Sermons 2022

Expéditions contre les rebelles du Yémen

Dans son sermon du 08 juillet 2022, Sa Sainteté le Calife a évoqué les campagnes menées contre les rebelles du Yémen au cours du califat d'Abou Bakr.

Sermon du vendredi 08 juillet 2022, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

J’évoquais les campagnes menées à l’époque d’Abou Bakr (r.a.) contre les rebelles. La onzième expédition a été menée par Mouhajir Ibn Abi Oumayyah contre les rebelles apostats du Yémen. Le Calife Abou Bakr avait confié un drapeau à Mouhajir Ibn Abi Oumayyah et lui avait ordonné de combattre l’armée d’Aswad Al-’Ansi et d’aider les Abnâ’ contre lesquels Qays Ibn Makchouh et d’autres Yéménites se battaient.

À cette époque, il y avait deux classes principales au Yémen : les habitants natifs qui appartenaient aux familles de Sabah et de Himyir ; et l’autre étaient les descendants des Persans qu’on nommait les Abnâ’. Les Abnâ’ étaient la minorité la plus puissante du Yémen à cette époque. Pendant longtemps, le dirigeant du Yémen était le vassal de Chosroès. Par conséquent, la plupart des postes de l’Etat étaient occupés par les Abnâ’. En tous les cas, selon les rapports, le Calife Abou Bakr a ordonné à Mouhajir de se rendre à Hadramaout pour combattre la tribu Kinda après s’être libéré. L’Hadramaout est une vaste région à l’est du Yémen avec des dizaines de villes. La distance entre Hadramaout et Sana’a est de 347 kilomètres. Kinda est le nom d’une tribu yémenite.

Voici une l’introduction de Mouhajir. Il se nommait Mouhajir Ibn Abi Oumayyah Ibn Moughirah Ibn ‘Abdillah. Mouhajir Ibn Abi Oumayyah était le frère d’Oumm Salamah, la mère des Croyants. Il avait participé à la bataille de Badr du côté des polythéistes ; et ce jour-là, ses deux frères, Hicham et Mas’oud, avaient été tués. Son nom d’origine était Walîd, qui a été changé par le Saint Prophète.

Selon les récits, Mouhajir n’avait pas participé à la bataille de Tabouk. Lorsque l’Envoyé d’Allah (s.a.w) est revenu de cette bataille, il était en colère contre Mouhajir. Un jour, Oumm Salamah lavait la tête du Saint Prophète (sws) quand elle a dit : « Comment quelque chose peut-il me bénéficier quand vous êtes en colère contre mon frère ? »

Quand Oumm Salaah a vu des signes d’indulgence et de compassion chez l’Envoyé d’Allah (s.a.w), elle a indiqué à sa servante de faire venir Mouhajir. Mouhajir a présenté ses excuses et le Messager d’Allah (s.a.w), satisfait de lui, les a acceptées.

L’Envoyé d’Allah (s.a.w) l’a nommé comme responsable de la tribu de Kinda. Mais il est tombé malade et ne pouvait pas se rendre auprès de celle-ci. [L’Envoyé d’Allah (s.a.w)] a écrit à Ziyad qu’il devait remplacer Mouhajir. Lorsqu’il a été guéri, le Calife Abou Bakr (r.a.) l’a investi et l’a nommé dirigeant de la région du Najran jusqu’aux frontières du Yémen et lui a ordonné de se battre.

Al-Dahhâk Ibn Fayrouz déclare : « L’apostasie a éclaté au Yémen à l’époque du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Dhoul-Khimâr, ‘Abhalah Ibn Ka’b, en était l’initiateur : il était aussi connu sous le nom d’Aswad Al-’Ansi. »

Aswad Al-’Ansi était le chef de la tribu des Banou ‘Ans du Yémen. On l’appelait Aswad parce qu’il était de teint noir. Selon un récit, il se nommait Ayhalah Ibn Ka’b Ibn ‘Awf Al-’Ansi au lieu d’Abhalah Ibn Ka’b. Le surnom d’Aswad Al-’Ansi était Dhoul-Khimâr parce qu’il était toujours enveloppé d’un voile. Selon certains, son surnom était Dhoul Khoumâr, qui signifie celui qui est ivre. Selon certains récits, il portait le titre de Dhoul-Himâr et l’une des raisons en est qu’Aswad avait un âne (Himâr) dressé. Lorsqu’on le lui demandait, l’âne se prosternait, s’asseyait et se levait devant son maître. Selon certains, il s’appelait Dhoul-Himâr parce qu’il disait que la personne qui lui apparaissait était montée sur un âne.

