Sermons 2019

Amir Bin Fuhayra – fidèle compagnon du Saint Prophète (s.a.w.)

Baitul-Futuh-Dome-Interieur
Photo: Tanveer Khokhar - www.uk.smugmug.com/

Dans son sermon du 18 janvier 2019, Sa Sainteté le Calife a évoqué Amir Bin Fuhayra, un dévoué serviteur de l'Islam et du Saint Prophète (saw).

Sermon du vendredi 18 janvier 2019, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Baitul-Futuh à Londres. Après le Ta’awudh, le Tashahoud et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

Aujourd’hui j’évoquerai ‘Amir ibn Fouhayra. L’histoire relate de longs récits à son sujet. Il a joué un rôle prépondérant lors de certains événements historiques de l’islam, qu’il est important de mentionner. Son nom d’emprunt était Abou ‘Amr et il appartenait à la tribu des Adat. Il était l’esclave abyssinien de Toufail Bin ‘Abdillah Bin Sakhbara, qui était le demi-frère d’Aïcha : ils avaient tous deux la même mère mais étaient de pères différents. ‘Amir ibn Fouhayra était parmi les premiers musulmans. Il avait embrassé l’islam avant que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ne se rendît à Dar al-Arqam ; et il était le berger d’Abou Bakr (r.a.). ‘Amir ibn Fouhayra a été âprement persécuté par les mécréants après sa conversion à l’islam. Abou Bakr (r.a.) l’a acheté et l’a affranchi.

Lors de l’émigration à Médine, lorsque le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et Abou Bakr (r.a.) se trouvaient dans la grotte de Thawr, ‘Amir ibn Fouhayra faisait paître les chèvres d’Abou Bakr (r.a.). Ce dernier lui avait ordonné de mener les chèvres dans leur direction. ‘Amir ibn Fouhayra les faisait paître durant toute la journée et durant la soirée il les dirigeait vers la grotte de Thawr. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et Abou Bakr (r.a.) profitaient ainsi du lait de ces chèvres.

Quand ‘Abdoullah Bin Abi Bakr partait rencontrer le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et Abou Bakr (r.a.), ‘Amir ibn Fouhayra suivait derrière afin d’effacer les traces de ses pas, pour dissiper les doutes des Kouffar sur ses mouvements. ‘Amir ibn Fouhayra a accompagné le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et Abou Bakr (r.a.) lorsqu’ils ont quitté la grotte de Thawr pour se rendre à Médine. Abou Bakr (r.a.) l’a placé derrière lui sur sa monture. Un polythéiste issu de la tribu des Bani ad-Dil leur a servi de guide.

Après l’émigration le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a établi un lien de fraternité entre ‘Amir ibn Fouhayra et Harith Bin Aws Bin Mu’adh. ‘Amir ibn Fouhayra avait participé dans les batailles de Badr et d’Ouhoud et il est tombé en martyr lors de l’incident de Bi’r Ma’ouna à l’âge de quarante ans.

Avant l’émigration, Abou Bakr (r.a.) avait affranchi sept esclaves qui étaient persécutés dans la voie d’Allah. Bilal et ‘Amir ibn Fouhayra en faisaient partie.

‘Aïcha relate comme suit l’événement de l’émigration. « Un jour, dit-elle, nous étions assis chez Abou Bakr au milieu de la journée quand quelqu’un vint lui dire : « Voici le Messager d’Allah (s.a.w.) qui arrive voilé. » Il vint à une heure à laquelle il n’avait pas l’habitude de nous rendre visite. Abou Bakr dit : « Puissent mon père et ma mère être sacrifiés pour lui ! Il ne doit venir que pour une affaire grave ! »

Elle poursuit : « À son arrivée, le Messager d’Allah (s.a.w.) demanda et obtint l’autorisation d’entrer. Puis il dit à Abou Bakr : « Fais sortir ceux qui sont avec toi. » Abou Bakr lui répondit : « Que mon père et ma mère soient sacrifiés pour vous. Ils ne sont que votre famille ! » C’est-à-dire qu’il n’y avait qu’Aïcha et sa mère. 

