Sermons 2019

Zayd Bin Haritha

Dans son sermon du 14 juin 2019, Sa Sainteté le Calife a mentionné plusieurs récits sur Zayd Bin Haritha, compagnon du Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) et un des premiers musulmans.

 Sermon du vendredi 14 juin 2019, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Baitul-Futuh à Londres. Après le Ta’awudh, le Tashahoud et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

J’avais évoqué Zayd Bin Haritha dans mon précédent sermon en disant qu’il avait accompagné le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) à Ta’if. Je mentionne ici-bas d’autres explications présentées par Hazrat Sahibzada Mirza Bashir Ahmad dans sa Sirat Khatam-an-Nabiyyine à propos de ce voyage.

Après être sorti de la vallée d’Abi Talib, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) s’est rendu à Ta’if. Quand le boycott a été levé et que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a retrouvé un semblant de liberté dans ses mouvements, il a décidé de visiter Ta’if et d’inviter son peuple à l’islam. Ta’if est un lieu célèbre situé à quarante miles (64 km) au sud-est de La Mecque et était habité par la tribu des Banou Thaqīf à l’époque. Mise à part l’importance de [La Mecque] en raison de la présence de la Ka’aba, Ta’if était reconnu comme étant l’égal de cette ville et de nombreuses personnalités éminentes, influentes et riches y résidaient. Les habitants de La Mecque eux-mêmes ont admis l’importance de Ta’if, comme le relate le Coran :

لَوْلَا نُزِّلَ هَذَا الْقُرْآنُ عَلَى رَجُلٍ مِنَ الْقَرْيَتَيْنِ عَظِيمٍ

Et [les Mecquois] disent : « Pourquoi ce Coran n’a-t-il pas été révélé à un grand homme des deux villes ? »

Par conséquent, au cours du mois de Chawwāl en l’an 10 de son prophétat, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) entreprit seul un voyage à Ta’if. Selon d’autres récits, Zayd bin Ḥārithah l’accompagna également. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) resta dix jours à Ta’if. Il rencontra successivement de nombreux chefs, mais, comme La Mecque, le destin [immédiat] de cette ville n’était pas d’accepter l’islam. Par conséquent, tous ont refusé, se moquant même du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Enfin, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) approcha le grand chef de tribu de Thaqif nommé ‘Abdou Yālil et l’invita à l’islam. Selon divers hadiths il se nommait aussi Ibn ‘Abdi Yalil. Mais ce dernier refusa également, voire il dit sarcastiquement au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) : « Si vous êtes véridique, je ne suis pas digne de vous parler. Si vous êtes un menteur, il est alors inutile de vous parler. » Puis, craignant que les jeunes de la ville ne fussent influencés par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), il dit : « Il vaut mieux que vous partiez d’ici, car il n’y a personne ici qui soit disposé à vous écouter. » Après cela, cet être infâme lança les vagabonds de la ville aux trousses du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Quand il quitta la ville, ces gens ignobles le poursuivirent, lui lançant des pierres. Son corps entier fut ensanglanté.

Selon le premier récit, Zayd Bin Haritha l’avait accompagné. Il avait aussi reçu des pierres à la tête. Ils le poursuivirent sur plus ou moins cinq kilomètres : ils l’insultaient et lui lançaient sans cesse des pierres. À une distance d’environs cinq kilomètres de Ta’if, il se trouvait un verger appartenant à un chef de La Mecque nommé ‘Utbah bin Rabī’ah. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) se réfugia dans ce verger et ses ennemis impitoyables retournèrent épuisés. Debout sous l’ombre d’un arbre, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) implora en ces termes :

اللهم اِلیک اشکو ضعف و قو تِی و قِلة حِیلتِی وهوانِی علی الناسِ اللهم یاارحم الراحِمِین انت رب المستضعفِین وانت ربِی۔

« Ô mon Seigneur, je me plains auprès de toi de mon impuissance, de mon incapacité et de ma faiblesse devant le peuple. Ô mon Dieu, tu es le plus miséricordieux, car Tu es le gardien et le protecteur des faibles et des impuissants – Tu es mon Seigneur. Je cherche refuge à la lumière de Ton visage. C’est Toi qui dissipes toutes les ténèbres et c’est Toi qui accordes les faveurs à l’homme dans ce monde et dans l’au-delà. »

