Sermons 2011

Indépendance, liberté et esclavage : le point de vue de l’Islam – sermon du 25-11-2011

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Mosquée Baitul-Futuh - la plus grande Mosquée en Europe de l'Ouest

Indépendance, liberté et esclavage : le point de vue de l’Islam

par Hadrat Mirza Masroor Ahmad

Nombre de pays africains célèbrent cette année le cinquantième anniversaire de leur indépendance. Et dans le cadre de ces célébrations, l’association panafricaine de la communauté Ahmadiyya organisera une réception dans laquelle participera aussi Sa Sainteté le Calife.

La liberté de conscience et s’être libérer de la servitude sont de grandes faveurs. Il est important pour ces pays africains, qui ont vécu longtemps sous la domination, de célébrer leur indépendance ; c’est un droit qui leur revient. Que Dieu fasse que cette liberté soit absolue et qu’ils ne soient pas asservis de nouveau. Si les intentions sont sincères, si l’honnêteté est là et que l’on profite à bon escient de cette indépendance, le continent africain pourra, un jour, jouer le rôle de leader dans le monde.

Les prophètes viennent libérer les hommes de la servitude des tyrans et du joug des traditions pernicieuses imposées par les soi-disant garants de la religion. Mais dans nombre de cas, les hommes ne comprennent pas cette vérité et rejettent les porte-drapeaux de la liberté. Ils préfèrent la servitude aux souverains de ce monde au lieu de se soumettre à Dieu, le plus grand des rois.

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Sans nul doute le Saint Prophète Muhammad (s.a.w) a présenté, dans toute sa plénitude, le sens de la liberté : il a délivré les hommes de la servitude et des traditions. Dieu lui a conféré le statut de sceau des prophètes et toute excellence est arrivée à son apogée en sa personne.

La délivrance de la servitude est considérée comme une œuvre de grand mérite en Islam. Le Saint Coran en fait mention à maintes reprises et le Saint Prophète Muhammad (s.a.w) nous sert de modèle. Le verset suivant encourage par exemple l’affranchissement des esclaves :

وَآَتَى الْمَالَ عَلَى حُبِّهِ ذَوِي الْقُرْبَى وَالْيَتَامَى وَالْمَسَاكِينَ وَابْنَ السَّبِيلِ وَالسَّائِلِينَ وَفِي الرِّقَابِ

« …et qui, pour l’amour d’Allāh, dépense de l’argent sur les proches parents et sur les orphelins et sur les nécessiteux et sur le voyageur et sur ceux qui demandent de l’aumône et pour affranchir les esclaves ; » (Le Saint Coran, chapitre 2, verset 178)

Le Saint Prophète (s.a.w) déclare par ailleurs que Dieu protégera du feu de l’enfer le musulman qui affranchira un esclave. Le Saint Coran préconise aussi la libération des esclaves comme expiation suite à certains délits. Il est dit que si un croyant a tué, par mégarde, un autre croyant il doit libérer un esclave. Cette sanction est aussi préconisée dans le cas où l’on a tué une personne – musulmane ou pas – appartenant à un peuple avec qui l’on a signé un pacte. La même expiation est aussi prescrite si l’on a violé un serment dans lequel on avait invoqué le nom de Dieu. Ainsi grâce à ces sanctions, l’Islam voulait graduellement mettre fin à toute forme d’esclavage.

L’asservissement était monnaie courante avant l’avènement de l’Islam, mais le Saint Prophète Muhammad (s.a.w) profitait de toute occasion pour encourager les croyants à y mettre fin. Par exemple lorsqu’il y avait des éclipses du soleil il demandait à qui pouvait d’affranchir des esclaves.

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w) faisait tout pour protéger l’honneur et la dignité des captifs. Il y avait sept frères qui en possédaient un et un jour l’un d’entre eux le frappa. Sur ce le Prophète (s.a.w) leur ordonna de le libérer en raison de leur mauvais traitement.

De nombreux compagnons du Saint Prophète (s.a.w) en avaient aussi libérés selon leurs moyens. Il est dit que ‘Uthman Bin ‘Affan (r.a), le troisième calife de l’Islam avait affranchi 20 000 esclaves en une occasion.

Afin de rehausser le statut de cette couche de la société le Saint Prophète Muhammad (s.a.w) disait que l’on doit traiter son esclave comme son frère, le vêtir des mêmes vêtements que l’on porte et le nourrir avec ce qu’on consomme soi-même.

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Après son mariage, Hadrat Khadidja (r.a) confia au Saint Prophète Muhammad (s.a.w) tous ses biens et ses esclaves. Le Prophète les affranchit tous, mais Zaid Bin Harith, qu’il avait pris comme fils adoptif refusa de le quitter, même quand ses parents vinrent le reprendre. Il plaça au-dessus de l’amour parental sa relation avec le Saint Prophète (s.a.w), et préféra s’asservir à lui en raison de sa bienveillance. Ceux qui vilipendent le Saint Prophète Muhammad (s.a.w) peuvent-ils présenter ne serait-ce qu’un exemple d’une si grande magnanimité ?

