Sermons 2021

Génèse des conflits en Islam

Dans son sermon du 05 mars 2021 Sa Sainteté le Calife a évoqué les évènements consduisant au martyre du Calife Outhman et aux conflits en Islam.

Sermon du vendredi 05 mars 2021, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

J’évoquais la révolte contre ‘Outhman (r.a.) [dans mon précédent sermon]. Je présente [le reste de] l’analyse du Mouslih Maw’oud (ra) à ce propos. Il a basé la majeure partie de ses conclusions sur les chroniques d’Al-Tabari et a présenté son point de vue à ce propos. Il explique :

« Hormis ces trois-là (c’est-à-dire Muhammad Bin Abi Bakr, Muhammad Bin Houdhayfah et ‘Ammar Bin Yasir), personne à Médine, compagnon ou autre, ne ressentait quelque sympathie pour les rebelles. Tout le monde les maudissait et leur en voulait ; mais ils ne s’en souciaient guère, car tout était sous leur contrôle en ce temps-là. Durant vingt jours, les rebelles ont tenté de convaincre ‘Outhman (r.a.), d’une manière ou d’une autre, d’abdiquer son poste de Calife. Or celui-ci a clairement refusé en déclarant : « Je ne peux ôter la chemise que Dieu m’a fait porter, ni ne puis-je laisser le peuple de Muhammad (s.a.w.) sans protection, à la merci des oppresseurs. »

Il tentait de les persuader de mettre fin aux révoltes et a ajouté : « Aujourd’hui, ces gens fomentent le désordre et haïssent ma personne. Mais quand je ne serai plus, ils diront : « Si seulement chaque jour de la vie d’Outhman était une année et qu’il ne nous ait pas quittés de sitôt ! » car après moi, il y aura une grande effusion de sang, les droits seront violés et la gouvernance prendra une tournure complètement différente. » À ce titre, durant la période des Banou Oumayyah, le califat fut remplacé par une gouvernance séculière et ces rebelles subirent de sévères punitions au point où ils durent renoncer à tous leurs méfaits.

Après vingt jours, les rebelles ont pensé qu’une décision rapide devait être prise de peur que les armées des provinces environnantes n’arrivent et qu’ils ne subissent les conséquences de leurs actions. (Ils se savaient fautifs et que la majorité des musulmans était avec ‘Outhman.)

À cet effet, ils ont interdit à ‘Outhman (r.a.) de quitter sa maison et ont mis fin à son approvisionnement en eau et en nourriture. Ce faisant, pensaient-ils, ‘Outhman (r.a.) serait peut-être contraint d’accepter leurs exigences.

(Mais il avait déclaré qu’il ne pourrait pas enlever la chemise qu’Allah lui avait fait porter.)

L’administration de Médine était maintenant entre leurs mains. Les trois armées acceptèrent collectivement Al-Ghafiqi, le chef de l’armée égyptienne, comme leur commandant. Al-Ghafiqi était ainsi devenu le dirigeant de Médine en ces jours-là. Ashtar commandait l’armée de Koufa. L’armée de Bassora avait à sa tête Hakam bin Jabalah, le malfrat emprisonné à Bassora sur l’ordre d’Outhman (r.a.), pour avoir spolié la richesse des sujets non-musulmans. Tous deux étaient sous le commandement d’Al-Ghafiqi. Une fois de plus, cela prouve que les rebelles d’Egypte – là où ‘Abdoullah bin Saba était à l’œuvre – étaient la source de ce conflit. Al-Ghafiqi dirigeait les prières dans la mosquée Al-Nabawi tandis que les compagnons du Saint Prophète (s.a.w.) soit demeuraient enfermés chez eux, soit étaient contraints de prier derrière lui.

Les rebelles ne tourmentèrent pas tant les gens jusqu’au moment où ils décidèrent d’assiéger la demeure d’Outhman (r.a.). Dès qu’ils l’assiégèrent, ils commencèrent à opprimer d’autres personnes. Au lieu d’être Dâr al-Amân (terre de paix et de sécurité), Médine était devenue Dâr al-Harb (terre de guerre). Le respect et l’honneur des habitants de Médine étaient en péril ; personne ne sortait plus sans armes ; et les rebelles tuaient toute personne qui les affrontait.

Quand les rebelles avaient encerclé ‘Outhman (r.a.) et outrepassé toutes les limites, en lui interdisant l’accès à l’eau, il envoya le fils d’un voisin chez ‘Ali (r.a.), Talhara, Zoubayr (r.a.) et les Oummahât al-Mou’minine (mères des croyants) pour solliciter leur aide. « Les rebelles ont même coupé notre approvisionnement en eau, leur a-t-il fait dire. S’il vous plaît, fournissez-nous de l’eau si cela vous est possible. »

‘Ali (r.a.) était le premier à arriver de parmi les hommes. Il avertit les rebelles en ces termes : « C’est quoi ce comportement ? Vos actions ne ressemblent ni à celles des croyants ni à celles des mécréants. N’interdisez pas l’accès en eau et en nourriture à ‘Outhman (r.a.). Même les Romains et les Persans accordaient de la nourriture et de l’eau à leurs prisonniers. Selon la pratique islamique, votre conduite est inacceptable. D’ailleurs, quel mal ‘Outhman (r.a.) vous a-t-il fait au point que vous estimiez qu’il est passible d’emprisonnement et mérite la mort ? »

L’exhortation d’Ali (r.a.) n’eut aucun effet sur eux. Ils déclarèrent : « Quelle que soit la situation, nous lui interdirons tout approvisionnement en nourriture et en eau. »

C’était là la réplique des rebelles à celui qu’ils estimaient être le Wasiyy (exécuteur testamentaire) du Saint Prophète (s.a.w.) et son véritable successeur. Cela ne suffit-il pas pour prouver que les gens de ce groupe – clamant qu’Ali (r.a.) était le Wasiyy – n’avaient pas quitté leurs domiciles pour soutenir la vérité ou par amour pour les Ahl al-Bayt mais uniquement pour assouvir leurs ignobles désirs ?

