Sermons 2021

La conquête de la Mésopotamie

Dans son sermon du 30 juillet 2021, Sa Sainteté le Calife a évoqué les campagnes musulmanes en Irak.

Sermon du vendredi 30 juillet 2021, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

J’évoquais le Calife ‘Oumar (r.a.) et les batailles qui ont eu lieu à son époque. Dans son ouvrage Sirat Khatamun-Nabiyyine, Hazrat Mirza Bashir Ahmad (r.a.) a commenté sur la conquête d’Al-Mada’in. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait fait cette prophétie en son temps après en avoir été informé par Dieu. Il déclare : « En creusant le fossé, [les musulmans sont tombés] sur une pierre qui refusait simplement de se briser. Étant affamés depuis trois jours, les Compagnons s’étaient évanouis. Incapables de réussir dans cette tâche, ils se sont finalement présentés devant le Saint Prophète (s.a.w.) et ont dit : « Il nous est impossible de briser une pierre. » Le Saint Prophète (s.a.w.) avait également attaché une pierre sur son ventre à cause de la faim, mais il se rendit là bas immédiatement à leur demande, souleva un pic et frappa la pierre en prononçant le nom d’Allah. Quand le fer frappa la pierre, une étincelle jaillit, suite à quoi le Saint Prophète (s.a.w.) lança à haute voix : « Dieu est le plus Grand ! Puis il dit : « On m’a accordé les clés du royaume de la Syrie. Par Dieu, en ce moment, je contemple les palais de pierre rouge de la Syrie ! » Le coup avait quelque peu écrasé une partie de la pierre. Le Saint Prophète (s.a.w.) brandit le pic une seconde fois au nom d’Allah, ce qui produisit à nouveau une étincelle, suite à quoi le Saint Prophète (s.a.w.) dit : « Dieu est le plus Grand ! Cette fois, j’ai reçu les clés de la Perse, et je vois les palais blancs d’Al-Mada’in. » Le rocher avait été brisé dans une large mesure. Le Saint Prophète (s.a.w.) brandit le pic une troisième fois, ce qui produisit une autre étincelle et le Saint Prophète (s.a.w.) a dit : « Dieu est le plus Grand ! J’ai reçu les clés du Yémen ! Par Dieu, on me montre les portes de San’a en ce moment. » Finalement, le rocher fut complètement fendu.

Selon un autre récit, chaque fois que le Saint Prophète (s.a.w.) proclamait haut et fort la grandeur de Dieu, il relatait ses visions lorsque les compagnons l’interrogeaient à ce propos. Après s’être débarrassés de cet obstacle temporaire, les Compagnons se remirent au travail. »

C’est-à-dire ils sont attelés à [finir de] briser la pierre et à creuser le fossé.

« C’étaient des visions du Saint Prophète (s.a.w.). En d’autres termes, au cours de cette période d’affliction, Allah a créé un esprit d’espoir et de joie parmi les Compagnons en montrant au Saint Prophète (s.a.w.) les visions des victoires futures et de la prospérité des musulmans. Cependant, il ressort qu’à l’époque les circonstances étaient si difficiles et pénibles qu’en entendant ces promesses, les hypocrites de Médine se sont moqués des musulmans en disant : « Ils n’ont même pas la force de sortir de chez eux et voici qu’ils rêvent des royaumes de César et de Chosroès ! »

Cependant, dans la connaissance de Dieu, tous ces trésors avaient été destinés aux musulmans. Par conséquent, ces promesses se sont accomplies à leurs moments respectifs : certaines durant les derniers jours du Saint Prophète (s.a.w.) et la plupart à l’époque de ses Califes. Cela a accru la foi et la gratitude des musulmans. »

La promesse de la conquête d’Al-Mada’in s’est accomplie par l’entremise de Sa’ad au cours du califat de ‘Oumar (r.a.). [Dieu avait] informé le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) qu’Al-Mada’in serait conquise. Cette promesse s’est accomplie au cours du califat d’Oumar.

Après la victoire à Qadisiyya, l’armée musulmane a conquis Babel, une ancienne ville de l’actuel Irak. L’armée est arrivée sur le site de la ville de Kousa, dans les alentours de Babel où Nemrod avait emprisonné le Prophète Abraham. La prison était alors encore sur place. Quand Sa’d l’a vue, il a cité ce verset du Coran :

وَتِلْكَ الْأَيَّامُ نُدَاوِلُهَا بَيْنَ النَّاسِ

C’est-à-dire que nous alternons ces jours entre les gens (afin qu’ils en tirent des leçons).

Les musulmans ont quitté Kousa pour atteindre Bahoursir. Il s’agit d’un lieu situé dans les alentours de Bagdad, tout près de la cité d’Al-Mada’in à l’ouest du fleuve Tigre. Il s’y trouvait le tigre de chasse de Chosroês. Quand l’armée de Sa’d s’y est rapprochée : les Perses ont lâché le fauve qui a attaqué l’armée. Le frère de Sa’d, Hachim Ibn Abi Waqqas, était l’officier de l’avant-garde de l’armée. Il a frappé le tigre d’un coup d’épée et l’a tué.

Il y eu ensuite la bataille d’Al-Mada’in. Al-Mada’in se trouve vers le sud de Baghdad sur les rives du Tigre. Étant donné que plusieurs villes se trouvaient dans la région, les Arabes l’ont nommé Al-Mada’in, c’est-à-dire l’agglomération de plusieurs villes.

Al-Mada’in était la capitale de Chosroês : il s’y trouvait ses palais blancs. Le Tigre se trouvait entre les musulmans et Al-Mada’in. Les Persans avaient détruit tous les ponts sur le fleuve.

Selon les chroniques d’Al-Tabari, Sa’d a tenté de trouver des embarcations pour traverser le fleuve, mais il a su que l’ennemi les avaient toutes réquisitionnées. Sa’d souhaitait faire les musulmans traverser le fleuve. Mais par sympathie pour ces derniers, il ne leur a pas demandé de le faire. Quelques campagnards leur ont indiqué la voie pour traverser le fleuve. Mais Sa’d n’a pas suivi ce plan non plus. Au même moment, le fleuve s’est mis à déborder de ses rives.

