Sermon du vendredi 30 juin 2023, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :
Dans mon précédent sermon, j’avais évoqué la sublime expression d’amour de Sawâd Ibn Ghaziyyah à l’égard du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Voici des détails supplémentaires à ce propos. Sawâd Ibn Ghaziyyah est retourné victorieux de cette bataille et il avait fait prisonnier Khâlid Ibn Hichâm, un des polythéistes. Plus tard, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) l’avait nommé responsable de la collecte des butins de la bataille de Khaybar. Selon certains, cet incident a été attribué à Sawâd Ibn ‘Amr et non Sawâd Ibn Ghaziyyah. Or on dirait qu’il s’agit d’un récit séparé. La plupart des livres d’histoire et les biographies attribuent cet incident à Sawâd Ibn Ghaziyyah.
Dans son ouvrage Sîrat Khâtamun Nabiyyîn, Hazrat Mirza Bashir Ahmad Saheb a commenté sur cet incident en ces termes : « C’était le vendredi 17 du Ramadan de l’an 2 de l’Hégire, soit le 14 mars 623 du calendrier grégorien. Le matin, ils ont accompli tout d’abord la Salât. Ces adorateurs de l’Unité Divine se sont prosternés devant le Dieu Unique, dans un champ ouvert. Après cela, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a prononcé un discours sur le Jihad. Lorsque la lumière a commencé à apparaître, le Saint Prophète a commencé à organiser les rangs musulmans en usant d’une flèche. Un Compagnon du nom de Sawâd se tenait un peu en avant de sa rangée. Le Saint Prophète a utilisé sa flèche pour indiquer qu’il devait revenir en ligne. La partie en bois de la flèche du Saint Prophète a touché sa poitrine, sur quoi il a protesté hardiment : « Ô Messager d’Allah ! Dieu vous a envoyé avec la vérité et la justice, mais vous m’avez injustement piqué avec votre flèche. Par Dieu, j’insiste pour me venger ! » Les compagnons ont été choqués par les propos de Sawâd. Cependant, le Saint Prophète a déclaré avec grande affection : « Très bien Sawâd, tu peux aussi me frapper avec une flèche. » Le Saint Prophète a soulevé sa chemise. Dans son grand amour, Sawâd s’est avancé et a embrassé la poitrine du Saint Prophète. Celui-ci a sourit et a demandé : « Pourquoi as-tu eu recours à cette manigance ? » Sawâd a répondu d’une voix émue : « Ô Messager d’Allah ! L’ennemi est devant nous. Il est impossible de dire si je vivrai pour revenir ou non. C’était donc mon désir de toucher votre corps béni avant mon martyre. »
Le Mouslih Maw’oud (r.a.) a cité un incident similaire ayant eu lieu quelque temps avant le décès du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Il ne l’évoque pas dans le contexte de la bataille de Badr, mais [à un moment] précédant son décès : il s’agit d’un récit similaire. Il déclare : « Quand le moment de la mort du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) s’est rapproché, il a réuni ses compagnons et a déclaré : « Je suis un être humain comme vous. Il se peut que j’aie commis quelque erreur quant à vos droits et que j’aie lésé un des vôtres. Au lieu de m’accuser devant Dieu si j’ai causé un tort à l’un d’entre vous, qu’il me demande réparation ici-bas. » L’on peut imaginer à quel point les cœurs des compagnons ont été meurtris par ces paroles, eux qui aimaient tant le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).
