Sermons 2019

Nobles compagnons de Badr

Baitul-Futuh-Dome-Interieur
Photo: Tanveer Khokhar - www.uk.smugmug.com/

Dans son sermon du 29 novembre 2019, Sa Sainteté le Calife a d'autres nobles compagnons du Saint Prophète Mohammad (s.a.w.) ayant participé à la bataille de Badr.

Sermon du vendredi 29 novembre 2019, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Baitul-Futuh à Londres. Après le Ta’awudh, le Tashahoud et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

Yazid Bin Thabit était un compagnon de Badr. Il appartenait au clan des Banou Malik Bin Najjar de la tribu de Khazraj des Ansar. Le père de Yazid se nommait Thabit Bin Zouhaq et sa mère se nommait Nawar Bint Malik. Yazid était le frère aîné de Zayd Bin Thabit. Yazid Bin Thabit s’était marié à Doubayyah Bint Thabit. On dit aussi qu’il avait participé dans la bataille de Badr et celle d’Ouhoud. Il est tombé en martyr en l’an douze de l’Hégire lors du Califat d’Abou Bakr durant la bataille de Yamama. Selon un autre récit, Yazid Bin Thabit aurait été blessé par une flèche le jour de la bataille de Yamama et serait décédé lors de son voyage retour.

Yazid Bin Thabit relate qu’il était présent avec d’autres personnes en compagnie du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) quand un cortège funèbre est apparu. Aussitôt, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) s’est mis debout ainsi que ceux qui étaient avec lui, jusqu’à ce que le cortège funèbre ait traversé devant eux.

Ce même incident est mentionné dans un autre récit avec les détails suivants. Yazid Bin Thabit relate : « Plusieurs compagnons étaient assis en compagnie du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) quand un cortège funèbre est passé devant eux. L’Envoyé d’Allah s’est mis debout avec empressement en le voyant ; et ses compagnons en ont fait de même. Ils se sont tenus debout jusqu’après le passage du cortège funèbre. Je jure par Allah ! Je ne crois pas que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) s’était mis debout parce qu’il souffrait ou en raison du manque d’espace. Je crois qu’il s’agissait du cortège funèbre d’un juif ou d’une juive. Et nous n’avons pas demandé au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) la raison pour laquelle il s’était mis debout. »

Le premier récit était tiré d’une chronique de l’histoire. Selon un récit de la Sounan al-Nisai’, Yazid Bin Thabit relate : « Nous sommes sortis avec le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Il a vu une nouvelle tombe… » Il s’agit d’ici d’un autre incident.

« En voyant la nouvelle tombe le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a demandé : « A qui appartient-elle ? » Les gens ont répondu qu’il s’agit de la tombe d’une domestique appartenant à telle ou telle tribu. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a reconnu la personne. Les compagnons ont expliqué : « Elle était décédée durant la mi-journée quand vous faisiez la sieste. Nous n’avions pas voulu vous réveiller. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) s’est alors mis debout et a demandé aux autres de se mettre en rang derrière lui ; puis il a récité les quatre Takbirs. »

C’est-à-dire il a dirigé la prière funéraire devant la tombe.

« Ensuite le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Tant que je serai parmi vous, quand l’un d’entre vous décédera vous devez m’en informer, car mes prières sont source de miséricorde en sa faveur. » »

Il existe des récits [similaires] dans les recueils de Mouslim, de Sounan Abi Dawoud et d’Ibn Majah.

Selon Ibn Majah, Yazid Bin Thabit, qui était plus âgé que Zayd, a relaté : « Nous étions sortis avec le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Quand il est arrivé au cimetière de Jannat al-Baqi’, il y a vu une nouvelle tombe. Il a demandé à son propos. On lui a dit qu’il s’agit de la sépulture de telle ou telle femme. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) l’a reconnue et il a demandé : « Pourquoi ne m’avez-vous pas informé à son propos ? »  On lui a répondu : « Vous étiez en train de vous reposer durant l’après-midi. Vous étiez d’ailleurs en train de jeûner et nous n’avions pas voulu vous tourmenter. » Sur ce, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a répondu : « Ne faites rien [à mon sujet] sans m’en informer au préalable. » C’est-à-dire je n’ai jamais rien dit à ce propos. « Tant que je suis parmi vous, si l’un d’entre vous décède, vous devez m’en informer car mes prières en sa faveur seront source de miséricorde pour lui. »