Une nuit Sa’d a vu dans un rêve les musulmans traverser le fleuve avec leurs chevaux en dépit de l’inondation. Pour accomplir ce rêve, Sa’d a décidé de traverser le fleuve. Il a dit aux musulmans : « L’ennemi s’est réfugié derrière le fleuve. Nous allons le traverser ! » Sur ce, il a dirigé son cheval vers le fleuve. Les soldats ont suivi leur chef et ont dirigé leurs chevaux vers l’eau. C’est ainsi que l’armée musulmane a traversé le fleuve. Quand les Persans ont vu cette scène surprenante, ils ont commencé à crier de peur et ont pris la fuite en disant : « Les diables sont là ! Les diables sont là ! » Les musulmans ont avancé et ont pris contrôle de la ville et des palais de Chosroês. Avant l’arrivée des musulmans, Chosroês avait transféré les membres de sa famille ailleurs.

Les musulmans ont pris aisément contrôle de la ville. C’est ainsi que s’est accomplie la prophétie faite par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lors de bataille d’Al-Ahzab en creusant le fossé et lorsqu’il a frappé d’une pique un rocher. Il avait déclaré : « Je vois les palais blancs d’Al-Mada’in s’écrouler. » En voyant ces palais déserts, Sa’d a récité ces versets de la sourate Ad-Doukhan :

كَمْ تَرَكُوا مِنْ جَنَّاتٍ وَعُيُونٍ ۞ وَزُرُوعٍ وَمَقَامٍ كَرِيمٍ ۞ وَنَعْمَةٍ كَانُوا فِيهَا فَاكِهِينَ ۞ كَذَلِكَ وَأَوْرَثْنَاهَا قَوْمًا آَخَرِينَ ۞

« Que de jardins et de sources d’eau ont-ils laissés derrière eux ! Et que de champs cultivés et de lieux superbes ! Et que de conforts et douceurs qui faisaient leurs délices ! Il en fut ainsi. Et Nous donnâmes ces choses en héritage à un autre peuple. » (45 : 26-29)

Sa’d a ordonné que le trésor royal et les objets d’apparat soient rassemblés en un seul endroit. Le trésor contenait des milliers d’objets dédiés au roi, notamment des cotes de mailles, des épées, des poignards, des couronnes et des robes royales. En outre, il s’y trouvait un cheval en or portant une selle en argent : il y avait des rubis et émeraudes sur sa poitrine. Il y avait une chamelle en argent portant des ornements en or et des rubis précieux dans ses rennes. Dans les butins, il y avait aussi un tapis qu’on appelait le Bihar Irani. Sa base était d’or, son arbre d’argent, et ses fruits étaient des joyaux.

Tous ces objets ont été collectés par l’armée, mais les soldats musulmans étaient si honnêtes et sincères que quiconque a trouvé quelque chose l’a apporté [directement] à son officier. Ainsi, lorsque le trésor a été apporté et arrangé et que le champ brillait de loin, Sa’d en a été surpris a déclaré : « Ceux qui n’ont pris aucun de ces trésors sont sans aucun doute extrêmement honnêtes. » Le butin a été distribué selon les règles ; et un cinquième a été envoyé à la cours du Califat. Le tapis et les reliques ont été envoyés de telle manière que les Arabes puissent voir la gloire des Perses et le triomphe de l’islam. Lorsque ces objets ont été présentés devant le Calife ‘Oumar (r.a.), lui aussi s’est étonné de l’honnêteté et du dévouement de l’armée. Le Calife ‘Oumar (r.a.) a exprimé sa grande surprise devant l’honnêteté des soldats.

Un homme grand et beau du nom Mouhallim habitait Médine. Le Calife ‘Oumar (r.a.) a ordonné que les vêtements de Nosherwan soient apportés afin qu’il les porte.

Les costumes étaient variés : on lui en a fait porter à tour de rôle. Les gens étaient étonnés par la beauté de ces costumes. De même, le tapis Bihar a également été distribué.

Après la conquête d’Al-Mada’in, qui a eu lieu en l’an 16 AH, les Perses se sont réunis à Jaloulah et ont commencé les préparatifs de la bataille. Sa’d a envoyé Hachim Ibn ‘Outbah avec une armée de douze mille soldats pour combattre l’armée persane sur les ordres d’Oumar. Jaloulah est une ville d’Irak, sur le chemin de Bagdad à Khorasan. Il y a eu une bataille entre les musulmans et les Perses. Quand les musulmans sont arrivés là-bas, ils ont assiégé la ville. Le siège a duré des mois. Les Persans sortaient du fort de temps en temps pour lancer des attaques : il y a eu quatre-vingt escarmouches.

Les musulmans ont écrit à ‘Oumar au sujet de la conquête de Jaloula et ont également écrit qu’Al-Qa’qa’ campait à Houlwan. Ils lui ont demandé la permission de poursuivre les Persans mais le Calife a refusé qu’ils le fassent. Il a répondu : « Non. Ne les poursuivez pas. Je veux qu’un mur soit érigé entre la région montagneuse de Sawad de l’Irak et de l’Iran pour que les Perses ne viennent pas chez nous et que nous n’allions sur leurs terres. La campagne irakienne du Sawad est assez pour nous. Je préfère la sécurité des musulmans à la quête de butins. »

C’est-à-dire qu’il n’avait aucun intérêt à collectionner des trésors. Protéger les musulmans était plus important.

Selon un recit, Sa’d a envoyé des ustensiles et des vêtements en or et en argent entre les mains de Qouda’i Ibn ‘Amr al-Dou’ali et des prisonniers à Abou Moufazzir al-Aswad. Selon un autre récit, le khoums a été envoyé par Qouda’i et Abou Moufazzir et son compte a été envoyé par Ziyad Ibn Abi Soufyan parce qu’il était le secrétaire au compte et l’a tenu dans les registres. Lorsque tout cela a été présenté à ‘Oumar (r.a.), Ziyad lui a en a parlé et présenté tous les détails. Le Calife ‘Oumar (r.a.) a lui dit : « Peux-tu te tenir devant les musulmans et relater tous les détails que tu m’as présentés ? » Ziyad a répondu : « Par Dieu ! Je ne crains personne sur terre hormis vous. Étant donné que je vous l’ai expliqué, pourquoi ne pourrais-je pas le faire devant les autres ? » Ziyad a présenté au publique la situation et les faits d’armes des musulmans, comment la bataille s’est déroulée, comment ils ont pris les butins. Il a ajouté : « Les musulmans demandent la permission de poursuivre l’ennemi à l’intérieur de ses terres. » Après avoir écouté son discours, ‘Oumar (r.a.) a déclaré : « Il est un orateur très éloquent. » Ziyad a déclaré : « Les actions de notre armée nous ont ouvert la bouche. »

