Sermon du vendredi 01 octobre 2021, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :
Dans un discours sur le thème de la prédication, le Mouslih Maw’oud (r.a.) a commenté sur les incidents à l’époque du Calife ‘Oumar (r.a.). Il déclare : « Dans la plupart des batailles après le décès du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), les musulmans étaient moins nombreux (que leurs ennemis). II y avait un grand manque d’effectif lors des campagnes en Syrie. Abou ‘Oubaydah (r.a.) a écrit au Calife ‘Oumar (r.a.) : « L’ennemi est très nombreux. Veuillez nous envoyer des renforts. »
Suite à son analyse, le Calife ‘Oumar (r.a.) a réalisé qu’il lui sera impossible de lever une nouvelle armée, car soit les jeunes des tribus arabes avoisinantes avaient été tués, soit ils étaient déjà enrôlés dans l’armée. Le Calife ‘Oumar (r.a.) a convoqué un conseil et y a invité les membres de diverses tribus ; il leur y a présenté le problème. Ils ont déclaré qu’une tribu pourra fournir quelques effectifs. Le Calife ‘Oumar (r.a.) a ordonné à un officier de réunir les jeunes de cette tribu. Ensuite, il a informé Abou ‘Oubaydah (r.a.) comme suit : « Je vous envoie un renfort de six mille soldats. Ils vous atteindront d’ici quelques jours. Trois mille seront issus de telle et telle tribu. J’envoie aussi ‘Amr Ibn Ma’adi Yakrib qui, à lui seul, équivaut à trois mille soldats. »
Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) déclare : « Si nous envoyons un jeune combattre trois mille, on dira : « Quelle sottise ! Le Calife a-t-il perdu la tête ? Un simple individu pourra-t-il combattre trois mille ? » Or voyez à quel point la foi de ces personnes était forte. Quand Abou ‘Oubaydah (r.a.) a reçu la lettre du Calife ‘Oumar (r.a.), il l’a lu à ses soldats et leur a dit : « Réjouissez-vous ! Demain ‘Amr Ibn Ma’adi Yakrib sera parmi vous ! »
Les soldats ont accueilli chaleureusement ‘Amr Ibn Ma’adi Yakrib le lendemain et ont lancé des slogans. L’ennemi croyait que les musulmans recevaient un renfort de cent à deux cent mille soldats d’où leur effusion de joie. Or, ‘Amr Ibn Ma’adi Yakrib était venu tout seul. Par la suite, les renforts de trois mille soldats leur sont parvenus et les musulmans ont vaincu l’ennemi, alors qu’il est impossible pour un seul soldat d’en combattre trois avec l’épée. Dans une bataille de paroles, un individu peut transmettre ses propos à plusieurs centaines de milliers de personnes. Or, ces gens accordaient une telle importance aux propos du Calife que lorsque le Calife ‘Oumar (r.a.) a envoyé ‘Amr Ibn Ma’adi Yakrib à la place de trois mille, les soldats n’ont pas soulevé d’objection à l’effet qu’un seul individu ne pourra pas combattre trois mille. À leurs yeux, il équivalait à trois mille soldats et ils l’ont accueilli en grande pompe. L’ennemi, terrifié par l’accueil réservé par les musulmans, croyait qu’ils recevaient un renfort de cent à deux cent mille soldats. C’est pour cette raison qu’ils ont flanché sur le champ de bataille et ont pris la fuite. Nous allons devoir, aujourd’hui, nous satisfaire de la situation dans l’immédiat. »
Cela, [dans le cadre] de l’explication du Mouslih Maw’oud (r.a.) sur comment prêcher le message [de l’islam] en Europe et en Espagne.
Je me tourne à présent vers les conquêtes de l’Égypte. Il y a eu la bataille de Farma qui était une ville très connue, située sur une montagne entre la rive du Nile et la Méditerranée. Selon le ‘Allamah Chibli Al-Nou’mani, après la conquête de Jérusalem, sur l’insistance d’Amr Ibn Al-‘Âs, le Calife ‘Oumar (r.a.) l’a envoyé vers l’Égypte à la tête de quatre mille soldats en lui ordonnant ceci : « Si tu reçois ma lettre avant d’atteindre l’Égypte, tu devras retourner. »
‘Amr Ibn Al-‘Âs a reçu la lettre du Calife ‘Oumar (r.a.) quand il est arrivé à Arich. Certes le Calife l’avait enjoint de ne pas [entrer en Égypte] mais étant donné qu’il s’agissait d’un ordre conditionné, ‘Amr Ibn Al-‘Âs a déclaré : « Nous sommes déjà arrivés à la frontière. » C’est ainsi qu’ils sont partis d’Arich pour atteindre Farma.
Al-Iktifa est un ouvrage sur les guerres islamiques. Il y est rapporté qu’Amr Ibn Al-‘Âs avait reçu la lettre du Calife ‘Oumar (r.a.) lorsqu’il a atteint le lieu-dit Rafa. Mais craignant que la lettre ne l’ordonne de rentrer – tout comme le Calife ‘Oumar (r.a.) l’avait dit – il n’a pas pris la lettre du messager. Il a marché jusqu’à ce qu’il atteigne une petite ville entre Rifa et Arich et là-bas il a demandé à propos de leur position. On l’a informé qu’il se trouvait à l’intérieur des frontières de l’Égypte. Sur ce, il a demandé qu’on lui apporte la lettre et il l’a lue : elle disait qu’il devait retourner avec les musulmans qui étaient avec lui. ‘Amr Ibn Al-‘Âs a dit aux gens qui étaient avec lui : « Savez-vous que nous sommes en Égypte ? » Ils ont répondu : « Oui. Nous le savons. » Il a déclaré : « L’Emir des Croyants m’a ordonné que je dois rentrer si je reçois sa lettre avant que nous atteignions l’Égypte. Vu que j’ai reçu cette lettre après être entré en Égypte, nous allons donc avancer au nom d’Allah. »
Selon un autre récit, ‘Amr Ibn Al-‘Âs était en Palestine et qu’il est parti en Égypte avec ses compagnons sans autorisation. Cela a offensé le Calife ‘Oumar (r.a.) qui lui a écrit une lettre qu’il a reçue lorsqu’il était tout près d’Arich.
