Sermons 2017

La prédication du message de l’Islam et de l’Ahmadiyya

Baitul-Futuh-Dome-Interieur
Photo: Tanveer Khokhar - www.uk.smugmug.com/

Dans son sermon du 08 septembre 2017, Sa Sainteté le Calife a souligné l’importance du devoir du musulman de présenter au monde le message véritable de l’Islam, dans le respect des commandements divins.

 Sermon du vendredi 08 septembre 2017, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Baitul-Futuh à Londres. Après le Ta’awudh, le Tashahoud et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a cité le verset 126 du chapitre 16 avant d’entamer son sermon :

ادْعُ إِلَى سَبِيلِ رَبِّكَ بِالْحِكْمَةِ وَالْمَوْعِظَةِ الْحَسَنَةِ وَجَادِلْهُمْ بِالَّتِي هِيَ أَحْسَنُ إِنَّ رَبَّكَ هُوَ أَعْلَمُ بِمَنْ ضَلَّ عَنْ سَبِيلِهِ وَهُوَ أَعْلَمُ بِالْمُهْتَدِينَ

« Invite vers la voie de ton Seigneur avec sagesse, et une bonne exhortation, et raisonne avec eux de la façon qui soit la meilleure. Assurément, ton Seigneur sait le mieux qui s’est égaré de Sa voie ; et Il connaît le mieux ceux qui sont bien guidés. » (Saint Coran, chapitre 16, verset 126)

Différentes Jama’ats de par le monde ont, lors de leur Shoura (réunion consultative) respective, proposé une motion sur laquelle il y a eu de longs débats et ils ont tous présenté leur feuille de route à ce sujet. La motion était sur les moyens de présenter le message véritable de l’islam à chaque couche de leur société respective avec la plus grande efficacité –  ou comment asseoir cette tâche sur des assises solides.

La Jama’at du Royaume-Uni a inclus cette motion dans son programme de la Shoura cette année. Après leurs longs débats, ils m’ont soumis leur proposition afin que je l’approuve. Or, qu’il s’agisse d’un plan pour le Tabligh (la prédication) ou pour tout autre programme, lorsque la Shoura délibère sur une motion, après avoir invité les suggestions des membres, et quand on arrive à une décision ou lorsque la majorité des membres présente une opinion et que l’on soumet une feuille de route au Calife pour son approbation, après son aval les membres de la Shoura ainsi que les responsables de la Jama’at à tous les niveaux doivent user de toutes leurs aptitudes pour exécuter et faire appliquer le plan approuvé.

Ainsi, cette proposition, qui vise à améliorer le travail du Tabligh, a été débattue dans la Shoura du Royaume-Uni et ailleurs dans le monde : après la décision prise, et l’aval du Calife, les membres de la Shoura ainsi que les responsables de la Jama’at à tous les niveaux doivent user de tous leurs talents afin de mettre en œuvre et en vigueur le plan approuvé.

Il ne faut pas croire, étant donné que cette proposition ne concerne que le Tabligh, qu’il incombe uniquement au secrétaire de la prédication de travailler dessus, ou si une proposition concerne un autre département, que la responsabilité n’incombe qu’au secrétaire concerné.

Sans aucun doute, les secrétaires concernés sont responsables de son application. Cependant, les départements du Tabligh et de la Tarbiyyah concernent tous les responsables de la Jama’at, quel que soit leur niveau de compétence ; et ils doivent servir d’exemple à cet égard.

Je compte m’appesantir sur le sujet de la prédication. En effet, je souhaite sensibiliser tous les responsables à ce propos en leur demandant de coopérer entièrement avec leur secrétaire du Tabligh afin d’exécuter cette proposition dans leurs Jama’ats respectives.

Ils doivent en être partie intégrante et montrer leur exemple aux membres de la Jama’at. Tout responsable, quel que soit son poste, peut participer dans le Tabligh. Si les responsables y offrent leur coopération, ils serviront d’exemples aux membres de la Jama’at. Ainsi, nombre d’ahmadis, sans qu’on le leur enjoint, suivront ces exemples et appliqueront cette feuille de route pour transmettre le message de l’islam véritable.

