Croyances et éthiques – Islam et l'Ahmadiyya https://islam-ahmadiyya.org Découvrez l'Islam Thu, 26 Oct 2023 09:37:42 +0000 fr-FR hourly 1 https://wordpress.org/?v=6.5.2 https://islam-ahmadiyya.org/wp-content/uploads/2021/03/cropped-favicon-32x32.jpg Croyances et éthiques – Islam et l'Ahmadiyya https://islam-ahmadiyya.org 32 32 Pourquoi l’Islam interdit Halloween https://islam-ahmadiyya.org/pourquoi-islam-interdit-halloween/ Thu, 26 Oct 2023 09:37:40 +0000 https://islam-ahmadiyya.org/?p=3392
  • Halloween : une fête païenne
  • Halloween est-elle Haram ?
  • Les musulmans peuvent-ils se déguiser pour Halloween ?
  • Un musulman peut-il offrir ou demander des bonbons et autres friandises pour Halloween ?
  • Conseils aux musulmans qui célèbrent Halloween.
  • La citrouille d’Halloween et gaspillage.
  • A qui profite Halloween ?
  • Conclusion
  • Halloween : une fête païenne

    Halloween tire son origine de la fête celtique appelée Samhain marquant le début du Nouvel An. Elle se déroule dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre, quand, selon la tradition celtique, disparaît la frontière entre les morts et les vivants. Afin de se protéger des actions néfastes des morts, les païens faisaient appel à leurs druides qui immolaient des animaux ou des récoltes.

    De nos jours Halloween est une fête célébrée dans le monde entier durant laquelle les enfants se déguisent en sorcières ou autres êtres maléfiques.

    Halloween est-elle Haram ?

    Oui. Un musulman ne doit pas célébrer Halloween en raison de son origine païenne. Il doit éviter toute pratique se rapprochant de l’idolâtrie (shirk) même si c’est pour s’amuser.

    Les musulmans peuvent-ils se déguiser pour Halloween ?

    Non. Aucun musulman ne doit participer aux jeux d’Halloween, en se déguisant en fantôme, en sorcière ou tout autre personnage maléfique.

    Selon une des traditions de cette fête, les enfants se déguisent en personnages effrayants et sonnent aux portes pour quêter des friandises. Les costumes symbolisant la violence, l’effusion de sang et la mort ont un impact très nocif sur les jeunes enfants qui nourrissent déjà des peurs irrationnelles. L’on doit insuffler dans l’esprit des enfants musulmans un sens de dignité dès leur tendre enfance.

    Un musulman peut-il offrir ou demander des bonbons et autres friandises pour Halloween ?

    L’Islam condamne la mendicité. Il est contraire à la dignité d’un musulman de mendier à l’occasion d’Halloween au nom du divertissement. Cependant si quelqu’un frappe à votre porte et demande des friandises vous pouvez en offrir car en Islam on ne refuse pas à celui qui mendie.

    Conseils aux musulmans qui célèbrent Halloween

    Le Saint Prophète avait interdit aux musulmans de participer aux fêtes païennes. Il avait également prophétisé ceci : « Vous suivrez certainement les voies de ceux qui sont venus avant vous, travée par travée et coudée par coudée, à tel point que même s’ils entrent dans un trou de lézard, vous les suivrez. »[1]

    Au lieu d’adopter des superstitions païennes nous devons nous souvenir de l’Être Divin vers qui nous retournerons et chercher Son Amour.

    La citrouille d’Halloween et gaspillage

    Le jour d’Halloween, les Irlandais et Écossais sculptaient des visages dans des navets afin de repousser les mauvais esprits. Au 19e siècle, de nombreux Irlandais ayant immigré aux États-Unis y ont découvert la citrouille, qui se récolte à l’automne et ont commencé à l’utiliser à la place des navets.

    Une étude allemande a estimé que 18 000 tonnes d’entrailles de citrouille comestibles finissent à la décharge au Royaume-Uni. Les chiffres sont encore plus alarmants aux États-Unis, où plus de 1,3 milliard de citrouilles se retrouvent à la poubelle chaque année.[2]

    Selon le Programme alimentaire mondial, « quelque 795 millions de personnes dans le monde n’ont pas assez de nourriture pour mener une vie active et saine, soit environ une personne sur neuf. »[3]

    Un gaspillage alimentaire aussi excessif face à des images déchirantes d’enfants mourant de faim dans certaines parties du monde rend Halloween encore plus repoussante.

