Sermons 2020

Bilal Bin Rabah – dévoué serviteur de l’Islam

Dans son sermon du 18 septembre 2020, Sa Sainteté le Calife a mentionné d'autres récits à propos de Bilal Bin Rabah.

 Sermon du vendredi 18 septembre 2020, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Ta’awudh, le Tashahoud et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

Dans mon précédent sermon, j’évoquais Bilal (r.a.), [un des] compagnons de Badr. Il restait une partie [des récits à son sujet] que j’évoquerai aujourd’hui. Abou Hourayrah (r.a.) relate : « Quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) retournait de la bataille de Khaybar, il a marché durant toute la nuit. Lorsqu’il a commencé à sommeiller, il s’est arrêté pour se reposer et a dit à Bilal : « Protège le moment de notre prière pour cette nuit. » »

Il souhaitait lui demander de réveiller [les musulmans] à l’heure de la prière du matin.

« Bilal a accompli des prières facultatives durant la nuit dans la mesure de ses capacités, tandis que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et ses compagnons dormaient. À l’heure de la prière du matin, Bilal s’est tourné vers le soleil levant et s’est reposé contre sa monture. Le sommeil s’est emparé de lui, tandis qu’il s’adossait à sa chamelle. Ainsi, ni Bilal ni aucun des compagnons ne s’est réveillé, jusqu’à ce la lueur du soleil leur tombe dessus. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) s’est réveillé en premier parmi eux. Tout inquiet, il s’est exclamé : « Ô Bilal ! Ô Bilal ! » Celui-ci de répondre : « Ô Envoyé d’Allah ! Que mes parents soient sacrifiés pour vous ! Celui qui a retenu mon âme a aussi retenu la vôtre. » (C’est-à-dire qu’il a eu sommeil comme les autres.) Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Partons ! » Ils ont avancé et ensuite l’Envoyé d’Allah a interrompu le voyage et il a fait ses ablutions. Ensuite il a demandé à Bilal de réciter l’Iqamah et il a dirigé la prière du matin, après le lever du soleil. Après l’office de la Salat du matin, il a déclaré : « Celui qui oublie d’accomplir la Salat doit le faire dès qu’il s’en souvient, car Allah nous enjoint de l’accomplir pour nous souvenir de Lui. » »

Le jour de la conquête de La Mecque le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) était accompagné de Bilal lorsqu’il est entré dans la ville. Ibn ‘Oumar relate : « Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est entré dans la ville le jour de la conquête de La Mecque. Il a fait venir ‘Outhman Bin Talha, qui a ouvert la porte [de la Ka’bah]. L’Envoyé d’Allah, Bilal, Ousama Bin Zayd et ‘Outhman Bin Talha sont entrés à l’intérieur de la Ka’bah. Ensuite, ils ont fermé la porte. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) y est resté pendant quelque temps avant de sortir. »

Ibn ‘Oumar ajoute : « Avec empressement, j’ai demandé à Bilal ce qui s’y était passé. Il a répondu que l’Envoyé d’Allah avait accompli la Salat à l’intérieur de la Ka’bah. Je lui ai demandé : « À quel endroit ? » « Entre ces deux colonnes » a-t-il indiqué.

Ibn ‘Oumar disait : « J’avais oublié de lui demander combien de Rak’ats il avait accomplies. »

Bilal montrait aux gens l’endroit où le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait fait ses prières.

Ibn Abi Moulaykah relate : « Le jour de la conquête de La Mecque, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a demandé à Bilal de lancer l’appel à la prière du haut du toit de la Ka’bah. Bilal a suivi ses instructions.

Le deuxième Calife a évoqué [quelques faits] sur Bilal lors de la conquête de La Mecque : « ‘Abbas (r.a.) s’est présenté au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) en compagnie d’Abou Soufyan. En le voyant, l’Envoyé d’Allah lui a dit : « Malheur à toi ! N’as-tu pas encore compris que Dieu est Unique ? » Abou Soufyan a répondu : « Certainement ! S’il existait d’autres dieux, ne nous auraient-ils pas aidés ? » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a dit : « Malheur à toi ! N’acceptes-tu pas jusqu’à présent que Muhammad est le Prophète d’Allah ? » Abou Soufyan a répondu : « Je n’en suis pas sûr jusqu’à présent. »

‘Abbas lui a dit : « Malheureux ! Prête allégeance [à l’Envoyé d’Allah] afin de sauver ta vie et celle de ton peuple. » Il a répondu : « Je vais le faire. » Il a fait la Bai’ah là-bas sans grande sincérité. Mais par la suite il est devenu un véritable musulman. Après sa Bai’ah, Abbas (r.a.) lui a dit : « Implore la clémence de l’Envoyé pour ton peuple sinon celui-ci connaîtra la destruction. »