Selon un récit, lorsque le khoums a été présenté à ‘Oumar (r.a.), il a dit : « Ce butin est si important qu’on ne pourrait le garder sous aucun toit. Donc, je le distribuerai très bientôt. »

‘Abdour Rahman Ibn ‘Awf et ‘Abdoullah Ibn Arqam gardaient ce trésor dans la cour de la mosquée. En effet, lorsque le butin fut placé dans la cour de la mosquée, ces deux compagnons y montèrent la garde. Le matin venu, ‘Oumar (r.a.) est allé à la mosquée avec d’autres personnes et on a enlevé la couverture qui cachait le butin. Il a pleuré quand il a vu les rubis, les émeraudes et les bijoux précieux. ‘Abdour Rahman demanda à ‘Oumar (r.a.) : « Ô Emir des Croyants ! Pourquoi pleurez-vous ? Par Allah ! C’est le moment de faire preuve de gratitude ! »

Le Calife ‘Oumar (r.a.) de répondre : « Par Allah ! Ce n’est pas [ce trésor] qui me fait pleurer. Par Allah ! Lorsqu’Allah en octroie à une nation, la jalousie et l’hostilité y prennent naissance. »

Ainsi, il avait peur que cette richesse n’attise la jalousie et la haine au lieu de la fraternité parmi vous. Cette idée l’a fait pleurer.

En effet, quand la jalousie prend de l’ampleur chez une nation, la guerre civile s’y installe.

Ce conseil de sa part exige une grande considération et une préoccupation : et cela doit nous pousser à accomplir l’Istighfar. Nous constatons que la jalousie et la haine n’ont cessé d’augmenter avec l’apport de la richesse parmi les musulmans. Cela concerne ceux qui possèdent le pétrole ou d’autres types de richesse : on le constate aussi au niveau individuel. Telle est la situation parmi les musulmans : il y a un manque de Taqwa.

Lors de la bataille d’Al-Mada’in, Yazdjard, le roi Persan a quitté son palais d’Al-Mada’in et s’est rendu à Houlwan avec sa famille et ses serviteurs. Lorsque Yazdjard a reçu la nouvelle de la défaite de Jaloula, il a quitté Houlwan et s’est rendu à Zay, laissant Khousro Shinom, un officier respecté, avec quelques troupes pour protéger Houlwan. Sa’d est resté à Jaloula et a envoyé Al-Qa’qa’ à Houlwan. Lorsque Al-Qa’qa’ atteignit près de Qasr-e-Shirin, qui se trouvait à cinq kilomètres de Houlwan, Khousro Shinom lui-même s’est avancé, mais a été vaincu et s’est enfuit. Al-Qa’qa’ a atteint Houlwan : il y est resté et a annoncé la paix partout. Les chefs des environs venaient accepter la jizya et venaient soutenir l’islam.

Voici le récit de la conquête de Masabzan. Hachim ibn ‘Outbah, qui était le commandant de l’armée dans la bataille de Jaloula, était retourné à Al-Mada’in – et Sa’d y résidait – lorsqu’on a reçu la nouvelle qu’une armée persane dirigée par Azin Ibn Hormouzan venait vers les plaines pour affronter les musulmans.

Sa’d a envoyé ce rapport au Calife ‘Oumar. Celui-ci a ordonné qu’une armée sous le commandement de Dirar ibn al-Khattab soit expédiée pour la bataille dont l’avant-garde sera dirigée par Ibn Houzayl : ‘Abdoullah ibn Wahab al-Rasbi et Madarib ibn Falah al-‘Ijli devaient être les commandants des deux ailes de l’armée. L’armée islamique a marché contre l’armée persane et a rencontré l’ennemi près des plaines de Masabzan ; une bataille a eu lieu à Handaf dans laquelle les Persans ont été vaincus et les musulmans ont avancé et capturé la ville de Masabzan. Les gens ont fui la ville, mais Dirar Ibn al-Khattab les a invités à venir s’installer dans leur ville en paix. Ils acceptèrent l’invitation et s’installèrent chez eux.

[L’historien] Al-Al-Baladhouri s’est inspiré de divers récits [pour relater] la conquête de Masabzan. Selon un des récits Abou Moussa al-Ach’ari a conquis cette ville sans combat à son retour de la bataille de Nahavand.

Voici le récit de la conquête du Khouzistan. Le Khouzistan est une province de la Perse. Avant de se convertir à l’islam, Hormouzan était gouverneur de la même province. Les habitants de cette zone étaient connus sous le nom de Khouz : c’est-à-dire ceux qui résident dans la zone montagneuse entre la périphérie d’Ahwaz, Fars, Basra, Was et d’Ispahan. En l’an 14 de l’Hégire, le Calife ‘Oumar, en voyant certains avantages d’un point de vue militaire, a ouvert un autre front réduit en Irak et y a envoyé une petite armée sous la direction d’Outbah Ibn Ghazwan. Initialement, Basorah était utilisée comme ville de garnison pour l’armée. L’armée gagnait du terrain dans le territoire ennemi environnant : un autre avantage était que les forces persanes dans ces régions apprenaient les défaites constantes de leurs camarades sur ces fronts et ils n’arrivaient pas à leur venir en aide.

L’objectif principal semblait d’apporter l’armée dans cette région afin d’empêcher les renforts persans d’attaquer les musulmans. L’émir de cette armée était retourné au Hijaz pour accomplir le Hajj et rencontrer ‘Oumar et en son absence le Calife avait donné la direction de cette armée à Moughirah Ibn Chou’ba. Moughirah a été accusé d’un acte immoral et ‘Oumar l’a déposé et l’a appelé à Médine dans le cadre de l’enquête : il a été remplacé par Abou Moussa al-Ach’ari. L’accusation contre Moughirah s’est révélée être infondée.

Les récits présentent des années divergentes concernant cette bataille : elle aurait eu lieu en l’an 16 ou l’an 17 de l’Hégire. Les engagements de l’armée islamique y étaient considérables et les combats dans cette région ont pris de l’ampleur. Les musulmans ont capturé la célèbre ville d’Ahwaz au Khouzistan. Selon l’historien Tabari ces événements ont eu lieu en 17 de l’Hégire : mais il affirme que d’après certains récits la victoire aurait eu lieu en l’an 16 de l’Hégire.