Puis le Messager (s.a.w.) reprit : « J’ai reçu l’autorisation d’émigrer. » Abou Bakr lui dit : « Prenez-moi avec vous, ô Envoyé d’Allah ! Que mon père et ma mère soient sacrifiés pour vous ! ». Le Messager d’Allah (s.a.w.) dit : « Oui, tu peux venir avec moi. »

Abou Bakr dit : « Que mon père et ma mère soient sacrifiés pour vous ! Prenez l’une de mes montures que voici. Le Messager d’Allah (s.a.w.) dit : « Je la prends contre son prix. » ‘Aïcha poursuit : « J’ai préparé les montures et les ai munies de provisions conservées dans un sac de peau. Asma, fille d’Abou Bakr, découpa une partie de sa ceinture pour attacher la bouche du sac. Depuis lors, elle fut connue sous le nom de Dhât-un-Nitâqayn. ‘Aïcha poursuit : « Le Messager d’Allah et Abou Bakr se rendirent à Thawr et s’y cachèrent pendant trois nuits. Abdoullah ibn Abou Bakr, un jeune homme intelligent et habile, passait la nuit à leurs côtés et les quittait à l’aube pour se retrouver au matin à La Mecque avec les Qurayshites comme s’il avait passé la nuit parmi eux. Il écoutait bien tout ce qu’ils complotaient et profitait ensuite de l’obscurité de la nuit pour rejoindre le Prophète et son compagnon afin de les en informer.

‘Amir ibn Fouhayra, un esclave affranchi d’Abou Bakr, conduisait son troupeau vers les lieux, puis mettait à leur disposition une chèvre laitière à une heure avancée de la nuit et ils en trayaient du lait. Puis ‘Amir revenait vers la fin de la nuit pour rappeler les chèvres et il répéta ce geste chaque soir durant trois nuits.

Le Messager d’Allah (s.a.w.) et Abou Bakr louèrent les services d’un guide issu des Bani ad-Dil, eux-mêmes issus des Bani ‘Abd Ady. L’homme était un bon guide. Il s’était lié par engagement à la famille d’As Bin Wa’il. Il partageait encore les croyances des Quraychites, mais le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et Abou Bakr (r.a.) lui firent confiance et lui remirent leurs montures et lui donnèrent rendez-vous après trois jours. Il devait se rendre auprès d’eux au matin [du jour fixé]. Il partit avec eux en compagnie d’Amir ibn Fouhayra, puis il les engagea dans une route côtière. »

Ce récit est tiré du Sahih Al-Boukhari.

Souraqa ibn Malik ibn Jou’choum raconte : « Des émissaires des Quraychites virent nous proposer une prime pour la capture du Messager d’Allah (s.a.w.) et d’Abou Bakr. La récompense devait revenir à celui qui les tuerait ou les capturerait. Je me trouvais dans une assemblée de ma tribu, les Bani Moudlidj, quand un homme vint vers nous. »

Ils étaient en train de délibérer comment ils devaient attraper le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ou s’ils devaient le tuer.

Le visiteur déclara : « Souraqa ! Je viens d’apercevoir des silhouettes sur la côte et je pense qu’il s’agit de Mohammad (s.a.w.) et ses compagnons. Souraqa dit : « J’ai tout de suite compris que c’était bien eux, mais j’ai dit à l’homme : « Non, ce ne sont pas eux, tu as dû voir untel et untel partis pour nous renseigner. » Je suis resté un peu de temps dans l’assemblée.

Souraqa était appâté par le gain. Il avait peur que l’autre ne prenne la récompense.

