Sermons 2020

Mouawidh Bin Afra et Oubay Bin Ka’ab, deux nobles compagnons de Badr

Dans son sermon du 16 octobre 2020, Sa Sainteté le Calife a évoqué deux autres nobles compagnons de Badr.

Sermon du vendredi 16 octobre 2020, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Ta’awudh, le Tashahoud et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

Le premier compagnon que j’évoquerai aujourd’hui se nomme Mou’awwidh Bin Al-Harith. Il appartenait à la tribu de Khazraj des Ansar. Son père se nommait Al-Harith Bin Rifa’ah et sa mère se nommait Afra Bint ‘Oubayd. Mou’awwidh était le frère de Mou’adh et ‘Awf. Tous les trois avaient le même père et la même mère. On nommait les trois les Banou Afra.

Ibn Ishaaq est l’unique [chroniqueur] qui a rapporté que Mou’awwidh était parmi les soixante-dix compagnons ayant participé à la deuxième Bai’ah d’Aqabah. Mou’awwidh était marié à Oumm Yazid Bint Qays. Deux filles sont nées de ce mariage : Roubayyi’Bint Mou’awwidh et ‘Oumayrah Bint Mou’awwidh.

Mou’awwidh avait accompagné ses deux frères Mou’adh et ‘Awf lors de la bataille de Badr. En effet, durant la bataille de Badr, Mou’awwidh, Mou’adh et ‘Awf, qu’on nommait, [rappelons-le], les Banou Afra, et Aboul Hamra, qui était leur esclave affranchi, avaient un seul chameau qu’ils utilisaient à tour de rôle.

J’avais d’ores et déjà mentionné le récit suivant en évoquant Mou’adh. Mais il est important d’en faire mention de nouveau eu égard à Mou’awwidh.

Anas rapporte que le jour de la bataille de Badr, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) demanda : « Qui ira voir quelle fin a connu Abou Jahl ? » ‘Abdoullah Bin Mas’oud est parti et a constaté que Mou’adh et Mou’awwidh, les deux fils d’Afra, l’avaient frappé à coup d’épée. Il était en effet sur le point de rendre l’âme. ‘Abdoullah Bin Mas’oud lui a demandé : « Es-tu Abou Jahl ? » Ensuite il l’a attrapé par la barbe, relate Anas. Abou Jahl lui a demandé : « Avez-vous tué quelqu’un de plus éminent que moi ? » ou il aurait demandé : « Existe-t-il de peuple qui ait tué quelqu’un de plus éminent que moi ? »

Sayyed Zainoul ‘Abidin Walioullah Shah a commenté sur ce hadith d’Al-Boukhari. Il explique que selon certains récits, Mou’adh et Mou’awwidh, les deux fils d’Afra, auraient mortellement blessé Abou Jahl et ‘Abdoullah Bin Mas’oud l’aurait ensuite décapité. ‘Allama Ibn Hajar al-‘Asqalani a présenté, quant à lui, la possibilité qu’après Mou’adh bin ‘Amr et Mou’adh bin ‘Afra, Mou’awwidh Bin ‘Afra aurait attaqué Abou Jahl.

Le deuxième Calife a évoqué en ces termes la mort d’Abou Jahl : « L’homme aime faire la fête et pense que telle ou telle chose lui est avantageuse, quand celle-ci est en fait la cause de sa destruction et de sa mort. Au jour de Badr, lorsque les mécréants de La Mecque se sont approchés, ils croyaient pouvoir vaincre les musulmans. Abou Jahl a déclaré : « Nous allons fêter cette [victoire] ! Et nous allons nous gorger de vin ! Nous allons retourner après avoir vaincu les musulmans ! »

Mais deux jeunes de Médine ont tué ce même Abou Jahl. Les mécréants de La Mecque avaient un grand mépris à l’égard des gens de Médine. Or même le dernier souhait d’Abou Jahl n’a pas été exaucé. Selon la tradition, si un chef était tué, on lui tranchait le cou tout près du tronc. Le cou long indiquait qu’il s’agissait d’un chef. Abdoullah Bin Mas’oud l’a vu quand il gisait blessé et immobile. Il lui a demandé : « Comment vas-tu ? » Abou Jahl a répondu : « Mon unique regret est que deux garçons de Médine m’ont tué. » C’est-à-dire les enfants des paysans qui travaillaient la terre. Aux yeux des Mecquois pareille occupation était méprisable et ils disaient que ces gens de Médine ignoraient tout de l’art de la guerre. Mais, c’étaient ces gens, voire leurs enfants – des novices dans l’usage des armes – qui ont tué Abou Jahl et réduit à néant son arrogance.

‘Abdoullah lui a demandé : « Quel est ton dernier vœu ? » Il a répondu : « Je souhaite que tu me tranches le cou tout près de la poitrine ! » ‘Abdoullah de répondre : « Je n’exaucerai pas ton dernier vœu. » Et il lui a tranché sèchement le cou tout près du menton. Ce jour, qu’il souhaitait être celui de liesse, s’est transformé en jour de deuil pour lui. Il n’a même pas pu digérer le vin qu’il avait consommé.

Le jour de Badr, Mou’awwidh est tombé en martyr au combat. Abou Mousafi’l’a tué. »

Le prochain compagnon se nomme Oubayy Bin Ka’b (r.a.). Il appartenait au clan des Banou Mou’awiyah de la tribu de Khazraj des Ansar. Son père se nommait Ka’b Bin Qays et sa mère Souhaylah Bint Aswad. Oubayy Bin Ka’b (r.a.) avait deux noms d’emprunt : Abou Moundhir, nom que lui avait donné le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et Abou Toufayl, nom que le Calife ‘Oumar lui avait donné en raison de son fils nommé Toufayl.

