Sermon du vendredi 09 juin 2023, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :
J’avais évoqué partiellement la situation initiale après l’Hégire, les causes de la bataille de Badr et les mesures prises par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) contre les actions des mécréants et pour déjouer leurs manœuvres. [Les musulmans] ont mené des raids et des expéditions avant la bataille de Badr : je les mentionnerai en premier ainsi que les préparatifs des mécréants menant à la bataille de Badr.
La Sariyyah de Hamza était la toute première expédition envoyée par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) : elle a été menée au cours du mois de Ramadan en l’an un de l’Hégire. Elle est connue comme l’expédition Sayf Al-Bahr. Le drapeau [de cette expédition] était de couleur blanche et Abou Marsad Al-Ghanawi le portait. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a envoyé cette expédition au cours du mois de Ramadan en l’an un de l’Hégire et avait nommé Hamza Ibn ‘Abdil-Mouttalib, son oncle, l’émir de ce détachement. Il était accompagné de trente émigrants. Ils sont partis dans la direction d’Al-‘Îs, vers la mer rouge. Là-bas ils ont confronté une caravane sous le commandement d’Abou Jahl venant de la Syrie. Al-‘Îs se trouve à environs trente kilomètres de Rabikh, situé dans les alentours de Thaniyyat Al-Mourrah. Rabikh se trouve à 240 kilomètres de Médine. Il s’y trouvait une source nommée Dhanabat Al-‘Îs autour de laquelle se trouvaient un grand nombre d’acacia, d’où le nom d’Al-Îs. Les Banou Soulaym vivaient dans la région. Les caravanes commerciales des Qouraychites en partance pour la Syrie passaient dans la région. En tout cas, les deux [camps] belligérants se sont dressés en rangs face à face. Ils étaient sur le point de livrer bataille quand le chef d’une tribu [des alentours] a calmé la situation et les deux [camps] antagonistes sont repartis de là.
L’expédition d’Oubaydah Ibn Al-Hârith. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a envoyé ‘Oubaydah Ibn Al-Hârith au cours du mois de Chawwâl en l’an un de l’Hégire à la tête de sept émigrants vers Thaniyyat Al-Mourrah tout près de Rabikh. Là-bas, ils se sont confrontés à Abou Soufyan et ses deux cavaliers. Les deux belligérants se sont envoyé des flèches et il n’y a pas eu de combat. Sa’d Ibn Abi Waqqâs était le premier à décocher une flèche [parmi les musulmans]. C’était la toute première volée de flèches échangée entre les musulmans et les mécréants. Sa’d était celui qui avait décoché la toute première flèche dans l’histoire de l’islam. Ensuite les deux camps sont retournés dans leurs régions respectives.
Thaniyyat Al-Mourrah est situé à 55 kilomètres au nord-ouest de la ville de Rabikh et se trouve à deux cents kilomètres de Médine.
L’expédition de Sa’d Ibn Abi Waqqâs a eu lieu en l’an un, ou en l’an deux de l’Hégire selon certains. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait envoyé Sa’d Ibn Abi Waqqâs à la tête de vingt compagnons en leur ordonnant de ne pas dépasser la vallée d’Al-Kharar. Ils sont partis à pied. Ils se cachaient durant la journée et voyageaient la nuit. Ils sont arrivés à Al-Kharar. Leur objectif était d’intercepter une caravane commerciale des Qouraychites. Mais lorsque ce détachement est arrivé à Al-Kharar, ils ont su que la caravane était passée la veille. Ainsi, ils sont retournés de là sans aucune confrontation.
Kharar [en arabe] signifie l’eau qui coule en émettant du bruit. Al-Kharar se trouve tout près d’Al-Jouhfa dans le Hedjaz.
Voici les détails sur la Ghawza Waddan ou d’Al-Abwâ’. Au cours du mois de Safar en l’an deux de l’Hégire, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a quitté Médine pour Al-Abwâ’avec un groupe de soixante ou de soixante-dix d’émigrants. Selon l’historien Ibn Sa’d, il s’agissait de la première Ghazwa dans laquelle le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait participé en personne. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a nommé Sa’d Ibn ‘Oubâdah (r.a.) comme son adjoint de Médine. Il est arrivé à Al-Abwâ’. Il avait l’intention d’intercepter une caravane commerciale des Qouraychites. Or celle-ci avait déjà traversé ce lieu avant son arrivée. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a conclu un traité avec Makhshi Ibn ‘Amr Al-Damri le chef des Banou Damrah. Selon les termes de cette alliance, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) ne lancera pas d’attaque contre les Banou Damrah et ces derniers ne prendront aucune mesure contre les musulmans et ne participeront pas non plus à aucune opération contre ces derniers. Ils n’aideront aucun ennemi contre le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).
