Sermon du vendredi 27 octobre 2023, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :
J’évoquais la biographie du Saint Prophète (s.a.w.). Les récits d’Al-Boukhâri évoquent l’incident quand il a encouragé sa fille et son gendre à prier le Tahajjoud.
‘Ali Ibn Abi Talib relate : « Une nuit, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est venu chez moi et chez sa fille Fâtimah et nous a demandé : « N’accomplissez-vous pas la Salât [de Tahajjoud] ? » J’ai répondu : « Ô Envoyé d’Allah ! Nos âmes sont entre les mains d’Allah. Il nous réveille quand Il souhaite nous réveiller. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ne m’a pas répondu et il est rentré. »
‘Ali déclare : « J’ai entendu le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) déclarer en partant et en frappant sa cuisse :
وَكَانَ الْإِنْسَانُ أَكْثَرَ شَيْءٍ جَدَلًا
« L’homme est querelleur plus que toute autre chose. »
Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) présente ainsi cet incident : « Une nuit, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) s’est rendu auprès de son gendre et de sa fille Fâtimah et leur a demandé : « Accomplissez-vous la prière (de Tahajjoud) ? » C’est-à-dire la prière accomplie au milieu de la nuit. ‘Ali de répondre : « Ô Prophète d’Allah ! Nous essayons de le faire. Mais si Dieu souhaite que nos yeux restent fermés nous n’arrivons pas à l’accomplir. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Accomplissez la prière (de Tahajjoud). » Ensuite, il est parti dans la direction de sa maison ; et en cours de route, il répétait :
وَكَانَ الْإِنْسَانُ أَكْثَرَ شَيْءٍ جَدَلًا
Il s’agit d’un verset du Coran qui signifie que souvent l’homme hésite à avouer ses fautes et il présente des prétextes pour les cacher. Au lieu d’avouer qu’ils commettaient des fautes de temps à autre, ‘Ali et Fâtimah ont déclaré qu’ils se réveillent quand Allah le souhaite. Pourquoi devaient-ils attribuer leur faute à Allah ? »
Hazrat Mouslih Maw’oud explique davantage cet incident. Il déclare : «’Ali (r.a.) relate qu’il avait un jour répliqué au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Au lieu de se mettre en colère ou de s’en indigner, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a démontré une réaction des plus subtiles et jusqu’à ses derniers jours ‘Ali en a peut-être tiré un doux plaisir. Certes, il y avait droit. Mais même aujourd’hui toute personne imbue de perspicacité s’émerveille face à cette expression de déplaisir du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).
‘Ali déclare dans un hadith du Boukhâri : « Une nuit, le Messager d’Allah (s.a.w.) est venu vers moi et Fâtimah, sa fille, et a demandé : « N’accomplissez-vous pas la prière (de Tahajjoud) ? » J’ai répondu : « O Messager d’Allah (s.a.w.) ! Nos âmes sont entre les mains d’Allah et s’Il veut que nous nous réveillions, nous nous réveillons. » Quand j’ai dit cela, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) nous a quittés sans rien dire et je l’ai entendu énoncer tandis qu’il se frappait la cuisse : « L’homme est des plus querelleurs. » »
Voyez comment le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a expliqué de manière subtile à ‘Ali qu’il ne devait pas offrir pareille réponse. Tout autre que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) aurait rétorqué : « Regarde mon statut et regarde ta réplique. As-tu le droit de rejeter mes propos ainsi ? » Ou il aurait pu dire : « Il est faux de dire que l’homme est contraint et que toutes ses actions dépendent d’Allah et qu’Il le pousse à agir comme bon Lui semble ; que Dieu peut lui accorder la possibilité d’accomplir la Salât ou pas. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) aurait pu dire que le Coran n’accepte pas la contrainte. Mais le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) n’a adopté aucune de ces deux postures. Soit il n’était pas en colère contre eux ; ou bien il n’a pas voulu discuter pour faire comprendre à ‘Ali son erreur. Il s’est tout simplement détourné de lui et a exprimé son étonnement en disant que l’homme est étrange : il trouve toujours des réponses à son avantage et commence à débattre. La déclaration du Saint Prophète (que la paix soit sur lui) regorgeait de leçons inestimables. Même s’ils s’étaient disputés des centaines de fois, d’autres personnes n’auraient pas pu transmettre ne serait-ce qu’une fraction de ces enseignements. »
De ce hadith, nous pouvons tirer de nombreuses leçons éclairant divers aspects de la moralité du Saint Prophète (que la paix soit sur lui). Il est approprié de les mentionner ici.
Hazrat Mouslih Maw’oud (ra) déclare en outre : « Premièrement, ce hadith révèle à quel point le Saint Prophète (s.a.w.) était attaché à la pratique religieuse et à sa foi. Il visitait personnellement les maisons de ses proches durant la nuit et s’occupait de leurs besoins à cet égard. De nombreuses personnes, même vertueuses, conseillent aux autres de suivre cette voie, mais leur propre domicile est en ruine, et ils sont incapables de réformer les membres de leur propre famille. Le dicton suivant s’applique à eux : « L’obscurité se trouve sous la lanterne ». Une lanterne projette de la lumière dans son entourage, mais l’obscurité persiste en dessous d’elle. Ces personnes donnent des conseils à autrui, sans vérifier si les membres de leur propre famille profitent de leur lumière.
Cependant, le Saint Prophète (s.a.w.) souhaitait que les membres de sa maisonnée profitassent également de cette lumière spirituelle avec laquelle il voulait illuminer le monde. Pour ce faire, le Saint Prophète (s.a.w.) les conseillait constamment et les questionnait régulièrement à ce propos et évaluait leur état. Si le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ne se souciait pas de la formation morale des membres de sa propre famille, un trait inestimable aurait fait défaut dans ses excellences morales.
Étant donné que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) possédait de hautes valeurs morales, cette qualité brillait chez lui.