Oubayy Bin Ka’b (r.a.) était de taille moyenne. Il avait les cheveux et la barbe de couleur blanche : il ne cachait pas son âge en les teignant. Il était parmi les soixante-dix compagnons ayant participé à la deuxième bai’ah d’Aqabah.

Il savait lire et écrire avant même l’avènement de l’islam. Et après l’avènement de l’islam il a eu l’occasion de consigner en écrit les révélations reçues par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Celui-ci avait établi un lien de fraternité entre Talha Bin ‘Oubaydillah et Oubayy (r.a.) Bin Ka’b. Selon un autre récit le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait établi ce lien de fraternité entre Oubayy Bin Ka’b (r.a.) et Sa’id Bin Zayd.

Allah avait ordonné au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) d’enseigner le Coran à Oubayy Bin Ka’b (r.a.). Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait déclaré : « Oubayy (r.a.) est le plus grand Qari’(lecteur) de mon Oummah (ma nation). » On dit qu’il avait une grande connaissance du Coran en raison de ce dire du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Il y aura d’autres récits à ce sujet plus loin.

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) relate : « Oubayy Bin Ka’b (r.a.) faisait partie de ces quatre personnes à propos desquelles le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait déclaré : « Ils sont les lecteurs de cette Oummah. Celui qui souhaite apprendre le Coran doit les prendre pour enseignants. »

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) ajoute : « L’histoire mentionne le nom de quinze scribes auxquels le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait recours pour consigner le Coran : Zayd ibn Thabit, Oubayy ibn Ka’b, ‘Abdoullah bin Sa’d bin Abi Sarh, Al-Zoubayr bin al-’Awwam, Khalid bin Sa’id bin al-’As, Aban Bin Sa’id bin Al-’As, Hanzalah bin al-Rabi’al-Asadi, Mou’ayqib bin Abi Fatimah, ‘Abdoullah bin Arqam al-Zouhri, Chourahbil bin Hasana, ‘Abdoullah bin Rawaha, Abou Bakr, ‘Oumar, ‘Outhman et ‘Ali. Chaque fois que le Saint Prophète recevait une révélation, il envoyait chercher une de ces personnes pour lui dicter le texte de la révélation reçue. »

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) déclare : « Le Saint Prophète avait créé un groupe de personnes pour enseigner le Coran. Ils avaient mémorisé le Coran tout entier du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et l’enseignaient aux autres. Ces quatre grands maîtres avaient pour mission d’apprendre le Coran du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et de l’enseigner aux autres. Ils avaient sous leur supervision d’autres compagnons qui enseignaient eux aussi le Coran aux autres. Voici les noms de ces quatre grands maîtres : ‘Abdoullah Bin Mas’oud, Salim Mawla Bin Abi Houdhayfah, Mou’adh Bin Jabal et Oubayy Bin Ka’b (r.a.). Les deux premiers sont des émigrants et deux derniers sont des Ansar. ‘Abdoullah Bin Mas’oud était un travailleur manuel, Salim était un esclave affranchi ; Mou’adh Bin Jabal et Oubayy Bin Ka’b (r.a.) étaient parmi les chefs de Médine. En somme le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a choisi des Lecteurs de toutes les couches de la société. Selon les hadiths, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) disait : « Apprenez le Coran de ces quatre-là : « ‘Abdoullah Bin Mas’oud, Salim Mawla Bin Abi Houdhayfah, Mou’adh Bin Jabal et Oubayy Bin Ka’b. » Ces quatre personnes avaient appris le Coran [directement] du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Ou ils lui avaient récité le Coran et celui-ci avait corrigé leurs erreurs. Mais en sus d’eux, de nombreux autres compagnons avaient appris le Coran du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).

Anas Bin Malik déclare que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a dit à Oubayy Bin Ka’b (r.a.) : « Allah m’a ordonné de t’enseigner la Sourate « Lam Yakounil Ladhina Kafarou Min Ahlil Kitab » Oubayy Bin Ka’b (r.a.) a demandé : « Est-ce qu’Il avait mentionné mon nom ? » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a répondu : « Oui. » Sur ce, Oubayy Bin Ka’b (r.a.) a commencé à pleurer. Ce récit est tiré d’Al-Boukhari.

Selon un autre récit Anas Bin Malik relate : « Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a dit à Oubayy Bin Ka’b (r.a.) : « Allah m’a ordonné de te réciter le Coran. » Oubayy Bin Ka’b (r.a.) a demandé : « Est-ce qu’Allah vous a dit mon nom ? » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a répondu à l’affirmative. Alors, Oubayy (r.a.) a demandé : « Le Pourvoyeur des deux mondes a-t-Il évoqué mon nom ? » Quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a répondu à l’affirmative, Oubayy (r.a.) avait des larmes aux yeux.

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) a évoqué cet incident en ces termes : « Abou Hayya Al-Badri relate que lorsque la sourate « Lam Yakoun » a été révélée dans son intégralité, l’ange Gabriel a dit au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) : « Allah vous ordonne d’enseigner cette sourate à Oubayy Bin Ka’b (r.a.). » Sur ce l’Envoyé d’Allah a dit à ce dernier : « L’ange Gabriel m’a transmis l’ordre de Dieu de t’enseigner cette sourate. » Oubayy Bin Ka’b (r.a.) a déclaré : « Ô Envoyé d’Allah ! Allah a-t-il mentionné mon nom ? » Quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a répondu à l’affirmative, Oubayy Bin Ka’b (r.a.) a pleuré de joie.

