Sermons 2023

Consultation mutuelle et Islam

Dans son sermon du 12 mai 2023, Sa Sainteté le Calife a évoqué l'importance du conseil consultatif en Islam et les devoirs de ceux qui y siègent.

Sermon du vendredi 12 mai 2023, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a cité le verset 160 du chapitre 3 du Coran avant d’entamer son sermon.

La traduction de ce verset [que je viens de réciter] est comme suit : « Et c’est grâce à la miséricorde spéciale d’Allah que tu es bienveillant envers eux, car si tu avais été sévère et avais un cœur dur, il est certain qu’ils se seraient dispersés de ton entourage. Pardonne-leur donc et prie Allah pour leur pardon ; et consulte-les dans des affaires importantes et puis une fois que tu t’es décidé, alors mets ta confiance en Allah. Assurément, Allah aime ceux qui Lui font confiance. » (Le Saint Coran, chapitre 3, verset 160)

Ces jours-ci se tiennent les Majâlis Al-Choura au sein de la Jama’at dans différents pays. Ces conseils consultatifs ont eu lieu dans certains pays et se tiendront cette semaine ou la semaine prochaine dans d’autres pays. La Choura d’Allemagne et celles d’autres pays se tiennent ce week-end. Celles du Royaume-Uni et d’autres pays auront lieu la semaine prochaine.

Dans le passé, j’avais souligné dans mes sermons l’importance de la Choura et les responsabilités des représentants de la Choura. Vu le passage de quelques années, j’ai cru bon de présenter de nouveau les injonctions de Dieu, la pratique du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et les traditions et la pratique de la Jama’at à cet égard.

Les représentants de la Choura de ces pays où ce conseil s’est tenu pourront profiter de ces conseils qu’ils doivent avoir en mémoire en leur qualité de membres de l’instance de la Choura. En effet, certaines de leurs responsabilités débutent après les recommandations du conseil consultatif et les décisions prises par le Calife dans ce cadre. Il incombe à tous les membres de la Choura de les entériner et de jouer leur rôle à cet égard.

Avant d’attirer l’attention sur ces responsabilités, je vais présenter quelques points sur le verset que j’ai cité ainsi que l’exemple et la pratique du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).

Ce verset atteste que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) était imbu d’une grande compassion à l’égard des membres de son Oummah par la grâce spéciale d’Allah. Allah l’Exalté a également attiré notre attention sur l’importance de poursuivre l’œuvre du Messie Promis et Imam Mahdi qui est celle de faire avancer la mission du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) – ce Messie et Mahdi qui est apparu en accomplissement des prophéties du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et qui lui est asservi. Ceux qui doivent poursuivre la mission du Messie et Mahdi Promis ont également la tâche d’œuvrer dans un climat d’amour et de bienveillance.

Allah affirme que si au lieu d’être doux, ils sont durs de cœur et se mettent en colère, les gens s’éloigneront. Par conséquent, Allah enjoint la clémence et la prière pour [leur] pardon, et également [l’importance] de les consulter.

Ainsi donc, les Majâlis Al-Choura ont lieu en suivant ce principe et cet enseignement. Mais comme son nom l’indique, il s’agit d’un conseil consultatif et non décisionnel. C’est pourquoi Allah déclare : Quelle que soit la décision que tu as prise après ce conseil, ô Prophète, place ta confiance en Dieu.

Quand on place sa confiance en Allah, Il bénira à foison les résultats.

C’est bien le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) qui nous présente le plus grand exemple d’abandon confiant à Dieu. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) recevait des consignes directement d’Allah dans de nombreux domaines. Il demandait conseil là où il n’avait pas reçu d’ordre clair d’Allah. Cette action de sa part et ce commandement d’Allah visent à guider les titulaires de poste au sein de la Jama’at sur leur comportement à l’égard des membres de la Jama’at et l’importance d’agir après la consultation mutuelle. Allah a conféré à la Jama’at Ahmadiyya cette faveur qu’est le Califat. Le Calife, en conformité avec l’ordre d’Allah et la Sounna du Saint Prophète (a.s.), consulte les Jama’ats du monde selon les conditions qui prévalent dans chaque pays respectif. Il ne fait aucun doute que si Allah l’avait voulu, Il aurait guidé le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) directement dans tous les domaines. Or, en demandant au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) de consulter (ses compagnons) dans certains domaines, Il désire en fait nous guider sur le droit chemin et œuvrer dans la coopération mutuelle. [Cette injonction] vise à favoriser l’unité au sein de l’Oummah.