Le deuxième aspect est la conviction absolue que le Saint Prophète (s.a.w.) avait dans l’enseignement qu’il a présenté au monde. Pas même un seul instant le Saint Prophète (s.a.w.) n’a eu de doute concernant ces préceptes. Les gens allèguent que – Dieu nous en préserve – le Saint Prophète (s.a.w.) n’a reçu aucune révélation divine et n’a fait tout cela que pour tromper le peuple et établir ainsi son propre règne. (C’est ce qu’allèguent les détracteurs de l’islam. Les orientalistes, ainsi que les mécréants de l’époque, répètent la même chose). Cependant, ce n’était évidemment pas le cas. Le Saint Prophète (s.a.w.) avait une telle conviction en sa prophétie et dans le fait d’avoir été mandaté par Dieu qu’on ne peut trouver un tel exemple dans le monde. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) aurait pu user de feintes devant les gens afin de prouver sa véracité. Mais il n’est pas possible [pour un imposteur] de se rendre au milieu de la nuit chez sa propre fille et son gendre et leur demander s’ils ont accompli la prière qui est offerte en pleine nuit – qui n’est même pas obligatoire – mais qui est volontaire pour les croyants. Visiter la maison de sa fille et de son gendre à un tel moment et les encourager à offrir la prière de Tahajjoud prouve la conviction absolue qu’avait le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) dans cet enseignement qu’il souhaitait inculquer aux autres.
Un imposteur – pour qui il n’y aurait aucune différence à appliquer ou pas le précepte [qu’il enjoint] – n’aurait pas encouragé ses enfants de le suivre à une heure aussi discrète. »
En d’autres termes un [imposteur] ne conseillera jamais ses propres enfants [à l’insu des autres].
« Cela est possible uniquement lorsqu’on est convaincu que sans suivre cet enseignement, on ne peut atteindre aucune excellence. »
Le troisième point est la raison pour laquelle j’ai présenté ce récit. Le Saint Prophète (s.a.w.) faisait preuve de tolérance lorsqu’il voulait expliquer quelque chose. Au lieu de se quereller avec une personne, il l’informait avec amour au sujet d’une erreur qu’elle avait commise. A ce moment, ‘Ali (ra) a rétorqué : « Si nous nous endormons, comment pouvons-nous être sûr de nous réveiller ? Car une personne endormie ne peut contrôler le moment de son réveil. » En effet, quand une personne s’endort, elle ne sait pas l’heure qu’il est, ou encore qu’il est temps de faire ceci ou cela. Il a ajouté : « Si Dieu nous permet de nous réveiller alors nous offrons la prière, sinon nous ne pouvons le faire. » À l’époque, les réveille-matin n’existaient pas. En entendant cela, le Saint Prophète (s.a.w.) s’était étonné, car son degré de foi ne lui permettait jamais d’être négligent au point où l’heure de Tahajjoud soit passée et qu’il n’en soit pas au courant. Ainsi, en détournant son visage, il a simplement déclaré : « Au lieu d’accepter [un conseil], l’homme préfère rétorquer. » C’est-à-dire : « Tu aurais dû dire que la prochaine fois tu essaieras de ne pas laisser passer ce moment, au lieu de répliquer ainsi. » ‘Ali (ra) a déclaré : « Depuis ce moment, je n’ai jamais été négligent par rapport à la prière de Tahajjoud. »
Cet incident doit nous inciter à accomplir la prière de Tahajjoud. Les missionnaires, les Wâqifîn-e-Zindagi (personnes dédiées à la cause) et les titulaires de postes doivent y prêter une attention particulière. Ce sont les prières nocturnes qui attirent la grâce d’Allah le Très-Haut et elles sont particulièrement nécessaires de nos jours pour sauver le monde de la destruction.
Ensuite, dans le déroulement des événements, on trouve mention de l’expédition contre les Banou Qaynouqâ’ en l’an 2 de l’Hégire. Après la migration du Saint Prophète à Médine, la situation des mécréants arabes a changé. Ils ont été classés en trois catégories. La première consistait de ceux avec lesquels le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a conclu une entente de non-agression, les engageant à ne pas le combattre et à ne pas soutenir ses ennemis. Les trois tribus juives ayant accepté ces termes étaient les Banou Qouraydhah, les Banou Al-Nadîr et les Banou Qaynouqâ’.
Les autres, c’étaient ceux qui ont combattu Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) par hostilité, principalement les Qouraych. La troisième catégorie comprenait ceux qui avaient laissé le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et attendaient la fin de son règne, à l’instar des autres tribus arabes.
Leur situation était également différenciée. Certains, à l’instar de la tribu des Banou Khouzâ’ah, souhaitaient secrètement la domination des musulmans. En revanche, d’autres, comme les Banou Bakr, étaient opposés aux musulmans. Il y avait aussi des hypocrites qui se montraient extérieurement loyaux envers les musulmans tout en soutenant secrètement les ennemis du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).
Dès son arrivée à Médine, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a conclu un accord avec toutes les tribus juives. Ce pacte a été consigné par écrit, et chaque faction [parmi les musulmans] s’était jointe à ses alliés. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a conclu un pacte comportant de nombreuses conditions avec ces tribus. L’une de ces conditions stipulait qu’ils ne devaient pas apporter leur aide à un ennemi contre le Prophète (s.a.w.).
Tel était le pacte conclu [entre le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et les diverses tribus]. Voici ce que disent les recueils d’histoire sur la sédition des Banou Qaynouqâ’. Ibn Ishâq évoque un vieil homme, Al-Ach’ath Ibn Qays, dont le cœur était plein de méchanceté et de jalousie envers les musulmans. Un jour il passa par un endroit où siégeait des compagnons appartenant aux tribus Aws et Khazraj.
