Sermons 2020

Sa’d Bin Mou’adh – compagnon de Badr

Dans son sermon du 03 juillet 2020, Sa Sainteté le Calife a mentionné d'autres récits concernant Sa'd Bin Mou'adh, chef de la tribu d'Aus et éminent compagnon du Saint Prophète Mohammad (s.a.w.).

 Sermon du vendredi 03 juillet 2020, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Ta’awudh, le Tashahoud et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

Dans mes précédents sermons j’ai évoqué Sa’d Bin Mou’adh. Un incident [avant] la bataille de Badr inclut son serment de fidélité. J’en avais parlé dans mon précédent sermon.

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) en a fait mention à son style. Il déclare : « Là où il est question d’amour, personne ne souhaite que son bien-aimé souffre. Personne ne souhaite que son bien-aimé participe à une bataille. Il fera de son mieux pour protéger son bien-aimé du conflit. De même, les compagnons ne souhaitaient pas que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) participât aux batailles. Ils ne réprouvaient pas le fait de participer à la bataille mais la participation du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). C’était là un souhait naturel, ressenti par tout amant à l’égard de [l’être qui est] son bien-aimé. Sinon il existe de nombreuses évidences dans l’histoire démontrant que lorsque le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) s’est approché de Badr, il a dit aux compagnons : « Dieu m’a révélé que nous n’allons pas combattre la caravane mais l’armée. » Ensuite il a pris conseil : « Quelle est votre opinion à cet égard ? » Quand les grands compagnons ont entendu le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), ils se sont mis debout à tour de rôle et ils ont prononcé des discours passionnés. Ils ont déclaré : « Nous sommes prêts à tout ! » Untel se mettait debout et prononçait son discours. Le deuxième en faisait de même et s’asseyait. En somme, tous ceux qui se tenaient debout disaient : « Si Dieu nous l’ordonne, nous allons certainement nous battre. » Mais dès qu’untel s’asseyait après avoir donné son conseil le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) disait encore : « Avisez-moi. » La raison était que ces compagnons qui avaient prononcé ces discours et avaient donné leurs avis étaient tous des Mouhajirine. Lorsque le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a répété à maintes reprises de lui donner des conseils, Sa’d Bin Mou’adh, chef des Aws, a compris son souhait et il a dit au nom des Ansar : « Ô Envoyé d’Allah ! On ne cesse de vous offrir des avis mais vous ne cessez de répéter : « Conseillez-moi. » L’on comprend que vous souhaitez connaître l’avis des Ansar. Nous étions silencieux jusqu’à présent pour la simple raison que si nous étions en faveur de la bataille, les émigrants auraient cru que nous, les Ansar, souhaitons nous battre contre leurs frères et leurs compatriotes et les tuer. Ô Envoyé d’Allah ! Peut-être que vous avez en tête la condition du pacte conclu avec vous à ‘Aqabah, affirmant que nous défendrons Médine si l’ennemi l’attaque, mais que nous ne serons aucunement responsables de tout conflit à l’extérieur de Médine. »

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a répondu : « Oui. » Sa’d Bin Mou’adh a déclaré : « Lorsque nous vous avions accueilli à Médine nous ignorions l’importance de votre statut. Nous avons désormais vu de nos yeux l’importance de votre statut. Cette condition n’a plus, à nos yeux, aucune importance. » C’est-à-dire le serment d’Aqabah : il s’agissait d’un simple pacte de ce monde.

