Sermons 2019

Trois nobles compagnons de Badr

Dans son sermon du 07 juin 2019, Sa Sainteté le Calife a évoqué 'autres nobles compagnons du Saint Prophète (s.a.w.) ayant participé à la bataille de Badr.

 Sermon du vendredi 07 juin 2019, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak à Islamabad au Royaume-Uni. Après le Ta’awudh, le Tashahoud et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

À partir d’aujourd’hui j’évoquerai de nouveau les compagnons de Badr. Le premier des compagnons [du sermon] d’aujourd’hui se nomme ‘Abdoullah Bin Tariq. Selon ‘Allama al-Zouhri, ‘Abdoullah Bin Tariq al-Zafari avait participé à la bataille de Badr. Selon ‘Ourwa, il se nommait ‘Abdoullah Bin Tariq al-Balwi et était un des alliés des Ansar. Selon d’autres, ‘Abdoullah Bin Tariq al-Balwi était l’allié de la tribu des Banou Zafar des Ansar. Selon Ibn Hicham, ‘Abdoullah Bin Tariq appartenait à la tribu Bali et était l’allié de la tribu ‘Abd Bin Rija.

Mout’ib Bin ‘Oubayd était le demi-frère d’Abdoullah Bin Tariq : ils avaient tous les deux la même mère. Celle-ci appartenait à la branche Banou Qahil de la tribu des Banou Uzraj. ‘Abdoullah Bin Tariq et Mout’ib Bin ‘Oubayd avaient participé aux batailles de Badr et d’Ouhoud : les deux frères sont tombés en martyrs à Raji.

‘Abdoullah Bin Tariq faisait partie de ces six – ou dix compagnons selon divers récits, dont celui du Boukhari – que le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) avait envoyés à la fin de la troisième année de l’hégire vers les tribus ‘Oudayl et Qarah pour leur enseigner la religion, le Coran et la charia islamique. Quand ils sont arrivés à Raji, qui était le nom d’une source appartenant à la tribu des ‘Oudayl et située dans un recoin du Hejaz, les membres de cette dernière tribu ont trompé les compagnons et les ont encerclés. Ils se sont soulevés contre eux et les ont combattus. Voici les noms de sept compagnons : ‘Asim Bin Thabit, Marthad Bin Abi Marthad, Khoubayb Bin Adi, Khalid Bin Boukayr, Zayd bin Dasna, ‘Abdoullah Bin Tariq et Mout’ib Bin ‘Oubayd.

Marthad, Khalid, ‘Asim et Mout’ib Bin ‘Oubayd sont tombés en martyrs. Khoubayb, ‘Abdoullah Bin Tariq et Zayd ont déposé leurs armes et ont été emprisonnés par les mécréants et transportés à La Mecque. Quand ils sont arrivés à Zahran, une vallée située à cinq miles (8 km) de La Mecque, ‘Abdoullah Bin Tariq a pu se libérer de ses liens et a pris son épée dans la main. Les polythéistes se sont écartés de lui et lui ont envoyé des pierres, causant ainsi son martyre. Sa tombe se trouve à Zahran. L’incident de Raji eu lieu 36 mois après l’hégire au cours du mois de Safar. Hassan a évoqué ces compagnons dans les vers de son poème :

Le fils de Dasnah et le fils de Tariq en faisaient partie ;

Ils ont connu la mort, là où elle leur était destinée.

Le premier couplet se lit ainsi :

 Dieu leur a accordé Sa miséricorde, ceux qui sont tombés en martyrs le jour de Raji. Ils ont été honorés et récompensés.