« J’ai repoussé ce qu’il disait. Puis je me suis levé et je suis rentré [chez moi] et j’ai donné à ma domestique l’ordre de sortir mon cheval et de le conduire vers la colline pour le cacher en attendant mon arrivée. Et puis j’ai pris ma lance et j’ai quitté la maison par l’arrière, traînant la lance tout en maintenant sa pointe très bas. Et puis je suis monté sur mon cheval et l’ai éperonné. Quand je me suis trouvé à proximité d’eux (d’Abou Bakr et du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.)) le cheval a fait un faux pas et je suis tombé. Et puis je me suis relevé et j’ai pris une flèche de mon carquois et en ai sorti des flèches de divination, pour savoir si j’allais les rattraper ou pas. La flèche qui est sortie indiquait le contraire de ce que je voulais. C’est-à-dire que selon la prédiction je ne pourrais pas les attraper. Je me remis à cheval sans tenir compte de l’indication donnée par les flèches.

Le cheval m’a rapproché du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) de sorte que j’entendais sa récitation du Coran. Le Prophète (s.a.w.) ne regardait pas derrière lui contrairement à Abou Bakr qui, lui, le faisait souvent. Les pattes avant de mon cheval se sont alors enfoncées dans la terre jusqu’aux genoux et je suis tombé. Et puis j’ai crié dans les oreilles du cheval et, à peine a-t-il tiré ses sabots de la terre qu’une poussière s’en est dégagée pour montrer vers le ciel comme de la fumée. J’ai encore consulté mes flèches et ai découvert le résultat que je n’aimais pas, notamment que je ne pourrais pas attraper le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). C’est alors que je leur ai annoncé qu’ils étaient en sécurité. Ils se sont arrêtés étant donné que je n’avais plus de mauvaise intention. J’ai monté mon cheval et je me suis rendu auprès d’eux. »

Étant donné que son intention était bonne, la monture a avancé et il s’est rapproché du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ou peut-être qu’ils s’étaient arrêtés.

Souraqa raconte : « Après avoir été confronté à des entraves, j’ai eu le pressentiment que le message du Prophète (s.a.w.) triompherait. Je lui ai dit que sa tribu avait mis sa tête à prix et lui ai raconté ce que les gens voulaient faire d’eux et leur ai proposé des provisions, mais ils n’ont rien voulu prendre de moi et ne m’ont rien demandé. Mais le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) m’a recommandé : « Ne dis rien à propos de notre voyage. » »

Souraqa a déclaré : « Je lui ai demandé d’écrire un pacte garantissant ma sécurité. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a donné à ‘Amir ibn Fouhayra, l’ordre de l’écrire sur un bout de peau. Puis le Messager d’Allah (s.a.w.) partit. »

Selon Ibn Chihab : « D’après ‘Ourwa bin Zoubayr, le Messager d’Allah (s.a.w.) rencontra Zoubayr au sein d’une caravane de commerçants musulmans revenant de la Syrie. Zoubayr offrit au Messager d’Allah (s.a.w.) et à Abou Bakr des tissus blancs.

Quand les musulmans de Médine apprirent que le Messager d’Allah (s.a.w.) avait quitté La Mecque, ils se rendirent chaque matin à la plaine de Harra et l’attendaient jusqu’au moment où la chaleur de la journée devenait intense, puis ils rentraient chez eux. Un jour ils rentraient après une longue attente quand, arrivés chez eux, ils furent alertés par un juif qui était monté sur une forteresse pour chercher quelque chose. Il aperçut, peu à peu, le Prophète (s.a.w.) et ses compagnons, tout de blanc vêtus, et il ne put s’empêcher de crier à tue-tête : « Ô peuple arabe ! Voici votre chef que vous attendiez. »

Il savait que les musulmans l’attendaient tous les jours.