‘Outbah et Chaibah étaient dans leur verger. Quand ils ont vu le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) dans cet état, émus peut-être en raison de leur relation plus ou moins proche [avec le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.)] ou peut-être par solidarité tribale ou pour d’autres raisons, ils lui ont envoyé un plateau de raisins, par l’entremise de leur esclave chrétien nommé ‘Addās. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) les a pris et a demandé à ‘Addās : « D’où viens-tu et de quelle religion es-tu le suivant ? » « Je viens de Ninive, a répondu Addās, et je suis un chrétien. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a demandé : « La même Ninive qui abritait le serviteur juste de Dieu, Jonas, fils d’Amittaï ? » « Oui, répondit, ‘Addas, mais comment connais-tu Jonah ? » « Il était mon frère, dit le Saint Prophète, il était un prophète d’Allah, et je suis aussi un prophète d’Allah. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a alors prêché le message de l’islam et cela l’a beaucoup ému. Dans sa passion de sincérité, il s’avança et embrassa les mains du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). ‘Outbah et Chaibah ont observé ce spectacle de loin ; quand ‘Addās est revenu vers eux, ils lui ont demandé : « Que t’es-il arrivé ? Pourquoi as-tu embrassé les mains de cet homme ? Il gâchera ta foi tandis que la tienne est meilleure que la sienne ! »

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) s’est reposé dans ce verger pendant un certain temps. Il a ensuite quitté cet endroit et est parti à Nakhlah, située à environ un jour de route de La Mecque, où il est resté quelques jours, pour se rendre à la montagne de Hira. Puisque l’échec apparent de Ta’if impliquait la possibilité que les Mecquois seraient plus audacieux, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a fait savoir à Mout’im bin ‘Adiyy qu’il voulait entrer à La Mecque et lui a demandé son aide. Bien que Mout’im était un mécréant endurci, il était noble de caractère. En pareils moments, il était contraire à la nature des Arabes nobles de refuser la protection à celui qui la demandait. C’était là une des qualités des Arabes, même à l’époque de l’ignorance.

Accompagné de ses fils et de sa famille en armes, Mout’im s’est tenu aux côtés de la Ka’bah et a informé le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) qu’il pouvait venir et qu’ils allaient assurer sa protection. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est entré et a fait le awāf de la Ka’bah et escorté de Mout’im et de ses enfants, à l’ombre de leurs épées, il est entré chez lui. En cours de route, quand Abū Jahl a vu Mout’im dans cet état, il a demandé tout étonné : « As-tu simplement accordé à Muhammad ta protection ou es-tu devenu son disciple ? » Mout’im a répondu : « Je lui ai accordé ma protection et je ne suis pas son disciple. » Abū Jahl a répondu : « Très bien en ce cas. »

Bien qu’il décédât en cet état de mécréance, il avait accompli là une action louable.

Lorsque Zayd arriva à Médine après l’hégire, selon certains, il résida auprès de Koulthoum bin Hidam, et selon d’autres auprès de Sa’d bin Khaysama. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait établi son lien de fraternité avec Usayd bin Hazîr. D’aucuns ont écrit que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) l’avait lié fraternellement à Hamzah.

C’est la raison pour laquelle le jour de la bataille d’Ouhoud, Hamzah avait fait un testament en faveur de Zayd.

Evoquant ce point dans Sirat Khatam-an-Nabiyyin, Hazrat Mirza Bashir Ahmad Sahebra écrit que quelque temps après son arrivée à Médine, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) renvoya Zayd bin Harithah à la Mecque en lui remettant de l’argent ; il revint en quelques jours à Médine en compagnie des membres de sa famille, et accompagné d’Abdoullah bin Abi Bakr, qui avait amené avec lui les proches d’Abou Bakrra.