J’avais évoqué l’incident de Raji eu égard à d’autres compagnons. Je viens d’en mentionner quelques détails à l’instant. Je présente ici-bas le résumé des explications de Mirza Bashir Ahmad Saheb à ce propos. Il relate que le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) recevait de toutes parts des nouvelles terrifiantes des attaques et des complots des Kouffar. Ils s’étaient enhardis et enorgueillis en raison de la bataille d’Ouhoud. Durant le mois de Safar en l’an 4 de l’hégire le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) prépara une expédition de dix compagnons avec ‘Asim Bin Thabit à leur tête. Il l’ordonna de s’approcher de La Mecque secrètement afin de se renseigner sur les Qouraychites et de l’informer à propos de leurs efforts et leurs intentions. Avant le lancement de l’expédition, quelques membres des tribus d’Oudayl et de Qarah se présentèrent au Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) pour l’informer qu’un nombre important des leurs souhaitait embrasser l’islam et qu’on leur envoie quelques personnes pour leur enseigner l’islam. Acceptant leur requête, le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) leur envoya la délégation qu’il souhaitait envoyer sur la mission de renseignement. Or, ces gens mentaient et étaient venus à Médine sur l’incitation de la tribu des Banou Lihyan, qui souhaitaient se venger de la mort de leur chef Soufyan Bin Khalid. Ils comptaient faire sortir des musulmans de Médine afin de les attaquer. La tribu des Banou Lihyan avait offert en cadeau de nombreux chameaux aux gens d’Oudayl et de Qarah.

Quand les traîtres de ces deux tribus arrivèrent entre Asfan et La Mecque, ils ont informé secrètement les Banou Lahyan que des musulmans les accompagnaient. Deux cents jeunes, dont cent archers, sortirent pour poursuivre les musulmans ; ils les confrontèrent à Al-Raji’. Ces dix musulmans – ou sept selon d’autres récits – ne faisaient pas le poids devant les deux cents soldats. Or, les musulmans étaient pétris de foi et avaient reçu l’ordre de combattre en de telles situations. Les compagnons grimpèrent sur une colline et se préparèrent à mener le combat. Les Kouffar, qui n’avaient aucun scrupule à tromper les autres, leur promirent de ne pas les tuer s’ils descendaient de la colline. ‘Asim leur répondit qu’ils n’avaient aucune confiance dans leurs promesses et qu’ils ne descendraient pas. Se tournant ensuite vers le Ciel il pria : « Ô Seigneur ! Tu vois notre condition. Informe donc Ton prophète de notre situation. » ‘Asim et ses compagnons menèrent le combat et sept tombèrent en martyr. Ils ne restaient que Khoubayb Bin Adi, Zayd Bin Dasna et ‘Abdoullah Bin Tariq. L’intention des mécréants était de les attraper vivants. Ils invitèrent les trois musulmans à descendre, leur promettant la vie sauve. Les musulmans, trop confiants, tombèrent dans leur piège : une fois descendus, les mécréants les ligotèrent avec les cordes de leurs arcs. ‘Abdoullah Bin Tariq, le compagnon de Khoubayb et de Zayd, se courrouça, déclarant que c’était là une autre violation de leur parole et qu’ils ignoraient le traitement qu’ils leur réservaient. ‘Abdoullah refusa de les accompagner et les mécréants le traînèrent, le tabassèrent et le tuèrent, abandonnant son corps là-bas.

Selon un autre récit il avait pu se libérer et s’apprêtait à combattre quand il a été tué à coups de pierre. En tout cas, il est tombé en martyr et les mécréants l’ont abandonné dans un coin.

Étant donné qu’ils avaient assouvi leur vengeance, afin de faire plaisir aux Qouraychites et par avidité, ils se rendirent à La Mecque vendre Khoubayb et Zayd. Les fils de Haritha Bin Nawfal achetèrent Khoubayb, car il avait tué leur père lors de la bataille de Badr. Safwan Bin Oumayyah quant à lui acheta Zayd.

On rapporte qu’un des enfants des mécréants, chez qui Khoubayb a été fait prisonnier, est venu vers lui et il l’a pris dans son giron. La mère de l’enfant était très troublée car Khoubayb tenait dans la main un rasoir. Khoubayb lui demanda de ne pas s’inquiéter disant qu’il ne nuirait pas à l’enfant.

‘Abdoullah Bin Tariq est décédé à Raji : il avait refusé de suivre les mécréants et s’était battu là-bas.