Ensuite le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est allé vers la tombe de la femme et nous avons formé les rangs derrière lui. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a alors récité quatre Takbirat. »

Le recueil d’Al-Boukhari mentionne un récit d’Abou Hourayrah à propos d’une femme noire. Cela concerne sa prière funéraire. On dit que cette femme avait l’habitude de balayer la mosquée du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Elle est décédée. Quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ne l’a pas vue pendant plusieurs jours, il a demandé à son propos. Les gens l’ont informé qu’elle était décédée. A cela le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a rétorqué : « Pourquoi ne m’avez-vous pas informé à son sujet ? Montrez-moi sa tombe. » Sur ce, il s’est dirigé vers sa sépulture et a dirigé sa prière funèbre. »

Selon l’auteur de l’Injaz al-Hajjah, un commentaire du recueil d’Ibn Majah, il s’agissait d’une femme noire qui se nommait Oumm Mahjan, d’après l’Imam al-Baihaqi. Elle se nommerait Kharqa selon Ibn Manda : elle faisait partie des femmes compagnons du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Il se peut que son nom d’origine soit Kharqa et Oumm Mahjan son pseudonyme. C’est-à-dire que les deux noms sont exacts.

Le prochain compagnon se nomme Mou’awidh Bin ‘Amr Bin al-Jamouh. Il appartenait au clan des Banou Jou’choum de la tribu de Khazraj des Ansar. Son père se nommait Amr Bin al-Jamouh et sa mère se nommait Hind Bint ‘Amr.

Mou’awidh Bin ‘Amr Bin al-Jamouh avait accompagné ses deux frères, Mou’adh et Khallad, pour la bataille de Badr. En sus de cela il avait aussi participé à la bataille d’Ouhoud.

‘Amr Bin al-Jamouh, le père de Mou’awidh, était boiteux et ses fils l’avaient empêché de participer à la bataille de Badr en raison de son handicap. J’en avais fait mention dans un précédent sermon.

Avant la bataille d’Ouhoud, ‘Amr Bin al-Jamouh a dit à ses fils : « Vous m’aviez empêché de participer à la bataille de Badr. Je participerai certainement à cette bataille-ci et vous ne pourrez pas m’en empêcher ! » Ses fils ont eu beau insister qu’il souffrait du pied et que la bataille ne lui était pas obligatoire vu sa condition, ‘Amr Bin al-Jamouh a refusé de les écouter et a dit au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) : « Mes fils m’empêchent de participer à la bataille en raison de mon handicap. Or, je souhaite participer dans le Jihad avec vous. »

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a répondu : « Selon Dieu tu es dans la catégorie des handicapés et le Jihad ne t’est pas obligatoire. » Mais par la suite, en voyant son enthousiasme, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui en a donné la permission.

‘Amr Bin al-Jamouh a pris ses armes en priant : « Ô Allah, accorde-moi le martyre et fais que je ne retourne pas déconfit à la maison. » Son souhait a été exaucé et il est tombé en martyr sur le champ de bataille. 

Après son martyre, sa femme l’a enterré dans la même tombe qu’Abdoullah Bin ‘Amr, son frère, après avoir transporté leurs dépouilles sur une monture.

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Je jure par celui qui détient ma vie entre Ses mains ! J’ai vu ‘Amr en train de marcher dans le paradis avec son pied boiteux ! »

Le prochain compagnon se nomme Bichr Bin al-Bara’ Bin Ma’rour. Il appartenait au clan des Banou ‘Oubayd Bin Adi de la tribu de Khazraj des Ansar. Selon un autre récit il appartenait au clan des Banou Salama. Il existe donc deux différents récits à son propos.

Le père de Bichr se nommait Al-Bara’ Bin Ma’rour et sa mère Khoulayda Bint Qays. Al-Bara’ Bin Ma’rour faisait partie des douze chefs nommés [par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.)] et il avait sous sa tutelle le clan des Banou Salama.

Al-Bara’ Bin Ma’rour est décédé lors d’un voyage, un mois avant que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) n’émigre à Médine. Quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est arrivé, il est parti sur la tombe d’Al-Bara’ Bin Ma’rour où il a récité quatre Takbirat.