En mentionnant cette victoire, il affirme que le chef de cette l’armée était ‘Outbah ibn Ghazwan. Mais selon Al-Baladhouri, la bataille d’Ahwaz et les victoires ultérieures ont eu lieu après le retour d’Outbah ibn Ghazwan et sous la direction de Moughirah ibn Chou’bah et Abou Moussa al-Ach’ari. Il écrit que Moughirah a conquis Ahwaz. Behrouz, le chef d’Ahwaz, a livré bataille dans un premier temps avant de signer une trêve. Quelque temps plus tard, Abou Moussa al-Ach’ari a été nommé chef de l’armée islamique dans la région de Bassora à la place de Moughirah, Behrouz a rompu sa promesse et s’est révolté. Sur ce, Abou Moussa al-Ach’ari est sorti pour se battre et a capturé la ville après la bataille. Cet événement a eu lieu en 17 de l’Hégire.

Lors de la bataille d’Ahwaz, l’armée islamique a capturé de nombreuses personnes et les a réduites en esclavage, mais toutes ont été relâchées sur ordre d’Oumar (r.a.). Il a dit qu’il n’y aura pas d’esclavage. Il a libéré tous les prisonniers.

Al-Tabari écrit que les Perses avaient l’habitude d’attaquer l’armée musulmane en passant par deux routes. Sur ces deux routes se trouvaient Nehertira et Manazir, les centres des raids persans. Ces deux endroits ont été capturés par les musulmans. Dans la plupart des cas, nous constatons que les musulmans attaquaient et occupaient uniquement les lieux d’où ils étaient harcelés et subissaient des attaques répétées.

Selon Al-Baladhouri, Abou Moussa al-Ach’ari a conquis Nehertira avec Ahwaz. Après la conquête d’Ahwaz, il s’est déplacé vers un autre endroit, Manazir, et a assiégé la ville. Les combats se sont intensifiés. Un jour, pendant ce siège, un brave musulman nommé Mouhajir Ibn Ziyad, se mit à affronter l’ennemi avec l’intention de sacrifier sa vie pour la cause de Dieu pendant qu’il jeûnait. Le frère de Mouhajir, Rabi’, a informé Abou Moussa, le chef de l’armée, que Mouhajir se rendrait sur le champ de bataille en état de jeûne. Abou Moussa a annoncé que quiconque jeûnait devait soit rompre son jeûne, soit ne pas aller sur le champ de bataille. En entendant cette annonce, Mouhajir rompit son jeûne avec une gorgée d’eau et dit :

« Je le fais suite à l’ordre de l’Émir. Sinon je n’ai pas soif du tout. »

En disant cela, il prit ses armes et tomba en martyr en combattant l’ennemi. Les habitants de la ville le décapitèrent et suspendirent sa tête du parapet du palais.

Le siège se prolongea. Abou Moussa al-Ach’ari, probablement sur les ordres d’Oumar (r.a.), laissa une partie de l’armée sous le commandement de Rabi’, le frère de Mouhajir, pour le siège de Manazir et marcha vers la ville de Sus. Rabi captura la ville lors des combats et emprisonna un nombre important [de Persans], mais à la suite aux ordres du Calife ‘Oumar (r.a.), tous les prisonniers ont également été libérés.

Abou Moussa se déplaça vers Sus. Les habitants de la ville livrèrent combat dans un premier temps. Après la bataille, ils assiégèrent la ville. Finalement, confrontés à une pénurie de nourriture, ils se rendirent.

Mir Mahmood Ahmad Sahib a fait une recherche et présenté une analyse des victoires lors de ces événements.

Dans sa thèse, il explique qu’il existe plusieurs différences entre Al-Tabari et Al-Baladhouri ; et peut-être que la raison de ces différences est que les chefs perses de ces régions ont rompu leurs promesses et se sont rebellés.

Cela a obligé l’armée musulmane à se mobiliser à nouveau pour la bataille et les récits concernant la première conquête se sont brouillés avec ces événements.

Il y a eu des victoires dans un premier temps ; ensuite il y a eu d’autres combats pour rétablir la paix. Mais en tout cas, c’est un point de vue [de Mir Mahmood Ahmad Sahib.]

Voici les détails de la bataille de Ram Hormouz et Toustar. Yazdegerd, le roi de la Perse, s’était enfui après la bataille de Jaloula et il était parti de Reh à Istakhr – Istakhr est le nom d’un lieu. Il n’avait pas encore baissé les bras et poussait le peuple à affronter les musulmans, faisant de son mieux pour envoyer des renforts pour combattre les musulmans dans la région du Khouzistan que nous évoquons ici.

La deuxième raison de l’escalade du conflit dans la région était que le célèbre chef Hormouzan menait la guerre contre les musulmans. Hormouzan avait pris part à la bataille d’Al-Qadisiyah et est retourné dans son pays natal après avoir été vaincu ; et il menait constamment des raids contre les musulmans ici. Après la victoire des musulmans à Jaloula, les Perses, dirigés par Hormouzan, s’étaient réunis à Ram Hormouz, une ville célèbre à la périphérie du Khouzistan. Sa’d ibn Abi Waqqas, sur les instructions du Calife ‘Oumar, a envoyé Nou’man ibn Mouqarrin comme chef de l’armée de Koufa et a expédié Abou Moussa al-Ach’ari de Basra ; et il a déclaré que lorsque les deux armées se sont réunies, Abou Sabra ibn Roum devait prendre le commandement. Quand Hormouzan a appris l’existence de l’armée de Nou’man ibn Mouqarrin, il a combattu et après une bataille acharnée, Hormouzan a été vaincu ; il s’est enfui à Toustar, une grande ville à une journée de route du Khouzistan. Cette ville a été assiégée.

L’armée islamique sous la direction d’Abou Sabra a assiégé la ville : le siège a duré plusieurs mois. L’armée persane sortait et attaquait à plusieurs reprises, revenait et refermait les portes. C’est ainsi qu’il y a eu quatre-vingt batailles au cours de ce conflit. Lors de la dernière bataille, les musulmans ont attaqué de toutes leurs forces. Lorsque le siège a été renforcé, deux Perses ont dit aux musulmans que la ville pouvait être conquise en entrant par la sortie d’eau. C’est ainsi que les musulmans sont entrés dans la ville.