Lorsqu’il constata que, grâce à l’islam, ils avaient surmonté leur inimitié mutuelle de l’époque de l’ignorance et qu’ils étaient maintenant assis ensemble dans l’amour et la paix, il s’enflamma de jalousie. Sur un coup de tête, il s’exclama : « Banou Qayla ! » (en s’adressant aux chefs des Banou Aws et des Khazraj qui s’étaient unis). Par Allah ! Si les notables des Aws et des Khazraj sont en harmonie, nous ne pouvons plus demeurer parmi eux ! » Il a tenté de semer la zizanie entre eux. Un jeune Juif l’accompagnait. Il lui demanda de s’asseoir parmi eux, d’évoquer la bataille de Bou’ath et d’autres événements du passé, et de réciter quelques couplets écrits en relation avec ces événements.
La bataille de Bou’ath s’est déroulée à l’époque de l’ignorance entre les tribus des Aws et des Khazraj ; et les Aws l’avaient remportée.
À cette époque, le chef des Aws était Houdayr Ibn Simâk Al-Achhali, le père d’Ousayd. Le chef des Khazraj était ‘Amr Ibn Al-Nou’mân Al-Bayâdi. Les deux ont perdu la vie lors de cette bataille. Pendant ce temps, ce jeune Juif s’est assis parmi les musulmans : il a fait mention de ce conflit et a allumé un feu. Les anciennes rivalités entre les Aws et les Khazraj ont ressurgi, provoquant des chicanes. Ils se sont disputés et ont commencé à faire des fanfaronnades. L’affaire a atteint un tel degré d’hostilité qu’un homme de chaque tribu s’est mis à genoux pour confronter l’autre lui faisant face et en échangeant des réprimandes. La rivalité s’est intensifiée, avec les Aws représenté par Aws Ibn Qaydhî et les Khazraj par Jabbâr Ibn Sakhr.
Pendant la discussion, l’un d’entre eux a proposé de reprendre immédiatement les hostilités. Cette suggestion a provoqué la colère des deux camps, qui se sont déclarés prêts à combattre.
D’une part, ils avaient embrassé l’islam, mais de l’autre, cette hostilité de l’époque de l’ignorance persistait. Le lieu fixé pour le combat était Al-Harrah. Harrah signifie une terre noire rocailleuse. À l’est de Médine se trouve Harrat Wâqim, également appelée Harrat Bani Qouraydhah. La seconde est Harrat Al-Wabrah, situé à cinq kilomètres à l’ouest de Médine.
Il y a une distance de cinq kilomètres entre les deux Harrahs.
Soudain, un tumulte a éclaté : « Aux armes ! Aux armes ! » L’atmosphère est devenue incandescente, et des préparatifs de guerre ont été entamés de part et d’autre. Les membres des deux tribus se sont dirigés vers Al-Harrah à l’heure convenue. On aurait dit qu’une guerre sanglante était sur le point d’éclater, mais la volonté d’Allah était que le Messager d’Allah (s.a.w.) fût informé de la situation.
Dès qu’il a eu connaissance de la situation, il s’est rendu immédiatement chez les Aws et les Khazraj, accompagné de ses compagnons émigrés. Il leur a adressé des paroles empreintes de sagesse en disant : « Allah ! Allah ! Vous répondez à l’appel de l’ère pré-islamique malgré ma présence et ce après qu’Allah vous ait honorés en vous guidant vers l’islam ! Il vous a purifiés de l’ignorance, Il a extirpé la mécréance de votre vie et a instauré l’affection dans vos cœurs. (Commettez-vous ces actions malgré ces bienfaits) ? »
Ces paroles de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) ont eu un impact si profond qu’ils ont exprimé de vifs regrets pour leurs actions et se sont mis à pleurer. Les Aws et les Khazraj, qui s’étaient rassemblés en vue d’une confrontation, se sont embrassés, puis sont revenus avec l’Envoyé d’Allah (s.a.w) en manifestant ainsi leur soumission. » Ce récit provient de la biographie d’Ibn Hichâm.
Voici les faits sur la violation par les Juifs des termes de leur traité. Quand Allah a accordé aux musulmans une victoire extraordinaire lors de la bataille de Badr, l’attitude rebelle (des Juifs) s’est manifestée au grand jour, ainsi que la jalousie qu’ils nourrissaient à l’égard du Saint Prophète (s.a.w.) et des musulmans. En raison de leur inimitié et de leur haine, ils mirent fin à leur traité et dirent : « Ô Muhammad (s.a.w.) ! Penses-tu que nous sommes comme ton peuple ? Détrompes-toi, car vous autres avez combattu un peuple qui ne connaissait pas l’art de la guerre, et vous avez pu le vaincre. » (En d’autres termes, ils faisaient référence à la bataille de Badr au cours de laquelle les musulmans ont vaincu les mécréants de La Mecque. Nous, nous sommes courageux).
« Par Dieu, si vous nous aviez combattus, vous auriez vu que nous sommes de vrais hommes. » Les Banou Qaynouqâ’ étaient la première des trois tribus juives à rompre son traité et à faire preuve de traîtrise.
Il existe également un incident au cours duquel ils ont harcelé une femme musulmane.
Un autre incident s’est produit en sus de leur inimitié envers le Saint Prophète (s.a.w.) : la femme d’un compagnon Ansâri avait apporté ses marchandises au marché des Banou Qaynouqâ’, dont des chameaux et des chèvres, afin de les vendre et d’en tirer un bénéfice. Elle a vendu ses marchandises sur la place du marché des Banou Qaynouqâ’, puis elle s’est rendue dans une bijouterie juive où elle s’est assise pour regarder des bijoux alors qu’elle avait le visage et le corps couverts. À ce moment-là, des hommes juifs grossiers ont insisté pour qu’elle dévoile son visage, mais elle a refusé. Suite à cela, le propriétaire de la bijouterie s’est levé et a attaché discrètement le coin de son voile à quelque chose derrière elle. Selon une autre narration, il aurait attaché une partie de son vêtement extérieur avec un clou ou une épine.