Bichr avait accompagné son père pour le deuxième bai’ah d’Aqabah. Bichr Bin al-Bara’ faisait partie des archers émérites du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a établi un lien de fraternité entre Bichr Bin al-Bara’ et Waqid Bin ‘Abdillah après l’émigration de ce dernier à Médine. Bichr Bin al-Bara’ avait participé dans les batailles de Badr, d’Ouhoud et du fossé, au traité de Houdaybiyya et à la bataille de Khaybar en compagnie du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).

‘Abdour Rahman Bin ‘Abdillah relate que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait demandé : « Ô Banou Nazala ! Qui est votre chef ? » Dans certains récits l’on trouve plutôt « Ô Banou Salama ». Ils ont répondu : « Jad Bin Qays est notre chef. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a demandé : « Pourquoi l’avez-vous choisi comme chef ? » Ils ont répondu : « Il est le plus riche d’entre nous. Il est très influent. C’est pour cette raison que nous l’avons choisi comme chef. Mais nous ne l’aimons pas en raison de son avarice. »

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a répondu : « Existe-t-il de plus grande maladie que l’avarice ? C’est pour cette raison qu’il ne peut pas être votre chef. » Les membres de la tribu ont demandé : « Qui est donc notre chef, ô Envoyé d’Allah ? » Il a répondu : « Bichr Bin al-Bara’ Bin Ma’rour est votre chef. » Il s’agit du compagnon que j’évoquais à l’instant.

Selon un autre récit, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Votre chef est Bichr Bin al-Bara’ Bin Ma’rour, celui qui est de teint clair et aux cheveux bouclés. »    

Bichr Bin al-Bara’ Bin Ma’rour était marié à Qoubaysa Bint Sayfi : ils ont eu une fille nommée ‘Aliya. Qoubaysa avait embrassé l’islam et elle avait prêté allégeance au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).

Ibn ‘Abbas relate qu’avant l’arrivée du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) les juifs avaient l’habitude de quémander l’aide divine contre les tribus d’Aws et de Khazraj. En raison de leurs conflits, ils demandaient à Dieu de leur accorder la victoire au nom du Prophète dont l’avènement avait été prophétisé. Or, lorsque le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a été suscité parmi les Arabes, ils l’ont rejeté et ont nié les propos qu’ils énonçaient [plus tôt]. D’ailleurs, c’est là l’habitude depuis toujours de tous ceux qui rejettent [les prophètes] de Dieu. Mou’adh Bin Jabal, Bichr Bin al-Bara’ et Dawoud Bin Salama leur ont dit un jour : « Ô Juifs ! Craignez Allah et acceptez l’islam. Naguère vous demandiez la victoire sur nous au nom d’un prophète nommé Mohammad dont vous prédisiez l’avènement. Nous étions, quant à nous, des polythéistes. Vous annonciez l’avènement de ce prophète et vous évoquiez ses signes. Or, le Prophète est venu. Pourquoi ne l’avez-vous pas accepté ? »

Salam Bin Michkam appartenait à la tribu juive des Banou Nadhir. Il en était le chef et le trésorier. Il était le mari de Zaynab Bint Harith, la femme qui avait offert de la viande empoisonnée au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) après la bataille de Khaybar. Salam Bin Michkam a répondu : « Ce prophète ne nous a pas apporté les signes que nous reconnaissons. Il n’est d’ailleurs pas le prophète que nous mentionnions. C’est pour cette raison que nous ne l’accepterons pas. »

Sur ce, Allah l’Exalté a révélé le verset suivant :

وَلَمَّا جَاءَهُمْ كِتَابٌ مِنْ عِنْدِ اللَّهِ مُصَدِّقٌ لِمَا مَعَهُمْ وَكَانُوا مِنْ قَبْلُ يَسْتَفْتِحُونَ عَلَى الَّذِينَ كَفَرُوا فَلَمَّا جَاءَهُمْ مَا عَرَفُوا كَفَرُوا بِهِ فَلَعْنَةُ اللَّهِ عَلَى الْكَافِرِينَ

« Quand il leur vint un Livre de la part d’Allah accomplissant ce qui est déjà avec eux – et auparavant, ils avaient demandé à Allah la victoire sur les mécréants – cependant quand il leur vint ce qu’ils savaient être la vérité, ils le rejetèrent. Que la malédiction d’Allah soit sur les mécréants ! » (2 : 90)