    A qui profite Halloween ?

    Halloween est une énorme entreprise commerciale. La National Retail Federation des États-Unis prévoyait en 2014 que les dépenses totales d’Halloween, y compris les bonbons, les costumes et les décorations, s’élèveraient à 7,4 milliards de dollars cette année-là… »[4]

    Cette somme faramineuse est dépensée sur un événement qui ne dure que quelques heures, une nuit par an !

    Conclusion

    Selon le Coran les musulmans évitent tout ce qui est vain et futile[5] et ne suivent pas les pratiques condamnables des temps de l’ignorance. Dieu a d’ailleurs envoyé le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) afin de libérer l’humanité des pratiques malsaines et d’autres fardeaux.[6] Halloween étant issue de croyances païennes et occultes, elle n’a pas sa place en Islam. D’aucuns diront que ce n’est qu’un simple jeu, mais les musulmans doivent éviter toute action ayant pour origine le Shirk : en effet l’aspect le plus grave de cette fête est qu’on y met à pied d’égalité Dieu et les morts, en accordant des pouvoirs surnaturels à ces derniers.


    [1] Sahih al-Bukhari

    [2] https://www.dogonews.com/2018/11/1/eating-your-halloween-pumpkin-is-good-for-your-tummy-and-the-planet

    [3] “Hunger Statistics,” World Food Programme, accessed October 2, 2015, http://www.wfp.org/hunger/stats.

    [4] Bourree Lam, “Wait, Americans Spend How Much on Halloween?,” The Atlantic, publication date October 21, 2014, http://www.theatlantic.com/business/archive/2014/10/wait-americans-spend-how-much-on-halloween/381631/.

    [5] Le Saint Coran, chapitre 25, verset 73

    [6] Le Saint Coran, chapitre 7, verset 158

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    Le capitalisme contient-il les germes de sa propre destruction ? https://islam-ahmadiyya.org/le-capitalisme-contient-il-les-germes-de-sa-propre-destruction/ Mon, 07 Aug 2023 08:47:10 +0000 https://islam-ahmadiyya.org/?p=3709 Aujourd’hui plus que jamais, notre civilisation repose sur la domination de Chronos, le dieu du temps et des horloges. Ce dernier nous rappelle sans cesse que la vie est courte, qu’elle est une course contre la montre, un compte à rebours qui se terminera par la mort.

    La conception du temps joue un rôle fondamental dans la vie économique. L’avenir est, par essence, une notion abstraite et difficilement palpable. Très conscient de cela, la pulsion suicidaire du capitaliste consiste à faire croître son argent de manière exponentielle avant que le temps ne le rattrape. Ainsi, le choix de l’accumulation illimitée lui fera miroiter la fausse perception d’un temps prolongé et d’une sorte d’immortalité. Mais existe-t-il un événement plus sûr que la mort ?

    Dans nos pays développés, la mort est si éloignée de nos mœurs qu’elle est à peine compréhensible. Cependant, l’accumulation pathologique vers laquelle notre mode de vie capitaliste nous pousse, montre que nous sommes fondamentalement des êtres angoissés et hantés par la mort.

    En effet, l’erreur commune est de croire que le capitaliste n’est motivé que par la maximisation du profit. Plus que cela, son objectif est de battre la moyenne et de dépasser le rendement moyen. Toute son existence est conditionnée par l’impératif de réaliser non pas seulement l’accumulation de richesses, mais l’accumulation différentielle de richesses. Son but immédiat n’est pas le gain isolé, mais le mouvement incessant d’un gain sans cesse renouvelé. En d’autres termes, le capitaliste est dans une quête d’objectifs matériels et cherche toujours à obtenir une immortalité illusoire et factice à travers ses actes.

    Au cours de l’histoire, le processus de cette accumulation sans fin a abouti, en particulier pendant la période dite des «Trente Glorieuses», à une forte augmentation de la croissance économique. Mais en 2008, les choses se sont brusquement arrêtées. Les vents ont tourné vers l’Asie et le flot de croissance économique qui avait coulé a finalement commencé à diminuer. Pour les économistes et la plupart de la classe politique qui considéraient la croissance comme l’alpha et l’oméga de l’existence capitaliste, c’était le ciel qui leur tombait sur la tête.