En effet, les compagnons ont été accablés par leurs émotions. Ils avaient les larmes aux yeux ; il leur était impossible de parler. Mais l’un d’eux s’avança et dit : « Ô Prophète (s.a.w.) de Dieu ! Vous nous invitez à réclamer justice au cas où vous nous auriez lésés. [Eh bien], je souhaite le faire. » L’Envoyé d’Allah (s.a.w) de répondre : « Oui, présente ton cas. Quel tort ai-je commis à ton encontre ? »
Le compagnon de déclarer : « Quand vous étiez en train de redresser les rangs lors de telle bataille, vous aviez traversé une rangée pour avancer. Ce faisant, vous aviez enfoncé votre coude dans mon dos. Aujourd’hui, je veux me venger ! »
Les compagnons relatent que leurs épées étaient sur le point de sortir de leurs étuis en raison de leur colère. Leurs yeux étaient rouges de colère. « Si le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) n’était pas présent, nous l’aurions certainement réduit en morceaux. Mais l’Envoyé d’Allah (s.a.w) lui a tourné le dos et dit : « Viens, venge-toi et frappe-moi comme je t’avais frappé. » « Mais, expliqua le compagnon, quand vous m’aviez frappé, mon côté était nu et vous portiez une chemise. « Levez la chemise de mon dos afin qu’il puisse se venger » a dit le Saint Prophète (s.a.w.). Quand les autres l’ont fait, le compagnon s’est avancé, les lèvres tremblantes et les yeux pleins de larmes, et il a embrassé le corps du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Puis, il a dit : « Comment un esclave aussi bas pourrait-il oser se venger ? L’idée que votre mort est proche m’affole. J’ai voulu que mes lèvres touchent ce corps béni que Dieu a transformé en source de toute bénédiction. J’ai profité de ce coup de coude comme prétexte et j’ai voulu vous embrasser. Ô Prophète d’Allah ! Que signifie un coup de coude ? Nous sommes prêts à tout sacrifier pour vous ! J’ai profité de cela afin de vous embrasser. » Les compagnons, emplis de colère jusque-là, étant sur le point de le tuer, ont alors été remplis de regret, n’ayant pu embrasser leur bien-aimé. »
Le Mouslih Maw’oud (ra) déclare : « Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) était notre guide. Il nous a servi de modèle dans chaque aspect de la vie, un exemple que nous ne constatons chez aucun autre prophète. »
Quelle était la devise ou le slogan des compagnons lors de la bataille de Badr ? ‘Ourwah Ibn Zoubayr dit que la devise des Mouhâjirîn le jour de la bataille était « Yâ Banî ‘Abdir-Rahmân ! », et le slogan de la tribu de Khazraj était « Yâ Banî ‘Abdillâh ! » tandis que celui de la tribu d’Aws était « Yâ Banî ‘Oubaydillah ! »
Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait confié le nom de « Khairoullah » à ses cavaliers. Selon un récit, le slogan de tout un chacun ce jour-là était « Yâ Mansour ! Amit ! » Cela signifie : « Ô Mansour, tue-le ! » Selon un rapport, le slogan des Ansâr de Médine lors de la bataille de Badr – ou leur signe ou devise – était « Ahad ! Ahad ! » Ils l’avaient choisi afin de pouvoir reconnaître les Ansâr dans l’obscurité de la nuit ou lors de la mêlée de la bataille. De même manière, le slogan des musulmans émigrés était « Yâ Banî ‘Abdir Rahmân ! »
Voici des détails supplémentaires sur les instructions du Saint Prophète concernant la bataille. Quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a redressé les rangs, il a dit aux Compagnons : « N’attaquez pas avant que je ne vous l’ordonne. Et si l’ennemi s’approche de vous, repoussez-le par vos flèches. Souvent, le tir à l’arc est inutile si la distance est grande et on gaspille les flèches. De même, ne dégainez pas vos épées tant que l’ennemi n’est pas très proche. »
