Sermons 2016

La réforme du musulman

Baitul Futuh Eid ul Fitr
La mosquée Baitul-Futuh - la plus grande mosquée de l'Europe de l'Ouest

Dans son sermon du 12 février 2016, Sa Sainteté le Calife a évoqué des conseils du Réformateur Promis sur la réforme morale et spirituelle du croyant.

Sermon du vendredi, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, le 12 février 2016 à la mosquée Baitul-Futuh de Londres. Après le Ta’awudh, le Tashahoud et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

Hazrat Mousleh Maw’oud (r.a.) a cité, dans ses sermons et discours, des leçons ou des histoires évoqués par le Messie Promis (a.s.). J’en ai mentionnés [quelques-uns] dans le passé et j’en ferai de même aujourd’hui.

Dans un sermon, Hazrat Mousleh Maw’oud (r.a.) affirme qu’Allah accorde Son soutien à Son envoyé. D’ailleurs, Il n’hésite pas à punir une bonne partie de l’humanité en raison de ses péchés afin de prouver la véridicité de Son Prophète. Le Messie Promis (a.s.) a cité une histoire à cet égard.

Hazrat Mousleh Maw’oud (r.a.) raconte : « Durant notre enfance nous aimions écouter des histoires et nous demandions au Messie Promis (a.s.) de nous en raconter. Celles-ci comportaient une morale. Le Messie Promis (a.s.) avait relaté la raison de la tempête qui avait frappé le peuple de Noé. Les gens de l’époque étaient des plus immondes et commentaient des péchés. Autant leurs péchés prenaient de l’ampleur, autant ils perdaient leur valeur aux yeux d’Allah. »

Ce n’est qu’une fable, [mais on raconte] qu’il y avait un nid dans un arbre qui se trouvait sur une montagne. Il y résidait un oisillon dont la mère avait disparu : elle était peut-être morte. En tout cas, l’oisillon avait très soif, il s’agitait et avait ouvert son bec. Dieu, en voyant cette scène, a dit aux anges : « Couvrez la terre d’eau, afin que celle-ci atteigne le nid de l’oisillon pour qu’il puisse s’étancher. Les anges ont répondu : « Il faudra engloutir toute la terre pour que l’eau atteigne ce sommet ! » Allah a répondu : « Cela m’importe peu. Les gens du monde n’ont pas plus de valeur à mes yeux que cet oisillon. »

Certes ce n’est qu’une fable : or, la morale est que quand le monde se vide de véridicité et de droiture, l’humanité tout entière n’a pas plus de valeur qu’un oisillon aux yeux d’Allah. La morale de cette histoire est que nous devons être véridiques. Nous devons aussi, d’autre part, accomplir notre examen de conscience et comprendre que nous avons accepté le Messie Promis (a.s.) afin de préférer la spiritualité à ce monde, afin de nous débarrasser de nos péchés internes et accomplir de bonnes œuvres. Cependant, avec le passage du temps, si au lieu de progresser nous sommes en train de régresser, nous nous écarterons de notre objectif. Allah, en ce cas, ne se souciera guère de nos personnes.

La situation du monde est plus qu’évidente. Dans nombre de pays, ni les populations ni les gouvernants ne s’acquittent de leurs devoirs : des troubles et l’anarchie foisonnent en ces lieux. Là où, de toute apparence, il n’y a pas de trouble et où la situation n’est pas aussi désastreuse, on s’oppose non seulement au plaisir de Dieu, on s’éloigne de Lui, on Le diffame et on s’empêtre à tel point dans des infamies que l’on passe des lois en faveur des pratiques contre nature. On affirme que ceux qui ne soutiennent pas ces abjections sont en train d’enfreindre la loi.

Les séismes, tempêtes, troubles et inondations destructeurs [qui frappent le monde] résultent du fait que les péchés ont atteint leur comble. Ce ne sont, d’ailleurs, que des avertissements de la part de Dieu. Ainsi, de lourdes responsabilités reposent sur les épaules des ahmadis. Ils doivent avertir le monde et l’informer que s’il ne se réforme pas, Allah enverra des calamités encore plus terribles. Qu’Allah accorde le discernement nécessaire à l’humanité.

De tout temps, les hommes se sont battus pour leurs droits, même si cela cause des préjudices graves à autrui. Quels doivent être les sentiments d’un véritable ahmadi à cet égard ? Il est un incident qui nous offre la meilleure direction à suivre.