Il y a un hadith qui explique ce sujet. Ibn ‘Abbas relate que lorsque le verset « et consulte-les dans des affaires importantes » a été révélé, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a déclaré : « Bien qu’Allah et Son messager puissent s’en passer, Allah en a fait une source de miséricorde pour mon Oummah. Ainsi, celui qui consulte parmi eux ne sera pas privé de sagesse et de direction. Celui qui ne consulte pas ne pourra éviter l’humiliation. »

Par conséquent, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) pouvait et peut toujours se passer de ces conseils ; or il a pris conseil afin de présenter un exemple à l’Oummah qui fera toujours profiter cette dernière de la miséricorde d’Allah et de la voie de la direction et lui éviter l’humiliation. C’est une faveur spéciale d’Allah sur nous que le système de la Choura soit présent parmi nous. Par conséquent, tout ahmadi en général et tout membre de la Choura en particulier doit être reconnaissant à Allah pour avoir créé pour nous les moyens favorisant notre guidance.

À quelles occasions le Prophète (a.s.) avait-il pris conseil et quelle en était la méthode ? Je décrirai ce que nous en savons de l’histoire. Les Califes Bien-Guidés ont poursuivi cette méthode, et le Messie Promis (a.s.) en a fait de même.

En général, nous constatons trois méthodes du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) pour obtenir des conseils. Une méthode était que lorsqu’il y avait une question digne de consultation, une personne annonçait que les gens devaient se rassembler. Les musulmans se rassemblaient et ensuite le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) ou les Califes prenaient des décisions suite aux suggestions. Ils annonçaient leur décision et comment elle serait mise en œuvre. À l’époque, il y avait un système de chefferie : généralement les membres des tribus se rassemblaient mais seul le chef ou l’émir donnait son avis. Il était leur représentant ; et les gens acceptaient volontiers que leur chef ou émir donnât son avis en leur nom. Si contrairement à la coutume de l’époque, quelqu’un essayait même d’exprimer son opinion dans son zèle, le Saint Prophète (s.a.w.) dirait qu’il devrait demander à son chef ou à son émir de se présenter et d’exprimer son opinion. « Tes paroles n’ont aucune importance. » Telle était donc l’une des méthodes.

La deuxième méthode était d’inviter ceux que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) considérait comme dignes de présenter leur avis et il n’y avait pas d’invitation générale. Ensuite, il prenait l’avis de ces quelques individus.

La troisième façon était que lorsqu’il était d’opinion qu’il n’y avait pas lieu que même deux individus se réunissent, il appelait les conseillers séparément et prenait leur avis [en privé]. Il faisait venir un premier pour son avis, et ensuite un autre. Telles étaient donc les trois méthodes par lesquelles le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) consultait [ses compagnons] ; et les Califes bien-guidés ont également suivi la même pratique.

Comme énoncé, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a dit qu’Allah et Son Messager n’ont pas besoin de ces conseils, mais malgré cela, l’histoire nous apprend qu’il (s.a.w.) avait pris conseil en différentes occasions, voire il consultait souvent ses Compagnons. Abou Hourayrah (r.a.) relate : « Je n’ai trouvé personne qui consultait ses Compagnons plus que le Prophète (s.a.w.). » Si le Prophète d’Allah, qui était directement guidé par Allah, sollicitait tant des conseils, cette pratique avait pour but, comme je l’ai expliqué, de souligner pour les musulmans l’importance de la consultation.

J’aimerais citer un incident sur la pratique du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) de demander conseil. Mou’adh Ibn Jabal (r.a.) relate : « L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a sollicité l’avis de nombreux compagnons quand il a décidé de m’envoyer au Yémen. Parmi se trouvaient Abou Bakr (r.a.), ‘Oumar (r.a.), ‘Outhmân (r.a.), Talhah (r.a.), Zoubayr (r.a.) et de nombreux autres compagnons. Abou Bakr (r.a.) a déclaré : « Si le Prophète (s.a.w.) ne nous avait pas demandé conseil, nous n’aurions rien dit. » L’Envoyé d’Allah (s.a.w) lui a dit : « Je suis comme vous en ce qui concerne les questions sur lesquelles je n’ai pas reçu de révélation. » Mou’âdh (r.a.) rapporte que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a demandé leur avis et chacun a présenté le sien. Ensuite, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a dit : « Mou’âdh quelle est ton opinion à ce propos ? » J’ai répondu que je partageais l’opinion d’Abou Bakr (r.a.). » Ainsi, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui avait également demandé son opinion.

