Croyances et éthiques

L’Islam, la sorcellerie, l’idolâtrie et la superstition

La magie noire, la sorcellerie et autres pratiques occultes ont-elles leur place en Islam ?
  1. La sorcellerie et l’Islam
  2. Idolâtrie et la pierre noire de la Ka’aba
  3. Sorcellerie, guérison miraculeuse et christianisme
  4. Superstition et unicité de Dieu

Au cours de sa visite au Nigéria en 1988, Hazrat Mirza Tahir Ahmad, le quatrième Calife de la communauté Ahmadiyya, qu’Allah lui fasse miséricorde, a répondu, lors d’une interview à une chaîne de télévision nationale, à des questions sur la place de la superstition, de la sorcellerie et de la magie noire.

La sorcellerie et l’Islam

Question : « Je viens d’Afrique – et une chose qui est très répandue en Afrique, c’est la peur de la sorcellerie. Quelle est votre opinion à ce sujet ? »

Hazrat Mirza Tahir Ahmad : « Le Saint Coran n’autorise pas la sorcellerie et, en fait, ne la reconnaît pas. En réalité, le Saint Coran mentionne une sorte de sorcellerie ou, appelons-la « magie », dans un cas particulier ; et il explique la nature de cette magie. Ayant compris ce point, nous n’avons pas le droit de mal interpréter cette notion, car le Saint Coran a clairement indiqué ce qu’est cette magie.

Je renvoie à l’incident de Moïse, lorsqu’il fut confronté à la magie de Pharaon et de ses magiciens.

Se référant aux magiciens, le Saint Coran déclare que ce qu’ils ont fait n’était pas réel – ils ne transformaient pas vraiment des cordes en serpents. En fait, ils ensorcelaient les yeux des spectateurs, les yeux des observateurs. Saharou a’younin-nâs « ils ont ensorcelé les yeux des gens ». (Le Saint Coran, 7 : 116-117)

On leur fit croire que les cordes s’étaient transformées en serpents. Cette « magie » a été analysée par le Saint Coran lui-même. C’était, en fait, une sorte d’hypnotisme qui n’apporte pas de changement réel dans la matière créée par Dieu. Au contraire, cela affecte la pensée et la perception humaines et peut provoquer des illusions dans l’esprit de l’homme. Dans cette mesure seulement, nous sommes d’accord avec la notion de « magie », mais nous croyons qu’elle ne devrait pas être utilisée à des fins d’exploitation des personnes les plus faibles. Au contraire, elle devrait être utilisée pour le bien-être des gens, comme, par exemple, dans la guérison par l’hypnotisme. Dans cette mesure, nous la soutenons ; mais autrement, non. »

Idolâtrie et la pierre noire de la Ka’aba

Question : « Comment définiriez-vous le culte des idoles ? Embrasser la Pierre Noire dans la Ka’bah : n’est-ce pas une forme d’idolâtrie ? Quelle est la véritable signification de la Pierre ? »

Hazrat Mirza Tahir Ahmad : « A mon avis, le culte des idoles est un culte vain ! Ce que je veux dire, c’est que c’est un culte inutile et dénué de sens.

Comment pouvez-vous demander quoi que ce soit à une chose que vous avez sculptée ? Quant à la Pierre Noire, nous ne l’adorons pas du tout. Embrasser quelque chose n’est pas adorer cette chose. Si vous embrassez un mouchoir à la mémoire d’un être cher, est-ce de l’adoration ?

Le Saint Prophète de l’islam, que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur lui, nous en a fait connaître la signification. La réalité est qu’une expression d’amour à la mémoire d’un être cher n’est pas adoration. Cela se produit dans la vie de tous les jours et fait partie de la psyché humaine. Si l’on aime et on embrasse quelque chose ou quelqu’un en souvenir de ce qu’on vénère et de ce qu’on aime, ce n’est qu’une expression de cette révérence. Les gens envoient des lettres à leurs proches ; et parfois, par amour pour la personne qui l’a écrite, ces derniers embrassent la lettre.

La signification de la pierre dans la Ka’bah peut être expliquée en des termes similaires. Selon le Saint Prophète (paix et bénédictions d’Allah sur lui), lorsque la première maison de Dieu était sur le point d’être construite, Dieu fit tomber des « pierres » du ciel pour fournir le matériau de construction de cette maison. A présent, nous en comprenons mieux le sens. Cela a dû être une pluie de météorites. Des météorites ont dû pleuvoir sur cette zone particulière sous le commandement de Dieu.

Ces pierres venues du ciel ont été utilisées pour construire la toute première maison d’adoration de Dieu. »

Lors d’une rencontre dans les studios de MTA International, le 13.8.1995, avec des amis anglophones venus d’Afrique à Londres, Sa Sainteté le quatrième Calife a répondu à des questions sur les mêmes thèmes.