Le Messie Promis (a.s.) racontait : « Un compagnon voulait vendre son cheval à un autre compagnon. Il lui a dit, à titre d’exemple, que le cheval coûtait deux cents roupies. L’acheteur lui a répondu : « Je ne peux l’acheter à ce prix. Il vaut le double. On dirait que vous ignorez la valeur des chevaux ! »

Or, le propriétaire a refusé son offre. « Étant donné que ce cheval n’est pas aussi cher, pourquoi dois-je accepter ce prix ? », a-t-il répliqué.

Ils n’ont cessé de discuter tant et si bien qu’ils ont pris un arbitre pour juger leur différend.

Voilà l’esprit de l’Islam dont ont fait montre ces deux compagnons. L’Islam nous enjoint d’accorder à autrui ses doits, de les préserver au lieu de se battre pour avoir les siens.

Quand on sera animé de cet esprit, il n’y aura plus ces grèves que nous voyons aujourd’hui, dit Hazrat Mousleh Maw’oud (r.a.). Or, la vertu la plus moindre est d’accorder ses droits légitimes à celui qui les réclame.

Violer les droits d’autrui pour la simple raison qu’on les avait usurpés, qu’on en tirait profit et qu’on les considérait comme siens depuis fort longtemps est contraire à l’esprit de l’Islam. Pareille conduite est très condamnable et contraire aux préceptes islamiques.

On a accordé, sans grande réflexion, le droit de grève dans le monde développé : il n’y a pas de limite à ce droit.

À titre d’exemple, les internes des hôpitaux sont en grève au Royaume-Uni. Les malades sont très inquiets à cet égard. Afin de défendre leurs droits, ces médecins ne se contentent pas de priver les malades de leurs soins, en certains cas ils sont en train de jouer avec la vie de ces derniers.

Durant ma récente tournée au Japon, un prêtre chrétien de noble cœur m’a demandé de lui définir la paix ainsi que les moyens pour l’établir. Il a aussi ajouté qu’il n’avait pas reçu, jusqu’à présent, de réponse convaincante à ce sujet.

L’Islam, je lui ai expliqué, nous enjoint d’aimer pour notre frère ce que nous aimons pour nous-même. Pareille attitude permettra de préserver le droit d’autrui, elle favorisera la paix mutuelle et fera de l’intéressé une source de paix.

Le prêtre m’a répondu que cette définition lui avait beaucoup plu et que c’était la première fois qu’il l’entendait. »

Ainsi, l’Islam montre la voie véritable à suivre en toute chose. Or, sans servir d’exemple pratique nous ne pourrons convaincre les autres. Loin de là d’usurper les droits d’autrui : si nous sommes prêts à abandonner nos droits légitimes nous pourrions établir la paix. Dans ce cas, cela importera peu si nous cédons nos droits légitimes. Si deux entités au sein de la société tentent de s’acquitter de leurs devoirs envers autrui, et que la deuxième est croyante elle ne lèsera pas le droit des autres.

Or, dans certains cas présentés à la Qada, nous constatons, qu’au sein de la djama’at, des frères lèsent les droits de leurs frères ou d’autres proches. Si nous sommes vigilants à cet égard nous pourrions résoudre nombre de cas présentés à la Qada.

Que nous préconise l’Islam pour mettre fin aux conflits ? Quel est l’exemple que nous présentent les compagnons du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ?

Il eut un différend entre l’Imam Hassan et l’Imam Hussain, comme c’est le cas parfois entre frères. L’Imam Hassan était très calme et doux de tempérament. L’Imam Hassain, quant à lui, était très impétueux. Lors de l’altercation l’Imam Hussain fut un tantinet rude envers son frère qui fit preuve de patience. Certains compagnons furent témoins de toute la scène. Les deux frères se réconcilièrent et le lendemain un compagnon vit l’Imam Hassan partir à pas rapide quelque part. Il lui demanda la raison de sa hâte et Hassan lui répondit : « Je pars demander pardon à Hussain. »

L’autre lui demanda : « Comment cela ? J’étais présent hier et je sais que Hussain a été dur envers vous. C’est à lui de vous demander pardon et pas le contraire. »

L’Imam Hassan ajouta : « Je lui demande pardon parce qu’il a été dur envers moi. Selon un compagnon, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a un jour déclaré : « Lorsqu’il y a un différend entre deux personnes, le premier qui se réconcilie entrera au Paradis 500 ans avant le deuxième. » Hier j’ai entendu des propos désobligeants de la part de Hussain et il a été dur envers moi. Si Hussain vient me demander pardon en premier et s’il me tend la main de la réconciliation, je serai perdant dans les deux mondes. Ici bas il aura été rude envers moi et dans l’Au-delà j’entrerai tardivement au paradis. » Voilà les pensées qui doivent nous animer.