Cependant, il est écrit qu’Aswad s’était donné le titre de Rahman Al-Yaman tout comme Mousaylimah s’était donné le titre de Rahman Al-Yamamah. Il a également déclaré qu’il recevait des révélations et qu’il connaissait à l’avance tous les plans de ses ennemis. Aswad était un magicien et montrait des prodiges. Selon le récit d’Al-Boukhari, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait déjà été informé dans un rêve que deux faux prétendants à la prophétie apparaitraient.

Abou Hourayrah relate : « L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a déclaré : « Pendant que je dormais, on m’a offert les trésors de la terre dans mon songe et deux bracelets d’or ont été placés dans ma main. Cela m’a fort déplu. Allah m’a révélé que je devais souffler sur eux. J’ai soufflé dessus et ils ont disparu. J’ai compris qu’il s’agit de deux menteurs entre lesquels je me trouve : le compère de Sana’a (Aswad Al-’Ansi) et celui d’Al-Yamamah (Mousaylimah le Menteur. »

Selon un autre récit d’Al-Boukhari, Ibn ‘Abbâs a rapporté : « On m’a rapporté la vision de l’Envoyé d’Allah (s.a.w). Il avait relaté : « Alors que je dormais, on m’a montré deux bracelets d’or autour de mes poignets. J’en ai pris peur et ils m’ont déplu. [Dieu] m’a ensuite ordonné de souffler dessus et ils ont disparu. J’en ai déduit qu’il s’agissait de deux menteurs qui se dresseraient contre moi. » ‘Oubaydoullah, le narrateur a déclaré que l’un des deux était Al-’Ansi qui a été tué par Fayrouz au Yémen et l’autre était Mousaylimah le Menteur.

L’Envoyé d’Allah (s.a.w) avait écrit une lettre à Chosroes, le roi persan, l’invitant à l’islam. Celui-ci se mit en colère et ordonna à son vassal yéménite, Bazan, que certains appellent également Badhan, de lui envoyer la tête du Prophète (paix et bénédictions d’Allah sur lui) à sa cour. Bazan a envoyé deux hommes à l’Envoyé d’Allah (s.a.w), mais celui-ci a dit : « Mon Seigneur m’a informé que votre roi a été tué par son fils, Chéroé, et qu’il l’a remplacé sur le trône. » De même l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a invité Badhan à l’islam en déclarant que s’il acceptait l’islam, il le maintiendra au pouvoir au Yémen. En entendant cela, les deux hommes sont rentrés et ont raconté toute l’histoire à Badhan, qui en même temps a appris que cela s’était réellement passé : que Chosroès avait été tué par son fils Chéroé et que celui-ci était devenu roi à sa place. Ayant vu l’accomplissement de la parole de l’Envoyé d’Allah (s.a.w), Badhan accepta son invitation à l’islam ; et celui-ci l’a maintenu comme dirigeant du Yémen.

Hazrat Mouslih Maw’oud (ra) a également commenté sur cette lettre [de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) à Chosroès], l’invitation à l’islam et la réaction de Chosroès.

Il relate : ‘Abdoullah Ibn Houdafa (r.a) rapporte que, lorsqu’il arriva à la cour de Chosroès, il demanda à être admis en présence du roi. Il remit la lettre de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) au souverain qui donna ordre à un interprète de la lire et d’en expliquer le contenu. En l’entendant, Chosroès s’emporta. Il prit la lettre et la déchira en plusieurs morceaux. ‘Abdoullah Ibn Houdafa (r.a) rapporta l’incident au Saint Prophète (s.a.w.), qui dit en entendant son récit : « Dieu infligera à l’empire de Chosroes le même traitement qu’il a infligé à ma lettre. »