Après le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), le Calife ‘Oumar a répété cette phrase à maintes reprises. Une fois du haut de la chaire de la mosquée Nabawi, il a déclaré : « Oubayy (r.a.) y est le plus grand Qari (lecteur). »

Lors de son voyage vers la Syrie, il s’était arrêté à Jabiya, un village dans les environs de Damas. Dans son sermon, il a déclaré : « Celui qui souhaite apprendre le Coran, qu’il aille voir Oubayy (r.a.). »

Anas relate : « Quatre personnes avaient appris, sous la direction du Saint Prophète, le texte intégral du Saint Coran. Ils étaient tous des Ansar. Ils sont : Oubayy Bin Ka’b (r.a.), Mou’adh Bin Jabal, Abou Zayd et Zayd Bin Thabit. » Il s’agit d’un hadith tiré d’Al-Boukhari.

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) relate : « Voici les noms des Houffadh (qui ont mémorisé le Coran) les plus connus parmi les Ansar : ‘Oubadah Bin al-Samit, Mou’adh al-Moujmi’Bin Harithah, Fadala Bin Oubayy (r.a.), Maslamah Bin Makhallal, Abou al-Darda, Abou Zayd, Zayd Bin Thabit, Oubayy Bin Ka’b, Sa’d Bin ‘Oubadah et Oumm Waraqa. »

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Abou Bakr est celui qui est le plus bienveillant à l’égard de mon Oummah. ‘Oumar est le plus strict quant à l’application des préceptes de la religion. » C’est-à-dire qu’il était très à cheval sur les principes. « ‘Outhman est celui qui est le plus pudique. Moua’dh Bin Jabal dispose de la plus grande connaissance de ce qui est licite et illicite. Zayd Bin Thabit est celui qui dispose d’un plus grand savoir quant aux obligations. Oubayy Bin Ka’b (r.a.) est celui maîtrisant le mieux la prononciation du Coran. Il existe un Amîn dans chaque Oummah. L’Amîn de cette Oummah est Abou ‘Oubadah Bin Al-Jarrah. » J’avais mentionné ce dernier récemment.

Après l’arrivée du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) à Médine, Oubayy Bin Ka’b (r.a.) était son tout premier scribe. À l’époque, le scribe n’avait pas pour habitude d’apposer son nom à la fin du texte qu’il avait écrit. Ce fut Oubayy Bin Ka’b (r.a.) qui lança cette pratique. Par la suite, d’autres personnes ont suivi cette pratique.

C’est-à-dire qu’auparavant on n’écrivait pas le nom du scribe à la fin du manuscrit : on consignait uniquement la révélation. Oubayy Bin Ka’b (r.a.) a lancé la pratique de consigner son nom au bas du texte et cette pratique est devenue courante par la suite.

Oubayy Bin Ka’b (r.a.) a [entendu et] mémorisé chaque lettre du Coran du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). En voyant son engouement à cet effet, l’Envoyé d’Allah portait une attention particulière quant à son enseignement. L’aura du prophétat empêchait de grands compagnons de poser des questions au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Mais Oubayy Bin Ka’b (r.a.) quant à lui posait ses questions sans la moindre hésitation. Cela ne veut pas dire qu’il posait des questions inutiles. Il posait ses questions dans le respect du prophétat : il n’hésitait pas.

En voyant son engouement, parfois le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) le devançait et répondait à sa question avant même qu’il ne la pose. Une fois, lors de la prière du matin, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a raté un verset. Oubayy Bin Ka’b (r.a.) s’était joint à la prière en retard. Après la Salat le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a demandé : « L’un d’entre vous a-t-il noté quelque chose à propos de ma récitation ? » Tout le monde est resté silencieux. Ensuite il a demandé : « Oubayy Bin Ka’b (r.a.) est-il présent ? » Celui-ci avait terminé sa prière. Peut-être que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait commis cette erreur ou cet oubli lors de la deuxième Rak’at. Et Oubayy (r.a.) l’avait noté quoique s’étant joint à la prière en retard. Quand il a terminé sa prière il a déclaré : « Vous avez raté tel verset, ô Envoyé d’Allah. A-t-il été abrogé ou avez-vous oublié de le réciter ? » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a répondu : « Non. J’ai oublié de le réciter. »

En s’adressant à Oubayy (r.a.) il a ajouté : « Je savais qu’hormis toi, personne n’aura noté cela. »

Oubayy Bin Ka’b (r.a.) relate : « J’étais dans la mosquée et un individu est entré et a récité le Coran avec une prononciation étrange. Un autre est venu et il a récité le Coran d’une manière différente. Lorsque nous avons terminé la Salat, nous nous sommes présentés au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et j’ai dit : « Celui-ci a récité d’une manière qui me semblait étrange. Ensuite, le deuxième s’est présenté et il a récité le Coran avec une prononciation différente. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a demandé à ces deux individus de réciter le Coran. Tout deux l’ont fait et le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré que leur prononciation était bonne. » Quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a rectifié mon opinion et qu’il a approuvé la prononciation de ces deux individus, j’étais fort embarrassé, a déclaré Oubayy (r.a.), un embarras tel que je n’avais même pas ressenti à l’époque de l’ignorance. Quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a vu l’embarras sur mon visage, il m’a frappé à la poitrine. J’étais en sueur de la tête jusqu’au pied : c’était comme si je voyais Dieu dans ma crainte. Alors, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) m’a dit : « Ô Oubayy (r.a.) ! Dieu m’a requis de réciter le Coran suivant une prononciation. Je Lui ai demandé de faciliter la tâche de mon Oummah. Dieu m’a répondu que je pourrais utiliser deux Qira’at (prononciations) pour le Coran. Je Lui ai demandé de nouveau de faciliter la tâche de mon Oummah. La troisième fois Il m’a autorisé sept Qira’at (prononciations) différentes pour réciter le Coran. Tu auras le droit de faire une requête de prière pour chaque réponse que je t’ai donnée à tes questions. » C’est-à-dire l’ange Gabriel a donné le message au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) qu’Allah lui dit qu’il aura le droit à une requête de prière pour chaque question.