Il a lu la lettre qu’après avoir atteint Arich. Elle disait : « D’Oumar ibn al-Khattab à ‘Amr Ibn Al-‘Âs. Vous êtes parti en Égypte avec vos compagnons. Il s’y trouve un grand nombre de Byzantins tandis que vous êtes peu nombreux. Par ‘Oumar ! Que Dieu vous bénisse ! Il aurait été mieux que tu ne les y aies pas emmenés. Rebroussez chemin si vous n’êtes pas encore arrivés en Égypte. »
Au cours de ce voyage, l’armée islamique n’a rencontré aucun soldat byzantin avant Farma. Elle a été bien accueillie par les Égyptiens à divers endroits et le premier affrontement n’a eu lieu qu’à Farma. Les Byzantins ont reçu la nouvelle…
Il existe divers récits. Mais le récit le plus authentique semble être celui affirmant qu’il a reçu la lettre à Arich après avoir atteint les frontières de l’Égypte. Sinon, il n’est pas possible qu’Amr use de subterfuges en disant « Nous n’ouvrirons la lettre que lorsque nous atteindrons l’Égypte. »
Lorsqu’ils ont atteint l’Égypte, ils ont dû avancer car le croyant ne recule pas.
[Je disais donc que] les Byzantins ont reçu la nouvelle que l’armée d’Amr était peu nombreuse et mal préparée : elle ne pourrait pas tenir de longs sièges. Les Romains étaient plus nombreux que les musulmans et mieux préparés ; et ils pensaient donc pouvoir les écraser.
Ils se sont retranchés dans la ville. ‘Amr Ibn Al-‘Âs avait connaissance de la puissance militaire des Romains, notamment qu’ils étaient plus nombreux et mieux armés. Il a mis en place un plan pour prendre Farma en lançant une attaque surprise pour ouvrir les portes des remparts. Ou de tenir le siège avec patience jusqu’à ce que la population soit à court de nourriture et en ressorte affamée. Les musulmans ont tenu le siège qui devenait de plus en plus dur et les Byzantins ne capitulaient pas, par entêtement. Le siège a duré plusieurs mois. Parfois, des troupes romaines sortaient et se retiraient après quelques escarmouches. Dans ces affrontements, seuls les musulmans ont prévalu. Un jour, un groupe de forces romaines est sorti de la ville pour combattre les musulmans. Ces derniers ont prévalu dans la bataille et les Romains ont été vaincus et se sont enfuis vers la ville. Les musulmans les ont poursuivis et, étant plus rapides, certains ont atteint les portes avant que les Romains ne puissent y parvenir. Ils ont ouvert les portes et, avec elles, la voie à la conquête.
Comment s’est passée la conquête de Bilbis ? Après la conquête de Farma, ‘Amr Ibn Al-‘Âs s’est tourné vers Bilbis ; l’armée romaine lui a bloqué le chemin. Bilbis est une ville sur la route de la Syrie, à une trentaine de kilomètres de Foustât. La route a été bloquée afin que les musulmans ne puissent pas atteindre la forteresse de Babylone, le nom utilisé dans le langage ancien, pour décrire la terre égyptienne. Babylone est le lieu où se trouve Foustât. L’armée romaine voulait combattre ici, mais ‘Amr Ibn Al-‘Âs leur a dit : « Ne soyez pas pressés ; attendez jusqu’à ce que nous vous présentions ce que nous avons à dire pour qu’il n’y ait pas de doléances plus tard. Envoyez-nous Abou Maryâm comme ambassadeur de votre part. » Ils n’ont pas livré bataille et ont envoyé deux ambassadeurs. Les deux ambassadeurs étaient des moines de Bilbis. ‘Amr leur a proposé de se convertir à l’islam ou de payer la Jizyah, et aussi ce qu’avait dit le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) concernant le peuple d’Égypte. Il avait déclaré : « Vous allez conquérir l’Égypte. C’est un pays où la Qira’ah, une unité de mesure, est en usage. Quand vous allez la conquérir traitez ses habitants avec bonté : car [vous] avez des responsabilités envers eux et ils vous sont apparentés ». Ou il aurait déclaré : « Vous avez des responsabilités et avez les mêmes aïeux. »
En entendant cela, les deux ambassadeurs ont déclaré : « Il s’agit d’une relation très éloignée. Seuls les prophètes peuvent la respecter. Laissez-nous partir. Nous reviendrons vous en informer. »
‘Amr Ibn Al-‘Âs a déclaré : « Vous ne pourrez pas tromper une personne comme moi. Je vous accorde un répit de trois jours. Vous devriez considérer la question à fond. »
Les deux ambassadeurs ont demandé un jour de plus. ‘Amr leur a accordé un jour de plus. Les deux ambassadeurs sont retournés vers Maqawqis, le chef copte, et Atraboun (Tribunus) le gouverneur de l’Égypte nommé par le roi romain et leur ont présenté les propos des musulmans.
Atraboun a refusé la proposition et, déterminé à se battre, il a attaqué les musulmans durant la nuit. L’armée d’Atraboun comptait douze mille hommes. Un bon nombre de musulmans sont tombés en martyr dans cette bataille ; mille soldats byzantins ont été tués et trois mille capturés et alors Atraboun a fui le champ et certains ont dit qu’il a été tué dans la même bataille.
Les musulmans l’ont vaincu, lui, ainsi que son armée jusqu’à Alexandrie. Les historiens s’accordent à dire que les musulmans sont restés à Bilbis pendant un mois. Les combats se sont poursuivis et à la fin les musulmans ont été victorieux ; mais les historiens ne s’accordent pas pour déterminer si cette bataille était intense ou non.