Certains secrétaires n’ont pas grand-chose à faire dans leurs départements : ils peuvent consacrer leur temps davantage. L’intention et la détermination sont les seules qualités essentielles. En tout cas, il incombe au secrétaire national de la prédication de transmettre à tous les secrétaires du Tabligh locaux le plan qui a été approuvé. Il doit aussi s’assurer que tous les membres de la Jama’at soient au courant de la partie du plan qui les concerne : ils ne sont pas concernés par l’aspect administratif.

Par ailleurs, il faut comprendre les directives que Dieu nous a données dans le verset que j’ai cité. Et tout secrétaire du Tabligh, tout responsable, tous les prédicateurs spéciaux doivent les appliquer. J’ai mentionné en particulier ces derniers, car ils se sont présentés de leur propre chef, pour consacrer plus de temps au Tabligh comparés aux autres membres de la Jama’at. S’ils offrent leur temps et possèdent la connaissance mais négligent les points que Dieu a mentionnés, en ce cas les bénédictions ne viendront pas et les résultats ne seront pas probants.

En tout cas, Allah l’Exalté a attiré notre attention à cet égard. Il évoque en premier lieu la sagesse, puis une bonne exhortation. Il conseille ensuite d’user du meilleur argument lors de débats.

Les soi-disant érudits musulmans de notre temps et les groupes terroristes, dans leur folie et leur manque sagesse et d’entendement et en raison de leurs propos infondés, ont terni à ce point l’islam que les non-musulmans croient qu’elle est une religion dénuée de sagesse et d’arguments et que c’est – à Dieu ne plaise – un culte de sots et d’imbéciles, et qu’elle ne préconise de surcroît que la violence. En pareille situation il incombe aux ahmadis la grande responsabilité d’accomplir le Tabligh et d’établir des contacts. L’ensemble des responsables à tous les niveaux doivent, en premier lieu, comprendre cette responsabilité.

Depuis ces deux dernières années ces extrémistes et certains prétendus oulémas ont terni l’image de l’islam à outrance et les médias en ont fait les gros titres. Lors d’un récent sondage, l’on a demandé si l’on considère l’islam comme une religion qui prône l’extrémisme et la cruauté et si les musulmans sont détestables. La majorité des gens ont répondu que l’islam est en effet une religion d’extrémistes, que les musulmans sont abominables et qu’on ne veut pas d’eux ; ils sont nuisibles au pays.

Or, quand on avait fait le même sondage quelques années de cela, les résultats étaient tout autres. La majorité des gens ne détestaient pas les musulmans. Cette situation doit nous faire comprendre à quel point nous devons accomplir le Tabligh selon les méthodes qu’Allah nous a préconisées.

En premier lieu, il est dit qu’il faut prêcher le message avec sagesse. Que signifie la sagesse ? Ses sens sont très vastes ; et pour remporter du succès dans la prédication il nous incombe de les saisir afin de les avoir en tête au moment de la prédication.

Un sens de Hikmah est la connaissance ; et celle-ci est nécessaire afin de pouvoir prêcher le message. Or, d’aucuns y trouveront un prétexte disant qu’ils n’en possèdent pas et que donc ils ne pourront pas accomplir le Tabligh. Aujourd’hui cette excuse n’a pas lieu d’être. Le Messie Promis (a.s.) nous a armés de connaissances et celle-ci est disponible dans notre littérature tant et si bien qu’un effort ordinaire suffira pour renforcer la connaissance.

Ensuite, nous avons des sessions de questions-réponses en format audio/vidéo ainsi que des sites web. Souvent, lorsqu’on essaye de faire passer le message, il y a certaines personnes qui disent qu’elles n’ont pas le temps de faire de longues discussions. On peut donc leur offrir des tracts ainsi que les adresses des sites web. La plupart des personnes qui n’ont pas le temps dans l’immédiat, mais qui portent un certain intérêt, vont chercher des informations par la suite.