On trouve mention d’un discours du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) : l’Envoyé d’Allah (s.a.w) l’a prononcé devant les Compagnons et dedans il les a encouragés au Jihad et a exhorté à la patience. Il a également dit qu’en étant patient face aux difficultés, Allah nous affranchit des inquiétudes et soulage nos chagrins. »
Une autre source évoque ce discours du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) en ces termes. Il a loué Allah et a dit : « Je vous encourage à accomplir ce qu’Allah nous enjoint et je vous interdis ce qu’Il a interdit. Allah le Très-Haut vous enjoint la vérité. Il aime la vérité. Il accorde de hauts rangs aux justes, Il les évoque par leur statut et ces derniers tentent de se surpasser les uns les autres. Aujourd’hui, vous êtes à l’une des étapes de la vérité. Allah accepte l’action accomplie pour Son plaisir. La patience en des moments difficiles est l’action par laquelle Allah enlève le chagrin et soulage la souffrance. Dans l’Au-delà, vous aurez le salut grâce à la patience. Le Prophète d’Allah est avec vous. Il vous avertit et vous ordonne d’obéir à Allah de peur qu’Il ait connaissance d’une action qui causerait Son mécontentement. Allah déclare :
لَمَقْتُ اللَّهِ أَكْبَرُ مِنْ مَقْتِكُمْ أَنْفُسَكُمْ
Le mécontentement d’Allah est bien plus grand que votre mécontentement mutuel. Examinez ce qu’Il vous enjoint dans le livre. Il vous a montré Ses signes et vous a honoré après l’humiliation. Accrochez-vous aux pans d’Allah afin qu’Il soit satisfait de vous. Passez l’épreuve de votre Seigneur ici. Vous mériterez Sa miséricorde et le pardon qu’Il vous a promis. Sa promesse est vraie. Sa parole est vraie. Sa punition est sévère. Vous et moi sommes avec Allah, le Vivant, Celui qui existe de Lui-même. Nous L’implorons pour notre victoire, nous nous accrochons à Lui. Nous lui faisons confiance et c’est vers Lui nous devons retourner. Qu’Allah nous pardonne ainsi qu’aux musulmans ! » Ceci est ce que l’on a rapporté du discours.
Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait interdit de tuer certains individus. Ibn ‘Abbâs raconte que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a dit à ses compagnons le jour de la bataille de Badr : « J’ai appris que les Banou Hâchim et quelques autres ont été contraints d’accompagner les Qouraychites. Ils ne veulent pas se battre contre nous. Quiconque rencontre un membre des Banou Hâchim ne doit pas le tuer ; quiconque rencontre Abou’l-Bakhtari ne doit pas le tuer ; et quiconque rencontre ‘Abbâs Ibn ‘Abdi’l-Mouttalib, l’oncle du Messager d’Allah, ne doit pas le tuer, car ces gens sont venus avec les Qouraychites sous la contrainte. »
Ibn ‘Abbâs raconte qu’Abou Houdhayfah Ibn ‘Outbah a dit : « Devrions-nous tuer nos pères, fils, frères et parents et laisser ‘Abbas vivant ? Par Allah, si je le rencontre (c’est-à-dire ‘Abbas), je le tuerai de mon épée ! » Le narrateur déclare que lorsque cette nouvelle est parvenue aux oreilles du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), il a dit à ‘Oumar Ibn al-Khattâb : « Ô Abou Hafs ! » ‘Oumar (r.a.) prédise : « Par Allah ! C’était le premier jour où le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) s’est adressé à moi par le surnom d’Abou Hafs. » Il a demandé : « Va-t-on frapper à coup d’épée l’oncle du Messager d’Allah au visage ? » ‘Oumar a déclaré : « Ô Envoyé d’Allah (s.a.w) ! Permettez-moi de trancher le cou de celui qui a prononcé ces paroles. Par Allah, Abou Houdhayfah a fait preuve d’hypocrisie. »
Abou Houdhayfah avait l’habitude de dire plus tard : « Je n’étais jamais tranquille en raison de mes propos ; et j’en avais toujours peur, sauf si mon martyre en servait d’expiation. » Abou Houdhayfah est en effet tombé en martyr lors de la bataille de Yamâmah.