Un incident ayant eu lieu lors de cette bataille témoigne de la sagesse et de la supériorité morale des musulmans. Une fille de Maqawqis a été arrêtée quand Allah a accordé la victoire aux musulmans à Bilbis : elle se nommait Armanoussa. Elle était la fille bien-aimée de son père. Son père voulait la marier à Constantin, le fils d’Héraclius. Elle a refusé ce mariage et s’est rendue à Bilbis avec sa femme de chambre pour une promenade. Cependant, lorsque les musulmans l’ont arrêtée, ‘Amr Ibn Al-‘Âs a convoqué une réunion de tous les compagnons et a présenté le commandement d’Allah :
هَلْ جَزَاءُ الْإِحْسَانِ إِلَّا الْإِحْسَانُ
La récompense de la bienveillance peut-elle être autre chose que la bienveillance ? En référence à ce verset, c’est-à-dire Hal jaza’oul-ihsani illal-ihsan, ‘Amr a déclaré : « Maqawqis avait envoyé un cadeau à notre Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Selon moi nous devrons renvoyer à Maqawqis sa fille, les femmes qui sont avec elle et ses serviteurs et toutes les richesses qui sont tombés entre nos mains. »Tous étaient d’accord avec l’opinion d’Amr Ibn Al-‘Âs. Ainsi, ‘Amr Ibn Al-‘Âs a envoyé Armanousa, la fille de Maqawqis avec tous ses bijoux, ainsi les autres femmes et les serviteurs, avec le plus grand respect. Sur le chemin du retour, sa femme de chambre dit à Armanousa : « Nous sommes entourés d’Arabes de toutes parts. » Armanousa a déclaré : « Je considère que ma vie et mon honneur sont en sécurité dans la tente arabe, mais je ne considère pas ma vie en sécurité dans la forteresse de mon père. » Quand elle est arrivée auprès de son père, celui-ci a été très heureux du traitement des musulmans à son égard.
Voici le récit de la victoire [des musulmans] à Oumm Dounayn. Après la conquête de Bilbis, ‘Amr Ibn Al-‘Âs s’est avancé vers la frontière du désert et a atteint la ville d’Oumm Dounayn qui était située sur le Nil à la source du golfe de Trajan. Ce golfe était proche de Suez et rejoignait la ville du Caire et la Méditerranée : il s’y trouve à présent le quartier Azbakiya de l’actuel Caire.
Le village d’Oumm Dounayn était tout près de là où les Romains s’étaient retranchés dans une forteresse. À côté se trouvait le quai du Nil et de nombreux bateaux y étaient amarrés. Ce village était situé au nord de Babylone, la plus grande ville d’Égypte. En ce sens, Oumm Dounayn peut être considéré comme le premier avant-poste défensif de cette région bien-aimée des Égyptiens, qui était aussi la capitale des pharaons du passé. Les musulmans ont campé tout près d’Oumm Dounayn. Les Byzantins avaient envoyé la crème de leur armée à la forteresse de Babylone et avaient fortifié la forteresse d’Oumm Dounayn, se préparant au combat. D’après les informations des espions, ‘Amr Ibn Al-‘Âs s’est rendu compte que son armée n’était pas suffisante pour conquérir ou assiéger la forteresse de Babylone. Il a envoyé une lettre à Médine par l’intermédiaire d’un messager, dans laquelle il décrivait son voyage, l’état des forteresses en Égypte et le besoin de renforts pour les attaquer. Pendant ce temps, il a annoncé à son armée que les forces de secours arriveraient très bientôt.
Il s’est ensuite rendu à Oumm Dounayn, l’a assiégée et a arrêté l’approvisionnement en nourriture et en fournitures militaires du fort. Les Romains de la forteresse de Babylone n’ont pas tenté de venir ici parce qu’ils avaient vu le destin d’Atraboun à Bilbis et ils savaient qu’ils ne pourraient pas combattre les Arabes en rase campagne. Les troupes d’Oumm Dounayn, cependant, se retiraient occasionnellement et revenaient après des escarmouches infructueuses. Plusieurs semaines se sont écoulées ainsi. Pendant ce temps, on a appris que la première armée de secours avait été envoyée par le Calife et qu’elle allait bientôt arriver. Cette nouvelle a augmenté le courage et la force des musulmans. Le Calife ‘Oumar (r.a.) a envoyé quatre mille soldats pour aider l’armée islamique. Il a nommé un émir sur mille personnes. Les chefs de ces armées étaient Zoubayr Ibn Al-‘Awam, Miqdad Ibn Aswad, ‘Oubadah Ibn Al-Samit et Maslamah Ibn Moukhallad. Selon un récit, Maslama Ibn Moukhallad a été remplacé par Kharijah Ibn Houdhayfah. Avec ce renfort, le Calife ‘Oumar (r.a.) a écrit une lettre à ‘Amr Ibn Al-‘Âs, disant : « Vous êtes maintenant douze mille. Ce nombre ne sera jamais vaincu par manque d’effectif. » Les guerriers byzantins ont marché avec les Coptes pour combattre les musulmans.
Il y a eu de violents combats entre les deux armées. ‘Amr Ibn Al-‘Âs a stratégiquement divisé son armée en trois parties. Une partie était stationnée tout près de la Montagne Rouge, l’autre à un endroit sur les rives du Nil près d’Oumm Dounayn, et le reste de l’armée est sorti pour combattre l’ennemi. Quand les deux armées se battaient férocement, l’armée cachée tout près de la Montagne Rouge est sortie et a attaqué par-derrière, ce qui a perturbé leurs rangs de l’ennemi et ils ont fui vers Oumm Dounayn. Mais l’autre partie de l’armée islamique s’y tenait prête et elle leur a bloqué le chemin. Ainsi l’armée romaine a été prise entre les trois armées des musulmans et a été vaincue.
Voici le récit de diverses conquêtes. Après la conquête d’Oumm Dounayn, ‘Amr Ibn Al-‘Âs a conquis la région de Fayoum en premier ; le chef de cette région a été tué dans cette bataille. Ensuite, les musulmans ont combattu les Romains à ‘Ayn al-Chams. Auparavant, une armée de huit mille combattants, sous l’égide de Zoubayr Ibn Al-‘Awam, était venue renforcer l’armée d’Amr Ibn Al-‘Âs. Il s’y trouvait ‘Oubadah Ibn Al-Samit, Miqdad Ibn Aswad et Maslamah Ibn Moukhallad. Les musulmans ont remporté cette bataille. Les musulmans ont conquis toute la province de Fayoum. Une section de l’armée musulmane a conquis les deux villes d’Isrîb et de Manouf de la province de Manoufiyyah.