Les Emigrants étaient inquiets. Ils étaient originaires de La Mecque et avaient compris que si ses habitants perdaient leur honneur la ville perdrait la sienne. En dépit du fait qu’ils avaient enduré d’âpres persécutions, ils ne cessaient de prier pour la réconciliation. Mais les Ansar, quant à eux, étaient vraiment furieux. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Implore la clémence ! » Abou Soufyan a déclaré : « Ô Envoyé d’Allah ! N’aurez-vous pas pitié de votre peuple ? Vous êtes d’ailleurs très compatissant. Je suis votre parent et votre frère. Je mérite aussi quelque honneur car je suis devenu musulman. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) de répondre : « Pars et annonce dans la ville, que quiconque entrera dans la maison d’Abou Soufyan sera en sécurité. » Abou Soufyan a répliqué : « Ô Envoyé d’Allah ! Quelle est la taille de ma maison ? Combien de gens pourra-t-elle accueillir ? La ville est grande et ma maison ne pourra pas accueillir tous ses habitants. » Sur ce, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Celui qui entrera dans l’enceinte de la Ka’bah sera en sécurité. » Abou Soufyan a répondu : « Ô Envoyé d’Allah ! Beaucoup ne seront pas sauvés ! » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Celui qui jettera ses armes sera sécurité. » Abou Soufyan a répondu : « Ô Envoyé d’Allah ! Même en ce cas, beaucoup ne seront pas sauvés ! » Celui-ci a alors dit : « Celui qui fermera la porte de sa maison sera lui aussi en sécurité. » Abou Soufyan a commenté : « Ceux qui sont à la rue seront tués, quant à eux ! » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) de répondre : « Dans ce cas, apportez un drapeau au nom de Bilal. » Abou Rouwayhah était un compagnon de Médine. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait lié celui-ci et Bilal lorsqu’il avait établi des liens de fraternité entre les Mouhajirine et les Ansar. Or, Bilal n’étant pas présent – ou pour quelque autre raison – le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a confié à Abou Rouwayhah le drapeau de Bilal en lui disant : « Ceci est le drapeau de Bilal. Tiens-toi au carrefour de la ville, le drapeau entre les mains, et annonce que quiconque se tiendra en-dessous sera en sécurité. » Abou Soufyan a déclaré : « Cela suffit ! À présent La Mecque sera sauve. Permettez-moi de partir. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui en a donné la permission.

Le chef de la ville avait déposé les armes : personne ne pouvait plaider l’ignorance. Abou Soufyan est entré dans la ville tout apeuré en annonçant : « O gens ! Fermez vos portes ! Jetez vos armes ! Partez dans l’enceinte de la Ka’bah ! Placez-vous sous le drapeau de Bilal ! » Sur ce, les habitants ont fermé les portes de leurs maisons. Certains sont entrés dans l’enceinte de la Ka’bah. D’autres ont jeté leurs armes dehors. L’armée musulmane est entrée dans la ville et les gens se sont réunis sous la bannière de Bilal. »

Hazrat Mouslih Maw’oud explique que le drapeau de Bilal était l’aspect le plus intéressant de tout cet incident. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a fait préparer le drapeau de Bilal en déclarant que quiconque se placera en dessous sera à l’abri. Or le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) était le chef : mais il n’y avait pas de drapeau en son nom. Après lui, Abou Bakr était celui qui avait consenti aux plus sacrifices : mais il n’y avait de drapeau en son nom non plus. ‘Oumar était le prochain en ligne parmi les chefs : mais il n’y avait pas de drapeau non plus en son nom. ‘Outhman était le favori après lui : il était d’ailleurs le gendre du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ; mais il n’y avait pas de drapeau en son nom non plus. ‘Ali était le prochain en ligne : il était aussi le cousin et le gendre du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Mais il n’y avait pas de drapeau en son nom. Il y avait aussi ‘Abdour Rahman Bin ‘Awf : le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait déclaré à son sujet que tant qu’il serait en vie il n’y aurait pas de dissension parmi les musulmans. Mais il n’y avait aucun drapeau au nom d’Abdour Rahmane.

‘Abbas était l’oncle du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Parfois, il était même impertinent à l’égard de l’Envoyé de Dieu et lui tenait des propos [insolents] sans que ce dernier ne se fâchât contre lui. Mais l’Envoyé d’Allah n’avait pas préparé de drapeau en son nom non plus. Les autres chefs et d’autres illustres personnages étaient aussi présents : Khalid Bin Walid, le fils d’un chef et une personne importante, ainsi qu’Amr Bin Al-’As, lui aussi le fils d’un chef et d’innombrables autres fils de chefs. Mais aucun d’entre eux n’avait de drapeau en son nom. Un drapeau a été érigé au nom de Bilal : pourquoi cela ? Quand l’assaut avait été lancé contre la Ka’bah, Abou Bakr était conscient que ceux qu’on allait tuer étaient ses frères et ses proches. Il avait lui-même demandé : « Ô Envoyé d’Allah ! Allez-vous tuer vos frères ? »

Il avait oublié les persécutions d’antan. Il savait qu’ils étaient ses frères. ‘Oumar quant à lui disait : « Ô Envoyé d’Allah ! Tuez ces mécréants ! » Mais quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) les a graciés, [‘Oumar] a certainement apprécié le fait que ses frères ont été pardonnés. ‘Outhman et ‘Ali se disaient aussi peut-être : « Nos frères ont été pardonnés. Fermons les yeux sur les persécutions qu’ils nous ont infligées. »

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), en leur pardonnant, se disait aussi possiblement qu’il y avait parmi eux ses oncles, ses frères, son gendre et ses proches et que sa clémence était quelque chose de positif et que ses proches ont eu la vie sauve.