Celui-ci était absent de Médine pendant quinze jours lors de cette expédition. Waddân se situe entre La Mecque et Médine à treize kilomètres d’Al-Abwâ’où est enterrée la mère du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Waddân est situé à environ 100 kilomètres de Jouhfa.
Je présente les noms de ces lieux et ces détails, car certains Ahmadis se rendent [en Arabie] et d’autres accomplissent la ‘Oumrah. Connaissant l’histoire, ils souhaitent également visiter ces lieux. Ces détails permettent de mieux les situer.
La Ghazwa de Bou’ât a eu lieu au cours du mois Rabi Ul Awwal en l’an deux de l’Hégire. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) avait nommé Sa’d Ibn Mou’adh émir de Médine ; et accompagné de deux de ses compagnons, il est sorti pour intercepter une caravane des Qouraychites. Oumayyah Ibn Khalaf était présent dans cette caravane, ainsi qu’une centaine d’autres Qouraychites et deux mille cinq cents chameaux. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) atteignit Bouwât dans la région de Ridwa, mais n’y rencontrant personne il retourna à Médine.
Le drapeau était de couleur blanche dans cette expédition : Sa’d Ibn Abi Waqqâs l’avait porté. Bouwât comprend deux montagnes de la tribu de Jouhayna situées sur la route entre La Mecque et la Syrie. Elles jouxtent la célèbre montagne Ridwa. Environ 100 kilomètres séparent Médine de Bouwât.
Voici les détails sur la Ghazwa d’Ouchayra. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a été informé qu’une caravane commerciale des Qouraychites avait quitté La Mecque et que les habitants de La Mecque y avaient investi tous leurs biens afin d’utiliser les profits dans la guerre contre les musulmans. Par conséquent, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a quitté Médine avec deux cents ou deux cent cinquante individus au cours du mois de Jamadi’l-Oula ou selon un autre récit au cours du mois de Jamadi’th-Thaniyyah en l’an deux de l’Hégire. Quand il a atteint le lieu dit Ouchayra, il a appris que la caravane commerciale des Qouraychites était partie de là, quelques jours avant son arrivée. Ouchayra est une région entre La Mecque et Médine à proximité de Yanbou’sur le territoire des Banou Moudlij. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a passé quelques jours là-bas et a conclu un traité de paix avec les alliés des Banou Moudlij et des Banou Damra ; puis il est rentré à Médine. Il s’agissait de la même caravane commerciale des Qouraychites de La Mecque que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait de nouveau poursuivie à son retour de la Syrie et qui avait été la cause de la bataille de Badr.
Voici les détails sur la première expédition de Badr.
Après la Ghazwa d’Ouchayra, alors que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) était à peine arrivé à Médine depuis dix jours, Kourz Ibn Jâbir avait attaqué un pâturage de Médine. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) s’est mis à sa poursuite. Il avait nommé Zayd Ibn Ḥārithah comme son suppléant. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) les a poursuivis jusqu’à la vallée de Safwān, dans les environs de Badr, mais Kourz Ibn Jâbir s’est échappé et l’Envoyé d’Allah (s.a.w) n’a pas pu le rattraper. Cette Ghazwa est connue comme la première Ghazwa de Badr. Par la suite, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est rentré à Médine. On appelle cette expédition Ghazwat Badr Al-Oula car l’armée des musulmans avait atteint Safwân du côté de Badr. Ceci est indiqué dans Al-Sîrat Al-Halabiyyah.