Le Saint Prophète (s.a.w) a aussi enjoint aux maîtres d’aider leurs esclaves s’ils ont des tâches difficiles à accomplir. En somme le Saint Prophète Muhammad (s.a.w) a changé la définition même de l’esclavage.

À ce propos une orientaliste italienne, le professeur Laura Vaglieri, écrit que l’esclavage existe depuis l’aube de la société humaine, mais ceux qui étaient dans les familles musulmanes étaient mieux traités que les autres. Elle déclare que ce sera le comble de l’injustice que de comparer l’esclavage qui existait en Orient avec celui qu’a connu les Amériques il y a 100 ans de cela. Elle ajoute que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w) débordait de compassion humaine : par exemple, il enjoignait de ne pas dire « celui-ci est mon esclave » mais « c’est mon fils » ou « c’est ma fille ». Elle affirme que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w) a apporté des changements révolutionnaires dans ce chapitre de l’histoire. À l’époque quelqu’un pouvait être réduit à l’esclavage s’il n’arrivait pas à payer ses dettes. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w) n’a pas uniquement réduit l’esclavage mais il a donné des directives qui allait aboutir jusqu’à son abolition.

L’ouvrage du professeur Vaglieri a été traduit et publié en langue anglaise par la Communauté Ahmadiyya des Etats-Unis. Si le livre est libre de droits d’auteur la djama’at doit le publier de nouveau, car il suffit pour clouer le bec aux adversaires de l’Islam.

Le Saint Coran et les Hadith regorgent de préceptes à propos de la liberté et de l’affranchissement des captifs. Et les ahmadis d’origine africaine doivent les présenter à leurs concitoyens, afin qu’ils puissent s’asservir au Saint Prophète Muhammad (s.a.w) et saisir ainsi le sens réel de la liberté.

Dans une société musulmane il ne peut y avoir d’esclaves – musulmans ou pas. Avant son décès le Saint Prophète Muhammad (s.a.w) a demandé aux membres de son Oummah de ne pas oublier ses directives concernant la prière et le bon traitement des esclaves. Mais la grande majorité des musulmans, en particulier ceux qui détiennent les rênes du pouvoir, les ont oubliés : ils négligent les prières, ne ressentent aucune crainte de Dieu et traitent leur peuple comme esclaves.

Voilà en somme les raisons derrière les agitations populaires qui secouent le monde arabe. Untel prend le pouvoir au nom de la démocratie ; il essaye de se faire président à vie pour ensuite léguer cette charge à ses enfants. Il s’entoure de ceux qui l’adulent et qui sont à la recherche de leurs avantages personnels. Ces derniers changent les priorités et les valeurs de ce dirigeant, qui essaye de se maintenir au pouvoir coûte que coûte. Et pour cela il n’hésite pas à faire tuer son peuple.

Les grandes puissances – toujours à la recherche de leurs intérêts – ont ainsi le champ libre pour faire main basse sur les ressources du pays et attisent davantage ces agitations populaires. Ils volent au secours du peuple au nom de « l’aide humanitaire » ; c’est ainsi que débute un nouveau cercle vicieux qui fait reculer le pays 100 ans en arrière et qui transforme cette quête de liberté en servitude.

Les grandes puissances maintiennent au pouvoir les dirigeants de leur choix tant que ces derniers servent leurs intérêts ; les droits bafoués du peuple sont le cadet de leurs soucis. Mais quand leurs vassaux deviennent trop encombrants, ils les renversent au nom de « la liberté du peuple ».

Ces temps-ci les déboires des grandes puissances peinent à disparaître ; ils sont incertains concernant leurs nouveaux « représentants ». Le peuple, quant à lui, nage dans l’incertitude ; il s’est débarrassé d’un tyran pour se placer sous le joug d’un autre. Il ne profite guère des ressources du pays pour avoir une vie meilleure, une bonne éducation, ou pour retrouver ses droits. Il serait fallacieux de croire que cet état des choses va changer bientôt ; car ceux qui prennent les rênes du pouvoir ne cherchent que leurs intérêts.

Les dirigeants « musulmans » font fi des préceptes de l’Islam. Ils bâtissent des palais en or alors que le peuple ne mange pas à sa faim deux fois par jour. On est très loin de l’époque du deuxième calife Hadrat ‘Umar (r.a). Quand les musulmans ne pouvaient plus maintenir leur présence dans les contrées chrétiennes il rappela son armée et remboursa aux chrétiens la taxe qu’ils avaient payée pour leur protection. Mais ces derniers étaient en larmes de voir partir les musulmans car leurs dirigeants ne les avaient jamais traités avec tant d’équité et ils priaient pour que les musulmans reviennent.