‘Aqil Bin Boukayr est le prochain compagnon. Il appartenait à la tribu des Banou Sa’d Bin Laith. Son nom était Ghafil : après avoir embrassé l’islam, le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) le nomma ‘Aqil. Selon les recueils d’histoire, son père se nommait Boukayr ou Abou al-Boukayr selon quelques livres. À l’époque de l’ignorance, Boukayr était l’allié de Noufayl Bin ‘Abdil ‘Ouzza, l’aïeul d’Amr. Boukayr et tous ses fils étaient les l’allié des Banou Noufayl. ‘Aqil, ‘Amir, Iyas et Khalid étaient les quatre fils de Boukayr. Ensemble ils étaient les premiers à embrasser l’islam à la Dar al-Arqam. ‘Aqil, ‘Amir, Iyas et Khalid avaient quitté La Mecque pour se rendre à Médine, réunissant tous les membres de leurs familles, comprenant les femmes et les enfants. Aucun membre de leur famille n’était resté en arrière et les portes de leurs maisons ont été scellées. Tous les membres de cette famille logèrent chez Rifa’a Bin ‘Abdil Moundhir à Médine. Le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) a établi un lien de fraternité entre ‘Aqil et Moubashir Bin ‘Abdil Moundhir : tous deux sont tombés en martyrs lors de la bataille de Badr. Selon un autre récit le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) avait établi ce lien de fraternité entre ‘Aqil et Mujazzar Bin Ziyad.

‘Aqil est tombé en martyr à l’âge de trente-quatre ans lors de la bataille de Badr, entre les mains de Malik Bin Zouhayr al-Jouchmi. Selon Ibn Ishaq, Iyas, ‘Aqil, Khalid et ‘Amir étaient les seuls quatre frères qui avaient combattu à Badr ensemble.

Zayd Bin Aslam relate que les fils d’Abou al-Boukayr se présentèrent un jour au Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) pour lui demander de marier leur sœur avec quelqu’un. L’Envoyé d’Allah leur demanda leur opinion à propos de Bilal.

Un des quatre, ou tous les quatre frères, avaient demandé conseil au Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) à propos du mariage de leur sœur. Le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) leur proposa la main de Bilal mais les membres de la famille n’étaient pas satisfaits. Ils revinrent une deuxième fois pour demander au Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) de marier leur sœur avec untel. Le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) leur proposa une deuxième fois de la marier à Bilal. Ils se retirèrent pour réfléchir avant de se présenter une troisième fois au Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) de nouveau pour faire la même proposition. Celui-ci leur proposa Bilal à la place de leur choix en ajoutant : « Quelle est votre opinion à propos d’un habitant du paradis ? » Sur ce, les fils de Boukayr acceptèrent de marier leur sœur avec Bilal.

Le prochain compagnon se nomme Zayd Bin Haritha. Son père se nommait Haritha Bin Sharhil ou Haritha Bin Sharhabil. Sa mère se nommait Sawda Bint Tha’laba. Zayd appartenait à la très respectable tribu yéménite des Banou Qada’ah. Quand Zayd était tout enfant, sa mère l’avait emmené à Makay. Des voyageurs des Banou Qayn étaient passés par là et ils avaient enlevé Zayd devant la tente ; ils firent de lui un esclave. Ils le vendirent pour 400 dirhams à Hakim Bin Hizam dans le marché d’Oukaz. Hakim Bin Hizam présenta ensuite Zayd à Khadija Bint Khuwailid, qui était sa tante paternelle. Par la suite, Khadija confia Zayd ainsi que tous ses esclaves au Saint Prophète Mohammad (s.a.w.). Selon un récit Zayd n’avait que huit ans lorsqu’il fut vendu à La Mecque. Son père était fort triste de sa disparition. Quelque temps après quelques membres de la tribu Banou Kalb, qui étaient à La Mecque pour le pèlerinage, reconnurent Zayd. Celui-ci leur demanda d’informer ses proches qu’il logeait chez une famille respectable des Banou Ma’ad tout près de la Ka’bah et qu’ils ne devaient pas s’attrister sur son sort.

Lorsque les Banou Kalb informèrent le père de Zayd celui-ci s’exclama : « Par le Seigneur de la Ka’bah ! Était-ce bien mon fils ? » Ils jurèrent qu’il s’agissait bien de lui et présentèrent des détails à son propos. Sur ce, Haritha, le père de Zayd, et son oncle se rendirent à La Mecque, se présentèrent au Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) et lui offrirent une rançon contre la liberté de Zayd. Le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) fit venir Zayd et lui demanda son opinion : mais Zayd refusa de repartir avec son père et son oncle.