Oumm Habibah (r.a.) fut la première de parmi les Oummahât al-Mou’minin à venir en aide à ‘Outhman (r.a.). Montée sur une mule, elle a apporté une gourde d’eau avec elle. Cependant, son véritable objectif était de sauvegarder tous les testaments des orphelins et des veuves appartenant aux Banou Omayyah et qui étaient en possession d’Outhman (r.a.). Quand elle a su que les rebelles avaient arrêté la fourniture en eau d’Outhman (r.a.), elle est devenue soucieuse à l’idée qu’ils pourraient détruire ces testaments aussi, d’où son désir de préserver ces documents à tout prix. Après tout, il y avait d’autres moyens par lesquels elle pouvait lui faire parvenir l’eau.

Lorsque Oumm Habibah (r.a.) avait atteint la porte d’Outhman (r.a.), et juste au moment où les rebelles étaient sur le point de l’arrêter, les gens ont lancé : « C’est la mère des croyantes, Oumm Habibah (r.a.) ! » Néanmoins, les rebelles ont persisté et ont commencé à battre sa mule. Oummi Habibah (r.a.) la mère des croyants a expliqué aux rebelles : « Je crains que les testaments des orphelins et des veuves des Banou Omayyah soient détruits. Pour cette raison, je souhaite entrer et prendre des dispositions pour les protéger. » Mais, ces infâmes ont rétorqué à l’épouse bénie du Saint Prophète (s.a.w.) : « Tu mens ! » Les rebelles ont attaqué sa mule et coupé les sangles de son bât. La selle est tombée d’un côté. Oumm Habibah (r.a.) était sur le point de tomber et de finir en martyre sous les pieds des rebelles, quand quelques habitants de Médine, qui étaient à proximité, ont couru à son secours et l’ont escortée chez elle.

C’était là le traitement qu’ils ont infligé à l’épouse bénie du Saint Prophète (s.a.w.). Oumm Habibahra avait une grande loyauté et beaucoup d’amour pour le Saint Prophète (s.a.w.). Son père, qui était le chef de l’Arabie et qui avait le statut d’un roi à la Mecque, s’était rendu à Médine pour une mission politique spéciale après une séparation de quinze ou seize ans. Il était parti voir Oumm Habibah, sa fille. Quand il s’apprêtait à s’asseoir sur le lit du Saint Prophète (s.a.w.), Oumm Habibah a tiré les draps car elle ne pouvait tolérer que le corps impur d’un idolâtre pût effleurer le tissu saint du Messager de Dieu.

(Elle n’a donc pas laissé son père s’asseoir [sur le lit du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.)])

En l’absence du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), Oumm Habibah (r.a.) a préservé la sainteté même de son vêtement : ces rebelles, quant à eux, n’ont même pas montré la vénération requise à l’endroit de cette épouse bénie en son absence. Ces imbéciles disaient que l’épouse du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) mentait, quoiqu’elle disait la vérité. ‘Outhman (r.a.) était le gardien des orphelins des Banou Omayyah. En voyant monter leur hostilité, sa crainte que les biens des orphelins et des veuves soient en danger a été avérée. Les vrais menteurs étaient ceux qui s’ingéniaient à détruire la foi tandis qu’ils revendiquaient un amour pour le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Oumm Habibah (r.a.), la mère des croyants, ne mentait pas. Les Compagnons (r.a.) et les résidents de Médine ont été mis en état de choc quand les nouvelles du traitement infligé à Oummi Habibah (r.a.) se sont répandues dans toute la ville de Médine. Ils comprirent qu’il était inutile d’espérer quelque bien de la part des rebelles. Durant ces jours, ‘Aïcha (r.a.) a décidé d’accomplir le Hajj et a commencé ses préparatifs pour le voyage. Lorsqu’on a appris qu’elle était sur le point de quitter Médine, certains lui ont demandé de rester : sa présence serait peut-être utile pour mettre fin au conflit et aura peut-être un effet sur les rebelles. Cependant, elle a refusé en disant : « Voulez-vous que je reçoive le même traitement qu’Oumm Habibah ? Par Dieu ! Je ne peux pas mettre mon honneur en péril (car c’était celui du Saint Prophète (s.a.w.)). Si je suis leur cible d’une quelconque manière, comment assurer ma protection ? Dieu Seul sait jusqu’où iront ces rebelles dans leur malveillance et quel en sera le résultat ! » Elle a essayé de mettre à l’œuvre un autre plan au moment où elle était en passe de quitter Médine ; si elle avait réussi, ce conflit aurait diminué d’intensité dans une certaine mesure. Elle a envoyé un message à son frère, Muhammad bin Abi Bakr, lui demandant de l’accompagner pour le Hajj, mais celui-ci a refusé.

(Il s’était joint aux rebelles en raison de son manque de connaissance, de son jeune âge ou de sa foi chancelante.)

Alors, ‘Aïcha (r.a.) a dit : « Que dois-je faire ? Je suis impuissante. Si j’en avais la force, je ne permettrais jamais à ces rebelles de parvenir à leurs fins. »

‘Aïcha (r.a.) s’est rendue pour le Hajj et certains compagnons qui étaient en mesure de le faire ont également quitté Médine. Les autres sont demeurés dans leurs maisons, à l’exception de certains éminents Compagnons (r.a.). En fin de compte, même ‘Outhman (r.a.) a estimé que ces rebelles ne feront pas preuve de clémence. Il a envoyé une lettre à tous les gouverneurs des provinces dont le résumé est comme suit :

« Après Abou Bakr (r.a.) et ‘Oumar (r.a.), sans aucun désir de ma part, ni à ma demande, j’ai été inclus parmi ceux dont la tâche était de tenir les consultations concernant le (choix) du Calife. Puis, j’ai été élu au poste de Calife sans aucun désir ni requête de ma part. Sans faillir, j’ai continué les œuvres que les Califes précédents avaient entrepris et je n’ai pas introduit d’innovations dans la religion. Cependant, la graine du mal était plantée dans les cœurs de certains individus. La malveillance ayant germé, ils ont commencé à comploter contre moi. Ils disaient une chose aux gens tandis qu’ils en cachaient une autre dans leurs cœurs. Ils ont porté des accusations contre moi, tout comme on en a portées contre les Califes qui m’ont précédé. Néanmoins, je suis resté silencieux. En abusant de ma magnanimité, ils ont crû encore plus dans leurs méfaits. En fin de compte, ils ont attaqué Médine comme des mécréants. S’il vous plaît, prenez les dispositions nécessaires, si vous êtes en mesure de le faire. »

