Le Califat en Islam

La genèse des conflits en islam

L’islam connut une période d’unité au cours de la vie du Saint Prophète Mohammadsa et de ses deux premiers Califes. Or, un conflit – dont les effets se font sentir jusqu’à nos jours – germa à l’époque d’Uthmanra, son troisième Calife.

Arabie Carte 2

L’islam connut une période d’unité au cours de la vie du Saint Prophète Mohammadsa et de ses deux premiers Califes. Or, un conflit – dont les effets se font sentir jusqu’à nos jours – germa à l’époque d’Uthmanra, son troisième Calife. Ci-dessous sont quelques éclaircissements sur les causes principales.

D’aucuns imputent la cause du conflit que connut l’islam à ses débuts à Uthman, le troisième Calife, tandis que d’autres l’attribuent à Ali, le quatrième des Califes biens-guidés, qu’Allah soit content d’eux. Certains allèguent qu’Uthmanra avait introduit des innovations dans l’islam, provoquant ainsi le désarroi chez les musulmans. D’autres soutiennent qu’Alira avait secrètement conspiré contre Uthman, suscitant de l’hostilité contre sa personne afin d’usurper son poste. Cette campagne aurait, prétendument, conduit à l’assassinat du troisième Calife.

Toutefois, ces deux allégations sont infondées : Uthmanra n’avait introduit aucune innovation en islam. Alira n’avait pris part à aucune conspiration dans le but de l’assassiner. Cette révolte avait d’autres causes. Uthmanra et Alira en sont innocents : tout deux étaient de saints personnages.

La convoitise : première cause du conflit

Les hommes sont naturellement enclins à amasser biens et honneurs, à l’exception de ceux dont Dieu a purifié les cœurs. Certains [nouveaux musulmans], ayant une foi chancelante, étaient envieux du statut, du succès et de l’autorité des Compagnons du Saint Prophète Mohammadsa. Ces nouveaux venus souhaitaient que ces derniers abandonnent leurs postes au sein de l’État, leur cédant ainsi la place afin qu’ils puissent faire montre de leur savoir-faire. Ils ne digéraient pas le fait que les Compagnons détiennent les rênes du pouvoir et qu’ils reçoivent une part spéciale des biens [de l’État] : en somme, leurs cœurs brûlaient de jalousie. Ils souhaitaient qu’une révolution éclate pour faire tomber le pouvoir entre leurs mains : ce faisant ils démontreraient leurs compétences et leurs aptitudes, et amasseraient richesses matérielles et honneurs.

Différence entre autorités temporelles et spirituelles

Au sein des États mondains, pareilles idées peuvent être tolérées dans une certaine mesure et peuvent même, parfois, être considérées comme étant rationnelles. La raison en est que premièrement, la fondation des États temporels repose entièrement sur des moyens matériels ; deuxièmement, un vecteur important de son progrès est l’introduction de nouvelles idées et d’un souffle nouveau dans sa structure. Ceci est uniquement possible si les anciens abandonnent leurs postes pour faire place aux nouveaux.

Puisqu’un État temporel tire son autorité du peuple, il est contraint de respecter son opinion. Il est aussi essentiel que les porte-parole du peuple participent, dans une certaine mesure, à la conduite des affaires de l’État. Cependant la situation est tout à fait autre dans un mouvement religieux : le principe clé est de se conformer à la Loi [divine]. Par ailleurs, l’ingérence d’idées personnelles d’un tiers est strictement proscrite sauf là où la sharia (loi islamique) a gardé le silence. D’ailleurs, les communautés religieuses tirent leur autorité de Dieu et il revient à ceux qui les dirigent d’empêcher autrui de s’éloigner des principes religieux. Au lieu de suivre le diktat du peuple, il leur incombe de recadrer leurs idées dans le moule imposé par Dieu, selon les exigences de cette époque.