Bara (r.a.) rapporte que lorsque le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) exprima son intention de faire la ‘Oumrah durant le mois de Dhoul Qa’dah, les Mecquois lui interdirent d’entrer à La Mecque. Il accepta cette situation et signa un acte de paix à condition d’être autorisé l’année prochaine à faire la ‘Oumrah et à résider trois jours à La Mecque. Il stipula dans le traité : « Voici les conditions qui entourent ce pacte décidé par Muhammad, Prophète d’Allah… » Les Mecquois dirent qu’ils n’acceptaient pas cela, en ajoutant : « Si nous étions convaincus que vous étiez le Prophète de Dieu, nous ne vous aurions jamais arrêté. Pour nous, vous êtes simplement Muhammad bin ‘Abdillah. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) répondit : « Je suis le Prophète d’Allah, ainsi que Muhammad bin ‘Abdillah » et il ordonna à ‘Alira de supprimer la mention « Prophète d’Allah » de l’acte. ‘Ali répondit : « Certainement pas ! Je jure au nom d’Allah que je n’effacerai jamais la mention de votre statut. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) prit donc la feuille de ses mains, et bien qu’il ne sût pas bien écrire, y écrivit : « Voici les conditions qui ont été établies par Muhammad bin ‘Abdillah. Nous n’apporterons aucune arme à La Mecque à l’exception d’épées, qui resteront dans leurs étuis, et nous n’emmènerons aucun Mecquois avec nous, mis à part si quelqu’un souhaite venir de son propre gré, et nous n’empêcherons aucun de nos compagnons de rester ici s’ils le souhaitent. »

En accord avec cet acte, l’année d’après, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) entra à La Mecque. Au terme des trois jours, les Qouraychites vinrent auprès de ‘Alira et lui dirent : « Dis à ton compagnon, (c’est-à-dire au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.)) de partir d’ici maintenant. Le délai de trois jours vient de s’écouler. Selon la condition, il pouvait rester trois jours, et cette période vient de s’écouler. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) quitta donc La Mecque.

La fille de Hamzah, Amara, le suivit. Selon d’autres traditions, il est rapporté qu’elle s’appelait Amama ou Amatoullah. Elle le suivit, criant : « Ô Oncle, Ô Oncle ! » ‘Alira attrapa sa main, et dit à Fatima : « Gardez la fille de notre oncle avec vous. » Elle la prit avec elle. ‘Alira, Zaydra et Ja’farra commencèrent à se disputer au sujet de la fille de Hamzah. ‘Alira dit : « Je l’ai prise, il s’agit de la fille de mon oncle. » et Ja’far ajouta : « Il s’agit de la fille de mon oncle, et sa tante maternelle, Asma bint Oumays, est ma femme. » Zayd, quant à lui, dit : « Conformément au lien de fraternité établi par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), il s’agit de la fille de mon frère. »

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) statua sur cette affaire et ordonna qu’elle reste avec sa tante maternelle, c’est-à-dire auprès de Ja’far. Ensuite le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ajouta : « Une tante maternelle est à l’image d’une mère. », et il dit à ‘Alira : « Tu m’appartiens, et je t’appartiens. », et s’adressa à Ja’far en ces termes : « Tu me ressembles physiquement et sur le plan de la personnalité. », et il dit à Zayd : « Tu es mon frère, et mon ami. » ‘Alira proposa : « Pourquoi n’épousez-vous pas la fille de Hamzah ? » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) répondit : « C’est la fille de mon frère de lait. Je suis l’oncle paternel de cette fille. » Cette tradition a été rapportée par Boukhari, et se trouve également dans Sirat Al-Halbiyya.

Zayd bin Haritha avait épousé Oumm Ayman, qui se prénommait Barakah. Elle était célèbre sous le nom d’Oumm Ayman grâce à son fils et était originaire d’Abyssinie. Elle était l’esclave d’Abdoullah ; suite au décès de ce dernier, elle resta avec Amina. Lorsque le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) fut âgé de 6 ans, sa mère l’emmena à Médine pour rencontrer sa famille, et Oumm Ayman les y accompagna comme domestique. Elle devait être jeune. Au retour de Médine, sur le chemin du retour, lorsqu’ils arrivèrent à Abwa, qui se trouve à 8 kilomètres de la mosquée al-Nabawi, Amina décéda. Oumm Ayman emmena le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) sur les mêmes deux chameaux avec lesquels ils avaient quitté La Mecque. Avant que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ne se fût proclamé Prophète à La Mecque, Oumm Ayman s’était mariée à ‘Oubayd bin Zayd, qui était lui-même un esclave d’Abyssinie. Ils ont eu un fils qu’ils ont prénommé Ayman, et qui tomba en martyr lors de la bataille de Hunain.