Zoubayr Bin ‘Awwam relate : « J’étais tout près du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lorsque [les musulmans] avaient subi un revers lors de la bataille d’Ouhoud. Alors que nous avions perdu nos sens et étions effrayés, nous étions passés par un état de somnolence. Chacun d’entre nous avait le menton sur la poitrine ; c’est-à-dire nous nous étions tous assoupis. Par Allah ! C’était comme si j’entendais la voix de Mou’attib Bin Qouchayr dans un rêve. Il disait : « Si le choix nous avait été donné nous n’aurions pas été tués ici. »

Mou’attib Bin Qoushayr était un compagnon parmi les Ansar. Il avait participé à la bai’ah d’Aqabah, ainsi qu’aux batailles de Badr et d’Ouhoud. Je me suis souvenu de sa phrase que je [croyais] avoir entendue dans un rêve.

Allah a révélé ce verset à propos de cette situation. 

ثُمَّ أَنْزَلَ عَلَيْكُمْ مِنْ بَعْدِ الْغَمِّ أَمَنَةً نُعَاسًا يَغْشَى طَائِفَةً مِنْكُمْ وَطَائِفَةٌ قَدْ أَهَمَّتْهُمْ أَنْفُسُهُمْ يَظُنُّونَ بِاللَّهِ غَيْرَ الْحَقِّ ظَنَّ الْجَاهِلِيَّةِ يَقُولُونَ هَلْ لَنَا مِنَ الْأَمْرِ مِنْ شَيْءٍ قُلْ إِنَّ الْأَمْرَ كُلَّهُ لِلَّهِ

« Puis après l’affliction, Il a fait descendre sur vous la paix – un sommeil qui a gagné une partie d’entre vous, tandis qu’une autre partie était inquiète pour elle-même, entretenant de fausses pensées sur Allah, les pensées de l’ignorance. Ils disaient : « Avons-nous une part dans les décisions ? » Dis-leur : « Toutes les décisions appartiennent à Allah. » (3 : 155)

Ka’b Bin ‘Amr al-Ansari relate : « Lors de la bataille d’Ouhoud, je me suis retrouvé en compagnie du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avec 14 membres de ma tribu. Nous nous sommes assoupis et cette somnolence était des plus sereines, quoique nous étions en pleine bataille. Chacun d’entre nous émettait le son d’un soufflet en ronflant. » En effet l’on passe parfois dans cet état d’assoupissement profond.

« J’ai vu Bichr Bin al-Bara’ Bin Ma’rour qui avait laissé tomber son épée, sans qu’il le sache tandis que les polythéistes étaient sur le point de lancer l’attaque contre nous. »

Il avait sommeil mais il tenait l’épée fermement dans la main et il a sursauté lorsqu’elle était sur le point de tomber. Feu le quatrième Calife a commenté en détail sur le terme    نعاس (Nou’as) dans un de ses Dars (leçons coraniques) et a présenté plusieurs sens de أَمَنَةً نُعَاسًا (Amanatan Nou’asan). En bref cette phrase signifie [qu’Allah] vous a accordé après votre tristesse une sérénité qu’on peut qualifier d’assoupissement ou un sommeil porteur de paix. Ou une paix qui avait l’effet du sommeil.

L’assoupissement signifie baisser la tête et s’endormir momentanément. Ici نعاس (Nou’as) ne signifie pas cette forme de sommeil. Il s’agit de l’état entre l’éveil et le sommeil. Avant de sombrer dans le sommeil, on passe par un état intermédiaire quand tous les membres du corps sont engourdis. Si ce calme profond perdure, il se transforme en sommeil. Si l’on est en train de marcher dans cet état l’on ne tombera pas mais l’on sursautera et l’on saura par quel état l’on est passé. Mais si l’on sombre dans le sommeil l’on ne contrôle plus les membres du corps. Peut-être que Bichr Bin al-Bara’ a sombré dans ce sommeil profond. Mais c’était en tout cas un état de sérénité, en dépit de la bataille. L’on peut tomber et c’est pour cette raison que l’épée est tombée de la main de Bichr. Même si l’on accepte tel quel ces faits, quand on passe par cet état l’on reprend conscience, l’on sait que l’on est sur le point de sombrer dans un sommeil profond et l’on se réveille en sursaut. Allah affirme : « Nous vous avons fait passer par cet état de sérénité ressemblant à du sommeil. Mais il ne s’agissait pas d’un sommeil aussi profond pour vous faire perdre tout contrôle sur les membres de votre corps. Cet état vous a calmés mais ne vous a pas rendus inactifs.