L’accès de colère dont Chosroès fut saisi à cette occasion résultait d’une propagande pernicieuse menée contre l’islam par les Juifs qui avaient émigré du territoire romain en Perse. Ces réfugiés juifs prirent une part importante aux intrigues anti-romaines partant de Perse et avaient donc toute la faveur de la cour perse. Chosroès s’emporta contre le Saint Prophète (s.a.w.). Il lui sembla que les rumeurs que les Juifs avaient répandues en Perse contre le Saint Prophète (s.a.w.) se confirmaient dans cette lettre. Il pensa que l’Envoyé d’Allah (s.a.w) avait des desseins agressifs envers son empire. Peu après, Chosroès écrivit au gouverneur du Yémen, disant que l’un des Qouraychites d’Arabie s’était déclaré Prophète (s.a.w.) et que ses revendications devenaient excessives. Le gouverneur fut sommé d’envoyer deux hommes dont la mission serait d’arrêter ledit Qouraychite et de l’amener à la cour de Chosroès. Badan, le gouverneur du Yémen sous Chosroès, envoya au Prophète (s.a.w.) un général de l’armée accompagné d’un cavalier.

Il leur donna aussi une lettre adressée au Saint Prophète (s.a.w.) où il disait qu’en recevant cette lettre, le Prophète (s.a.w.) devait immédiatement accompagner les deux messagers à la cour de Perse. Ils projetaient d’aller d’abord à La Mecque. Ils étaient près d’Al-Taïf, lorsqu’on leur dit que le Saint Prophète (s.a.w.) vivait à Médine. Ils se rendirent donc à Médine.

Dès son arrivée, le général dit au Saint Prophète (s.a.w.) que Badan, gouverneur du Yémen, avait reçu de Chosroès l’ordre de le faire arrêter et de l’envoyer en Perse ; s’il refusait d’obéir, lui et son peuple seraient détruits et leur pays serait dévasté. Ce délégué du Yémen insista sur le fait que l’Envoyé d’Allah (s.a.w) devait obéir et accepter d’être conduit en Perse.

En entendant cela, le Saint Prophète (s.a.w.) demanda aux délégués de venir le voir le jour suivant. Toute la nuit, il pria Dieu, qui l’informa que l’insolence de Chosroès lui avait coûté la vie. « Nous avons retourné son propre fils contre lui, et ce fils assassinera son père le lundi 10 Joumada Al-Oula de cette année. » Selon certains rapports, la révélation disait : « Le fils a assassiné le père cette même nuit. » Il est possible que « cette même nuit » fût celle du 10 Joumada Al-Oula. Le matin, le Saint Prophète (s.a.w.) fit appeler les délégués du Yémen et leur dit ce qui lui avait été révélé pendant la nuit. Puis, il prépara une lettre pour Badan, disant que Chosroès allait être assassiné un certain jour d’un certain mois. Quand le gouverneur du Yémen reçut la lettre, il déclara : « Si cet homme est un vrai prophète, il en sera comme il le dit. S’il n’est pas véridique, alors que Dieu l’aide, lui et son pays. » Peu après, un bateau venant de Perse jeta l’ancre dans un port du Yémen. Il apportait une lettre de l’empereur de Perse au gouverneur du Yémen. Cette lettre portait un nouveau sceau, d’après lequel le gouverneur conclut que la prophétie du Prophète (s.a.w.) arabe s’était révélée vraie. Un nouveau sceau signifiait un nouveau roi persan. Il ouvrit la lettre et lut : « De Chosroès Cyrus à Badan, gouverneur du Yémen. J’ai assassiné mon père parce que son règne était devenu corrompu et injuste. Il a assassiné les nobles et il traitait ses sujets avec cruauté. Dès que tu recevras cette lettre, rassemble tous les officiers et demande-leur d’affirmer leur loyauté envers moi. Quant aux ordres de mon père concernant l’arrestation d’un prophète arabe, tu considéreras ces ordres comme nuls. »

Badan fut si impressionné par cette lettre que lui et beaucoup de ses amis déclarèrent immédiatement leur foi dans l’islam et en informèrent le Prophète (s.a.w.). »

Ces commentaires du Mouslih Maw’oud (ra) sont tirés de l’ouvrage Introduction à l’étude du Coran.