Il y a donc d’abord besoin d’augmenter vos connaissances afin que vous vous engagiez dans des discussions intellectuelles et que vous soyez à la hauteur de ces discussions. Deuxièmement, il faut que l’on sache où trouver la réponse aux questions dans notre littérature et sur nos sites web. Afin de répondre aux gens appartenant à différentes religions et à ceux qui nient même l’existence de Dieu, nous devons répondre conformément à leurs pensées et en fonction des arguments qu’ils avancent.

Une autre signification de Hikmah est de parler de manière franche et convaincante. Il s’agit d’avancer un argument qui soit convaincant en soi de telle sorte qu’il ne faille pas en présenter d’autres pour le rendre solide. Au lieu de s’engager dans de longues discussions, il faut, après avoir analysé [le sujet de discorde], effectuer des ripostes irréfutables. C’est aussi le travail du département du Tabligh de compiler les types d’allégations ainsi que leurs réponses et de les fournir aux différentes Jama’ats afin que de plus en plus de gens aient à leur disposition des arguments irrécusables auxdites allégations.

Un autre sens du mot Hikmah est la justice : en d’autres termes, il ne faut pas accuser les autres d’une chose qui peut se retourner contre vous. Par la grâce de Dieu, dans la Jama’at Ahmadiyya, grâce à l’éducation impartie par le Messie Promis (a.s.) et ses ouvrages, et ceux des Califes, on n’a pas des cas de ce genre ; mais c’est une chose que l’on voit beaucoup chez les autres musulmans ou ceux appartenant aux autres religions. Nos adversaires parmi les musulmans soulèvent des allégations contre le Messie Promis (a.s.) qui peuvent également être soulevées contre les autres prophètes.

En effet, beaucoup de personnes, qui, à leurs yeux, sont de grands savants, font de telles attaques contre le Messie Promis (a.s.) qui peuvent être soulevées contre les autres prophètes. Le département du Tabligh doit donc aussi compiler ces objections ainsi que leurs réponses et les fournir aux différentes Jama’ats. Ces accusations sont présentes depuis l’époque du Messie Promis (a.s.).

Les gens soulevaient des objections contre lui qui pouvaient être soulevées contre d’autres religions, et à son époque, le Messie Promis (a.s.) répondait à ces allégations en citant des [passages tirés des] livres de ces opposants musulmans ou d’autres religions et il leur disait qu’en réalité ces dernières n’étaient pas des allégations [valables] car les incroyants en soulevaient les mêmes contre l’islam. Le département du Tabligh doit donc, comme je l’ai dit, compiler ces types d’allégations et leurs réponses dans de petits tracts et les fournir aux différentes Jama’ats. Si l’on veut impliquer un plus grand nombre de personnes dans le travail de Tabligh, ce département devra dans ce cas travailler dur pour y parvenir et également faire des dépenses en ce sens.

Un autre sens de Hikmah est la douceur. Il est donc très important de prêcher avec amabilité. La colère a un effet négatif sur les gens et ceux qui se laissent emporter ne font qu’admettre qu’ils n’ont plus d’arguments. Montrez de la douceur envers celui qui fait montre de sa colère. C’est la furie des soi-disant oulémas qui a fait que les gens soulèvent des allégations contre l’islam, car s’ils avaient répondu avec douceur et calme ces dernières auraient été résolues.

Un autre sens de Hikmah est le prophétat. L’on doit donc puiser nos arguments du Saint Coran qui a été révélé au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), et faire le Tabligh en fonction de cet enseignement. J’ai observé que si l’on répond aux accusateurs ou à ceux qui sont affectés par les gens qui émettent des critiques à la lumière d’un verset coranique, cela a un effet positif sur eux.

Un autre sens est de dissiper l’ignorance. Il faut par conséquent parler de manière à ce que la personne en question comprenne facilement et que son ignorance soit dissipée. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a dit qu’il faut parler d’une manière qui est conforme au degré de compréhension de l’interlocuteur. Cela signifie également qu’il faut dire la vérité et se baser sur des faits réels. Il ne faut pas que dans le but d’impressionner l’autre on s’appuie sur des contre-vérités. Lorsque la vérité se dévoilera – ce qui d’ailleurs arrivera très rapidement – cela laissera une très mauvaise impression sur la personne. C’est pour cela qu’il faut toujours dire la vérité.