Il souhaitait dire : « Nos yeux spirituels étant désormais ouverts, cette promesse n’a plus aucune importance pour nous. Allez où vous le souhaitez : nous sommes avec vous. Par Allah, si vous nous ordonnez de nous jeter dans la mer, nous allons le faire. Aucun des nôtres ne demeurera en arrière ! Ô Prophète d’Allah ! Nous allons nous battre devant et derrière vous, à votre droite et à votre gauche. L’ennemi ne pourra vous atteindre qu’en piétinant nos cadavres. »

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) a commenté sur le verset 12 de la sourate Ar-Rad qui se lit ainsi :

لَهُ مُعَقِّبَاتٌ مِنْ بَيْنِ يَدَيْهِ وَمِنْ خَلْفِهِ يَحْفَظُونَهُ مِنْ أَمْرِ اللَّهِ

« Pour chacun, il y a des sentinelles qui se meuvent sans répit devant lui et derrière lui pour le protéger par ordre d’Allah. »

Il explique que toute la période de la Noubouwwah (prophétat) du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) atteste la véracité de cette promesse d’Allah, notamment qu’Il avait placé des sentinelles devant et derrière le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). À La Mecque, les anges assuraient cette protection : sinon comment la vie du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a-t-elle pu rester sauve entourée de tant d’ennemis ? Certes, à Médine, l’Envoyé d’Allah a joui des deux types de protection : celle des anges du ciel et celles de la terre, c’est-à-dire celle des compagnons. La bataille de Badr présente un très bon exemple de cette protection interne et externe. Quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) s’est rendu à Médine, il avait conclu un pacte avec ses habitants stipulant qu’ils ne seraient pas contraints de le soutenir pour toute bataille menée à l’extérieur de la ville. Avant la bataille de Badr, il a demandé conseil aux Ansar et aux Emigrants. Ces derniers insistaient sur l’importance du combat. Mais le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) leur demandait encore : « Conseillez-moi ! » Sur ce Sa’d Bin Mou’adh, un Ansari, a déclaré : « L’Envoyé d’Allah s’adresse-t-il à nous ? » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a répondu : « Oui ! » Sa’d a déclaré : « Nous avions certes conclu le pacte que nous ne serions pas obligés de nous battre à vos côtés à l’extérieur de la ville. Mais ce temps est révolu. Ayant constaté de visu que vous êtes un prophète véridique de Dieu, ce conseil n’a plus d’importance. Si vous nous l’ordonnez, nous allons nous jeter à la mer avec nos chevaux. Nous n’allons pas dire à l’instar des suivants de Moise : « Vas te battre, toi et ton Dieu ! Nous allons nous asseoir ici. » Non – nous allons nous battre à votre droite, à votre gauche, devant vous et derrière vous. L’ennemi ne pourra vous atteindre qu’en piétinant nos cadavres ! »

Ces Compagnons sincères faisaient partie de ces sentinelles qu’Allah avait suscitées pour la protection du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).

Un compagnon déclare : « J’ai participé à treize batailles en compagnie du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Mais j’aurais préféré [avoir eu la chance de] prononcer la phrase de Sa’d Bin Mou’adh plutôt que d’avoir simplement participé à toutes ces batailles. » À savoir cette phrase énonçant le serment de fidélité [totale].

Hazrat Mirza Bashir Ahmad Saheb a évoqué la sincérité de Sa’d Bin Mou’adh lors de la bataille de Badr dans son ouvrage Sirat-Khatamun-Nabiyyine.

« Le terrain où campait l’armée musulmane [lors de la bataille de Badr] n’était pas favorable. Houbab Bin Mounzir demanda au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) s’il avait choisi ce lieu suite à une révélation divine ou si c’était un choix tactique. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) répondit qu’il n’avait reçu aucun ordre divin à ce propos et qu’il pouvait présenter son avis à ce sujet s’il en avait un. Houbab Bin Mounzir répondit : « Selon moi, ce terrain n’est pas favorable. Il vaudrait mieux se rapprocher des Qouraychites et prendre le contrôle de la source. Je la connais : son eau est bonne et suffisante. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) apprécia son conseil.

Or, les Qouraychites campaient sur un promontoire et la source était libre. Les musulmans avancèrent donc et en prirent le contrôle. Or l’eau n’était pas abondante comme l’indique le Saint Coran et les musulmans en sentirent le manque. Le terrain sur lequel ils se trouvaient était sablonneux et glissant.

