Sermons 2021

Le martyre d’Outhman Bin Affan

Dans son sermon du 12 mars 2021, Sa Sainteté le Calife a évoqué les incidents conduisant au martyre du calife Outhman (r.a.)

Sermon du vendredi 12 mars 2021, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

J’évoquais [le Calife] ‘Outhman (r.a.). Il avait accompli son dernier Hajj environ un an avant son décès ou avant que la révolte ne prît de l’ampleur. Les rebelles avaient commencé à se révolter à l’époque et l’Emir Mou’awiyah le ressentait déjà.

Hazrat Mouslih Maw’oud (ra) explique : « De retour du Hajj, l’Emir Mou’awiyah a accompagné le Calife ‘Outhman (r.a.) à Médine où il est resté pendant quelques jours. Quand il était sur le point de repartir, il a dit au Calife ‘Outhman (r.a.) en aparté : « On dirait que la révolte prend de l’ampleur. Si vous me permettez, je souhaite vous dire quelque chose à ce propos. » Le [Calife] ‘Outhman (r.a.) lui en a donné la permission. Sur ce, Mou’awiyah a déclaré : « Je vous conseille premièrement de m’accompagner en Syrie, car la paix y règne. Il n’y a aucun trouble. J’ai peur qu’il n’y ait une révolte soudaine et qu’on ne puisse prendre les mesures nécessaires. » ‘Outhman (r.a.) lui a répondu : « Je ne pourrai en aucun cas abandonner le voisinage du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), même si l’on me dépèce. »

Mou’awiyah lui a dit : « Mon deuxième conseil, en ce cas, est que vous me permettiez d’envoyer un détachement de soldats de la Syrie pour vous protéger. En leur présence, personne n’osera semer les troubles. »

‘Outhman (r.a.) de répondre : « Je ne peux mettre un tel fardeau sur la trésorerie pour assurer ma protection ; et je ne souhaite pas non plus mettre les gens de Médine en difficulté par la présence d’une armée. » Alors, Mou’awiyah lui a dit : « Voici ma troisième suggestion. En présence des compagnons, les rebelles auront l’audace de choisir l’un d’entre eux en votre absence. Dispersez ces compagnons dans différents pays. »

Outhman (r.a.) a répondu : « Comment est-il possible que je disperse çà et là ceux que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait réunis ? » Sur ce Mou’awiyah a pleuré et a déclaré : « Si vous ne souhaitez accepter aucune de mes suggestions concernant votre sécurité, au moins annoncez publiquement que je serai autorisé à vous venger si quelqu’un ose vous toucher. Suite à cette annonce il se peut que, par peur, certains évitent leur méchanceté. »

‘Outhman (r.a.) a répondu : « Ô Mou’awiyah ! Ce qui doit arriver arrivera. Je ne peux agir de la sorte. Étant donné que tu es stricte j’ai peur que tu ne sois dur envers les musulmans. » Sur ce, Mou’awiyah est parti en pleurant et a déclaré : « Je pense que c’est notre dernière rencontre. » En sortant, il a dit aux compagnons : « L’islam est entre vos mains. ‘Outhman (r.a.) est faible et la révolte grogne. Protégez-le ! » En prononçant ces paroles Mou’awiyah s’est mis en route pour la Syrie.

Moujahid évoque la détermination d’Outhman (r.a.) en ces termes : « ‘Outhman (r.a.) a dit à ses assiégeants : « Ô membres de mon peuple ! Ne me tuez pas ! Je suis le dirigeant de l’époque et votre frère musulman. Par Dieu ! J’ai fait de mon mieux pour apporter la réforme, indépendamment du fait que j’aie eu raison [ce faisant] ou que j’aie commis une faute. Si vous me tuez, vous ne prierez jamais ensemble. Jamais vous ne pourrez accomplir le jihad de façon unifiée. Jamais vous ne pourrez distribuer les butins de manière équitable. »

Le rapporteur déclare : « Quand les assiégeants ont rejeté ses conseils, ‘Outhman (r.a.) leur a demandé : « Répondez-moi au nom d’Allah ! Au moment de la mort d’Oumar, quand vous étiez tous unis et que vous suiviez tous la vérité, n’aviez-vous pas prié [en faveur du Califat] ? Souhaitez-vous dire qu’Allah n’a pas exaucé vos prières ? Ou souhaitez-vous dire que Dieu ne Se soucie pas de la religion ? Ou que j’ai pris le poste de Calife par l’épée ou que je l’ai usurpé et que je n’ai pas été élu selon le conseil des musulmans ? Ou pensez-vous qu’au début de mon califat Allah ignorait à mon sujet ce qu’Il sait maintenant ? » Cela est impossible. Allah connaît tout.

Quand les assiégeants ont rejeté ses conseils, il a prié en ces termes : « Ô Allah ! Vise chacun d’entre eux et tue-les un par un. Ne laisse pas un seul d’entre eux en vie ! »

Moujahid déclare : « Allah a détruit chacun de ceux qui avait participé à cette révolte. »

Abou Layla Al-Kindi relate : « J’ai vu ‘Outhman (r.a.) quand sa maison a été assiégée. Il a regardé par une lucarne et a déclaré : « Ô gens ! Ne me tuez pas ! Si je suis fautif, donnez-moi l’occasion de me repentir. Par Allah ! Si vous me tuez, plus jamais vous ne prierez ensemble. Plus jamais vous ne pourrez combattre l’ennemi de manière unifiée. Vous serez certainement en désaccord et vous vous soulèverez les uns contre les autres. » Le rapporteur l’a indiqué avec ses doigts. Ensuite le Calife ‘Outhman (r.a.) a déclaré :

وَيَا قَوْمِ لَا يَجْرِمَنَّكُمْ شِقَاقِي أَنْ يُصِيبَكُمْ مِثْلُ مَا أَصَابَ قَوْمَ نُوحٍ أَوْ قَوْمَ هُودٍ أَوْ قَوْمَ صَالِحٍ وَمَا قَوْمُ لُوطٍ مِنْكُمْ بِبَعِيدٍ

« Et ô mon peuple, que votre animosité envers moi ne vous conduise pas vers le même destin que celui qui survint au peuple de Noé, ou au peuple de Hūd ou au peuple de Ṣāliḥ ; et le peuple de Lot n’est guère loin de vous ! »