Un autre sens de Hikmah consiste à parler en tenant compte du moment et du contexte. Si un argument a le potentiel de provoquer de la colère, de vexer [l’interlocuteur] et qu’au lieu d’avancer dans la discussion de Tabligh, il y a des chances que la situation dégénère et qu’il y ait querelles, il faut alors éviter de tels arguments. Il faut éviter d’avancer de tels arguments et parler en tenant compte du moment, du contexte et de l’humeur de la personne : au lieu de l’éloigner, il faut que vos arguments l’attirent vers vous.

Parfois d’aucuns ont de bonnes discussions dans une assemblée et les personnes qui y participent ont une très bonne impression en conséquence. Mais ensuite après leur discussion, au lieu d’en rester là et de reporter la conversation à une autre fois, ils insistent lourdement auprès de l’invité et ne le lâchent pas, et répétant sans arrêt les mêmes choses et essayant de le convaincre coûte que coûte, à tel point que celui-ci s’énerve. S’ils s’étaient rapprochés de vous, à présent ils s’éloignent ; et de ce fait, l’effet positif de la première discussion se dissipe. C’est pour cela qu’il faut parler en fonction du contexte. Tenir compte de la nature de la personne est très important durant le Tabligh.

Tout cela implique que dans le Tabligh, là où il est important d’être régulier il est aussi important que le nombre de nos contacts augmente. C’est en étant en contact avec les gens que nous pourrons connaître leur nature. Il va donc falloir que nous soyons réguliers dans notre Tabligh. Ce n’est pas en participant à une ou deux campagnes de Tabligh annuellement ou en distribuant des tracts une ou deux fois par an qu’on s’acquittera de son devoir envers le Tabligh. De nos jours, il y a [en différents endroits] beaucoup de demandeurs d’asiles de différents âges : certains sont jeunes et en bonne santé et d’autres sont assez âgés. Or, tant que leur demande [d’asile] n’est pas acceptée, la plupart d’entre eux sont libres et n’ont rien à faire. Ils doivent donc, conformément à leur santé, se présenter pour le Tabligh et pour la distribution de tracts.

Si vous ne parlez pas la langue locale, prenez avec vous de la littérature, des enregistrements audio/vidéo ; et lorsque vous distribuez de la littérature dans la rue, cela doit se faire dans le cadre d’un programme régulier.

Pour ces programmes, on peut donc demander l’aide des demandeurs d’asile. Il s’agit d’une action méritoire et pieuse : une opportunité pour eux de s’acquitter de leur devoir de faire le Tabligh. Et de par cette bénédiction, il se peut que leurs demandes d’asile soient plus rapidement acceptées. Il faut que le département du Tabligh leur transmette ces conseils afin d’organiser des programmes de Tabligh réguliers ; il s’agira de leur fournir la littérature et ensuite mettre tout cela en pratique.

Les discussions doivent être faites avec sagesse. Les responsables doivent également y participer, et pareillement les personnes qui habitent dans les régions concernées depuis un long moment. Ce n’est pas parce que j’ai fait appel aux demandeurs d’asile qu’ils doivent être les seuls à y participer. Les prédicateurs spéciaux ne doivent pas être uniquement spéciaux que de nom : ils doivent s’investir davantage sur le terrain du Tabligh. Il faut maintenant dire ouvertement au monde entier qu’il se trouve dans la situation actuelle en raison du fait que l’humanité court derrière le matérialisme, en raison de la colère de Dieu. La seule solution est donc de venir vers Allah l’Exalté et de chercher la religion véridique.

Allah nous commande d’accomplir le Tabligh en ayant recours à de bons conseils : cela consiste à faire le Tabligh avec sagesse, c’est-à-dire avec douceur et d’une manière qui attire le cœur. Il est de notre devoir de faire le Tabligh avec sagesse, à l’aide de conseils pieux, et avec des arguments en béton, et nous devons le faire régulièrement. Allah le Très-Haut déclare qu’il va Lui-même faire fructifier ces efforts. Il sait qui prendra le chemin de la perdition et qui prendra celui de la réforme.