Après la mort de Badhan, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a nommé ses commandants comme gouverneurs dans différentes parties du Yémen, et Mou’adh Ibn Jabal était l’enseignant de toutes ces régions du Yémen et de l’Hadramaout. Il avait l’habitude de visiter tous ces lieux.

Aswad, un devin vivant dans la partie sud du Yémen, a rapidement attiré l’attention de son peuple en raison de sa sorcellerie et de ses phrases incantatoires ; et il a également prétendu être prophète. Il disait au peuple qu’un ange le visitait et lui révélait les plans et les secrets de ses ennemis. Un grand nombre de gens simples et ignorants se sont donc rassemblés autour de lui. En fait, Aswad Al-’Ansi disait également que le Yémen n’appartenait qu’aux Yéménites. Le peuple yéménite a été très impressionné par ce slogan nationaliste. De tels slogans sont très anciens et sont encore utilisés aujourd’hui – et c’est la raison du chaos qui s’est propagé dans le monde.

Étant donné que l’islam n’était pas encore fermement établi parmi les Yéménites, ils ont répondu à l’appel nationaliste d’Aswad et se sont joints à lui afin de se débarrasser de la tutelle étrangère. Quand cette nouvelle alarmante est parvenue à Médine, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) se préparait à envoyer l’armée d’Oussamah Ibn Zayd pour venger les martyrs de la bataille de Mou’tah et prévenir les attaques du nord. Le Messager d’Allah (s.a.w) a envoyé un message aux chefs yéménites pour continuer à combattre Aswad par leurs propres moyens, et disant que dès que l’armée d’Oussama reviendrait victorieuse, elle serait envoyée au Yémen. L’armée d’Aswad Al-’Ansi se composait de sept cents cavaliers – il s’était constitué toute une armée – et des cavaliers de chameaux. Plus tard, son pouvoir a pris de l’ampleur et ‘Amr Ibn Ma’di Karib était son suppléant dans la tribu de Moudlij. ‘Amr Ibn Ma’di Karib était un célèbre cavalier du Yémen, un poète et un orateur. Son surnom était Abou Thawr. En l’an dix de l’Hégire, il s’était présenté à l’Envoyé d’Allah (s.a.w) avec une délégation de sa tribu, les Banou Zoubayd, et s’était converti à l’islam. Il a apostasié après le décès du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Mais par la suite, il est retourné à la vérité et a joué un rôle important dans la bataille de Qadisiyyah et est décédé durant les derniers jours du califat d’Oumar. Aswad Al-’Ansi a d’abord attaqué les habitants de Najran et en a chassé ‘Amr Ibn Hazm et Khalid Ibn Sa’id.

Ensuite, il a lancé un assaut contre Sana’a. Chahr Ibn Badhan l’y a combattu, mais il est tombé en martyr. Mou’adh Ibn Jabal était encore à Sana’a à l’époque, mais compte tenu de cette situation, il s’est rendu auprès d’Abou Mousa à Ma’arib, d’où ils se sont rendus tous deux à Hadramaout. Aswad Al-’Ansi occupait tout le territoire du Yémen.

Aswad Al-’Ansi avait également épousé de force la femme de Chahr Ibn Badhan après le martyre de ce dernier. Le nom de cette femme était Marzoubana ou Azad selon certains livres. Pendant ce temps, une lettre du Prophète (paix et bénédictions d’Allah sur lui) est parvenue aux musulmans de Hadramaout et du Yémen, leur ordonnant de combattre Aswad Al-’Ansi. Mou’adh Ibn Jabal s’est apprêté à accomplir cette tâche ; et ceci a renforcé les cœurs des musulmans.

Jichnache Ibn Al-Daylami dit que Wabar Ibn Youhannis est venu avec une lettre de l’Envoyé d’Allah (s.a.w). Jichnache Ibn Al-Daylami est également mentionné dans certains endroits comme Jouchayche Ibn Al-Daylami. Il était un de ceux à qui l’Envoyé d’Allah (s.a.w) avait écrit une lettre demandant d’assassiner Aswad Al-’Ansi au Yémen. Il l’a tué avec Fayrouz et Dadhawayh.