Une seule personne n’avait pas de proches à La Mecque : il n’y avait aucun pouvoir, aucun compagnon. En raison de son dénuement, on lui avait infligé des tourments que ni Abou Bakr ni ‘Ali ni ‘Outhman ni ‘Oumar ni même le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) n’avaient endurés. »

Un récit cité la dernière fois affirmait que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et Abou Bakr étaient tous deux à l’abri de cette persécution en raison de leurs liens de parenté et que Bilal était le seul à subir pareils tourments. J’avais cependant fait ressortir que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et Abou Bakr en étaient tous deux victimes. Ici, le Mouslih Maw’oud ne nie pas le fait qu’ils aient été persécutés : il explique [en fait] que personne d’autre n’a subi des tourments comme ceux endurés par Bilal. Il a d’ailleurs décrit ces tortures qu’on lui infligeait. On le plaçait nu sur le sable brûlant.

En effet, Hazrat Mouslih Maw’oud déclare : « Vous ne pourrez pas marcher les pieds nus durant l’été au cours des mois de mai et de juin. Mais on plaçait Bilal nu sur le sable brûlant. Des jeunes dansaient sur sa poitrine en portant des chaussures de clous. Ils lui disaient : « Annonce qu’il existe d’autres dieux à part Allah ! Annonce que Muhammad est un menteur ! » Lorsqu’ils frappaient Bilal durement, celui-ci répondait dans son accent abyssinien : « Asadou al-la ilaha ill-Allah ! Asadou al-la ilaha ill-Allah ! » Il leur répondait : « Vous pouvez me torturer autant que vous le souhaitez ; ayant constaté que Dieu est unique, comment pourrais-je annoncer qu’il y en a deux ? Ayant observé que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est véridique, comme puis-je le répudier ? » Sur ce, ses tortionnaires le frappaient davantage. Ils le tourmentaient durant les mois d’été. Durant les mois d’hiver, ils l’attachaient par le pied et le tiraient dans les rues pierreuses de La Mecque et lui laceraient la peau en lui demandant de répudier le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et de croire en d’autres dieux en sus du Dieu unique. Mais Bilal répliquait : « Asadou al-la ilaha ill-Allah ! Asadou al-la ilaha ill-Allah ! »

Quand les dix-mille soldats musulmans sont entrés à La Mecque, Bilal s’est dit : « Aujourd’hui je vais me venger contre ces chaussures qui dansaient sur moi. Aujourd’hui je vais me venger des tourments qu’on me faisait subir. »

Quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a annoncé que toute personne qui entrera dans la maison d’Abou Soufyan, qui se rendra dans l’enceinte de la Ka’bah, qui jettera ses armes et qui fermera les portes de sa maison sera pardonnée, Bilal s’est peut-être dit : « Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait amnistié tous ses frères et que cela était positif, mais où est ma vengeance [dans tout cela] ? » Or, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) aurait constaté que sa clémence avait meurtri une seule personne : Bilal, car ceux qui étaient pardonnés n’étaient pas ses frères. Ceux qui le tourmentaient ne torturaient personne d’autre. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a annoncé : « Je vais le venger. Et cette vengeance ne portera pas atteinte à mon prophétat et le réjouira. »

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a annoncé : « Qu’on érige le drapeau de Bilal ! » Ensuite, il a recommandé aux chefs de La Mecque de se réunir sous cette bannière s’ils souhaitaient sauver leur vie et celle de leurs familles, ces mêmes chefs qui naguère piétinaient Bilal de leurs chaussures, l’attachaient par les pieds pour le tirer, et l’allongeaient sur le sable brûlant. Selon moi, aucun être humain n’a eu de vengeance plus grandiose depuis la création du monde, depuis que l’homme détient le pouvoir, depuis qu’il a eu la capacité de prendre la vie d’un autre pour se venger. Quand le drapeau de Bilal a été planté devant la Ka’bah et que ces mêmes chefs Mecquois qui naguère le piétinaient pour le contraindre à répudier le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) courraient avec leurs femmes et leurs enfants pour se placer en dessous afin d’avoir la vie sauve, en cet instant-là Bilal s’était certainement voué corps et âme au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Il s’était sûrement dit : « J’ignorais si je pourrais me venger de ces mécréants ou pas : mais vengeance il y a eu. Ceux qui m’écrasaient la poitrine de leurs chaussures posent aujourd’hui la tête devant mes chaussures. »

Telle fut sa vengeance. Ceux qui portaient les chaussures qui jadis dansaient sur sa poitrine se prosternaient à présent devant les chaussures de Bilal. Cette vengeance était plus grandiose que celle de Joseph, car celui-ci avait pardonné ses frères en raison de leur père. Il l’avait fait pour son père ; les graciés étaient ses frères. Mais ici, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait pardonné ses oncles et ses frères par le truchement des chaussures d’un esclave. Comment comparer la vengeance de Joseph à celle-là ? »