Allah a également déclaré que vous ne pouvez pas réformer quelqu’un par la force ; votre travail ne consiste qu’à faire le Tabligh et à transmettre le message véridique à chaque individu sur Terre. Vous devez présenter aux autres ce qui fait la beauté de l’islam, la noblesse de ses enseignements, et cela de façon continu.

L’homme ne connaît pas l’invisible ; il ne peut pas se dire que, pour ne pas perdre son temps, il transmettra le message véridique uniquement à la personne qu’il considère la plus apte à l’accepter. Allah déclare qu’Il ne nous a pas donné la connaissance pour savoir qui sera le plus apte à accepter et qui le sera le moins. De ce fait, selon ces paroles de Dieu, nous ne sommes pas responsables des fruits de nos efforts.

S’il n’y a pas de résultats flagrants, ou si parmi toutes les personnes qui ont été impressionnées par le message, personne n’embrasse l’islam, nous n’en portons pas la responsabilité. Allah le Très-Haut nous demandera uniquement si nous avions transmis le message, ou [au cas échéant] la raison de ne pas avoir rempli notre devoir de transmission, et pourquoi nous n’avions pas suivi Ses conseils. Allah l’Exalté est le seul à savoir qui suivra la voie de la direction et qui ne la suivra pas. Si nous remplissons notre devoir, au moins une fois mort les gens ne pourront pas alors se plaindre à Allah qu’ils n’avaient pas reçu le message de l’islam, et que donc qu’ils ne sont pas fautifs.

Certaines personnes écoutent le message, le comprennent, mais malheureusement quelque chose les empêche d’accepter. Deux jours de cela, un Muballigh [missionnaire] d’un pays européen m’a écrit qu’une personne m’avait rencontré lors de la Jalsa Salana [Réunion Annuelle des ahmadis] d’Allemagne, qu’elle y avait également participé, et qu’elle avait été grandement impressionnée par le Tabligh et par l’ambiance générale qui y régnait. À plusieurs reprises elle avait évoqué son envie de faire la Bai’at [serment d’allégeance], mais à chaque fois quelque chose l’en avait empêchée.

C’est Allah seul qui sait si cette personne aura l’opportunité d’accepter ou non ; de notre côté, quoi qu’il en soit, nous avons rempli notre devoir : nous l’avons informée des véritables enseignements de l’islam.

Concernant le Tabligh, je souhaite également aborder un autre point. Souvent des personnes posent la question : « En faisant le Tabligh, combien de personnes avez-vous converties à l’Ahmadiyya ? », et ajoutent également que les musulmans eux-mêmes ne nous considèrent pas musulmans. Ils demandent aussi : « Combien de temps cela prendra pour transmettre le message de l’islam par les moyens que vous utilisez ? » Ils acceptent aussi le fait que notre message est sensé et basé sur la sagesse. Plusieurs personnes m’interrogent à ce propos à différents endroits.

Lors de mon déplacement en Allemagne, un journaliste aussi m’a posé de telles questions, et voici notre réponse : Nous avons l’ordre de faire le Tabligh, de transmettre le message, et nous n’allons jamais nous en détourner : nous allons toujours continuer à remplir notre mission. Seul Allah le Très-Haut sait qui sont ceux qui suivront la voie de la réforme et qui sont ceux qui resteront égarés. Nous allons accomplir la tâche qui nous a été confiée. Allah l’Exalté a promis que Lui ainsi que Ses prophètes obtiendront le succès, Incha Allah. Nous espérons donc qu’un jour nous serons majoritaires.