« Les musulmans se saisirent de leurs armes et allèrent accueillir le Messager d’Allah (s.a.w.) à l’entrée de la [plaine de] Harra. Il s’orienta avec eux vers la droite et s’installa dans le campement des Bani ‘Amr ibn ‘Awf au cours d’un lundi du mois de Rabi’ al-awwal. Abou Bakr se mit debout devant les gens tandis que le Messager d’Allah (s.a.w.) resta assis. Les Ansâr, qui n’avaient jamais vu le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), sont venus et ont commencé à saluer Abou Bakr. Quand les rayons du soleil atteignirent le Messager (s.a.w.), Abou Bakr étendit son pagne pour l’en protéger et s’est alors que les gens reconnurent le Messager d’Allah (s.a.w.). Celui-ci resta au sein des Bani ‘Amr ibn ‘Awf un peu plus de dix nuits et fonda la première mosquée bâtie sur une base de Taqwa (piété) et y fit une prière. Et puis il se réinstalla sur sa monture et les gens marchèrent à ses côtés jusqu’à ce que sa chamelle se couchât à l’emplacement de son (actuelle) mosquée à Médine. Des musulmans l’utilisaient comme lieu de prière, mais, auparavant, le terrain avait appartenu à Sahl et Souhayl qui y exposaient des dattes à sécher. Ces deux garçons étaient des orphelins pris en charge par As’ad Ibn Zourarah. Quand la chamelle se coucha, le Messager d’Allah (s.a.w.) dit : « C’est ici notre résidence, s’il plaît à Allah. » Et puis il fit convoquer les garçons et leur demanda de lui vendre le terrain. Et ils lui dirent : « Non. Nous vous l’offrons, ô messager d’Allah ! » Celui-ci refusa de l’accepter comme un cadeau ; il l’acheta et se mit à y construire sa mosquée. Il portait des briques comme les autres et disait :

هَذَا الْحِمَالُ لَا حِمَالَ خَيْبَرْ هَذَا أَبَرُّ رَبَّنَا وَأَطْهَرْ

« Cette charge n’est pas comme celle de Khaybar

Elle est bien meilleure et plus pure, ô notre Maître ! »

اللَّهُمَّ إِنَّ الأَجْرَ أَجْرُ الآخِرَهْ فَارْحَمْ الأَنْصَارَ وَالْمُهَاجِرَهْ

« Mon Seigneur ! La vraie récompense est celle de l’Au-delà

Accorde Ta miséricorde aux Ansâr et aux immigrés. » »

Ce récit est tiré d’Al-Boukhari.

Le Mouslih Maw’oud (r.a.) a aussi relaté l’évènement de l’immigration dans son style particulier. Je vous présente ses commentaires.

Il dit : « Il n’y avait plus de musulmans à La Mecque, à l’exception de quelques esclaves convertis, du Saint Prophète (s.a.w.) lui-même, d’Abou Bakr (r.a) et d‘Ali(r.a). Les Mecquois se rendirent compte que leur proie allait leur échapper. Les chefs se réunirent à nouveau et décidèrent qu’ils devaient alors tuer le Prophète (s.a.w.). Or, il apparaît que par une intention divine spéciale, la date qu’ils choisirent pour tuer le Prophète (s.a.w.) était aussi celle choisie pour sa fuite. Tandis que le groupe mecquois se rassemblait devant la maison du Prophète (s.a.w.) dans l’intention de le tuer, celui-ci quittait son domicile à la faveur de la nuit. Les Mecquois doivent avoir craint que le Prophète (s.a.w.) ne devançât leur vil dessein, aussi prirent-ils des précautions à tel point que, lorsque le Saint Prophète (s.a.w.) lui-même passa devant eux, ils le prirent pour un autre, et s’écartèrent pour ne pas se faire remarquer.

Ils craignaient que cet individu n’allât informer le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) de leur présence et de leur intention. C’est pour cette raison qu’ils s’écartèrent de lui.