Quelques jours plus tard, ‘Outhman (r.a.) a écrit aux pèlerins partis accomplir le Hajj. Voici la lettre en substance : « J’attire votre attention vers Dieu et vous rappelle Ses faveurs. Ces temps-ci, certains fomentent des troubles et s’activent à semer la division en Islam. Cependant, ils n’ont même pas compris que c’est Dieu Qui nomme le Calife, tout comme Il l’affirme (dans ce verset) :

وَعَدَ اللَّهُ الَّذِينَ آمَنُوا مِنْكُمْ وَعَمِلُوا الصَّالِحَاتِ لَيَسْتَخْلِفَنَّهُمْ فِي الْأَرْضِ

« Allah a promis à ceux d’entre vous qui croient, et qui font de bonnes œuvres, qu’Il fera assurément d’eux des Successeurs sur la terre. »

Par ailleurs, ils n’ont pas mesuré (l’importance de) l’unité, quoique Dieu, l’Exalté, ait commandé (dans ce verset) :

وَاعْتَصِمُوا بِحَبْلِ اللَّهِ جَمِيعًا

« Et cramponnez-vous ensemble à la corde d’Allah »

Ils ont accepté les paroles mes accusateurs et ont bafoué ce commandement du Saint Coran :

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آمَنُوا إِنْ جَاءَكُمْ فَاسِقٌ بِنَبَإٍ فَتَبَيَّنُوا

« Ô vous qui croyez ! Si une personne injuste vous apporte quelque nouvelle, assurez-vous bien de son exactitude. »

Ils n’ont même pas respecté la Bay’ah (serment d’allégeance) qu’ils m’avaient prêtée, tandis qu’Allah l’Exalté a déclaré concernant le Saint Prophète (s.a.w.) :

إِنَّ الَّذِينَ يُبَايِعُونَكَ إِنَّمَا يُبَايِعُونَ اللَّهَ

« En vérité, ceux qui te prêtent serment d’allégeance, prêtent en fait serment à Allah. »

Et je suis le successeur de ce Noble Messager (s.a.w.).

(C’est-à-dire que ce commandement s’appliquait aussi à sa personne.)

Aucune nation ne peut progresser sans un leader et s’il n’y a pas d’Imam, la communauté est destinée à la ruine et à la destruction. Ces gens souhaitent détruire et ruiner l’Oummah musulmane : ceci est leur seul objectif. J’avais accepté leur souhait et j’avais promis de changer certains gouverneurs mais en dépit de cela, ils n’ont nullement évité la malveillance.

Maintenant, ils exigent une de ces trois options. Tout d’abord, ils exigent que tous ceux qui ont été punis durant mon règne soient vengés. Si je m’y oppose, je devrai démissionner de la fonction de Calife et ils nommeront un autre à ma place. Si je refuse d’obtempérer, ils menacent d’envoyer un message à tous leurs fidèles leur intimant l’ordre de ne plus m’obéir.

La réponse à la première demande est que les Califes avant moi avaient aussi commis des erreurs de jugement mais n’étaient jamais punis.

(Les premiers Califes n’ont pas compensé les erreurs de jugements qu’ils ont commis et ils n’ont pas été punis à cet égard. Et j’ai suivi la même pratique.)

Par ailleurs, quel autre motif derrière tant de punitions sur ma personne, sinon me tuer ?

(Vous réclamez des compensations ou ma punition : vous souhaitez uniquement me tuer.)

Quant à ma démission du poste de Calife, ma réplique est ceci : j’accepte volontiers qu’ils me dépècent en morceaux avec des pinces, mais je ne renoncerai jamais au poste de Calife.

(C’est Dieu qui m’a fait porter cette chemise et je n’abandonnerai jamais ce poste.)

Le troisième point est que (si je ne suis pas d’accord avec ce qui est susmentionné), ils enverront leurs hommes partout pour demander aux musulmans de ne plus m’obéir. Or je ne serai pas tenu responsable devant Dieu si ces gens souhaitaient violer la Charia. D’ailleurs, je ne les avais pas contraints de me prêter allégeance. Ni moi ni Dieu ne sommes contents de l’action de celui qui souhaite rompre son pacte. Bien sûr, telle personne peut agir à sa guise. »

Les premiers jours du pèlerinage s’approchaient à grands pas et les gens convergeaient de tous les coins vers La Mecque. ‘Outhman (r.a.) a nommé ‘Abdoullah bin ‘Abbas (r.a.) comme Emir du Hajj et l’a dépêché (à la Mecque) de peur que les rebelles aillent également y semer le désordre. Ainsi, ‘Abdoullah bin ‘Abbas (r.a.) pourrait encourager les musulmans rassemblés pour le Hajj à fournir assistance aux habitants de Médine.

Mais ‘Abdoullah bin ‘Abbas (r.a.) répondit : « Je préfère mener le djihad contre ces gens. » Cependant, ‘Outhman (r.a.) le contraignit à se rendre au pèlerinage et de s’acquitter de ses obligations d’Emir du Hajj afin, d’une part, d’empêcher les rebelles d’y répandre leur malveillance et d’autre part d’exhorter les pèlerins à venir en aide aux habitants de Médine. La lettre susmentionnée d’Outhman (r.a.) a été envoyée par l’entremise d’Abdoullah Bin ‘Abbas. Lorsque les rebelles prirent connaissance de ces lettres, ils accentuèrent davantage les violences. Ils commençaient à chercher une excuse afin de pouvoir assassiner ‘Outhman (r.a.). Tous leurs efforts furent cependant vains et ‘Outhman (r.a.) ne leur offrit aucune opportunité pour commettre leurs méfaits.