    La plus grande illusion du capitalisme a été de canaliser et de détourner toutes les forces annihilatrices (la pulsion de mort) vers une croissance économique censée être éternelle. En psychanalyse, la pulsion de mort est une tendance à la destruction, souvent exprimée à travers des comportements pathologiques comme l’agression. Dans le cas du capitalisme, la pulsion de mort se réfère à la propension à courir après une accumulation infinie de richesses. Par conséquent, la recherche d’une croissance exponentielle et infinie est, dans une large mesure, une recherche de la vie éternelle. N’est-ce pas la grande satisfaction de nos sociétés contemporaines de dire que nous avons vécu en moyenne vingt ans de plus que nos parents ? La réalité est que nos sociétés n’ont pas su résoudre le conflit éternel qu’ont les hommes vis-à-vis de la mort.[1]

    Si l’étude de la monnaie a été peu ou prou appréhendée par plusieurs économistes, la triste vérité est que nous comprenons peu la portée sociale et symbolique de cette dernière. Dans notre société moderne, la thésaurisation est évaluée en signes monétaires et retranscrit en raison quantifiée le désir d’incorruptibilité des corps et le déni de la fin individuelle. L’argent amortit les peurs existentielles d’une manière cohérente avec le concept d’immortalité symbolique.[2]

    À ce jour, certains milliardaires, déjà invincibles à tous égards, ont décidé qu’ils méritaient également de ne pas mourir. Plusieurs entreprises de biotechnologie, alimentées par les élites de la Silicon Valley, ont mis leur esprit, leur argent et leur machine dans un effort total pour résoudre «le problème de la mort». À titre d’illustration, les fondateurs de Google ont injecté des millions dans l’entreprise de santé Calico. D’autres milliardaires comme les fondateurs d’Amazon ou de PayPal sont des soutiens indéfectibles de Unity Biotechnology, une entreprise espérant lutter contre les effets du vieillissement. Ils en sont convaincus et croient dur comme fer que les hommes capables de vivre mille ans sont déjà nés.[3]

    Dans le même esprit, la pratique du taux d’intérêt est significative et intéressante à plus d’un titre. Elle reprend la chrématistique d’Aristote, l’argent qui fait des petits pour faire des petits, comme l’homme, élevant jusqu’au ciel la tour de Babel pour atteindre Dieu.

    D’après les analyses de Margrit Kennedy, la singularité du taux d’intérêt est qu’il suit un modèle de croissance exponentielle et tend vers l’infini. Il augmente très lentement au début, puis de plus en plus rapidement, pour finalement monter en flèche de façon presque verticale. Dans le domaine physique, ce modèle de croissance se manifeste lors d’une maladie ou à l’approche de la mort. Le cancer, par exemple, suit un schéma de croissance exponentielle. Il se développe d’abord lentement, même si en constante accélération, et souvent, au moment où il est découvert, il est entré dans une phase de croissance que l’on ne plus arrêter. Dans le monde physique, le schéma de croissance exponentielle s’achève généralement avec la mort de l’organisme vivant et de son hôte.[4]

    Le taux d’intérêt, en fait, agit de la même manière. Il est à la structure sociale ce que le cancer est au corps humain. Dans le passé, l’accumulation cancéreuse des richesses a régulièrement fini dans le sang et les larmes que ce soit par les révolutions sociales, les guerres ou les crises économiques.

    La monnaie a été sans nul doute l’outil le plus puissant utilisé par l’humanité. Mais ce qui n’était autrefois conçu que comme un moyen pour atteindre une fin est devenu la fin elle-même, et ce qui était une mesure de richesse est devenu la richesse elle-même.

    L’« amour de l’argent »[5] est le moteur du capitalisme. D’aucuns se permettent d’enfreindre la morale la plus élémentaire pour essayer de se l’approprier. Cette course sans fin à l’accumulation qui n’est plus régulée par la satisfaction des besoins, mais mue par la seule espérance de gains futurs, esquisse un avenir fait de destruction plutôt que d’abondance.

    Il y a quelques années à peine, le consensus général parmi les grandes puissances était que, malgré des problèmes occasionnels, le capitalisme sans foi ni loi resterait le paradigme mondial dominant. Cependant et malgré de longs progrès dans le domaine de la croissance économique, ce dernier est maintenant en proie à une crise de plus en plus profonde.