Voici les détails que présente Mirza Bashir Ahmad Sahib à propos de Kourz Ibn Jâbir. Il déclare : « Ce raid de Kourz Ibn Jābir n’était pas un simple pillage commis par des Bédouins : il s’était attaqué aux musulmans au nom des Qouraychites, avec un motif particulier. Il est très probable qu’ils soient venus spécifiquement pour attenter à la vie du Saint Prophète, mais qu’en raison de la vigilance des musulmans ils se soient contentés de voler leurs chameaux avant de s’enfuir. Cela démontre également que les Qouraychites de La Mecque avaient prévu de piller Médine afin de complètement détruire les musulmans. […] Il convient également de rappeler que les musulmans avaient d’ores et déjà reçu l’autorisation d’accomplir le Jihad par l’épée et avaient également pris des mesures initiales pour se défendre ; or jusqu’à présent ils n’avaient subi aucune perte de biens ou de vies de la part des Qouraychites. Ce raid de Kourz Ibn Jābir avait nui physiquement aux musulmans. En d’autres termes, après l’acceptation du défi des Qouraychites, ce sont les mécréants qui ont pratiquement initié la bataille. »
Voici les détails sur l’expédition d’Abdoullah Ibn Jahch vers Nakhla, une vallée située dans les environs de La Mecque. Au cours du mois de Rajab le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a envoyé ‘Abdoullah Ibn Jahch à la tête de huit Mouhâjirîn. Il n’y avait pas d’Ansâr dans ce détachement. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a remis une lettre en disant : « Ayant parcouru une distance de deux jours de Médine dans telle direction, ouvre la lettre et agis conformément aux instructions y inscrites. Mais tu ne dois contraindre aucun de tes compagnons à poursuivre cette mission. Après avoir parcouru deux jours de voyage de Médine, ‘Abdoullah ouvrit les instructions du Saint Prophète, qui étaient les suivantes : « Continuez votre voyage et dirigez-vous vers la vallée de Nakhla entre La Mecque et Taïf. Là-bas, surveillez les mouvements des Qouraychites et informez-moi à ce sujet. »
Quand ‘Abdoullah Ibn Jahch a lu la lettre, il a dit [à ses compagnons] : « Vous devez m’écouter et m’obéir. Le Messager d’Allah (s.a.w.) m’a ordonné de me diriger vers Nakhla et d’y surveiller les activités des Qouraychites, afin que je puisse en informer l’Envoyé d’Allah (s.a.w). D’ailleurs il m’a interdit de forcer quiconque parmi vous à me suivre. Ainsi, celui d’entre vous qui aspire au martyre doit m’accompagner et celui qui souhaite retourner doit partir. » Mais aucun de ses compagnons n’a rebroussé chemin et ils sont tous partis pour le Hedjaz. À un moment donné en cours de route, le chameau de Sa’d Ibn Abi Waqqâs et d’Outbah Ibn Ghazwân s’est perdu. Tous deux sont restés en arrière pour se mettre à sa recherche ; entre-temps, Abdoullah Ibn Jahch et le reste de ses compagnons avaient atteint Nakhla. Une caravane des Qouraychites passait par là, transportant des raisins secs, du cuir et des marchandises de Qouraychites. ‘Amr Ibn Al-Hadrami en faisait également partie. Les Qouraychites de La Mecque ont pris peur lorsqu’ils ont vu les musulmans. Oukacha Ibn Mihsan est apparu devant eux. Il s’était rasé la tête. Les mécréants étaient rassurés de le voir et se disant : « Il n’y a rien à craindre. Ces gens vont accomplir la ‘Oumrah. » Les musulmans se sont consultés et se sont dit : « Nous sommes le dernier jour du mois de Rajab. Si nous les combattons et les tuons, ce sera [une violation] du mois sacré. Mais si nous attendons aujourd’hui, durant la nuit ils atteindront ces limites du Haram [l’enceinte sacrée de la Ka’bah] et ne seront plus à notre portée. » Finalement, ils se sont tous accordés d’attaquer le convoi. J’avais présenté ces détails en évoquant [d’autres] Compagnons. Waqid Ibn ‘Abdillah Al-Tamimi a tiré sur ‘Amr Ibn Al-Hadrami avec une flèche et l’a tué. Les musulmans ont capturé deux hommes du convoi tandis qu’un autre a réussi à s’échapper. ‘Abdoullah Ibn Jahch a pris les chameaux et ces deux prisonniers et s’est présenté au Saint Prophète à Médine. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) lui a dit : « Je ne t’ai pas ordonné de combattre pendant le mois sacré. » Il a repoussé les chameaux et les deux prisonniers et a refusé d’accepter quelque part du butin.