‘Outhman (r.a.) a demandé à voir ‘Abdoullah Bin Salam. Celui-ci est venu à sa rencontre et lui a demandé : « Quelle est votre opinion [à propos de cette révolte] ? »

‘Outhman (r.a.) lui a dit : « Évitez le combat ! Évitez le combat ! Car cela vous servira plus en votre faveur. »

Muhammad Bin Sirin déclare : « Zayd Bin Thabit al-Ansari s’est présenté au Calife ‘Outhman (r.a.) et lui a dit : « Les Ansar sont à votre porte : ils disent que si vous le souhaitez, ils sont prêts pour la deuxième fois à servir d’aides d’Allah. » Mais le Calife ‘Outhman (r.a.) a déclaré : « Non ! Évitez à tout prix le combat ! »

Abou Hourayrah relate : « Le jour du siège de la maison du Calife ‘Outhman (r.a.) je me suis présenté à lui et je lui ai dit : « Ô Emir des Croyants ! À présent nous allons devoir prendre l’épée. » Il a répondu : « Ô Abou Hourayra ! Souhaites-tu me tuer et tous les autres ? » J’ai répondu : « Certainement non ! » Sur ce il a déclaré : « Par Allah ! Si tu tues une seule personne, ce sera comme si tu avais tué tout le monde ! »

Abou Hourayra déclare : « Je suis retourné et je n’ai pas pris part au combat. » Il avait déclaré avant cela que c’était le moment propice de livrer bataille.

Abdoullah Bin Zoubayr relate : « Le jour du siège j’ai dit au Calife ‘Outhman (r.a.) : « Ô Emir des Croyants ! Combattez ces gens, car Allah vous a permis de le faire. » Il a répondu : « Par Allah ! Jamais je ne les combattrai ! » Le rapporteur déclare que les rebelles ont pénétré chez lui tandis qu’il était en état de jeûne. ‘Outhman (r.a.) avait placé ‘Abdoullah Bin al-Zoubayr comme vigile devant sa porte. Il avait déclaré : « Celui qui souhaite m’obéir doit obéissance à ‘Abdoullah Bin al-Zoubayr. »

Ce dernier déclare : « J’ai dit au Calife ‘Outhman (r.a.) : « Ô Emir des Croyants ! Certainement vous disposez d’un groupe de gens pour vous défendre chez vous, un groupe qui jouit du soutien de Dieu, même s’ils sont moins nombreux que les assiégeants. Donnez-moi la permission de combattre les rebelles. »

Le Calife ‘Outhman (r.a.) a répondu : « Je jure par Dieu ! » ou il aurait dit : « Je te conseille au nom de Dieu, que personne ne doit verser son sang ou celui d’un autre pour ma cause. »

Hazrat Mouslih Maw’oud (ra) a évoqué les troubles sévissant avant le martyre d’Outhman (r.a.) et l’incident conduisant à sa mort. Il déclare : « Puisque les rebelles se croyaient apparemment déjà victorieux, comme stratégie finale, ils ont envoyé un émissaire à ‘Outhman (r.a.) pour le pousser à abdiquer son poste de Calife. Les rebelles pensaient que s’il démissionnait de son propre chef les musulmans n’auraient pas d’autorité ou d’arguments pour les punir. Quand le messager arriva chez ‘Outhman (r.a.), ce dernier répondit : « Je me suis abstenu des vices même dans les jours de la jahiliyyah (antéislamique) et n’ai pas violé les injonctions de (Dieu) après avoir accepté l’islam. Pourquoi et pour quel crime devrais-je quitter le poste que Dieu m’a confié ? Je n’ôterai jamais le manteau que Dieu m’a fait porter ! »

Le messager est revenu après avoir entendu cette réponse et s’est adressé ses compagnons en ces termes : « Par Dieu ! Nous sommes dans une sérieuse épreuve. Par Dieu ! Nous ne pourrons échapper aux griffes des musulmans sans tuer ‘Outhman (r.a.) (parce que dans ce cas le gouvernement sera renversé et son administration s’effritera et il n’y aura personne pour nous questionner). Mais le tuer n’est en aucune manière permis ! »

C’est-à-dire que ceci est la solution, mais le tuer ne nous est permis en aucun cas. Non seulement les paroles de cette personne démontrent la peur des rebelles, mais elles indiquent également qu’Outhman (r.a.) n’avait laissé aucun élément aux rebelles afin qu’ils puissent l’utiliser contre lui comme prétexte. Dans leurs cœurs, les rebelles savaient que tuer ‘Outhman (r.a.) n’était permis en aucune circonstance.

‘Abdoullah bin Salam arriva lorsque les rebelles complotaient pour assassiner ‘Outhman (r.a.). Il était très vénéré au sein de sa tribu, même quand il était encore mécréant, et les Juifs le considéraient comme leur chef et un érudit hors pair. Il se tint à la porte et leur interdit d’assassiner ‘Outhman (r.a.) en ces termes : « O gens ! N’attirez pas l’épée de Dieu sur vos têtes. Par Dieu ! Si vous attirez l’épée de Dieu vous n’aurez jamais l’occasion de la remettre dans son étui, la discorde et les conflits entre les musulmans ne cesseront jamais. Prêtez attention ! Aujourd’hui le gouvernement (punit les criminels) par le fouet. (Généralement, le fouettement est la punition infligée pour une offense criminelle selon le Code pénal islamique). Mais si vous tuez cet homme, l’État ne sera pas en mesure de maintenir l’ordre sans l’épée. (C’est-à-dire les gens seront tués pour des crimes sans importance). Sachez que les anges sont les gardiens de Médine en ce moment ; si vous le tuez, les anges déserteront Médine. »

Toute la leçon que les rebelles ont tirée de ce conseil se résumait à chasser ‘Abdoullah bin Salamra, le Compagnon du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). En sus de cela, ils l’ont raillé en lui rappelant sa foi antérieure en disant : « Ô fils de juive ! Qu’as-tu à te mêler de ces questions ? » C’est une honte que les rebelles se sont souvenus qu’Abdoullah bin Salamra était le fils d’une jeune juive, mais ont oublié qu’il avait accepté l’islam aux mains du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Par ailleurs, celui-ci avait exprimé une grande joie quand il s’était converti ; et il avait accompagné le Saint Prophète dans chaque moment difficile et pénible.