Hazrat Mousleh Maw’oud (r.a.) ajoute : « Le Messie Promis (a.s.) nous racontait une blague tirée peut-être de l’ouvrage Muqamaat-Hariri ou d’un autre livre. Quelqu’un était parti prendre un bain dans un hammam dont le propriétaire avait mis au service des clients des esclaves pour les masser et les laver.

Le propriétaire n’était pas là ce jour-là et tous les esclaves se ruèrent sur l’invité. Étant donné que la tête est la partie la plus facile à masser tous les esclaves voulurent la prendre. Le premier dit : « C’est ma tête » et le deuxième répétait la même chose. Une altercation éclata et un des esclaves fut blessé à coup de couteau. Les bruits de l’altercation attirèrent la police et l’affaire fut présentée au tribunal. Devant le juge, un des esclaves disait « c’est ma tête » et l’autre répétait la même chose. Quand le juge interrogea le client en question, il répondit : « Votre Honneur ! Ceux-là sont des imbéciles. Je ne m’étonne pas de leurs propos. Mais je m’étonne cependant du fait que vous m’ayez interrogé sur cette affaire tandis que la tête n’appartient ni à l’un ni à l’autre. Elle est à moi. »

Le Messie Promis (a.s.) citait cet exemple pour la simple raison que les disputes en ce monde sont inutiles. Il n’est point question de ce qui m’appartient ou de ce qui t’appartient. Quand l’esclave se dit « Abdullah » [l’esclave d’Allah], il signale qu’il ne possède rien. Un véritable musulman affirme qu’il est le serviteur d’Allah : il n’est plus question pour lui de ce qui lui appartient ou de ce qui appartient à autrui. Il est l’esclave d’Allah : il ne possède rien et tout appartient à Dieu. Suite à cette affirmation, il devient un véritable croyant. »

Hazrat Mousleh Maw’oud (r.a.) déclare : « Lisez le Saint Coran : le titre d’Abdullah a été conféré au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Il y est dit:

لَمَّا قَامَ عَبْدُ اللَّهِ

Quand nous nous disons les esclaves d’Allah, nous ne possédons rien, tout appartient à Dieu. C’est pour cette raison que le Coran affirme « nous avons pris des croyants leurs biens et leur vie. » Les amis, les proches et les parents tombent dans la catégorie de « vie ». Ses autres possessions tombent dans celle des « biens ». L’homme n’est le propriétaire que de ces deux choses. Étant donné qu’Allah déclare qu’Il a pris des croyants leur vie et leurs biens, cela signifie qu’il ne faut y avoir de querelle parmi vous. Contentez-vous tout simplement de faire des efforts pour atteindre votre objectif. Ne demandez pas pourquoi untel a été choisi comme président. » (Le deuxième Calife évoquait dans ce contexte la question de l’élection des titulaires de poste.)

D’aucuns provoquent des controverses et remettent en cause le choix d’untel comme Imam. « Nous ne prierons pas derrière lui », affirment-ils. « Pourquoi celui-là a été choisi comme président et pas un autre ? Pourquoi celui-là a été élu secrétaire et pas un autre ? Tant qu’untel n’a pas été choisi comme Imam, nous n’allons pas prier derrière celui-là. »

Ce ne sont pas là des faits imaginaires. On peut se dire que certaines personnes entretenaient peut-être ces idées à l’époque de Hazrat Mousleh Maw’oud (r.a.) et que ce n’est plus le cas à présent. Or, je reçois aujourd’hui encore, pareilles doléances. À l’époque du deuxième Calife, les compagnons réformaient ceux qui avaient ces idées tordues. Or, nous nous éloignons [irrémédiablement] de l’époque du prophète. D’où la raison d’être vigilant à cet égard.

Plus qu’auparavant, il nous incombe de comprendre comment être l’esclave de Dieu. Mettons de côté notre entêtement, notre égo et cherchons le plaisir de Dieu.

D’aucuns soulèvent parfois pareilles questions lors des élections. Quand [le Calife] prend une décision contraire au vote de la majorité en certaines situations, d’aucuns [lui] écrivent à ce sujet. Cette année-ci, il y aura des élections au sein de la djama’at : il est important de rectifier ses opinions à cet égard. Après avoir prié, il faudra mettre de côté toute relation et lien de parenté, user à bon escient son droit de vote, présenter son choix et accepter le verdict qui sera pris. Il faudra prendre sa décision en ayant mis de côté tous ses [motifs] personnels.