En fin de compte, frustrés, les rebelles décidèrent d’envoyer des pierres sur la maison d’Outhman (r.a.) la nuit tombée quand tout le monde serait endormi. Ils souhaitaient provoquer les membres de la famille qui riposteraient en jetant à leur tour des pierres. Ainsi, les rebelles pourraient dire que la famille d’Outhman (r.a.) était à l’origine de l’attaque et ils avaient été contraints de riposter. Or, ‘Outhman (r.a.) interdit à tous les membres de sa famille de riposter. Un jour, profitant de l’occasion, il s’approcha du mur et dit : « Ô gens ! À vos yeux je suis un pécheur, mais quel tort les autres ont-ils commis ? Quand vous envoyez des pierres, vous risquez aussi de blesser d’autres personnes. »

Les rebelles nièrent le fait qu’ils avaient envoyé des pierres. ‘Outhman (r.a.) demanda : « Si vous ne les avez pas envoyées, qui l’a fait ? » Les rebelles répliquèrent : « Dieu les a probablement envoyées. » (Qu’Allah nous en préserve !)  Sur ce, ‘Outhman (r.a.) répondit : « Vous mentez ! Si Dieu, l’Exalté avait envoyé des pierres sur nous, aucune n’aurait raté (sa cible). Mais celles que vous lancez ratent leur cible. » Après avoir dit cela, ‘Outhman (r.a.) les laissa à leur œuvre. Bien que les Compagnons (r.a.) ne pussent pas être en compagnie d’Outhman (r.a.) ils n’étaient pas, pour autant, négligents envers leur devoir. Par sagesse, ils avaient scindé leur tâche en deux groupes. Ceux qui étaient âgés et qui, en raison de leurs vertus morales, jouissaient d’une grande influence sur la population, passaient leur temps à conseiller les autres. Ceux qui ne bénéficiaient pas d’une telle influence ou qui étaient jeunes ne ménageaient aucun effort pour protéger ‘Outhman (r.a.).

Dans le premier groupe se trouvait ‘Ali (r.a.) et Sa’d bin Waqqas (r.a.), le conquérant de la Perse, qui s’échinaient à mettre un terme au conflit. ‘Ali (r.a.) avait consacré tout son temps à cette cause, laissant de côté ses autres activités. ‘Abdour-Rahman, un témoin oculaire de ces événements, relata : « Au cours de la période trouble, ‘Ali (r.a.) avait abandonné toutes ses activités. De jour comme de nuit, il tentait de calmer la colère des ennemis d’Outhman (r.a.) et de mettre fin à ses souffrances. Suite à un retard dans la fourniture en eau du Calife ‘Outhman (r.a.), il a été très en colère contre Talhara, qui était préposé à cette tâche. ‘Ali (r.a.) n’était pas tranquille tant que l’eau n’était pas parvenue à la demeure du Calife. »

Un par un, ou deux par deux, dès que l’occasion se présentait, le deuxième groupe se rassemblait dans la demeure d’Outhman (r.a.) ou dans les maisons voisines. Ce groupe s’était fermement résolu à offrir sa vie pour protéger ‘Outhman (r.a.). Outre les enfants d’Ali (r.a.), de Talha (r.a.) et de Zoubayr (r.a.), certains Compagnons (r.a.) faisaient également partie de ce groupe.

Ces hommes gardaient la maison du Calife ‘Outhman (r.a.), de jour comme de nuit, et interdisaient à tout ennemi l’accès au Calife ‘Outhman (r.a.). Bien que ce petit nombre était incapable d’affronter une si grande armée, et que les rebelles cherchaient un prétexte pour assassiner ‘Outhman (r.a.), ces derniers n’ont pas forcé davantage.

Ces événements mettent en exergue le dévouement exemplaire d’Outhman (r.a.) pour le bien-être de l’islam et nous laisse bouche-bée. Une armée de trois mille rebelles campait à sa porte et il n’avait préparé aucune stratégie pour se protéger. Voire, il tentait même d’arrêter ceux qui tentaient de le sauver en disant : « Partez ! Ne mettez pas vos vies en danger. Ils nourrissent de l’inimitié uniquement contre moi et n’ont pas d’objection contre vous. »

Sa clairvoyance présageait le moment où l’islam serait en grand danger entre les mains de ces rebelles : son unité apparente ainsi que son système spirituel seraient sur le point d’être détruits. ‘Outhman (r.a.) savait que chacun des Compagnons aurait pour responsabilité la protection de l’islam. C’est pour cette raison, qu’il ne voulait pas que les Compagnons (r.a.) perdissent leurs vies dans une vaine tentative de sauver la sienne : à cet égard, il leur conseillait de ne pas résister aux rebelles. Il souhaitait que ceux qui avaient joui de la compagnie du Messager d’Allah, fussent protégés dans la mesure du possible afin de dissiper les troubles qui allaient poindre à l’avenir.

Malgré ses instructions, les Compagnons (r.a.) qui pouvaient atteindre sa maison ne manquèrent pas à leurs obligations. Ils accordèrent priorité au danger présent sur les dangers à venir. Si les vies (celles des Compagnons (r.a.)) étaient saines et sauves en ce temps-là, c’était uniquement parce que les rebelles n’éprouvaient pas le besoin de s’empresser et cherchaient une excuse (afin d’assassiner ‘Outhman (r.a.)).

En fin de compte, il était impossible d’attendre plus longtemps : le message émouvant d’Outhman (r.a.) aux musulmans rassemblés pour le Hajj avait été présenté aux pèlerins. Cette voix retentissait d’un bout à l’autre de la vallée de la Mecque. Ne voulant pas être privés de la récompense spirituelle du djihad après celle du Hajj, les pèlerins musulmans étaient [désormais] décidés à anéantir les rebelles d’Égypte et leurs acolytes après leurs rites. Les espions rebelles avaient informé leurs compères de cette intention et l’agitation gagna leur camp : les spéculations prenaient de l’ampleur et suggéraient qu’il n’y avait plus d’autre option que de tuer ‘Outhman (r.a.). S’ils ne le faisaient pas, ils seraient certainement massacrés par les musulmans. Leur détresse fut intensifiée par les nouvelles que les lettres d’Outhman (r.a.) avaient atteint la Syrie, Koufa et Bassora : les musulmans de ces contrées qui attendaient déjà les ordres d’Outhman (r.a.), étaient encore plus furieux à la lecture de ces lettres. Par ailleurs, les Compagnons (r.a.) – ayant compris leur devoir – avaient attiré l’attention de tous les musulmans sur leurs obligations dans les mosquées et au cours des rassemblements et avaient émis le verdict d’accomplir le Jihad contre les rebelles. Les Compagnons (r.a.) disaient : « Celui qui n’accomplit pas le Jihad en ce jour ressemble à celui qui n’a jamais rien fait. » À Koufa, ‘Ouqbah bin ‘Amir (r.a.), ‘Abdoullah bin Abi ‘Aufa (r.a.), Hanzalah bin Rabi’al-Tamimi (r.a.) et d’autres nobles Compagnons (r.a.) avaient exhorté les gens à venir en aide aux habitants de Médine. ‘Imran bin Houssayn (r.a.), Anas bin Malik (r.a.), Hicham bin ‘Amir (r.a.) et d’autres Compagnons (r.a.) en avaient fait de même à Bassora. En Syrie, ‘Oubadah bin Samit (r.a.), Abou Amamah et d’autres Compagnons (r.a.) avaient persuadé les musulmans de répondre à l’appel de ‘Outhman (r.a.). Kharijah et d’autres en avaient fait de même en Egypte. Les armées de chaque province avaient conjugué leurs forces et marchaient sur Médine.