Selon les récits un autre nom de Wabar Ibn Youhannis serait Wabra Ibn Youhannis. Il faisait partie des Abnâ’ du Yémen et s’était converti à l’islam en l’an 10 de l’Hégire après s’être présenté au Saint Prophète. Il déclare : « Dans cette lettre, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) nous a ordonné d’adhérer à notre religion et de lutter contre Aswad par la force ou par la ruse. De même, il nous a demandés de transmettre son message à ceux qui sont toujours fidèles à l’islam et prêts à aider la religion. Nous avons agi, mais nous avons constaté qu’il sera très difficile de remporter la victoire contre Aswad. »

Jichnache Ibn Al-Daylami déclare : « Nous avons su qu’une dissension avait éclaté entre Aswad et Qays Ibn ‘Abd Al-Yaghouth ou qu’il y a eu du ressentiment entre eux. Nous nous sommes dit que Qays craindrait pour sa vie. »

Il existe des différences d’opinion concernant le nom et la lignée de Qays Ibn ‘Abd Al-Yaghouth. Selon un rapport, son nom serait Houbayra Ibn ‘Abd Yaghouth ou encore ‘Abd Yaghouth Ibn Houbayra. Selon Abou Mousa, il se nommerait Qays Ibn ‘Abd Al-Yaghouth Ibn Makchouh.

Selon un récit, il n’était pas un compagnon du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) tandis que selon un autre, il avait eu le privilège de rencontrer le Saint Prophète (sws) et de rapporter certains de ses dires. Il était l’un des assassins d’Aswad Al-’Ansi et était le neveu d’Amr Ibn Ma’di Karib.

Il était parmi les apostats du Yémen mais est revenu dans le giron de l’islam et s’est fait une grande renommée dans la conquête de l’Irak et lors de la bataille de Qadisiyyah. Il a participé à la bataille de Nahavand avant de tomber en martyr lors de la bataille de Siffîn, combattant aux côtés d’Ali.

Jichnache Ibn Al-Daylami relate : « Nous avons invité Qays à l’islam et lui avons transmis le message du Prophète (paix et bénédictions d’Allah sur lui). Il avait l’impression que nous étions descendus du ciel : c’est pourquoi il nous a immédiatement obéi. Nous avons correspondu avec d’autres individus. Divers chefs tribaux étaient également prêts à affronter Aswad. Ils ont promis de nous aider dans leurs lettres.

Nous avons répondu : « Tant que nous ne leur avons pas répondus après avoir pris la décision finale, ils ne doivent pas bouger de leurs positions. » Il était nécessaire d’agir contre Aswad après avoir reçu le message de l’Envoyé d’Allah (s.a.w). De même, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a écrit à tous les habitants de Najran sur la question d’Aswad. Ils ont tous accepté son ordre. Lorsque la nouvelle est parvenue à Aswad, il y a vu sa propre destruction. »

Jichnache Ibn Al-Daylami déclare : « J’ai conçu un plan. Je suis allé voir Azad la femme d’Aswad, qui était la veuve de Chahr Ibn Badan. Il l’avait épousée après avoir tué Chahr Ibn Badan. Je lui ai rappelé le martyre de son premier mari, Chahr Ibn Badan, aux mains d’Aswad, la mort d’autres membres de sa famille, et l’humiliation et les atrocités qui avaient frappé la famille, et je lui ai demandé de m’aider contre Aswad.

Prête à m’aider de gaîté de cœur, elle a répondu : « Par Dieu, je considère Aswad comme la pire de toutes les créatures de Dieu. Il ne respecte aucun des droits de Dieu et n’évite aucune chose interdite par Dieu. Informe-moi quand tu auras pris ta décision. Je m’occuperai de cette affaire. »

Par la suite, après un plan bien conçu, et avec l’aide de cette femme d’Aswad Al-’Ansi, une nuit, on l’a tué dans son palais. Le matin, debout sur le mur du fort, une voix annonça : « Aswad Al-’Ansi, le rebelle apostat, a connu sa fin. » Les musulmans et les infidèles se sont rassemblés autour du fort. Puis, on a lancé l’appel du matin en annonçant : « J’atteste que Muhammad est le Messager d’Allah. Aswad Al-’Ansi est un menteur. »

Ensuite on a jeté sa tête devant les autres. Cette insurrection avait duré trois mois – ou quatre, selon une autre source – et par la suite elle s’était refroidie.