    Les pays développés, dont l’histoire contemporaine est synonyme de capitalisme, ont contraint leurs banquiers centraux à devenir les agents étatiques de réassurance ultime, pourvoyeurs de ressources perpétuelles non générées par l’économie réelle mais nécessaires à la poursuite de leur modèle de société. En transformant tous les problèmes de solvabilité du système économique en problèmes de liquidité, elles ne font que repousser l’effondrement économique toujours plus loin dans le temps.

    Mais cela ne pourra empêcher, comme c’est le cas aujourd’hui, le capitalisme de perdre lentement son statut et les populations de se rendre compte des injustices criantes en son sein. L’interdépendance sans précédent de toutes les nations accroît considérablement le ressentiment individuel et le potentiel de destruction globale.

    Les grandes puissances ne devraient pas présumer avec arrogance que leur système économique restera à jamais prééminent. Au contraire, elles devraient s’employer à redonner ses lettres de noblesse à la justice et à l’équité.

    Pour l’heure, la carcasse capitaliste bouge encore mais elle fatigue. Nous savons pourtant qu’une civilisation a la même fragilité qu’une vie ; que dans la vie comme dans l’histoire de toutes les civilisations, il y a toujours une fin. En somme, «nous autres, civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles». [6]


    [1] Bernard Maris, Gilles Dostaler, Capitalisme et pulsion de mort, Albin Michel, 2009.

    [2] “Money fights the fear of death”, Business Tech, 2013: Money fights fear of death.

    [3] Adam Gabbatt, “Is Silicon Valley’s quest for immortality a fate worse than death?”, The Guardian, 2019: Silicon valley immortality blood infusion gene therapy

    [4] Margrit Kennedy, Interest and Inflation Free Money, Seva International, 1995, p. 6.

    [5] John M. Keynes, Perspectives économiques pour nos petits-enfants, 1930.

    [6] Paul Valery, La crise de l’esprit, NRF, 1930.

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    Le capitalisme usurier : cet autoritarisme qui ne dit pas son nom https://islam-ahmadiyya.org/le-capitalisme-usurier-cet-autoritarisme-qui-ne-dit-pas-son-nom/ Thu, 13 Jul 2023 12:02:21 +0000 https://islam-ahmadiyya.org/?p=3691 Ahmed Danyal Arif

    Un rapport de force injuste en faveur du capital

    Sans vouloir faire la part trop belle à l’analyse marxiste qui interprète l’histoire comme celle d’un perpétuel conflit entre classes économiques présumées antagonistes, le monde d’aujourd’hui ne pourrait être compris sans reconnaître l’importance de la préservation des intérêts privés du capitalisme mondial.

    Disons les choses clairement : nous assistons depuis plusieurs années à l’émergence d’un esclavagisme moderne où les forces vives d’une société (entrepreneurs, artisans, travailleurs, etc. – facteur travail) ou d’un ensemble de sociétés sont placées sous contrôle et mises au service de forces parasites (rente passive – facteur capital) qui forment une partie minoritaire de la population la constituant. Ce phénomène a déjà pu être observé lors de la colonisation, mais sa particularité aujourd’hui est de ne pas être circonscrit à quelques nations ou continents mais élargi à l’ensemble de l’humanité.

    À l’origine de tout cela il y a le système financier usuraire (ou la logique de la dette avec intérêts) qui créé des tensions entre les intérêts des différents acteurs économiques. Ces tensions incompressibles se traduisent par un rapport de force instable entre les acteurs économiques en ce qui concerne notamment la rémunération des facteurs de production (Capital vs. Travail).

    Aujourd’hui, ce rapport de force est en faveur du capital (la classe des 0,1 % les plus riches). Mais cette injustice créée naturellement une instabilité car lorsque l’effort est toujours requis du même côté, il produit à son tour de la frustration, de l’amertume, voire un désir de vengeance et de la haine. C’est à ce titre que le système capitaliste tente de trouver les expédients efficaces pour préserver ce rapport de force.

    L’idéologie du néo-libéralisme des années 1980 et de la fin de l’histoire de Francis Fukuyama a été une réponse à ces tensions et son implémentation permise par une déréglementation de la scène économique nationale et internationale ainsi qu’une réduction du rôle de l’État en tant qu’acteur économique et protecteur de l’intérêt général.