D’aucuns disent que le pillage était l’objectif [de ces expéditions]. Le pillage n’en était pas le but. Sinon, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) l’aurait félicité, affirmant qu’il avait bien fait. Or, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) l’a condamné en disant qu’il avait mal agi. D’autre part, les Qouraychites ont également fait du bruit autour du fait que les musulmans avaient violé le mois sacré. ‘Amr Ibn Al-Hadrami, celui qui a été tué, était un chef et également un allié d’Outbah Ibn Rabi’ah, un autre chef de La Mecque. C’est pour cette raison que cet incident a enflammé la colère des Qouraychites et ils ont commencé à se préparer à attaquer Médine avec encore davantage d’enthousiasme. Ainsi, la bataille de Badr était principalement le résultat de cette préparation et de cette inimitié des Qouraychites. En somme, il y a eu beaucoup de discussions entre musulmans et mécréants à propos de cet incident, et finalement le verset du Coran suivant a été révélé, consolant les musulmans. Allah déclare :
يَسْأَلُونَكَ عَنِ الشَّهْرِ الْحَرَامِ قِتَالٍ فِيهِ قُلْ قِتَالٌ فِيهِ كَبِيرٌ وَصَدٌّ عَنْ سَبِيلِ اللَّهِ وَكُفْرٌ بِهِ وَالْمَسْجِدِ الْحَرَامِ وَإِخْرَاجُ أَهْلِهِ مِنْهُ أَكْبَرُ عِنْدَ اللَّهِ وَالْفِتْنَةُ أَكْبَرُ مِنَ الْقَتْلِ وَلَا يَزَالُونَ يُقَاتِلُونَكُمْ حَتَّى يَرُدُّوكُمْ عَنْ دِينِكُمْ إِنِ اسْتَطَاعُوا
Autrement ils t’interrogent à propos du combat pendant le Mois Sacré. Dis-leur : « Se battre pendant le Mois Sacré est grave. Mais empêcher autrui de suivre la religion d’Allah au cours du mois sacré, voire être ingrat eu égard au saint mois et à la Sainte Mosquée et expulser les habitants de la zone du Haram, comme vous le faites, ô polythéistes, sont autant d’actions qui sont pires aux yeux de Dieu que de combattre durant le mois sacré. Fomenter les troubles dans le pays au cours des mois sacrés est pire que le meurtre commis pour arrêter ces maux. Ô musulmans, l’inimitié des mécréants à votre endroit les a tant aveuglés qu’ils sont prêts à vous combattre en tout lieu et à tout moment. Ils ne cesseront de vous combattre jusqu’à qu’ils vous aient détournés de votre foi, s’ils le peuvent. »
En tout cas Allah savait que les mécréants tenteraient de détourner les musulmans de la religion [d’islam]. Et Allah n’a exprimé aucun mécontentement à l’égard de cette action [d’Abdoullah Ibn Jahch]. Selon l’histoire, les chefs des Qouraychites menaient leur propagande sanguinaire même pendant les mois sacrés. Voire ils étaient encore plus actifs dans leurs desseins maléfiques au cours de ces mois, profitant des rassemblements et des voyages qui y avaient lieu. En outre, de manière éhontée et afin de se satisfaire, ils réarrangeaient l’ordre des mois sacrés, [une pratique] connue sous le nom de Nas’î. Par conséquent, il est naturel que les musulmans aient trouvé réconfort dans cette réponse, et les Qouraychites se soient également calmés. Pendant ce temps, deux de leurs hommes sont arrivés à Médine pour faire libérer leurs deux captifs. Cependant, jusqu’à présent, Sa’d Ibn Abi Waqqâs et ‘Outbah n’étaient pas encore revenus. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) craignait qu’ils ne fussent entre les mains des Qouraychites et que ces derniers ne les tuassent. C’est pour cette raison que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) refusa de libérer les captifs jusqu’à leur retour et déclara : « Lorsque mes hommes reviendront à Médine sains et saufs, je relâcherai les vôtres. » Par conséquent, quand ils sont retournés à Médine, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a libéré les deux captifs contre rançon.