Hazrat Mirza Bashir Ahmad Saheb a commenté à ce propos : « Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a dit aux compagnons : « Il y a des gens dans l’armée des mécréants qui ne sont pas venus participer à cette campagne de plein gré mais sous la pression des chefs des Qouraychites. Ils ne nourrissent aucune hostilité à notre encontre. De même, il y a dans cette armée des personnes qui, quand nous étions persécutés à La Mecque, nous avaient traités bienveillamment. Il nous incombe de leur rendre leur bienveillance. Si un musulman a le dessus sur un tel individu, il ne doit pas lui faire du mal. »
Parmi la première catégorie de personnes, le Saint Prophète (s.a.w.) a spécifiquement mentionné le nom d’Abbâs Ibn ‘Abdi’l-Mouttalib et dans la deuxième catégorie, Abou’l-Bakhtari, et a interdit qu’on les tue. (Ces personnes avaient tenté de soulager la souffrance des musulmans.) Or, le cours des événements a pris une tournure si inévitable qu’Abou’l-Bakhtari n’a pu échapper à la mort. Néanmoins, avant sa mort, il avait su que le Saint Prophète (s.a.w.) avait interdit de le tuer.
Selon l’histoire, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est reparti dans l’abri construit à son intention pour prier. Abou Bakr (r.a.) était avec lui. Un groupe d’Ansâr, sous la commande de Sa’d Ibn Mou’âdh, assurait la sécurité autour de la tente.
Ibn ‘Abbâs relate que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a récité ces prières le jour de Badr quand il était dans une grande tente :
اللهم اِنِی اَنشُدُ ك عهد ك ووعد ك اللهم اِن شئت لم تعبد بعد الیوم
« Ô mon Seigneur ! Je jure par Ton alliance et Ta promesse ! Ô Mon Seigneur ! Si Tu souhaites [la destruction des musulmans], après ce jour personne ne Te rendra culte. »
Sur ce, Abou Bakr a pris sa main et a déclaré : « Ô Messager d’Allah ! Cela suffit. Vous avez supplié votre Seigneur avec assez d’insistance. »
Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) portait son armure : il est sorti de la tente tandis qu’il récitait :
سَيُهْزَمُ الْجَمْعُ وَيُوَلُّونَ الدُّبُرَ ۞ بَلِ السَّاعَةُ مَوْعِدُهُمْ وَالسَّاعَةُ أَدْهَى وَأَمَرُّ
« Les armées seront bientôt mises en déroute et elles fuiront. Oui, sûrement, l’Heure est leur terme désigné ; et l’Heure sera des plus désastreuses et des plus amères. » (54 : 46-47)
‘Abdoullâh Ibn ‘Abbâs relate : «’Oumar Ibn Al-Khattâb m’a dit que le jour de Badr, le Saint Prophète a regardé les polythéistes : ils étaient un millier et ses compagnons étaient trois cent dix-neuf. Le Prophète d’Allah (s.a.w.) s’est tourné vers la Qiblah et il a étendu ses deux mains et imploré son Seigneur à haute voix :
اللّهم انجز لی ما وعدتنی اللّهم اٰت ما وعدتنی اللّهم ان تهلك هذه العصابة من اهل الاسلام لا تعبد فی الارض
C’est-à-dire : « Ô Allah ! Accomplis la promesse que Tu m’as faite. Ô Allah, accorde-moi ce que Tu m’as promis. Ô Allah, si Tu détruis cette communauté de musulmans, Tu ne seras plus adoré sur terre. »
Tendant les deux mains face vers la Qiblah, il n’a cessé d’implorer Son Seigneur à haute voix tant et si bien que son manteau est tombé de ses épaules.