« L’ami le plus proche du Prophète (s.a.w.), Abou Bakr(r.a), avait été informé de son plan la veille ; après s’être rejoints, tous deux quittèrent La Mecque pour aller se réfugier dans une grotte appelée Thawr, située sur une colline à six ou sept kilomètres de là. Quand les Mecquois apprirent la fuite du Prophète (s.a.w.), ils rassemblèrent des hommes qu’ils lancèrent à sa poursuite. Conduits par un traqueur, ils atteignirent la grotte de Thawr où le Saint Prophète (s.a.w.) et Abou Bakr (r.a) s’étaient cachés. Debout devant l’entrée de cette même grotte, le traqueur déclara que, de deux choses l’une : ou bien Muhammad (s.a.w.) était dans la grotte ou bien il était monté au ciel. Abou Bakr (r.a) entendit cela et le cœur lui manqua. « L’ennemi nous a presque découverts et ils entreront bientôt dans la grotte ! », murmura-t-il. « Ne crains point, Dieu est avec nous », lui dit le Saint Prophète (s.a.w.). « Je ne crains pas pour moi-même », continua Abou Bakr (r.a), « mais pour toi. Car, si je meurs, je ne suis qu’un simple mortel, mais si tu meurs, cela signifie la mort de la foi et de la spiritualité dans le monde. » « Ne crains point quand même », assura le Prophète (s.a.w.) « nous ne sommes pas deux dans cette grotte ; il y a un troisième : Dieu. »

Il était temps qu’Allah fît progresser l’islam ; et le répit des Mecquois tirait à sa fin. Allah mit un voile sur les yeux des Mecquois. Ils se moquèrent du jugement du traqueur. Cette grotte, dirent-ils, était trop largement ouverte pour que quelqu’un y cherchât refuge, et de plus, ce n’était pas un lieu sûr à cause des bêtes sauvages et des serpents. Aucune personne douée de bon sens ne se réfugierait ici.

Sans se pencher pour regarder à l’intérieur, ils sont rentrés tout en se moquant du traqueur.

Pendant deux jours, le Saint Prophète (s.a.w.) et Abou Bakr (r.a) restèrent cachés dans la grotte. La troisième nuit, selon le plan, deux chameaux rapides furent amenés à la grotte : un pour le Saint Prophète (s.a.w.) et le guide, l’autre pour Abou Bakr (r.a) et son serviteur, ‘Amir ibn Fouhayra(r.a).

Avant de se mettre en route, le Saint Prophète (s.a.w.) se retourna pour regarder La Mecque. C’était sa ville natale, [la place] où il avait reçu l’Appel divin. C’était la ville où ses ancêtres avaient vécu et prospéré depuis l’époque d’Ismaël (a.s). Rempli de ces pensées, il jeta un ultime et long regard sur la ville et dit : « La Mecque, tu m’es plus chère que toute autre ville au monde, mais ton peuple ne veut pas m’y laisser vivre ». Après quoi Abou Bakr (r.a) dit avec grande tristesse : « Cette ville a rejeté son Prophète (s.a.w.). Elle a mérité sa destruction ».

Les Mecquois, après l’échec de leur poursuite, mirent à prix la tête des deux fugitifs. Quiconque capturerait et leur rendrait le Saint Prophète (s.a.w.) ou Abou Bakr (r.a), morts ou vifs, recevrait une récompense de cent chameaux. L’annonce en fut faite parmi les tribus des environs de La Mecque. Tenté par la prime, Souraqa ibn Malik (r.a), un chef bédouin, se lança à la poursuite des fuyards et les aperçut finalement sur la route de Médine. Il vit deux chameaux montés, et, certain qu’ils portaient le Saint Prophète (s.a.w.) et Abou Bakr (r.a), il éperonna son cheval. Mais le cheval se cabra et tomba aussitôt après.

Suraqa embrassa l’islam par la suite. Le Mouslih Maw’oud (r.a.) ajoute : « Le Prophète (s.a.w.) demanda à ‘Amir ibn Fouhayra (r.a) de lui écrire une garantie en faveur de Souraqa. Quand celui-ci s’apprêtait à rentrer avec celle-ci, le Prophète (s.a.w.) reçut une révélation concernant son avenir et dit : « Souraqa (r.a), comment te sentiras-tu quand tu auras les bracelets d’or de Chosroès à tes poignets ? » Étonné de cette prophétie, Souraqa demanda : « Quel Chosroès ? Chosroès bin Hormizd, l’Empereur de Perse ? » Le Prophète (s.a.w.) dit « Oui ».