Voici les détails sur la bataille de Badr Al-Koubra. Le Saint Coran, décrit cette bataille comme le Jour d’Al-Fourqân [de la distinction]. Le premier Calife du Messie Promis (r.a.) déclare : « Le Fourqân du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) était le jour de la bataille de Badr, au cours de laquelle les plus puissants des opposants ont été tués et les musulmans ont remporté la victoire et la suprématie. »
Le premier Calife explique le sens du mot Fourqân en ces termes. Il déclare : « Du Coran, j’ai déduit que Fourqân est le nom de la victoire qui brise l’échine de l’ennemi : il s’agissait du jour de Badr. Cette bataille est aussi appelée (Ghazwat) Badr Al-Thâniyyah ou (Ghazwat) Badr Al-Koubra, (Ghazwat) Badr Al-‘Oudhma et Badr Al-Qital. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a reçu la nouvelle qu’Abou Soufyan revenait de la Syrie avec une caravane commerciale de Qouraychites, qui comprenait un millier de chameaux. Un énorme capital des Qouraychites y avait été investi. Celui qui possédait ne serait-ce qu’une once d’or l’avait investi dans cette caravane. On dit que [les Qouraychites] avaient dépensé une somme faramineuse dessus. Trente à quarante hommes ou selon un autre récit soixante-dix accompagnaient cette caravane. Il s’agissait du même convoi que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) souhaitait intercepter auparavant, mais quand il était arrivé à Ouchayra la caravane était déjà partie vers la Syrie. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a quitté [Médine] au cours du mois Jamâdi’l-Oula ou Jamâdi’l-Âkhirah en l’an deux de l’Hégire. Quand l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a reçu la nouvelle du retour la caravane, il a invité les musulmans à l’accompagner, disant qu’il s’agissait d’une caravane commerciale des Qouraychites portant leurs marchandises. « Sortez : peut-être qu’Allah vous récompensera par du butin. »
Ceux qui cherchent des occasions pour lancer des critiques ou qui sont moins informés, objectent en disant qu’arrivés à Médine, les musulmans auraient lancé une campagne de pillage et citent comme exemple la poursuite de cette caravane. Or ceci est ignorance et méprise de leur part et le résultat de leur méconnaissance des conditions de guerre de l’époque. L’interception de cette caravane commerciale des Qouraychites n’était pas une question répréhensible. Mirza Bashir Ahmad Sahib explique cela en détail dans son ouvrage Sîrat Khâtam-un-Nabiyyîn : « Intercepter cette caravane n’était pas une action répréhensible, car tout d’abord ce convoi que visait les musulmans en particulier était des plus exceptionnels. Chaque homme et chaque femme y détenait des parts. Cela démontre que les chefs des Qouraychites avaient peut-être décidé qu’ils dépenseraient le bénéfice de ce commerce dans leur guerre contre les musulmans. L’histoire prouve en effet que ces profits ont été utilisés pour financer la bataille d’Ouhoud. Par conséquent, l’interception de cette caravane faisait partie de la stratégie militaire [du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).] Deuxièmement il était nécessaire d’intercepter ces caravanes car elles étaient armées et leur passage à proximité de Médine posait des risques dangereux aux musulmans. D’où l’importance de mettre fin à ces dangers. Troisièmement, partout où ces caravanes passaient, elles incitaient les tribus arabes contre les musulmans. Ceci mettait en péril les musulmans. Bloquer leur passage faisait partie des mesures de défense et de protection. Quatrièmement, les moyens de subsistance des Qouraychites dépendaient principalement sur le commerce. Par conséquent, l’interception de ces caravanes était un excellent moyen de ramener à la raison les Qouraychites, d’endiguer leurs intentions guerrières et de les contraindre à conclure un traité de paix. »
Aujourd’hui, certains pays imposent des sanctions pour prévenir des guerres. Or ces sanctions sont injustifiées et cruelles. Cette action [des musulmans] était une action similaire à ces sanctions.