La dame l’ignorait et lorsqu’elle s’est levée pour partir, son vêtement s’est détaché parce qu’il était accroché à quelque chose, dévoilant ainsi des parties de son corps, ce qui a fait rire les Juifs. En raison de cet acte immoral, la dame s’est mise à crier. Or un musulman passait par là. Dès qu’il a vu l’acte malicieux des Juifs, il a sauté sur le bijoutier juif et l’a tué avec son épée. Sur ce, les Juifs ont attaqué le musulman et l’ont tué. À la suite de cet incident, les musulmans ont éprouvé une grande colère à l’égard des Banou Qaynouqâ’. Le Saint Prophète (s.a.w.) a déclaré que le traité entre les musulmans et cette tribu interdisait pareil acte.
‘Oubâdah Ibn Al-Sâmit (ra) a déclaré : « Ô Messager d’Allah (s.a.w.). Je suis avec Allah, Son messager (s.a.w.) et les musulmans et je m’absous de ce traité. »
Le Saint Prophète (s.a.w.) a tenté de conseiller les Banou Qaynouqâ’ ; mais au lieu de revenir à la raison, ils ont proféré ouvertement des menaces.
Les détails à ce sujet sont les suivants : le Saint Prophète (s.a.w.) a rassemblé les Banou Qaynouqâ’ et dit : « Ô groupe de Juifs, tâchez de vous prémunir de la destruction d’Allah, à l’instar de celle qu’Il a fait descendre sur les Qouraych à l’occasion de Badr. Faites donc preuve d’obéissance, car vous savez que je viens d’Allah et que je suis Son messager. Cette vérité se trouve dans votre livre et dans le pacte qu’Allah a établi avec vous. »
Ils ont répliqué : « Ô Muhammad (s.a.w.) ! Tu penses peut-être que nous sommes comme ton peuple. Détrompes-toi car vous autres avez combattu un peuple qui ne connaissait pas l’art de la guerre, et vous avez pu le vaincre facilement. Par Dieu ! Si vous vous battez contre nous, vous découvrirez ce qu’est la vraie bravoure! »
Selon un autre récit quand le Saint Prophète (s.a.w.) a appris la violation du traité par les Juifs après la bataille de Badr, il a rassemblé les Banou Qaynouqâ’ sur la place du marché et les a mis en garde. C’était là leur réponse à cet avertissement. Les Juifs des Banou Qaynouqâ’ se sont enfermés dans leur forteresse. Après ces faits ils se sont réfugiés dans leur forteresse. Le Saint Prophète (s.a.w.) s’est dirigé vers eux et a nommé Abou Loubaba comme son adjoint à Médine. Le drapeau du Saint Prophète était blanc ; il était entre les mains de son oncle, Hamza (ra). Par la suite, les Banou Qaynouqâ’ ont été assiégés.
En voici les détails. Le Saint Prophète (s.a.w.) a assiégé de manière implacable les Juifs des Banou Qaynouqâ’ pendant 15 jours. Il était parti pour cette expédition le 15 du mois de Chawwâl et y est demeuré jusqu’à la nouvelle lune du mois de Dhou’l-Qa’dah. Allah a fait naître la crainte des musulmans dans leurs cœurs.
Parmi les Banou Qaynouqâ’, 400 guerriers ont été déployés pour protéger le fort ; 300 étaient revêtus d’une armure. En fin de compte, les Juifs on été frustrés par le siège et ont demandé au Saint Prophète (s.a.w.) de leur accorder un passage sûr afin de quitter Médine pour toujours. Ils ont demandé d’épargner leurs femmes et leurs enfants promettant de laisser derrière eux leurs richesses et leurs biens. Cela comprenait leurs armes, etc. Le Saint Prophète (s.a.w.) a accepté cette proposition et leur a donné l’ordre de quitter Médine. Ceci a été mentionné dans Al-Sîrat Al-Halabiyyah.
On trouve également un autre récit concernant ces faits dans la plupart des biographies du Saint Prophète (s.a.w.). ‘Abdoullah Ibn Oubay Ibn Saloul aurait rendu visite au Saint Prophète (s.a.w.) à de nombreuses reprises. Il était un confédéré des Banou Qaynouqâ’ et tentait à maintes reprises d’intercéder en leur faveur ; il a supplié le Saint Prophète (s.a.w.) par divers moyens de pardonner les Banou Qaynouqâ’, de ne pas les tuer et de leur permette de partir.
Ce récit donne l’impression que le Saint Prophète (s.a.w.) avait décidé de les tuer mais qu’ils ont été pardonnés grâce aux suppliques incessantes d’Abdoullah Ibn Oubay. Or, cette impression est erronée. Le Saint Prophète (s.a.w.) n’a jamais eu l’intention de tuer leurs femmes, leurs enfants ou aucun des leurs. En réalité, des récits comme celui-ci sont douteux. Un historien du nom de Syed Barakat Ahmad, qui se prononce sur ces récits de ce type, écrit dans son livre : « Après que les Juifs avaient jeté leurs armes, ‘Abdoullah Ibn Oubay est venu trouver le Saint Prophète (s.a.w.) et lui a dit : « Traitez mes alliés avec bonté, s’il vous plaît. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a répondu : « Que tu sois ruiné ! Laisse-moi. »
‘Abdoullah Ibn Oubay a répondu : « Absolument pas ! Par Dieu ! Je ne vous laisserai pas partir tant que vous ne m’aurez pas assuré que vous traiterez mes alliés avec bonté. Allez-vous les tuer ? Je jure par Dieu que je suis sûr que les circonstances changeront. » Le Saint Prophète (s.a.w.) aurait répondu : « Très bien, pourquoi ne les prends tu pas avec toi ? » Ibn Ishâq, Al-Wâqidi et Ibn Sa’d ont tous rapporté cet incident. La lecture de ces trois récits donne l’impression qu’Abdoullah Ibn Oubay avait une certaine influence sur le Saint Prophète (s.a.w.). Cependant, les mots qu’Abdoullah Ibn Oubay aviat prononcés dans son plaidoyer semblent ambigus. D’après la narration d’Ibn Ishâq, rien n’indique que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) aurait émis l’intention de tuer les Banou Qaynouqâ’. Ceci n’est prouvé par aucun historien. Mais Al-Wâqidi l’indique de la manière la plus explicite et Ibn Sa’d a mentionné la même narration.