Le Califat : une autorité spirituelle

N’ayant pas saisi les principes de l’islam, des objections naquirent dans les cœurs des nouveaux musulmans. Ils ignoraient que le Califat islamique n’était pas un pouvoir temporel, pas plus que les Compagnons étaient des chefs ordinaires d’un État mondain. Le Califat était une administration religieuse établie en conformité aux injonctions mentionnées dans le chapitre 24 du Saint Coran. Les Compagnons étaient les piliers de la religion : suivre leurs pas était une obligation imposée par Dieu pour qu’il y ait du progrès spirituel. Ces Compagnons avaient renoncé à leurs activités temporelles : ils avaient embrassé le dénuement et l’indigence, mis leur vie en péril, abandonné leurs proches et leur patrie, sacrifié leurs sentiments et leurs émotions afin de jouir de la compagnie et de l’amour du Saint Prophètesa.

Ainsi, ils n’étaient point des rois, encore moins les membres d’un gouvernement mondain ; mieux, ils étaient les précepteurs de l’ultime religion [émanant de Dieu] et de la dernière Loi [apportée] par le Sceau des Prophètes. Il leur incombait de représenter l’islam par leurs actions, paroles et conduites, de graver ses enseignements dans les cœurs des autres et d’en faire des pratiquants exemplaires. Ils ne cautionnaient pas la tyrannie, mais étaient des défenseurs de la loi étincelante. Ces nobles Compagnons répugnaient le matérialisme. Si cela ne tenait qu’à eux, ils auraient abandonné ce monde pour vivre reclus, cherchant la sérénité de leurs cœurs dans le souvenir de Dieu.

Toutefois, ils étaient contraints d’accepter la responsabilité que Dieu et Son Me­­s­sagersa leur avaient confiée. Leurs œuvres ne reflétaient pas leur désir : elles se conformaient au commandement de Dieu et aux directives de Son Messagersa. Être jaloux et penser du mal de leurs personnes furent une erreur gravissime.

La part des Compagnons

Demeure ensuite l’objection que les Compagnons recevaient une part spéciale des biens [de l’État]. C’est là une critique malveillante, car ils percevaient ce qui leur revenait de droit. Ils n’avaient pas usurpé les biens d’autrui afin d’accroître leurs fortunes personnelles.

La jalousie et la mauvaise foi que nourrissaient certains à leur encontre étaient sans fondement. Or, cette graine avait été semée, à tort ou à raison. Certains, qui n’étaient pas pétris des valeurs de la foi, les considéraient comme des usurpateurs.

La liberté octroyée par l’islam

Une autre raison derrière ce conflit tire sa source de la liberté de conscience et d’action ainsi que l’égalité que favorise l’islam. Loin de profiter favorablement à certains, ces valeurs furent pour eux source d’épreuves et ils furent incapables de respecter les limites fixées.

Cette maladie prit naissance à l’époque du Saint Prophète Mohammadsa quand un malheureux et misérable prétendu musulman l’accosta et proféra ces mots : « Craignez Allah, Ô Messager d’Allah ! Vous étiez injuste dans la distribution des biens ! » Sur ce, le Saint Prophètesa commenta : « Une nation sera suscitée de la progéniture de celui-là. Elle récitera souvent le Coran, mais il ne descendra pas en deçà de leurs gorges. Ils s’écarteront de la foi à l’instar d’une flèche ayant raté sa cible ! »

Le feu latent de telles pensées s’embrasa une seconde fois à l’époque d’Umarra, le deuxième Calife, une personne altruiste et le gardien des finances de l’Oumma du Prophète. Une fois, un individu se mit debout au milieu d’une assemblée et l’apostropha en ces termes : « D’où avez-vous eu ce manteau ? »

Néanmoins, à ces deux occasions, ce mal ne prit pas une tournure effrayante : jusqu’alors, le terreau propice pour son expansion et son essor était inexistant. L’atmosphère ambiante ne s’y prêtait pas. Cependant, à l’époque d’Uthmanra, ces deux facteurs furent réunis et cette plante du désordre s’était raffermi sur de solides assises.

À l’époque d’Alira, elle s’épanouit à telle enseigne que l’ombre de ses branches couvrait presque tous les recoins du monde musulman. Cependant, Alira avait diagnostiqué ses ravages au bon moment et d’un coup fatal, l’avait coupée à la racine. Quoiqu’il n’avait pas pu complètement exterminer ce mal, il avait endigué son influence dans une grande mesure.


Bibliographie & Notes

Source : Islam mein Ikhtilafat Ka Aghaz, par Hazrat Mirza Bashir-Ud-Din Mahmud Ahmad, Anwar-Ul-Ulum, volume 4, p. 253 à 257

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