Lorsque le mari d’Oumm Ayman décéda, elle fut mariée à Zayd. Selon une tradition, Oumm Ayman traitait le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avec une grande bienveillance et s’occupait de lui. Sur ce le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) déclara : « Celui qui souhaite être heureux en épousant une femme du Paradis, qu’il épouse Oumm Ayman. » Sur ce Zayd bin Haritha l’épousa et Ousama naquit de cette union. Oumm Ayman avait émigré vers l’Abyssine avec les musulmans. Par la suite, elle était revenue à Médine, et participa à la bataille d’Uhud, lors de laquelle elle offrait à boire aux gens, et soignait les blessés. Elle eut également l’opportunité de participer dans la bataille de Khaybar. En l’an 23 de l’hégire, lorsque ‘Oumarra tomba en martyr, Oumm Ayman pleura beaucoup, et lorsqu’on lui en demanda la cause, elle répondit : « L’islam se retrouve affaibli par le décès d’Oumarra. » Oumm Ayman décéda au début de la période de Califat d’Outhmanra. Hazrat Mirza Bashir Ahmad Sahebra a écrit longuement au sujet du mariage de Zayd avec Oumm Ayman, en se basant sur différentes références. Voici un résumé de ses écrits à ce sujet. Oumm Ayman était une domestique que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait héritée suite au décès de son père. Lorsque le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) grandit, il l’affranchit, et la traita avec bienveillance. Par la suite, Oumm Ayman se maria avec Zayd bin Haritha, l’esclave affranchi du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Ousama bin Zayd naquit de cette union ; son surnom était Al-Hibb Ibn-oul-Hibb, c’est-à-dire le fils bien-aimé du bien-aimé. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait pour coutume de dire à Oumm Ayman : « O ma mère ! »

En regardant dans la direction d’Oumm Ayman, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) disait : « Elle est la membre restante de ma famille. » Selon un autre récit le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) aurait déclaré : « Oumm Ayman est ma mère après ma mère biologique. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) allait la visiter chez elle.

Anas Bin Malik relate que lorsque les émigrants ont quitté La Mecque pour se rendre à Médine, ils étaient sans le sou. Les Ansâr possédaient des terres et des biens et ils avaient promis aux émigrants de leur offrir [une part] des fruits de leurs vergers tous les ans. Les émigrants n’avaient pas à travailler et les Ansâr s’occuperaient des vergers. Oumm Soulaym, la mère d’Anas, était aussi la mère d’Abdoullah Bin Abi Talha. La mère d’Anas avait offert au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) quelques dattiers. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) les a offerts à Oumm Ayman, sa nourrice, qui était aussi la mère d’Ousama Bin Zayd. Ibn Chihab relate qu’Anas Bin Malik a raconté que quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est retourné de la bataille de Khaybar, les émigrants ont retourné aux Ansâr les dons qu’ils avaient reçus de leur part, c’est-à-dire les arbres fruitiers de leurs vergers, étant donné qu’ils avaient reçu d’autres biens. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait lui aussi retourné à la mère d’Anas certains de ces dattiers et a offert à Oumm Ayman certains dattiers de son propre verger.