Le Messie Promis (a.s.) a, à de maintes reprises, commenté le verset que je viens de réciter. Les opposants de l’islam ont essayé plusieurs fois de faire en sorte que le Messie Promis (a.s.) perde son calme, et de le mettre hors de lui, mais en agissant conformément à ce verset et en faisant preuve d’un comportement exemplaire, il a toujours évité les escalades dans les oppositions. Il déclare dans l’un de ses livres :

« Dieu est témoin qu’à chaque fois que j’ai répondu, j’ai toujours fait preuve de douceur et de patience. » C’est-à-dire, qu’il n’est jamais arrivé qu’il ne fît pas preuve de douceur ou qu’il n’usât d’un langage doux. Il a toujours fait preuve de tendresse et a utilisé des termes gracieux. Il ajoute cependant : « Parfois quand je recevais des lettres très dures, remplies d’insultes, j’ai fait preuve de sévérité. »

Les savants opposants avaient outrepassé les limites dans l’inimitié à son égard, et ils provoquaient également le peuple. Le Messie Promis (a.s.) répondait à leurs lettres avec la même sévérité.

Il explique : « …afin que de cette manière le peuple, voyant la réponse sévère, puisse contenir sa colère. » En réponse à l’attaque contre les musulmans, le Messie Promis (a.s.) a répondu de la même manière car c’était la seule réponse appropriée ; on n’en n’avait pas besoin davantage. Ce n’était pas la peine de s’enflammer davantage et d’avoir recours à la violence. [Ses réponses sévères avaient pour] but d’éviter le désordre.

Le Messie Promis (a.s.) continue : « Cette sévérité n’a pas été motivée par un excès émotionnel quelconque ni par aucune colère, mais était uniquement basée sur la sagesse, conformément au verset « et discute avec eux de la façon la meilleure ». »

Lorsque parfois il a dû être sévère, il l’a été en conformité avec ce verset, basé sur la sagesse. C’est dire qu’il faut agir de manière juste, selon le contexte. En effet, il était important de répondre aux opposants dans le contexte de l’époque, et c’est pour cette raison qu’il avait parfois fait preuve de sévérité ; mais dans la grande majorité des cas il faut faire preuve de tendresse.

Le Messie Promis (a.s.) continue : « Cela a été motivé par la sagesse. Les insultes des opposants de l’époque avaient dépassé toutes les limites : ils utilisaient des mots très durs et ignobles à l’égard de notre maître, le bienfaiteur de l’univers, au point que cela engendrât un grand désordre. Par conséquent à ce moment j’avais usé de cette stratégie. » Donc, lorsqu’une telle situation se présente, il faut répondre avec sévérité en faisant preuve de sagesse conformément au conseil offert dans le verset précité. Tel est le véritable objectif : empêcher le désordre. Le véritable objectif est de prévenir les troubles et de transmettre le message ; ce sont là des choses importantes.

Le Messie Promis (a.s.) n’a jamais adopté la voie empruntée par ses adversaires. De plus, il a déclaré qu’il faudra respecter l’État et la loi. Afin d’endiguer les troubles, il a eu recours aux arguments et à la loi. En tout cas, il a aussi fait montre de son sens de l’honneur là où c’était nécessaire.

Le Messie Promis (a.s.) explique : « Le verset « raisonne avec eux de la façon qui soit la meilleure » ne signifie guère qu’il faut faire preuve de couardise au point d’attester de faits irréels. Pouvons-nous qualifier de juste la personne qui se proclame Dieu, qui traite notre bien-aimé Prophète (s.a.w.) de menteur – qu’Allah nous en préserve ! – et Moise de voleur ? » Est-ce raisonner de la manière la meilleure que d’agir de la sorte ? Certainement non ! C’est de l’hypocrisie et de la malhonnêteté. »

Nous devons avoir toujours en tête cette distinction : notamment que nous ne devons pas faire preuve de couardise. Il ne faut point sacrifier le sens de l’honneur pour la seule raison que nous devons prêcher notre message à autrui. Certes, cela peut se faire dans une certaine mesure. Il ne faut point se disputer et semer la discorde ; cependant, parfois il faudra retourner contre ces personnes leurs propos. Ainsi, là où les adversaires outrepassent les limites dans leurs attaques ou dans leurs insultes, il faut y répondre afin de prévenir tout conflit.