Cette action de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) démontre d’une part sa simplicité et son humilité et [d’autre part] l’importance du conseil ; elle sert d’exemple pour nous faire comprendre à quel point nous devons valoriser le conseil. L’exemple des Compagnons démontre que suivant l’ordre de l’Envoyé d’Allah (s.a.w), ils présentaient leur avis selon leur aptitude et leur expérience tout en faisant montre de Taqwa.

Quand les mécréants de La Mecque ont tenté de détruire la paix et la tranquillité des musulmans après la migration à Médine, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a consulté les Compagnons afin de remédier à cette situation et a inclus les chefs des Ansâr et des Mouhâjirîn. Puis, selon l’avis et avec le consentement des chefs des Mouhâjirîn et des Ansâr, il s’est rendu à Badr. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a exprimé une grande joie et une énorme satisfaction devant l’exemple sublime de sincérité et de loyauté donné par les chefs des Ansâr lors de cette consultation et leur promesse [de soutien]. Il en fut ainsi, car ils ne s’étaient pas contentés de prodiguer des conseils : l’action et l’attitude de ces conseillers et l’engagement à agir en premier sur ce conseil [étaient la raison de la joie de l’Envoyé d’Allah (s.a.w)].

S’il n’y a pas d’engagement à l’action et pas d’action réelle, le conseil est inutile. Et nous avons vu l’expression pratique de la sincérité et de la loyauté des compagnons sur le champ de bataille à Badr. Ayant présenté leurs avis, ils ont mis leur vie en jeu.

Partout les membres de notre Choura doivent se rappeler qu’ils doivent être les premiers à appliquer leurs suggestions après l’aval du Calife. Ils doivent être prêts à consentir à tout sacrifice quelles que soient les décisions prises par le Calife. Quand on présentera son exemple, les membres de la Jama’at s’offriront volontairement pour tout sacrifice. Les membres de la Choura doivent toujours garder à l’esprit que tout ahmadi promet loyauté et obéissance au Calife. Ce sont les titulaires de poste et les membres de la Choura qui doivent présenter les meilleurs exemples à cet égard : car vous avez été nommés membres de l’instance dédiée à soutenir le Califat et l’administration de la Jama’at.

Le Calife de l’époque a reçu l’ordre de suivre la Sounnah de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) et de demander conseil aux gens de l’Oummah sur des questions importantes de la religion tout en faisant montre de bienveillance et d’avoir recours à la prière. Ces consignes s’appliquent également à ceux qui sont consultés : ils doivent donner des conseils avec de bonnes intentions et sur la base de la Taqwa. Ainsi, ceux qui sont consultés doivent se rappeler qu’il faut que leurs conseils soient basés sur les normes les plus élevées de bonne foi et de la Taqwa. Ainsi, dans ce sens, les conseillers ont une grande responsabilité d’évaluer la qualité de leur Taqwa.

Un récit d’Ali (r.a.) éclaire davantage ce sujet. Il a déclaré : « Demandez conseil aux sages et aux pieux adorateurs de Dieu. » (et non pas de tout le monde). Telle est donc la norme des représentants. Ceci sert également de conseil à ceux qui choisissent les représentants de la Choura : ils doivent élire des délégués qui sont des conseillers avisés, qui possèdent une meilleure connaissance religieuse et qui ont atteint d’excellentes normes dans leur culte. Partout où les délégués sont choisis avec ces critères à l’esprit, j’ai vu une différence importante dans [la qualité de] leur opinion. Si les membres de la Jama’at ont élu quelqu’un comme représentant de la Choura de bonne foi, il incombe à ces représentants d’être à la hauteur de leurs attentes. Personne ne peut atteindre les sommités du savoir et la profondeur de la religion en un jour ou quelques semaines. Cependant, tout le monde peut offrir son avis en respectant les principes de la Taqwa et faisant fi de tout intérêt personnel. Partout où se tient la Choura, les représentants doivent donner leur avis en s’inclinant devant Allah et en sollicitant Son aide sans être influencés par le discours d’un orateur quelconque ou par quelque relation ou amitié pour combiner son opinion avec celle des autres. De même, on ne doit pas modifier son opinion en raison d’une peur ou d’une considération quelconque. On respectera ses devoirs de représentation en ayant en tête la Taqwa et en accordant priorité à l’intérêt de la Jama’at avant de présenter toute opinion.