On pose aussi pareilles questions au sein des organisations auxiliaires. Suite à l’élection [d’une présidente] de la [Lajna] dans un pays, on m’a demandé pourquoi elle a été choisie en dépit de ses défauts. Il faudra éviter pareilles futilités et coopérer entièrement avec celui [ou celle] qui a été nommé durant son mandat.

Hazrat Mousleh Maw’oud (r.a.) déclare : « Après avoir pris une ferme résolution, le croyant doit entreprendre des efforts et compléter ses œuvres au lieu de dépendre des autres. Que l’on soit un [cadre] supérieur ou autre responsable on ne doit pas tout attendre de ses subalternes. On doit en personne, gérer le travail et y être impliqué. C’est la meilleure façon de compléter son œuvre.

Le Messie Promis (a.s.) racontait l’histoire suivante. Il y avait une personne riche qui nourrissait grand nombre de démunis quotidiennement grâce à sa cuisine communale. Or, la mauvaise gestion de la cuisine était le souci majeur de l’entreprise. Le fortuné n’était pas intéressé à en assurer le contrôle et ses employés étaient malhonnêtes. Certains apportaient des denrées coûteuses et en quantité insuffisante. D’autres employés en apportaient une partie chez eux. Ceux qui préparaient le repas mangeaient une partie, en offraient une partie à leurs proches et gaspillaient le reste. L’entrepôt restait ouvert pendant toute la nuit et les chiens et les chacals mangeaient et détruisaient le stock. Au final, après 20 ans de mauvaise gestion on informa le propriétaire qu’il était très endetté. Étant très généreux, il n’a pas voulu fermer la cuisine. Or, il voulait aussi payer ses dettes et il a présenté ses soucis à ses amis sans évoquer ses manquements. D’ailleurs personne ne le fait. Il s’est plaint de ses dettes. On lui a conseillé de placer une porte dans son entrepôt pour empêcher les chiens et les chacals de détruire son stock et pour faire des économies.

Dans ces histoires les chiens et les chacals ont la capacité de parler.

Quand ils ont vu la porte de l’entrepôt ils s’en sont plaints. Un vieux chacal rusé leur a demandé : « Pourquoi faire tant de bruit [pour rien] ? Pendant 20 ans il ne s’est pas soucié qu’on dévalise sa maison devant ses yeux. Croyez-vous qu’il verrouillera la porte de son entrepôt ? Il ne va pas en assurer pas la sécurité. Ce n’est pas la peine de se faire du souci. »

La morale de l’histoire est qu’il existe une grande différence entre un désir hypothétique et le souhait réel. Les chiens et les chacals se sont dit que s’il souhaite verrouiller la porte ils ne trouveront pas d’endroit pour manger ? Leur leader expérimenté et rusé a répondu que le propriétaire n’avait pas l’intention de le faire. Étant donné qu’il ne s’en soucie guère, pourquoi faire tant de bruit ?

Hazrat Mousleh Maw’oud (r.a.) ajoute : « Si notre djama’at n’a aucune aspiration, en ce cas elle ne pourra rien accomplir. Mais si elle le souhaite, elle peut accomplir de grandes œuvres en quelques jours.

L’histoire de la lampe d’Aladin est une des histoires les plus connues de notre enfance. Aladin était pauvre et il découvrit une lampe qui faisait apparaître un génie quand on la frottait. Le génie exauçait sur-le-champ ses souhaits. Si à titre d’exemple, s’il demandait un palais, le génie lui en bâtissait un sur-le-champ.

Durant notre enfance nous croyions que l’histoire de la lampe d’Aladin était vraie. Nous n’avions, à l’époque, aucun discernement. Quand j’ai grandi j’ai su que c’était une fable. Mais quand j’ai vieilli j’ai compris que cette fable était vraie.

On pourra s’étonner de cette déclaration de Hazrat Mousleh Maw’oud (r.a.) : croyait-il que la lampe d’Aladin existait ?

« Mais, dit-il, ce n’était pas une lampe d’huile, c’était celle de la détermination et de l’intention. Celui à qui Allah accorde cette lampe y a recours étant donné que la détermination et l’intention font partie des attributs divins. À titre d’exemple, quand Allah affirme Kun [c’est-à-dire « soit »], l’œuvre [qu’Il souhaite] s’accomplit. De même, quand on suit [Dieu] et que l’on met en pratique ses préceptes en respectant les principes qu’Il a énoncés – ce sont-là autant de conditions à respecter – quand on L’implore, qu’on quémande Son soutien et que l’on énonce [la formule] Kun (soit), l’œuvre s’accomplit.