Toutefois, à cet égard, nous devons garder à l’esprit que même si le Saint Prophète (s.a.w.) était un dirigeant politique, il n’a jamais traité ses ennemis avec dureté. Il n’aimait pas la violence et s’il a jamais mis les pieds sur un champ de bataille, c’est uniquement parce qu’il y était contraint. Même sur le champ de bataille, il évitait les effusions de sang inutiles. Il a assiégé les Banou Qaynouqâ’ qui ont demandé sa protection. C’est pour cette raison que les Banou Qaynouqâ’ ont été exilés.
Les détails de cet exil sont les suivants : conformément à leur demande, cette tribu juive a été contrainte à l’exil. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a nommé ‘Oubadah Ibn Al-Sâmit (ra) pour superviser les préparatifs de leur exil et leur a donné un délai de trois jours pour quitter Médine. Ils ont quitté Médine en l’espace de trois jours. Selon un récit, les Juifs ont demandé plus de temps à ‘Oubadah, mais le Saint Prophète (s.a.w.) ne leur a pas accordé une heure de plus et les a fait partir sous sa propre supervision.
Ils ont quitté Médine et se sont dirigés vers Adhri’ât, une ville du Levant. Selon un récit, Muhammad Ibn Maslamah (ra) a été chargé de superviser leur exil. Il est tout à fait possible qu’ils aient tous deux été chargés de superviser les préparatifs. Quoi qu’il en soit, lorsque les Juifs sont partis ils ont a découvert de nombreuses armes dans leurs domiciles. Cela s’explique par le fait qu’ils étaient les plus riches, les plus courageux et les plus aguerris parmi les tribus juives. Parmi ces armes, le Saint Prophète (s.a.w.) choisit trois arcs, deux cottes de mailles, trois épées et trois lances. Les noms des arcs étaient Al-Koutoum, Al-Rawhâ’et Al-Baydâ’. Al-Koutoum fut brisé lors de la bataille d’Ouhoud. Les deux cottes de mailles s’appelaient Al-Soughdiyyah et Al-Fiddah. En outre, il y avait trois lances et trois épées. L’une des épées s’appelait Al-Wali, l’autre Al-Batar, tandis que la troisième n’était pas nommée. Ceci est rapporté dans Al-Sîrat Al-Halabiyyah.
Le livre « La vie et le caractère du Sceau des Prophètes (s.a.w.) » relate ceci à propos de l’expédition des Banou Qaynouqâ’ :
« Quand le Saint Prophète (s.a.w.) a émigré de La Mecque et s’est établi à Médine, il s’y trouvait trois tribus juives, les Banou Qaynouqâ’, les Banou Al-Nadîr et les Banou Qouraydhah. Dès que le Saint Prophète (s.a.w.) est venu à Médine, il a conclu des traités de paix et de sécurité avec ces tribus et a jeté les bases d’une cohabitation pacifique et harmonieuse. En vertu de l’accord, toutes les parties étaient responsables du maintien de la paix et de la sécurité à Médine ; et si un ennemi étranger devait attaquer Médine, tous étaient collectivement responsables de sa défense. Au début, les Juifs se sont conformés au traité, et, au moins ouvertement, n’ont pas créé de conflit avec les musulmans. Cependant, lorsqu’ils ont remarqué que les musulmans se renforçaient à Médine, ils ont changé d’attitude et ont fermement résolu de mettre un terme à ce pouvoir croissant des musulmans. À cette fin, ils ont employé toutes sortes de stratagèmes licites et illégaux, à tel point qu’ils n’ont même pas hésité à semer la zizanie parmi les musulmans et ainsi déclencher une guerre civile.
Selon un récit, à une occasion, un groupe important de gens appartenant aux tribus des Aws et Khazraj étaient assis ensemble et conversaient avec amour et harmonie, lorsqu’un Juif fauteur de trouble est venu dans ce rassemblement et a évoqué la bataille de Bou’ath, une guerre sanglante qui avait eu lieu entre ces deux tribus quelques années avant la migration, et au cours de laquelle de nombreux membres des Aws et des Khazraj avaient été tués. Dès la mention de ce conflit, les souvenirs du passé ont été rafraîchis et les scènes de l’ancienne inimitié ont commencé à défiler devant les yeux de plusieurs personnes émotives. En conséquence, en passant par des remarques satiriques, des railleries et des calomnies, la situation s’est aggravée à un point tel que les deux parties étaient à couteaux tirés. Remercions Dieu, cependant, que le Saint Prophète (s.a.w.) ait été averti en temps voulu et qu’il se soit rendu immédiatement sur les lieux avec un groupe de Mouhâjirîn et qu’il ait pu calmer les deux parties ; il les a réprimandés en disant : « Suivez-vous une voie d’ignorance tandis que je suis parmi vous ? N’appréciez-vous pas la faveur de Dieu qui, à travers l’islam, vous a faits frères ? » Les Ansâr ont été si émus par cet avertissement qu’ils ont eu les larmes aux yeux, et ils se sont embrassés tout en se repentant de leur action.
Après la bataille de Badr et la victoire éclatante sur une armée féroce de Qouraychites, victoire accordée par Allah aux musulmans en dépit de leur nombre et leurs moyens limités et suite à la mort d’éminents chefs de la Mecque, les Juifs de Médine brûlaient de jalousie. Ils ont lancé ouvertement des commentaires cinglants contre les musulmans, affirmant publiquement lors de rassemblements : « Vaincre l’armée des Qouraychites n’est guère un prodige. Que Muhammad (s.a.w.) nous combatte et alors nous vous montrerons comment on se bat ! » Ils ont répété ces paroles au visage du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lors d’une rencontre.