Mais aujourd’hui les chefs d’états musulmans spolient les richesses de leur peuple. La justice n’existe plus, la vie et les biens de personnes sont à l’abri. Ces révolutions n’auraient pas secoué ces pays si le pouvoir en place avait garanti la liberté et avait été juste et équitable.

Les « oulémas » ont, quant à eux, fait de la religion leur fond de commerce. Ils profitent de l’ignorance des populations pour imposer des innovations et autres rituels pernicieux. Ils font ainsi porter au peuple un carcan des traditions et les réduisent à l’esclavage. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w) était venu rétablir, quant à lui, les valeurs humaines, comme l’affirme Dieu :

وَيَضَعُ عَنْهُمْ إِصْرَهُمْ وَالْأَغْلَالَ الَّتِي كَانَتْ عَلَيْهِمْ

« … et leur ôte leurs fardeaux et les entraves qui pesaient sur eux… » (Le Saint Coran, chapitre 7, verset 158).

Les pays musulmans auraient dû servir d’exemple de justice d’équité aux autres. Mais nous voyons le contraire. Cette situation va perdurer tant qu’on n’acceptera pas celui qui été envoyé par Dieu, celui qui est venu libérer les hommes de ces chaînes et de ces boulets. Le seul moyen pour que les musulmans retrouvent leur dignité et pour qu’ils se protègent de tous ces troubles c’est d’accepter le Messie Promis (a.s), ce serviteur parfait du Saint Prophète Muhammad (s.a.w).

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Hadrat Mirza Masroor Ahmad
Cinquième Calife
de la Jama’at Ahmadiyya

Le Messie Promis (a.s) déclare que le musulman doit être toujours prêt à s’acquitter de ses devoirs envers Dieu et envers ses congénères. Il doit traiter ces derniers avec bienveillance et aménité. Tant que sa relation avec autrui ne sera pas saine, sa relation avec Dieu ne le sera pas non plus. Traiter avec bienveillance les créatures de Dieu est le reflet de cette relation que nous avons avec le divin.

L’on doit considérer l’autre comme son frère. Si on le méprise l’on ne pourra jamais être juste envers lui. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w) avait fondé une communauté de gens qui avaient sacrifié leur vie pour leur foi et qui n’étaient point hypocrites.

Mais aujourd’hui il n’y a pas un seul leader musulman de cette envergure ; il n’en n’est pas seul qui pourra être juste et équitable, ce qui sert bien les intérêts des grandes puissances. Au nom de la justice on écrit de nouveaux chapitres dans l’histoire de l’injustice. Au nom de la liberté on s’extirpe d’une servitude pour tomber dans une autre. Nombre de ces nations africaines et musulmanes se sont libérées du joug du colonialisme pour se retrouver esclaves de leurs dirigeants. Si les leaders, les oulémas et l’armée – qui de temps en temps prend le pouvoir au nom de la révolution – ne cessent d’usurper les droits des autres ils tomberont à coup sûr sous le coup du châtiment divin.

Et ces chefs d’État citent souvent l’Islam, Dieu et Son Prophète. Mais assument-ils leurs responsabilités ? Ils prêtent serment au nom de Dieu en affirmant qu’ils protégeront les intérêts de la nation, qu’ils seront justes et équitables. Mais dans la pratique on en est bien loin. Ces agitations populaires sont la conclusion logique de tout cela. Le marasme économique, le terrorisme et ces troubles augurent un futur désastreux.

Le Pakistan est indépendant depuis une soixantaine d’années. Mais c’est un pays en déliquescence et l’on ne peut attendre de lendemains meilleurs. S’étant libéré du joug des Britanniques, ce peuple s’est asservi à ses leaders ; et ce nouvel esclavage est encore plus lourd que le précédent.

Le fondateur du Pakistan avait annoncé que les citoyens de toute confession seront égaux et que l’état garantira la liberté de culte. Mais aujourd’hui on accuse à tort les ahmadis en disant qu’ils ont porté atteinte à l’honneur du Saint Prophète Muhammad (s.a.w). Ils pourront nous priver de tous nos droits mais ne pourront jamais nous séparer du Saint Prophète Muhammad (s.a.w). Nos oppresseurs affirment que nous aurons le droit de vote et serons considérés comme citoyens à part entière du Pakistan si nous annonçons que nous ne sommes pas musulmans. Mais tout ahmadi préfère être dépecé en 1000 morceaux que d’accepter une aussi vile liberté.

Tôt ou tard cette humilité et cette servitude montreront les voies de la liberté à ceux qui portent ces chaînes et ces boulets. Que Dieu fasse que le monde puisse saisir cela ; qu’Il le protège des conséquences désastreuses du rejet des prophètes. Qu’Il nous accorde à tous patience et persévérance au cours de cette période difficile.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication de ce résumé)