Tout enfant, je croyais dans l’histoire de la lampe d’Aladin et je l’ai rejetée quand j’ai grandi. Or, ayant atteint l’âge de la vieillesse et après avoir accumulé une grande expérience, j’ai compris qu’elle est vraie. Or, c’était une allégorie : la lampe n’était pas faite de bronze. Elle était celle de la détermination et de l’intention. Quand on la frotte, quelque soit l’ampleur de la tâche, elle s’accomplit en un clin d’œil.

Ainsi ne nous limitons pas à un souhait hypothétique : il faut qu’il y ait un [réel] désir qui s’accompagne de l’usage de toutes ses aptitudes et de la quête du soutien divin. Certains n’arrivent à rien accomplir en dépit de leurs aspirations. C’est un souhait tiède qui n’est pas accompagné de toutes les conditions évoquées : il n’y a ni détermination, ni résolution, ni efforts. Ils se contentent de se dire en leur for intérieur : « Nous voudrions… »

C’est ce que je vois dans le cas de la Salat. Nombre de personnes me demandent de prier pour eux : « Nous voulons être réguliers dans nos Salat mais nous n’y arrivons pas », disent-ils. Or, ils accomplissent les œuvres qu’ils désirent. Ils n’ont pas l’habitude d’accomplir la Salat étant donné que leur souhait à ce sujet est tiède, qu’ils n’utilisent pas toutes les aptitudes accordées par Dieu, et qu’ils ne quémandent pas le soutien de Celui-ci. Leurs « vœux » ne sont pas réels. Il est impossible que l’on aspire à quelque chose et qu’on ne le réalise pas. La salat est en fait secondaire à leurs yeux. Les œuvres de ce monde sont leur priorité : ceci est la mauvaise méthode à suivre. C’est pour cette raison que leurs souhaits ne se traduisent pas en actions. Il est impossible que l’on ait pris la ferme résolution d’accomplir une œuvre et qu’on ne le fasse pas. C’est de la négligence et un manque d’intérêt que l’on qualifie, à tort, d’aspiration.

Hazrat Mousleh Maw’oud (r.a.) relate : « Une histoire de notre enfance nous faisait rire, tandis qu’elle avait pour but de faire pleurer. Elle dépeint l’état des musulmans d’aujourd’hui. L’auteur de cette histoire décrit, en parabole, la situation des musulmans afin que les mollahs ne s’en prennent pas à lui. Si un ahmadi est coupable du même comportement il devra s’examiner.

Une domestique se réveillait régulièrement pour le Sehri, [le repas de l’aube au cours du mois de jeûne]. Or, elle ne jeûnait pas. La maîtresse de maison croyait qu’elle se réveillait pour l’aider [à préparer le repas]. Après quelques jours elle lui a dit : « Ma fille ! Ne te réveille pas à l’heure du Sehri, je ferai moi-même ce qui est nécessaire. Inutile de te donner de la peine puisque tu ne jeûnes pas. »

Tout étonnée la domestique lui a répondu : « Madame ! Certes je ne prie pas et je ne jeûne pas, mais si, de surcroît, je ne vais pas prendre le repas [de l’aube], autant être mécréante ! »

C’est là une description allégorique de l’état des musulmans et de ceux qui n’ont aucun intérêt à accomplir la prière.

Le deuxième Calife (r.a.) évoque, dans ce contexte, la question de la Jummah Ul Wida, [le dernier vendredi du Ramadan]. Or, cela peut s’appliquer à tout vendredi et à toute prière. On peut dire à un musulman : « Pourquoi s’incommoder à assister au dernier Jummah [du Ramadan] quand tu n’es pas venu [à la mosquée] les autres vendredis ? »

Tout étonné, il vous répliquera au visage : « Que dites-vous là mon frère ? Je ne viens pas à la mosquée quotidiennement pour la prière et je ne jeûne pas. Si de surcroît je ne dois pas assister à la dernière prière du vendredi du Ramadan autant devenir mécréant ! »

Ce sera une farce que d’être présent à la Salat une seule fois en croyant que l’on a accompli ses prières obligatoires. Ceux qui sont irréguliers dans leurs Salats tombent dans cette catégorie. Les cinq prières sont obligatoires à tout adulte musulman en pleine possession de ses sens. Il est obligatoire aux hommes d’accomplir leur Salat à la mosquée ou en congrégation. Ils doivent prendre les dispositions nécessaires à cet effet. Si quelqu’un affirme qu’il n’est pas adulte ou qu’il est dénué de ses sens, en ce cas il sera exempté [de la Salat]. Si on ne tombe pas dans ces deux catégories, il faudra, en ce cas, accomplir la Salat en congrégation.