Le recueil de Boukhari évoque d’autres détails à ce propos. Anas relate qu’un compagnon avait réservé quelques dattiers au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Celui-ci n’en avait plus besoin lorsqu’il a eu la victoire sur les tribus de Qouraydhah et Nadir. Les membres de la famille d’Anas demandèrent à celui-ci de se rendre auprès du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et de lui demander de retourner certains des arbres qu’on lui avait offerts, étant donné qu’il n’en avait plus besoin. Anas relate : « Étant donné que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) les avait offerts à Oumm Ayman, lorsque celle-ci en a eu la nouvelle, elle est venue me voir et m’a attrapé par le col du vêtement et m’a dit : « Par Dieu, Celui qui est digne d’adoration ! Je ne retournerai certainement pas ces dattiers, car c’est le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) me les a offerts ! » (Ou elle a prononcé une phrase similaire.) Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a dit : « Retourne les dattiers. Je t’en offrirai autant ailleurs. » Or Oumm Ayman a répondu : « Par Allah ! Certainement pas. » Anas relate que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a dit à Oumm Ayman qu’il lui offrirait dix fois plus ou quelque chose de ce genre. C’est après qu’elle a retourné les arbres.

Selon un récit, Oumm Ayman était venu à Médine à pied et elle avait eu très soif lors de l’émigration. C’était une sainte femme et elle avait un lien très proche avec Allah. Elle ne disposait pas d’eau et la chaleur était torride. Elle a entendu quelque chose au-dessus d’elle et elle a levé la tête pour voir un objet ressemblant à un sceau d’où tombait des gouttes d’eau. Elle en a bu jusqu’à se rassasier. Elle raconte que par la suite elle n’a jamais ressenti la soif, même au cours du Ramadan.

J’évoquerai aussi ces dames parmi les compagnons de Badr afin qu’on connaisse aussi l’éminence de leur statut. Ces femmes ont un lien avec les compagnons de Badr.

Oumm Ayman bégayait légèrement. Selon les récits, quand elle saluait quelqu’un elle disait « Salam al-laa ‘Alaikoum » à la place de « Salam Oullahi ‘Alaikoum » selon la tradition de l’époque. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a permis de prononcer « Salamoun ‘Alaikoum » ou « As-Salamou ‘Alaikoum » au lieu de « Salam Oullahi ‘Alaikoum ». Cette tradition perdure jusqu’aujourd’hui.

‘Aïcha relate qu’Oumm Ayman se trouvait à côté du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) un jour lorsqu’il buvait de l’eau. Oumm Ayman a demandé : « Prophète d’Allah ! Offrez-moi de l’eau ! » ‘Aïcha lui a demandé : « Est-ce ainsi que tu demandes de l’eau au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ? » Sur ce Oumm Ayman a répondu : « Est-ce que je n’ai pas longtemps servi l’Envoyé d’Allah ? » Sur ce le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Tu dis vrai. » Et il lui a offert de l’eau à boire.

Anas relate qu’Oumm Ayman pleurait quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est décédé. Quand on lui en a demandé la raison elle a déclaré : « Je savais que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) allait mourir tôt ou tard. Je pleure parce que nous ne recevons plus de révélations. »

Elle était certainement triste à cause du décès du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), mais elle pleurait [davantage] en raison du fait qu’on ne recevait plus des révélations toutes fraîches de la part d’Allah.

Anas Bin Malik relate qu’après le décès du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), Abou Bakr dit un jour à ‘Oumar de l’accompagner chez Oumm Ayman tout comme le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui rendait visite. Il raconte : « Elle était en train de pleurer lorsque nous sommes arrivés chez elle. » Les deux compagnons lui ont demandé la raison de ses larmes étant donné qu’Allah offrira ce qu’il y a de meilleur au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Oumm Ayman a répondu : « Je sais que ce qui se trouve auprès d’Allah est meilleur pour son Envoyé. » [Elle ne l’ignorait pas] étant donné qu’elle était d’une grande piété comme je l’avais dit.

Elle a ajouté : « Je pleure parce que la révélation a cessé de descendre du ciel. » Ses paroles ont fait pleurer Abou Bakr et ‘Oumar.

Il y avait une grande différence de teint entre Ousama et Zayd [son père], étant donné que la mère était d’origine abyssinienne et donc africaine. Le teint d’Ousama se rapprochait plus de celui de sa mère : certains émettaient à cet égard des doutes sur la paternité d’Ousama, en disant qu’il ne s’agissait pas du fils de Zayd. Certains émettaient des objections rien que pour le plaisir et les hypocrites en faisaient de même.