Ceci est un récit sur la bataille de Babylone ou de la conquête de Foustât. Après la conquête d’Oumm Dounayn, par ‘Amr Ibn Al-‘Âs, les musulmans ont marché vers la forteresse de Babylone et l’ont assiégée. Cette région s’appelle désormais Foustât. La raison en est que la tente se dit « Foustât » en arabe.
Lorsque ‘Amr Ibn Al-‘Âs a ordonné de lever le camp après avoir conquis le fort, par hasard une colombe avait fait un nid dans sa tente. Quand il l’a aperçu, il a ordonné que la tente soit laissée sur place. Quand le Calife ‘Oumar (r.a.) est revenu d’Alexandrie, il a fondé une ville près de la même tente. C’est pour cette raison que cette ville est connue sous le nom de Foustât.
Le nombre de gardes du fort était estimé entre cinq à six mille et ils étaient armés de la tête aux pieds. ‘Amr a assiégé la forteresse de Babylone. Il s’agissait de la forteresse la plus solide après celle d’Alexandrie. Elle était construite en briques et entourée par les eaux du Nil de tous côtés car elle était située sur le Nil et les navires et les bateaux venaient aux portes du fort. Il s’agissait d’un lieu fort approprié pour les besoins administratifs. Les Arabes n’étaient pas équipés d’outils nécessaires pour attaquer ce bastion, ni n’étaient-ils prêts pour cela. ‘Amr s’est d’abord préparé à l’assiéger. Maqawqis, le souverain d’Égypte, avait atteint le fort avant ‘Amr Ibn Al-‘Âs et organisait la bataille. Zoubayr a fait le tour du fossé à cheval et a affecté un nombre approprié de cavaliers et de soldats là où cela était nécessaire. Le siège a duré sept mois sans résulter en victoire ou défaite. Pendant ce temps, l’armée romaine sortait parfois du fort et se battait, mais se retirait ensuite. En attendant, Maqawqis a continué à envoyer ses ambassadeurs à ‘Amr Ibn Al-‘Âs pour la réconciliation et l’intimidation. ‘Amr Ibn Al-‘Âs a envoyé ‘Oubadah Ibn Al-Samit et n’a imposé que trois conditions pour la réconciliation : embrasser l’islam, payer la Jizya ou livrer bataille. Il a déclaré qu’aucune autre condition ne sera acceptée pour conclure un traité.
Maqawqis a accepté de payer la Jizyah et s’est rendu en personne chez Héraclius pour demander sa permission à cet égard. Mais Héraclius a refusé et s’est mis en colère contre Muqawqis : il l’a puni et l’a envoyé en exil.
Quand la conquête de Babylone retardait, Zoubayr Ibn Al-‘Awam a déclaré : « Je vais sacrifier ma vie dans la voie d’Allah. J’espère qu’Allah accordera la victoire aux musulmans par ce faire. » Ce disant, il a dégainé son épée et a escaladé le mur de la forteresse à l’aide d’une échelle. Quelques autres compagnons l’ont également accompagné. Ils ont tous escaladé le mur et scandé un slogan et en même temps toute l’armée a lancé le slogan secouant la terre du fort. Les chrétiens ont cru que les musulmans étaient entrés dans le fort et se sont enfuis dépités. Zoubayr est descendu du mur et a ouvert la porte du fort et toute l’armée est entrée : elle a combattu et conquis le fort.
‘Amr Ibn Al-‘Âs a garanti leur sécurité à condition que l’armée romaine parte avec quelques jours de provisions et ne touche pas au stock et aux armes de la forteresse de Babylone car elles sont le butin des musulmans. Par la suite, ‘Amr Ibn Al-‘Âs a détruit les dômes de la forteresse de Babylone et les murs hauts et forts. Après la conquête de la forteresse de Babylone, l’armée islamique a conquis d’autres régions et forts d’Égypte, dont les plus notables sont Tarnout, Naqyous, Soultays et Crion, parmi d’autres.
Voici le récit sur la conquête d’Alexandrie. Après la conquête de Foustât, le Calife ‘Oumar (r.a.) a autorisé la conquête d’Alexandrie. Il y a eu une féroce bataille contre les Byzantins à Kiryon, entre Alexandrie et Foustât : les musulmans ont été victorieux. Il n’y a pas eu de confrontation avec les Romains jusqu’à Alexandrie. Maqawqis voulait faire la paix en payant la Jizyah mais les Byzantins ont fait pression sur lui, suite à quoi Maqawqis a envoyé un message à ‘Amr Ibn Al-‘Âs, que les Coptes et lui n’étaient pas impliqués dans cette guerre : il ne faillait donc pas les toucher.
Les Coptes n’étaient pas impliqués dans cette bataille. Ils se sont rangés du côté de l’armée islamique, ouvrant la voie aux musulmans et en réparant les ponts. Même pendant le siège d’Alexandrie, les Coptes ont continué à approvisionner les musulmans.
L’on peut déduire l’importance d’Alexandrie du fait qu’elle était la capitale [de l’Égypte] lorsque les musulmans l’ont conquise. Après Constantinople, Alexandrie était considérée comme la deuxième plus grande ville de l’Empire byzantin. D’ailleurs, elle était aussi la première ville commerciale au monde. Les Byzantins savaient bien que si cette ville tombait entre les mains des musulmans, cela aurait des conséquences désastreuses. Héraclius, fortement tourmenté, avait même dit que si les Arabes conquéraient Alexandrie, les Byzantins périraient. Héraclius, en personne, a fait des préparatifs pour combattre les musulmans, mais il est mort durant cette période. Son fils Constantin devint roi. Alexandrie avait une position défensive unique en raison de l’emplacement solide de ses murs et du grand nombre de défenseurs.