Il faut toujours se rappeler qu’Allah connaît l’état de nos cœurs et surveille chacune de nos actions. Si on ne travaille pas en ayant en tête son plaisir, il se peut que l’on s’attire Son courroux. De même, là où la Choura a eu lieu, les membres de la Choura doivent maintenant s’acquitter de leurs devoirs de sorte qu’ils s’engagent à servir d’exemples pratiques, en gardant toujours un œil sur leur condition spirituelle et pratique, et d’appliquer les décisions qui ont été prises en suivant les voies de la Taqwa ou essayer de les faire appliquer.

Quand nous engendrerons cet état, nous attirerons la miséricorde d’Allah et nos décisions seront bénies ; sinon notre rassemblement et nos discours enflammés pour défendre notre opinion seront comme ces assemblées mondaines où la Taqwa fait défaut. Ils y prennent des décisions qui violent parfois la morale et sont contraires aux commandements d’Allah. On n’y défend que les objectifs de son parti. Parfois, les résultats de ces mauvaises décisions se manifestent rapidement, détruisant la paix et la tranquillité. Parfois ces résultats se manifestent tardivement, mais il ne s’y trouve aucune bénédiction. Dans tous les cas, ces décisions qui sont contraires aux lois et aux commandements d’Allah finissent par devenir la source de la destruction des nations. Ainsi, après avoir examiné les conditions des gens du monde, nous devons nous concentrer sur l’amélioration de notre condition.

Comme je l’ai dit, les suggestions des membres de la Choura sont présentées au Calife de l’époque et cette Choura n’est convoquée qu’à la demande du Calife. Il faut donc toujours se rappeler que le Majlis Al-Choura est une instance vouée à soutenir le Califat ; et en ce sens elle est d’une grande importance dans Jama’at après le Califat. Tout membre élu à siéger à la Choura est mandaté pour un an. Il doit toujours en garder l’importance à l’esprit. L’ordre du jour de la Choura et ses propositions présentent au Calife les problèmes existant dans différents pays. Ensuite les opinions des uns et des autres présentent le plan de résolution de ces problèmes. Parfois, certains aspects de la solution d’un problème ne sont pas expliqués en détail ou ne sont pas portés devant les membres de la Choura : les Califes incluent ces points dans le plan d’action ; à certains endroits j’adopte cette méthode. Ainsi, tous les membres de la Choura doivent pleinement comprendre que cette instance revête une importance particulière et que celle-ci ne se limite pas à trois jours mais dure bien toute l’année. Il incombe à tout membre de la Choura de s’assurer de la pleine coopération de l’administration dans la mise en œuvre de tout plan d’action : ceci est une responsabilité qui lui incombe. C’est seulement au prix de ces efforts que les plans de développement de la Jama’at suivront la bonne voie et que l’on pourra les mettre en œuvre de manière satisfaisante. Et c’est ainsi que nous pourrons aider et assister dans la mission d’orientation et la direction confiée au Messie Promis (as). Au cas contraire être membre de la Choura ne sert à rien. Généralement, la Choura se tient sous la présidence de l’émir dans tous les pays du monde. Parfois, ceux qui offrent leurs opinions usent de paroles qui vont à l’encontre du caractère sacré de la ChouraI, lors de discours passionnés. Le premier point est que chaque fois que les membres offrent leur opinion, au lieu de prononcer des discours passionnés, au lieu d’un discours dépourvu de justesse, au lieu de prononcer un discours émotionnel, ils doivent présenter leur opinion en usant de mots appropriés. Parfois, en offrant leurs opinions, d’aucuns tiennent de tels propos qui laissent croire aux membres de l’Amila ou l’émir de la Jama’at – sous la présidence duquel se tient la Choura – qu’ils sont, directement ou indirectement, la cible de ces attaques. Le président du Majlis doit arrêter ou réprimander sévèrement l’auteur de ces propos. Les émirs doivent également faire preuve de courage.