Cet extrait était tiré de l’ouvrage Sayr-e-Rouhani du Mouslih Maw’oud. Il en a fait mention brièvement dans l’ouvrage Introduction à l’Etude du Coran. J’apporte ces précisions car certains affirment qu’il y existe des différences dans [certains] récits. L’absence d’explications et la brièveté dans l’un des deux récits [du Mouslih Maw’oud] sont les uniques différences entre eux. Certains mettent en exergue des [soi-disant] « différences » en fouillant dans les détails. Mais le déroulement de ces événements et les conclusions qu’on en tire sont les mêmes [dans les deux récits]. Le [deuxième récit] affirme : « Abou Soufyan, demanda alors au Saint Prophète (s.a.w.) : « Si les Mecquois ne tirent pas l’épée, auront-ils la paix ? » « Oui », répondit le Prophète (s.a.w.), « quiconque fermera la porte de sa maison sera en sécurité. » « Mais, ô Prophète (s.a.w.), » intervint ‘Abbas (r.a), « Abou Soufyan se soucie de sa personne : il est quelqu’un de fier. Il veut savoir si son rang et sa position parmi les Mecquois seront respectés. »

Ceci est un point supplémentaire à propos d’Abbas.

« Très bien, » dit le Saint Prophète (s.a.w.) : « Quiconque prendra refuge dans la maison d’Abou Soufyan aura la paix. Quiconque entrera dans la Sainte Mosquée aura la paix. Ceux qui déposeront les armes auront la paix. Ceux qui fermeront leurs portes et resteront dans leurs maisons auront la paix. Ceux qui resteront dans la maison de Hakim ibn Hizam (r.a) auront la paix. »

Ayant ainsi parlé, il appela Abou Rouwayhah (r.a) qui avait conclu un pacte de fraternité avec Bilal (r.a), et déclara : « Je confie notre étendard à Abou Rouwayhah (r.a). Quiconque se placera sous cet étendard aura la paix. » En même temps, il donna l’ordre à Bilal (r.a) de marcher devant Abou Rouwayhah (r.a) et d’annoncer à tous que la paix était sous l’étendard tenu par lui. »

Le point supplémentaire était que Bilal faisait l’annonce en même temps.

« Les dispositions prises étaient pleines de sagesse. Lorsque les musulmans étaient persécutés à La Mecque, Bilal (r.a), l’une des premières victimes, avait été traîné dans les rues par des cordes attachées à ses chevilles. La Mecque et ses rues n’avaient apporté à Bilal (r.a) aucune paix, mais seulement la souffrance, l’humiliation et la disgrâce. Des sentiments de vengeance ont dû naître en lui en ce jour de délivrance, s’était dit le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Il était nécessaire de le laisser se venger des cruautés endurées à La Mecque, mais ceci dans les limites prévues par l’islam.

En conséquence, le Saint Prophète (s.a.w.) ne lui permit pas de tirer l’épée pour décapiter ses anciens persécuteurs. Au lieu de cela, il remit l’étendard de l’islam au frère de Bilal (r.a), et chargea ce dernier d’offrir la paix à tous ceux qui l’avaient tourmenté. Cette revanche était empreinte de beauté et de grandeur. Nous pouvons imaginer Bilal (r.a) marchant devant son frère et invitant ses ennemis à la paix. Sa soif de vengeance ne devait pas durer ; elle avait dû s’apaiser à mesure qu’il avançait. Il avait dû ressentir qu’il ne pouvait avoir de vengeance plus grandiose et belle que celle choisie par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).

Ensuite, le deuxième Calife a évoqué la patience de Bilal lors de la conquête de La Mecque ainsi que ses sentiments.

Il déclare : « Telles étaient les souffrances endurées par Bilal à La Mecque… » Celles-ci ont été mentionnées plus haut. « Mais savez-vous quel honneur le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait-il réservé à ce même Bilal, l’Abyssinien, sur la poitrine duquel dansaient les grands chefs de La Mecque ? Savez-vous comment il l’a vengé des mécréants ? Après la conquête de La Mecque le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a confié un drapeau entre les mains de Bilal et il a annoncé : « Ô Chefs Mecquois, si vous souhaitez avoir la vie sauve réunissez-vous sous la bannière de Bilal. » Il souhaitait leur dire que s’ils souhaitaient vivre ils devaient s’asservir à Bilal sur la poitrine duquel ils dansaient auparavant, quand il était esclave et eux les chefs. »

La conclusion est la même partout. Dans [un récit] il est dit que le drapeau a été confié à son frère et qu’il accompagnait ce dernier. [Selon un autre récit] il est dit qu’il y avait un drapeau portant le nom de Bilal. Et dans un autre il est dit que Bilal le portait. Dans les [trois] cas le résultat était le même.

Les points sont présentés avec des différences mineures : de toute façon, le résultat est le même.

