dieu a ainsi réprimandé les bienfaiteurs :

لَا تُبْطِلُوا صَدَقَاتِكُمْ بِالْمَنِّ وَالْأَذَى

Ne rendez pas vaines vos aumônes en faisant des reproches et des injures. »

(Allah avertit que pareille faveur ne sera d’aucun avantage. Votre aumône doit reposer sur la sincérité et la vérité. Si vous faites des rappels sur vos faveurs, toute votre aumône sera vaine.)

« Le mot arabe pour aumône (Sadaqah) est dérivé de la racine Sidq qui signifie sincérité. Si vous n’êtes pas inspirés par la sincérité au moment de faire l’aumône, ce n’est plus de l’aumône, mais de l’ostentation. C’est la raison pour laquelle Dieu le Tout-Puissant a averti les bienfaiteurs de ne pas rendre vaine leur bienfaisance par des reproches et des injures.

Le troisième et dernier échelon est celui de la bonté, celle qu’on voit intervenir entre proches. Dieu nous enseigne qu’à ce niveau, la conscience d’être bienfaisant ou d’attendre quelque chose en retour doit disparaître ; ici, le bien doit être fait avec la cordialité naturelle, telle que celle qui existe entre la mère et l’enfant. C’est l’ultime échelon où le bien est fait à la perfection.

Il faut toutefois préciser que Dieu le Tout-Puissant a imposé sur les trois échelons la condition d’agir en temps et lieu. Le verset cité plus haut indique clairement que si ces vertus ne sont pas pratiquées opportunément, elles cesseront alors d’être des vertus mais deviendront des maux. »

Il s’agit là d’un autre avertissement. Si l’acte méritoire n’est pas opportun et s’il engendre des troubles dans la société, il ne s’agira pas d’un acte méritoire mais d’un mal.

Au lieu d’être un acte équitable, il s’agira d’une Fah-châ (d’un mal). Ici [le Messie Promis (a.s.)] explique comment éviter le mal.

« Par exemple, si le sens de l’équité dépassait ses limites, cela deviendrait malsain, et constituerait un affront à la décence. On pourrait en dire autant de la bienfaisance, qui, mal pratiquée, s’opposerait à la raison et la conscience ; de la bonté également qui ne serait plus une vertu mais une transgression. Le mot arabe utilisé pour transgression est Baghy – il fait allusion à une pluie torrentielle qui détruit tous les champs. Ainsi, le manque ou l’excès dans l’accomplissement des obligations sont tous les deux qualifiés de Baghy. En un mot, la mise en jeu de manière inopportune de quelconque de ces trois qualités morales finit par la corrompre. C’est la raison pour laquelle il est essentiel de tenir compte de la condition d’agir en temps et lieu. L’on doit se rappeler que l’équité, la bienfaisance ou la bonté entre proches n’est pas une qualité morale en soi. Ce sont là des conditions naturelles de l’homme, que l’enfant également arrive à déployer avant qu’il n’atteigne l’âge de raison. La raison, le discernement, est un paramètre important dans la définition d’une qualité morale, et l’autre condition essentielle à satisfaire est celle de la déployer en temps et lieu. Le Saint Coran nous donne de nombreuses autres directives concernant la bienfaisance, et elles soulignent toutes la nécessité de manifester cette qualité en temps et lieu. »

C’est-à-dire que les circonstances de l’application de ces qualités morales ont été définies.

Le Messie Promis (a.s.) a conseillé d’accomplir ces bonnes œuvres en usant de différents exemples et sous différents angles. À cet égard, le Messie Promis (a.s.) relate un incident qui lui est propre concernant la bienveillance à l’égard d’autrui.

Il déclare : « La bienveillance est fort louable. Par ce faire l’on soumet ses grands adversaires. Il y avait à Sialkot un homme qui se disputait avec tout le monde et qui ne s’était réconcilié avec personne. Même ses frères et ses proches étaient lassés de lui. Je le traitais bien et en retour il ne me traitait jamais mal. Quand il me rencontrait, il nous parlait avec une grande politesse. De même, un Arabe nous a visité et il était un farouche opposant des Wahhabites, au point qu’il les injuriait quand on les évoquait devant lui. Il a commencé à conspuer durement et à dénigrer les Wahhabites ici. Nous l’avons bien servi et l’avons bien reçu. Un jour qu’il était plein de colère et qu’il insultait les Wahhabites quelqu’un lui a dit que son hôte est aussi un Wahhabite, c’est-à-dire le Messie Promis (a.s.). Sur ce, il s’est tu. Celui qui m’avait qualifié de Wahhabite n’avait pas tort car je considère qu’il est nécessaire de suivre les hadiths authentiques après le Saint Coran. En tout cas, l’invité arabe est parti après quelques jours. Il m’a retrouvé une fois à Lahore. Même s’il ne souhaitait pas voir le visage des Wahhabites, étant donné que nous l’avions bien reçu, il a maîtrisé sa colère et m’a rencontré en faisant montre de gentillesse et d’affection. Avec beaucoup d’insistance, il m’a emmené et m’a fait asseoir dans une petite mosquée dont il avait été nommé imam et a commencé à m’éventer comme un domestique. Il a été très aimable, me demandant de prendre du thé. Voyez comme la bonté subjugue les cœurs. »

Ensuite, le Messie Promis (a.s.) déclare : « Il existe deux types d’excellences morales. Celle de la nouvelle génération éduquée est adulation et hypocrisie, quand, en réalité, ces gens nourrissent de la rancœur au cœur. Cela est contraire aux vertus préconisées par le Coran. La deuxième catégorie exige une sympathie sincère et un cœur exempt d’hypocrisie et d’adulation. Tout comme Allah l’affirme dans le Coran :