Hazrat Mouslih Maw’oud a relaté cet incident en ces termes. Après le mariage, Khadīdja(r.a) comprit qu’elle était riche et que son époux était pauvre. Quand il aurait besoin de quelque chose il serait obligé de le lui demander et peut-être que cela ne lui plairait pas. Khadija était donc très perspicace. Elle sentit que cette inégalité entre eux serait une barrière à leur bonheur. Elle proposa donc de lui remettre tous ses biens ; ainsi le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) ne se sentirait pas l’obligé de son épouse. Il pourrait en user comme il lui plairait. Ainsi, quelques jours après le mariage Khadija dit au Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) : « Permettez-moi de vous faire une proposition. » L’Envoyé d’Allah lui demanda : « Laquelle ? » Khadidja répondit qu’elle souhaitait remettre tous ses biens et tous ses esclaves à l’entière disposition du Saint Prophète(s.a.w.). Elle ajouta qu’elle serait joyeuse et se sentirait chanceuse si le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) acceptait cela de sa part.

Sur ce le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) répondit : « Khadija, as-tu bien réfléchi sur cette décision ? Si tu m’offres tous tes biens, ils m’appartiendront et ne seront plus à toi. »

Khadija répondit : « J’ai bien réfléchi dessus et je pense que c’est le meilleur moyen de vivre en toute sérénité. »

Le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) lui demanda de réfléchir de nouveau. Khadija répondit qu’elle l’avait déjà fait. Le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) ajouta : « Si tu as bien réfléchi et si tu me confies tous tes biens et tes esclaves, eh bien sache que je ne souhaiterai pas avoir mon prochain pour esclave. J’affranchirai en premier tous les esclaves. »

Khadija (r.a.) répondit : « Ces biens vous appartiennent. Vous pouvez faire ce que vous souhaitez avec. »

Le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) fut fort ravi d’entendre cela. Il se rendit dans l’enceinte de la Ka’bah et annonça que Khadija lui avait confié tous ses biens et ses esclaves et qu’il allait tous les libérer.

Hazrat Mouslih Maw’oud explique : « Si quelqu’un reçoit des richesses aujourd’hui, il voudra s’acheter une voiture, se bâtir un pavillon ou partir voyager en Europe. »

J’ai aussi vu d’autres cas où si la femme confie ses biens au mari, celui-ci refuse de s’acquitter de ses devoirs envers celle-ci, même après avoir assouvi ses désirs. L’épouse vit dans la contrainte et après avoir eu tous ses biens, le mari tente d’asservir sa femme.

Or le statut du Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) était tout autre ; et d’ailleurs il a dépensé ces biens pour la cause de la foi et pour la cause de Dieu ; et il a mis fin à l’esclavage.

Le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) souhaitait libérer toute créature de Dieu, qui comme lui, était douée d’intelligence. Cette action était sublime eu égard à la situation de l’Arabie, voire celle du monde entier. Or il en a fait l’annonce devant le monde et il a fait montre d’une générosité extraordinaire en recevant ces biens. Tous les esclaves partirent lorsque le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) les affranchit, sauf Zayd Bin Haritha qui était plus tard connu comme son fils. Il ne quitta pas le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) et lui dit : « Vous m’avez affranchi, mais moi je ne souhaite pas la liberté. Je veux vivre en votre compagnie. »

Le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) insista et lui demanda de rentrer dans son pays et de rencontrer ses proches, étant donné qu’il était libre. Zayd répondit qu’il aimait le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) davantage en raison de l’affection qu’il avait montrée à son égard. Zayd appartenait à une famille riche mais avait été enlevé par des brigands quand il était tout petit : ils l’ont ensuite vendu. C’est ainsi qu’il se retrouva chez Khadija. Son père et son oncle étaient fort inquiets et se mirent à sa recherche. Ils se rendirent à Rome et apprirent qu’il était en Arabie. Ils surent qu’ils étaient à La Mecque et chez le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.). Ils se rendirent chez lui et lui dirent : « Nous avons entendu parler de votre bienveillance et de votre générosité. Notre fils est votre esclave. Nous sommes prêts à vous offrir le prix qui vous conviendra pour le libérer. Sa mère est vieille et la séparation l’a fait tant pleurer qu’elle est devenue aveugle. Nous vous serions reconnaissants de bien vouloir le libérer au prix qui vous conviendra. »