En outre, les rebelles ont aussi oublié qu’Abdoullah bin Saba, leur chef et instigateur, celui qui disait qu’Alira était le Wasiyy du Saint Prophètesaw et qui l’a opposé à ‘Outhman (r.a.), était également le fils d’une juive. En fait, il était [toujours] un juif et était un musulman de nom uniquement. Déçu par les rebelles, ‘Abdoullah bin Salamra prit congé d’eux. Ils savaient qu’il leur serait difficile d’assassiner ‘Outhman (r.a.) en passant par la porte, car ceux qui y montaient la garde étaient déterminés à tuer [les intrus] ou à périr. Ainsi ils décidèrent d’assassiner ‘Outhman (r.a.) en escaladant le mur d’une maison voisine. Une poignée de rebelles escalada à cet effet le mur d’une maison voisine et s’introduisit dans la chambre d’Outhman (r.a.), qui était en train de lire le Saint Coran. Depuis le siège, la seule occupation d’Outhman (r.a.), de jour comme de nuit, était d’accomplir la Salat ou de lire le Saint Coran : il ne prêtait attention à aucune autre activité. Durant ces jours, son unique tâche était de désigner deux hommes pour surveiller la trésorerie avant que les rebelles n’entrassent dans la maison, car la veille [de son martyre], le Saint Prophètesaw lui était apparu en rêve et lui avait dit : « Ô ‘Outhman ! Romps ton jeûne avec nous ce soir. »

Après ce rêve, ‘Outhman (r.a.) fut convaincu qu’il serait martyrisé ce jour-là. Vu ses responsabilités, il ordonna à deux hommes de monter la garde devant la porte de la trésorerie, afin que personne ne tentât de la piller durant le chaos.

Quand les rebelles pénètrèrent à l’intérieur, ils trouvèrent ‘Outhman (r.a.) en train de lire le Saint Coran. Muhammad bin Abi Bakr était également parmi les assaillants ; et en raison du pouvoir qu’il exerçait sur les rebelles, il estimait qu’il devait être en première ligne pour toute œuvre. Il avança et saisit ‘Outhman (r.a.) par sa barbe, le bousculant violemment. En réponse à son action, ‘Outhman (r.a.) répondit tout simplement : « Ô fils de mon frère ! Tu ne te serais jamais comporté ainsi si ton père (Abou Bakrra) était présent. Que t’est-il arrivé ? Es-tu mécontent envers moi à cause de Dieu ? Es-tu en colère contre moi uniquement parce que je t’ai invité à respecter les droits de Dieu ? »

Sur ce, Muhammad bin Abi Bakr recula tout honteux. Cependant, les autres rebelles restèrent sur place. Ils décidèrent qu’ils ne retourneraient pas tant sans accomplir leur dessein, car ils avaient reçu des nouvelles précises que l’armée de Bassora entrerait à Médine cette nuit-là et que c’était leur dernière chance. L’un d’eux s’avança et frappa ‘Outhman (r.a.) à la tête avec une barre de fer. Puis d’un coup de pied il lança au loin le Coran placé devant ‘Outhman (r.a.). Le Saint Coran tomba près d’Outhman (r.a.) et des gouttes de sang tombèrent de sa tête sur le texte sacré. Nulle ne peut déshonorer le Saint Coran. En tout cas, leurs prétendues droiture et honnêteté furent complètement exposées par cet incident.

Le verset sur lequel le sang d’Outhman (r.a.) tomba était une magnifique prophétie : elle s’était accomplie de son vivant avec une telle grandeur que même celui qui possédait le plus dur des cœurs aurait fermé ses yeux par peur après avoir eu un aperçu de ses mots tachés de sang. Le verset se lit ainsi :

فَسَيَكْفِيكَهُمُ اللَّهُ وَهُوَ السَّمِيعُ الْعَلِيمُ

« Et Allah te suffira assurément contre eux, car Il est Celui Qui entend tout, l’Omniscient. » (2 : 138)

Après lui, un individu du nom de Sawdân avança et frappa ‘Outhman (r.a.) avec une épée. ‘Outhman (r.a.) arrêta de sa main le premier coup et l’assaillant la lui trancha. Sur ce, ‘Outhman (r.a.) déclara : « Par Dieu, c’est la main qui été la première à écrire le Coran. » Ensuite, Sawdân attaqua une seconde fois pour tuer ‘Outhman (r.a.) mais son épouse Na’ilah (r.a.) s’interposa. Cet infâme, toutefois, n’hésita pas à frapper une femme et lui sectionna des doigts. Elle s’écarta. Sawdân attaqua de nouveau ‘Outhman (r.a.) et le blessa grièvement. Pensant qu’il n’était pas encore mort et pourrait survivre, l’infâme le prit par la gorge et l’étrangla au moment où ‘Outhman (r.a.) agonisait et perdait conscience en raison de l’ampleur de ses blessures. Cet homme ne le relâcha pas jusqu’à ce que son âme eût quitté son corps s’envolant vers le monde céleste, acceptant ainsi avec joie l’invitation du Saint Prophètesaw :

إِنَّا لِلَّهِ وَإِنَّا إِلَيْهِ رَاجِعُونَ

Accablé par l’horreur de cette scène, l’épouse d’Outhman (r.a.) était incapable de parler. Mais finalement elle appela à l’aide et les gens assis devant la porte se précipitèrent à l’intérieur. Toutefois, toute aide était maintenant vaine et ce qui devait arriver, arriva. Quand l’esclave affranchi d’Outhman (r.a.) vit l’épée souillée de sang d’Outhman (r.a.) entre les mains de Sawdân, il ne put se retenir. Il avança et trancha la gorge de Sawdân avec son épée. En réaction, un des associés (de Sawdân) le tua. A présent, le trône de l’Empire islamique était sans Calife. Les habitants de Médine estimaient que tout effort supplémentaire était désormais inutile ; et ils sont tous retournés à leurs domiciles respectifs. Après avoir tué ‘Outhman (r.a.), les rebelles commencèrent à terroriser les membres de sa famille. L’épouse d’Outhman (r.a.) désirait s’en aller et quand elle quittait (la résidence), un infâme parmi les rebelles prononça des paroles extrêmement déplacées à son sujet. Pour tout homme respectable, peu importe sa religion, il est difficile de songer que les rebelles énonceraient pareilles grossièretés après avoir tué l’un des premiers Compagnons du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), son gendre, le roi de l’Empire musulman et le Calife de l’époque. Cependant, leur indécence était sans bornes : on pourrait s’attendre à toute infamie de leur part. Ces rebelles ne poursuivaient aucun objectif noble et ni leur groupe n’était formé de gens vertueux. Certains parmi eux étaient des admirateurs des enseignements trompeurs, anti-islamiques, étranges et atypiques du juif ‘Abdoullah bin Saba. D’autres étaient fascinés par un « socialisme » excessif, voire [un genre de] bolchévisme. Certains étaient des criminels ayant purgé leurs peines et souhaitant assouvir leur soif de vengeance. D’autres étaient des malfrats et des bandits, qui ont vu en ce conflit un moyen de parvenir à leurs fins. En bref, leur indécence n’est nullement surprenante. En vérité, il aurait été étonnant si ces gens ne s’étaient pas comportés de la sorte.