Après avoir choisi un endroit pour installer le camp, sur proposition de Sa’d bin Mou’adh, chef de la tribu des Aus, les compagnons ont préparé une tente pour le Saint Prophète d’un côté du terrain. Sa’d a attaché la monture du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) près de la tente et a dit : « Ô Messager d’Allah ! Prenez place dans cette tente, et nous combattrons l’ennemi au nom d’Allah. Si Allah nous accorde la victoire – ceci est d’ailleurs notre désir – toute louange reviendra à Allah. Mais si Dieu nous en préserve, la situation empire, prenez votre monture et rentrez à Médine d’une manière ou d’une autre. »

Il avait attaché une bonne monture à côté de cette tente.

Ensuite il a ajouté : « À Médine, vous trouverez nos frères et parents, qui ne sont pas moins que nous en amour et sincérité. Cependant, comme ils ne savaient pas qu’ils devraient se battre dans cette campagne, ils ne nous ont pas accompagnés. Sinon, ils ne seraient jamais restés en arrière. Lorsqu’ils prendront conscience de la situation, ils seront prêts à offrir leur vie pour vous protéger. »

Telle était la sincérité passionnée de Sa’d, qui mérite en tout cas des éloges ; mais peut-on croire que le Messager d’Allah fuirait jamais le champ de bataille ? Il était toujours sur le front lors de la bataille. Durant la bataille de Hounayn, une armée de 12 000 soldats a tourné le dos, mais ce cœur empli de l’unicité divine n’a pas bougé d’un centimètre. Dans tous les cas, la tente était prête et Sa’d avec quelques autres Ansar, y ont monté la garde. Le Saint Prophète s’est retiré dans cette tente avec Abou Bakr. Toute la nuit, le Saint Prophète a supplié Allah les yeux en larmes. On dit que dans toute l’armée, seul le Saint Prophète est resté éveillé toute la nuit. Les autres ont pu se reposer à tour de rôle. »

Dans la soirée du vendredi avant la bataille d’Ouhoud, Sa’d Bin Mou’adh, Ousayd Bin Houdhair et Sa’d Bin ‘Oubadah se sont rendus à la mosquée du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avec leurs armes afin d’assurer sa sécurité devant sa porte jusqu’au matin.

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est sorti de Médine pour la bataille à cheval : il avait son arc à l’épaule, sa lance dans la main ; et Sa’d Bin Mou’adh et Sa’d Bin ‘Oubadah couraient devant lui. Ils portaient tous deux leurs cottes de maille et les autres s’étaient rangés à la droite et à la gauche du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).

Hazrat Mirza Bashir Ahmad Saheb relate ceci à propos de la bataille d’Ouhoud : « Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est sorti de Médine après la prière d’Asr avec un grand nombre de ses compagnons. Sa’d Bin Mou’adh et Sa’d Bin ‘Oubadah, les deux chefs de la tribu d’Aws et celle de Khazraj, couraient lentement devant la monture du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Les autres compagnons étaient à sa droite, à sa gauche ou derrière lui. »

« De retour à Médine, Sa’d Bin Mou’adh et Sa’d Bin ‘Oubadah avaient aidé le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) à descendre de sa monture avant qu’il ne rentrât chez lui. »

La mère de Sa’d Bin Mou’adh éprouvait une grande affection à l’égard du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) déclare : « De retour de la bataille d’Ouhoud, les rênes de la monture du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) étaient entre les mains de Sa’d Bin Mou’adh, qui marchait fièrement. Il avait perdu son frère lors de la bataille. En se rapprochant de Médine, Sa’d a vu sa mère se rapprochant dans l’autre direction. Il a déclaré : « Ô Envoyé d’Allah ! Ma mère vient dans notre direction. » Elle avait peut-être entre 80 ou 82 ans. Elle avait presque perdu la vue. Elle arrivait à peine à discerner la clarté de l’ombre. En entendant la rumeur de la mort du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) qui s’était répandue à Médine, cette vieille a boité hors de la ville pour venir prendre des nouvelles. Sa’d a déclaré : « Ô Envoyé d’Allah ! Voici ma mère qui s’approche. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Arrête ma monture tout près d’elle. » La femme ne lui a pas demandé des nouvelles de ses fils. Son unique question était : « Où se trouve le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ? » Sa’d a répondu : « Il est devant vous. » Cette vieille femme a levé son regard et sa vue faible est tombée sur le visage du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Celui-ci a déclaré : « Je suis attristé par la mort de ton jeune fils lors de cette bataille. » Quand on entend pareille nouvelle durant la vieillesse, on peut perdre tous ses sens. Mais cette vieille femme a offert une réponse emplie d’amour. Elle a répondu : « Ô Envoyé d’Allah ! Que dites-vous là ! Je me souciais uniquement de votre personne. »