Le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) répondit : « Votre fils n’est pas mon esclave. Je l’ai libéré. » Ensuite, il fit venir Zayd et lui dit : « Ton père et ton oncle sont venus te chercher. Ta mère est vieille et elle est devenue aveugle en raison de ses larmes. Je t’avais libéré et tu n’es pas mon esclave. Tu peux partir avec eux. »

Zayd répondit : « Vous m’avez certes affranchi mais je ne souhaite pas la liberté. Je me considère comme votre esclave. »

Le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) répondit : « Ta mère souffre beaucoup et ton père et ton oncle sont venus de très loin et au prix de grandes difficultés. Repars avec eux. »

Le père et l’oncle de Zayd tentèrent en vain de le convaincre ; celui-ci refusa de partir avec eux. Il commenta : « Vous êtes certes mon père et mon oncle et vous m’aimez aussi. Or, je ne peux à présent briser le lien que j’ai établi avec le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.). Je suis fort peiné d’apprendre la souffrance de ma mère. Cela dit, je ne pourrai vivre loin du Saint Prophète Mohammad (s.a.w.). »

L’Envoyé d’Allah se rendit alors dans l’enceinte de la Ka’bah et annonça : « Zayd est, à partir de ce jour, mon fils en raison de l’amour qu’il a montré à mon égard. »

Le père et l’oncle de Zayd rentrèrent chez eux tout contents ayant constaté que celui-ci vivait dans le confort.

Quand Zayd fit montre de sa fidélité envers le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) ; celui-ci prouva sa grande affection à son égard.

L’on trouve mention de cet incident dans l’ouvrage Sirat-Khatamun-Nabiyyine. Quand son père et son oncle vinrent le chercher, le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) dit à Zayd : « Si tu veux partir avec eux, je te donne volontiers la permission de le faire. » « Je ne te quitterai en aucun cas, répondit Zayd, pour moi, tu es bien plus cher que mon oncle ou mon père. » Le père de Zayd répondit avec colère : « Quoi ?  Tu préfères une vie d’esclave à la liberté ? » « Oui, répondit Zayd, car j’ai été témoin en lui de telles vertus qu’à présent je ne peux donner préférence à personne au-dessus de lui. »

Quand Mohammad entendit cette réponse, il se leva immédiatement et emmena Zayd dans l’enceinte de la Ka’bah et annonça d’une voix forte : « Ô mon peuple !  Soyez témoin qu’à partir d’aujourd’hui, je libère Zayd et en fais mon fils. »

Il était d’ores et déjà libre, mais il en a fait l’annonce là-bas.

Le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) ajouta : « Il sera mon héritier et je serai le sien. »  Depuis lors, Zayd bin Haritha était connu sous le nom de Zayd bin Mohammad. Cependant, après l’hégire, Dieu a révélé un commandement selon lequel il est illégal de prendre un enfant adopté comme un fils réel. Sur ce, Zayd a de nouveau reçu son nom d’origine, Zayd bin Haritha.  Néanmoins, l’affection et l’attachement du Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) sont restés inchangés à l’égard de ce serviteur sincère ; au contraire, ils ont augmenté de jour en jour.  Après la mort de Zayd, le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) a montré le même attachement et amour envers son fils Ousamah bin Zayd, né de Oumm Ayman, sa servante.

Parmi les distinctions de Zayd est le fait qu’il est le seul dont le nom a été mentionné clairement dans le Coran de parmi les compagnons du Saint Prophète Mohammad (s.a.w.).

Selon les récits, Jabala, le frère aîné de Zayd, demanda au Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) de laisser Zayd partir avec lui. »

Il se peut que cet incident ait eu lieu par la suite.