Le Messie Promis (a.s.) a aussi déclaré que la douceur ne signifie pas faire montre d’une telle couardise que d’approuver tout ce que l’autre affirme et d’attester de faits irréels. La sagesse en tout cas est nécessaire. Certes, il faut être aimable et courtois mais il faut aussi condamner ce qui est condamnable. La sagesse ne signifie pas la couardise ou d’attester des faits mensongers afin de rapprocher l’autre de soi.

À titre d’exemple, ces temps-ci, au nom de la liberté, les gens de ce monde ont passé des lois concernant des pratiques illicites selon la Sharia. Ils disent que les ahmadis affirment combattre l’extrémisme mais qu’ils sont extrémistes quand il est question de serrer la main aux femmes ou sur l’homosexualité.

Certaines personnes m’ont interrogé à ce sujet en Allemagne : suite à mes réponses, certains ont émis des commentaires négatifs contre nous. Or la majorité des gens comprendront la réalité des choses. Ce n’est pas la peine de nous quereller, mais nous devons tout de même condamner ce qui est condamnable.

Quelque temps de cela, le membre d’un parti politique britannique, qui souhaitait briguer le mandat de leader de son mouvement, a désisté parce qu’il condamnait l’homosexualité ainsi que l’avortement. Il a déclaré que la société n’est pas prête à écouter une quelconque critique à l’encontre de ces deux pratiques. Le Coran et la Bible évoquent tout deux le châtiment qu’ont mérité ceux qui s’adonnaient collectivement à ce mal qu’est l’homosexualité. Nous considérons tout de même que l’avortement est permis en certaines situations, quoique l’homme politique en question crût, quant à lui, le contraire.

Le leader d’un autre parti politique a lui aussi soumis sa démission à ce poste quelques mois de cela parce qu’il condamnait l’homosexualité. Il s’est déclaré pris entre sa foi et la politique et qu’il a préféré sauver sa foi en abandonnant le poste de leader.

Ces gens de ce monde, dont la religion n’a pas été préservée dans sa forme originelle, sont prêts à sacrifier leurs causes matérielles en raison de leur foi et ne font pas preuve de couardise. Imaginez donc dans notre cas – nous qui avons accepté la Sharia ultime et éternelle – à quel point notre foi doit être ferme. Lors de nos interactions avec autrui et dans notre prédication, nous devons avec sagesse et des arguments convaincants présenter ces points. Nous ne devons pas, pour des avantages matériels, craindre ces controverses ; nous ne devons pas non plus approuver l’opinion de l’autre de peur que nos relations ne se brisent. Si l’on use de sagesse dans sa conversation, la relation perdurera ; d’ailleurs Allah sait le mieux qui sera guidé, tout comme je l’ai dit auparavant. Allah ouvrira le cœur de celui qu’Il guidera. Les responsables en particulier doivent être vigilants à cet égard car j’ai constaté qu’ils font montre, parfois, d’une grande couardise. L’on ne doit pas craindre l’hostilité, car celle-ci ouvre la voie pour le Tabligh.

Le Messie Promis (a.s.) explique : « Autant le mensonge combattra la vérité, autant la puissance de celle-ci s’en trouvera renforcée. Les agriculteurs savent qu’autant la chaleur sera intense de mai à juin, autant il pleuvra intensément pendant la mousson, de juillet à septembre.

C’en est là un phénomène naturel : autant l’on s’opposera à la vérité autant celle-ci brillera. J’en ai moi-même fait l’expérience : là où il y a eu une plus grande opposition, là-bas une Jama’at s’est formée. Là où l’audience était placide après nous avoir écoutés, nous n’y avons pas accompli de grand progrès. »

C’est un phénomène que nous constatons aujourd’hui encore. J’ai rencontré en Allemagne un Algérien très connu, qui n’est pas un ahmadi. Il m’a dit ceci : « Votre Jama’at souffre beaucoup ces temps-ci, il n’y a pas de doute à ce sujet. Or, sa renommée et son message ont atteint presque tous les coins du pays en raison de cette hostilité et les gens sont en train de la connaître. En dix ou vingt ans, par vos propres moyens, vous n’auriez peut-être pas pu vous faire une si grande renommée que celle que vous avez connue grâce à cette hostilité. »

Les ahmadis d’Algérie m’ont aussi écrit qu’en nombre d’endroits des gens sont prêts à accepter l’Ahmadiyya dès que la situation se rétablira un tant soit peu. Ainsi, l’on ne doit pas craindre l’opposition ou les gens de ce monde ; mais on doit aussi avoir recours à la sagesse par la même occasion.