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) déclare : « Alors, j’ai prié : « Ô Allah ! Pardonne à mon Oummah ! Pardonne à mon Oummah ! » La troisième prière, je l’ai réservée pour le jour où toute la création, incluant Ibrahim, se tournera vers moi. »

L’on peut évaluer la perfection d’Oubayy Bin Ka’b (r.a.) dans la récitation du Coran du fait que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui faisait réviser le Coran tout entier. L’année de son décès, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a récité le Coran tout entier et lui a dit : « L’ange Gabriel m’a demandé de faire écouter [ma] récitation du Coran à Oubayy (r.a.). » Ainsi, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a récité à Oubayy (r.a.) tout le Coran. Durant l’époque bénie du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), Oubayy (r.a.) enseignait le Coran à un Persan et il lui enseignait le verset :

إِنَّ شَجَرَةَ الزَّقُّومِ ۞ طَعَامُ الْأَثِيمِ

Mais le Persan n’arrivait pas à prononcer le mot Athîm qu’il prononçait comme Yathîm. Oubayy (r.a.) en était fort inquiet. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est passé par là et s’est arrêté en voyant son inquiétude. Dans la langue persane il lui a dit d’énoncer les mots comme Ta’am oul Adhîm, avec la lettre Dhâ (ظ). Lorsqu’il a suivi cette consigne il a prononcé Athim correctement. Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a dit à Oubayy (r.a.) : « Corrige sa prononciation. Enseigne-lui d’après la prononciation de sa langue afin qu’il puisse énoncer correctement les versets du Coran. Fais-lui prononcer correctement ces lettres. Allah t’en récompensera. »

Lors d’un de ses sermons le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait récité la sourate Bara’ah, qu’Abou al-Darda et Abou Dhar ne connaissaient pas. Durant le sermon, ils ont demandé à Oubayy (r.a.) si cette sourate venait d’être révélée. Oubayy (r.a.) leur a demandé par signe de se taire. Après la prière, quand ils rentraient chez eux, tous deux ont demandé à Oubayy (r.a.) pourquoi il n’avait pas répondu à leur question.

Oubayy (r.a.) de dire : « Vos prières sont parties à l’eau aujourd’hui et ce pour une action des plus inutiles. » Sur ce, tous deux ont rapporté au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) les propos d’Oubayy (r.a.). Celui-ci a répondu qu’Oubayy (r.a.) avait raison.

C’est-à-dire qu’il ne fallait pas parler durant le sermon.

Oubayy Bin Ka’b (r.a.) déclare que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a demandé : « Ô Abou Moundhir ! Sais-tu quel est le plus grand verset du Coran qui se trouve à ta disposition ? » Oubayy Bin Ka’b (r.a.) a répondu : « Allah et Son Prophète savent le mieux. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a demandé de nouveau : « Ô Abou Moundhir ! Sais-tu quel est le plus grand verset du Coran qui se trouve à ta disposition ? » Oubayy Bin Ka’b (r.a.) a répondu en citant le verset 256 du chapitre 2 du Coran. Sur ce le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) l’a tapé sur la poitrine et a déclaré : « Par Allah ! Je te félicite pour ta connaissance. » C’est-à-dire que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a apprécié sa réponse.

Oubayy (r.a.) a enseigné le Coran à Toufayl Bin ‘Amr al-Dausi à l’époque du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Toufayl lui a offert un arc en cadeau. Oubayy (r.a.) s’est présenté au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avec le cadeau. Celui-ci lui a demandé à propos de sa provenance. Oubayy (r.a.) a répondu : « Il s’agit d’un cadeau d’un élève. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a dit : « Retourne-le. Et à l’avenir, évite pareil cadeau. »

De même, un autre élève lui avait offert un vêtement en cadeau. Et la même situation se répéta. C’est pour cette raison qu’il évitait entièrement d’accepter des cadeaux pour avoir enseigné le Coran.

Les gens de la Syrie apprenaient le Coran d’Oubayy (r.a.) y. Ils prenaient aussi les services des scribes de Médine et en guise de salaire ils invitaient ces scribes pour des repas. Or, jamais Oubayy (r.a.) n’a-t-il accepté une seule de leurss invitation pour un repas.

Le Calife ‘Oumar lui avait une fois demandé : « Comment est la nourriture en Syrie ? » Oubayy (r.a.) a répondu : « Je ne mange pas chez eux. Je mange chez moi. »

Oubayy Bin Ka’b (r.a.) avait participé aux batailles de Badr, d’Ouhoud et du Fossé et dans toutes les autres Ghazwât en compagnie du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Lors de la bataille d’Ouhoud, une flèche l’a atteint sa veine médiane, celle qui irrigue la tête, le dos, les mains et les pieds. Le Saint Prophète lui a envoyé un médecin qui a tranché la veine et l’a pansé de ses mains.

Voici un récit sur la bataille d’Ouhoud que j’ai mentionné dans le passé et que j’évoquerai de nouveau ici brièvement. Après la bataille, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a dit à Oubayy Bin Ka’b (r.a.) de se rendre compte de l’état des blessés. Il est arrivé auprès de Sa’d Bin al-Rabi’qui était grièvement blessé et qui vivait ses derniers moments. Oubayy Bin Ka’b (r.a.) lui a demandé s’il avait un dernier message à offrir à ses proches. Sa’d a souri et a répondu : « J’attendais qu’un musulman passe par là pour que je puisse offrir mon message. Place ta main dans la mienne et promets-moi que tu transmettras à coup sûr mon message. »

Quel était son message ?