«Le pillage n’était pas l’objectif de l’interception de caravanes, mais comme le dit clairement le Saint Coran, les musulmans ne visaient pas cette caravane en particulier en raison de ces marchandises, mais tout simplement parce que la confrontation en deviendra plus aisée. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a envoyé deux compagnons Talhah Ibn ‘Oubaydillah et Sa’id Ibn Zayd pour se renseigner sur cette caravane. Ces deux Compagnons ont quitté Médine et quand ils sont retournés à Médine après avoir pris des nouvelles au sujet de la caravane, ils ont constaté que Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait déjà quitté la ville. Sur ce, tout deux sont partis pour Badr, mais en cours de route ils ont rencontré l’Envoyé d’Allah (s.a.w) qui revenait après la bataille de Badr. Ces deux compagnons n’ont pas pu participer à la bataille de Badr, mais l’Envoyé d’Allah (s.a.w) leur a tout de même réservé leur part du butin. D’autre part, les espions d’Abou Soufyân l’ont informé que l’Envoyé d’Allah (s.a.w) était parti avec ses Compagnons pour attaquer sa caravane commerciale. On dit aussi qu’Abou Soufyân a rencontré un homme qui l’a informé que l’Envoyé d’Allah (s.a.w) voulait bloquer le chemin de cette caravane depuis le début et attendait son retour. Cette nouvelle a terrifié Abou Soufyân et il a envoyé contre paiement un homme du nom de Damdam Ibn ‘Amr Al-Ghifâri à La Mecque pour en informer les habitants que Muhammad (s.a.w.) avait l’intention d’attaquer leur caravane avec ses compagnons. Damdam est parti à grande vitesse. Arrivé à La Mecque, cet émissaire d’Abou Soufyân s’est mis à hurler de manière terrifiée selon la coutume arabe et s’est mis à crier fort, en disant : « Ô habitants de la Mecque ! Muhammad (s.a.w.) et ses compagnons vont attaquer votre caravane. Allez la sauver ! » S’étant renseigné, Abou Soufyân a continué son voyage habilement pour se protéger des musulmans. Arrivé au puits de Badr, il a demandé à quelqu’un s’il y avait vu des voyageurs. L’autre l’a informé que deux personnes étaient passées par là. Ils avaient attelé leurs chameaux tout près d’une colline et sont partis avec de l’eau. Abou Soufyân est parti vers l’endroit indiqué. Il y a trouvé des excréments des chameaux. Il en a pris un et l’a brisé : des noyaux de dattes en sont sortis. Il s’est exclamé : « Il s’agit de la nourriture des chameaux des gens de Yathrib ! » Il a compris que des gens de Médine étaient proches de lui.
Il est retourné rapidement vers sa caravane et a écarté ses compagnons de la route habituelle pour longer la côte. Et il a dépassé rapidement Badr pour avancer. »
‘Âtika bint ‘Abdi’l-Mouttalib a fait un rêve étrange à ce sujet, un rêve qui s’est avéré très juste. ‘Âtika bint ‘Abdi’l-Mouttalib était la tante paternelle du Saint Prophète et la mère d’Oumm Salama, la mère des croyantes. Il existe deux opinions sur son acceptation de l’islam. Selon certains, elle aurait embrassé l’islam, mais selon la plupart, elle n’était pas devenue musulmane. En tout cas, trois nuits avant l’arrivée de Damdam, le messager d’Abou Soufyân à La Mecque, elle a fait un rêve qui l’a effrayée. Elle a fait venir son frère, ‘Abbâs Ibn ‘Abdi’l-Mouttalib et lui a dit : « Mon cher frère ! Par Dieu, cette nuit j’ai vu un rêve qui m’a beaucoup effrayée. Je crains qu’une calamité ou un malheur ne s’abatte sur ton peuple. Garde le secret que je vais te dire. »
Selon un récit, ‘Âtika a dit à ‘Abbâs : « Je ne te le dirai pas tant que tu ne promets que tu n’en parleras à personne, car si les Qouraychites de La Mecque en entendaient parler, ils nous troubleraient et nous traiteraient de tous les noms. » ‘Abbâs lui en a fait la promesse et lui a demandé ce qu’elle avait vu. ‘Âtika a dit : « J’ai rêvé qu’un homme est venu à dos de chameau et s’est tenu dans le champ d’Abtah. » Makkah et Mina sont appelées Abtah. Ce lieu est plus proche de Mina. « Ensuite, il a crié fort : « O peuple ! Retournez dans vos lieux d’exécution dans les trois jours. » ‘Âtika raconte : « J’ai vu que les gens se rassemblaient autour de cet individu. Ensuite, il est entré dans l’enceinte de la mosquée sacrée, c’est-à-dire la Ka’bah. Les gens étaient derrière lui. Tandis qu’on se rassemblait autour de lui, j’ai vu son chameau debout sur le toit de la Ka’bah et lui monté dessus. Il a crié de la même