Le recueil de Boukhari relate qu’Abou Talha a déclaré : « Au cours de la bataille d’Ouhoud, nous nous sommes assoupis. J’étais sur le point de laisser tomber mon épée, quand je l’ai ressaisie. »

Selon ce hadith, il ne s’agissait pas d’un sommeil profond au point où on laisserait tomber ce qu’on a entre les mains ou que l’on tomberait en marchant. Il s’agissait d’un certain assoupissement en dépit duquel on maîtrisait encore les membres de son corps. Et si l’on tombait l’on se ressaisissait. Cet assoupissement n’a pas gagné momentanément qu’une seule partie [des combattants]. Il s’agissait d’un état qui a duré quelque temps.

Le récit suivant d’Abou Talha se trouve dans le chapitre des commentaires du recueil de Tirmidhi. Il relate : « Le jour de la bataille d’Ouhoud, j’ai levé la tête pour constater que tout le monde s’assoupissait derrière son bouclier. »

En raison de l’éveil et de la fatigue, ces compagnons étaient dans une mauvaise posture. Et c’est là qu’Allah leur a accordé cette sérénité. Il ajoute : « C’était un état généralisé. » C’est-à-dire ce n’était pas un état ayant affecté un combattant par hasard. Le quatrième Calife écrit que tous les combattants en compagnie du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ont été recouverts du ciel par cet état. Peut-être qu’ils en avaient besoin en cet instant afin de rafraîchir les membres de leurs corps, étant donné qu’ils n’avaient pas eu le temps de dormir.

En effet, on passe par cet état lorsqu’on est fatigué. En tout cas, tout le monde s’est assoupi durant la bataille tandis qu’ils faisaient face à de grands dangers. Il s’agissait d’un miracle et pas d’un accident. Certaines personnes passent [communément] par cet état ; par contre, il ne s’agissait pas là d’un événement fortuit, mais bel est bien d’un miracle. C’est Allah Qui leur avait accordé cet état.

Bichr Bin al-Bara’ avait consommé, avec le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), cette viande empoisonnée qu’une juive avait présentée à ce dernier le jour de la bataille de Khaybar. Lorsque Bichr Bin al-Bara’ a avalé son morceau de viande, à peine avait-il quitté sa place que son teint s’est assombri, prenant la coloration du telassan, une étoffe de couleur noire. Il en a souffert pendant un an et, allongé, il ne pouvait pas changer de position sans assistance. Il est décédé dans cet état. On dit ailleurs que le poison était si puissant qu’il est décédé sur place avant de pouvoir bouger.

La mort de Bichr Bin al-Bara’ avait profondément attristé sa mère. Elle a dit au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) : « La mort de Bichr Bin al-Bara’ détruira les Banou Salama. Est-ce que les morts se reconnaîtront [dans l’Au-delà] ? »

C’est-à-dire ceux qui ont commis cet acte sont voués à la destruction ; et elle a demandé si les morts se reconnaîtront et si elle pourra transmettre ses salutations à Bichr.

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a répondu : « Oui, ô Oumm Bichr ! Par celui qui détient ma vie entre ses mains ! Tout comme les oiseaux se reconnaissent sur les branches d’un arbre, de même les morts se reconnaîtront au paradis. »

Sa mère voulait envoyer ses salutations [à son fils] par l’entremise de ceux qui étaient sur le point de mourir. Selon un autre récit, à chaque fois qu’un membre de la tribu de Banou Salama était sur le point de mourir la mère de Bichr partait le voir. Ayant eu la réponse du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), elle disait au mourant : « Ô untel ! Que la paix soit avec toi ! » Le mourant répondait : « Que la paix soit sur toi aussi ! » Ensuite elle disait au mourant : « Transmets mes salutations à Bichr. »

J’avais parlé à propos des ennemis. En fait, elle ne parlait pas des ennemis en disant que la mort de Bichr causerait la destruction des Banou Salama. Est-ce que les morts se reconnaîtront, a-t-elle demandé. Dans sa profonde tristesse, elle a demandé si elle pouvait transmettre ses salutations à Bichr. Quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui a répondu que c’était possible, elle est partie voir chaque mourant pour qu’il transmette ses salutations à Bichr au paradis.