‘Aïcha relate : « Un jour le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est venu chez moi tout content et m’a dit : « Moujaziz al-Moudlaji est venu me voir. Il avait vu Ousama Bin Zayd et Zayd Bin Al-Haritha enveloppés sous un seul manteau en raison de la chaleur ou en raison de la pluie. Ils s’étaient recouverts le visage et la tête. Leurs pieds étaient à découvert. Moujaziz a dit que leurs pieds se ressemblaient beaucoup. »

Ainsi le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) était très content car [Moujaziz] avait en fait répondu à l’objection à propos d’Ousama. Il s’agissait là de la déduction d’un expert de ce monde. Cette [déduction] avait la valeur d’un verdict décisif dans la société arabe. Ainsi le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) était très content d’avoir trouvé une preuve énoncée pour réduire au silence les gens de ce monde et les hypocrites.

Zayd était l’esclave affranchi du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et son fils adoptif. L’Envoyé d’Allah l’avait marié à Zaynab Bint Jahach. Mais ce mariage n’a pas duré longtemps et Zayd a donné le divorce à Zaynab. Le mariage a tenu environ un an ou plus. Par la suite le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) s’est marié à Zaynab. Hazrat Mirza Bashir Ahmad Saheb a réuni plusieurs références à cet égard dans son ouvrage Sirat-Khataman-Nabiyine.

Il déclare : La même année en l’an 5 de l’hégire peu avant la Ghazwah de Banī Mustaliq, qui a eu lieu au cours du mois de Cha’bān le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a épousé Zaynab bint Jahach. Zaynab était la fille d’Oumayma Bint ‘Abdil Mouttalib, la tante du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Bien qu’elle fût extrêmement vertueuse et pieuse, elle était quelque peu consciente de la grandeur de sa famille. En revanche, la disposition du Saint Prophète était exempte de telles pensées, et bien qu’il eût tenu compte des circonstances familiales d’un point de vue social, il considérait le mérite inné ainsi que la vertu et la pureté individuelles comme étant les véritables critères de la noblesse. À cet effet, le Saint Coran déclare :

إِنَّ أَكْرَمَكُمْ عِنْدَ اللَّهِ أَتْقَاكُمْ

C’est-à-dire que le plus honorable parmi vous aux yeux d’Allah est celui qui est le plus Mouttaqi (pieux).

C’est pourquoi le Saint Prophète a proposé le mariage de sa chère Zaynab bint Jahach à son esclave affranchi et fils adoptif Zayd bin Haritha sans aucune hésitation. Au début, Zaynab n’a pas accepté ce mariage, vu la noblesse de sa famille. Mais en fin de compte, en remarquant le fort désir du Saint Prophète, elle a accepté la proposition. En tout cas, selon la proposition et le désir du Saint Prophète, le mariage entre Zaynab et Zayd eut lieu. Bien que Zaynab eût accompli ses vœux avec bonté, dans son propre cœur, Zayd sentait que Zaynab avait encore des sentiments cachés qu’elle appartenait à une famille noble et qu’elle était une proche parente du Saint Prophète, tandis que Zayd était simplement un esclave affranchi et non son égal. Ainsi, Zayd sentait que sa position était inférieure à celle de Zaynab. Ce sentiment s’est renforcé lentement et progressivement, rendant leur vie conjugale désagréable entre mari et femme. Lorsque cette situation déplorable a dégénéré, Zayd bin Haritha s’est présenté de son propre chef au Saint Prophète et s’est plaint du traitement de Zaynab, demandant la permission de divorcer.

Selon une autre narration, il s’était plaint que « Zaynab utilise une langue dure, et donc je souhaite divorcer ». Naturellement, le Saint Prophète était attristé en entendant la situation et il lui a interdit de la divorcer. Sentant peut-être que Zayd pourrait faire plus pour apaiser la situation, le Saint Prophète l’exhorta en disant : « Crains Dieu, et réglez vos différends. » Ces paroles du Saint Prophète ont été consignées dans le Saint Coran en ces termes :

أَمْسِكْ عَلَيْكَ زَوْجَكَ وَاتَّقِ اللَّهَ

« Garde ta femme (ne divorce pas d’avec elle), et crains Allāh. »

La raison de cet avis du Saint Prophète est qu’en premier lieu, en principe, le Saint Prophète n’aimait pas le divorce. À une occasion, il a déclaré : « De toutes les choses légales, le divorce est la plus indésirable aux yeux de Dieu. » Pour cette raison, le divorce n’est autorisé qu’en dernier recours.