Pendant que les rebelles commettaient leur pillage, un autre esclave affranchi accourut quand il entendit les hurlements de la famille d’Outhman (r.a.) et tua celui qui avait tué le premier esclave. En réaction, les rebelles le tuèrent également. Les rebelles dépossédèrent les femmes de leurs bijoux et quittèrent la maison en rigolant et en se moquant. »

Hazrat Mouslih Maw’oud (ra) mentionne le comportement outrancier de ces assassins en ces termes : « Ils ont tué ‘Outhman (r.a.) et tandis qu’il agonisait, les assassins énonçaient des grossièretés à propos du corps de sa femme. Ils sont allés plus loin encore en faisant des commentaires sur ‘Aïcha. »

Hazrat Mouslih Maw’oud (ra) déclare : « Dieu m’a accordé un éminent statut et j’en suis fier. Mais j’aurais souhaité vivre à l’époque d’Outhman (r.a.) plutôt qu’aujourd’hui afin de réduire en mille morceaux ces rebelles. »

Quel est l’acte outrancier qu’ils ont commis à l’endroit d’Aïcha ? Ils lui ont enlevé son voile et quand ils l’ont vue, ils ont commenté qu’elle était jeune. Ils ne se sont même pas abstenus de commenter sur ‘Aïcha.

Hazrat Mouslih Maw’oud (ra) déclare : « Ces incidents de la vie du Calife ‘Outhman (r.a.) démontrent également qu’il n’a jamais eu peur de ces événements. Selon l’histoire, lorsque les rebelles s’étaient emparés de Médine, ils se dispersaient dans toutes les mosquées avant les prières et maintenaient les habitants de Médine séparés les uns des autres afin qu’ils ne puissent pas les combattre ensemble. Mais malgré ce chaos, le Calife ‘Outhman (r.a.) avait l’habitude de venir à la mosquée seul pour prier et ne ressentait pas la moindre peur ; et il a continué à venir jusqu’à ce que les gens le lui interdisent. Quand la révolte a pris de l’ampleur et que les rebelles ont attaqué la maison d’Outhman (r.a.), au lieu de demander aux compagnons de venir surveiller sa maison, ‘Outhman (r.a.) leur a demandé de ne pas risquer leur vie pour protéger la sienne et a exigé qu’ils rentrent chez eux. Est-ce là la réaction d’une personne qui craint de tomber en martyr ? [Celui qui craint la mort] dit-il aux gens de ne pas s’inquiéter pour sa personne et de rentrer chez eux ? Cela prouve que le Calife ‘Outhman (r.a.) ne craignait pas de tomber en martyr. Une autre grande preuve qu’Outhman (r.a.) n’avait pas peur de ces incidents est, comme indiqué au début du sermon, que pendant cette révolte, une fois, lorsque Mou’awiyah est venu accomplir le Haj, avant de rentrer en Syrie, il a rencontré le Calife ‘Outhman (r.a.) à Médine et lui a demandé de l’accompagner en Syrie, où il sera à l’abri de ces troubles. Le Calife ‘Outhman (r.a.) répondu : « Ô Mou’awiyah ! Je ne préfère rien à la compagnie du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ! »

Mou’awiyah de répliquer : « Si vous n’êtes pas d’accord, j’enverrai une armée de soldats syriens pour vous protéger! »

Le Calife ‘Outhman (r.a.) a déclaré qu’il ne voulait pas réduire la subsistance des musulmans en maintenant une armée pour sa protection. Mou’awiyah a alors déclaré : « Ô Emir des croyants ! Ils vous tueront par tromperie ou ils pourraient se battre contre vous. » ‘Outhman (r.a.) a répondu : « Je ne m’en soucie guère. Mon Dieu me suffit. » Mou’awiyah a ajouté : « Si vous n’acceptez rien d’autre, acceptez cette suggestion. Les rebelles ont les yeux sur certains grands compagnons et ils pensent qu’ils assumeront vos responsabilités après vous. Ils utilisent leur nom pour tromper les gens. Si vous les renvoyez tous loin de Médine et les éparpillez dans des pays étrangers, cela affaiblira les intentions des fauteurs de troubles. Ils penseront qu’ils n’ont rien à gagner en se confrontant à vous car il n’y aura personne d’autre à Médine pour prendre les choses en main. » Mais ‘Outhman n’a pas accepté cette dernière suggestion non plus et a déclaré : « Comment puis-je pousser à l’exil ceux que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait rassemblés ? »

En entendant cela, Mou’awiyah était en larmes et a déclaré : « Si vous ne faites rien d’autre, annoncez simplement que Mou’awiyah vengera ma mort. » Le Calife ‘Outhman (r.a.) a commenté : « Mou’awiyah ! Tu es de nature stricte. J’ai peur que tu ne sois dur envers les musulmans. Je ne peux pas faire cette annonce. »

On dit qu’Outhman (r.a.) avait le cœur faible ; mais dites-moi : combien de personnes peuvent-elles faire preuve de pareil courage ? Peut-on dire que face à ces incidents son cœur était terrassé par la peur ? Si le Calife ‘Outhman (r.a.) vivait dans la peur, il aurait dit : « Envoyez un détachement de votre armée pour me protéger et je les paierai. » S’il avait peur, il aurait annoncé : « Si quelqu’un ose me toucher, Mou’awiyah me vengera. » Or sa seule réponse à ces suggestions était : « Mou’awiyah tu es trop sévère. J’ai peur que si je te donne cette autorité, tu seras dur envers les musulmans. »

Ensuite quand l’ennemi a sauté par-dessus le mur pour pénétrer chez lui, ‘Outhman (r.a.) a continué à réciter le Saint Coran sans aucune crainte ni appréhension jusqu’à ce qu’un des fils d’Abou Bakr, qu’Allah lui fasse miséricorde, s’est avancé. Il a attrapé la barbe du Calife ‘Outhman (r.a.) et l’a secoué violemment.