Tous les gouverneurs et commandants ont repris leurs fonctions dans leurs domaines respectifs. Mou’adh Ibn Jabal dirigeait la population dans la prière. »

L’Envoyé d’Allah (s.a.w) était déjà décédé avant de recevoir la nouvelle de l’assassinat d’Aswad Al-‘Ansi, de la défaite de son armée et de la fin de sa sédition. Selon un autre récit Allah avait informé l’Envoyé d’Allah (s.a.w) de la mort d’Aswad Al-‘Ansi par révélation la même nuit qu’il a été tué. Il a informé ses compagnons le lendemain matin qu’il a été tué par Fayrouz. La première bonne nouvelle qu’Abou Bakr a reçue après avoir assumé le poste de Calife est la nouvelle de l’assassinat d’Aswad Al-’Ansi.

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est décédé le lendemain de la nuit où il a reçu la nouvelle du meurtre d’Aswad. Selon un autre rapport, lorsque le messager a apporté nouvelle de la mort d’Aswad à Médine, on était en train d’enterrer l’Envoyé d’Allah (s.a.w). Selon un autre, la nouvelle de l’assassinat d’Aswad est parvenue à Médine dix ou douze jours après la mort de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) quand Abou Bakr avait été élu Calife.

Il existe différents récits à ce sujet, mais en tout cas, il s’agit de ces jours-là. Huit ou dix jours avant ou après.

Après l’assassinat d’Aswad, un gouvernement musulman a été établi à Sana’a comme auparavant, mais une révolte a éclaté au Yémen.

Quand la nouvelle de la mort de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) est parvenue au Yémen, la situation s’est aggravée davantage.

Qays Ibn ‘Abd Al-Yaghouth, qui s’était allié à Fayrouz et Dadhawayh pour se révolter contre Aswad et qui avait tué Aswad avec leur aide, s’est détourné de l’islam de nouveau. Il était un homme capable et déterminé et empreint de nationalisme. La puissance des Perses au Yémen l’avait toujours hanté. Après la fin de la puissance persane, il a voulu anéantir la prospérité des Abnâ’ et leur supériorité collective et économique. Il était un chef militaire couronné de succès. Il avait conspiré avec les chefs militaires d’Aswad et projeté d’expulser les Abnâ’ du pays. Il a rompu les liens avec Fayrouz et Dadhawayh. Dadhawayh a été tué par une ruse ; Fayrouz a quant à lui survécu à l’assassinat.

Fayrouz a informé le Calife Abou Bakr de sa loyauté envers lui et de celle des Abnâ’. Il lui a demandé son aide en disant : « Veuillez nous aider ! Nous sommes prêts à faire n’importe quel sacrifice pour l’islam. »

Quand l’Envoyé d’Allah (s.a.w) est décédé, Ziyad Ibn Labid était son gouverneur dans la région d’Hadramaout. Ziyad Ibn Labid était un compagnon du Saint Prophète. Il avait un fils, ‘Abdoullah. Il s’était converti à l’islam avec soixante-dix compagnons lors de la deuxième Bai’ah d’Aqaba. Quand il est retourné à Médine après avoir accepté l’islam, il a brisé les idoles de sa tribu, les Banou Bayada. Ceux-ci adoraient en effet des idoles. Puis, il s’est rendu à La Mecque auprès de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) et y est resté jusqu’à ce que l’Envoyé d’Allah (s.a.w) émigre à Médine. C’est pourquoi Ziyad est appelé un Mouhajir Ansari.

Il était à la fois un émigrant et un Ansari. Ziyad avait accompagné le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lors des batailles de Badr, d’Ouhoud et du Fossé et de toutes les autres Ghazwât. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a émigré à Médine et est passé par le quartier de la tribu des Banou Bayadah. Ziyad l’y a accueilli et a offert sa maison pour loger l’Envoyé d’Allah (s.a.w). Celui-ci a déclaré : « Laissez ma chamelle [marcher librement]. Elle trouvera sa destination. »

Au cours du mois de Mouharram en l’an 9 de l’Hégire, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a nommé divers agents pour collecter l’aumône et la Zakât. Il a nommé Ziyad comme percepteur de l’Hadramaout. Il a occupé ce poste jusqu’à l’époque d’Oumar. Après avoir pris sa retraite de ce poste, il s’est installé à Koufa où il est décédé en l’an 41 de l’Hégire.