‘Abdoullah Bin ‘Oumar relate : « Le jour de l’Aïd, un individu marchait [habituellement] devant le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avec une lance. Il s’agissait généralement de Bilal. Il la plantait devant le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). À l’époque on utilisait un champ comme lieu de prière lors de l’Aïd. Selon un récit le roi Abyssinien avait offert trois lances au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) : il en avait gardé une pour lui. Il avait offert les deux restantes à ‘Ali Bin Abi Talib et ‘Oumar Bin Al-Khattab. Bilal marchait avec la lance du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) les jours des deux Aïds. Il la plantait devant lui et le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) accomplissait la prière en se tournant dans sa direction. Après le décès du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), Bilal marchait avec la lance devant le Calife Abou Bakr. »

Après le décès du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), selon les récits, Bilal serait parti en Syrie. Il est dit qu’il s’est rendu auprès d’Abou Bakr et lui a dit : « Ô Calife du Prophète ! J’ai entendu l’Envoyé d’Allah déclarer que le Jihad dans la voie d’Allah est l’action la plus louable du croyant. » Abou Bakr lui a demandé : « Bilal ! Que souhaites-tu ? » Celui-ci de répondre : « Je souhaite que vous m’envoyiez accomplir le Jihad dans la voie d’Allah et ce jusqu’à ce que je tombe en martyr. » Abou Bakr (r.a.) a répondu : « Bilal ! Pour l’amour d’Allah je te rappelle que mon corps est fragile, je suis vieux et le moment de ma mort est très proche. C’est pour cette raison que je te demande de rester avec moi. »

Ainsi donc, Bilal (r.a.) est resté avec Abou Bakr (r.a.) jusqu’à sa disparition. Après le décès d’Abou Bakr (r.a.), Bilal (r.a.) est parti voir le Calife ‘Oumar (r.a.) et lui a fait la même requête. ‘Oumar (r.a.) lui a donné la même réponse qu’Abou Bakr. Cependant, Bilal (r.a.) ne l’a pas l’acceptée et a insisté pour se rendre au Jihad ; il a répété sa requête à ‘Oumar (r.a.). Celui-ci a déclaré : « À qui vais-je confier la tâche de l’Adhan après toi ? » Bilal (r.a.) a proposé le nom de Sa’d (r.a.) étant donné que celui-ci avait lui aussi lancé l’appel à la prière au cours de la vie du Saint Prophète (s.a.w.). Par conséquent, Oumar (r.a.) a confié la tâche de l’Adhan à Sa’d (r.a.) et après lui à ses enfants. Et il a permis à Bilal (r.a.) de partir accomplir le Jihad suite à son insistance.

Ceci est une version de cet épisode. Mais un autre récit mentionne la conversation qui a eu lieu entre Abou Bakr (r.a.) et Bilal (r.a.) comme suit : Moussa bin Muhammad rapporte de son père que lors du décès du Saint Prophète (s.a.w.), le jour-même, Bilal (r.a.) a fait l’Adhan avant même l’enterrement. Lorsqu’il énonçait : « J’atteste que Muhammad est le Messager d’Allah », (Il disait « Asadou ») des sanglots résonnaient dans la mosquée. Lorsque le Saint Prophète (s.a.w.) a été enterré, Abou Bakr a demandé à Bilal (r.a.) de faire l’Adhan, Bilal (r.a.) lui a répondu : « Si vous m’avez affranchi pour que je reste à vos côtés, en ce cas je vous obéirai ; mais si vous m’avez affranchi pour Allah, alors laissez-moi faire ce pour quoi j’ai été libéré. » A cela, Abou Bakr (r.a.) a répondu : « Je t’ai affranchi pour Allah. » Bilal (r.a.) a ajouté : « Après le décès du Saint Prophète (s.a.w.), je ne ferai l’Adhan pour personne d’autre. » Abou Bakr (r.a.) a répondu : « C’est ton choix. » Suite à cela, Bilal (r.a.) est resté à Médine. Lorsqu’au cours de la période de Califat d’Oumar (r.a.) des troupes ont pris la direction de la Syrie, Bilal (r.a.) les a accompagnés.

L’Ousd Al-Ghabah rapporte que Bilal (r.a.) avait dit à Abou Bakr (r.a.) : « Si vous m’avez affranchi pour vous-même alors gardez-moi auprès de vous ; mais si vous m’avez affranchi pour Dieu alors laissez-moi accomplir le Jihad dans Sa voie. » Sur ce, Abou Bakr (r.a.) a répondu : « Pars ! » Bilal (r.a.) a émigré en Syrie, où il a résidé jusqu’à son décès. La majorité des traditions relatent qu’il s’est rendu en Syrie au cours du califat d’Oumar (r.a.) et non celui d’Abou Bakr (r.a.). Un autre récit affirme que même après le décès du Saint Prophète (s.a.w.), il a continué à lancer l’Adhan au cours du Califat de Abou Bakr (r.a.).