Les rebelles étaient aux abois suite à ces nouvelles. Finalement, ils attaquèrent le domicile d’Outhman (r.a.), et cherchèrent à y pénétrer de force. Les Compagnons (r.a.) les affrontèrent et une bataille féroce s’ensuivit. Bien que les Compagnons (r.a.) fussent peu en nombre, leur amour pour la foi combla ce désavantage. Les rebelles ne purent profiter de leur supériorité numérique car la zone de la bataille située devant la maison d’Outhman (r.a.), était exiguë. Quand ‘Outhman (r.a.) fut mis au courant de cette bataille, il interdit aux Compagnons (r.a.) d’y prendre part.

Or, abandonner ‘Outhman en pareille occasion était pour eux contraire à l’honnêteté et à l’obéissance. En dépit du fait qu’Outhman eût juré au nom de Dieu, ils refusèrent de le quitter. En fin de compte, ‘Outhman (r.a.) prit un bouclier, sortit et fit rentrer les Compagnons (r.a.) à l’intérieur de sa maison. Il ferma les portes et conseilla les Compagnons (r.a.) et leurs assistants en ces termes :

« Dieu ne vous a pas accordé ce monde afin que vous vous y empêtriez. Il vous a accordé ce monde afin que par ce moyen vous puissiez réunir les provisions de l’Au-delà. Ce monde disparaîtra et l’Au-delà est éternel. Ne vous laissez pas distraire par ce qui est éphémère. Accordez préséance à l’éternel sur ce qui est temporaire. Sachez que vous rencontrerez Dieu et ne laissez pas votre communauté se diviser. N’oubliez pas les faveurs divines quand vous étiez au bord d’un gouffre et que Dieu vous en avait sauvés de par Sa grâce et vous avait rendus comme des frères. »

Ayant prononcé ces mots il les renvoya en disant : « Puisse Dieu, le Très-Haut, être votre Gardien et votre Aide ! Partez tous maintenant et faites venir ces Compagnons qu’on a interdits de me rencontrer, en particulier ‘Ali (r.a.), Talha (r.a.) et Zoubayr (r.a.). »

Ces compagnons s’en allèrent et d’autres furent appelés. Il y avait un tel chagrin dans l’air que même les rebelles n’y étaient pas insensibles.

(Temporairement, quand ‘Outhman a renvoyé ces compagnons et qu’il est sorti, les rebelles n’ont pas lancé d’attaque. Il est sorti et a réuni les grands compagnons.)

Et pourquoi n’en serait-il pas ainsi ? Tout le monde pouvait voir qu’une lampe allumée par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), ayant complété sa vie dans le monde, s’apprêtait maintenant à disparaitre de la surface de la terre. Les rebelles levèrent le blocus et tous les Compagnons (r.a.) purent se réunir. Quand tout le monde fut rassemblé, ‘Outhman (r.a.) monta sur le mur de sa maison et déclara : « Approchez-vous de moi. » Quand ils étaient tout près de lui, ‘Outhman (r.a.) déclara : « Ô gens ! Asseyez-vous. » Sur ce, les Compagnons (r.a.) se sont assis et, affectés par le caractère révérenciel de l’assemblée, même les rebelles s’assirent. ‘Outhman (r.a.) dit :

« Ô peuple de Médine ! Je vous confie à Dieu le Très-Haut. Implorez-Le, afin qu’après moi Il vous accorde un meilleur dirigeant. Après ce jour, jusqu’à ce que Dieu le Très-Haut émette un décret à mon sujet, je ne sortirai plus de chez moi et je ne confierai à personne une autorité par laquelle il pourra régner sur vous en matière de religion ou de ce monde. Je laisse à Dieu le soin de choisir celui qu’Il voudra pour continuer Son œuvre. »

Ensuite, par amour pour Allah, il exhorta les Compagnons (r.a.) et les habitants de Médine à ne pas mettre leur vie en danger en le protégeant et de retourner chez eux.

Cette instruction d’Outhman (r.a.) créa un grand désaccord, inconnu jusqu’à lors, entre les Compagnons (r.a.). Ces derniers ne savaient rien d’autre qu’obéir à tout commandement. Mais obéir à cette instruction en ce jour, était aux yeux de certains une forme de trahison, un acte contraire même à l’obéissance. D’autres Compagnons (r.a.) préfèrent accorder la primauté à l’obéissance et, contre leur gré désormais, renoncèrent à leur intention de combattre les rebelles. Peut-être pensaient-ils que leur devoir était uniquement d’obéir et qu’il n’était pas de leur ressort de réfléchir aux conséquences de leur obéissance à ce commandement. D’autres Compagnons (r.a.) refusèrent par contre d’obéir à cet ordre, sachant très bien qu’ils étaient dans l’obligation d’obéir au Calife : mais si ce dernier demandait aux gens de l’abandonner, cela équivaudrait à couper leurs liens avec le Calife. Pareille obéissance engendrerait en fait la rébellion. En outre, ils savaient aussi qu’Outhman (r.a.) les avait renvoyés à la maison afin de protéger leur vie. Comment pouvaient-ils abandonner une telle personne, pleine d’amour, en danger et retourner chez eux ? (Pareille action était impossible.) Tous les éminents Compagnons (r.a.) étaient de cet avis. Ainsi, en dépit de cet ordre, les fils d’Ali (r.a.), de Talha (r.a.) et de Zoubayr (r.a.), sous les ordres de leurs pères respectifs, montèrent la garde devant la véranda d’Outhman (r.a.) et ne rangèrent pas leurs épées dans leurs étuis.