Le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) répondit : « Voici ton frère ! Je ne vais pas le retenir s’il souhaite partir. » Sur ce Zayd répondit : « Ô Envoyé d’Allah ! Jamais je ne préférerais personne d’autre à vous ! »

Jabala relata par la suite que l’opinion de son frère était meilleure que la sienne. Jabala était plus âgé que Zayd et on lui demanda un jour qui d’entre eux était l’aîné. Jabala répondit que Zayd était plus grand que lui et qu’il était tout simplement né avant lui. Il signifiait par-là que Zayd était meilleur que lui étant donné qu’il avait embrassé l’islam avant lui.

‘Abdoullah Bin ‘Oumar relate ceci : « Nous appelions Zayd Bin Haritha, l’esclave affranchi du Saint Prophète Mohammad (s.a.w.), Zayd Bin Mohammad jusqu’à la révélation de ce verset :

ادْعُوهُمْ لِآَبَائِهِمْ هُوَ أَقْسَطُ عِنْدَ اللَّه

« Appelez-les du nom de leur père. Cela est plus équitable aux yeux d’Allah. » (33 : 6)

Bara relate que le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) dit ceci à Zayd : « Tu es notre frère et notre ami. »

Selon un autre récit le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) aurait dit : « Ô Zayd ! Tu es mon ami et tu es mien. Tu viens de moi et tu m’es le plus cher d’entre tous. »

Ibn ‘Oumar relate : « Mon père [le Calife] ‘Oumar avait fixé une allocation plus importante que la mienne à Ousama Bin Zayd, le fils de Zayd Bin Haritha. Quand je lui en ai demandé la raison, il me répondit : « L’Envoyé d’Allah aimait Ousama plus qu’il ne t’aimait. Il aimait aussi Zayd, son père, plus que ton père. »

‘Oumar expliqua [à son fils] que le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) aimait Zayd plus que lui.

‘Ali relate que Zayd, l’esclave affranchi du Saint Prophète Mohammad (s.a.w.), était le premier des hommes à croire en lui et à accomplir la Salat.

Hazrat Mouslih Maw’oud explique : « Allah avait accordé au Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) des gens appartenant à toutes les couches de la société. ‘Outhman, Talha et Zoubayr appartenaient à d’illustres familles de La Mecque. Si quelqu’un disait que des gens de la classe inférieure l’avaient accepté et pas de la haute société, ‘Outhman, Talha et Zoubayr étaient là pour lui répondre. Si un autre disait que le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) avait réuni autour de lui quelques personnes riches, et que les pauvres, qui sont en majorité dans le monde, ne l’avaient pas accepté, Zayd, Bilal ou les autres étaient là pour lui répondre. Si un autre disait qu’il n’avait réuni que des jeunes, on pourrait répondre qu’Abou Bakr n’était pas parmi les jeunes ou une personne sans expérience. Il avait certainement accepté le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) pour quelque raison [valable]. En somme chacun des suivants du Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) était une preuve vivante pour contrer l’argument présenté par l’adversaire du Saint Prophète Mohammad (s.a.w.). C’était là une grande faveur qu’Allah avait accordée au Saint Prophète Mohammad (s.a.w.). Allah en fait mention en ces termes :

وَوَضَعْنَا عَنْكَ وِزْرَكَ ۞ الَّذِي أَنْقَضَ ظَهْرَكَ

C’est-à-dire : « Ô Mohammad ! Le monde ne voit-il pas que Nous t’avons accordé tous les moyens par lesquels les gens de ce monde accèdent à la victoire ? Si le monde triomphe par la force de jeunes, prêts à faire des sacrifices, Nous t’en avons accordés. Si le monde triomphe en raison de l’intelligence de sages expérimentés, ils sont à tes côtés. Si le monde triomphe à l’aide de la richesse et l’influence de certaines familles, Nous t’en avons également accordées. Et si le monde triomphe à l’aide des sacrifices et de la fidélité de la classe populaire, alors Nous t’avons accordé tous ces serviteurs qui courent derrière toi. Comment est-il donc possible que tu échoues et que les Mecquois obtiennent la victoire ? »