Après avoir mentionné cet incident, Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) s’est adressé aux femmes ahmadies pour leur expliquer leur obligation concernant la prédication. « Ces femmes se tenaient aux côtés des hommes pour la diffusion du message de l’islam. Le monde musulman se dit fier des sacrifices de ces femmes musulmanes. Vous les suivantes du Messie Promis (a.s.) affirmez que vous croyez en lui et qu’il est le deuxième avènement du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). En d’autres termes, vous clamez que vous représentez le deuxième avènement de ces femmes-compagnons du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Mais dites-moi si vous avez les mêmes sentiments pour servir la religion ? Possédez-vous la lumière que détenaient les femmes-compagnons ? Vos enfants sont-ils aussi pieux que ceux de ces femmes-compagnons ? Si vous réfléchissez, vous constaterez que vous êtes bien loin des compagnons. On ne trouve pas sur la surface de la terre des exemples des sacrifices consentis par ces femmes. Ces sacrifices pour lesquels elles ont mis en jeu leur vie étaient si appréciés par Dieu qu’Il leur a accordé le succès en très peu de temps. Ces compagnons hommes et femmes ont accompli en quelques années les œuvres que d’autres peuples n’ont pas pu accomplir durant plusieurs siècles. »

Ici, le Mouslih Maw’oud (r.a.) a mentionné ces femmes-compagnons étant donné qu’il s’adressait aux femmes ahmadies. Sinon, en de nombreux endroits, les califes du passé et moi-même avons souligné que nos hommes doivent aussi montrer ces exemples. C’est là que nous pourrons traduire dans la pratique notre déclaration que nous répandrons le message de l’islam dans le monde et réunirons sous la bannière de l’islam. Cela va se faire lorsque nos sacrifices et nos actions seront en accord aux exemples que nous ont présentés les compagnons.

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) declare : « Le monde chrétien est fier de la bravoure de Marie-Madeleine et de ses compagnons : aux petites heures du matin, elles gagnèrent dans le secret le tombeau de Jésus (a.s). Mais je leur demande de regarder l’exemple des dévoués serviteurs de mon maître : voyez dans quelles conditions ils l’ont soutenu et ont dressé haut le drapeau de l’unicité divine.

Un autre exemple est rapporté dans l’histoire. (Il présente ici de nouveau l’exemple de la mère de Sa’d Mou’adh.) Après avoir fait enterrer les martyrs, le Saint Prophète (s.a.w.) retournait à Médine : des femmes et des enfants venaient de la ville pour le recevoir. La bride de sa chamelle était tenue par Sa‘d bin Ma‘ādh (r.a), chef de Médine, qui le conduisait avec pompe comme pour proclamer au monde que les musulmans avaient, après tout, réussi à ramener le Saint Prophète (s.a.w.) chez lui sain et sauf. Comme il avançait vers la ville, Sa‘d (r.a) vit sa vieille mère qui venait. Elle avait perdu son fils ‘Amr Bin Mou’adh lors de la bataille d’Ouhoud.