Le siège d’Alexandrie a duré neuf mois. Le Calife ‘Oumar (r.a.), inquiet, a écrit une lettre disant : « Peut-être avez-vous sombré dans le luxe en demeurant là-bas ; sinon la victoire n’aurait pas tardé. Encouragez les musulmans à accomplir le djihad et lancez l’attaque. »
Après avoir lu cette lettre de Calife ‘Oumar (r.a.) [aux troupes] ‘Amr Ibn Al-‘Âs a appelé ‘Oubadah Ibn Al-Samit et lui a remis le drapeau. Les musulmans ont lancé une attaque féroce et ont conquis la ville. ‘Amr a envoyé un messager à Médine, l’enjoignant de partir aussi vite qu’il le pouvait afin d’offrir les bonnes nouvelles à l’Emir des Croyants. Le messager est monté sur un chameau et a atteint Médine. Comme il était midi, pensant que c’était un temps de la sieste, il s’est rendu directement à la Mosquée du Prophète avant de partir à la rencontre du Calife. Par coïncidence, la domestique du Calife ‘Oumar (r.a.) est passée par là et a demandé qui il était et d’où il venait. Le messager a déclaré : « Je viens d’Alexandrie. »
La domestique est allée annoncer la nouvelle. Elle est retournée dire au messager : « L’Emir des Croyants vous appelle. » Le Calife ‘Oumar (r.a.) s’apprêtait à sortir sans attendre et maniait son manteau lorsque le messager est arrivé. En entendant la nouvelle de la victoire, il est tombé à terre et s’est prosterné en action de grâce. Il s’est levé et est venu à la mosquée pour annoncer « As-Salatou Jami’ah ». En entendant cela, l’ensemble de Médine s’est présenté. Le messager a décrit les conditions de la victoire devant tout le monde. Plus tard, le messager s’est rendu chez le Calife ‘Oumar (r.a.) où un repas lui a été servi. Le Calife ‘Oumar (r.a.) lui a demandé : « Pourquoi n’étais-tu pas venu directement vers moi ? » Il a répondu : « Je pensais que vous vous reposiez. » Le Calife ‘Oumar (r.a.) lui a dit : « Pourquoi as-tu pensé cela de moi ? Si je dors pendant la journée, qui portera le fardeau du Califat ? »
Toute l’Égypte a été conquise après la conquête d’Alexandrie. Beaucoup ont été faits prisonniers dans ces batailles. Le Calife ‘Oumar (r.a.) a écrit à ‘Amr d’appeler tous les prisonniers et de leur dire qu’ils ont la possibilité de devenir musulmans ou de s’en tenir à leur religion. S’ils se convertissent à l’islam, ils auront tous les droits que les musulmans ont, sinon ils devront payer la Jizyah qui est prélevée sur tous les dhimmis. » Lorsque cet édit du Calife ‘Oumar (r.a.) a été présenté aux prisonniers, beaucoup parmi eux se sont convertis à l’islam tandis que nombre d’entre eux sont restés fidèles à leur religion. Lorsqu’une personne professait foi en islam, les musulmans lançaient des « Allahou Akbar ! » et lorsqu’une personne annonçait sa foi dans le christianisme, tous les chrétiens lui présentaient leurs félicitations et les musulmans s’en affligeaient.
Certains orientalistes ont fait grand bruit à propos de l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie. Quelle en est la réalité ? Les opposants, en particulier les écrivains chrétiens, prétendent que le Calife ‘Oumar aurait ordonné l’incendie d’une grande bibliothèque d’Alexandrie. Ils ont tenté de créer l’impression que les musulmans étaient à ce point opposés au savoir qu’ils ont mis le feu à une bibliothèque à Alexandrie, si grande qu’elle était en feu pendant six mois.
Or la logique et les faits démontrent que ces accusations sont un tissu de mensonges. Le Prophète (s.a.w.) avait dit à son peuple : « La quête de la connaissance est un devoir incombant à tout musulman. » Il a aussi recommandé : « Cherchez la connaissance, même si vous devez partir en Chine. » Il existe d’ailleurs des dizaines d’ordres et de versets dans le Saint Coran encourageant la quête du savoir et la contemplation. Accuser les musulmans d’avoir brûlé des bibliothèques est contraire aux principes de la raison et de faits.
De plus, de nombreux érudits, y compris des chrétiens et Européens, ont rejeté ce récit et ont prouvé que l’histoire de l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie était une invention et un mensonge.
Mohammad Reza, un érudit égyptien, mentionne cet incident dans son livre « Sirat ‘Oumar Al-Farouq ». Il déclare : « L’accusation de l’incendie à Alexandrie a été mentionnée par Abou’l Faraj Al-Malti. Il en a fait mention dans un petit livre d’histoire. Cet historien est né en 1226 après J.-C et est mort en 1286 après J.-C. Il écrit qu’au moment de la conquête, un certain Jean-Baptiste, qui était un prêtre copte, et connu parmi les musulmans sous le nom de Yahya, appartenait à la communauté chrétienne des Jacobites et s’est ensuite converti à la doctrine chrétienne de la Trinité. Il avait demandé à ‘Amr Ibn Al-‘Âs des ouvrages de médecine du trésor du royaume. ‘Amr Ibn Al-‘Âs a répondu : « Je pourrais dire quelque chose à ce propos après en avoir demandé la permission du Calife ‘Oumar (r.a.). »
Il s’agit d’une histoire fabriquée de toutes pièces, mais je la raconte à nouveau pour réfuter cette objection. Le Calife ‘Oumar (r.a.) aurait répondu : « Si le contenu des livres que vous avez mentionnés est conforme au Livre d’Allah, alors ce qui est dans le Livre d’Allah nous suffit et nous n’avons pas besoin de ces livres. Si leur contenu est contraire au livre d’Allah, en ce cas nous n’avons pas besoin de ces livres. Vous devriez donc vous en débarrasser. »
‘Amr Ibn Al-‘Âs aurait donc commencé à trier ces livres dans les hammams d’Alexandrie et les brûler dans leurs fours. Ainsi, ces livres auraient été brûlés en six mois.
Ce récit n’est pas mentionné dans le recueil d’Al-Tabari, ni par Ibn Athir, Al-Ya’qoubi, Al-Kindi, Abou’l Hakam, Al-Baladhouri ou Ibn Khaldoun. Seul Abou’l Faraj en a fait mention au milieu du XIIIe siècle de notre ère et au début du VIIe siècle de l’Hégire, sans mentionner de source.