Après la bataille de Badr, quand le Saint Prophète (s.a.w.) est retourné à Médine, un jour, il a rassemblé les Juifs et leur a prodigué des conseils. Il leur a présenté sa déclaration de prophète et les a invités à l’islam. Les chefs juifs ont répondu à ce message pacifique et sympathique du Saint Prophète (s.a.w.) par les mots suivants : « Ô Muhammad (s.a.w.) ! Il semble que tu sois peut-être devenu arrogant après avoir tué quelques Qouraychites. Ces gens n’étaient pas des guerriers. Si tu nous combats, tu connaîtras qui sont de véritables guerriers. »
Les Juifs ne se sont pas contentés d’une simple menace : ils ont même commencé à ourdir des complots pour assassiner le Saint Prophète (s.a.w.). Selon un récit, durant ces jours un Compagnon fidèle du nom de Ṭalhah Ibn Al-Barâ’était sur le point de mourir. Ses derniers vœux étaient : « Si je meurs la nuit, n’informez pas le Saint Prophète (s.a.w.) de ma prière funéraire, de peur qu’un malheur ne s’abatte sur lui de la part des Juifs à cause de moi. »
Après la bataille de Badr, les Juifs ont ouvertement semé des troubles à Médine. Les Banou Qaynouqâ’ étant la plus puissante parmi les tribus juives de Médine – et la plus audacieuse – elle était la première à violer le traité. Les historiens écrivent : « Parmi les Juifs de Médine, les Banou Qaynouqâ’ furent les premiers à rompre le traité conclu entre eux et le Saint Prophète (s.a.w.). »
Après Badr, ils se sont rebellés violemment et ont ouvertement exprimé leur rancœur et leur jalousie ; et ils ont rompu leur traité.
Malgré ces événements, sous la direction de leur Maître, les musulmans ont fait preuve de patience à tous égards et n’ont pas pris les devants. Selon un hadith, après le traité conclu avec les Juifs, le Saint Prophète (s.a.w.) prenait un soin particulier à protéger leurs sentiments.
(Ils faisaient montre d’hostilité tandis que l’Envoyé d’Allah (s.a.w) honorait leurs sentiments.)
Une fois, une dispute a éclaté entre un musulman et un Juif. Le Juif affirmait la supériorité de Moïse sur tous les autres Prophètes. Le Compagnon en a été irrité et il a traité quelque peu durement ce Juif en répondant que le Saint Prophète (s.a.w.) était supérieur à tous les Messagers. Le Saint Prophète (s.a.w.) a été mécontent lorsqu’il en a été informé et a réprimandé ce Compagnon en disant : « Ce n’est pas à toi d’indiquer qui est le plus grand parmi les prophètes Dieu. » Ensuite, le Saint Prophète (s.a.w.) a évoqué une excellence de Moïse et a consolé le Juif. Malgré cette conduite aimante du Saint Prophète (s.a.w.), les Juifs n’ont pas cessé d’intensifier leurs méfaits. Finalement, ce sont les Juifs qui ont été la cause de la guerre ; et leur animosité refoulée n’a pu être contenue.
Une musulmane s’est rendue dans la boutique d’un Juif au marché pour acheter des produits (comme évoqué précédemment en détail). Quelques Juifs pervers, présents eux aussi dans le magasin, ont commencé à la harceler grossièrement. À l’insu de la dame, le commerçant a attaché l’ourlet inférieur de sa jupe au manteau qui la recouvrait avec une épine ou un objet de ce genre.
Lorsque la dame s’est levée pour partir en raison de leur comportement grossier, la partie inférieure de son corps a été exposée. Le commerçant juif et ses complices ont éclaté de rire. Outragée, la musulmane a crié et a appelé à l’aide. Un musulman était présent à proximité. Il s’est précipité sur les lieux et, dans une altercation, le commerçant juif a été tué. À la suite de quoi, le musulman a été transpercé d’épées de toutes parts et mis à mort. Les musulmans, indignés par cet incident, ont eu les yeux gorgés de sang et de rage. D’autre part, les Juifs ont souhaité faire de cet épisode une excuse pour se battre. Ils se sont rassemblés et une émeute a éclaté.
Lorsque le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) en a été informé, il a réuni les chefs des Banou Qaynouqâ’ et leur a expliqué que ce comportement n’était pas approprié… (Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a tenté d’apaiser les tensions.) [Il a déclaré] qu’ils devaient s’abstenir de tels méfaits et craindre Dieu.
Mais au lieu d’exprimer leurs remords et de demander pardon, ils ont répondu orgueilleusement et de manière menaçante, en disant : « Ne soyez pas fiers de votre victoire à Badr. Quand vous nous combattrez, vous saurez qui sont les véritables guerriers ! » Sans autre choix, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) s’est dirigé vers les forteresses des Banou Qaynouqâ’ avec ses Compagnons. C’était là la dernière occasion pour eux [les Juifs] d’exprimer leurs remords pour leurs actions condamnables.
(S’ils demandaient pardon, l’affaire serait close.)