Selon un récit, la sœur de Bichr était venue voir le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) quand il était sur le point de mourir. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui dit : « J’avais mangé ce morceau empoisonné avec ton frère à Khaybar et c’est pour cette raison que je sens mes veines se couper. »

Hazrat Mouslih Maw’oud a commenté sur cet incident. Il écrit qu’une juive demanda aux compagnons quelle partie d’un animal le Saint Prophète(s.a.w.) préférait manger. On lui dit qu’il préférait l’épaule de mouton ou de chèvre. La femme abattit une chèvre et prépara des brochettes sur des pierres brûlantes. Puis, elle y ajouta un poison mortel, particulièrement sur les morceaux coupés près de l’épaule, pensant que le Prophète(s.a.w.) les choisirait.

Le Saint Prophète(s.a.w.) retournait à sa tente après avoir accompli les prières du soir en congrégation. Il vit la femme qui l’attendait près de sa tente et demanda : « Est-ce que je peux faire quelque chose pour toi ? » – « Oui, Aboul-Qasim(s.a.w.), veut-tu bien accepter de moi un présent ? » Le Saint Prophète(s.a.w.) demanda à un compagnon de prendre ce que la femme avait apporté. Quand il s’assit pour prendre son repas, ce présent de viande rôtie fut aussi apporté devant lui. Il en prit un morceau. Un compagnon, Bachir Bin al-Bara’ ibn al-Ma’rūr(r.a), en prit un lui aussi.

Dans les autres chroniques l’on trouve mention du nom de Bichr Bin al-Bara’ ou Bachir Bin al-Bara’. Hazrat Mouslih Maw’oud a mentionné Bachir Bin al-Bara’. Il s’agit en fait du même Bichr Bin al-Bara’.

Les autres compagnons présents au repas étendirent également les mains pour prendre de la viande. Mais le Prophète(s.a.w.) les arrêta en disant qu’il pensait que cette viande était empoisonnée, car sa main l’en avait informé.

Cela ne veut pas dire qu’il avait reçu une révélation à ce propos. C’était une expression de la langue arabe : il voulait dire par là qu’il a compris que cette viande est empoisonnée en la goûtant.

Hazrat Mouslih Maw’oud ajoute que le Coran évoque, à titre d’exemple, un incident de l’époque de Moise, à propos d’un mur qui « souhaitait » tomber. Cela signifie tout simplement que le mur était sur le point de tomber. Voila le sens de l’expression utilisée par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).

Bichr dit : « Par Dieu qui vous a honoré ! Je jure que je pensais que cette viande était empoisonnée. J’aurais voulu jeter la viande, mais je craignais de vous déranger dans votre repas. : « En vous voyant avaler un morceau », dit-il « j’en ai pris un aussi, mais bientôt j’ai souhaité que vous n’en ayez pas avalé du tout. »

Peu après, Bichr(r.a) devint malade et, selon certains rapports, mourut sur-le-champ à Khaybar. Selon d’autres rapports, il mourut plus tard, après avoir été malade pendant quelque temps.

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) plaça un morceau de cette viande devant un chien, qui en mangea et mourut. Alors, le Prophète(s.a.w.) envoya chercher la femme et lui demanda si elle avait empoisonné la viande. Elle lui demanda comment il en avait eu connaissance. Le Prophète(s.a.w.) tenait un morceau à la main et dit : « Ma main m’a dit cela », ce qui voulait dire qu’il était capable de juger au goût. La femme admit ce qu’elle avait fait. « Qu’est-ce qui t’a poussée à le faire ? », lui demanda-t-il. « Mes gens étaient en guerre contre toi et nombre de mes proches ont été tués au combat. J’ai décidé de t’empoisonner, croyant que si tu étais un imposteur, tu mourrais et que nous serions sauvés, mais que si tu étais un Prophète(s.a.w.), Dieu te sauverait. »

En entendant cette explication, le Saint Prophète(s.a.w.) pardonna à la femme, bien qu’elle méritât la peine de mort. Cet incident démontre que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) pardonnait ceux qui tentaient de le tuer et de tuer ses compagnons. Il punissait une personne si elle causerait plus de torts en restant vivante.