Selon un récit, une fois Bilal (r.a.) a rencontré le Saint Prophète (s.a.w.) dans un rêve et ce dernier lui a dit : « O Bilal, ton cœur est devenu si dur : ne souhaites-tu pas me visiter ? » Bilal (r.a.) s’est réveillé dans un état de grande tristesse. Il résidait en Syrie, il a donc pris la route en direction de Médine. Il a visité la tombe bénie du Saint Prophète (s.a.w.) et a beaucoup pleuré. Entre-temps, Hassan (r.a.) et Houssayn (r.a.) l’ont rejoint. Bilal (r.a.) les a embrassés, et les a pris dans ses bras. Hassan (r.a.) et Hussain (r.a.) lui ont dit : « Nous souhaitons que vous lanciez l’appel à la prière du matin. » Bilal est monté sur le toit de la mosquée. Lorsqu’il a prononcé les paroles : « Allah est Grand, Allah est Grand », les rapporteurs ont relaté que Médine avait « tremblé », et qu’ensuite, lorsqu’il a prononcé les paroles « J’atteste qu’il n’y a d’autre Dieu qu’Allah », les gens ont frémi davantage et se sont réveillés soudainement. Par la suite, lorsqu’il a prononcé les paroles : « J’atteste que Muhammad est Son Messager » les femmes sont sorties de leurs chambres. Les rapporteurs ont relaté qu’on n’avait jamais vu autant d’hommes et de femmes pleurer ensemble. Les gens se sont remémoré l’époque du Saint Prophète (s.a.w.) et cet appel à la prière les a troublés.

Au cours de la période du Califat d’Oumar (r.a.), lorsque Bilal (r.a.) a demandé l’autorisation de partir pour le Jihad, ‘Oumar (r.a.) lui a demandé : « Qu’est-ce qui vous empêche de faire l’Adhan ? » Bilal (r.a.) a répondu : « Je faisais l’Adhan sur ordre du Saint Prophète (s.a.w.), et ce jusqu’à son décès. Par la suite, je faisais l’Adhan sur ordre d’Abou Bakr (r.a.), et ce jusqu’à son décès, car il était celui qui avait supervisé ma faveur [mon affranchissement]. J’ai entendu le Saint Prophète (s.a.w.) dire : « Ô Bilal, aucune adoration n’est plus grande que celle de faire le Jihad dans la voie de Dieu. » Bilal (r.a.) a donc émigré en Syrie. Lorsque ‘Oumar (r.a.) s’y est rendu, à sa demande Bilal (r.a.) avait fait l’Adhan. Les rapporteurs relatent qu’ils ne l’avaient jamais vu autant pleurer. Le deuxième Calife (r.a.) [de la Jama’at Ahmadiyya] a mentionné les derniers jours de Bilal (r.a.) et a déclaré : « Au cours de ses dernières années, Bilal (r.a.) avait émigré en Syrie. » Il a également mentionné que personne n’acceptait ses demandes en mariage. Or il [en réalité], Bilal s’était marié plusieurs fois comme [je l’ai] mentionné plus tôt. Il est possible qu’on refusait ses demandes car il souhaitait partir en Syrie, ou bien une fois qu’il était en Syrie, on n’acceptait pas ses demandes en mariage. Peu importe, il est rapporté qu’à l’époque du Saint Prophète (s.a.w.) il s’était marié plusieurs fois. Le Mouslih Maw’oud (r.a.) a écrit : « En Syrie, il a formulé une demande en mariage auprès d’une famille, et il a ajouté qu’il était originaire d’Abyssinie. Il a ajouté : « Si vous souhaitez refuser ma demande vous êtes libres de le faire, et si vous acceptez en me considérant un compagnon du Saint Prophète (s.a.w.), alors je vous en serais très reconnaissant. » Sa demande a été acceptée, et il est resté en Syrie. » Il s’était marié à plusieurs reprises par le passé. Il est possible que ses femmes étaient décédées, ou bien qu’aucune d’elles n’était prête à l’accompagner, ou bien qu’il souhaitait tout simplement se marier en Syrie. Je souhaite faire ressortir ici qu’il s’était marié à plusieurs reprises par le passé. Le Mouslih Maw’oud (r.a.), et d’autres récits, mentionnent que personne n’acceptait sa demande en mariage. Allah l’Exalté sait le mieux dans quel contexte le Mouslih Maw’oud (r.a.) a mentionné ce fait. Bilal (r.a.) avait donc formulé une demande en mariage ; il s’est marié et il est resté en Syrie.

Le véritable sujet était le rêve : j’ai mentionné en passant la question du mariage.

Le Mousleh Maoud (r.a.) a écrit : « Une fois le Saint Prophète (s.a.w.) a visité Bilal (r.a.) dans l’un de ses rêves et lui a dit : « Ô Bilal, tu m’as oublié. Tu n’es jamais venu visiter ma tombe. » Il s’est réveillé aussitôt, il a préparé ses affaires pour le voyage et a pris la route en direction de Médine. Il a prié sur la tombe du Saint Prophète (s.a.w.), en pleurant. Ses sanglots étaient si intenses que la nouvelle de son retour à Médine s’était propagée dans toute la ville. Hassan (r.a.) et Houssayn (r.a.) qui avaient grandi, ont couru vers lui et ont dit : « Vous faisiez l’Adhan à l’époque du Saint Prophète (s.a.w.) ? » Il a répondu : « Oui, et alors ? » Ils lui ont demandé : « Nous souhaiterions entendre votre Adhan nous aussi. » Il a donc fait l’Adhan, que les gens ont entendu.