Le professeur Butler a fait des recherches sur Yohanna Al-Nahwi et a écrit qu’il n’était pas vivant en 642 après J.-C. lorsque la bibliothèque aurait été incendiée. Selon l’Encyclopédie britannique, Yohanna Al-Nahwi a vécu à la fin du Ve siècle et au début du VIe siècle de l’ère chrétienne. Or, l’on sait que l’Égypte a été conquise au début du VIIe siècle. Sur cette base, le professeur Butler a dit, à juste titre, que Yohanna Al-Nahwi était déjà mort à l’époque. Ainsi donc, la personne citée comme source [dans cette accusation mensongère] était décédée bien avant l’incident. Le Dr Hassan Ibrahim Hassan a écrit dans son livre Târîkh ‘Amr Ibn Al-‘Âs, sur l’autorité du Professeur Isma’il, que les livres de la bibliothèque d’Alexandrie n’existaient pas car les armées de Jules César avait brûlé involontairement et sans raison une des deux parties de cette bibliothèque en l’an 47 avant Jésus-Christ. La deuxième partie a été perdue à la même époque. Ceci a eu lieu sur l’ordre du prêtre Théophile au cours de 4e siècle.
Le professeur Butler écrit que l’histoire d’Abou’l Faraj est tout simplement farfelue et risible. On aurait pu brûler ces livres une seule fois en peu de temps. S’ils avaient été brûlés en six mois, beaucoup d’entre eux auraient pu être volés. Les Arabes ne sont pas connus pour avoir détruit quoi que ce soit. Gibbon écrit : « Les enseignements islamiques s’opposent à cette tradition. Selon ses préceptes, il n’est pas permis de brûler les livres des Juifs et des chrétiens pendant la guerre.
L’islam a autorisé l’usage des livres sur les sciences, la philosophie, la poésie et la religion. Les musulmans avaient été interdits de nuire aux églises et à leurs objets dans les zones conquises et avaient même accordé la liberté de culte aux dhimmis. Peut-on accepter que l’Emir des Croyant ait ordonné l’incendie de la bibliothèque d’Alexandrie ? »
Dans son livre Tasdiq Barahin Ahmadiyya, le premier Calife [de la communauté Ahmadiyya] a répondu à cette objection.
Il déclare : « Suite à la requête de Philoponus Hakim et Fadil Ajal, ‘Amr, le commandant de l’armée, a demandé des directives du Calife à propos de cette bibliothèque. Le Calife aurait déclaré qu’ils devraient être brûlés immédiatement. Les hammams en seraient demeurés chauds pendant six mois. »
C’est là l’accusation portée contre [l’islam.]
Le premier Calife [de la communauté Ahmadiyya] déclare : « Cette objection n’est qu’inimitié du clergé : elle est dénuée de réalité. Réfléchissez un peu ! Premièrement si cela était de coutume en Islam, les musulmans auraient brûlé les livres saints des Juifs et des chrétiens à l’époque du Calife ‘Oumar (r.a.), car c’étaient ces deux religions qui avaient été les premières adressées par l’islam. Ensuite, l’islam a régné en maître sur la terre des Mages : mais aucun fait historique ne démontre que l’islam ait brûlé leurs livres. Si l’islam ou les Califes de l’islam préconisaient cela, on aurait commis cet acte tout au long de l’histoire de l’islam et rien n’empêcherait l’islam de le faire.
Deuxièmement, dit le premier Calife, si la destruction de livres religieux par le feu était l’œuvre des rois islamiques et du peuple de l’islam, la traduction de la philosophie grecque, de la médecine grecque et des sciences grecques en arabe serait impossible. Troisièmement, si les musulmans étaient coupables de brûler des livres, le détracteur de l’ouvrage Barahin-e-Ahmadiyya – auquel répondait le premier Calife – aurait pu présenté un précédent de son pays et il n’aurait pas besoin de traverser la mer jusqu’à Alexandrie. »
Il explique, en somme, qu’aucun livre n’a été brûlé chez lui en Inde.
« Quatrièmement, l’islam a gouverné l’Inde pendant plus de sept cents ans, période pendant laquelle la Bhagavad Gita, le Ramayana, la Mahabharata et d’autres ouvrages à l’instar du Linga Purana et Marakandeya – des livres célèbres – jouissent, jusqu’aujourd’hui du statut de livres religieux et saints. On n’a jamais entendu parler de la destruction de ces ouvrages par le feu ; au contraire certains ont été traduits. On se demande d’où ces hindous ont déduit que les musulmans brûlent leurs livres ? Soyez justes dans vos jugements ! »
Maulana Abdul Karim Sahib a également écrit une note en réponse à cette objection dans l’ouvrage Tasdiq Barahin Ahmadiyya.
Il déclare : « Cette accusation était portée contre les musulmans jusqu’à ce que l’incident fasse l’objet d’une enquête et que les véritables circonstances soient révélées. À présent, très peu de savants justes portent cette accusation mensongère contre les musulmans. Cette accusation était principalement basée sur des préjugés ou l’ignorance ; et l’accusateur n’avait aucune preuve authentique. Les deux historiens qui ont raconté cette histoire sont nés cinq cent quatre-vingts ans après le (soi-disant) incident et ils ne disposaient pas de sources authentiques. Saint Carieh, qui a écrit de nombreux livres lors de ses recherches sur la bibliothèque d’Alexandrie, a complètement réfuté ce récit ; et l’on sait que ces livres ont été brûlés lors de la bataille de Jules César. Plutarque, dans son ouvrage La Vie de César, affirme que Jules César avait mis le feu à ses navires de peur qu’ils ne tombassent entre les mains de l’ennemi, et le feu s’était propagé au point où il avait incendié la célèbre Grande Bibliothèque d’Alexandrie.