Selon Hazrat Mousleh Maw’oud (r.a.), le Messie Promis (a.s.) disait : « Quand un roi ou un leader se déplace il est accompagné de son aide de camp.

On ne demande pas de permission pour que l’aide de camp puisse entrer chez l’hôte. Quand un ministre se déplace, l’officier en charge du protocole ou les responsables de sa sécurité l’accompagnent partout. On ne demande pas de permission pour ce genre de personnel.

Lorsque le sous-continent indien était sous la domination des Britanniques quand le vice-roi invitait le gouverneur général, l’aide de camp de ce dernier se déplaçait sans avoir reçu d’invitation. Le personnel de la protection et ses serviteurs participeraient à la réception. En dépit de votre statut inférieur, si vous établissez des liens avec les anges, vous les accompagneriez là où ils se déplaceront. Si vous établissez un lien avec Allah, vous établirez aussi un lien avec ses anges, vous ferrez partie de leurs aides de camp et de leurs valets. S’ils pénètrent dans les cœurs et les esprits des gens, vous les accompagnerez. Saisissez l’importance de cette grande puissance que Dieu vous a accordée : votre force est liée à la spiritualité. Établissez des relations étroites avec les anges afin de pouvoir renforcer votre force spirituelle, afin que vous puissiez atteindre les cœurs des hommes. Si vous atteignez les cœurs des hommes tous les voiles disparaîtront et vous serez présents sur les lieux touchés par la lumière divine. »

En conseillant ceux qui étaient présents à la Jalsa, Hazrat Mousleh Maw’oud (r.a.) a déclaré : « Comprenez vos responsabilités. Engendrez les moyens pour assouvir la passion qui vous a poussés à venir ici. Ne soyez pas comme ceux qui viennent en premiers regarder le navire. Nouez une relation avec Dieu et établissez, par la suite, un lien avec Ses anges. Quand cette spiritualité aura de l’effet sur les esprits, les anges accompliront vos œuvres. Ils transmettront votre nom en ces lieux où ils se trouveront. Quand votre intention est pure, votre spiritualité progressera et vous œuvrerez pour la cause de Dieu.

C’est un point fondamental qu’il faudra constamment avoir à l’esprit quand on se réunit quelque part pour accentuer son progrès spirituel qu’il s’agisse lors des Jalsa et des Ijtema. Il faudra aussi faire des efforts pour acquérir cette spiritualité dont l’effet doit être permanent. C’est là que les anges aussi viendront à notre aide. Là où nous nous trouverons les anges seront présents, étendront leur influence et feront fructifier nos efforts. Après avoir accompli une bonne œuvre, le véritable croyant fait preuve d’une plus grande humilité et s’adonne plus que jamais à l’Istighfar : il implore Dieu davantage afin de pouvoir accomplir de bonnes œuvres continuellement et afin qu’il connaisse une bonne fin.

Des compagnons relataient que lorsqu’il priait [les supplications du] Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ressemblaient à une marmite en cuisson sur le feu. Faite de sorte que vous puissiez vous réformer l’âme. Faites naître en vous la Taqwa et la pureté. Ne croyez point que vous êtes en train d’accomplir des œuvres louables. Car même l’œuvre la plus pieuse peut engendrer la malhonnêteté. »

Le Messie Promis (a.s.) disait : « Aujourd’hui lorsque les gens reviennent du Hajj, leurs cœurs débordent davantage d’orgueil et de mal. Ce défaut résulte du fait qu’ils ne saisissent pas le sens du Hajj. Au lieu d’en tirer des avantages spirituels, ils se contentent de porter l’étiquette de Hajji et sont arrogants pour cette raison. »

Le Messie Promis (a.s.) racontait l’anecdote suivante. Une vieille femme était assise à la gare par une nuit très froide. Quand elle a voulu se couvrir de son drap, elle ne l’a pas trouvé. Elle a dit à son voisin : « Hajji ! Je ne possède qu’un seul drap. J’en ai besoin. Veuillez me le retourner s’il vous plaît. »

Celui qui l’avait pris était très embarrassé. Il l’a replacé tout près de la femme et lui a demandé : « Comment as-tu su que c’est un Hajji qui avait volé ton drap ? » Elle a répondu : « A notre époque, seul un Hajji pourra accomplir un acte aussi impitoyable. »