Pour accomplir le Tabligh, il faudra en outre que nos paroles et nos actions soient en harmonie. L’on doit pratiquer ce que l’on prêche : c’est là que l’on sera à même d’énoncer des paroles de sagesse qui influenceront autrui.

Le Messie Promis (a.s.) souligne à ce propos : « Maints mollahs et oulémas, du haut de leurs chaires, se proclament auxiliaires et héritiers des prophètes ; ils prodiguent de grands conseils, ils interdisent l’arrogance, l’orgueil, les péchés. Or, vous êtes à même de jauger leurs actions et leurs conduites en vous demandant si leurs propos influencent vos cœurs. »

Les paroles des prédicateurs n’auront aucune influence tant que leurs paroles et leurs actions ne seront pas en conformité les unes avec les autres.

Le Messie Promis (a.s.) ajoute : « Si ces gens avaient la capacité d’agir et s’ils pratiquaient en premier ce qu’ils prêchaient, le Coran n’aurait pas eu à annoncer :

لِمَ تَقُولُونَ مَا لَا تَفْعَلُونَ

Ce verset stipule qu’il existera toujours, comme dans le passé, ceux qui ne sont pas les premiers à suivre les conseils qu’ils prodiguent aux autres. »

Le Messie Promis (a.s.) ajoute : « Écoutez bien ceci et souvenez-vous-en : si vos propos n’émanent pas d’un cœur sincère, s’il n’y a aucune action de votre part, ces paroles n’auront aucune influence. C’est un principe qui met en exergue la grande véracité de notre Prophète (s.a.w.). Ses succès et son influence sur les cœurs sont [un phénomène] inouï dans l’histoire des fils d’Adam. Il en fut ainsi en raison de cette grande conformité entre ses paroles et ses œuvres. »

Il nous conseille par ailleurs : « Des paroles grandiloquentes ne serviront à rien tant qu’elles ne sont pas accompagnées d’actions. De vains propos n’ont, aux yeux d’Allah, aucune valeur. À cet égard, Allah déclare :

كَبُرَ مَقْتًا عِنْدَ اللَّهِ أَنْ تَقُولُوا مَا لَا تَفْعَلُونَ

(C’est extrêmement odieux aux yeux d’Allah de dire ce que vous ne faites pas.) »

Il poursuit : « Le croyant ne doit pas être coupable de dualité. Il doit fuir la couardise et l’hypocrisie. Il doit, à tout instant, préserver la conformité entre ses propos et ses actions à l’instar des Compagnons [du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.)]. Vous devez, vous aussi, leur emboîter le pas et présenter votre exemple de sincérité et de fidélité. »

Il nous prodigue d’autres conseils en ces termes : « Afin de préserver l’islam et de démontrer sa véracité, vous devez en premier servir de modèle en tant que musulmans véridiques. Deuxièmement, il vous incombe de faire connaître au monde ses beautés et ses excellences. »

C’est-à-dire, qu’il faudra tout d’abord servir de modèle et ensuite prêcher le message de l’islam et faire diffuser ses excellences. 

Ainsi, avant d’accomplir le Tabligh il est essentiel, dans un premier temps, de se réformer. Quand on sera un musulman modèle, il sera impossible de ne pas attirer l’attention des autres. C’est en effet cet exemple qui attirera l’attention des gens. Grâce à la prédication régulière, la voie s’ouvrira davantage nous permettant d’avancer encore plus.

Qu’Allah nous accorde l’opportunité d’agir de la sorte.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

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