Mais ils s’étaient d’ores et déjà apprêtés à la guerre. Par conséquent, la guerre a été déclarée et les forces de l’islam et du judaïsme se sont affrontées. Selon la coutume de l’époque, l’une des façons de livrer combat était comme suit : une partie se sécurisait dans sa forteresse et attendait l’autre. L’adversaire assiégeait la forteresse et chaque fois qu’une opportunité se présentait, des attaques étaient lancées. Cela se poursuivait jusqu’à ce que l’armée assiégeante perdait tout espoir et levait le siège, ce qui était considéré comme une victoire pour les assiégés ; ou, incapables de rassembler la force nécessaire pour résister à l’assaut, la force assiégée ouvrait les portes de leur forteresse et se livrait aux vainqueurs. À cette occasion, les Banou Qaynouqâ’ ont utilisé cette tactique : ils se sont enfermés dans leurs forteresses. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) les a assiégés et ce siège a duré quinze jours. En fin de compte, lorsque la force et l’arrogance des Banou Qaynouqâ’ ont été brisées, ils ont accepté d’ouvrir les portes de leurs forteresses à condition que [seulement] leurs richesses appartiendraient aux musulmans et que leurs vies et leurs familles seraient épargnées. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a accepté cette condition même si, en vertu de la loi mosaïque, toutes ces personnes étaient passibles de mort et, conformément à l’accord initial, le jugement de la loi mosaïque aurait dû leur être imposé. Cependant, comme il s’agissait du premier crime commis par cette nation, le tempérament miséricordieux et indulgent du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) n’était pas enclin à un châtiment extrême, qui ne devait être imposé qu’en dernier recours. Cependant, permettre à une tribu aussi perfide et rebelle de rester à Médine n’était rien de moins que de nourrir une vipère chez soi, surtout quand un groupe d’hypocrites de parmi les Aws et les Khazraj étaient déjà présent à Médine et que de l’extérieur aussi, l’opposition de l’ensemble de l’Arabie avait profondément affligé les musulmans. En de telles circonstances, l’unique jugement du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a été que le Banou Qaynouqâ’ quittent Médine. En comparaison à leur crime, et compte tenu des circonstances de cette époque, il s’agissait d’une peine très légère. De plus, le but de cette punition était d’assurer la sécurité de Médine.
Or, pour les tribus nomades d’Arabie, il n’était pas inhabituel de se déplacer d’un endroit à un autre, surtout quand une tribu ne possédait aucune propriété sur son territoire. Les Banou Qaynouqâ’ ne possédaient aucune terre et aucun verger. (Elle ne possédait aucun bien immobilier ou des terres sur lesquels ils dépendaient.) La tribu entière a eu l’occasion de quitter un endroit et de s’installer ailleurs, paisiblement et en grande sécurité. C’est ainsi que les Banou Qaynouqâ’ ont quitté Médine tranquillement et se sont installés en Syrie. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a confié la tâche de superviser les arrangements nécessaires associés à leur départ à un compagnon nommé ‘Oubâdah Ibn al-Sâmit, qui était un de leurs confédérés. ‘Oubâdah Ibn al-Sâmit a escorté les Banou Qaynouqâ’ sur quelques étapes ; et après les avoir expédiés en toute sécurité, il est rentré à Médine.
Les butins obtenus par les musulmans consistaient uniquement d’armes et d’instruments de leur profession d’orfèvres. Selon divers rapports, lorsque les Banou Qaynouqâ’ ont ouvert les portes de leurs forteresses et se sont livrés au Saint Prophète (s.a.w.), en raison de leur trahison, de leur rébellion et de leurs méfaits, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) avait l’intention d’exécuter leurs hommes combattants, mais sur l’intercession d’Abdoullah Ibn Oubayy Ibn Saloul, chef des hypocrites, le Saint Prophète (s.a.w.) a abandonné cette intention. Cependant, les chercheurs n’ont pas accepté ces récits comme étant authentiques. La raison en est que d’autres récits mentionnent explicitement que les Banou Qaynouqâ’ ont ouvert leurs portes à la condition que leur vie et celle de leurs familles soient épargnées : il est absolument impossible de penser qu’après avoir accepté cette condition, le Saint Prophète (s.a.w.) suiverait une autre ligne de conduite. En fait, même la condition présentée par les Banou Qaynouqâ’ selon laquelle leurs vies seraient épargnées démontre le fait qu’ils savaient eux-mêmes que leur punition légitime était la mort. Cependant, ils ont fait appel à la miséricorde du Saint Prophète (s.a.w.) et ils ont accepté d’ouvrir les portes de leur forteresse après avoir reçu l’assurance qu’ils n’encourraient pas la peine de mort. Néanmoins, bien que le Saint Prophète (s.a.w.) leur ait pardonné en raison de sa disposition miséricordieuse, il semble que Dieu estimait que ces gens n’étaient plus dignes d’être laissés en vie sur la face de la terre, à cause de leurs mauvaises actions et de leurs crimes. Selon un récit, moins d’un an après leur réinstallation dans leur lieu d’exil, une épidémie a éclaté parmi eux et toute la tribu en a été victime et a été réduite à néant.
Il y a une légère divergence d’opinion quant à la date de la Ghazwah contre les Banou Qaynouqâ’. Al-Wâqidi et Ibn Sa’d ont affirmé qu’elle s’est déroulée au cours du mois de Chawwāl en l’an 2 de l’Hégire ; et cette opinion est largement acceptée par les historiens ultérieurs. Cependant, Ibn Ishâq et Ibn Hichâm l’ont située après la Ghazwah de Sawîq, qui a eu lieu en Dhul-Hijjah en l’an deux de l’Hégire, une date qui est également bien documentée. Une indication supplémentaire est fournie par un hadith qui établit que la Ghazwah des Banou Qaynouqâ’ a eu lieu après le mariage de Fâtimah.
Cette narration mentionne qu’en vue de financer les dépenses de son repas de noces, ‘Ali a suggéré d’emmener un orfèvre juif des Banou Qaynouqâ’ dans la forêt pour qu’il puisse récolter de l’herbe « Idhkhir » et la vendre aux orfèvres de Médine. Cela démontre que les Banou Qaynouqâ’ étaient encore présents à Médine jusqu’au mariage de Fâtimah, qui, selon tous les historiens, a eu lieu au cours du mois Dhou’l-Hijjah de l’an 2 de l’Hégire. C’est pourquoi j’ai situé la Ghazwah des Banou Qaynouqâ’ à la fin de l’an deux de l’Hégire après la Ghazwah de Sawīq et le mariage de Fâtimah.