Certains ennemis allèguent que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est décédé des suites de cet empoissonnement. Ce débat a été repris dans certains recueils d’histoire et de Sirah. Certains biographes affirment que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est tombé en martyr en raison de cet empoisonnement et ils acceptent des récits qui soutiennent cette thèse, qui est en fait contraire à la vérité. Notre équipe de recherche m’a envoyé une note à ce propos et que je vous présente ici. Les recueils d’histoire, les biographies du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et les hadiths sont unanimes que l’Envoyé d’Allah n’est pas décédé des suites de ce poison. Celui qui affirme le contraire n’a pas connaissance de tous les récits ou bien il se trompe. L’empoisonnement a eu lieu [après la bataille] de Khaybar, soit à la fin de l’an six de l’Hégire ou au début de l’an sept. Et le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est resté en vie pendant quatre de plus. Il a mené une vie très active, comme dans le passé, et a participé dans différentes batailles comme dans le passé. Cela n’a pas affecté ses actes d’adoration ou ses autres occupations.

Quatre ans plus tard, il a été affecté par la fièvre et des maux de tête et il est décédé par la suite. Aucune personne douée de bon sens ne pourra dire que le poison a eu de l’effet quatre ans plus tard. On a mal traduit un hadith du Boukhari et d’autres recueils et c’est pour cette raison que l’on pense qu’il est décédé des suites de cet empoisonnement. Mais cette conclusion n’est pas exacte.

Je présente la traduction de ce hadith du Boukhari. ‘Aïcha relate que lorsqu’il était sur le point de mourir le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) disait : « Ô ‘Aïcha ! Je ressens en permanence les affres que m’ont causées le repas que j’avais pris à Khaybar. J’en ressens le poison dans mes veines. »

Certains musulmans, exégètes et experts en hadiths, ont déduit que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est décédé des suites de cet empoisonnement et ils concluent que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est tombé en martyr. Or, ce récit ne se prête pas à cette interprétation. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait tout simplement évoqué sa souffrance. Et comme on le sait, des douleurs, blessures ou maladies particulières remontent à la surface en des occasions particulières. Selon les récits, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait placé dans sa bouche cette viande empoisonnée à Khaybar et il ne l’avait pas avalée. Même s’il l’avait avalée, la vie qu’il a menée par la suite démontre que ce poison n’était pas la cause de sa mort. Certes ce poison a pu nuire à son estomac ou à ses intestins et en plaçant cette viande dans sa bouche il a pu blesser sa gorge ou ses amygdales et [peut-être que] parfois il souffrait en mangeant. Cet incident a été mentionné en détail dans les hadiths. Il y est dit que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) savait que cette nourriture était empoisonnée et il avait empêché ses compagnons d’en consommer. Il avait fait venir l’empoisonneuse pour l’interroger. Elle a expliqué qu’elle y a mis du poison sachant que Dieu protégera le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) s’il vient de la part de Dieu et que dans le cas contraire ils seront affranchis de lui.

La juive annonce donc que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a été sauvé en dépit de la virulence du poison.

Selon les récits cette femme aurait embrassé l’islam par la suite. En tout cas, la juive a admis que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) n’en est pas décédé et a considéré cela comme un miracle. C’est pour cette raison qu’on ne peut pas dire que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est décédé de ce poison. Je mentionnerai le reste plus tard, Incha Allah.

J’évoquerai à présent deux personnes décédées dont je dirigerai la prière funéraire après celle de Joumou’ah. La première personne se nomme Nasir Ahmad, fils d’Ali Mohammad de Rajanpur. Il est décédé le 21 novembre dernier à l’âge de 63 ans. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Mohammad Din Saheb, l’arrière-grand-père du défunt, était le premier ahmadi de la famille. Il habitait le village de Malsiyan, à Zira, dans le district de Ferozpur. L’arrière-grand-père du défunt avait accepté l’Ahmadiyya avec son frère, Ilahi Bakhsh, en 1907 par lettre. Ensuite il a prêté allégeance au premier Calife en 1908, lors de la Jalsa Salana de Qadian.