L’auteur d’Al-Akhbar Al-Tiwal a écrit à ce sujet qu’Abou Hanifa al-Dinawari a déclaré que le siège des musulmans s’est rallongé. Une nuit, un notable de la ville est venu à la rencontre d’Abou Moussa al-Ach’ari et lui a proposé de l’aider à capturer la ville s’il garantissait la protection de sa famille et ses biens. Abou Moussa al-Ach’ari lui a accordé la protection. Selon le Fath al-Bouldan, cet homme est également devenu musulman. Il avait demandé à Abou Moussa al-Ach’ari d’envoyer quelqu’un avec lui pour qu’il puisse lui indiquer comment les musulmans pourront pénétrer dans le fort. Abou Moussa al-Ach’ari a envoyé Ach’ath ibn ‘Awf, un homme de la tribu des Banou Cha’ban. Ils sont tous deux entrés dans la ville par un petit canal à travers un tunnel. Il a étendu un manteau sur Ach’ath ibn ‘Awf et lui a dit : « Suis-moi comme un de mes serviteurs. » Il l’a pris et a fait le tour de la ville. Puis il s’est rendu à la porte de la ville où se trouvaient les gardes, et ensuite il est parti vers Hormouzan, qui était assis à l’entrée de son palais. Après lui avoir montré tout cela, il l’a ramené de la même manière. Ach’ath ibn ‘Awf est revenu et a tout dit à Abou Moussa al-Ach’ari. Ash’ath ibn ‘Awf a dit : « Envoyez deux cents hommes courageux avec moi. Je vais tuer les gardes et ouvrir la porte pour que vous nous rejoigniez de l’extérieur. » Ainsi Ach’ath ibn ‘Awf et ses compagnons sont entrés dans la ville par ce passage secret ; ils ont tué les gardes et ouvert les portes de la ville. L’armée islamique est entrée dans la ville en scandant Allahou Akbar.

Quand Hormouzan a entendu les cris, il a couru vers son fort, qui se trouvait à l’intérieur de la ville. Les musulmans ont encerclé le fort. Hormouzan dit d’en haut : « J’ai cent flèches dans mon carquois. Tant qu’il restera une de ces flèches, personne ne pourra me toucher. Si je suis arrêté, ce sera un exploit ! » Les musulmans ont dit : « Que souhaites-tu en ce cas ? » « Je me rends à condition qu’Oumar décide de mon sort » a-t-il déclaré. Hormouzan a déposé les armes et s’est rendu aux musulmans.  Abou Moussa al-Ach’ari a envoyé Hormouzan à Médine au Calife ‘Oumar sous la supervision d’Anas Ibn Malik et Ahnab Ibn Qays. Lorsque la caravane est entrée à Médine, ils ont habillé Hormouzan de son vêtement de soie qui était recouvert d’or. Il était prisonnier mais on lui a donné son vêtement d’apparat. Une couronne de diamants a été placée sur sa tête afin qu’Oumar (r.a.) et les musulmans connaisse son statut véritable et sachent qu’il était un chef. Hormouzan a demandé à propos d’Oumar (r.a.) et on lui a dit qu’il était dans la mosquée. Lorsqu’il est arrivé la mosquée, le Calife ‘Oumar dormait, la tête sur son turban. Hourmazan a demandé où était le Calife. Les gens disaient qu’il dormait. Il n’y avait personne dans la mosquée à ce moment-là, sauf le Calife. Hormouzan a demandé où étaient ses gardes et ses courtisans. Les gens ont répondu qu’il n’avait pas besoin de gardes du corps, de courtisans, de scribes ou de secrétaire. Hormouzan a déclaré : « Cette personne doit être un prophète ! »

Les gens ont dit qu’il n’est pas un prophète mais qu’il suit certainement la voie des prophètes. ‘Oumar (r.a.) s’est réveillé suite aux conversations. ‘Oumar (r.a.) a demandé si c’était bien Hormouzan. Les gens ont dit : « Oui ! ‘Oumar (r.a.) l’a regardé attentivement, lui et ses vêtements, et a dit : « Je cherche refuge auprès d’Allah contre le feu et je cherche l’aide d’Allah. » Les gens de la caravane ont dit que c’était Hormouzan et qu’il devait lui parler. Il a déclaré : « Non. Jusqu’à ce qu’il enlève ses vêtements et ornements scintillants. » On lui a fait enlever tous ses ornements et vêtements d’apparats. La conversation a commencé avec Hormouzan.

Oumar (r.a.) a déclaré : « Tu as vu le résultat du non-respect des promesses et de la trahison ? » On lui faisait la guerre justement parce qu’il avait violé sa promesse et était coupable de trahison. Il a déclaré : « Dans l’ignorance, quand Dieu n’était avec aucun de nous, nous étions victorieux sur vous, mais maintenant l’aide de Dieu est avec vous. C’est pour cette raison que vous êtes victorieux à présent. » C’était là la réponse que Hormouzan a offerte à ‘Oumar (r.a.). ‘Oumar (r.a.) a déclaré : « Au temps de l’ignorance vous étiez dominants parce que vous étiez unis et que nous étions désunis. » Puis ‘Oumar (r.a.) a demandé à Hormouzan : « Tu as rompu ta promesse à plusieurs reprises. Quelle excuse présentes-tu ? »

Comme je l’ai dit, les musulmans les ont combattus parce qu’ils ont rompu leur promesse et ne voulaient pas être des voisins pacifiques.

« J’ai peur que tu ne me tues pas avant que je puisse répondre », a dit Hormouzan. ‘Oumar (r.a.) a déclaré : « N’aie pas peur. » Hormouzan a demandé de l’eau, alors on lui a apporté de l’eau dans un vieux bol. Hormouzan a dit : « Je ne boirai pas d’eau dans un tel récipient même si je meurs de soif. » Quand on lui a offert de l’eau dans son récipient conforme à son statut, ses mains ont commencé à trembler. » « Je crains d’être tué en buvant cette eau », a déclaré Hormouzan. ‘Oumar (r.a.) a dit : « Tant que tu n’auras pas fini de boire, personne ne te fera de mal. » En entendant cela, il laissa tomber l’eau sur le sol. Il était rusé. Il a dit : « Je ne serai pas tué si je ne bois pas cette eau, si telle elle est la condition. Les musulmans respectent leurs promesses. » Il a dit : « Je ne boirai pas cette eau, » et il l’a jetée au sol.  ‘Oumar (r.a.) a dit de lui redonner de l’eau et qu’il ne devait pas être tué assoiffé.