L’anxiété et l’angoisse des rebelles étaient à son comble quand petit à petit ceux qui avaient accompli le Hajj commencèrent à rentrer à Médine : ils étaient certains que le temps de leur jugement était très proche. Après avoir accompli le Hajj, Moughirah bin Al-Akhnas fut le premier à rentrer à Médine afin de mériter la récompense du Jihad. Dès son arrivée, les rebelles reçurent les nouvelles que l’armée de Bassora, qui était en route pour aider les musulmans, avait atteint Sirar, à une journée de route de Médine. Acculés par ces nouvelles, les rebelles décidèrent qu’il était maintenant vital d’accomplir leur objectif coûte que coûte.

Les Compagnons (r.a.) et leurs amis qui avaient refusé d’abandonner ‘Outhman (r.a.) en dépit de son interdiction et qui avaient déclaré « Quelle réponse offrirons-nous à Dieu si nous t’abandonnons en dépit d’avoir la force de combattre ? », ces compagnons étaient maintenant de garde à l’intérieur de la maison en raison de leur petit nombre. Il n’était pas difficile aux rebelles d’atteindre la porte. Ils rassemblèrent un tas de bois à l’extérieur de la porte et y mirent le feu : une fois brûlée ils pourraient se frayer un passage. Vu cette situation les Compagnons (r.a.) estimèrent qu’il était inapproprié de demeurer à l’intérieur et souhaitèrent sortir pour combattre. Or, ‘Outhman (r.a.) les en empêcha, déclarant : « Que peut-il arriver de plus grave après le fait d’avoir mis le feu à la maison ? Ce qui devait arriver, est arrivé. Ne mettez pas votre vie en péril : retournez chez vous. Ces gens nourrissent l’inimitié contre moi seul, mais bientôt, ils seront pris de remords en raison de leurs actions. J’absous toute personne de l’obligation de m’obéir et renonce à mon droit sur vous. »

Or, les Compagnons (r.a.) et les autres refusèrent et sortirent l’épée à la main. Leur départ de la maison, coïncida avec l’arrivée d’Abou Hourayrahra. Bien que n’étant pas un combattant, il déclara : « Existe-t-il de bataille supérieure à la celle d’aujourd’hui ? » Se tournant dans la direction des rebelles il déclara :

يَا قَوْمِ مَا لِي أَدْعُوكُمْ إِلَى النَّجَاةِ وَتَدْعُونَنِي إِلَى النَّارِ

« O mon peuple, pourquoi m’invitez-vous vers le feu quand je vous invite vers le salut ? »

Cette bataille fut exceptionnelle. Une poignée de Compagnons (r.a.) qui purent se rassembler en un instant, combattaient désespérément contre cette grande armée. Ce jour-là, même l’Imam Hassanra, qui était extrêmement épris de paix et qui, en fait, était un prince de la paix, a attaqué l’ennemi en récitant [des vers] en mètre rajaz. Les couplets récités par l’Imam Hassanra et Muhammad bin Talhah ce jour-là méritent mention étant donné qu’ils démontrent leur sincérité en cet instant-là.

L’Imam Hassanra récitait le couplet suivant en attaquant les rebelles :

لَا دِيْنُهُمْ دِيْنِيْ وَلَا أَنَا مِنْهُمْ حَتَّى أَسِيْرَ إِلىٰ طَمَارِ شَمَامِ

« Leur foi n’est pas la mienne, et je n’ai rien à voir avec eux ; je les combattrai jusqu’à ce que j’atteigne le sommet du mont Chamam. »

Chamam est une montagne en Arabie : atteindre son sommet signifie arriver à son but. L’Imam Hassanra déclarait qu’il combattrait les rebelles jusqu’à ce qu’il atteigne son objectif et qu’il ne ferait pas la paix avec eux, car leur désaccord n’était pas insignifiant ; et sans une victoire absolue, les croyants ne pourraient renouer les relations avec eux. Telles étaient les pensées de ce prince de la paix. Prenons maintenant les vers en mètre rajaz du fils de Talhara qui dit :

أَنَا ابْنُ مَنْ حَامٰى عَلَيْهِ بِأُحَدٍ وَرَدَّ أَحْزَابًا عَلىٰ رَغْمِ مَعَدٍّ

« Je suis le fils de celui qui a protégé le Saint Prophète (s.a.w.) le jour d’Ouhoud et défait les Arabes (confédérés), malgré tous leurs efforts. »

En d’autres termes, ce jour était analogue au jour d’Ouhoud ; tout comme son père avait offert sa main pour être transpercée de flèches afin de protéger le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), lui, son fils en ferait de même.

‘Abdoullah bin Zoubayr (r.a.) avait également participé à cette bataille et fut grièvement blessé. Marwan avait lui aussi subi de graves blessures et de justesse avait échappé à la mort. Moughirah bin al-Akhnas fut tué. Quand celui qui avait attaqué Moughirah le vit mourir de ses blessures, il s’écria :

إِنَّا لِلَّهِ وَإِنَّا إِلَيْهِ رَاجِعُونَ

Le chef de l’armée le réprimanda : « Exprimes-tu des regrets à une occasion de bonheur ! » Le tueur rétorqua :

« Hier soir, j’ai vu dans un rêve une personne annonçant : « Donnez la nouvelle de l’enfer au tueur de Moughirah. » Etant son meurtrier, je dois en être attristé. »

Outre ceux mentionnés ci-dessus, d’autres furent également blessés et tués. Le groupe chargé de protéger ‘Outhman (r.a.) se réduisait. Si, malgré un avertissement céleste, d’une part les rebelles persistaient à combattre le groupe aimé de Dieu, d’autre part les dévots n’ont pas faibli, offrant un excellent exemple de foi. Malgré le fait que la plupart des gardes fussent tués ou blessés, un petit groupe continuait de protéger la porte sans faiblir.

Je présenterai la suite le [prochain] vendredi, Incha Allah. Je vous demande de nouveau de prier pour les ahmadis du Pakistan. En Algérie on est en train d’ouvrir de nouveaux dossiers [contre les ahmadis]. Qu’Allah soulage tous ces ahmadis ; qu’Il mette fin aux persécutions infligées par les adversaires ; et qu’Il facilite [la vie des ahmadis]. Après les prières, j’accomplirai la prière funéraire de certains ahmadis. Je les mentionnerai également ici. Ces prières funéraires seront en l’absence des dépouilles.