Il ne faut pas douter que les propos de l’orateur sont dans l’intérêt de la Jama’at et découlent de sa considération à son égard. S’il a prononcé des mots durs ou contraires au caractère sacré de la Choura, réprimandez-le bienveillamment. N’adoptez pas une attitude qui laissera planer le doute que le Président de la session en a fait une question d’honneur personnel. D’aucuns sombrent dans l’émotion surtout lors des débats sur le budget et certains expriment leurs réserves. En pareilles situations, le secrétaire concerné, le secrétaire aux finances et le président de la session, doivent l’écouter patiemment, lui répondre et le rassurer sur le type de budget établi, sur les revenus, les dépenses, comment les justifier. L’intéressé parle en gardant à l’esprit l’intérêt de la Jama’at : c’est pour cette raison qu’il faut éviter tout soupçon à son égard. Il en est de même des autres propositions de l’ordre du jour : parfois l’administration centrale et les représentants se confondent dans la discussion sans raison. Ou parfois les délégués sont complètement silencieux comme s’ils avaient peur de l’administration centrale. Pareilles gens ne s’acquittent pas non plus de leur obligation.

Souvenez-vous que les délégués sont choisis par la communauté pour qu’ils respectent leur devoir de représentation et leur engagement. Il ne doit pas y avoir de considération personnelle ni aucune peur. L’on doit comprendre que la communauté nous a choisis en conformité avec l’ordre d’Allah stipulant : « En vérité, Allah vous commande de céder les charges à qui de droit. » Aux yeux du Calife de l’époque, vu que les membres ont choisi leurs délégués selon cet ordre d’Allah avec de bonnes intentions, ils s’acquitteront de leurs obligations. Si les délégués ne s’acquittent pas de leurs devoirs lors de la Choura et après, non seulement nuisent-ils à la confiance des membres de la Jama’at, mais ils sont également coupables de trahison à l’égard du Calife en ne s’acquittant pas de leurs obligations. Un autre cas est également possible ici. Certains élisent des délégués sans agir avec Taqwa : ils les élisent en raison de relations familières ou leurs amitiés. En tout cas les électeurs sont coupables dans leurs actions : ils ont commis une action condamnable. S’ils ne sont pas acquittés de leur devoir, ils doivent demander pardon. Les délégués, y compris les titulaires de postes, ont été élus. S’ils n’ont pas atteint les normes requises de condition pratique et spirituelle, ils doivent à présent accomplir l’Istighfâr et promettent d’apporter un changement positif dans leur condition et faire de leur mieux pour suivre les voies de la Taqwa et se rendre dignes de la confiance placée en eux. Suite à cet effort, d’une part ils obtiendront l’agrément d’Allah et ils contribueront d’autre part à la mission du Messie Promis (a.s.) tout en améliorant leurs conditions pratiques et spirituelles. Comme je l’ai dit, la représentation [de la Choura] dure un an et au cours de cette période, [en tant que délégué] vous devez coopérer avec l’administration et vous devez également suivre et faire exécuter les décisions.

Vous devez évaluer si la décision est mise en application dans votre Jama’at ou pas ; ou dans quelle mesure la décision est en train d’être mise en œuvre et si elle est mise en œuvre conformément à la décision du Calife de l’époque. C’est de cette façon, que vous servirez de soutien au Calife de l’époque. Parfois, on constate que ces décisions sont négligées par les titulaires de postes et ne sont pas mises en œuvre. Ainsi, en pareils cas, les délégués ne doivent pas uniquement attirer l’attention des membres de la Jama’at, mais aussi celle des responsables sur leurs responsabilités. Si en dépit de ces rappels, ils sont tout aussi négligents et que telle ou telle proposition n’est pas mise en œuvre de la manière requise, vous devez en informer le Centre. De même, de nombreux titulaires de postes sont également membres de la Choura. Leur tâche n’est pas uniquement de se limiter à leur département, mais inclut le fait de prendre au sérieux l’inapplication des propositions de la Choura et la décision du Califat et tout relâchement à cet égard ; et ce indépendamment du fait que cela concerne leur propre département ou celui de quelqu’un d’autre. En outre, ils doivent faire des rappels aux titulaires de postes concernés et à l’émir. Cette question doit également être à l’ordre du jour du comité central, faute de quoi ces titulaires de postes et ces délégués ne seront pas en train de respecter leurs obligations. Ils pourront se tirer d’affaire en ce monde en présentant quelques excuses, mais il faut se rappeler qu’Allah connaît tout et Il demandera des comptes quant à tout manquement à ses devoirs. Il y a donc lieu de s’inquiéter.