Au cours de son Califat, ‘Oumar (r.a.) avait mis en place des bureaux de finance, des registres de comptabilité et avait compilé tous les détails pour les paiements des allocations. Bilal (r.a.) s’était rendu en Syrie, et il y a résidé avec les Moujahidin. Omar (r.a.) lui a demandé : « O Bilal, à qui souhaites-tu confier la responsabilité de tes allocations ? Qui sera ton représentant ? » Il a répondu : « Abou Rouwayhah, que je ne quitterai jamais en raison du lien fraternel que le Saint Prophète (s.a.w.) avait établi entre lui et moi. »

Il existe un récit sur la considération que les gens avaient pour la véracité de Bilal (r.a.) : « ‘Amr bin Maymoun rapporte de son père que le frère de Bilal (r.a.) revendiquait ses origines arabes et il se considérait membre de ce peuple. Il a donc envoyé une demande en mariage auprès d’une femme arabe. La famille lui a dit : « Si Bilal (r.a.) vient ici, alors nous accepterons ta demande. » Bilal (r.a.) est venu, il a récité le Tachahhoud, et a ajouté : « Je suis Bilal bin Rabah. Voici mon frère : il ne possède pas de bonnes qualités morales et il n’est pas pratiquant non plus. Vous êtes libres d’accepter ou de refuser sa demande. » Ils ont répondu : « Nous acceptons la demande en mariage de l’homme dont vous êtes le frère. »

Zayd bin Aslam raconte que quelques personnes des Banou Abou Boukayr sont parties voir le Saint Prophète (s.a.w.) et lui ont demandé s’il arrangerait le mariage entre leur sœur et untel. Le Saint Prophète (s.a.w.) leur a demandé leur opinion à propos de Bilal. Ils sont venus une deuxième fois et ils ont dit : « Ô Messager d’Allah ! Veuillez organiser le mariage de notre sœur avec untel. » Le Saint Prophète (s.a.w.) leur a demandé encore ce qu’ils pensaient à propos de Bilal. Quand ces gens sont venus pour la troisième fois – ayant refusé deux fois de suite – et ont demandé au Saint Prophète (s.a.w.) d’arranger le mariage de leur sœur, le Saint Prophète (s.a.w.) a dit : « Quel est votre opinion à propos de Bilal ? Que pensez-vous de quelqu’un qui est parmi les habitants du paradis ? » Le narrateur dit qu’ils ont finalisé le mariage entre leur sœur et Bilal (r.a.).

Dans l’extrait précédent, le Mouslih Maw’oud écrit qu’on refusait les demandes en mariage de Bilal. C’était peut-être dans un contexte particulier. Divers récits, dont celui-ci, affirment que Bilal s’était marié à plusieurs reprises.

Hazrat Mirza Bashir Ahmad Sahib (r.a.) écrit : « Lors du Califat d’Oumar (r.a.), Abu Soufyan et d’autres chefs Mecquois qui avait accepté l’islam lors de la victoire de La Mecque, sont venus à sa rencontre. Par coïncidence, en même temps, Bilal (r.a.), ‘Ammar (r.a.), Souhayb (r.a.) et d’autres compagnons étaient également venus rencontrer ‘Oumar (r.a.).

Ces gens, naguère esclaves, étaient très pauvres ; mais ils étaient de ceux qui avaient accepté l’islam durant les premiers temps. Quand ‘Oumar (r.a.) a su à propos de leur arrivée, il a invité Bilal (r.a.) et les autres à venir le voir en premier. En voyant cela, Abu Soufyan (r.a.), qui possédait peut-être encore une teinte d’ignorance, était furieux et a dit : « Allons-nous endurer pareille humiliation ? Devons-nous attendre, pendant que ces esclaves reçoivent l’honneur du public ? » « Qui est à blâmer pour cela ? » répliqua Souhayl. « Muhammad (s.a.w.) nous a tous invités à Dieu et ces esclaves l’ont accepté immédiatement pendant que nous tardions. Ne doivent-ils pas nous être supérieurs ? »

Tout en évoquant le statut et rang de Bilal, Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) a relaté cet incident de la manière suivante : « Lors de son califat, ‘Oumar (r.a.) est venu une fois à La Mecque. Tous ces anciens esclaves qui étaient traînés par leurs cheveux, sont venus un par un pour le rencontrer.