Abou Bakr (r.a.) s’approcha de lui, souleva son manteau et le remit sur ses épaules. Puis, il se cramponna au dos du Messager d’Allah (paix et bénédictions d’Allah sur lui) et déclara : « Ô Prophète d’Allah ! Ces prières emplies de détresse suffissent. Les promesses qui vous ont été faites s’accompliront certainement. »
Alors, Allah a révélé ces versets :
إِذْ تَسْتَغِيثُونَ رَبَّكُمْ فَاسْتَجَابَ لَكُمْ أَنِّي مُمِدُّكُمْ بِأَلْفٍ مِنَ الْمَلَائِكَةِ مُرْدِفِينَ
« Quand vous avez imploré l’aide de votre Seigneur, et qu’Il vous a répondu en disant : « Assurément, Je vous soutiendrai avec un millier d’anges se suivant rangs sur rangs. » (8 : 10)
Ainsi, Allah a aidé le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) par l’entremise des anges. Ceci est un récit du Sahîh Mouslim.
Hazrat Mirza Bashir Ahmad Saheb a évoqué cet incident dans son ouvrage en ces termes :
« Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est entré dans la tente pour prier. Abou Bakr (r.a.) l’y a accompagné et un groupe d’Ansâr, sous la commande de Sa’d Ibn Mou’âdh, a assuré la sécurité autour de la tente.
Peu de temps après, il y a eu un tumulte sur le champ de bataille, ce qui a indiqué que les Qouraych avaient lancé une attaque générale. En ces instants, le Saint Prophète (s.a.w.) pleurait abondamment et suppliait Dieu avec ses mains tendues. Il implorait avec une angoisse extrême :
اللهم اِنِی اَنشُدُ ك عهد ك ووعد ك اللهم ان تُهلك هذه العصابةَ من اهل الاسلام لا تعبد فی الارض
« Ô mon Seigneur ! Je jure par Ton alliance et Ta promesse ! Ô Mon Seigneur ! Si ces musulmans sont détruits après ce jour personne ne Te rendra culte. »
En ces instants, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) était dans un tel état de détresse, que parfois il tombait en prosternation, et parfois il se levait pour invoquer Dieu.
Son manteau tomba à plusieurs reprises de son dos, et Abou Bakr le ramassa [à chaque fois] et le remit sur lui.
‘Ali raconte qu’au cours de la bataille, chaque fois que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui venait à l’esprit, il courrait vers sa tente, mais il trouvait le Saint Prophète (s.a.w.) toujours en train de pleurer en prosternation. Il répétait constamment les mots :
یا حیی یاقیوم یاحیی یاقیوم
« Ô mon Dieu éternel ! Ô mon Maître Qui maintient la vie ! »
Abou Bakr (r.a.), très perturbé par cet état du Saint Prophète (s.a.w.), dit spontanément : « Ô Messager d’Allah ! Que ma mère et mon père soient sacrifiés pour vous ! Ne vous inquiétez pas, Allah accomplira certainement Ses promesses. »
Cependant, le Saint Prophète (s.a.w.) ne cessa de prier constamment, ce qui rappelle le proverbe : « Plus un saint est sage, plus sa peur est grande. »
Hazrat Mousleh Maw’oud (r.a.) a relaté cet incident expliquant ce qu’est la confiance. Il écrit : « Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a mis ses compagnons en ordre avant la bataille de Badr. Il les a positionnés à leurs places respectives. Il leur a conseillé de se battre ainsi ; et après cela, il s’est placé sur une plate-forme et a commencé à prier. Il n’a pas laissé les Compagnons à Médine tandis qu’il s’assoit là-bas tout seul pour prier ; il s’est d’abord rendu avec ses compagnons sur le lieu de bataille, puis les a arrangés et leur a prodigué des conseils. Après cela, il s’est assis sur la plate-forme et a commencé à prier. Ceci est le sens du Tawakkoul ou de la confiance en Dieu. C’est-à-dire qu’on doit utiliser les moyens [disponibles]. » On doit faire de son mieux par ses propres efforts et ensuite prier. C’est cela qu’on appelle le Tawakkoul.