Le Calife ‘Outhman (r.a.) l’a regardé et a dit : « Fils de mon frère ! Si ton père était présent en ce moment, tu n’aurais jamais fait ça. » Dès qu’il a entendu cela, son corps a tremblé de la tête aux pieds et il a reculé, embarrassé. Un autre infâme s’est avancé et a frappé ‘Outhman (r.a.) à la tête avec une barre de fer. Il a donné un coup de pied dans le Coran et l’a jeté. Quand il s’est écarté, un autre homme s’est avancé et a tué le Calife ‘Outhman (r.a.) avec son épée. En voyant ces incidents, qui osera dire qu’Outhman (r.a.) avait peur de ces incidents ?

Hazrat Mouslih Maw’oud (ra) déclare : « L’avènement du Messie Promis (as) s’est déroulé de la même manière que celui du prophète Noé (as), du prophète Abraham (as), du prophète David (as), du prophète Salomon (as) et des autres prophètes. Et après le Messie Promis (as), l’institution du Califat a été établie comme ce fut le cas après les prophètes du passé. Si nous réfléchissons attentivement à ce propos, nous comprendrons que le Califat est une institution extraordinaire. Je dirais même que si 10 mille générations successives d’une progéniture devaient être sacrifiées pour elle, cela ne reviendrait à rien en comparaison. Je ne peux pas parler pour les autres, mais quand j’étudie d’une part l’histoire de l’époque du Saint Prophète (sa) et les troubles et les afflictions endurés par ‘Outhman (r.a.) et d’autre part, la foi et la lumière spirituelle que le Saint Prophète (sa) avait insufflées en lui, j’affirme que si 10 mille générations de ma future progéniture dans ce monde devaient toutes être rassemblées et sacrifiées à la fois, afin d’éviter ces troubles, je considérerais que ce sacrifice s’apparente à [l’expression proverbiale de] l’achat d’un éléphant en échange de quelques poux. En d’autres termes, ce sacrifice sera encore moins que d’offrir quelque chose d’aussi insignifiant qu’un insecte en échange d’un éléphant. Nous comprenons la vraie valeur de quelque chose beaucoup plus tard. Ce n’est qu’après le martyre d’Outhman (r.a.) que les gens ont saisi la véritable importance du Califat. »

Hazrat Mouslih Maw’oud (ra) explique qu’après ‘Oumar, tous les compagnons se sont tournés vers ‘Outhman (r.a.) pour le poste de Calife et il a été choisi pour cette tâche sur les conseils des grands compagnons. Il était le gendre du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et les deux filles de celui-ci l’ont épousé l’une après l’autre. Quand la deuxième fille de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) est décédée, celui-ci a déclaré : « Si j’avais une autre fille, je l’aurai mariée à ‘Outhman (r.a.). » Cela démontre qu’Outhman (r.a.) avait un statut spécial aux yeux du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Il était un personnage très important aux yeux du peuple de La Mecque et à cette époque, il était un homme riche selon les conditions de l’Arabie. ‘Outhman (r.a.) était l’une des personnes spéciales sélectionnées par Abou Bakr après sa conversion à l’islam. L’opinion d’Abou Bakr à son sujet n’était pas erronée : en effet, après quelques jours de prédication, ‘Outhman (r.a.) a accepté l’islam et a ainsi rejoint le premier groupe de personnes ayant embrassé l’islam qu’évoque le Coran dans des termes très enviables.

L’on peut comprendre à quel point ‘Outhman (r.a.) était respecté en Arabie grâce à l’incident suivant. Lorsque le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) s’était rendu à La Mecque suite à un rêve et que le peuple de La Mecque, aveuglé par la haine et la méchanceté, lui avait interdit d’accomplir la ‘Oumrah, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait suggéré qu’une personne digne de confiance fût envoyée au Mecquois pour discuter de la question. Il avait choisi ‘Oumar pour la tâche. Celui-ci avait répondu qu’il était prêt pour cette mission, mais qu’Outhman était plus apte à entamer les pourparlers à La Mecque en raison du respect particulier dont il jouissait. Si une autre personne était envoyée on ne pourrait nourrir l’espoir du succès comme dans le cas d’Outhman (r.a.). Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) fut d’accord avec son opinion et envoya donc ‘Outhman (r.a.) pour cette mission.

A travers cet incident, l’on comprend qu’Outhman (r.a.) jouissait d’un respect particulier, même parmi les infidèles. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) le respectait beaucoup. Une fois, il était couché quand Abou Bakr (r.a.) est entré et le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ne s’est pas levé. Puis ‘Oumar (r.a.) est venu et le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ne s’est pas levé. Quand ‘Outhman (r.a.) est arrivé, il a immédiatement redressé ses vêtements et a dit : « ‘Outhman (r.a.) est de nature très modeste. Je tiens compte de ses sentiments. »

‘Outhman (r.a.) faisait partie de ces rares personnes qui n’avaient jamais bu de l’alcool avant d’adhérer à l’islam et qui n’avaient jamais commis l’adultère. La consommation d’alcool et l’adultère étant monnaie courante, il était rare de trouver un homme ne s’y adonnant pas avant l’avènement de l’islam. En somme, ‘Outhman (r.a.) n’était pas un homme ordinaire : il avait un niveau moral très élevé. Il était très distingué en termes de position mondaine. Il était un des premiers parmi les musulmans. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) était très satisfait de lui et ‘Oumar l’avait nommé parmi les six individus que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) appréciait le plus au moment de sa mort. Il figurait parmi les dix bienheureux à qui le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait donné la bonne nouvelle du paradis.