Le premier défunt se nomme le très respecté Maulvi Muhammad Najib Khan Sahib, Naib Nazir Da’wat ilAllah du sud de l’Inde et [résident à] Qadian. Il était [le fils] du regretté Maître BM Muhammad de la Jama’at Ahmadiyya de Kakkanad du district d’Arnakalam, dans la province du Kerala. Il est décédé le 14 février des suites d’une crise cardiaque. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Par la grâce d’Allah, il était Moussi. Il laisse derrière lui sa veuve, trois fils qui sont tous membres du plan béni de Waqf-e-Nao. Un fils étudie à la Jamia Ahmadiyya. Le défunt n’était pas un ahmadi de naissance, mais lorsqu’il atteignit l’âge de 17 ans, son père lui présenta la Jama’at Ahmadiyya. Suite à quoi, il avait commencé à étudier la littérature Jama’at dont le livre La Philosophie des Enseignements de l’Islam. Il a demandé un jour à son père : « À quel âge un enfant peut-il prendre ses propres décisions ? » Ce à quoi le père du défunt a dit qu’une personne peut prendre ses propres décisions à l’âge de dix-sept ou dix-huit ans. Sur ce, il a rejoint le Jama’at par l’entremise de Maulana Muhammad Alvi Sahib. En ce qui concerne le serment d’allégeance, Maulana Alvi Sahib raconte que dans un rêve il avait vu de nombreuses étoiles se dirigeant vers lui, dont une petite étoile qui s’approchait très vite. L’étoile faisait référence au regretté Maulvi Muhammad Najib Khan. En tout cas, il a été le premier à prêter le serment d’allégeance dans sa famille. Son père connaissait la Jama’at mais n’avait pas embrassé l’Ahmadiyya. Plus tard, grâce aux efforts du défunt, la mère, les frères et le père ont prêté le serment allégeance. Après avoir prêté serment d’allégeance, le défunt s’est enrôlé dans la Jama’at Ahmadiyya suite à un rêve et a décidé de servir la communauté en tant que Wâqif-e-Zindagi. Après avoir obtenu son diplôme, il a été affecté en Inde. Il a d’abord travaillé comme missionnaire à Chandigarh puis dans divers endroits. Puis, je l’avais nommé Naib Nazir Da’wat-ilAllah ainsi qu’adjoint du responsable du département Noor-ul-Islam – qui accomplit un très bon travail de prédication, notamment là où il a travaillé. Il était très respectueux des pratiques du jeûne et la Salat, en particulier de la prière de Tahajjoud. Il était loyal et dévoué envers le Califat pour lequel il ressentait un véritable amour.

Il a toujours exécuté toute tâche avec sincérité, sérieux et ponctualité. Selon sa nature, il prenait son travail très au sérieux et l’accomplissait à temps. Il mettait un accent particulier sur les actes d’adoration et attirait également l’attention de sa famille à ce propos. Il s’acquittait également avec zèle de ses devoirs envers autrui.

Shiraz Sahib, responsable du département Noor-ul-Islam, écrit que le défunt avait l’habitude de prier régulièrement dans le Bait-ud-Du’a. Il était très noble et avait une passion pour le service désintéressé de la religion.

Il était occupé à accomplir les objectifs fixés par les Califes dans les domaines de la formation et de la prédication. Il avait également aidé à traduire des livres de la Jama’at en langue malayalam et à réviser des livres déjà traduits.

Le Nazir Isha’at de Qadian écrit à propos des services rendus par le défunt :

« Il avait traduit en langue malayalam les ouvrages d’Al-Wassiyat, Tajalliât-e-Ilahiyah, Irfan-e-Ilahi, Qa’ida-Yassarnal-Qur’an et les sermons sur le plan du Waqf-e-Nao. Il a également pu vérifier la traduction en malayalam du Tafsir-e-Saghir lors de la réimpression. Un de ses livres « Nisab-e-Taleem » a été publié en trois parties en malayalam. De 2013 à 2016 ans, il a eu l’occasion de servir en tant que Sadr du Comité d’examen du Kerala. Abu Bakr Sahib, l’Emir du district d’Ernakulam dans la province du Kerala, déclare que le défunt avait une passion pour la traduction des livres du Messie Promis (as) et la diffusion de son message au peuple. Il avait fait de son mieux pour aider ceux qui avaient une foi chancelante et s’assurer qu’ils deviennent fermes et résolus. Qu’Allah éleve le statut du défunt.

Le deuxième défunt que j’évoquerai se nomme Nazeer Ahmad Khadim Sahib : il était le fils de Chaudhry Ahmad Din Chattha et le frère aîné de Munir Bismil Sahib, l’Additional Nazir Isha’at. Il est décédé le 6 février. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. L’Ahmadiyya est entré dans leur famille par l’intermédiaire de son grand-père paternel, Chaudhry Shah Din. Nazeer Khadim Sahib a commencé à servir la foi depuis ses années à l’université. Allah le Tout-Puissant lui avait donné une capacité spéciale pour l’écriture et les discours. Depuis sa jeunesse jusqu’à la fin de sa vie, il a propagé la foi en conseillant et en guidant à travers ses écrits et discours. À Rabwah, il a servi comme Mu’avin Sadr du Khuddam-ul-Ahmadiyya et ensuite aussi comme Mo’tamid. Il a été Naib Amir du district de Bahawalnagar. Il a aussi servi en tant Naib Qaid ‘Umoomi de l’Ansarullah et Qadhi du Dar al-Qadha à Rabwah. Qu’Allah le Tout-Puissant lui accorde Sa miséricorde et Son pardon et permette à sa descendance et à ceux qu’il laisse derrière lui de perpétuer ses actes vertueux.

