Christianisme

Chrétiens, musulmans, comment s’unir devant les tentations populistes ?

L’arrivée à grands pas de la dernière fête de Noël avant les élections, donne à réfléchir : y a-t-il vraiment urgence pour les chrétiens et les musulmans de s’unir dans un avenir proche ou lointain ?

 

Cet article, co-rédigé par Asif Arif, avocat au Barreau de Paris et Abdul Ghany Jahangeer Khan, responsable du bureau centrale pour la francophonie de la communauté musulmane Ahmadiyya a été publié pour la première fois sur le site La Croix

L’arrivée à grands pas de la dernière fête de Noël avant les élections, donne à réfléchir : y a-t-il vraiment urgence pour les chrétiens et les musulmans de s’unir dans un avenir proche ou lointain ? La réponse semble être positive. On entend çà et là plusieurs sons de cloches à caractère religieux qui viennent faire vibrer notre campagne présidentielle en France, pour l’élection de l’homme providentiel en 2017 : Fillon et Marine Le Pen seraient de fervents catholiques l’un opposé au « communautarisme musulman » et l’autre opposée à toute altérité qui puisse exister entre l’homme « blanc » et la diversité.

Tout cela est évidemment bien mis en musique : parfois les uns font des discours sécuritaires appelant à restreindre toujours plus nos libertés tandis qu’à d’autres endroits il va s’agir de ne pas perdre totalement l’électorat musulman. Mais face à ces tentations populistes, face à l’idée de créer des typologies électorales grâce à une tendance religieuse, comment les chrétiens et musulmans pourraient-ils agir ?
Refuser « le refus de l’autre ou de ses droits »

Cet inconnu, l’autre, pourrait être défini de multiples manières dans les discours politiques : le réfugié, l’étranger en situation irrégulière, le mineur isolé, le musulman, le chrétien. Mais cet autre reste un être humain qui doit pouvoir trouver asile dans notre pays en application des principes universels des droits de l’homme.

Alors que Marine Le Pen refuse qu’un étudiant étranger puisse être scolarisé, nous, en tant que chrétiens et musulmans, ne pouvons pas être sensibles à ce discours. À cet effet, il convient de ne pas oublier l’éminent Abbé Pierre qui affirmait que « l’étranger », il est comme tout le monde, c’est-à-dire qu’il n’est pas pire, pas meilleur non plus, mais seulement plus désolé. » Lui enlever le droit à l’éducation, est-ce réellement tout ce qui reste de correct à faire pour la France en matière de politique ?
Renforcer notre amitié et notre fraternité

À l’heure où l’État islamique revendique l’attaque d’une église Copte en Égypte et où une salle de prière est brûlée à l’aide d’un coran, n’est-il pas nécessaire que nous, en tant que monothéismes, soyons unis face à la crainte afin de dire que l’insécurité n’est pas le faire des religions et que l’extrémisme n’est pas le fait de l’islam ? Si le Pape y a mis tant d’emphase, si le représentant actuel de la communauté musulmane ahmadiyya, Hadhrat Mirza Masroor Ahmad, le répète dans toutes les conférences pour la paix, n’est-il pas réellement temps de nous unir ?

Nous partons du fait que notre union, avec les chrétiens, est acquise de plein droit. Au nom de la fraternité, de l’humanité mais également d’un pacte très ancien passé par le prophète de l’islam avec les moines de Sainte Catherine du Mont Sinaï, lequel stipule en termes clairs :

« Ceci est le document que Mohammad, fils d’Abdullah, Prophète de Dieu, Avertisseur et Porteur de bonnes nouvelles, a fait rédiger afin que ceux qui viendront dans le futur, n’aient aucune excuse.

J’ai fait rédiger ce document à l’attention des chrétiens d’Orient et d’Occident, ainsi qu’à ceux qui sont proches ou qui habitent dans les contrées lointaines. Pour les chrétiens d’aujourd’hui et pour ceux qui viendront dans l’avenir. Pour les chrétiens que nous connaissons et pour ceux que nous ne connaissons pas.

Tout musulman violant ou déformant ce qui est ordonné sera considéré comme violant le pacte de Dieu et sera un transgresseur de Sa Promesse et, par la même, encourra le châtiment de Dieu, fût-il un roi ou un simple sujet.

Je promets que quiconque, moine, voyageur ou autre, demandera mon aide, que ce soit dans les montagnes, les forêts, les déserts, les habitations, ou dans les lieux de prière, je repousserai ses ennemis avec tous mes amis et assistants, avec ma famille et tous ceux qui déclarent me suivre ; tous le défendront parce qu’il est mon alliance.

Et je le défendrai contre la persécution, l’agression et la gêne de la part de son ennemi en retour de la taxe qu’ils (les chrétiens) ont promis de payer. S’ils préfèrent défendre eux-mêmes leur propre personne ainsi que leurs propriétés, il leur sera permis de le faire et il ne leur sera causé aucun tort.

Aucun évêque ne sera expulsé de son évêché, aucun moine de son monastère, aucun prêtre de son lieu de prière, et l’on n’empêchera aucun pèlerin de faire son pèlerinage.

Aucune de leurs églises ou autres maisons de prière ne sera ravagée, détruite ou démolie. Aucun matériau de leurs églises ne sera utilisé pour construire des mosquées ou des habitations pour les musulmans. Tout musulman faisant de la sorte sera considéré comme s’opposant à Dieu et à Son Prophète. Les moines et les évêques ne seront soumis à aucune taxe ou quelconque imposition, qu’ils soient dans les forêts ou sur les rivières, à l’Est ou à l’Ouest, au Nord ou au Sud. Je leur donne ma parole d’honneur qu’ils seront protégés par ma promesse et mon engagement et jouiront d’une totale protection contre toutes sortes de désagréments. Si une femme chrétienne épouse un musulman, ce mariage ne doit pas avoir lieu sans son approbation. Une fois mariée, nul ne doit l’empêcher d’aller prier à l’église. Toute aide doit leur être accordée pour la réparation de leurs églises. Ils seront dispensés de porter des armes. Ils seront protégés par les musulmans. Que ce document soit respecté jusqu’au Jour du Jugement Dernier. »

Le texte est signé « Mohammad, le Messager de Dieu » (1).

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