إِنَّ اللَّهَ يَأْمُرُ بِالْعَدْلِ وَالْإِحْسَانِ وَإِيتَاءِ ذِي الْقُرْبَى

Ceci est la voie préconisée : il faut faire preuve d’équité et dire la vérité. Cette voie parfaite et cette direction ont été consignées dans la parole d’Allah ; celui qui s’en détournera ne trouvera pas la direction ailleurs. Pour qu’il ait de l’effet, l’enseignement pur exige un cœur pur. Un examen minutieux révèle que ceux qui en sont éloignés se vautrent dans la souillure. Or, l’on ignore [tout de] l’heure de sa mort : d’où l’importance de progresser dans l’accomplissement de la Salât et la purification (ainsi que dans la vérité). »

Le Messie Promis (a.s.) explique : « Je vous conseille encore et encore de ne jamais limiter la portée de votre compassion et de suivre l’enseignement qu’Allah a prescrit, c’est-à-dire

إِنَّ اللَّهَ يَأْمُرُ بِالْعَدْلِ وَالْإِحْسَانِ وَإِيتَاءِ ذِي الْقُرْبَى

C’est-à-dire, premièrement, en faisant le bien, vous observez la justice. Traitez bien celui qui accorde un bien. Le deuxième niveau est que vous fassiez montre d’une plus grande bienveillance à son égard. Ceci est l’Ihsân, et bien que le niveau de l’Ihsân soit supérieur à la justice et que ce soit une œuvre très importante, il est parfois possible que la personne bienveillante fasse un rappel de ses bonnes œuvres. Il existe un niveau supérieur : une personne doit faire du bien de manière personnelle : il ne s’agit plus d’une faveur. Cet acte ressemble à celui d’une mère qui nourrit son enfant. Elle ne demande aucune récompense en retour : il s’agit d’un amour personnel qui la pousse à sacrifier tout son confort pour le bien de l’enfant. Si le roi lui demande de ne plus allaiter son enfant, elle le maudira.

Il faut mener la vertu à état naturel. Une vertu devient parfaite quand elle progresse au point où on l’accomplit de manière spontanée. »

Le Messie Promis (a.s.) ajoute : « Dieu vous ordonne d’être justes à l’égard du monde entier, c’est-à-dire de prendre ce qui vous revient de droit et de traiter équitablement l’humanité. En sus de cela vous devez être bienveillants à l’égard de l’humanité : c’est-à-dire lui accorder un traitement qui vous n’est pas obligatoire mais qui est empreint d’humanité. Or la bienveillance comprend un défaut caché : le bienfaiteur se courrouce parfois et rappelle ses faveurs. Par conséquent, à la fin de ce verset, il est dit que la bonté parfaite est que vous fassiez du bien à vos semblables à l’instar d’une mère à l’égard de son enfant, car ce bien n’est fait que par enthousiasme naturel et non pour une quelconque récompense. Elle n’attend pas que cet enfant lui accorde quoi que ce soit en échange de cette bonne action. Par conséquent, la bienveillance parfaite à l’égard de l’humanité est celle du troisième niveau, qui est décrit par les mots Îtâ-i-dhil-Qourbâ. »

La bienveillance est enjointe non seulement aux siens mais à tout le monde et sans attendre de récompense. C’est à ce stade que l’on rencontre Dieu tout comme il a été expliqué à propos de la relation avec Dieu.

Le Messie Promis (a.s.) a souligné cet enseignement dans ses livres et lors de ses rassemblements. Il a déclaré qu’il s’agit là de l’une des grandes vertus de l’islam qu’on ne trouve dans aucun autre enseignement religieux. Notre tâche est d’essayer d’agir en conséquence afin de rehausser le niveau de notre relation avec Allah et de respecter nos devoirs envers ses créatures. Qu’Allah nous permette de mener notre vie en conséquence. Que nous puissions élever la norme de nos actes d’adoration. Que nous puissions respecter nos devoirs envers autrui. Que nous puissions établir une relation d’amour et d’affection de manière à devenir un exemple pour le monde.

Qu’Allah nous accorde la capacité de suivre ces conseils tout en nous permettant également de respecter notre serment d’allégeance. Une des conditions du serment d’allégeance prêté au Messie Promis (a.s.) est de faire montre de compassion à l’égard de l’humanité. Chaque vendredi, en écoutant ces paroles d’Allah, nous devons accroître nos bonnes actions et améliorer notre conduite, sinon il n’y aura pas de différence entre nous et les autres.

Qu’Allah nous distingue clairement des autres tout comme le Messie Promis (a.s.) l’a ardemment souhaité [et exprimé] dans un de ses écrits.

Continuez à prier pour la situation au Pakistan. Nous devons continuer notre œuvre qui est de répandre le bien. Ceux de nature satanique ne cesseront de commettre leur cruauté comme il leur sied. Nous n’avons aucun combat à mener contre ces suppôts de Satan. Nous devons suivre les ordres d’Allah. Priez également qu’Allah protège notre foi et que notre foi ne vacille jamais. Que nous puissions maintenir avec Dieu une relation reposant sur l’énoncé de l’Îtâ-i-dhil-Qourbâ. Nous verrons alors plus qu’auparavant les bénédictions d’Allah. Si Dieu le veut, qu’Il détruise ceux qui sont à Ses yeux des ennemis incorrigibles. Incha Allah, lorsque nous nous lierons à Allah, nous verrons également la destruction de l’ennemi.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

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