Les versets

وَوَضَعْنَا عَنْكَ وِزْرَكَ ۞ الَّذِي أَنْقَضَ ظَهْرَكَ

signifient : « Nous avons Nous-même porté le fardeau qui courbait ton échine. Lorsque tu as débuté cette œuvre, tu t’es demandé comment tu allais réussir. En une seule journée Dieu t’as accordé cinq ministres. Il t’a accordé Abou Bakr afin de supporter le toit de l’islam, Il t’a accordé Khadija afin de supporter le toit de l’islam, Il t’a accordé Ali afin de supporter le toit de l’islam, Il t’a accordé Zayd afin de supporter le toit de l’islam, Il t’a accordé Waraqah bin Nawfal pour supporter le toit de l’islam. Ainsi le fardeau que tu portais seul a été réparti entre eux. »  

Le Mousleh Maw’oudra déclare : « Quatre personnes qui l’ont côtoyé de très près ont cru en lui. Khadija était sa femme, ‘Ali son cousin, Zayd l’esclave qu’il avait affranchi et Abou Bakr, son ami. Ils ont eu foi en lui car ils savaient pertinemment qu’il ne pouvait pas mentir. »

Ils étaient tous proches de lui. Hazrat Mirza Bashir Ahmad Saheb décrit l’acceptation de l’islam par Zayd en ces termes : 

« Lorsque le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) lança sa mission de prédication, la première personne qui accepta l’islam était Khadija qui n’a pas hésité un seul instant. Il y a des avis divergents au sujet de qui était le premier homme à avoir accepté l’islam après Khadija. D’aucuns disent qu’il s’agirait d’Abou Bakr ‘Abdoullah Abi Qahafa ; d’autres disent qu’il s’agirait de ’Ali, qui n’était alors âgé que de dix ans, ou de Zayd bin Haritha. Mais selon nous ce débat est inutile. ‘Ali et Zayd bin Haritha étaient des membres du foyer du Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) et restaient avec lui tels ses propres enfants. Le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) n’avait qu’à s’exprimer et ils croyaient aussitôt ce qu’il disait. Il n’était donc peut-être même pas nécessaire d’obtenir une acceptation verbale de leur part. Mettre leurs noms au cœur de ce débat est inutile. Parmi tous ceux qui restaient, Abou Bakr était sans nul doute le premier des croyants. » C’est-à-dire qu’il était parmi [les premiers] des gens matures et doués de perspicacité [à embrasser l’islam]. Par la grâce d’Allah, même les enfants de cette époque étaient doués d’intelligence. Parmi les hommes, Abou Bakr avait accepté consciencieusement [l’islam] et avait beaucoup d’expérience. Ils étaient donc quatre : trois hommes et une femme à avoir eu foi en la personne du Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) et ils avaient un haut statut comme l’a mentionné Hazrat Mouslih Maw’oud.

Zayd était aux côtés du Saint Prophète Mohammad (s.a.w.), lors de son voyage à Taif. Taif se trouve à environ 58 kilomètres au sud-est de La Mecque. Il s’agit d’un endroit très verdoyant producteur de fruits de haute qualité et où résidaient les membres de la tribu Thaqîf. Après le décès d’Abou Talib, les membres des Qouraych avaient repris leurs persécutions contre le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) ; celui-ci partit donc pour Taif en compagnie de Zayd bin Haritha. Cet incident a eu lieu en l’an 10 du prophétat, vers la fin du mois de Chawwal. Ils résidèrent dix jours à Taif, et lors de ce séjour il rendit visite à l’ensemble des chefs de Taif, mais personne n’accepta son invitation. Ils avaient peur que leurs jeunes et les gens ordinaires ne se laissassent influencer et acceptassent cette invitation à l’islam. Ils dirent : « Ô Mohammad ! Quitte notre ville et va là où ton invitation a été acceptée ! » Ensuite ils montèrent des jeunes errants contre lui, qui lui jetèrent des pierres, au point où son sang coulait jusqu’à ses deux pieds. Zayd bin Haritha essayait de prendre sur lui les pierres visant le Saint Prophète Mohammad (s.a.w.), ce qui lui causa de multiples blessures à la tête.

Je présenterai d’autres récits liés à Zayd dans le prochain sermon, Incha Allah.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

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