Hayden, dans son livre Dictionary of Dates Relating to All Ages, déclare que ce récit serait faux. En effet, il démontre par son enquête que l’histoire est on ne peut plus douteuse. « Les musulmans n’acceptent pas que le Calife ‘Oumar (r.a.) aurait déclaré que si ces livres contiennent des préceptes contraires à l’islam, ils doivent être brûlés. Certains ont attribué cette parole à l’évêque Théophile d’Alexandrie en l’an 391 après J.-C et certains l’ont attribuée au cardinal Jimenez en l’an 1 500 après -JC. »
Il ajoute : « Notre célèbre jeune chercheur Dr Laitz a suivi le fil de ce faux récit dans son livre Sinan Al-Islam et il est triste de constater qu’il s’est trompé dans son enquête.
John William Draper dans, son célèbre ouvrage, avait d’abord cité ce récit de narrateurs inauthentiques. Mais il a ensuite admis son erreur et a déclaré qu’en fait ces livres ont été brûlés lors de la bataille de Jules César. L’on peut affirmer en toute certitude que cette accusation est sans fondement et que c’est une fabrication. L’on doit plutôt pleurer pour cet incident avéré quand le fanatique cardinal Jimenez a brûlé 80 000 manuscrits arabes dans les plaines de Grenade. »
Lorsque l’Espagne a été arrachée aux musulmans par les chrétiens, ils ont ainsi brûlé quatre-vingt mille livres de la bibliothèque de Grenade.
C’est cet incident que l’on doit pleurer au lieu de blâmer l’islam. Consulter l’ouvrage Conflict Between Religion and Science. Cet ouvrage contient cette référence.
C’était là les faits concernant l’accusation portée [contre le Calife ‘Oumar (r.a.)] à propos de l’incendie de la bibliothèque.
Ensuite il y a eu la conquête de Barca et de Tripoli. Après la conquête de l’Égypte et l’établissement de la paix et de l’ordre là-bas, ‘Amr Ibn Al-‘Âs s’est déplacé vers l’ouest afin qu’il n’y ait aucune menace pour les territoires conquis à partir de là. Certaines armées byzantines étaient fortifiées à Barca et à Tripoli, et en saisissant l’opportunité, elles pouvaient soulever les populations pour attaquer les musulmans en Egypte. La zone entre Alexandrie et le Maghreb s’appelle Barca. D’innombrables villes et villages sont habités dans cette zone, c’est pourquoi ‘Amr Ibn Al-‘Âs a marché vers Barca avec son armée en l’an 22 de l’Hégire. La route d’Alexandrie à Barca était très luxuriante et densément peuplée : en y arrivant ‘Amr n’a pas rencontré d’attaque de l’ennemi ; et quand il y est parvenu, les gens étaient d’accord pour payer la Jizyah. Après cela, les habitants de Barca se rendaient de leur propre chef chez le gouverneur de l’Égypte et lui remettaient leurs tributs. Personne parmi les musulmans n’avait besoin de se rendre chez eux. Ces gens étaient les gens les plus simples du Maghreb. Il n’y a jamais eu de sédition parmi eux. Lorsque ‘Amr Ibn Al-‘Âs est parti de là, il s’est dirigé vers Tripoli, une ville fortifiée. Une grande armée romaine y était stationnée. En apprenant la nouvelle de l’arrivée des musulmans, les Romains ont fermé les portes de leurs forts et ont dû subir le siège des musulmans. Le siège a duré un mois mais les musulmans n’ont pas eu de succès significatif. Derrière Tripoli coulait la mer adjacente à la ville et il n’y avait pas de mur entre la mer et la ville.
Un groupe de musulmans a découvert le secret : il est entré dans la ville par la mer, par-derrière. Ils ont lancé le Takbir et maintenant l’armée n’avait d’autre choix que de se réfugier dans ses bateaux. Dès qu’ils se sont enfuis, ‘Amr Ibn Al-‘Âs les a attaqués par-derrière. La plupart d’entre eux ont été tués sauf ceux qui se sont échappés dans les bateaux. Les musulmans ont saisi les biens de la ville comme butin. Après avoir terminé avec Tripoli, ‘Amr Ibn Al-‘Âs a déployé son armée à proximité.
Après avoir remporté des victoires en direction de l’ouest, il souhaitait se diriger vers la Tunisie et l’Afrique.
Il a donc écrit une lettre à ‘Oumar Ibn Al-Khattab (r.a.) alors qu’Oumar (r.a.) était réticent à envoyer l’armée islamique sur un nouveau front, surtout dans un contexte ou en raison des conquêtes rapides de la Syrie à Tripoli, il n’était pas pleinement rassuré eu égard aux territoires conquis. Pour cette raison, il a demandé à l’armée islamique de rester à Tripoli.
Sous l’ère du Califat d’Oumar Farooq (r.a.), l’Empire islamique s’étendait jusqu’à des régions très éloignées. L’Empire apparaissait sur la carte du monde sous la forme d’un seul pays s’étendant des fleuves Jayhon et Indus à l’est, aux déserts d’Afrique à l’ouest, et s’étendant de la même manière des montagnes du nord de l’Anatolie et de l’Arménie, au nord, jusqu’à l’océan Indien et la Nubie au sud.
La Nubie est la région du sud de l’Égypte qui est très vaste.
Toute cette région qui était sous contrôle des musulmans, comportait différents peuples, nations et civilisations, et tous vivaient dans la paix et la tranquillité sous l’ombre de la justice et de la miséricorde islamique.
Cela ne concerne pas seulement une région de l’Égypte mais tout l’Empire musulman.
La religion de l’islam avait accordé dans ce monde tous les droits aux opposants à ses croyances, à ses adorations et à sa civilisation, et a pleinement respecté leur vie malgré des milliers d’oppositions.