    Le secteur financier est à la fois le déclencheur et le pionnier dans cette « libéralisation » car le système survit grâce au déséquilibre du rapport de force entre facteurs de production, en faveur du capital. Le prix à payer pour le maintenir est lourd : sous-développement de régions entières, paupérisation, immigration clandestine, acculturation, déracinement et finalement montée de l’insécurité.

    Ayant cédé à l’appel des lobbys privés pour déléguer son pouvoir économique, le pouvoir politique va alors œuvrer au retrait de l’État de la sphère économique au niveau institutionnel et réglementaire. Cette crise identitaire de l’État, caractérisée par un délaissement de son devoir de protection économique et réglementaire de la population, se traduit par un repli sur sa compétence de « protection physique » des citoyens et sur le monopole de l’usage de la force (police et forces armées). Les effets secondaires ne se font pas attendre et l’État se mue en État-police au service d’un système financier qui le finance, afin de réprimer toute opposition au « désordre » établi.

    Le « coup d’État sécuritaire » consiste à entretenir la peur et l’insécurité pour légitimer l’action d’une classe politique et d’un État discrédités par l’abandon de ses devoirs et prérogatives au profit de lobbys privés. Le deal proposé est simple : moins de liberté pour plus de sécurité. Une définition plus élargie de la liberté économique est proposée, en échange duquel les libertés fondamentales et individuelles sont diminuées.

    L’écran de fumée du « tout sécuritaire » et de la « guerre contre le terrorisme »

    La « guerre contre le terrorisme » s’inscrit dans ce cycle malsain, comme une diversion et une tentative pour sauvegarder un rapport de force injuste découlant d’un système financier usuraire en faillite. En effet, si l’on a tendance à assimiler la guerre contre le terrorisme à une guerre contre l’Islam, cela ne peut être vrai que dans la mesure où le système économique islamique pose un défi de taille a un système capitaliste usurier en déliquescence.

    La dernière crise économique généralisée de 2008 a été de ce point de vue un tournant. La logique de la dette a toujours eu un effet de désintégration sociale. Il suffit de se documenter sur l’histoire de Babylone, de l’Égypte ancienne et de la Grèce Antique ou de la ville de Florence au Moyen-Âge pour se rendre compte que l’ascension et la chute des civilisations ne sont, en définitive, que des épisodes dans l’histoire de l’usure.

    Dans ce contexte et à mesure que la révolte sociale se radicalise, la cause sous-jacente et profonde de la plupart des ressentiments dans le monde sont avant tout liés à des frustrations économique et financière.[1]

    L’oligarchie et ses représentants ont donc au fond le même objectif à attendre, certes par des voies différentes. Il s’agit de dévier vers une autre cible la vindicte populaire qui désignerait les vrais coupables du désastre économique et social : l’oligarchie ou les 0,1 %. Elle a donc tout intérêt à créer une diversion afin d’effrayer les populations et par ce biais garder la main haute en imposant les changements désirés au pacte social. Ces changements incluent d’abord et avant tout l’affaiblissement des forces vives et dynamiques au profit d’une oligarchie financière et la privatisation de l’activité étatique (jusqu’aux forces armées).

    L’équation étant ainsi posée, le capitalisme néolibéral aboutit inéluctablement à sa contradiction sociale : la crispation intellectuelle et l’autoritarisme politique sans qu’ils ne résultent d’une anormalité ou d’une soi-disant rupture avec la société.

    Il serait dommage que les polémiques actuelles et l’hostilité qui en résulte couvrent le seul véritable enjeu qui soit durable et dont il est véritablement question : la justice et la paix économique.


     [1] Hazrat Mirza Masroor Ahmadaba, “The Critical Need for Peace”, Peace Symposium, 9 mars 2019: https://www.khalifatulmasih.org/press-releases/peace-symposium-uk-2019/

     

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    Le Dajjal et la tromperie du système bancaire moderne https://islam-ahmadiyya.org/dajjal-tromperie-systeme-bancaire-moderne/ Tue, 11 Jul 2023 17:49:21 +0000 https://islam-ahmadiyya.org/?p=3670 Par Ahmed Danyal Arif

    Chez la majorité des musulmans, le concept du Dajjal (Antéchrist) reste un phénomène obscur et aux proportions mythiques si les interprétations de la prophétie s’y rapportant sont appréhendées au sens littéral. En effet, dans certaines prophéties, le Dajjal est décrit comme un homme immense sur un âne[1], dont l’œil droit est aveugle[2] et possédant un œil gauche protubérant[3].