Voici les détails à propos du départ de Mouhajir vers Najran. La dernière des onze armées formées par Abou Bakr Al-Siddîq à quitter Médine était celle de Mouhajir Ibn Abi Oumayyah. Elle s’est rendue au Yémen. Il s’y trouvait un groupe de compagnons Mouhajirîn et d’Ansâr.

Cette armée est passée par La Mecque : Khalid Ibn Asid – l’émir de La Mecque et le frère d’Attab Ibn Asid – l’a rejoint. Lorsque l’armée est passé par Al-Taïf, ‘Abd al-Rahman Ibn Al-’Âs l’a rejoint avec ses compagnons. De même, des gens de différentes tribus ont rejoint cette armée en cours de route. Ainsi, une grande armée s’est formée.

Voici les détails concernant la capture d’Amr Ibn Ma’di Karib et de Qays Ibn Makchouh. Comme mentionné précédemment, aveuglé par sa bravoure et sa puissance, ‘Amr Ibn Ma’di Karib s’est rebellé contre l’Etat islamique et il était accompagné de Qays Ibn ‘Abd Al-Yaghouth. Tous deux se rendaient chez chaque tribu et les incitaient à se révolter contre les musulmans. Le résultat fut qu’à l’exception des chrétiens de Najran qui avaient conclu une alliance avec l’Envoyé d’Allah (s.a.w) et qui sont restés fidèles à leur alliance même à l’époque d’Abou Bakr, toutes les autres tribus se sont rangées du côté d’Amr Ibn Ma’di Karib et se sont révoltées contre les musulmans.

Par la puissance de Dieu, le peuple du Yémen était tout effrayé d’entendre la nouvelle de l’arrivée de Mouhajir avec une grande armée car ils ne pourraient pas l’affronter. Ils étaient encore dans leur torpeur quand leurs chefs, Qays et ‘Amr Ibn Ma’di Karib, se sont querellés. Malgré leur vœu de combattre Mouhajir, ils se sont fait du mal mutuellement.

Et finalement, ‘Amr Ibn Ma’di Karib a décidé de rejoindre les musulmans : une nuit, il a attaqué la résidence de Qays avec ses hommes. Il l’a arrêté et l’a présenté à Mouhajir. Mais celui-ci ne s’est pas contenté d’arrêter Qays : il a également emprisonné ‘Amr Ibn Ma’di Karib. Il a informé le Calife Abou Bakr (r.a.) de leur situation et les a envoyés auprès de lui. Qays et ‘Amr Ibn Ma’di ont été présentés au Calife Abou Bakr (r.a.). Abou Bakr (r.a.) a dit à Qays : « As-tu opprimé et tué les serviteurs d’Allah ? As-tu pris les polythéistes et les rebelles apostats comme amis au lieu des croyants ? »

S’il avait été reconnu coupable, Abou Bakr (r.a.) l’aurait condamné à mort. Or, Qays a catégoriquement nié le complot et l’implication dans l’assassinat de Dadhawayh. C’était un acte mené dans le plus grand secret et aucune preuve claire n’a été trouvée contre Qays. Étant donné qu’il n’y avait pas de preuves, le Calife Abou Bakr (r.a.) l’a laissé libre.

Le Calife Abou Bakr (r.a.) a dit à ‘Amr Ibn Ma’di Karib lorsque ce fut son tour : « N’as-tu pas honte ? Tu es vaincu partout ; le cercle autour de toi se rétrécit. Si tu soutiens cette religion, Allah te récompensera d’un rang élevé. » Le Calife Abou Bakr (r.a.) l’a libéré lui aussi et les a livrés tous les deux – ‘Amr et Qays – à leurs tribus respectives. ‘Amr a déclaré : « Certainement, j’accepterai les conseils de l’Emir des Croyants et je ne commettrai plus jamais cette erreur. »

Tous deux ont été pardonnés parce qu’on n’avait pas de preuves claires à leur encontre et en raison de leur savoir.