Magie noire, guérison miraculeuse et christianisme

Question : « Il y a des églises spirituelles, des églises pentecôtistes, qui s’installent au Ghana, attirant nombre de Ghanéens dans leur giron ; cela devient une menace, atteignant le stade où le gouvernement a demandé que les églises s’enregistrent. Plus de 2000 d’entre elles se sont faites enregistrer ; vous pouvez imaginer le nombre de personnes dans ces églises. Toutes sont basées sur la superstition et la sorcellerie. Y a-t-il une réalité dans la sorcellerie ? »

Hazrat Mirza Tahir Ahmad: « Aucune. Aucune dans la sorcellerie pratiquée en Afrique. Je l’ai notée et étudiée. Rien du tout. Seulement des superstitions et des comportements malveillants de la part de ceux qui utilisent des poisons, des herbes et d’autres dispositifs astucieux pour blesser et terroriser les autres par ces moyens. Voilà la seule substance dans cette sorcellerie, et rien d’autre.

La fraude est endémique, vous savez. Une fois – je crois que c’était du Ghana – on m’avait rapporté que ces spiritualistes essayaient de faire des convertis en jouant des tours au peuple, en disant : « Que celui d’entre vous qui est complètement incapable de faire un seul pas en avant, ou a les jambes tordues ou est né avec une malformation congénitale, etc., que toutes ces personnes handicapées, dans les cas les plus avancés lèvent la main ! » Et beaucoup l’ont fait. Ensuite, ils ont dit : « Au nom du Christ, soyez guéris. Levez-vous ! » Et voici qu’ils se sont tous levés et ont jeté leurs béquilles.

Cela a créé un effet si dramatique sur les gens, que, m’a-t-on dit, ils ont commencé à incliner vers le christianisme. J’ai dit: « Ce n’est pas un problème. Vous aussi, allez y participer. Et emmenez avec vous vos ahmadis nés avec des malformations congénitales véritables. Ou au lieu d’ahmadis – car nous ne voudrions pas embarrasser les ahmadis – empruntez des non-ahmadis autour de vous ; et au moment où [ces spiritualistes] vous invitent à le faire, levez-vous et dites : « S’il vous plaît, faites-le-nous ! » Et là, vous verrez leur incapacité totale de faire quoi que ce soit. »

Voilà une façon d’exposer leur fraude. Une seconde façon est juste de leur adresser une question simple et douce : « Monsieur, si vous êtes doté par Dieu d’un potentiel de guérison aussi fantastique, dites alors pourquoi les chrétiens dirigent des hôpitaux aussi grands et chers sur tout le continent ? Tous les médecins, tous les spécialistes devraient être licenciés et renvoyés du service sur-le-champ. Vous devriez être employé à leur place. Dans tous les hôpitaux chrétiens, les spiritualistes devraient prendre le relais. Et c’est alors que nous nous convertirons au christianisme, là-bas, dans vos hôpitaux, et pas ailleurs. »

Le tout est une fraude. De même, cette sorcellerie est une fraude. Vous devez la combattre avec la sagesse et l’illumination d’un ahmadi. Ce n’est pas un problème de vaincre ces gens. »

Sorcellerie et unicité de Dieu

Question : « Nous y croyons, nous essayons de les convaincre, de leur expliquer tout cela, mais le plus souvent ils enchaînent avec la question : pourquoi est-ce que ces choses ont des noms ? Dans chaque pays – par exemple, au Ghana, nous l’appelons Baifuo en Ashanti ; les Haoussas l’appellent Mayeh – et tous les autres ont aussi des noms. Alors pourquoi ces noms existent-ils ? Cela sous-entend qu’elles sont efficaces. »

Hazrat Mirza Tahir Ahmad : Existe-t-il des maux sans nom dans le monde ? Vous voyez bien que les maux ont des noms. Leur réponse ne veut donc rien dire !

La superstition est une tendance universelle de l’homme, qui est née de la scission de l’unicité de Dieu. Lorsque le concept de l’unicité de Dieu est soumis à la division, l’idolâtrie commence. Viennent ensuite les superstitions qui sont les enfants naturels de ces pratiques idolâtres.

Ainsi, si vous retracez le parcours de toutes les religions depuis leur source jusqu’à nos jours, vous verrez la même histoire se dérouler. Noé a commencé par l’unicité de Dieu. Or, à l’époque d’Abraham, tout le peuple de Noé était devenu idolâtre. Abraham a commencé par l’unicité de Dieu. Avant l’époque du Messager d’Allah (le Prophète Muhammad), que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur lui, tout le peuple d’Arabie, les enfants d’Ismaël, étaient devenus idolâtres. Moïse a commencé par l’unicité, mais très vite nous observons, comme il est rapporté dans l’Ancien Testament et aussi dans le Coran, que [ses suivants] sont devenus idolâtres et également superstitieux.

La superstition est le sous-produit de la scission de l’unité. Lorsque vous brisez une assiette, elle devient de petits éclats et des morceaux ici et là. C’est donc cela la superstition. Et si vous nommez ces éclats, cela ne signifie pas qu’ils sont authentiques ou qu’ils ont le droit d’être être là. Ils restent des éclats. Ils ne peuvent devenir des assiettes nulle part.