Le Messie Promis (a.s.) déclare : « Le Saint Coran promet en maints endroits la victoire du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) sur les mécréants. Lorsque la bataille de Badr – la première de l’islam – a débuté, le Saint Prophète (a.s.) a commencé à pleurer et à prier. Ces paroles sont sorties de sa bouche :
اللّهم ان اهلكت هذه العصابة فلن تعبد فی الارض ابدا
C’est-à-dire : « Ô mon Seigneur ! Si aujourd’hui Tu détruis ce groupe (qui n’était que de trois cent treize), personne ne T’adorera jusqu’au Jour de la Résurrection. »
Quand Abou Bakr (r.a.) a entendu ces paroles de la bouche du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), il a demandé : « Ô Messager d’Allah (s.a.w.), pourquoi êtes-vous si agité ? Dieu vous a déjà promis la victoire. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a répondu : « C’est vrai ! Mais Allah est à l’abri du besoin. » C’est-à-dire que l’accomplissement d’une promesse n’est pas obligatoire pour Dieu le Tout-Puissant. »
Allah n’a besoin de personne, c’est pour cette raison que nous devons toujours vivre dans la peur et nous inquiéter.
Quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) priait dans le dais, il a somnolé et il s’est réveillé soudainement et a dit : « Ô Abou Bakr ! Réjouis-toi car l’aide de Dieu est venue. Regarde ! Gabriel tient la bride de son cheval et le conduit. Il y a des marques de poussière sur ses pieds. » Ceci est un récit tiré de la Sîrah d’Ibn Hichâm.
Selon un récit le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Abou Bakr ! Réjouis-toi de la bonne nouvelle ! Voici l’ange Gabriel, qui porte un turban jaune. Il tient les rênes de son cheval entre la terre et le ciel. Lorsqu’ils ont atterri sur terre, ils ont disparu de mon regard pendant un moment. Puis ils sont réapparus. Les pieds de son cheval étaient couverts de poussière. » Abou Bakr (r.a.) disait : « Étant donné que vous avez prié, l’aide d’Allah vous est venue. »
On trouve également mention de la participation du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lors de la bataille. Selon les récits, il a nommé Al-Zyubair Ibn Al-‘Awwâm à la tête de l’aile droite, Al-Miqdâd Ibn ‘Amr à la tête de l’aile gauche et Qays Ibn Abi Sa’sa à la tête de l’infanterie. La direction générale de l’armée était entre les mains du Prophète. L’Envoyé d’Allah (s.a.w.) était aux premiers rangs. Il a demandé à tous ses compagnons de suivre ses instructions. Il a déclaré : « Aucun des vôtres ne doit avancer jusqu’à ce que je sois devant lui. » De même, le Saint Prophète (s.a.w.) a donné l’ordre suivant sur l’usage des armes : « Quand l’ennemi arrive à votre portée, tirez des flèches mais conservez les flèches autant que possible. »
L’épisode sur les prières du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a eu lieu avant le début de la bataille. La teneur des récits peut suggérer, à tort, que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) n’avait pas participé à la bataille. Il y avait en effet pris part. Il avait fait ces prières en amont ; et en conséquence Dieu lui a envoyé des anges pour lui porter secours.