Sa‘d (r.a) la reconnut et, se tournant vers le Saint Prophète (s.a.w.), il dit : « Voici ma mère, ô Prophète (s.a.w.). » « Qu’elle vienne avec les bénédictions de Dieu », répondit le Prophète (s.a.w.). La femme s’avança et, de son regard vide, essaya de discerner le visage du Saint Prophète (s.a.w.). Elle le trouva finalement et s’en réjouit. En la voyant, le Saint Prophète (s.a.w.) lui dit : « Femme, j’ai grand chagrin de la mort de ton fils. » « Mais, répondit la dévote, « après vous avoir vu vivant, j’ai rôti ma peine et je l’ai avalée. »

Cette expression indique un profond amour. Normalement, le chagrin consume un être, et pourtant, cette vieille femme qui venait de perdre son fils, soutien de sa vieillesse, dit qu’au lieu de se laisser consumer par le chagrin, elle l’avait avalé étant donné que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) était vivant. La mort de son fils ne la terrassera pas. Le fait que son fils soit mort pour le Saint Prophète (s.a.w.) l’a renforcée. »

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) a loué les Ansar et a prié pour eux : « Ô Ansar ! Je suis prêt à mourir pour vous ! Vous avez gagné de grandes récompenses ! »

Ka’b Bin Achraf a attisé la haine et l’hostilité contre l’islam jusqu’à comploter l’assassinat du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), par conséquent, l’avait condamné à mort après avoir pris conseil de Sa’d Bin Mou’adh en sa qualité de chef d’une tribu des Ansar. Quelques temps de cela, j’avais expliqué, à la lumière de deux récits concernant deux autres compagnons, les détails sur la punition de Ka’b Bin Achraf. Je mentionnerai ici la partie qui concerne Sa’d Bin Mou’adh. Ce qui suit est tiré de plusieurs sources et de l’ouvrage Sirat Khatamun-Nabiyyine.

Lorsque le Saint Prophète a émigré à Médine, Ka’b bin Achraf, avec les autres Juifs, a signé le traité entre eux et le Saint Prophète eu égard à l’amitié mutuelle, la paix, la sécurité et la défense collective. Or, au profond de Ka’b, le feu de la méchanceté et de l’hostilité brûlait et il a commencé à s’opposer à l’islam et à son Fondateur à travers des complots et des conspirations.

Ka’b offrait chaque année des sommes importantes aux érudits juifs et aux chefs religieux. Ka’b s’est enquis auprès d’eux à la lumière des écritures religieuses juives à propos du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), à savoir s’il était véridique ou pas. Les érudits ont répondu qu’il semblait être le prophète qui leur avait été promis. Ka’b était un farouche détracteur de l’islam et du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) : très mécontent de cette réponse, ils les a renvoyés en les qualifiant de grands paresseux et il ne leur a pas versé leurs allocations. Quand les érudits juifs ont perdu leurs salaires, ils sont revenus voir Ka’b après un certain temps pour lui dire qu’ils avaient réfléchi de nouveau. (Les mollahs d’aujourd’hui sont avides d’argent. Il en était de même de ceux-là).

Les érudits juifs ont déclaré qu’ils ont découvert qu’en réalité Muhammad n’était pas le prophète promis. Ka’b, satisfait de leur réponse, a rétabli leurs allocations annuelles. En tout cas, il s’agissait simplement d’une opposition religieuse et il s’était pris le soutien des érudits juifs. Mais son opposition a pris une forme dangereuse. Après la bataille de Badr, il a commencé à comploter et à fomenter la sédition, mettant ainsi les musulmans en grand danger. Quand les musulmans ont triomphé à Badr et que la plupart des chefs des Qouraychites ont été tués, Ka’b a compris que la nouvelle religion ne disparaîtra pas d’elle-même. Après Badr, il s’est résolu à faire de son mieux pour détruire complètement l’islam. En entendant la nouvelle du triomphe à Badr, Ka’b était empli de colère. Il s’est décidé à détruire l’islam. Il s’est mis en route immédiatement dans la direction de La Mecque. Une fois sur place, grâce à son éloquence et sa maîtrise de la poésie, il a attisé le feu dans le cœur des Qouraychites. Il a engendré dans leurs cœurs une soif intarissable pour le sang musulman et les a emplis de sentiments de vengeance et d’inimitié. »