Nous ne devrions pas être fiers du fait que nous soyons des délégués de la Choura ou des titulaires de postes : chacun doit se soucier de ses responsabilités.

Comme je l’ai dit, si les décisions de la Choura ne sont pas mises en pratique après avoir été portées à l’attention des responsables de la Jama’at, et même après les rappels des délégués, ces derniers doivent en informer le centre. Certains suivent cette consigne. Je ne dis pas qu’on ne le fait pas. Si les titulaires de postes n’agissent pas, ces délégués en informent le Centre : mais généralement ils le font lorsqu’il y a un désaccord avec un responsable quelconque suite à une rancune personnelle. Cette méthode ne repose pas sur la Taqwa. Si chaque délégué et chaque titulaire de poste tente de suivre et d’exécuter les propositions approuvées par la Choura, jamais aucune proposition ne reviendra l’année prochaine ou deux ou trois ans plus tard. Le fait qu’une proposition soit remise sur la table signifie qu’elle n’a pas été entièrement mise en œuvre ou qu’elle n’a pas été exécutée comme elle aurait dû l’être. Ainsi, ces Jama’ats et ces titulaires de postes doivent se demander si pareil acte est conforme à la Taqwa et au respect de leurs obligations. Est-ce là obéissance et loyauté envers le Califat ? Les Jama’ats à l’intérieur du pays envoient ces propositions au centre quand elles constatent que cela n’est pas mise en œuvre. Si ces décisions sont exécutées et qu’on analyse dans quelle mesure l’exécution est en cours à tous les niveaux au sein de chaque Jama’at, pareilles suggestions ne seront pas présentées de nouveau. D’ailleurs le centre national n’aura pas à informer le Calife de l’époque qu’il ne recommande pas de présenter à Choura pareilles propositions de nouveau étant donné qu’elles ont été présentées un an ou deux ans auparavant. En présentant cette réponse, le centre national doit exprimer ses regrets et écrire : « Nous avons honte de ne pas avoir exécuté cette décision [de la Choura]. Nous allons le faire cette année. Nous serons coupables si nous ne l’avons pas fait et ferons partie ceux qui ne s’acquittent pas de leurs obligations. »

Ceci doit être leur réponse. Et ils doivent ajouter : « En toute humilité, nous demandons pardon et ne recommandons pas cette proposition cette année. » C’est en agissant de la sorte que l’on aura un sentiment de responsabilité. Au moins, cela fera comprendre à l’administration et aux représentants qu’ils élaborent de grands plans et les présentent au Calife ajoutant que « nous ferons ceci ou cela » mais qu’ils ne mettent pas ces plans à exécution. En ce cas, ils seront tenus coupables et portent atteinte à la confiance du Calife. Pareille réaction favorisera une introspection collective. De même, les titulaires de postes et les délégués de la Choura accompliront également leur analyse à titre individuel et imploreront le pardon de Dieu. Ensuite, on tentera à chaque niveau de découvrir les raisons de l’inapplication de ces décisions. Ce sont donc ces enquêtes qui peuvent orienter l’organisation de la Jama’at sur la bonne voie, sinon les paroles en l’air ne serviront à rien. Il faut aussi évaluer au sein des pays que certaines Jama’ats actives appliquent sinon à 100 % du moins à 80 % ou 70 % les suggestions et le font avec dévouement en se disant : « Nous avons reçu ce plan avec l’approbation du Calife et nous devons être à la hauteur de l’attente du Calife. » Il faudra essayer de connaître l’esprit qui a apporté cette révolution parmi les membres de cette Jama’at. Les membres du comité de ces Jama’ats actives doivent rencontrer ceux des Jama’at plus faibles, voire rencontrer également les membres du bureau central afin qu’ils puissent bénéficier de leur expérience.

Si une Jama’at est active dans ses programmes pratiques et spirituels, elle peut bénéficier à dix autres Jama’at en partageant ses méthodes. Mais on en revient au même point : l’on n’atteindra cet objectif que si tous les secrétaires, titulaires de postes et délégués de la Choura jouent leur rôle honnêtement.