Il lui a dit : « Mon frère ! Transmets mes salutations aux musulmans. Et dis à mon peuple et à mes proches que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est le meilleur dépôt qu’Allah nous ait confié et que nous l’avons protégé avec nos vies. Maintenant, je m’en vais et je vous confie la protection de ce dépôt. Ne flanchez point dans la protection de ce dépôt ! »

La Zakat a été rendue obligatoire en l’an neuf de l’Hégire ; le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a envoyé des collecteurs pour récolter les aumônes dans différentes provinces de l’Arabie. Oubayy (r.a.) a été nommé le collecteur des Banou Bali, Banou Ahzar et Banou Sa’d. Une fois, dans un village, un individu a présenté à Oubayy (r.a.) tous ses animaux et lui a demandé de prendre l’animal de son choix comme aumône. Oubayy (r.a.) a choisi un petit chameau de deux ans. Le donateur lui a demandé : « Pourquoi prendre celui-là ? Il ne donnera pas de lait et ne pourra porter personne. Prenez plutôt cette chamelle : elle est grosse et jeune. » Oubayy (r.a.) a répondu : « Il n’en sera pas ainsi. Je ne pourrai pas contrer une directive du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Vaut-mieux que tu m’accompagnes à Médine qui n’est pas très loin. Nous irons voir le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et accepterons son verdict. »

L’autre était d’accord. Il accompagna Oubayy (r.a.) à Médine avec la chamelle et il relata toute l’affaire au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Celui-ci a répondu : « Si tu souhaites offrir cette chamelle, tu pourras le faire. On l’acceptera. Et Allah t’en récompensera. » L’autre présenta la chamelle au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avant de rentrer.

Le travail de la classification [des sourates] et de compilation du Coran avait débuté à l’époque d’Abou Bakr. Oubayy (r.a.) était le superviseur de ce groupe de compagnons choisis pour ce travail. Il récitait le Coran et les gens consignaient cela en écrit. Étant donné qu’il s’agissait d’érudits compagnons, ils commentaient et discutaient aussi sur les versets du Coran lors de leur travail.

Ils sont tombés sur le verset suivant de la sourate Tawbah :

ثُمَّ انْصَرَفُوا صَرَفَ اللَّهُ قُلُوبَهُمْ بِأَنَّهُمْ قَوْمٌ لَا يَفْقَهُونَ

Certains ont dit qu’il s’agissait du dernier verset révélé. Mais Oubayy (r.a.) a déclaré : « Non. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) m’a enseigné deux autres versets par la suite. Il s’agit du verset qui précède l’avant-dernier. »

Lors de son Califat, ‘Oumar a lancé des centaines de projets qui étaient très avantageux, dont le système de la Choura. En effet le Majlis al-Choura a été établi à l’époque du Calife ‘Oumar. Ce conseil réunissait d’illustres compagnons de parmi les Ansar et les Mouhajirine : Oubayy Bin Ka’b (r.a.) y représentait la tribu de Khazraj.

Un certain Jabir Bin Joubayr (r.a.) relate : « Je m’étais présenté au Calife ‘Oumar pour une affaire quelconque. À côté de lui se trouvait une personne à la barbe et aux vêtements blancs. Il a dit : « Il se trouve en ce monde des provisions pour atteindre notre objectif ici-bas et dans l’Au-delà. Il s’y trouve nos actions pour lesquels nous serons récompensés dans l’Au-delà. »

Jabir relate qu’il a demandé : « Ô Emir des croyants ! Qui est cette personne ? » Le Calife ‘Oumar a répondu : « Il s’agit du chef des musulmans, Oubayy Bin Ka’b (r.a.). »

‘Abdour Rahman Bin ‘Abd Qari relate : « Par une nuit de Ramadan, je suis parti à la mosquée en compagnie d’Oumar Bin al-Khattab. Nous y avons vu les fidèles éparpillés çà et là en différents groupes. Certains priaient individuellement et d’autres dirigeaient quelques fidèles dans la prière. ‘Oumar de déclarer : « Il serait mieux de les réunir tous sous la direction d’un seul Qari. » Ensuite il les a tous réunis sous la direction d’Oubayy Bin Ka’b (r.a.).

Ils étaient en train d’accomplir des prières Nawafil.

Oubayy (r.a.) fait partie de ces grands compagnons ayant entendu de nombreux hadiths du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). C’est la raison pour laquelle qu’il servait de précepteur à de nombreux compagnons. Ses élèves comprenaient en majorité des compagnons.

Les compagnons venaient écouter les hadiths de sa bouche. ‘Oumar Bin al-Khattab, Abou Ayyoub al-Ansari,’Oubadah Bin al-Samit, Abou Hourayrah, Abou Mousa al-Ach’ari, Anas Bin Malik, ‘Abdoullah Bin ‘Abbas, Sahl Bin Sa’d et Soulayman Bin Sard venait tous écouter des hadiths de la bouche d’Oubayy (r.a.).

Qays Bin ‘Oubadah était venu à la rencontre des musulmans à Médine. Il déclare : « Je n’ai trouvé personne de plus grand qu’Oubayy Bin Ka’b (r.a.). Les gens étaient réunis à l’heure de la prière. Le Calife ‘Oumar était aussi présent. Il fut nécessaire de présenter quelque enseignement. Après la Salat, Oubayy Bin Ka’b (r.a.) s’est levé et a présenté des hadiths du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Tout le monde l’écoutait tout ouïe avec engouement. »

L’aura d’Oubayy (r.a.) a eu un grand effet sur Qays.

Une femme est venue informer le Calife ‘Oumar que son mari était décédé et qu’elle était enceinte. A noter qu’Oubayy (r.a.) répondait aussi aux questions de jurisprudence en tirant ses conclusions du Coran.