Ainsi ne croyez pas que vous êtes en train d’accomplir des œuvres louables. Ne croyez pas vous avez de bonnes intentions. Toute œuvre pieuse accomplie peut être accompagnée de mal. Ô combien noble peuvent être les intentions, elles peuvent corrompre la foi, car celle-ci n’est pas le résultat de nos actions, mais de la miséricorde divine. »

C’est là un point fondamental. Quel que soit l’ampleur de nos œuvres, sans la grâce et les faveurs divines, notre foi ne sera pas parfaite. Ayez toujours en tête la miséricorde divine. Gardez l’œil sur Ses mains. Le mendiant qui sait que toutes les portes, hormis celle de Dieu, lui sont fermées attirera les faveurs divines. Ainsi tournez-vous uniquement dans la direction de Dieu. Tant que vous agirez de la sorte, vous serez à l’abri, car celui qui regarde dans la direction de Dieu ne subit aucune perte. Mais dès qu’il se tournera ailleurs et abandonnera la porte divine, en dépit de ses bonnes intentions et de ses œuvres louables, il n’aura aucun lieu de repos. Au contraire, il se placera dans les bras de Satan. Il faudra accomplir la Tawbah et se repentir constamment, quémander la grâce de Dieu et tentez d’attirer sa miséricorde. Ces actions mèneront vers une bonne fin.

Le Messie Promis (a.s.) relatait l’incident suivant. On avait volé des bijoux de la maison du Calife Abu Bakr ou du Calife ‘Umar. Un des domestiques conspuait le voleur. « Y a-t-il des gens aussi infâmes et éhontés au point de voler le Calife de Dieu ? Qu’Allah dévoile son identité et qu’Il l’humilie ! » disait le domestique.

Après enquête on a découvert les bijoux chez un juif. Quand on lui a demandé leur provenance, il a évoqué le nom du domestique qui maudissait le voleur.

Maudire les autres ou exprimer verbalement son obéissance ne servent à rien. Car, ceux qui expriment verbalement leur obéissance sont parfois les plus grands hypocrites.

Ceci doit nous préoccuper grandement et nous devons être constamment vigilants à cet égard.

Hazrat Mousleh Maw’oud (r.a.) évoque un ennemi de l’Ahmadiyya qui lui avait lancé au visage : « Nous allons anéantir l’Ahmadiyya. » J’aurai pu lui répondre : « Essaye pour voir », dit le deuxième Calife. Je lui ai répondu par contre : « C’est Dieu qui détient le pouvoir d’anéantir ou de préserver quelqu’un. Si Dieu désire nous anéantir, aucun effort ne sera requis de votre part. Or, si Allah désire nous préserver, personne ne pourra rien faire. C’est la Taqwa qui empêche l’homme de déclarer : « J’accomplirai ceci ou cela. » Le « moi » n’a aucune importance. C’est la Taqwa qui inculque les aptitudes nécessaires.

C’est pour cette raison que je lui ai répondu que nous ne pourrons rien accomplir ; si Allah désire nous préserver, vous n’y pourrez rien. Personne ne pourra nous faire disparaître. C’est la Taqwa qui préserve l’homme de pareille déclaration inutile.

Le Messie Promis (a.s.) relate qu’une épidémie de choléra virulente se déclara à Qadian ou dans un autre lieu. Lors d’un enterrement quelqu’un affirma que ces gens sont en train de se tuer de leurs propres mains. Une épidémie s’est déclarée et ils ne cessent de s’empiffrer. « Moi je ne mange qu’un petit pain, mais ceux-là se gavent de nourriture et meurent du choléra », disait-il.

Le lendemain il eut un autre enterrement. Quelqu’un demanda : « Qui est décédé ? » Beaucoup de gens étaient fatigués d’entendre les critiques de l’autre. Quelqu’un, qui était vexé, répondit : « C’est l’enterrement de celui qui ne mange qu’un pain. »

Affirmer que nous ferons ceci ou cela ne sert à rien. Or, quand Allah fait une affirmation nous pouvons accepter qu’elle se réalisera. L’humilité ne signifie pas que l’on doit cacher les déclarations divines.

Allah déclare :

كَتَبَ اللَّهُ لَأَغْلِبَنَّ أَنَا وَرُسُلِي

Nous avons rendu l’obligatoire notre victoire et celle de notre Prophète (s.a.w.). Si quelqu’un affirme qu’il nous détruira, je lui répondrai que si cela dépendait de mes forces, je ne pourrai rien faire. Or, l’on ne pourra énoncer pareils propos à l’égard de l’Ahmadiyya : celle-ci remportera certainement la victoire. Insha Allah.