Seize ou dix-sept ans plus tard, la prophétie fut accomplie à la lettre. Souraqa (r.a) embrassa l’islam et se rendit à Médine. Le Prophète (s.a.w.) mourut et après lui Abou Bakr (r.a) d’abord, puis ‘Oumar (r.a), devinrent les Califes de l’islam. L’influence grandissante de l’islam excita la jalousie des Perses au point qu’ils attaquèrent les musulmans, mais, au lieu de les battre, ils furent eux-mêmes vaincus. »

Notons, que l’attaque a été lancée par les Perses.

« La capitale des Perses tomba aux mains des musulmans qui prirent possession de ses trésors, y compris des bracelets d’or que Chosroès portait quand il était sur le trône. Après sa conversion, Souraqa (r.a) avait coutume de raconter fièrement comment il avait poursuivi le Saint Prophète (s.a.w.) et ce qui s’était passé entre le Saint Prophète (s.a.w.) et lui. Les musulmans savaient que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui avait dit : « Souraqa (r.a), comment te sentiras-tu quand tu auras les bracelets d’or de Chosroès à tes poignets ? » Quand le butin de la guerre avec la Perse fut placé devant ‘Oumar (r.a), il vit les bracelets d’or et se souvint de ce que le Saint Prophète (s.a.w.) avait dit à Souraqa (r.a).

C’était une grande prophétie qui avait été faite en un temps de dénuement complet, quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait dû s’exiler de La Mecque. »

Cette prophétie était un signe de connaissance claire de l’invisible.

« Quand ‘Oumar (r.a) a vu devant ses yeux les bracelets de Chosroès, il a témoigné de la puissance divine. Il fit donc appeler Souraqa (r.a) et lui donna l’ordre d’enfiler les bracelets d’or. Souraqa (r.a) objecta : « Ô Calife du Prophète ! L’islam interdit aux hommes de porter de l’or. »

‘Oumar (r.a) répondit : « C’est vrai, mais l’occasion est exceptionnelle. Cette interdiction ne s’applique pas ici. Allah avait informé le Saint Prophète (s.a.w.) que les bracelets d’or de Chosroès seraient un jour à tes poignets. Tu dois les porter maintenant sinon tu seras passible de punition ! »

Étant donné que la prophétie s’est accomplie, tu devras la compléter.

« Souraqa (r.a) avait fait son objection par déférence pour l’enseignement de l’islam. Sinon il était aussi désireux que tout autre de donner la preuve évidente de l’accomplissement de la grande prophétie. Il enfila les bracelets et, ainsi, les musulmans virent de leurs yeux la prophétie accomplie. »

Selon certaines biographies le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) n’avait pas fait cette prophétie lors de l’Hégire mais lorsqu’il retournait de Hounain et de Taïf, au lieu-dit Jirana. Mais la majorité des récits affirme que cette prophétie a été faite durant l’Hégire, tout comme l’a relaté le Mouslih Maw’oud (r.a.).

« ‘Amir bin Fouhayra est tombé malade lorsqu’il s’est établi à Médine et il s’est rétabli suite aux prières du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).

‘Aïcha (r.a.) relate que certains compagnons du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) tombèrent malades après leur immigration à Médine, parmi lesquels Abou Bakr, ‘Amir bin Fouhayra et Bilal. Elle obtint du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) la permission de visiter les malades après lui en avoir fait la requête. Aïcha (r.a.) demanda à Abou Bakr (r.a.) : « Comment allez-vous ? » Celui-ci répondit en citant ce couplet :

كُلُّ امْرِئٍ مُصَبَّحٌ فِي أَهْلِهِ وَالْمَوْتُ أَدْنَى مِنْ شِرَاكِ نَعْلِه

« Au beau matin l’on se souhaite bonne journée, tandis que la mort est plus proche de nous que les lacets de nos chaussures. » »

C’est-à-dire que la mort peu frapper à n’importe quel instant.