    Cependant, comme toutes les prophéties, celle sur le Dajjal est sujette à interprétation, et Hazrat Mirza Ghulam Ahmadas, le Messie Promis et Mahdi, a brillamment élucidé le concept à la lumière du Saint Coran et des traditions du Saint Prophète Muhammadsa. Il a notamment expliqué que le mot « Dajjal » est dérivé du la racine arabe « D-J-L » qui renvoie à une « tromperie » et a précisé que le concept de Dajjal est intangible, décrivant plutôt “un groupe soutenant le mensonge et œuvrant avec ruse et tromperie.[4]

    En creusant un peu plus, un autre sens de cette racine du terme Dajjal est « dajl » qui fait référence à l’or et plus précisément à « la dorure »[5], à l’action de dorer ou de recouvrir la surface d’une chose ou d’un objet avec une substance qui s’apparente à de l’or.

    Confirmant cela, le Messie Promisas a également déclaré : “En arabe, dajlun fait référence à une chose qui est artificielle de l’intérieur mais d’apparence pure de l’extérieur. Le cuivre doré à l’or en est un exemple. Cette forme de tromperie existe dans le monde depuis la nuit des temps. Aucune époque n’a été exempte de telles fraudes et tromperies. Qu’observons-nous des orfèvres ?[6]

    En effet, qu’observons-nous des orfèvres sinon qu’ils sont les véritables instigateurs et l’incarnation du système bancaire moderne tel qu’il existe aujourd’hui ?

    Pour le comprendre, il faut remonter quelque trois siècles et demi à Londres. A cette époque, la monnaie est frappée en métal précieux (principalement l’or et l’argent). Cependant, l’or a rapidement montré ses limites en raison de son poids et du fait qu’il était risqué de le transporter publiquement. Les orfèvres proposeront alors de garder l’or en sécurité dans leurs coffres. En retour, les déposants recevaient un reçu où l’orfèvre s’engageait à restituer le montant inscrit en or sur demande. Or, tout le monde va se rendre compte que ces morceaux de papier étaient bien pratiques et ils finiront par être utilisés à la place de l’or pour les achats quotidiens.

    Mais les orfèvres firent une découverte qui allait affecter l’humanité pour les siècles à venir. Ils apprirent, par expérience, que presque tout l’or qui leur était confié demeurait intact dans leurs coffres. Étant donné que les propriétaires de cet or ont commencé à utiliser les reçus dans leurs échanges commerciaux, c’est à peine si un sur dix venait quérir du métal précieux.

    C’est à cette moment critique de l’histoire que les orfèvres vont changer de modèle économique. En effet, ils se rendront compte que la chose la plus évidente à faire avec ces énormes réserves d’or inutilisée est de les prêter à des personnes de bonne réputation qui souhaitaient emprunter. En facturant des intérêts sur ces prêts (les règles sur l’usure avaient été considérablement libéralisées en Angleterre avec un taux d’intérêt plafonné à 5%), les orfèvres ont pu tirer un excellent rendement de ce service sans avoir à faire le moindre effort. Dans le même temps, ils garderont des quantités suffisantes en réserve pour faire face aux demandes importantes et/ou imprévisibles des déposants pour récupérer leur or.

    Au fur et à mesure que le processus du prêt sera envisagé, il deviendra évident pour les orfèvres qu’il n’était en fait pas nécessaire de prêter l’or physique dans leurs coffres puisque leurs propres reçus étaient également considérés comme de la monnaie par le grand public. En conséquence, ils commenceront à produire plus de reçus qu’il n’y avait d’or dans leurs voûtes et ceux-ci seront prêtés comme substitut de l’or (cf., ‘dajlun’ – dorure).

    En prêtant des sommes supérieures à leurs réserves d’or tout en prélevant des intérêts sur les reçus, les orfèvres se transforment de facto en banquiers au sens moderne du terme : ils acquièrent le pouvoir de changer l’or en papier en créant de l’argent d’un trait de plume et à partir de rien.