Un autre biographe a écrit à propos du pardon d’Abou Bakr. « Abou Bakr (r.a.) était un homme d’une énorme prévoyance ; il possédait une grande vision et présageait les conséquences. Là où il y avait un besoin de rigueur, il en faisait montre. Là où la clémence était requise, il était indulgent. Il était désireux de rassembler les tribus dispersées sous la bannière de l’islam. Sa politique sage a été de pardonner les chefs tribaux adverses après leur retour à la vérité. Quand il a subjugué les tribus apostats du Yémen et leur a fait voir la domination de l’Empire islamique, la force et la conquête des musulmans ainsi que leur détermination, elles se sont soumises à l’Etat islamique et ont fait preuve d’obéissance à l’égard du Calife du Prophète.

Abou Bakr a estimé qu’il était approprié de s’entendre avec les chefs des tribus et de les traiter avec indulgence et gentillesse plutôt qu’avec rigueur. Ainsi, le Calife les a pardonnés et leur a parlé avec bonté. Il les a maintenus à la tête de leurs tribus pour le bien-être de l’islam et des musulmans. Il a pardonné leurs méfaits et les a traités avec bonté. Qays Ibn ‘Abd Al-Yaghouth et ‘Amr Ibn Ma’di ont été traités de la même manière. Ces deux-là comptaient parmi les Arabes les plus courageux et les plus sages : le Calife Abou Bakr (r.a.) ne souhaitait pas les perdre. Il a tenté de les purifier pour l’islam et de les sortir du dilemme entre l’islam et l’apostasie.

Le Calife Abou Bakr (r.a.) a libéré ‘Amr Ibn Ma’di Karib. Après ce jour, ‘Amr n’a jamais plus apostasié. Il a embrassé l’islam et a vécu une belle vie en tant que musulman. Allah l’a aidé et il a joué un rôle important dans les conquêtes islamiques.

Qays a également regretté ses actions et Abou Bakr lui a pardonné. Le pardon de ces deux guerriers arabes a eu des effets considérables. Le Calife Abou Bakr (r.a.) a ainsi uni les cœurs de ceux qui sont retournés à l’islam après avoir sombré dans l’apostasie par peur et cupidité. Il a pardonné à Ach’ath Ibn Qays.

Ainsi le Siddiq a-t-il conquis leurs cœurs et en est-il devenu le maître. Ils sont devenus quant à eux les soutiens de l’islam et la force des musulmans à l’avenir.

Il n’y a eu aucune coercition : ils ont accepté l’islam de tout cœur et ont obéi au Calife Abou Bakr (r.a.).

Mouhajir a quitté Najran pour la région de Lahja et lorsque la cavalerie a encerclé le groupe d’ennemis, ils ont demandé à conclure la paix. Mais Mouhajir a refusé.

Ils étaient divisés en deux groupes. Le premier a combattu Mouhajir à l’endroit dit ‘Ajib qui se trouve au Yémen. D’autres cavaliers de Mouhajir sous la direction d’Abdoullah les ont affrontés sur le chemin d’Akhabis. Les ennemis en fuite ont été tués sur toutes les routes.

Les Banou ‘Akk se sont rebellés dans la région d’Al-Âb au Yémen : on leur a donné le nom d’Akhabis. Le chemin sur lequel ces impurs et infâmes se sont battus a été rebaptisé Tarîq al-Akhabis.

Voici les détails de l’arrivée de Mouhajir à Sana’a. Il a quitté ‘Ajib et a atteint Sana’a. Il a ordonné qu’on chasse les diverses tribus en fuite. Les musulmans les ont tuées et n’ont pardonné aucun rebelle. À l’exception des rebelles, ils ont accepté le repentir de ceux qui se sont amendés.

Les guerriers et oppresseurs n’ont pas été pardonnés mais les autres ont été pardonnés et ils ont été traités en fonction de leur situation passée. On a espéré qu’ils se réformeront.

Étant donné que le prochain récit sera détaillé, je m’arrêterai ici. Je présenterai le reste à l’avenir, Incha Allah.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

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