Nasir Saheb, le défunt, a servi comme Amir adjoint du district de Rajanpur. Il a aussi servi en tant de Zaim adjoint de l’Ansaroullah et de président de la Jama’at. Il était régulier dans ses cinq prières quotidiennes. Toute la famille élargie vivait en commun ; et il rappelait constamment tous ses frères et ses neveux eu égard à la prière. À l’heure de la prière de Fajr, il faisait le tour de toutes les maisons dans la grande cour pour réveiller les membres de la famille pour la prière. Il récitait le Coran et il demandait à tous ses proches et aux enfants s’ils en avaient fait de même. S’ils étaient négligents à ce propos, il leur faisait des rappels. Il lisait les ouvrages du Messie Promis (a.s.) et il encourageait aussi ses enfants, ses proches, ses frères et ses neveux à en faire de même. Il suivait aussi le sermon à la MTA régulièrement et il s’assurait que tous ceux qui vivaient dans la même cour avaient bien écouté le sermon.

Malgré une vive opposition, il ne laissait jamais passer une occasion pour faire le Tabligh ; et lorsque les membres de sa famille l’en dissuadaient en lui rappelant que la situation est très critique, il répondait : « Que vais-je répondre à Dieu ? Que je n’ai pas été capable de transmettre le message de Son envoyé aux gens ? » Le défunt était membre du système de la Wassiyyat. Il laisse derrière lui sa femme, sa fille, et ses trois fils. L’un de ses fils, Khalid Ahmad, est missionnaire, et sert actuellement au Mali, en Afrique de l’Ouest. Il n’a pu se rendre aux funérailles en raison de ses missions sur le terrain. Qu’Allah exalte le rang du défunt, qu’Il fasse preuve de pardon à son égard, et qu’Il permette à ses enfants et à sa descendance de perpétuer ses actes nobles. 

La deuxième prière funéraire sera celle d’Ata-ul-Karim Mubashar, fils de Mian Allah Ditta, de Kirtu, district de Sheikhupura, qui résidait au Canada.

Il est décédé le 13 novembre dernier à l’âge de 75 ans. Inna lillahi wa inna ilaihi raji’oun. L’Ahmadiyya est entrée dans la famille du défunt par l’intermédiaire de son père, Mian Allah Ditta, qui avait prêté allégeance en 1934 sur la main du Mouslih Maw’oud, et une fois qu’il était membre de la communauté, il a passé toute sa vie comme une personne qui avait dédié sa vie à cette fin : il transmettait constamment le message. De nombreuses familles ont accepté l’Ahmadiyya à travers lui, et il a servi la communauté toute sa vie durant, telle une personne qui avait sacrifié sa vie pour cet objectif. Il a également servi la communauté à différents postes lorsqu’il se trouvait à Lahore au Pakistan. En 2007, il a déménagé au Canada, où il a servi dans sa communauté locale en tant que secrétaire à la publication. Il était en permanence sous oxygène en raison d’une maladie pulmonaire. Tant que sa santé le lui permettait, il se rendait régulièrement à la mosquée en chaise roulante pour prier. Il a lutté avec courage face à sa maladie ; il ne s’en est jamais plaint. Il avait une relation de sincérité et de fidélité avec les responsables de la communauté et avec le Califat ; c’était aussi une relation de grand amour. Il était très intelligent, et avait des opinions très pertinentes. Il avait de plus un cœur pur – c’était un homme intègre.

Chaque membre de sa famille a déclaré qu’il avait une relation très profonde avec eux. Il faisait preuve de sincérité avec tout le monde et il était toujours prêt à aider autrui.

Il n’a jamais dit du mal de quiconque ; il avait une relation d’amour et d’amitié avec tout le monde. Le défunt était membre du système de la Wassiyyat. Il laisse derrière lui sa femme, ses deux filles et deux fils. L’un de ses fils, Ata-ul-Mannan Tahir, est Missionnaire, et a actuellement l’opportunité de servir en tant que superviseur adjoint dans le bureau du Sadar Anjuman Ahmadiyya, et son petit-fils, Jazib, est étudiant à la Jamia du Canada. Il était le frère aîné du poète de la communauté, Abdul Karim Qudsi. Qu’Allah le Très-Haut fasse preuve de pardon et de miséricorde à l’égard du défunt, qu’Il exalte son rang, et qu’Il permette à ses enfants et à sa descendance de perpétuer ses actes nobles. 


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

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