« Ensuite ‘Aïcha (r.a.) est partie voir ‘Amir bin Fouhayra. Celui-ci a cité ce couplet quand ‘Aïcha (r.a.) lui demanda à propos de sa santé : « J’ai certainement goûté la saveur de la mort avant de la connaître. La mort est soudaine pour le peureux. » »

C’est-à-dire que le brave est toujours prêt à mourir. Le peureux ne s’y prépare pas quant à lui.

« Quand ‘Aïcha (r.a.) a demandé à Bilal à propos de sa santé, celui-ci a répondu : « Si seulement je pouvais passer une seule nuit dans la vallée de La Mecque, entourée d’Idhkhir et de Jalil, ses deux herbes [aromatiques]. »

‘Aïcha (r.a.) retourna chez le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et lui rapporta les propos d’Abou Bakr, d’Amir bin Fouhayra et de Bilal. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) se tourna vers le Ciel et il pria : « Ô Allah ! Fais que Médine nous soit aussi chère, sinon plus chère, que La Mecque. Ô Allah ! Bénis pour nous ses mesures, rend Médine saine pour nous et éloigne de nous ses épidémies. »

‘Amir bin Fouhayra est tombé en martyr lors de l’incident de Bi’r Ma’ouna. Quand ‘Amr Bin Oummaya al-Zoumri fut emprisonné, ‘Amir Bin Toufail lui demanda à propos de l’identité d’un tué. ‘Amr Bin Oummaya a répondu qu’il s’agissait d’Amir bin Fouhayra.

‘Amir Bin Toufail raconta : « Après avoir été tué, j’ai vu qu’on enlevait au ciel ‘Amir bin Fouhayra. Je pouvais le voir suspendu entre le ciel et la terre. Ensuite, il a été déposé sur terre et le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) en a été informé. Celui-ci a informé ses compagnons à propos de sa mort et de son martyre. ‘Amir bin Fouhayra avait prié avant de mourir : « Ô Allah ! Informe nos frères que nous sommes contents de Toi et Toi de nous. » Il en fut ainsi. »

Ce récit est tiré d’Al-Boukhari. C’est-à-dire même un non-musulman a vu toute cette scène.

Il existe des divergences au sujet de celui qui a assassiné ‘Amir bin Fouhayra. Certaines traditions rapportent qu’il a été tué par ‘Amir Bin Toufail, qui faisait partie des ennemis. D’autres traditions rapportent qu’il a été tué par Abdoul Jabbar bin Salmi.

Evoquant le récit du martyre d‘Amir bin Fouhayra, Hazrat Mouslih Maw’oudra déclare : « L’islam ne s’est pas répandu par l’épée mais par la beauté de ses enseignements, qui touchaient profondément les cœurs, et engendraient des changements considérables. Un compagnon avait rapporté : « La raison pour laquelle j’ai accepté l’islam se trouve dans ce récit. J’étais l’invité d’une tribu qui avait trompé et assassiné soixante-dix lecteurs du Coran. Lorsqu’ils ont attaqué les musulmans, certains sont montés sur de hautes collines et d’autres sont restés pour les combattre. Étant donné que l’ennemi était plus nombreux et que les musulmans étaient minoritaires et démunis d’armes, ils ont été tués un par un. À la fin il ne restait qu’un seul compagnon, qui avait participé à l’Hégire avec le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) : il était l’esclave affranchi d’Abou Bakr al-Siddiqra. Il s’appelait ‘Amir bin Fouhayra. Un groupe d’ennemi l’attrapa et l’un d’eux lui donna un grand coup de lance à la poitrine. En mourant il proféra ces paroles : « Par le Seigneur de la Ka’bah ! J’ai triomphé ! »

Celui qui relate l’incident avait accepté l’islam par la suite. Il relate : « Lorsque j’ai entendu ces paroles sortir de sa bouche j’en ai été très étonné, je me suis dit que cet homme est loin de ses proches, loin de sa femme et de ses enfants. Il est dans une situation très critique, il a une lance dans la poitrine, mais en mourant il a lancé : « Par le Seigneur de la Ka’bah ! J’ai triomphé ! » Cet homme ne serait-il pas fou ?