Il convient de noter que M. Margoliouth a présenté une théorie farfelue, qui n’est étayée par aucune narration, même de manière indirecte, expliquant la cause de la Ghazwah des Banou Qaynouqâ’. Selon un récit d’Al-Boukhâri, Hamzah était en état d’ébriété (avant que la consommation d’alcool ne soit interdite) et il a tué deux chameaux appartenant à ‘Ali, qu’il avait reçus comme part du butin de Badr.
En reliant cet incident indépendant à la Ghazwah des Banou Qaynouqâ’, sans aucune preuve historique, M. Margoliouth prétend que le Saint Prophète a attaqué la tribu des Banou Qaynouqâ’ pour compenser la perte subie par ‘Ali. Il a associé deux incidents qui n’ont aucun lien entre eux. Une telle audace en présentant ces récits historiques est notable, et il est ironique que M. Margoliouth reconnaisse lui-même que cette affirmation repose sur ses propres conjectures.
Il n’a trouvé aucune référence à cet égard, mais suppose qu’on a mené une guerre contre cette tribu tout simplement pour avoir deux chameaux. Leur irrationalité est déconcertante. Les orientalistes et les historiens non-musulmans sont emplis de tant d’hostilité et de haine à l’égard de musulmans qu’il leur est aisé de détourner les sens de l’histoire. On en fait le constat souvent.
En tout cas, je présenterai le reste la prochaine fois Inchâ’Allah. Je souhaite réitérer mon appel à la prière vu le contexte actuel du monde. Le nombre de morts parmi les Palestiniens innocents, dont des femmes et des enfants, ne cesse de croître dans le conflit en cours entre le Hamas et Israël. L’intensification de la violence dans ce conflit et la politique menée par l’État d’Israël et les grandes puissances suscitent des inquiétudes quant à la possibilité d’une guerre mondiale. Certains dirigeants de pays musulmans, ainsi que la Russie, la Chine et des experts occidentaux, affirment ouvertement que cette guerre s’étendra.
Si l’on n’adopte pas immédiatement des politiques judicieuses, le monde court à sa destruction. Ces faits sont largement médiatisés et vous pouvez constater aisément la situation. Il revient donc aux ahmadis de prier avec une plus grande ferveur. Ils ne doivent pas relâcher leur vigilance. Dans chaque Salât – du moins au cours d’une Salât [quotidienne] – ils doivent dédier au moins une prosternation pour prier en faveur de la situation mondiale. Aucun chef d’État des pays occidentaux n’ose recourir à la justice dans ce conflit, ni n’osent-ils s’exprimer courageusement. Les ahmadis ne doivent pas sombrer dans ces débats quant à savoir quel Premier ministre ou chef d’État est juste ou pas, ni affirmer qu’il n’aurait pas dû dire ceci ou cela ou que les musulmans n’auraient pas dû critiquer tel ou tel chef d’État. Pareils débats sont puérils. À moins qu’ils n’œuvrent courageusement à un cessez-le-feu, [ces leaders] mènent sans nul doute le monde à sa destruction. Ainsi, tout en priant, tentez de transmettre ce message dans vos cercles respectifs : notamment que toute injustice doit cesser. Si un ahmadi entretient des relations [avec une personne influente], il doit tenter de la persuader. Cela incarne le véritable courage et le respect des commandements divins.
Le représentant de l’état israélien affirme que son pays se vengera pour les Israéliens innocents tués par le Hamas. Or cette vengeance a outrepassé toutes les limites. Quatre fois ou cinq fois plus de Palestiniens sont morts comparés au nombre d’Israéliens qui auraient perdus la vie. Si leur but est d’exterminer le Hamas comme ils l’affirment, qu’ils les combattent en face : pourquoi cibler des femmes, des enfants et des vieux ? Ils ont privé l’ensemble de la population d’accès à l’eau, à la nourriture et aux soins médicaux. Ici s’arrêtent les droits de l’homme et les principes de guerre que prônent ces États.
Certes, certains [occidentaux] lancent des appels à la raison. À cet égard, l’ancien président américain, M. Obama, a déclaré que l’on doit respecter les principes de la guerre si l’on souhaite se battre et éviter toute exaction contre les civils. Le secrétaire général des Nations Unies s’est également exprimé, provoquant une forte réaction de l’État israélien. Les autres défenseurs de la paix, même les plus fervents, n’ont pas prononcé un mot en soutien au secrétaire général des Nations Unies : voire ils ont exprimé leur déplaisir. En tout cas, la situation est périlleuse et s’aggrave.
Les médias occidentaux ne mettent en exergue qu’une partie des faits dans leurs reportages tout en reléguant une autre partie dans un coin. À titre d’exemple, une femme otage libérée récemment avait déclaré qu’elle avait été bien traitée en captivité. Cette information-là a été reléguée à l’arrière-plan.
La déclaration qu’elle avait vécu l’enfer dans sa captivité entre les mains du Hamas faisait constamment les gros titres. La justice exige de présenter tous les faits et de laisser le monde tirer sa conclusion, notamment qui est l’oppresseur, qui est l’opprimé, jusqu’à quel point cette guerre est-elle permise et où doit-elle s’arrêter. On doit présenter au monde la réalité et non pas une opinion partiale.
En tout cas, nous devons prier davantage. Nous devons mener une campagne pour mettre fin à l’injustice dans nos sphères respectives et prier également. Nous devons prier pour les musulmans opprimés et pour que les États musulmans élaborent une stratégie globale et durable. Nous devons souhaiter ardemment que la souffrance des musulmans cesse. En dépit du fait que les musulmans nous lèsent de temps à autre, nous sommes les suivants du Messie Promis (a.s.) qui avait déclaré à leur égard : « Ô mon cœur ! Aie de la considération pour ceux-là ; car après tout, ils se disent les amoureux de mon Prophète (s.a.w.) ! »
Ainsi notre amour pour le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) exige que nous priions beaucoup pour les musulmans. Qu’Allah nous accorde la possibilité d’agir en ce sens et qu’Il octroie de la sagesse aux musulmans et au monde.
(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)