On dit qu’Outhman (r.a.) est tombé en martyr le vendredi 17 ou 18 du mois de Dhou’l-Hijjah en l’an 35 de l’Hégire. Selon Abou ‘Outhman Al-Nahdi, le martyre de ‘Outhman (r.a.) a eu lieu au milieu des jours du Tashriq, c’est-à-dire le douzième de Dhou’l-Hijjah, tandis que selon Ibn Ishaq, le martyre de ‘Outhman (r.a.) a eu lieu onze ans, onze mois et vingt-deux jours après le martyre d’Oumar, soit vingt-cinq ans après la mort du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Selon un autre récit, ‘Abdoullah ibn’Amr ibn ‘Outhman déclare qu’Outhman est tombé en martyr le vendredi 18 Dhou’l-Hijjah en l’an 36 AH, après les prières d’Asr, à l’âge de 82 ans. Il jeûnait au moment de son martyre. Selon Abou Ma’char, il avait 75 ans au moment de son martyre.

En ce qui concerne l’enterrement d’Outhman (r.a.), Niyar ibn Moukram a déclaré que samedi soir entre Maghrib et ‘Icha, le corps de d’Outhman (r.a.) a été porté par quatre individus, à savoir Niyar Ibn Moukram lui-même, Joubayr ibn Mout’im, Hakim ibn Hizâm et Abou Jouhm ibn Houdhayfah. Joubayr bin Mut’im a offert ses prières funéraires : ceci a été confirmé par Mou’awiyah. Ces quatre individus sont descendus dans sa tombe. Selon un récit, Joubayr bin Mout’im a dirigé les prières funéraires d’Outhman (r.a.) avec seize autres individus.

Selon ‘Allamah Ibn Sa’d, le premier récit est le plus correct, c’est-à-dire que quatre hommes avaient offert ses prières funéraires. ‘Abdoullah ibn ‘Amr ibn ‘Outhman raconte qu’Outhman (r.a.) a été enterré à Hash Kokab entre les prières de Maghrib et d’Isha samedi soir. Rabi ‘ibn Malik raconte de son père que les gens voulaient enterrer leurs morts à Hach Kawkab. Le Hach est un petit jardin et Kawkab était le nom d’un Ansari qui en était le propriétaire. C’était un endroit très proche du cimetière Jannat al-Baqi’. ‘Outhman bin ‘Affan avait l’habitude de dire que bientôt un homme juste mourra et qu’il y sera enterré, c’est-à-dire qu’il sera enterré à Hach Kawkab et que les gens le suivront. Malik ibn Abou ‘Amir déclare qu’Outhman (r.a.) a été la première personne à y être enterrée. Selon un récit concernant l’inhumation d’Outhman (r.a) les rebelles n’ont pas permis qu’il soit enterré pendant trois jours.

Selon les chroniques d’Al-Tabari, Abou Bashir Al-‘Abdi déclare que la dépouille d’Outhman était restée sans linceul pendant trois jours et son enterrement ne fut pas autorisé. Ensuite, Hakim bin Hizam et Joubayr bin Mout’im ont parlé à ‘Ali à propos de son inhumation, suggérant de demander la permission à la famille d’Outhman (r.a.) à cet égard. ‘Ali leur a parlé et ils lui en ont donné la permission. Quand les rebelles en ont eu vent, ils ont pris des pierres et se sont assis sur la route. Une partie de la famille est sortie avec la dépouille d’Outhman. Ils voulaient se rendre dans le lieu à Médine appelé Hach Kawkab, où les Juifs avaient l’habitude d’enterrer leurs morts. Quand la dépouille d’Outhman (r.a.) est sortie, ils ont envoyé des pierres sur son brancard pour la faire tomber. Quand cette nouvelle est parvenue à ‘Ali, il leur a envoyé un message leur demandant de mettre fin à leurs méfaits. Ils ont donc quitté les lieux. Ainsi, le convoi mortuaire d’Outhman a pu avancer et il a été enterré à Hach Kawkab.

Quand l’Emir Mou’awiyah a eu le pouvoir sur le peuple, il a ordonné que le mur de l’enceinte soit démoli pour que cette terre soit annexée à la Jannat al-Baqi’, qui était le cimetière [des musulmans] et il a ordonné aux gens d’y enterrer leurs morts autour de la tombe d’Outhman jusqu’à ce que l’enceinte rencontre les tombes des musulmans.

Certains livres d’histoire indiquent également que cet endroit a été acheté par ‘Outhman lui-même et inclus dans la Jannat al-Baqi’.

[J’évoquerai] probablement ces récits [sur ‘Outhman (r.a.)] pendant quelques temps encore. Il en reste un peu et j’en ferai mention [prochainement], Incha Allah.

Je vais diriger quelques prières funéraires ; et je souhaite mentionner les défunts. La première mention est celle de Maulvi Muhammad Idris Tihéro, missionnaire de la Côte d’Ivoire. Il est décédé dans la nuit du 27 au 28 février des suites d’une courte maladie. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Il était originaire de la Côte d’Ivoire. Il avait déménagé au Burkina Faso après l’école primaire et a maîtrisé la langue arabe tout en poursuivant son éducation laïque. Dans les années 1960, il s’est converti à l’Ahmadiyya. En 1983, il s’est rendu de plein gré au Pakistan, où après avoir étudié à la Jamia Ahmadiyya de Rabwah, il a pu servir en tant que missionnaire en Côte d’Ivoire. Après avoir servi au Ghana puis au Burkina Faso, il était posté en Côte d’Ivoire depuis septembre 2007. Le défunt était Moussi. L’incident de son arrivée au Pakistan qu’il a décrit est très intéressant. Il avait acheté un billet d’avion avec ses économies et s’est rendu au Pakistan sans informer quiconque. Il n’avait informé personne au sein de la Jama’at de la Côte d’Ivoire ni au Pakistan. Arrivé là-bas, il est sorti de l’aéroport, très inquiet. Un individu l’a approché et lui a demandé : « D’où venez-vous ? Où allez-vous ? » Or, il ne parlait ni l’anglais ni l’ourdou. Ils ont échangé en arabe. Quoi qu’il en soit, il l’a emmené au centre de la Jama’at Ahmadiyya. Son hôte lui a relaté que sa femme avait rêvé la veille qu’un invité étranger venait et lui demandait de l’accueillir. « C’est pourquoi je suis venu à l’aéroport ; et quand j’ai vu que vous étiez le seul à descendre de l’avion et à s’inquiéter à l’extérieur, j’ai pensé qu’il s’agissait de l’invité que ma femme avait vu dans son rêve. »

C’est de cette manière que Dieu avait tout arrangé pour lui. Il avait l’habitude de raconter cet incident et de dire qu’il priait tout au long du voyage et que c’était là un miracle de la prière. « Allah avait tout organisé pour moi la nuit précédant mon arrivée. Il avait également montré dans un rêve à la femme de cet ahmadi de Karachi que j’étais en cours de route. » Il est parti à l’Ahmadiyya Hall puis à Rabwah. Il s’agissait d’un homme très pieux et qui priait beaucoup.