Nous avons une plus grande conviction dans les promesses divines que dans notre propre vie. L’Ahmadiyya remportera la victoire ; soi au cours de notre vie, soi plus tard. Or, il nous incombe de nous préserver, sur la voie de la Taqwa afin de faire partie de cette victoire, afin de la préserver pour que nos descendants en soient témoins, si nous ne l’avons pas été. »

Comment prier et comment faire sortir les Ahmadis de ces situations difficiles ? Hazrat Mousleh Maw’oud (r.a.) dit à ce propos que le Messie Promis (a.s.) disait : « Le plus grand exemple de l’amour est celui qu’éprouve une mère pour son fils ou pour son enfant. Parfois, il n’y a plus de lait dans le sein de la mère. Mais dès que l’enfant pleure, il commence à couler. De même la miséricorde divine est liée aux pleurs et lamentations du serviteur de Dieu. Quand il gémit, le lait de la miséricorde divine coule. Il est donc nécessaire d’accomplir de grands efforts en ce sens, mais pas le font les hypocrites. Nous devons beaucoup prier. »

Hazrat Mousleh Maw’oud (r.a.) avait encouragé les membres de la djama’at à jeûner pendant 7 jours et de prier. Quelques années de cela j’avais encouragé les membres à jeûner : certains continuent de le faire. Nous allons devoir jeûner pendant quarante jours, soi un jeûne par semaine pour quarante semaines. Nous devons supplier Dieu, accomplir des prières surérogatoires et faire de l’aumône, car la situation de la djama’at est très critique dans certaines régions. Quand nous allons pleurer devant Dieu, à l’instar des pleurs de l’enfant qui font couler le lait des seins de la mère, du ciel viendra l’aide de notre seigneur, Insha Allah. Les obstacles et autres difficultés sur notre voie disparaîtront. Dans le passé ces obstacles se sont éloignés : il en sera de même à présent.

Hazrat Mousleh Maw’oud (r.a.) affirme : « Il nous est impossible d’éloigner certaines difficultés. Nous ne pouvons réduire au silence l’ennemi, nous ne pouvons arrêter sa plume. Ce qu’ils disent et écrivent nous blesse le cœur. »

Aujourd’hui ils ont recours à un langage des plus immondes à l’endroit du Messie Promis (a.s.) dans les affiches qu’ils placent au Pakistan. À l’époque [le Calife] interpellait à ce sujet les autorités britanniques, or elles faisaient la sourde oreille. Si on répétait pour une autre personne ces mêmes outrages adressés à l’endroit du Messie Promis (a.s.) le pays tout entier sera à feu.

« Or, on répète constamment ces propos vulgaires à l’endroit du Messie Promis (a.s.). On n’arrête pas les coupables, dit le deuxième Calife (r.a.), voire certains détracteurs affirment que les officiels les ont assuré qu’ils sont libres d’écrire ce qu’ils veulent contre l’Ahmadiyya, personne ne sera arrêté. »

C’est ainsi que la djama’at a toujours été traitée. Or, par la grâce d’Allah, après chaque obstacle, elle n’a cessé de progresser. Tel était l’état de ce gouvernement qui n’avait pas passé de loi contre la djama’at.

Au Pakistan, il existe une loi contre les Ahmadis. Elle soutient les ennemis de l’Ahmadiyya et ils agissent comme bon il leur semble. Ils énoncent toutes les infamies et les outrages qu’ils souhaitent contre le Messie Promis (a.s.). Les ahmadis sont persécutés et les tribunaux émettent des sanctions pour des broutilles. D’où la raison d’implorer Dieu avec insistance. Les Ahmadis du Pakistan doivent, plus qu’auparavant, être vigilants à cet égard. Ils doivent se prosterner devant Dieu en toute sincérité, accomplir des prières Nawafil, faire de l’aumône et jeûner. Nous n’avons pas d’autre voie que celle d’implorer la miséricorde divine. Qu’Allah permette aux ahmadis qui résident en ces endroits où ils sont persécutés de prier en ce sens. Que leurs supplications fassent trembler le trône de Dieu. Les autres ahmadis dans le monde doivent aussi prier pour le progrès de la djama’at et pour la protection des ahmadis contre les persécutions. Qu’Allah leur accorde la possibilité d’agir en ce sens.


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