C’était le jour de l’Aïd ; et avant l’arrivée de ces anciens esclaves, tous les fils des chefs éminents de La Mecque étaient venus saluer ‘Oumar (r.a.). Ils étaient toujours assis là quand Bilal (r.a.) est venu, le même Bilal qui avait été auparavant un esclave. Les gens le tabassaient sévèrement et traînaient le corps nu sur des rochers pointus. On plaçait de gros rochers lourds sur sa poitrine et on le forçait de dire qu’il adorerait [les déesses] Lât et ‘Ouzzah. Cependant, il répliquait : « Je témoigne que nul n’est digne d’adoration sauf Allah. » Quand ‘Oumar (r.a.) a vu Bilal (r.a.), il a demandé aux chefs s’ils pouvaient s’écarter et lui faire de la place. Il venait de s’asseoir quand un autre compagnon, qui était auparavant esclave, est venu et ‘Oumar (r.a.) a demandé à nouveau aux chefs s’ils pouvaient reculer et lui permettre de s’asseoir. Après un court instant, un autre compagnon qui était lui aussi un ancien esclave s’est présenté. Une fois de plus, ‘Oumar (r.a.) a demandé aux chefs de faire place au nouveau venu. Parce qu’Allah a voulu les humilier, par coïncidence huit ou dix anciens esclaves sont venus les uns après les autres et à chaque fois ‘Oumar (r.a.) a demandé aux chefs de reculer et de leur faire de la place à l’avant.

À l’époque, il n’y avait pas de grandes salles. Il s’agissait d’une toute petite chambre ne pouvant pas accueillir tout le monde.

La chambre était remplie de ces compagnons qui étaient des esclaves ; et ces chefs ont dû reculer au point de se retrouver à proximité des chaussures. Ils n’ont pu l’endurer plus longtemps et sont sortis. À l’extérieur, ils ont commencé à se plaindre : « Nous avons été humiliés aujourd’hui ! On a honoré ces esclaves qui nous servaient et nous avons dû, quant à nous, nous écarter tant et si bien que nous nous sommes retrouvés entre les chaussures ! Nous avons été humiliés aux yeux de tout le monde ! » L’un d’entre eux qui était perspicace a demandé : « C’est vrai que nous avons été humiliés. Mais à qui la faute ? Quand nos pères et nos frères persécutaient Mohammad et ses compagnons, ces esclaves ont donné leur vie pour lui. Puisque aujourd’hui c’est l’autorité du Saint Prophète (s.a.w.) qui règne, vous pouvez décider vous-même qui sera honoré par ses disciples : vous qui les persécutiez ou ces esclaves qui ont sacrifié leur vie pour l’islam ? S’ils méritent honneur et respect aujourd’hui, pourquoi vous plaignez-vous ? C’est en raison des mauvaises actions de vos ancêtres que vous ne recevez pas le même honneur que ces derniers ! » Quand le jeune homme sage a prononcé ces paroles ils ont compris. Ils ont répondu : « Nous avons compris la réalité ; mais y a-t-il un moyen pour effacer cette humiliation ? En effet, nos ancêtres sont coupables de cette humiliation mais il doit bien y avoir une solution pour effacer cette tache… »

Étant incapables de trouver la solution, ils ont tous convenu qu’ils en parleraient à ‘Oumar (r.a.) et lui demandaient s’il y avait un moyen d’expier leurs erreurs. Quand ils sont partis rencontrer ‘Oumar (r.a.), la réunion était terminée et les compagnons étaient déjà partis. Ils ont dit à ‘Oumar (r.a.) : « Nous sommes venus vous parler de l’humiliation que nous avons subie aujourd’hui lors du rassemblement. » ‘Oumar (r.a.) a déclaré : « Ne vous sentez pas lésés. Ces personnes étaient les compagnons du Saint Prophète (s.a.w.) et étaient toujours assis à l’avant lors de ses rassemblements. Par conséquent, j’étais obligé de les accueillir à l’avant. Je sais que mon action vous a vexés, mais c’était mon devoir. » Ils ont répondu : « Nous comprenons votre difficulté. Nous souhaitons savoir si nous pouvons expier les causes de cette humiliation ? Existe-t-il une eau avec laquelle laver ces taches ? » ‘Oumar (r.a.) avait vu l’influence, la puissance de leurs ancêtres et la crainte qu’ils inspiraient. Quand il les a entendus il avait les larmes aux yeux en pensant à leur chute en raison de leurs méfaits. Ses émotions étaient si intenses qu’il était incapable de parler. Il pouvait tout simplement pointer vers la Syrie, où, à l’époque, les musulmans livraient batailles contre les armées de César. Il voulait dire que la seule façon d’expier cette humiliation était qu’ils sacrifient leur vie en participant à la bataille. Sur ce, ils sont sortis, ils sont montés sur leurs chameaux et sont partis dans la direction de la Syrie. L’histoire nous apprend qu’aucun d’entre eux n’est retourné vivant. Ils ont effacé de leur sang la tache de l’humiliation qu’ils portaient sur le front en raison des actions de leurs ancêtres. »

Ainsi, il faut consentir à des sacrifices pour mériter quelque rang ou honneur. Selon les beaux enseignements de l’islam, ceux qui ont consenti à des sacrifices dès le début possèdent un rang élevé, qu’ils soient des esclaves d’origine africaine ou appartenant à toute autre ethnie. L’islam confère ces honneurs sur la base du mérite : ils peuvent être accordés à n’importe qui, sans aucune distinction entre riches et pauvres. S’ils font preuve de loyauté et sont prêts à offrir des sacrifices, et s’ils sont prêts à tout sacrifier, y compris leur vie, ils jouiront de ce rang et de cet honneur. Je mentionnerai les autres récits restant sur Bilal (r.a.) à l’avenir, si Dieu le souhaite.


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