Ensuite, je dirigerai les prières funéraires d’Al-Hajj Dr Nana Mustafa Oti Boateng Sahib, plus connu au Ghana sous le nom d’Al-Hajj Chocho. Il est décédé le 17 janvier [2021] à l’âge de 70 ans. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Il est né dans une famille chrétienne et a accepté l’Ahmadiyya en 1979. Il a d’abord commencé à travailler comme chauffeur et a également eu l’occasion de servir la Jama’at pendant longtemps en tant que chauffeur de feu Amir Abdul Wahab Adam Sahib. Il a par ailleurs eu l’opportunité de travailler dans la presse de la Jama’at au Royaume-Uni et au Ghana. Il a en outre vécu quelque temps au Japon où il a été nommé président de sa Jama’at locale. Quand je servais au Ghana, j’avais aussi vu qu’il était toujours très jovial et s’occuperait inlassablement à servir la Jama’at. Bien qu’il n’occupât aucune fonction officielle, il s’efforcerait toujours d’offrir ses services pour tout type de travail. Plus tard, il a lancé sa propre entreprise et a connu un tel succès qu’il était considéré comme l’un des hommes d’affaires les plus connus du Ghana. Il possédait également une usine connue sous le nom de Chocho Industry. Il attribuerait toujours le succès de son entreprise aux bénédictions du Dieu Tout-Puissant, aux prières du Calife de l’époque et à sa passion d’offrir des sacrifices. Il a, en effet, fait beaucoup de sacrifices financiers. Il a eu l’occasion de servir en tant que secrétaire national de Jaidad du Ghana pendant 11 ans et également en tant que président régional. Par la grâce d’Allah le Tout-Puissant, le défunt faisait partie de l’institution d’Al-Wasiyyat. Il laisse derrière lui trois épouses et trois filles. Il a également eu un fils, décédé il y a quelques années cela.

Mubarak Adil Sahib, qui sert comme missionnaire à Koforidua, écrit que le défunt sacrifiait son temps et sa richesse au service de la foi et de l’humanité et était d’une grande humilité ; c’étaient là ses qualités les plus notables. Il accordait une attention particulière à la prière de Tahajjoud et aux cinq prières obligatoires. Il cotisait régulièrement et ponctuellement dans les fonds de la Jama’at. Il a financé à lui seul la construction d’une mosquée entière et a contribué à plus de 50 % du coût total de la construction d’autres mosquées. De même, il a contribué à la construction de diverses missions et à leur rénovation. Chaque fois qu’il y avait un différend juridique concernant un terrain appartenant au Jama’at, il s’organisait lui-même avec un avocat et assistait à toutes les procédures judiciaires, payant de sa poche tous les frais juridiques sans rien prendre de la Jama’at. Il avait une passion et un désir particulier à diffuser le message de l’Ahmadiyya. Ses parents ont également accepté l’Ahmadiyya grâce à ses efforts. Pendant plus d’une décennie, il a dirigé une émission sur le Tabligh de 30 minutes sur une station de radio à ses propres frais. Cette émission atteignait près de la moitié de la population du Ghana et elle est diffusée encore aujourd’hui. Il possédait également une chaîne de télévision et diffusait une émission sur la prédiction une fois par semaine ainsi qu’une autre émission à ses propres frais. Grâce à ces émissions, des centaines de milliers de personnes ont reçu le message de l’Ahmadiyya ; et de nombreuses personnes ont accepté Ahmal’diyya en conséquence. Il possédait également une voiture dédiée aux seules activités de Tabligh. Il a en outre acheté des motos et des voitures pour certains missionnaires et Mou’allimin afin de les aider dans leurs tâches de Tabligh et Tarbiyyah et afin qu’ils puissent effectuer leur travail plus efficacement. Il leur fournissait aussi discrètement une aide financière. Il conseillait toujours aux membres de la Jama’at de servir et protéger la Jama’at, tout comme on aime et chérit une propriété personnelle et précieuse qui est la leur. Il les encourageait également à offrir toutes sortes de sacrifices dans le domaine du Tabligh ; et qu’à Son tour, Allah le Tout-Puissant leur accorderait d’innombrables bénédictions et faveurs – et lui-même en était un exemple pratique. Quel que soit le conseil qu’il donnait aux autres, il le démontrait toujours dans la pratique à travers son exemple.

L’hôpital [de la Jama’at] de la région de Koforidua est le plus grand établissement hospitalier de toute la région, mais les routes qui y mènent étaient abîmées, ce qui causait de grandes difficultés aux patients. Le défunt a fait reconstruire les routes à ses frais ; et à l’occasion de son inauguration, à laquelle ont assisté le ministre régional, des politiciens, des médecins, des médias, etc., presque tous non-ahmadis ou chrétiens, le défunt a déclaré : « Je suis un musulman ahmadi et je crois en Mirza Ghulam Ahmad Qadiani (as) comme la seconde venue du Messie. C’est le Messie Promis (as) et ses Califes qui m’ont appris à respecter les droits de Dieu et de servir l’humanité. C’est pour cette raison qu’en tant que musulman ahmadi, je considère qu’il est de mon devoir de faire preuve de compassion envers l’humanité et de m’efforcer d’atténuer ses difficultés. C’est pour cela que j’ai reconstruit ces routes qui mènent à l’hôpital. » À l’âge de 48 ans, il a réappris de nouveau à lire le Saint Coran avec le Mou’allim, Jamal-ud-Din Sahib, et a également appris à nouveau le Yassarnal Qur’an, afin de pouvoir corriger sa prononciation. Par la suite, il récitait régulièrement le Saint Coran avec sa traduction et réfléchissait attentivement à ses significations. Il avait adopté de nombreux enfants et leur avait fourni des chambres à loger dans sa propre maison et il s’occupait également de leur éducation laïque et religieuse. Bref, il possédait d’innombrables vertus. Qu’Allah lui accorde Son pardon et Sa miséricorde et élève son statut. Qu’il permette également à ses proches de poursuivre ses bonnes œuvres.

Le prochain défunt se nomme Ghulam Nabi Sahib, fils de Fazl Din Sahib de Rabwah. Il était le père de Zia-ul-Rahman Tayyab Sahib, qui est missionnaire au Gabon. Il est décédé le 2 février [2021]. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Il est né ahmadi. Il a travaillé dans une banque ; et après sa retraite, il a déménagé à Daska. Là, il a eu l’occasion de servir en tant que secrétaire aux finances, vice-président, secrétaire général, Za’im Ansarullah et Imam al-Salat. Il était très assidu dans ses prières de Tahajjoud et essayait toujours d’offrir ses prières à la mosquée. Il récitait très régulièrement le Saint Coran et le lisait à haute voix. C’était une personne très gentille, compatissante et bienveillante, qui faisait toujours preuve de patience et de contentement. Comme je l’ai mentionné, il était le père de Zia-ul-Rahman Tayyab Sahib, qui est actuellement missionnaire au Gabon et, en raison des circonstances actuelles, n’a pas pu assister aux funérailles et à l’inhumation de son père. Qu’Allah le Tout-Puissant lui accorde patience et persévérance et qu’Il élève le statut du défunt.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

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