En tout cas, ‘Ali (r.a.) rapporte ceci à propos de la participation du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) dans la bataille de Badr. Il relate : « Le jour de Badr nous nous protégions derrière le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Il était le plus proche de l’ennemi. Ce jour-là, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) s’est battu plus durement que tous les autres combattants. »
Voici les détails de l’arrivée de l’armée Qouraychite sur le champ de bataille et les dissensions en leur sein. Quand les Qouraychites sont descendus sur le champ de Badr, ils ont envoyé ‘Oumayr Ibn Wahb pour voir combien de combattants accompagnait le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). ‘Oumayr a fait le tour de l’armée musulmane avec son cheval ensuite il est retourné auprès des Qouraychites de La Mecque et a dit : « À mon avis, ces gens seront environ trois cents ou plus. » Puis il est revenu pour voir s’il y avait des renforts tenus en embuscade pour aider l’armée musulmane. ‘Oumayr Ibn Wahb est parti loin sur son cheval et est revenu de là et a dit aux Qouraychites : « Je ne vois pas de renforts pour les aider, mais ô Qouraychites, j’ai vu la mort vous attendre. J’ai vu des chamelles porter des morts. Les chamelles de Yathrib portent une mort certaine. C’est un peuple qui ne dispose d’aucun moyen de défense et ils n’ont aucun abri sauf leurs épées. Aucun d’eux ne sera tué tant qu’il n’aura pas tué l’un des nôtres. S’ils tuent autant des nôtres que leur propre nombre, quelle joie y aura-t-il dans la vie après cela ? Faites ce que vous considérez juste ! »
Il a donné son opinion après analyse. Après avoir entendu ces paroles, Hakîm Ibn Hizâm est venu à ‘Outbah Ibn Rabi’ah et lui a dit : « Tu es un des nobles et un chef des Qouraychites. Ramène l’armée et paie le prix de sang d’Amr Ibn Al-Hadrami. » ‘Outbah a déclaré : « Je suis d’accord. Va voir Ibn Hanzalah (c’est-à-dire Abou Jahl dont le père se nommait Hanzalah). » Hakîm Ibn Hizâm est parti voir Abou Jahl dans ce but et a déclaré : « ‘Outbah m’a envoyé vers toi en disant qu’il paiera le prix du sang et te demande de retourner avec les Qouraychites. »
Abou Jahl a dit : « ‘Outbah a pris peur quand il a vu Muhammad et a fait preuve de lâcheté. Certainement pas, par Dieu ! Nous ne retournerons pas jusqu’à ce qu’Allah décide entre nous et Muhammad. »
Abou Jahl a également déclaré : « ‘Outbah nous empêche de faire la guerre parce que nous ne ferons qu’une bouchée des musulmans, » (c’est-à-dire qu’ils les tueront très facilement). D’ailleurs, le fils d’Outbah fait également partie de ces musulmans. » Le fils d’Outbah était devenu musulman : peut-être qu’il ne voulait pas se battre à cause de son fils. Abou Houdhayfah était ce fils d’Outbah qui était présent sur le champ de Badr du côté des musulmans. Quand ‘Outbah a appris qu’Abou Jahl l’a raillé en le traitant de lâche il a déclaré : « Ce peureux (c’est-à-dire Abou Jahl) saura bientôt qui est un lâche et qui a peur. »
Hazrat Mirza Bashir Ahmad Saheb a commenté sur cet épisode en ces termes : « Les armées étaient alignées face à face. (Auparavant, les armées s’étaient amassées pour livrer bataille et le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) était en train de prier. Quand les deux belligérants se sont fait face et que la bataille a débuté le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) était sur le champ de bataille). »