C’était sa punition pour le non-respect de ses promesses et pour avoir fomenté des troubles contre les musulmans. Hormouzan a déclaré : « Je n’avais aucune soif d’eau. Je voulais garantir ma protection de cette manière. » En fin de compte, il a dit la vérité. Après cela, Hormouzan s’est converti à l’islam et a élu domicile à Médine. ‘Oumar lui avait fixé une allocation de 2000.

Il est écrit dans Al-‘Iqd al-Farid que lorsque Hormouzan a été emmené comme prisonnier à ‘Oumar, il l’a invité à l’islam mais Hormouzan a refusé. ‘Oumar (r.a.) a ordonné qu’il soit tué. Alors qu’il était sur le point d’être tué, il dit : « Ô Emir des Croyants ! Donnes-moi de l’eau ! » ‘Oumar (r.a.) a ordonné qu’on lui en offre. Lorsque le récipient d’eau a été placé dans sa main, il a dit à ‘Oumar (r.a.) : « Suis-je en sécurité jusqu’à ce que je boive l’eau ? » ‘Oumar (r.a.) a dit « oui ». Sur ce, Hormouzan a jeté le récipient d’eau et a dit : « Honorez votre promesse ! »

« Oumar (r.a.) a déclaré : « Je vais t’accorder du répit et je vais voir comment tu vas te comporter. » Quand on lui a enlevé l’épée, Hormouzan a déclaré : « J’atteste qu’il n’y a aucune divinité exceptée Allah, qu’Il n’a pas d’associé et que Muhammad (que la paix soit sur lui) est Son serviteur et Son messager. » ‘Oumar (r.a.) a demandé à Hormouzan pourquoi il n’avait pas proclamé sa foi plus tôt. Sur ce, Hormouzan a répondu : « Ô Emir des croyants ! « J’avais peur que les gens disent que je suis devenu musulman par peur de l’épée parce que l’épée a été placée sur ma tête. » Après cela, ‘Oumar (r.a.) avait l’habitude de consulter Hormouzan dans sa campagne contre la Perse et d’agir selon son opinion. Ainsi, il est également devenu le conseiller d’Oumar (r.a.).

On soupçonne également que Hormouzan avait comploté le meurtre d’Oumar (r.a.). Mais selon Hazrat Mouslih Maw’oud (ra) ces soupçons sont infondés. En commentant sur le verset de la Rétribution Hazrat Mouslih Maw’oud (ra) déclare : « Un musulman a été amené au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) qui avait tué un mécréant qui avait fait un traité et qui était devenu un sujet du gouvernement islamique. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a condamné à mort ce musulman et a dit : « Je suis celui qui respecte le plus les traités. » Il condamné le meurtrier musulman à mort parce qu’il avait tué une personne avec qui [l’Etat musulman] avait conclu une alliance.

De même, Al-Tabarani a rapporté un récit d’Ali (r.a.) que si un musulman tuait un dhimmi, il condamnait à mort ce musulman. Certains citent ce hadith : « Un croyant ne sera pas tué en échange d’un mécréant. » Mais une lecture de l’ensemble du hadith résout le problème. Les paroles originales du hadith sont : « Un croyant ne sera pas tué en rétribution pour avoir tué un mécréant. De même un allié (non-musulman) ne sera pas tué tant qu’il respecte son alliance. »

La deuxième clause de ce hadith notamment « qu’un allié (non-musulman) ne sera pas tué tant qu’il respecte son alliance » résout ce problème. Si cela signifie « qu’un musulman ne doit pas être tué pour le meurtre d’un mécréant » il faudra traduire « qu’un allié (non-musulman) ne doit pas être tué pour le meurtre d’un mécréant. » Or personne ne peut accepter cela. Il est question ici du mécréant (ayant pris les armes contre les musulmans) et non pas le mécréant ordinaire. Il s’agit du mécréant combattant et pas du mécréant ordinaire.

De même un mécréant dhimmi (vivant sous la tutelle de l’état musulman) ne sera pas condamné à mort pour le meurtre d’un mécréant combattant les musulmans.

Si nous regardons la pratique des Sahaba, nous constatons qu’ils condamnaient à mort également les meurtriers non musulmans. Selon Al-Tabari, Qamazban ibn Hormouzan relate le meurtre de son père. Hormouzan était un chef persan et un mage, soupçonné d’être impliqué dans un complot visant à assassiner le Calife ‘Oumar. ‘Oubaydoullah Ibn ‘Oumar l’a tué sans aucune enquête. Il relate que les Persans vivaient ensemble à Médine. En règle générale, le patriotisme devient prédominant dans un pays étranger : « Un jour Firouz, le meurtrier d’Oumar, a rencontré mon père (c’est-à-dire Hormouzan, le Persan) et il avait un poignard qui était aiguisé des deux côtés. Mon père a saisi ce poignard et lui a demandé à quoi servait un poignard dans ce pays. » C’est-à-dire, nous vivons dans un pays en paix, quel est le besoin de telles armes. « Je l’utilise pour conduire des chameaux », a-t-il déclaré. Pendant qu’ils se parlaient, quelqu’un les a vus et quand ‘Oumar a été tué, ce témoin a déclaré qu’il avait lui-même vu Hormouzan tenant le poignard de Firouz. »

Le fils de Hormouzan, relate : « ‘Oubaydoullah, le plus jeune fils d’Oumar, a tué mon père. Quand ‘Outhman est devenu Calife, il m’a appelé et a pris Oubaydoullah et me l’a remis. Il a dit : « Ô mon fils, voici le meurtrier de ton père. Tu as plus de droit sur lui que nous. Vas et tues-le. » Je l’ai attrapé et nous sommes sortis hors de la ville. Toute personne que je rencontrerais en cours de route m’accompagnait. Personne ne me confrontait. Ils me demandaient tout simplement de lui pardonner. Je me suis adressé à tous les musulmans et j’ai demandé si j’avais le droit de le tuer. Ils ont tous dit : « Oui, tu as le droit de le tuer. » Puis ils ont réprimandé ‘Oubaydoullah pour cet acte condamnable. Ensuite j’ai demandé : « Avez-vous le droit de le reprendre d’entre mes mains ? » Ils ont répondu : « Certainement pas. » Et ils ont réprimandé ‘Oubaydoullah pour avoir tué mon père sans aucune preuve. Je l’ai laissé pour l’amour de Dieu et pour le bien de ces gens. »