Au moment de la mort de son mari, elle était enceinte : elle avait déjà accouché mais la période de sa ‘Iddah n’était pas encore terminée. La ‘Iddah est une période d’attente de quatre mois et dix jours qu’une femme doit observer après la disparition de son mari. En somme, elle était dans cette période d’attente quand elle a accouché. Par conséquent, elle a demandé si elle devra compléter la période d’attente ou si cela suffisait. Le Calife ‘Oumar (r.a.) lui a dit de compléter la période de la ‘Iddah prescrite pour une veuve. Elle s’est rendue auprès d’Oubayy (r.a.) pour s’enquérir à ce propos. Elle lui a parlé du problème qu’elle avait présenté au Calife ‘Oumar (r.a.) et du verdict qu’il avait rendu. Oubayy (r.a.) lui a demandé de retourner voir ‘Oumar (r.a.) et de l’informer que selon lui, elle pouvait [se remarier] et qu’elle n’avait plus besoin d’observer la période restante de la ‘Iddah. Il lui a également dit que si le Calife ‘Oumar (r.a.) s’est enquis à propos de lui, elle devra lui dire qu’il était présent pour répondre à toutes ses questions. La femme est allée voir le Calife ‘Oumar (r.a.) qui lui a demandé de faire venir Oubayy (r.a.). Le Calife ‘Oumar (r.a.) lui a demandé comment il était arrivé à ce verdict.

Oubayy (r.a.) a répondu qu’il s’était basé sur le Saint Coran en citant le verset suivant :

وَأُولَاتُ الْأَحْمَالِ أَجَلُهُنَّ أَنْ يَضَعْنَ حَمْلَهُنَّ

« Et quant à celles qui sont enceintes, leur période sera jusqu’à ce qu’elles soient délivrées de leur fardeau. » Oubayy (r.a.) a ensuite déclaré que toute femme enceinte et devenue veuve sera également comptée parmi celles-là. Oubayy (r.a.) a déclaré qu’il avait également entendu un hadith du Saint Prophète (saw) dans lequel il avait rendu un verdict similaire. Le Calife ‘Oumar (r.a.) a demandé à la femme de suivre la consigne d’Oubayy (r.a.). En d’autres termes, son verdict était correct.

La maison appartenant à ‘Abbas (r.a.), l’oncle paternel du Saint Prophète (saw), était contiguë à la Mosquée du Prophète. ‘Oumar (r.a.) voulait agrandir la mosquée et a demandé à ‘Abbas (r.a.) de vendre sa demeure, afin qu’il puisse l’inclure dans la mosquée. ‘Abbas (r.a.) a refusé. Le Calife ‘Oumar (r.a.) lui a alors demandé de l’offrir en cadeau et ‘Abbas (r.a.) a refusé de le faire, car il faisait généralement les choses à sa manière. Le Calife ‘Oumar (r.a.) lui a demandé d’étendre lui-même la mosquée affirmant que ce serait un grand acte pour le bénéfice de l’Oummah s’il devait agrandir la mosquée et y inclure sa maison. ‘Abbas (r.a.) a répondu que cela n’était pas possible non plus. ‘Oumar (r.a.) a dit : « Vous allez devoir accepter l’une de ces trois options. » ‘Abbas (r.a.) a déclaré : « Je n’en accepte aucune. » Ainsi, la question demeurant non résolue, tous deux ont nommé Oubayy Bin Ka’b (r.a.) comme arbitre. Oubayy (r.a.) a demandé au Calife ‘Oumar (r.a.) : « Quel droit avez-vous de prendre ses biens sans son consentement ? Vous n’en n’avez pas le droit. » ‘Oumar (r.a.) a demandé à Oubayy (r.a.) s’il avait fondé sa décision sur le Saint Coran ou un hadith. Oubayy (r.a.) de répondre qu’il s’était basé sur un hadith : lorsque le Prophète Salomon (as) avait construit le temple de Jérusalem, a-t-il expliqué, l’un de ses murs érigé sur la terre de quelqu’un d’autre s’était écroulé. Salomon (as) a reçu une révélation indiquant qu’il devra demander la permission au propriétaire avant de construire sur le terrain. En entendant cela, ‘Oumar (r.a.) s’est tu.

Cependant, ‘Abbas (r.a.) était loyal et sincère et il avait prêté allégeance au Califat ; il s’est donc maitrisé. Bien qu’il eût initialement refusé, il avait une disposition pieuse et vertueuse. Il ressentait un grand sens de l’honneur pour la foi et avait un énorme respect pour le Califat, dont il avait fait preuve. Quand le Calife ‘Oumar (r.a.) a accepté la décision et s’est tu, ‘Abbas (r.a.) lui a dit : « Très bien, je vais inclure ma maison dans la mosquée. »

À une occasion, ‘Oumar (r.a.) a décidé d’interdire aux gens d’accomplir le Hajj al-Tamattou’». Il existe trois types de Hajj : certains les jeunes n’en sont peut-être pas au courant. Le Hajj al-Tamattou’est accompli en portant l’Ihram (l’habit du pèlerin) de la ‘Oumrah avant d’arriver à La Mecque. Les pèlerins accomplissent d’abord la ‘Oumrah et puis ils sortent de l’état d’Ihram. Ensuite, le 8 Dhul Hijjah, ils entrent dans un nouvel état d’Ihram et effectuent le Hajj. Ceci est connu sous le nom de Hajj al-Tamattou’. La forme la plus connue du Hajj est le Hajj al-Moufrid. Le Hajj al-Qirân est celui pour lequel l’on accomplit la ‘Oumrah et le Hajj dans le même état d’Ihram. Néanmoins, ‘Oumar (r.a.) a décidé d’interdire aux gens d’accomplir le Hajj al-Tamattou’. Oubayy (r.a.) lui a dit : « Vous n’avez pas le droit d’en empêcher les gens. » Le Calife ‘Oumar (r.a.) a alors abandonné son idée.