    Au fil des années, le secteur bancaire est devenu de plus en plus sophistiqué sur le plan technologique et la confiance dans les banquiers est devenue absolue. Pourtant, le progrès technologique n’est qu’un autre visage du système bancaire originel des orfèvres et du processus de création monétaire qui, pour l’essentiel, reste le même aujourd’hui.

    La seule différence est que l’or a été remplacé par ce qu’on appelle la « monnaie centrale ». Cette monnaie est créée que par les banques centrales. Les reçus ont été remplacés par la « monnaie scripturale » et celle-ci est créée uniquement par les banques commerciales (Société Générale, BNP Paribas, etc.). La monnaie centrale est hiérarchiquement supérieure à la monnaie scripturale et le chiffre s’affichant sur nos comptes bancaires correspond à une simple reconnaissance de dette de la banque commerciale envers le titulaire du compte.

    En fait, dans nos économies modernes, la plupart de la monnaie prend la forme de dépôts bancaires. Cependant, la façon dont les dépôts de ces banques commerciales sont créés est souvent mal comprise : le principal moyen consiste aux banques commerciales à accorder des prêts. En d’autres termes, chaque fois qu’une banque accorde un prêt, elle crée simultanément un dépôt correspondant sur le compte bancaire de l’emprunteur, créant ainsi de l’argent frais. Ce tour de passe-passe se matérialise par une simple écriture comptable où la banque crédite le compte du client qui se retrouve en possession d’une quantité de monnaie supplémentaire.

    L’idée courante (et fausse) consiste à dire que les banques commerciales agissent simplement en tant qu’intermédiaires, prêtant les dépôts que les épargnants placent auprès d’elles. Au contraire, ce sont les crédits qui font les dépôts. La réglementation limite théoriquement la quantité de monnaie que les banques commerciales peuvent créer ; cependant, l’argent prêté aux clients est créé à partir de rien et nécessite seulement de tapoter sur un clavier d’ordinateur.

    Aujourd’hui, la monnaie centrale (sous la forme de pièces et de billets) ne représente qu’une très faible fraction de la monnaie en circulation. La masse monétaire est à 97% de monnaie scripturale[7] — une simple inscription sur un compte bancaire, qui circule par divers moyens de paiement (cartes bancaires, virements, prélèvements automatiques ou chèques). Et encore une fois, les premiers créateurs de monnaie scripturale sont les banques commerciales. Cela signifie que tout l’argent en circulation a initialement vu le jour en tant que dette portant des intérêts en faveur du système bancaire. Autrement dit, la monnaie est le pouvoir d’un seul (la banque) sur tous et la dette de tous envers un seul, et il est impossible, pour le moment, d’échapper à la calamité de l’usure comme l’avait annoncé notre Bien-Aimé Prophète Muhammadsa.[8]

    Sachant que la logique du système bancaire moderne est née d’une trahison de la confiance des déposants en or par les orfèvres, cette tromperie ne correspond-elle pas à une manifestation du Dajjal ? L’islam ne propose-t-il pas la meilleure alternative à cette calamité en prohibant l’usure (la raison d’être des banques) sous toutes ses formes et en chassant, une bonne fois pour toutes, les impitoyables Shylocks du temple ?


    [1] Mousnad Ahmad, vol. 3 et Moustadrak Al-Hakim, vol. 4

    [2] Sahih Al-Boukhari, Livre 97, hadith 36

    [3] Sounan Abi Dawoud, Livre 11, hadith 185

    [4] Hazrat Mirza Ghulam Ahmadas, Haqiqatul-Wahi (The Philosophy of Divine Revelation), Islam International Publications, 2018, p. 393

    [5] Edward William Lane, An Arabic-English Lexicon – دجل: http://www.perseus.tufts.edu/hopper/text?doc=Perseus%3Atext%3A2002.02.0022%3Aroot%3Ddjl

    [6] Hazrat Mirza Ghulam Ahmadas, Malfuzat, Volume II, Islam International Publications, 2019, p. 161

    [7] Bank of England, “Money creation in the modern economy”, Quarterly Bulletin, 2014: https://www.bankofengland.co.uk/-/media/boe/files/quarterly-bulletin/2014/money-creation-in-the-modern-economy.pdf?la=en&hash=9A8788FD44A62D8BB927123544205CE476E01654