Je demandai aux autres pourquoi cet homme avait-il proféré de telles paroles ? On me répondit : « Tu l’ignores, mais ces musulmans sont vraiment fous : lorsqu’ils se sacrifient dans la voie de Dieu, ils croient qu’Il est satisfait d’eux, et qu’ils ont ainsi obtenu le succès. » Il ajouta : « Cet incident m’a profondément touché. J’ai décidé aussitôt d’aller visiter leur quartier général et d’étudier personnellement cette religion. Je suis parti visiter Médine, et j’ai fini par accepter l’islam. »

Les compagnons rapportent qu’après avoir accepté l’islam quand il relatait cette anecdote tout son corps se mettait à trembler et des larmes coulaient de ses yeux quand il arrivait aux paroles « Par le Seigneur de la Ka’bah ! J’ai triomphé ! ».

Hazrat Mouslih Maw’oudra ajoute : « L’islam s’est répandu grâce à sa beauté et non par la force. » On rapporte deux versions de la phrase prononcée par ‘Amir bin Fouhayra lorsqu’il fut tué : « Par le Seigneur de la Ka’bah ! J’ai triomphé ! » et « Par Allah ! J’ai triomphé ! »

Hazrat Mouslih Maoudra ajoute également que ces paroles ont été énoncées par d’autres compagnons. Il écrit : « En étudiant l’histoire, on apprend que lorsque les compagnons partaient en guerre, le fait de tomber en martyr était une source de grand réconfort et de joie pour eux. S’ils subissaient une blessure, ils ne la considéraient pas comme telle, mais plutôt comme source de joie. En raison du grand nombre de compagnons, divers récits démontrent que tomber en martyr dans la voie de Dieu était en effet, pour eux, source de joie. Il y avait par exemple ces Houffâdh (personnes ayant mémorisé le Saint Coran) envoyés par le Saint Prophètesa vers une tribu située au centre de l’Arabie, parmi lesquels se trouvait Haram bin Milhan qui était parti transmettre le message de l’islam à ‘Amir Bin Toufail, chef de la tribu ‘Amir.

Les autres compagnons qui l’accompagnaient restèrent en arrière. Au début ‘Amir Bin Toufail et ses compagnons l’ont accueilli chaleureusement, de manière hypocrite, mais lorsque Haram Bin Milhan s’assit et commença à leur transmettre le message, des personnes malintentionnées firent signe à un malfrat qui donna un coup de lance par l’arrière à Haram bin Milhan. En tombant il déclara : « Allahou Akbar ! Par le Seigneur de la Ka’bah ! J’ai mérité le salut ! ». Ensuite les malfrats ont encerclé les autres compagnons et les ont attaqués. L’esclave affranchi d’Abou Bakr Saddiq, ‘Amir bin Fouhayra qui avait accompagné le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lors de l’Hégire était aussi présent. Son assassin, qui avait par la suite accepté l’islam, relate la raison de sa conversion. « Lorsque j’ai tué ‘Amir bin Fouhayra, j’ai entendu aussitôt sortir de sa bouche « Par Dieu ! J’ai réussi ! ».

Ces récits révèlent que le martyre procurait une grande joie aux compagnons. Ils étaient très chanceux, en particulier ‘Amir bin Fouhayra qui avait eu l’opportunité de servir Abou Bakr et le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), qu’il avait accompagnés lors de l’Hégire et qui avait servi l’islam. Il a également été choisi afin d’apporter la nourriture au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) dans la grotte de Thawr. Il s’agissait alors principalement de lait de chèvre. Il l’avait fait pendant trois jours. Il avait également eu l’opportunité à la demande du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) d’écrire une garantie de paix pour Souraqa. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) eut connaissance de son décès grâce à sa supplication tandis qu’il était loin de lui.

Ces personnes qui incarnaient la fidélité à tout moment, qu’Allah ne cesse d’exalter leur rang.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

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