Il leur a demandé de se lever et d’aller venger leurs leaders tués. Il a empli leurs cœurs de vengeance, grâce à ses discours et poèmes. Ayant attisé leur haine, Ka’b a emmené les Qouraychites dans la cour de la Ka’bah, et leur a fait tenir sa couverture dans leurs mains, en leur faisant jurer qu’ils ne se reposeront pas jusqu’à ce que l’islam et son fondateur ne disparaissent de la face de la terre. Après avoir enflammé les esprits à La Mecque, ce fauteur de troubles a voyagé de tribu en tribu dans l’Arabie tout entière, incitant les gens contre les musulmans. Ensuite, il est rentré à Médine où il a accéléré ses campagnes. Il a cité parmi les non-musulmans, et les juifs en particulier, des couplets provocateurs et obscènes à propos des femmes musulmanes. Il ne s’est pas arrêté là. En fin de compte, il a ourdi un complot pour faire assassiner le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Il l’a invité à sa résidence pour un festin, et, avec l’aide de quelques jeunes hommes juifs, il a tenté de faire assassiner le Saint Prophète. Par la grâce de Dieu, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait reçu l’information en avance et son plan a échoué. Ainsi, lorsque la situation empira, et qu’il était devenu évident que Ka’b était coupable de violation du traité, de rébellion, d’incitation à la guerre, de sédition, d’usage de langage vulgaire et de conspiration pour assassiner le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), celui-ci – qui était chef de l’exécutif et le commandant en chef de l’État démocratique de la ville conformément au traité conclu entre les habitants de Médine à son arrivée – a déclaré que Ka’b Bin Achraf était susceptible d’être mis à mort en raison de ses actions. Pour ce faire, il a ordonné à certains de ses Compagnons de l’exécuter. Vu la situation, et pour certaines raisons, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a ordonné que Ka’b soit exécuté secrètement par quelques individus à un moment approprié. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a confié cette mission à un fidèle compagnon, Muhammad bin Maslamah, en soulignant que le plan devait être exécuté avec le conseil de Sa’d bin Mou’adh, qui était le chef de la tribu des Aus. Suite aux conseils de Sa’d bin Mou’adh, Muhammad bin Maslamah a pris Abou Naïla et deux ou trois autres Compagnons et ils ont exécuté Ka’b. J’avais expliqué la sagesse de l’exécution de Ka’b et la méthode utilisée lorsque je mentionnais d’autres compagnons.

En tout cas, en accord au plan, on l’a fait sortir de chez lui et il a été tué la nuit. Les nouvelles de l’exécution de Ka’b ont ébranlé la ville et le peuple juif était furieux. Le lendemain, au matin, une délégation juive s’est présentée au Saint Prophète, se plaignant que leur chef, Ka’b bin Achraf, avait été assassiné. Le Saint Prophète a écouté leurs commentaires et ensuite il a dit : « Êtes-vous également au courant des crimes dont il est coupable ? » Le Saint Prophète leur a brièvement rappelé tous ses méfaits, à savoir, le non-respect du traité, l’incitation à la guerre, la sédition, l’usage d’un langage grossier et la conspiration d’assassinat. Les Juifs ont alors pris peur et n’ont plus dit mot. Ils savaient que Ka’b en était coupable. Le Saint Prophète d’ajouter : « Au moins à partir de maintenant, vous feriez bien de vivre en paix et éviter d’attiser l’hostilité, la violence et les troubles. » Un nouveau traité fut rédigé avec le consentement des Juifs et ils promirent de cohabiter avec les musulmans en paix et de ne plus fomenter des troubles. L’histoire ne dit pas si les Juifs, par la suite, évoquèrent l’assassinat de Ka’b et en accusèrent les musulmans. En effet, ils avaient compris que Ka’b avait mérité son châtiment.