Hazrat Mirza Bashir Ahmad poursuit : « Les armées étaient alignées face à face. Or, à ce moment, un étrange spectacle de la puissance divine s’est manifesté. L’arrangement des deux armées était tel que l’armée musulmane semblait être le double de son nombre réel aux yeux des Qouraychites. De ce fait, les mécréants furent frappés de crainte. D’autre part, l’armée des Qouraychites apparaissait inférieure à leur nombre réel aux yeux des musulmans. De ce fait, les musulmans étaient emplis de confiance. Les Qouraychites ont tenté de connaître le nombre exact de l’armée musulmane, afin qu’ils puissent consoler les cœurs vacillants d’entre leurs rangs. À cette fin, les chefs des Qouraychites ont envoyé ‘Oumayr Ibn Wahb faire un tour autour de l’armée musulmane à cheval, afin de connaître leur nombre réel et savoir si elle était soutenue par des renforts cachés. ‘Oumayr est monté sur son cheval et a fait le tour des musulmans, mais sur le visage de ces musulmans il a vu une telle détermination et une telle intrépidité face à la mort, qu’il est revenu tout ébranlé. Il a dit aux Qouraychites : Je n’ai pas pu repérer de renforts en embuscade, mais Ô Qouraychites ! Ce ne sont pas des hommes qui montent sur les selles de ces chamelles de l’armée musulmane : c’est plutôt la mort qui est assise dessus. La destruction est montée sur le dos des chamelles de Yathrib ! » Quand les Qouraychites ont appris cette nouvelle, une vague d’anxiété a parcouru leurs rangs. Sourâqah, qui était venu en tant que garant, était si impressionné qu’il s’est enfui. Lorsque les gens ont tenté de le retenir, il a dit : « Je vois ce que vous ne voyez pas. » Lorsque Hakîm Ibn Hizâm a entendu l’opinion d’Oumayr, il est venu voir ‘Outbah Ibn Rabi’ah, tout anxieux, et a dit : « O ‘Outbah, après tout, c’est la vengeance de la mort d’Amr Al-Hadrami que tu attends de Muhammad, parce qu’il était ton allié. Ne serait-il pas judicieux que vous payiez le prix du sang à ses héritiers et que vous retourniez avec les Qouraychites ? Tu seras à jamais connu sous un bon nom. » ‘Outbah, lui-même effrayé, ne pouvait rien demander de mieux, et il dit aussitôt : « Bien sûr ! Je suis d’accord. Et après tout, Hakîm, ces musulmans et nous sommes apparentés. Est-il juste qu’un frère lève son épée contre son frère, et un père contre son fils ? Va voir Abou’l-Hakam (c’est-à-dire Abou Jahl) et présente-lui cette idée. » ‘Outbah est monté sur son chameau et a tenté de convaincre les gens de son propre gré en disant : « Il n’est pas correct de se battre contre des proches ! Nous devrions faire demi-tour et laisser Mohammad à ses desseins et le laisser régler lui-même son affaire avec les tribus d’Arabie. Nous verrons ce qui se passera, et après tout ce n’est pas si facile de combattre ces musulmans. Vous me traiterez de lâche, bien que je ne le sois pas. Je vois un peuple désireux d’acheter la mort. » Quand le Saint Prophète (s.a.w.) a remarqué ‘Outbah de loin, il a dit : « S’il y a quelqu’un parmi l’armée des Qouraychites qui possède une certaine noblesse, c’est certainement le cavalier de ce chameau rouge. Si ces gens écoutaient ses conseils, cela serait meilleur pour eux. » Or lorsque Hakîm Ibn Hizam s’est approché d’Abou Jahl et lui a fait cette proposition, pouvait-on s’attendre à ce que ce Pharaon soit persuadé d’une telle suggestion ? Il a immédiatement rétorqué : « Eh bien ! Eh bien ! ‘Outbah voit ses proches avant lui ! » Ensuite il a fait venir ‘Amir Al-Hadrami, le frère d’Amr Al-Hadrami, et lui dit : « As-tu entendu ce que dit ton allié, ‘Outbah ? Surtout, quand la vengeance de ton frère est entre nos mains ! » Les yeux d’Amir se sont gorgés de sang et, selon la coutume arabe, il a arraché ses vêtements en se mettant nu et s’est mis à crier : « Malheur ! ‘Amr, mon frère, n’a pas été vengé ! Malheur ! ‘Amr, mon frère, n’a pas été vengé ! » Ce cri du désert a enflammé la braise de l’inimitié dans le cœur des Qouraychites et la fournaise de la guerre a commencé à brûler de toute son ardeur.
Ensuite, la bataille a débuté ; et Incha Allah je présenterai d’autres détails à ce propos à l’avenir.
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