Deuxièmement, comme le rapporte l’Imām Zainoul-’Ābidīn ‘Alī bin Husayn, le fils de l’Imām Husayn (et l’Imām al-Zuhrī a déclaré cette narration comme étant authentique), puisque le Saint Prophète savait par la révélation divine que Zayd bin Haritha divorcerait finalement de Zaynab, et qu’elle établirait ensuite un lien matrimonial avec lui, ayant le sentiment qu’il avait un lien personnel dans cette affaire, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) voulait rester absolument indépendant et neutre. De plus, de son point de vue, le Prophète souhaitait vivement qu’il ne participât pas à la dissolution du mariage de Zayd et de Zaynab, et qu’ils continuassent à vivre ensemble le plus longtemps possible. C’est sous cet angle que le Saint Prophète exhorta vivement Zayd à ne pas divorcer, à craindre Dieu et à régler les différends entre les époux par tous les moyens possibles. De plus, le Saint Prophète craignait que si Zaynab devait l’épouser après s’être séparée de Zayd, les gens émettraient l’objection que le Saint Prophète avait épousé la divorcée de son fils adoptif et cela créerait du bruit. Allah déclare à cet effet dans le Coran :

وَتُخْفِي فِي نَفْسِكَ مَا اللَّهُ مُبْدِيهِ وَتَخْشَى النَّاسَ وَاللَّهُ أَحَقُّ أَنْ تَخْشَاهُ

« Et tu as dissimulé dans ton esprit ce qu’Allāh allait mettre à jour, et tu as craint les hommes, alors qu’Allāh avait plus de droit que tu Le craignes. »

En tout cas, le Saint Prophète a conseillé Zayd de craindre Allāh et l’a empêché de donner le divorce. Zayd s’est soumis à ce conseil et est rentré silencieusement. Cependant, il était difficile pour ces personnalités différentes de s’unir. Après un certain temps, Zayd a divorcé.

Lorsque la période d’attente de Zaynab s’est écoulée, le Saint Prophète a reçu une nouvelle révélation concernant son mariage avec elle. Dans ce commandement divin, la sagesse était que Zaynab puisse être consolée et de démontrer qu’il n’y avait aucune honte à ce que les hommes musulmans épousent une femme divorcée. De plus, une autre sagesse était que puisque Zayd était le fils adoptif du Saint Prophète et qu’il était généralement connu comme son fils, en épousant sa divorcée, le Saint Prophète pouvait démontrer par un exemple pratique devant les musulmans qu’un fils adoptif n’est pas son vrai fils [contrairement à la coutume arabe], et que de telles injonctions ne leur sont pas appliquées, comme elles sont appliquées aux fils biologiques. Cette coutume arabe ignorante pourrait en conséquence être complètement supprimée parmi les musulmans. À cet égard, le Saint Coran, le plus authentique de tous les documents historiques, déclare :

فَلَمَّا قَضَى زَيْدٌ مِنْهَا وَطَرًا زَوَّجْنَاكَهَا لِكَيْ لَا يَكُونَ عَلَى الْمُؤْمِنِينَ حَرَجٌ فِي أَزْوَاجِ أَدْعِيَائِهِمْ إِذَا قَضَوْا مِنْهُنَّ وَطَرًا وَكَانَ أَمْرُ اللَّهِ مَفْعُولًا

« Ensuite lorsque Zayd eut interrompu toute relation avec elle, Nous l’avons unie en mariage avec toi, afin que pour les croyants il n’y ait aucun empêchement en ce qui concerne les femmes de leurs fils adoptifs, lorsque ceux-ci ont cessé toute relation avec elles. Et le décret d’Allah doit être exécuté. » (33 : 38)

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) décida d’épouser Zaynab après cette révélation divine, exempt de tout désir ou pensée personnelle de sa part. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a envoyé sa proposition à Zaynab par l’intermédiaire de Zayd lui-même. Avec le consentement de Zaynab, son frère, Abou Ahmad bin Jahach, lui a servi de tuteur et l’a mariée au Saint Prophète ; et la dot a été fixée à 400 dirhams. De cette manière, l’ancienne tradition qui était fermement ancrée en Arabie fut déracinée à sa source et rejetée par l’islam grâce au modèle personnel du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).