C’était sa punition : d’ailleurs le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) n’avait pas clamé qu’il ignorait qui l’avait tué. Il a dénombré ses méfaits. C’était d’ailleurs sa décision : car il était le chef de l’Etat. Il avait aussi pris l’avis des deux chefs musulmans de Médine, Sa’d Bin Mou’adh et l’autre. La tribu juive des Banou Nadhir avait tramé un complot afin d’assassiner le Saint Prophète (s.a.w.) en faisant tomber sur lui un rocher. Allah l’Exalté avait informé le Saint Prophète (s.a.w.) en amont à travers une révélation. Accompagné de ses Compagnons, il avait mené une expédition vers cette tribu, (mais suite à cette révélation) il est aussitôt rentré à Médine.

Plus tard le Saint Prophète (s.a.w.) ordonna d’assiéger cette tribu. Au cours du mois de Rabi’al-Awwal en l’an 4 de l’Hégire, à des fins défensives, le Saint Prophète (s.a.w.) a été contraint de mener une expédition armée contre la tribu des Banou Nadhir, et en conséquence cette tribu a été expulsée de Médine. Lorsque le Saint Prophète (s.a.w.) a reçu les butins de guerre de la tribu des Banou Nadhir, il a demandé à Thabit Bin Qays de faire venir tout son peuple. Thabit Bin Qays lui a demandé s’il ne devait faire venir que la tribu des Khazraj. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a demandé de faire venir tous les Ansar peu importe les tribus. Sur ce, Thabit Bin Qays a invité les Aws et les Khazraj.

Le Saint Prophète (s.a.w.) s’est adressé à eux en commençant par louer Allah ; ensuite il a évoqué les faveurs accordées par les Ansar aux Émigrants en disant : « Vous les avez accueillis chez vous et vous les avez préférés à votre propre personne. Si vous le souhaitez, je distribuerai à parts égales entre vous les Ansar et les Émigrants les butins que nous avons pris des Banou Nadhir (sans que les musulmans n’aient à livrer bataille). En ce cas, les Emigrants partageront vos maisons et vos biens comme dans le passé. »

C.-à-d., les biens seront également répartis, mais dans ce cas les Emigrants devront continuer à demeurer dans les foyers des Ansar comme ils le faisaient avant, et continuer à obtenir les mêmes faveurs.

Le Saint Prophète (s.a.w.) a ajouté : « Ou si vous le souhaitez, je distribuerai tous ces butins aux Emigrants (rien ne sera offert aux Ansar) et ils devront sortir de vos maisons et ils n’auront plus de droits sur vous (car ils auront reçu suffisamment de biens). »

Sur ce, Sa’d Bin Mou’adh et Sa’d Bin ‘Oubadah se sont concertés et ont répondu : « Ô Envoyé d’Allah ! Offrez tout aux Emigrants, mais ils pourront demeurer dans nos maisons comme dans le passé, nous ne souhaitons pas qu’ils quittent nos demeures après avoir reçu ces biens. Ils peuvent rester avec nous et nos liens de fraternité seront maintenus. » Les Ansar ont ajouté : « Ô Messager d’Allah (s.a.w.), nous sommes d’accord et nous nous soumettons. Nous n’avons aucune objection à ce que l’ensemble des biens soient répartis parmi les Emigrants. Sur ce, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Ô Allah ! Aie pitié des Ansar et de leur fils ! »

Ainsi le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a-t-il distribué tous ces biens aux Emigrants et à aucun des Ansar excepté à deux Ansar qui vivaient dans le besoin. Il s’agit de Sahl Bin Hounayf et d’Abou Dajana. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a offert l’épée du juif, Abou Houqayq, à Sa’d Bin Mou’adh. Cette épée était très célèbre parmi les juifs. Ainsi donc, il l’offrit à Mou’adh.