Quand les gens ont intercédé en sa faveur et qu’il y a eu cette conversation, le fils de Hormouzan a répondu : « Je l’ai laissé pour l’amour d’Allah et de Son peuple, et les musulmans m’ont porté sur leurs épaules dans la liesse. Et par Allah, je suis arrivé chez moi sur la tête et les épaules des gens et ils ne m’ont pas permis de marcher sur le sol. »

Ce récit prouve que la pratique des Compagnons était qu’ils tuaient le meurtrier musulman d’un non musulman. Cela prouve également que quelle que soit l’arme utilisée, le meurtrier est condamné à mort. Cela prouve aussi que c’est l’Etat qui arrête et punit le tueur. Bien qu’il soit dit que Hormouzan était devenu musulman, même s’il était non-musulman, d’après toutes les déclarations précédentes, il semble que le non-musulman doit être traité de la même manière qu’une victime musulmane. Surtout quand un accord à été [signé avec le non-musulman].

Cela prouve également que c’est l’Etat qui arrête et punit le tueur. Tout le monde n’est pas habilité à le faire. Ce récit démontre que c’est le Calife ‘Outhman qui a arrêté ‘Oubaydullah Ibn ‘Oumar et que c’est lui qui l’a remis au fils de Hormouzan pour le faire tuer. Il n’a été poursuivi ni arrêté par aucun des héritiers de Hormouzan.

Il est également nécessaire de dissiper ce soupçon ici, dit le Mouslih Maw’oud (r.a.).

Les héritiers des tués doivent-ils punir le condamné comme ‘Outhman l’a fait ou l’Etat lui-même doit-il le faire ? Il ne faut donc pas oublier que cette question est auxiliaire et que l’islam l’a laissée ouvert selon les exigences de chaque époque. L’Etat peut adopter ce qu’il juge être le plus efficace en fonction de sa société et de ses conditions. Il ne fait aucun doute que les deux méthodes sont utiles dans des situations particulières.

[Je poursuivrai] Incha Allah ces récits à l’avenir. Je souhaite maintenant faire la mention de quelques défunts, dont je dirigerai la prière funéraire.

La première dont je ferai mention est la Professeure Syeda Nasim Saeed, qui était l’épouse de Muhammad Saeed et la fille de Hazrat Al-Haj Hafiz Dr. Syed Shafi Mohaqqiq Dehlavi. Elle est décédée il y a quelques jours de cela au Pakistan à l’âge de 88 ans. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Son père était Hazrat Al-Haj Hafiz Dr Syed Shafi Ahmad Mohaqqiq Dehlavi. Il était l’auteur de plusieurs livres ; c’était un excellent débateur, un chercheur et un grand journaliste. Il avait publié seize journaux de Delhi. Hazrat Syed Shafi Ahmad avait prêté allégeance au Messie Promis (a.s.) à l’âge de douze ans. Il faisait partie de la descendance de l’éminent poète soufi, saint du sous-continent, Khawaja Mir Dard. Et il faisait ainsi partie des proches de Hazrat Mir Nasir Nawab. Hazrat Syed Shafi Ahmad était le neveu de Hazrat Amman Jan. En 1957, la défunte avait épousé le respecté Muhammad Saeed Ahmed, originaire de Lahore Cantonment. Sa fille, Khalida, a mentionné : « Lorsque ma grand-mère a conclu le mariage de mes parents, sa condition était la Taqwa. Elle savait simplement qu’il s’agissait d’un jeune homme de 22 ou 23 ans, qui servait comme Qaïd, au sujet duquel Hazrat Mouslih Maw’oud avait déclaré : « Il n’y a aucun doute qu’il avait insufflé une vie dans une communauté qui était à moitié-morte. Le mérite de ce service revient à son Qaïd, Muhammad Saeed Ahmed, et à ses quatre ou cinq assistants. » Ensuite Hazrat Mouslih Maw’oud avait fait mention de lui en regard du service rendu à l’humanité. Il a mentionné : « Lors des précédentes inondations, il avait beaucoup travaillé ; il mérite ainsi des compliments. » Hazrat Mouslih Maw’oud (ra) avait fait les éloges du mari de Nasim Saeed, et en prenant cela en considération la mère de Nasim Saeed avait conclu son mariage avec lui. Nasim Saeed avait quatre fils et deux filles. Elle a commencé à servir la communauté en 1954. Elle avait commencé à servir aux côtés de Hazrat Sayeda « Choti Apa ». Elle a eu l’opportunité de servir jusqu’en 2015, donc pendant une période de 61 ans. Comme (son mari) Saeed était dans l’armée, il était régulièrement affecté ici et là ; elle l’accompagnait également dans différentes villes, où elle avait l’opportunité de servir elle aussi. C’était une femme très éduquée qui avait une grande connaissance. Elle a écrit une vingtaine d’ouvrages sur les histoires des prophètes, ainsi qu’au sujet des hommes saints. Sa fille, Hamida Ghafoor Mannan, a mentionné : « Ma mère faisait beaucoup d’actes d’adoration, elle était savante, elle était la personnification de la sincérité, loyauté, abnégation, amour, gentillesse et humilité. Je l’ai toujours trouvée en train de faire des supplications avec ferveur. Elle offrait la prière de Tahajjoud et les nawafil. Depuis le deuxième Calife et jusqu’à présent, elle a pu établir une relation personnelle avec quatre Califes et elle a également eu l’occasion de servir la communauté. »

Elle n’a pas pu me rencontrer ici, mais elle exprimait ses sentiments par ses lettres. Ses enfants ont également mentionné cela. Lorsque je recevais ses lettres, elles étaient pleines de sincérité. Ce n’était pas que de simples mots : on voyait en réalité qu’elle avait une relation de sincérité et de fidélité avec le Califat. Qu’Allah permette également à ses enfants d’établir ce lien.