Certaines Jama’ats ou pays ont également examiné dans quelle mesure les décisions de la Choura des trois dernières années ont été exécutées et mises en œuvres, et envoient un rapport d’examen trimestriel. Ceci a été avantageux. Cela les conscientise qu’ils ne doivent pas simplement s’asseoir et dire que cette proposition a été présentée deux ans auparavant et qu’elle ne sera pas présentée de nouveau. Ils doivent faire un rapport au centre en disant : « Nous avons suivi ce plan dans cette mesure et d’autres efforts sont en cours. » Cela va accroître le sens de la responsabilité au sein de ces Jama’ats. Nous ne pouvons pas conquérir le monde avec de simples paroles en l’air : cela nécessite des actions. Là où une planification concrète est requise, un effort pratique est aussi requis.

Il est important d’accroître le niveau de vos actes d’adoration. Si les titulaires de postes et les délégués de la Choura veillent à améliorer la qualité de leurs prières et servent d’exemple pratique en venant à la mosquée, le nombre de fidèles sera multiplié par trois ou quatre. Vous devez aussi vous analyser à cet égard. Ainsi, votre exemple pratique, votre affection à l’égard d’autrui, votre compassion à leur égard, le fait de prier pour eux et pour vous-mêmes, et d’élever le niveau d’obéissance à l’égard du Calife, sont autant de qualités qui seront la marque distinctive de tout titulaire de poste et tout membre de la Choura ; et c’est là que nous verrons un changement révolutionnaire s’opérer de façon collective au sein de la Jama’at.

Une tâche immense nous a été confiée. Le but de l’avènement du Messie Promis (a.s.) et sa mission ne sont pas une tâche triviale. Transmettre le beau message de l’islam au monde et en faire [un monde] d’Adorateurs du Dieu unique exige un effort constant. La Choura se tient dans tous les pays afin de mettre en place des plans d’actions pour rectifier notre conduite, transmettre le message du Dieu Unique et de faire du monde une Oummah unifiée sous le drapeau du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) : ce sont autant de plans d’action à même d’augurer une révolution.

Souvenez-vous aussi que tout ce travail nécessite des financements. Par conséquent, planifiez votre budget financier de sorte à accomplir un maximum à moindre coût. La majorité des membres de Jama’at sont des gens pauvres et de la classe moyenne. Par conséquent, nos dépenses doivent être planifiées de manière à ce que nous puissions accomplir au maximum la diffusion du message de la religion et la prédiction à moindre coût. Nous pourrons accomplir ce travail quand nous nous rendrons compte que nous devons assumer nos responsabilités et nos obligations en marchant sur la voie de la Taqwa et considérer le service de la religion comme une faveur divine.

Le Messie Promis (a.s.) nous encourage à marcher sur la voie de la Taqwa en ces termes :

يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آَمَنُوا إِنْ تَتَّقُوا اللَّهَ يَجْعَلْ لَكُمْ فُرْقَانًا وَيُكَفِّرْ عَنْكُمْ سَيِّئَاتِكُمْ

وَيَجْعَلْ لَكُمْ نُورًا تَمْشُونَ بِهِ

« Ô vous qui croyez ! Si vous êtes fermes sur la voie de la Taqwa et si vous restez assidus et fidèles à cet attribut de Taqwa pour la cause d’Allah, Il vous démarquera des autres. Une lumière vous démarquera des autres par le biais de laquelle vous marcherez sur vos voies. C’est-à-dire, cette lumière sera visible dans chacune de vos paroles et actions. Une lumière éclairera vos moindres faits et gestes, vos sens, votre intellect et vos paroles. Vos yeux seront également illuminés, ainsi que vos oreilles, votre langue, vos paroles, vos faits et gestes ; et les chemins que vous emprunterez s’illumineront eux aussi. En d’autres termes, vos aptitudes et vos sens seront emplis de lumière. Vous serez lumière de la tête aux pieds. »

Qu’Allah nous accorde à tous la capacité de remplir nos responsabilités tout en marchant sur la voie de la Taqwa. Qu’Allah ne cesse de nous bénir de Sa grâce tout en couvrant nos erreurs, nos défauts et nos faiblesses.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

Etiquettes