On doit aussi mentionner que les historiens et Mouhaddithīn croient généralement que puisque la révélation divine a été envoyée au sujet du mariage de Zaynab et que ce mariage a eu lieu en raison d’un commandement divin spécial, il n’y a pas eu de cérémonie officielle de mariage. Cependant, cette conclusion est incorrecte. Sans aucun doute, ce mariage s’est déroulé selon le commandement de Dieu, et on peut dire que ce mariage a eu lieu aux cieux. Cependant, cela n’exempte personne de l’application pratique de la Charia qui est instituée par Dieu Lui-même. La référence d’Ibn Hicham cité ci-dessus déclare explicitement que la cérémonie du Nikah a eu lieu, éliminant toute incertitude ou doute. On trouve certes le hadith stipulant que Zaynab disait avec fierté aux autres Oummahāt oul-Mou’minīn que leurs mariages ont été annoncés par l’intermédiaire de leurs tuteurs sur terre, tandis que son mariage a été annoncé au ciel : il est également faux d’en conclure que la cérémonie physique de son mariage n’a pas eu lieu. La raison en est que, même dans le cas d’une cérémonie effective, ce mariage se distingue du fait qu’il a été conclu aux cieux sur l’ordre spécial de Dieu, tandis que les mariages des autres Oummahāt oul-Mou’minīn ont eu lieu dans des circonstances normales.

Selon un autre récit, le Saint Prophète s’était rendu chez Zaynab sans sa permission, et on déduit qu’une cérémonie de Nikah n’a pas eu lieu. Cependant, ce fait n’a aucun rapport avec la tenue d’une cérémonie concrète ou non. Il serait incorrect d’annoncer que le Saint Prophète s’était rendu chez Zaynab sans sa permission : cela est contraire aux faits, parce qu’une narration explicite dans le Boukhārī déclare qu’après leur mariage Zaynab a souhaité adieu à sa famille et est venue chez le Saint Prophète, pas vice-versa.

L’on peut aussi déduire de ce récit qu’après le mariage et l’arrivée de Zaynab dans la maison du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), il serait parti la voir sans demander de permission spécifique : ceci ne sort pas de l’ordinaire et n’est pas en contradiction avec la pratique générale. Après s’être rendue chez le Saint Prophète en tant qu’épouse, il était évident que celui-ci irait la rencontrer et aucune permission n’était requise à cet égard. Par conséquent, la narration concernant le Saint Prophète ne demandant pas la permission n’a aucun rapport avec la question de savoir si une cérémonie officielle de Nikah a eu lieu ou non. Le fait est que, comme Ibn Hichām l’a clairement indiqué, malgré l’ordre divin, une cérémonie officielle de Nikah a bien eu lieu. La rationalité veut aussi qu’elle ait eu lieu, car, premièrement, il n’y avait aucune raison de faire une exception à la règle générale. Deuxièmement, lorsque l’objectif même de ce mariage était de briser une coutume et d’éliminer son influence, il était d’autant plus nécessaire que ce mariage en particulier fût célébré et annoncé partout. Et ce afin de faire savoir que cette tradition se terminait ce jour-là.

En évoquant des faits à propos de Zayd, j’ai mentionné Zaynab ainsi que son mariage avec le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), parce qu’aujourd’hui encore les détracteurs posent des questions à ce propos et soulèvent des objections. D’où l’importance de connaître quelques détails à ce propos. D’autres faits méritent d’être mentionnés à propos de Zayd à propos de ces deux points et j’en ferai mention dans la mesure du nécessaire [à l’avenir].


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