À une occasion, le Calife ‘Oumar (r.a.) a décidé d’interdire aux gens de porter des manteaux de Hira, une ville située environs 5 kilomètres de Koufa. La raison était qu’on utilisait de l’urine pour teindre le tissu ou peut-être qu’on utilisait l’urine d’un animal afin de le décolorer. Oubayy (r.a.) lui a dit : « Vous n’avez pas le droit d’interdire cela parce que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui-même portait des vêtements de cette couleur et des manteaux de là-bas. Nous en avons également porté durant la vie du Saint Prophète (saw) et il n’y avait alors aucun problème. » En entendant cela, ‘Oumar (r.a.) s’est tu et a dit qu’Oubayy (r.a.) avait raison.

Lors du Califat d’Oumar (r.a.), il y a eu un désaccord entre le Calife en personne et Oubayy (r.a.) à propos d’un verger. Oubayy (r.a.) s’est mis à pleurer et a dit : « Dois-je être témoin de tout cela à votre époque ? » ‘Oumar (r.a.) a dit : « Ce n’était pas mon intention. Vous êtes libre d’obtenir un verdict du musulman de votre choix. Étant donné qu’il s’agit d’un désaccord entre nous, je ne rendrais pas de verdict. Vous êtes libre d’obtenir un verdict de n’importe qui. En tout cas, je crois avoir raison. »

Oubayy (r.a.) a donc proposé de demander à Zayd bin Thabit (r.a.) de juger ce différend. Le Calife ‘Oumar (r.a.) a accepté et l’affaire a été présentée devant Zayd (r.a.) pour être jugée. ‘Oumar (r.a.) était le Calife de l’islam, mais il a participé à l’assemblée de Zayd bin Thabit (r.a.) en tant que simple individu. Oumar (r.a.) n’était pas d’accord avec la revendication d’Oubayy (r.a.) et il lui a dit : « Vous avez oublié des détails. Essayez de vous remémorer. » Après avoir réfléchi pendant quelques instants, Oubayy (r.a.) a déclaré : « Je ne m’en souviens pas. » ‘Oumar (r.a.) a donc relaté ce qui s’était passé en détail. Zayd (r.a.) a demandé à Oubayy (r.a.) : « Quelles sont vos preuves pour appuyer votre revendication ? » Il a répondu qu’il ne disposait d’aucune preuve et qu’on peut simplement demander à l’Emir des croyants de faire un serment. ‘Oumar (r.a.) a répondu : « Je n’ai aucun problème à faire un serment quelconque. » Par la suite une décision a été prise.

‘Outhman bin ‘Affan (r.a.) avait établi une équipe de douze personnes composée de Qouraychites et d’Ansar pour compiler le Saint Coran. Oubayy Bin Ka’b (r.a.) et Zayd bin Thabit (r.a.) faisait également partie de cette équipe. À l’époque d’Outhman (r.a.), il y a eu des désaccords dans tout le pays au sujet de la prononciation des mots du Saint Coran. Il a ainsi voulu y mettre fin, il a pour cela souhaité écouter individuellement les récitations des compagnons. Il a constaté des différences dans la façon de réciter entre Oubayy Bin Ka’b (r.a.), ‘Abdoullah bin ‘Abbas (r.a.) et Mou’adh bin Jabal (r.a.). Outhman (r.a.) a déclaré : « Je souhaite que tous les musulmans prononcent le Coran de la même façon. » Parmi les Qouraychites et les Ansar, il y avait douze compagnons qui maîtrisaient le Saint Coran. ‘Outhman (r.a.) leur a confié cette tâche importante et il a nommé Oubayy Bin Ka’b (r.a.) comme chef de cette équipe. Oubayy (r.a.) récitait le Saint Coran et Zayd (r.a.) les retranscrivait à l’écrit. La grande précision de la prononciation du Saint Coran dont on témoigne aujourd’hui est le résultat de la prononciation d’Oubayy Bin Ka’b (r.a.).

‘Atiyy bin Damrah (r.a.) a déclaré qu’il a demandé à Oubayy Bin Ka’b (r.a.) : « Que vous est-il arrivé à vous les compagnons du Saint Prophète (s.a.w.) ? Nous nous rendons auprès de vous depuis des régions très éloignées, afin que vous partagiez avec nous des nouvelles, des anecdotes, et que vous nous appreniez quelque chose. Mais lorsque nous arrivons ici, vous n’accordez pas d’importance à nos demandes, comme si vous n’aviez aucune considération à notre égard. » Sur ce, Oubayy Bin Ka’b (r.a.) a déclaré : « Je jure au nom d’Allah que si je reste vivant jusqu’au prochain vendredi, je partagerai une information après quoi je ne me soucierai guère que vous me laissiez vivre ou que vous m’assassiniez. » Lorsque le vendredi est arrivé, ‘Atiyy bin Damrah (r.a.) a déclaré : « Je me suis rendu à Médine j’y ai vu de grosses foules dans les rues. » J’ai demandé : « Qu’est-il arrivé à ces gens ? » On m’a répondu : « Ne résides-tu pas dans cette ville ? » J’ai répondu : « Non. » L’homme m’a répondu : « Aujourd’hui Oubayy Bin Ka’b (r.a.), le chef des musulmans, est décédé. » ‘Atiyy Bin Zamra a déclaré : « Par Dieu, jamais je n’ai vu pareille manifestation de l’attribut As-Sattar de Dieu, hormis dans son cas. » Oubayy (r.a.) avait déclaré qu’il dirait une chose suite à quoi il était incertain du sort qu’on lui réserverait. Le rapporteur a relaté qu’il semblerait qu’Allah le Très Haut l’a préservé de divulguer un fait qu’il n’avait pas envie de partager. Allah sait mieux ce qu’Oubayy (r.a.) voulait dire par cette phrase. Le rapporteur a donc commenté ainsi : « Je n’ai jamais témoigné en faveur de quelqu’un d’autre pareille manifestation de l’attribut As-Sattar de Dieu. »

Oubayy Bin Ka’b (r.a.) avait déclaré : « Je complète une lecture intégrale du Saint Coran en huit jours. »