[Abdul] Qayyum Pasha, missionnaire en charge de la Côte d’Ivoire, relate : « Nous avons travaillé ensemble pendant trois ans au Burkina Faso puis en Côte d’Ivoire. Il aimait beaucoup la Jama’at et le Messie Promis (a.s.). Il était un homme très fidèle et un grand adorateur de Dieu. Il était très généreux et aidait beaucoup les gens. Il hébergeait des enfants à la maison et prenait soin de leurs études et autres dépenses. Il a toujours été à l’avant-garde dans la prédication de la religion. L’hospitalité était une autre de ses grandes vertus. Son style de prédication était excellent et il avait aussi une grande connaissance. Les gens aimaient son style. Là où il s’asseyait pour prêcher, les gens se rassemblaient autour de lui. Il accomplissait la prière de Tahajjoud, il faisait des rêves vrais et était altruiste. Siddique Diallo, Mou’allim de la Côte d’Ivoire relate : « Maulvi Idris Tihéro était un amoureux fou de la Jama’at et du Califat. Il était toujours prêt à tout sacrifice pour le bien de la Jama’at. »

Il a ajouté : « En Côte d’Ivoire, je n’ai connu personne qui avait plus d’amour pour la communauté que lui. Lorsqu’on lui demandait quelle était sa nationalité, il répondait : « Je ne suis ni Africain ni Européen ni d’aucune autre nationalité : mon identité est ma communauté Ahmadiyya. » Il faisait partie des premiers ahmadis de la Côte d’Ivoire. Monsieur Basit, qui est missionnaire en Côte d’Ivoire, écrit : « Il enjoignait toujours de rester attaché au Califat, et il avait pour habitude de dire que toutes ses réussites étaient liées au Califat. Il était un puits de connaissances. Le dioula était sa langue maternelle, mais il avait également une bonne maîtrise des langues française, arabe et ourdou. Il était un érudit et savait débattre. Il faisait des débats avec les savants wahhabis. Un frère ahmadi prénommé Abdoullah a relaté un de ses débats qui avait eu lieu à San-Pedro. Il s’était rendu dans une mosquée des wahhabis. Pour le débat, on avait décidé que les arguments ne seraient tirés que du Saint Coran. Le débat avait débuté le matin à 8h et avait continué jusqu’au soir à 18h, la seule pause fut pour les prières. Au cours de ce débat, le missionnaire avait présenté de tels arguments à l’imam opposant que celui-ci ne savait pas quoi répondre, et avait reconnu sa défaite ; et l’Ahmadiyya sortit ainsi vainqueur de ce débat. » Ensuite il a ajouté : « Il était tel une bibliothèque. Il avait mémorisé les références pour la prédication, qu’elles soient en ourdou, en arabe, en français ou dans une autre langue. Il donnait aussitôt la référence. Il faisait des supplications un bouclier ; et il conseillait tout le monde de faire beaucoup de supplications. Il a une femme, quatre filles et un fils. Qu’Allah permette également à ses enfants d’avoir une relation encore plus solide avec le Nizam-i-Jama’at, et qu’en accord avec ses souhaits, il leur permette de faire partie du Nizam-i-Jama’at. Ils ne sont pas encore très attachés ; qu’Allah répande Sa grâce sur eux. Qu’Allah fasse également preuve de pardon et de miséricorde à son égard et qu’Il exalte son rang.

Le deuxième défunt dont je dirigerai la prière funéraire est Madame Amina Naiga Kaire, qui était l’épouse de Mohammad Ali Kaire, Emir et missionnaire en Chef de l’Ouganda. Elle est décédée le 20 février dernier. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Elle était une femme humble, éduquée, et courageuse. Son mari, monsieur Kaire, a écrit : « Ma femme est la raison principale du succès que j’ai rencontré en tant que missionnaire. Elle est ougandaise et était très sincère et fidèle. » Il ajoute : « Elle était âgée de dix-neuf ans lorsque nous nous sommes mariés. Elle ne savait pas lire le Coran mais comme elle en avait envie et était motivée, elle a réussi à apprendre à le lire ; et elle accordait une attention particulière à sa traduction. Elle a eu l’opportunité de servir la communauté à différents postes. En 2005, je l’ai nommée présidente des Lajnas ; elle appréciait grandement la prédication. Elle a été emprisonnée une ou deux fois à tort : elle n’était pas fautive. Elle a dû subir les affres de la prison. Elle était exemplaire en termes d’éducation morale et répondait très courageusement aux critiques faites par les opposants. » Sa fille écrit : « Qu’elle fût en bonne santé ou malade, elle était régulière dans ses prières. Elle faisait l’I’tikaf chaque année pendant le mois du Ramadan. Elle faisait preuve de tolérance à l’égard des critiques faites à son encontre, mais elle ne tolérait aucune critique à l’égard de la religion. Elle a également eu l’opportunité de servir à différents postes politiques. » La défunte était Moussia. Elle laisse derrière elle son mari et ses six enfants, dont deux fils qui sont missionnaires.

Le prochain défunt dont je dirigerai la prière funéraire est monsieur Nouhi Kazak, originaire de la Syrie, qui est décédé le 10 décembre à l’âge de 48 ans. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. L’Ahmadiyya a été introduite dans la famille du défunt en 1928, lorsque Hazrat Maulana Jalal-ud-Din Shams s’était rendu à Haïfa de Damas.

Le premier ahmadi à Haïfa était le respecté Rashid Baqis Bousti : grâce à sa prédication Ali Saleh Kazak, l’arrière-grand-père du défunt, a accepté l’Ahmadiyya avec son frère Muhammad Kazak, qui était le père de Taha Kazak, l’ancien président de la Communauté en Jordanie. Il a accepté l’Ahmadiyya avec sa famille. Ensuite, sa famille a émigré à Damas après la création de l’Etat d’Israël.