manière : « Ô gens, allez à vos lieux de mise à mort dans les trois jours. » Puis j’ai vu son chameau debout au sommet du mont Aboul Qoubays. Il s’agit d’une montagne très connue à l’est de La Mecque. De là, il a fait il a lancé le même appel d’une voix forte. Ensuite, il a roulé une pierre de cette montagne, et dès qu’elle a atteint le bas, elle s’est brisée en morceaux et un morceau est entré dans chaque maison de La Mecque sans exception. En entendant cela, ‘Abbâs dit à ‘Âtika : « Par Dieu ! Ce rêve est très important ! Tu dois le tenir secret et ne pas le mentionner à quiconque. » Alors, ‘Abbâs a quitté la maison d’Âtika ; et en cours de route, il a rencontré Al-Walîd Ibn ‘Outbah, qui était son ami. Bien qu’il ait recommandé à sa sœur de ne pas en parler à quiconque, il a mentionné ce rêve à Al-Walîd. ‘Abbâs lui a interdit de n’en parler à personne : mais dès lors qu’une affaire est connue, il est impossible de l’empêcher [de se propager]. Al-Walîd en a parlé à son père, ‘Outbah. Ainsi, le rêve était connu dans toute La Mecque. Partout où deux hommes étaient assis, ils mentionnaient ce rêve. ‘Abbâs (r.a.) déclare : « Le lendemain matin, je suis allé à la Ka’bah pour accomplir le Tawâf (la circumambulation) et Abou Jahl y était assis avec quelques Qouraychites. En me voyant, il a déclaré : « Ô Abou’l-Fadl ! » C’était le surnom d’Abbâs. « Quand tu as fini ton Tawâf, viens vers moi. » ‘Abbâs déclare : « Je suis allé le voir après le Tawâf, et Abou Jahl m’a dit : « Ô Banou ‘Abdi’l-Mouttalib, depuis quand une prophétesse est-elle née chez vous ? » J’ai demandé : « Que veux-tu dire ? » Il a dit : « Un de vos hommes s’est proclamé prophète (c’est-à-dire le Saint Prophète) et voici qu’à présent, vos femmes revendiquent elles aussi la prophétie. Quel rêve ‘Âtika a-t-elle fait ? » ‘Abbâs a répliqué : « Quel rêve a-t-elle fait ? » Abou Jahl de déclarer : « Elle a dit qu’elle vu un homme venir sur un chameau et qu’il a lancé un appel. Ensuite, il a roulé une pierre de la montagne. » En somme, il a relaté tout le rêve. Ensuite, Abou Jahl a dit : « Nous attendons trois jours, si cet événement a lieu à la manière de ce rêve, tout ira bien. Sinon nous écrirons une annonce et l’accrocherons à la Ka’bah, disant « Vous êtes les plus grands menteurs de toute l’Arabie. » ‘Abbâs déclare : « Par Dieu ! Dans ma faiblesse, j’ai dû nier ce rêve. Je lui ai dit qu’elle n’avait fait aucun rêve ; j’ai nié qu’Âtika ait fait un rêve. » Puis nous sommes tous partis de là et le soir, quand je suis rentré chez moi, toutes les femmes des Banou ‘Abdi’l-Mouttalib sont venues vers moi et m’ont dit : « Cet être infâme avait l’habitude d’accuser nos hommes et tu l’as toléré. Maintenant, il insulte nos femmes et tu l’écoutes en silence et tu n’as pas répondu à ses bêtises ! Où est passé ton sens de l’honneur ? ! » Les femmes de la famille ont attisé sa colère.
‘Abbâs continue : « J’ai dit : « Par Dieu ! Je vais passer à l’action. Selon moi, je n’ai pas commis de plus grande erreur. Par Allah ! J’irai vers lui et s’il répète les mêmes propos, je m’en prendrai à lui et redresserai ce tort en votre nom. »
Il déclare : « J’ai quitté ma maison le matin du troisième jour du rêve d’Âtiqa et j’étais très en colère en raison de ma négligence de la fois précédente. Quand je suis entré dans l’enceinte de la mosquée sacrée, j’ai vu Abou Jahl. Il avait la langue acérée. Par Dieu ! Je me suis dirigé vers lui pour qu’il répète les mêmes propos d’avant afin que je lui règle son compte. Or j’ai vu Abou Jahl courant vers la porte de la Ka’bah. Je me suis dit : « Qu’il soit maudit ! Qu’est-ce ce qui lui est arrivé ? S’enfuit-il de peur que je le maltraite ? » Mais en fait, il avait entendu la voix forte de Damdam Ibn ‘Amr Al-Ghifâri, que je n’ai pas entendue. Damdam conduisait son chameau au milieu de la vallée et criait fort. Il avait coupé le nez et les oreilles de son chameau, retourné sa selle et déchiré sa chemise et il criait : « La caravane ! La caravane ! » (c’est-à-dire « Sauvez votre caravane ») La caravane qui est chargée de vos marchandises et qui vient avec Abou Soufyân. Muhammad (s.a.w.) et ses compagnons ont marché pour l’attaquer. Je ne pense pas que vous puissiez y arriver à temps ! » C’est-à-dire dépêchez-vous pour y parvenir à temps. Je ne pense pas que vous puissiez l’atteindre pour l’aider.