Oubayy (r.a.) avait un grand amour pour le Saint Prophète (s.a.w.). Le Saint Prophète (s.a.w.) s’adossait à l’un des piliers de la mosquée An-Nabawiyy, un tronc de dattiers, pour prononcer son sermon. Par la suite on a construit minbar pour lui et il s’est assis dessus pour prononcer son sermon, quand tout à coup, des pleurs provenant du pilier ont été entendus par tous ceux présents dans la mosquée. Le Saint Prophète (s.a.w.) s’est rendu auprès du pilier et a posé sa main dessus. Ensuite il lui a fait une accolade. Ce tronc a commencé à « pleurer » (à grincer) tel l’enfant qu’on prend dans ses bras pour le consoler jusqu’au point où il a été apaisé et les « pleurs » ont cessé. Par la suite, lorsque la mosquée a été détruite, afin de la reconstruire, Oubayy Bin Ka’b (r.a.) a pris ce même tronc avec lui, et ce uniquement car le Saint Prophète (s.a.w.) s’y adossait. Il l’a emmené chez lui. Par la suite ce tronc a pourri : le bois était infesté de termites et tombait en miettes. Mais il l’avait gardé auprès de lui en raison de l’amour qu’il avait (pour le Saint Prophète (s.a.w.)). Ce récit a été rapporté dans le Mousnad Ahmad bin Hanbal, et une partie de ce récit a été rapporté par Al-Boukhari.

Il y avait six Qadis (juges) parmi les compagnons du Saint Prophète (s.a.w.) : ‘Oumar (r.a.), ‘Ali (r.a.), ‘Abdoullah bin Ma’soud (r.a.), Zayd bin Thabit (r.a.), Abou Moussa al-Acha’ri (r.a.), et Oubayy Bin Ka’b (r.a.).

Samoura bin Joundoub (r.a.) était un compagnon de renom. Lors de la Salat, après avoir récité le Takbir (Allahou Akbar) il faisait une pause avant de réciter la sourate Al-Fatihah. Les gens ont soulevé des objections à cet égard. Samoura (r.a.) a donc écrit à Oubayy (r.a.) afin de lui demander de statuer là-dessus. Oubayy (r.a.) a envoyé une réponse très courte, en disant : « Ce que vous faites est en accord avec la Charia. Il n’y aucun problème à ce que vous fassiez une pause. Ceci est conforme à la Charia. On a tort de soulever des objections à cet égard. »

Souwayd bin Ghafla (r.a.) avait participé à une bataille aux côtés de Zayd bin Chouj’an (r.a.) et de Soulayman bin Rabi’ah (r.a.), qui s’était déroulée à un endroit appelé ‘Ouzayb, où ils avaient trouvé un fouet. ‘Ouzayb est une vallée des Banou Tamim : il s’agit d’un point d’eau située entre Qadisia et Moughithiya, à environ 6 km de Moughithiya. Souwayd a ramassé le fouet. On lui a dit de le laisser car il pourrait appartenir à un musulman. Il a répondu : « Je ne vais certainement pas le laisser ; s’il reste sur le sol les loups s’en nourriront. C’est mieux que j’en tire profit. »

Quelques jours plus tard, Souwayd (r.a.) a entrepris un voyage pour accomplir le Hajj. Médine se trouvait sur sa route. Il s’est rendu auprès d’Oubayy (r.a.) et lui a relaté ce qui s’était passé avec le fouet. Oubayy (r.a.) a répondu : « Je me suis déjà retrouvé dans une situation semblable. J’avais trouvé cent dinars à l’époque du Saint Prophète (s.a.w.). »

Qu’il s’agisse d’un fouet ou de cent dinars : chacun possède sa valeur propre et appartient à autrui. Écoutez la réponse que le Saint Prophète (s.a.w.) avait donnée. Oubayy (r.a.) a dit : « Le Saint Prophète (s.a.w.) m’avait ordonné d’annoncer aux autres (cette trouvaille) pendant un an. Une fois l’année écoulée, il faillait garder en mémoire la quantité de pièces et les signes distinctifs et il faut encore attendre une année. Si une personne réclame cet objet en la décrivant correctement, alors il faudra la lui rendre. Sinon, il vous appartient. » C’est-à-dire, il faut attendre deux années entières. Si une personne trouve un objet, il faut en faire l’annonce pendant un an. Pendant une autre année il faut garder en mémoire une description claire de cet objet, et si pendant ce temps une personne la revendique il faut la lui rendre.

Un jour, un homme se plaignit de la perte d’un objet dans la mosquée. Il annonçait qu’il avait perdu quelque chose. Oubayy (r.a.) s’est mis en colère contre lui pour son acte. L’homme a réagi : « Je n’ai rien fait de mal dans la mosquée ! » Oubayy (r.a.) a répondu : « Ce n’est pas une action condamnable, mais il faut aussi respecter la mosquée. Le fait d’y annoncer la perte d’une chose mondaine y porte atteinte. »

Il y a de nombreux récits divergents au sujet de l’année de décès d’Oubayy (r.a.). Selon un récit, Oubayy (r.a.) serait décédé au cours du califat d’Oumar (r.a.) en l’an 22 de l’Hégire, et selon un autre récit il serait décédé au cours du califat d’Outhman (r.a.) en l’an 30 de l’Hégire. Ce récit est le plus exact, car le Calife ‘Outhman (r.a.) lui avait confié la tâche de la compilation du Saint Coran.

Oubayy (r.a.) avait deux enfants : Toufayl et Mohammad. Leur mère se prénommait Oumm Toufayl bint Toufayl : elle était originaire de la tribu d’Aws. Il est rapporté qu’Oubayy (r.a.) avait aussi une fille prénommée Oumm ‘Amr. Ici se terminent les récits sur Oubayy (r.a.).


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