Il y a eu l’incident de la calomnie : des accusations ont été portées à l’encontre d’Aïcha (r.a.). Ceci a été une source de grande souffrance pour le Saint Prophète (s.a.w.), Aïcha (r.a.), et leurs familles. En réponse à cette attitude des hypocrites, le Saint Prophète (s.a.w.) s’était adressé à ses compagnons, et nous avons été une fois de plus témoin de la fidélité inconditionnelle de Sa’d Bin Mou’adh. Hazrat Mouslih Ma’woud (r.a.) a relaté cette anecdote de façon très détaillée, que j’ai également relaté en détail lorsque j’avais fait mention du compagnon nommé Mistah. Je vais toutefois présenter la partie de ce récit qui fait mention de Sa’d.

Comme je l’ai dit, durant les jours de l’incident, le Saint Prophète (s.a.w.) est sorti un jour de chez lui ; il a réuni ses compagnons, et a déclaré : « Qui me soulagera de cet homme qui m’a fait souffrir ? » Il faisait référence à ‘Abdoullah bin Oubay bin Saloul.

Sa’d Bin Mou’adh qui était le chef de la tribu des Aws, s’est mis debout et a dit : « Ô Messager d’Allah, si cet homme fait partie de nous, nous sommes prêts à le tuer, et s’il fait partie des Khazraj nous sommes également prêts à l’assassiner. »

Au cours de la bataille du fossé, Abou Soufyan a envoyé le chef des Banou Nadhir, Houyiy rencontrer le chef des Banou Qouraydha, Ka’b bin Aswad, afin de l’inciter à briser le pacte qu’il avait conclu avec les musulmans. Mais lorsqu’il a refusé, il lui a fait miroiter un avenir meilleur et lui a assuré que les musulmans seront anéantis, il a ainsi réussi à le convaincre de violer le pacte conclu avec les musulmans, et il l’a également convaincu d’aider les mécréants de La Mecque.

Hazrat Mirza Bashir Ahmad (r.a.) en fait mention dans son ouvrage Sirat Khatamun-Nabiyin en ces termes : « Quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a eu vent de la traîtrise des Banou Qouraydha, il a envoyé secrètement Zoubayr Bin Al-‘Awam à quelques reprises pour s’en informer. Ensuite il a envoyé Sa’d Bin Mou’adh et Sa’d bin ‘Oubadah, les chefs des tribus d’Aws et de Khazraj, ainsi que d’autres compagnons influents, vers les Banou Qouraydha. Il leur a demandé de l’informer, confidentiellement et par signes, s’il y avait quelque danger afin de ne pas causer de panique. La délégation est partie chez les Banou Qouraydha et ils ont rencontré Ka’b Bin Aswad, leur chef ; celui-ci s’est comporté de manière hautaine. Sa’d Bin Mou’adh et Sa’d bin ‘Oubadah lui ont rappelé l’engagement [des juifs]. Ka’b et sa tribu ont déclamé : « Partez d’ici ! Nous n’avons pas signé de pacte avec Muhammad (s.a.w.) ! » La délégation est partie en entendant ces paroles ; Sa’d Bin Mou’adh et Sa’d bin ‘Oubadah se sont présentés au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) pour l’informer de la situation de manière appropriée. »

Leur action a placé les musulmans dans un grand péril : Médine était entourée des quatre côtés par les mécréants de La Mecque. En raison d’une bataille menée à l’encontre de ces derniers il n’était pas possible de mener une expédition contre cette tribu (Banou Qouraydha). Mais à la fin de la bataille, lorsqu’ils sont revenus en ville, Allah le Très-Haut a demandé au Saint Prophète (s.a.w.) à travers une vision de punir les Banou Qouraydha en réponse à la violation de leur pacte et de leur rébellion. Il lui avait commandé de les punir. Sur ce le Saint Prophète (s.a.w.) a fait une annonce publique et a ordonné (aux troupes) de se diriger vers les forteresses des Banou Qouraydha, et de faire la prière d’Asr là-bas. Il a envoyé aussitôt en première ligne ‘Ali accompagné de quelques compagnons. Le récit de cette bataille est un peu long. Sa’d Bin Mou’adh a joué un rôle important en prenant une décision conséquente. Je n’ai pas le temps de le relater maintenant ; je le ferai Incha Allah une prochaine fois.


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