Son fils aîné, Khalid Saeed, écrit : « Elle nous a enseigné d’avoir une telle confiance en Allah comme si Allah était en face de nous, tel un ami. Elle nous a enseigné d’avoir un réel amour pour le Saint Prophète (s.a.w.) ; c’était son cas, et elle a enseigné la même chose à ses enfants. Elle avait un attachement spirituel profond avec le Messie Promis (a.s.) et sa communauté, et elle enjoignait à ses enfants de faire de même.

Elle avait une relation solide et d’obéissance totale avec le Califat et nous a enjoints d’en faire de même. Elle se tenait toujours prête à servir la communauté. Dès notre jeune âge, elle nous a habitués à faire la prière et à suivre les enseignements islamiques, et nous encourageait dans cette voie. Elle aidait les gens sur son chemin, et elle avait pour habitude de dire : « Facilitez les choses pour les gens. » Elle portait une attention particulière au sacrifice financier, elle nous enseignait que d’abord il fallait faire les sacrifices financiers et ensuite les autres dépenses. Elle récitait quotidiennement le Saint Coran, et nous encourageait également à le faire. Elle aimait la réconciliation et elle excellait dans le fait de maintenir les relations avec tous les proches, riches et pauvres, et elle nous encourageait également à le faire. Elle se tenait toujours prête à inviter les gens vers Allah. Elle nous enjoignait sans cesse de faire la prière de Tahajjoud. Afin d’augmenter notre connaissance, elle faisait organiser des Dars pour nous. Elle nous disait toujours de sourire, et de ne souhaiter le mal à personne. Elle était très hospitalière et s’occupait beaucoup des invités. »

Qu’Allah fasse preuve de pardon et de miséricorde à son égard, qu’Il exalte son rang, et qu’Il permette à ses enfants de perpétuer ses nobles habitudes ; et qu’Il leur permette de perpétuer ses nobles actions.

Le prochain défunt dont je ferai mention se nomme Daud Suleiman Butt de l’Allemagne, décédé d’un cancer à l’âge de 46 ans. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. L’Ahmadiyya est entré dans sa famille par l’intermédiaire de son arrière-grand-père Hazrat Abdul Hakim Butt Sahib qui était un compagnon du Messie Promis (a.s.). Il laisse dans le deuil sa femme, une fille et deux fils. Son épouse Samira Daud écrit : « Il se tenait toujours prêt à servir la communauté, et essayait de la servir le plus possible. Il donnait véritablement préséance à sa foi sur le monde. Tous ceux qui le connaissent disent aussi qu’il avait toujours le sourire aux lèvres, et il participait activement à la Sadaqah, et à d’autres dons caritatifs. Il se tenait toujours prêt à servir. Ici en Allemagne, il servait dans l’équipe de sécurité Hifazat-e-Khaas. Ses coéquipiers ont également écrit qu’il accomplissait ses tâches avec grand enthousiasme et responsabilité. L’une de ses qualités était qu’avant de débuter toute action il récitait le Saint Coran. J’ai également remarqué qu’il servait toujours avec joie. Qu’Allah accorde la patience et le courage à sa famille, et qu’Il permette à ses enfants de perpétuer ses nobles actions.

La prochaine défunte dont je ferai mention est Zahida Parveen, épouse de Ghulam Mustafa Awan Dhapai du district de Sialkot, décédée à l’âge de 61 ans. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Sa fille Hibat-ul-Kalim, qui est l’épouse de notre missionnaire Jamil Tabassum de Bashkortostan en Russie, a mentionné : « Par la grâce d’Allah ma mère était née ahmadie ; elle faisait partie du système de Wassiyyat. L’Ahmadiyya est entrée dans sa famille par l’intermédiaire du grand-père de son père et de sa mère, Diwan Bakhsh Sahib Awan. Elle ajoute : « Je ne l’ai jamais vu rater une prière de Tahajjoud. Elle enjoignait également à ses enfants d’avoir un grand amour pour le Califat et pour l’Ahmadiyya. » Elle laisse dans le deuil un fils, et quatre filles. Trois de ses beaux-fils ont dédié leur vie. Ses deux filles qui ont épousé des missionnaires se trouvent à l’étranger avec leurs maris. Elles n’ont donc pas pu se rendre auprès de leur mère dans ses derniers moments. Qu’Allah fasse preuve de pardon et de miséricorde à l’égard de la défunte et qu’Il permette à ses enfants de perpétuer ses nobles actions.

Le prochain défunt dont je ferai mention se nomme Rana Abdul Wahid de Londres qui était le fils de Chaudhry Abdul Hayy de Jaranwala Tahsil du district de Faisalabad. Il est décédé le 26 juin dernier d’une crise cardiaque. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons.

Par la grâce d’Allah, il faisait partie du système de Wassiyat et il a beaucoup travaillé au sein de l’Ansarullah. Il avait également servi en tant que secrétaire Diafat et secrétaire finance de la mosquée Fazal. C’était une personne qui travaillait beaucoup, et il servait avec grande joie. Qu’Allah fasse preuve de pardon et de miséricorde à son égard, et qu’Il accorde également la patience et le courage à ses enfants, et à ses proches.

Le prochain dont je ferai mention est Al-Haj Mir Muhammad Ali, ancien Amir de la Jama’at du Bangladesh. Il est décédé à l’âge de 84 ans. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Il a eu l’opportunité de servir à plusieurs postes au niveau local et national. De 1997 à 2003, il a servi en tant qu’Amir National du Bangladesh. Ensuite, il a servi en tant que secrétaire aux affaires matrimoniales et secrétaire à la prédication. De 2013 jusqu’à la fin, il a servi en tant qu’Amir de la Jama’at de Dhaka. Au cours de son mandat d’Amir, la Jama’at du Bangladesh avait fait de grands progrès, en particulier dans l’acquisition et la construction de nouvelles propriétés. Il avait notamment fait construire la mission centrale, ainsi que de nombreuses mosquées, etc. C’était une personne très dévote, sincère, pieuse, qui offrait la prière de Tahajjoud, et compatissante. Il faisait beaucoup de supplications et de sacrifices financiers, il s’occupait des pauvres, et était un bienfaiteur. Il avait un grand amour pour le califat et c’était un serviteur actif de la Jama’at. Il laisse dans le deuil deux fils et une fille. Qu’Allah fasse preuve de pardon et de miséricorde à son égard, et qu’Il permette à ses enfants de perpétuer ses nobles actions. Comme je l’ai mentionné je dirigerai leurs prières funéraires après la prière.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

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