Le défunt était un ahmadi très sincère. Il priait, jeûnait et payait ses cotisations régulièrement. Il aimait le Califat, et était toujours en première ligne pour servir la Communauté. En dépit de sa pauvreté, il aidait financièrement les autres personnes. Il était une personne empathique et pieuse. Le défunt laisse dans le deuil ses deux épouses et trois filles en bas âge, dont deux font parties du programme Waqf-e-Naw.

Waseem Mohammad, président de la Jama’at (locale), écrit : « Parmi ses services les plus notables était le fait de transporter à l’hôpital des personnes malades et blessées. La situation était très critique en Syrie : il travaillait sans aucune hésitation. Il emmenait également les membres du Majlis ‘Amla lors de leurs différentes visites officielles. Il avait acheté une voiture et c’était son outil de travail. Dès qu’on avait besoin de lui, il se présentait aussitôt. Il servait avec grand enthousiasme et de tout cœur. Il faisait preuve d’une grande régularité dans ses cotisations, qui avaient beaucoup augmenté au cours de la dernière année. Il aidait également financièrement les ahmadis. Ensuite il écrit : « Le défunt a laissé une impression positive et durable sur tout le monde en raison de sa simplicité, sa retenue, son service à l’humanité et ses nobles intentions. » L’épouse du défunt, Khadija ‘Ali, écrit : « Par la grâce d’Allah, mon mari était un ahmadi très sincère. Il avait un grand amour pour la communauté ; il appréciait beaucoup le fait d’aider autrui. Il m’aidait dans les tâches ménagères. Il aimait beaucoup ses filles, et était soucieux en ce qui concerne leur éducation morale. Il discutait longuement de la communauté avec elles. Par la grâce d’Allah, il avait également passé la dernière partie de sa vie à aider la communauté, et il en était ravi. Son cousin, Akram Salman, écrit : « J’avais fait la Bai’ah par son intermédiaire. Avant qu’il eût fait la Bai’ah, nous étions témoins des hautes qualités morales du défunt. Sa situation financière n’était pas très bonne, mais en dépit de cela il aidait financièrement ses proches qui étaient dans le besoin. » Il ajoute : « Ce qui m’avait le plus impressionné chez lui, c’est qu’une fois il avait trouvé un très bon emploi qui lui avait permis de rembourser toutes ses dettes. » Son cousin continue : « Par la suite, au lieu d’économiser de l’argent, il avait remboursé une dette importante de ses tantes qui étaient pauvres. Il disait : « Je suis en bonne santé, et je ne suis pas endetté, alors je suis à l’aise financièrement ; je souhaite autant que possible dépenser sur ceux qui en ont besoin, et c’est ce qu’il faut faire. » Cela m’avait grandement surpris, car de toute ma vie je n’avais jamais vu une personne se contenter à ce point de ce qu’elle avait et avoir un tel esprit de sacrifice. » Il ajoute : « Après notre Bai’ah, il avait fait beaucoup d’efforts pour notre éducation mondaine et morale et afin de nous attacher au Califat. Il nous racontait de nombreuses anecdotes des bénédictions liées au Califat, ce qui faisait naître l’amour pour le Califat en nous. »

Son frère, Mou’taz Kazak, qui est enseignant à la Jamia Ahmadiyya du Canada, écrit : « Mon défunt frère était une personne très sincère qui aimait le Califat. Bien que nos aînés fussent ahmadis, nous n’avions aucune connaissance de l’Ahmadiyya. Afin de participer à la prière funéraire de son grand-père, Khidar Kazak, mon frère s’était rendu à Damas depuis Alep : là-bas il avait rencontré des membres de la communauté, suite à quoi il avait changé d’opinion sur la communauté. Depuis son retour j’avais remarqué qu’il pleurait beaucoup lors des prosternations. J’étais étonné de ce changement soudain. Lorsque je lui ai demandé la raison de ce changement, il m’a présenté la communauté. » Il ajoute : « Au début, nous n’étions ahmadis que par tradition, mais ensuite nous avons effectué des recherches spécifiques sur les enseignements de la communauté. Suite à un rêve, j’ai fait de nouveau la Bai’ah. Le changement pieux qui a eu lieu chez mon frère a joué un rôle crucial dans ma Bai’ah. » Le fait de renouveler sa Bai’ah signifie qu’il n’était ahmadi que par tradition, mais pas dans les faits et la pratique. C’est pour cette raison qu’il avait fait la Bai’ah de nouveau. Le défunt aimait transmettre aux autres le message de l’Ahmadiyya. Il priait abondamment pour le Calife. Il faisait partie du système d’Al-Wassiyat. Le défunt était au courant du fait que sa fin était proche, et il en avait fait part à sa mère et à ses épouses.

La prochaine personne dont je dirigerai la prière funéraire se nomme Farhat Naseem : elle résidait à Rabwah et était l’épouse de Mohammad Ibrahim Haneef, qu’on appelait Master SahebChaudhary Saheb. Elle est décédée le 26 décembre dernier à l’âge de 86 ans. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Le père de la défunte était Hazrat Mian Alim-ud-Din et son grand-père Hazrat Mian Qutb-ud-Din. Ils étaient originaires de Lodhi Nungal, dans la région de Gurdaspur. Ils figuraient parmi les compagnons du Messie Promis (as). La défunte possédait de très nombreuses qualités : elle était régulière dans ses prières et le jeûne, elle accomplissait régulièrement la prière de Tahajjoud, elle faisait preuve de patience et elle était très reconnaissante. Elle était très régulière dans ses prières. Elle était une personne très simple qui se souciait des pauvres et qui avait un profond amour pour le Califat. C’était une femme pieuse et sincère. Elle contribuait généreusement dans les fonds de la communauté. Elle a eu l’opportunité à plusieurs reprises d’offrir ses bijoux dans le cadre de différents appels aux dons. La défunte faisait partie du système d’Al-Wassiyat. Elle laisse dans le deuil trois fils et trois filles, ainsi que de très nombreux petits-fils et petites-filles. Deux de ses petits-fils et l’un de ses fils sont missionnaires.

Qu’Allah le Très-Haut fasse preuve de pardon et de miséricorde à l’égard de la défunte. Qu’Il accorde Sa clémence et Sa miséricorde à toutes ces personnes décédées et qu’Il exalte leur rang.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

Etiquettes