‘Abbâs déclare : « Ce nouvel incident nous a tellement distraits, que lui et moi, avions oublié notre affaire. »
Selon les récits, lorsque les Qouraychites de La Mecque ont entendu l’appel de Damdam, ils sont devenus furieux et ont commencé à s’inciter les uns les autres à se préparer à la guerre. Ils ont dit : « Muhammad (s.a.w.) et ses compagnons croient-ils qu’ils vont confronter une caravane commerciale à l’instar de celle d’Ibn Al-Hadrami ? Certainement pas ! Par Dieu ! Ils découvriront qu’il n’en sera rien. »
J’ai déjà mentionné la caravane d’Amr Ibn Al-Hadrami et son assassinat par les musulmans en évoquant la Sariyyah d’Abdoullah Ibn Jahch. Les musulmans avaient tué Ibn Al-Hadrami très facilement et avaient saisi ses biens. En tout cas, les Qouraychites de La Mecque ont commencé à se préparer. Chacun participait en personne à la bataille ou envoyait quelqu’un d’autre à sa place à ses propres frais. Un de leurs chefs a déclaré : « Permettrez-vous à Muhammad (s.a.w.), à ses compagnons Sabéens et aux habitants de Yathrib de piller vos richesses ? Je suis prêt à aider celui qui a besoin d’argent. Je suis prêt à aider celui qui a besoin d’aliments. »
Certains ont offert deux cents dinars, d’aucuns trois cents et d’autres cinq cents, en disant « Usez-en comme bon vous semble. » Certains offraient vingt chameaux pour la bataille ; d’autres se chargeaient de supporter les dépenses des familles des combattants. Celui qui ne pouvait combattre envoyait un autre homme à sa place et à ses propres frais. Ainsi, en deux ou trois jours, les préparatifs de guerre étaient achevés. Il faut aussi rappeler que Damdam avait annoncé qu’il fallait partir sur-le-champ. Mais ils se sont bien préparés pendant deux ou trois jours. Ces préparatifs démontrent que les infidèles de La Mecque cherchaient un prétexte pour livrer bataille aux musulmans. Si leur intention était uniquement de sauver la caravane, ils seraient partis sur-le-champ en entendant cette nouvelle. Ils seraient partis avec n’importe quelles armes entre leurs mains. Or cela ne s’est pas produit. Ils se sont préparés à livrer bataille au lieu de porter secours à la caravane.
Voici certains faits sur les dirigeants des Qouraych. Cinq dirigeants des leurs, dont Oumayyah Ibn Khalaf, ‘Outbah Ibn Rabi’ah, Chayba Ibn Rabi’ah, Dam’ah Ibn Aswad et Hakîm Ibn Hizâm ont tiré au sort avec des flèches pour décider de participer à la bataille ou pas. Leurs flèches leur recommandaient de ne pas se rendre à la bataille. C’est-à-dire la flèche sur laquelle il était écrit « Ne partez pas » est sortie. Ils ont tous décidé de ne pas se rendre à la bataille. Mais Abou Jahl est venu et a insisté pour les prendre.
À cet égard, ‘Ouqbah Ibn Abi Mou’it et Nazr Ibn Al-Hârith ont également soutenu Abou Jahl et ils ont insisté que ces chefs Mecquois devaient les accompagner. L’esclave d’Outba et de Chayba leur a dit : « Par Dieu ! Vous ne partez pas en guerre mais vers votre lieu d’exécution. » Sur ce, tout deux ont décidé de ne pas se rendre à la bataille, mais Abou Jahl a tant insisté qu’ils ont accepté tous les deux de se rendre à la bataille avec les autres avec l’intention de retourner en cours de route.
Je présenterai d’autres détails sur les préparatifs des mécréants pour la guerre et leur départ, plus tard, Incha Allah. Cela comprend un nombre assez important de détails.
(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)