Comment les musulmans accomplissaient-ils leurs actes d’adoration pendant les batailles ? Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) a déclaré à ce propos : « Dans ce monde, tout succès s’obtient progressivement. Les grandes avancées ne se produisent pas du jour au lendemain, mais se font progressivement. À l’époque du Saint Prophète (s.a.w.), tous les musulmans n’offraient pas la prière de Tahajjoud. Il leur a été progressivement enjoint de l’offrir, au point où cette époque est arrivée sous l’ère du Calife ‘Oumar (r.a.), où durant les batailles les musulmans faisaient la prière de Tahajjoud, alors que durant ces jours même le Saint Prophète (s.a.w.) ne la faisait pas toujours. Il est possible que durant les jours de bataille le Saint Prophète (s.a.w.) offrait aussi la prière de Tahajjoud, mais il existe aussi des récits démontrant que parfois il n’accomplissait pas cette prière. Mais à l’époque d’Oumar (r.a.), les musulmans faisaient également la prière de Tahajjoud au cours des batailles. Une fois, Héraclius avait formulé l’intention de les attaquer au cours la nuit, et il y a eu un long débat à ce sujet ; finalement ils ont décidé de ne pas le faire car il était futile d’attaquer les musulmans de nuit en raison du fait qu’ils ne dormaient pas, mais passaient leur temps à accomplir la prière de Tahajjoud. C’est aussi un signe de progrès qui n’était pas là au départ. Au début, le Saint Prophète (s.a.w.) avait besoin de beaucoup les encourager, mais par la suite même les plus faibles avaient pris l’habitude de la faire. »
En évoquant les batailles menées à l’époque des Califes Bien-Guidés, le Mouslih Maw’oud (r.a.) a déclaré : « L’islam n’a pas seulement autorisé les combats, mais il a également enjoint de tolérer les oppressions pour certains intérêts. Allah l’Exalté a autorisé de gifler en retour une personne qui nous gifle, mais Il nous a également enseigné que si nous considérons que la réplique va à l’encontre de notre intérêt, alors il faut garder le silence, et ne pas répondre à une gifle par une autre. L’argument qui est généralement avancé à ce propos défend contre l’accusation lancée par l’ennemi contre le Calife Abou Bakr (r.a.), le Calife ‘Oumar (r.a.), et le Calife ‘Outhman (r.a.). Nous savons que ce n’est pas le Calife Abour Bakr (r.a.) qui a attaqué César mais c’est ce dernier qui avait lancé l’attaque. Ce n’est pas le Calife ‘Oumar (r.a.) qui a initié les combats mais c’était César, ce n’est pas le Calife ‘Outhman (r.a.) qui a attaqué, mais c’était les tribus et les Kurdes qui habitaient à la frontière de l’Afghanistan et de Boukhara. Mais il n’y a pas d’explication pourquoi le Calife Abou Bakr (r.a.), le Calife ‘Oumar (r.a.) et le Calife ‘Outhman (r.a.) ne les avaient pas pardonnés. Lorsqu’ils sont sortis pour combattre, ils auraient pu dire à César, que son armée avait fait une erreur et que si son gouvernement présente des excuses ils seront pardonnés, et s’ils ne le font pas alors ils combattront. »
Ils n’ont pas dit à César que toi ou une partie de ton armée avez commis des exactions à tel moment, et comme il nous a également été enseigné de pardonner notre ennemi, si vous présentez des excuses nous sommes prêts à vous pardonner.
Le Mouslih Maw’oud (r.a.) ajoute : « Au contraire, lorsqu’il a commis des atrocités à leur égard, les musulmans se sont aussitôt préparés pour la bataille, et ils ont continué le combat. Lorsque les soldats de Chosroes ont attaqué à la frontière irakienne, alors d’un point de vue politique, le combat entre les compagnons et les soldats de Chosroes était tout à fait légitime, mais d’un point de vue moral, Le Calife ‘Oumar (r.a.) aurait pu dire à Chosroes : « Il est possible que tu n’aies pas ordonné ce combat, mais que les soldats aient attaqué de leur propre initiative ; nous sommes donc prêts à ignorer cette attaque, à condition que vous nous présentiez des excuses, et fassiez part de vos remords s’ils ne l’ont pas fait. » De même, à son époque, Le Calife ‘Outhman (r.a.) n’avait pas dit aux ennemis : « Vous avez commis des atrocités mais étant donné que notre religion enseigne également le pardon face aux oppressions, nous vous pardonnons », mais au contraire il s’était aussitôt préparé pour le combat, et a envoyé ses troupes. Il a mené le combat et l’a poursuivi. Quelle en était la raison ? »
Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) a déclaré : « Si nous y prêtons attention alors nous saurons que la raison n’était autre que Hazrat Abou Bakr (r.a.) savait que chaque fois que la menace extérieure s’éteindra, des émeutes internes éclateront. Ils pensaient que ce n’était pas César mais que c’était Dieu qui avait fait lancer l’attaque, afin qu’à travers cette épreuve les musulmans se concentrent sur leur réforme, et tendent vers une nouvelle existence et un nouveau changement en eux-mêmes. Le Calife ‘Oumar (r.a.) savait que ce n’était pas Chosroes qui avait lancé l’attaque mais c’était Dieu, afin que les musulmans ne deviennent pas négligents et paresseux, tombant ainsi dans les affaires de ce monde, mais au contraire qu’ils restent sur leur garde et vigilants à tout instant. Calife ‘Outhman (r.a.) savait que certaines tribus n’avaient pas attaqué les musulmans, mais que c’était Dieu qui avait commencé l’attaque, afin que les musulmans restent sur leur garde, et qu’un nouvel esprit et une nouvelle vie naissent en eux. »
Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) avait mentionné cela dans l’un de ses sermons. Sur cette base, par la suite, le Mouslih Maw’oud (r.a.) avait également conseillé à la communauté : « Il faut parfois passer par des épreuves, des tribulations, afin d’accéder à un progrès spirituel. » Si nous prêtons attention à ce principe aujourd’hui face aux tribulations et épreuves, alors il faut garder à l’esprit que ces épreuves et tribulations doivent être un vecteur pour nous rapprocher de Dieu, et c’est ce qui nous conduira à la victoire. Si en prenant peur nous restons en arrière et que nous ne nous concentrons par sur notre réforme, nous n’accéderons à aucun progrès. Si nous progressons, et que les épreuves prennent fin, même à ce moment nous devons maintenir notre relation avec Allah l’Exalté. Ces jours-ci, nous devons nous tourner encore plus vers Allah le Très Haut, et nous devons nous concentrer sur notre progrès spirituel. Le Mouslih Maw’oud (r.a.) a écrit que si nous ne comprenons pas ce point, nous n’avons alors rien compris. Et tout ahmadi doit également comprendre cela aujourd’hui.
(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)