    [8] Sounan Abi Dawoud, Kitab Al-Bouyou’, Hadith 3331

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    Tonique pour renforcer la volonté https://islam-ahmadiyya.org/tonique-renforcer-volonte/ Thu, 15 Jun 2023 08:34:57 +0000 https://islam-ahmadiyya.org/?p=3496 Le croyant souhaitant suivre l’itinéraire spirituel menant à Dieu rencontre sur sa route maints obstacles dont sa propre volonté qui parfois manque de vigueur, d’où échec et frustration. Hazrat Mirza Bashir-ud-Din Mahmud Ahmad (r.a.), le deuxième Calife de la Communauté Musulmane Ahmadiyya, a prescrit un tonique à base de quatorze ingrédients puisés du Saint Coran et des Hadîths afin de renforcer cette volonté d’agir. Il nous conseilla de les répéter sans cesse et de méditer profondément sur leurs sens.


    1. Je n’oublie pas mon objectif !
    2. Je peux le faire !
    3. Je ne doute pas de moi !
    4. Le vrai croyant n’échoue pas !
    5. Satan ne peut tromper le serviteur de Dieu !
    6. Ne craignez personne !
    7. J’ai du soutien !
    8. Je ne désespère pas de la miséricorde de Dieu !
    9. Mes possibilités sont infinies !
    10. Je ne serai pas déshonoré !
    11. J’éviterai l’échec !
    12. Je ne serai pas influencé par la négativité !
    13. Je m’entoure de positivité !
    14. Je ne vivrai pas éternellement !

    1. Je n’oublie pas mon objectif !

    Répétez :

    وَمَا خَلَقۡتُ الۡجِنَّ وَالۡاِنۡسَ اِلَّا لِیَعۡبُدُوۡنِ

    J’ai créé les djinns et les hommes pour qu’ils M’adorent. (51 : 57)

    En vous disant :

    Dieu m’a créé pour que je L’adore, pour que je sois Son véritable serviteur. Voilà le but pour lequel j’ai été créé. Dieu m’a créé pour que je sois proche de Lui. Son dessein ne peut être contrarié. Je deviendrai forcément Son véritable serviteur ; il est impossible que j’échoue dans cette entreprise.

    Vous devez vous imaginer que Dieu a pris possession de votre être, et qu’Il vous pousse à agir. Les soufis appellent ce type de méditation profonde Mouraqbah. Il ne s’agit pas ici de réflexion passive, mais de méditation profonde et constante, et de conviction que Dieu vous a créé pour que vous soyez Son serviteur. Il n’est pas question qu’il en soit différemment.


    2. Je peux le faire !

    Répétez :

    لَقَدۡ خَلَقۡنَا الۡاِنۡسَانَ فِیۡۤ اَحۡسَنِ تَقۡوِیۡمٍ

    Assurément, Nous avons créé l’homme selon le meilleur plan de création. (95 : 5)

    En vous disant :

    Dieu m’a doué des meilleures facultés. Si autrui peut réaliser un bien quelconque, pourquoi pas moi ? Certes, moi aussi, je peux le faire. Si autrui peut atteindre le plus haut niveau, pourquoi pas moi ? Certes, moi aussi, je peux le faire. Il n’y a aucune raison pour que j’échoue.

    Roulez profondément dans votre esprit ces pensées.


    3. Je ne doute pas de moi !

    Répétez :

    وَلَقَدْ خَلَقْنَا الْإِنْسَانَ وَنَعْلَمُ مَا تُوَسْوِسُ بِهِ نَفْسُهُ وَنَحْنُ أَقْرَبُ إِلَيْهِ مِنْ حَبْلِ الْوَرِيدِ

    Et assurément Nous avons créé l’homme, et Nous savons ce que son esprit lui murmure, et Nous sommes plus près de lui que sa veine jugulaire. (50 : 17)

    En vous disant :

    J’ai été créé par Dieu. Il connaît les moindres doutes qui prennent naissance dans mon esprit pour me troubler. Mais Dieu est plus proche de moi que ne l’est mon esprit, et d’un trait, Il peut éradiquer tous les doutes qui y sont générés.

    Dans ce verset, Dieu a rassuré l’homme qu’il n’a rien à craindre des doutes, car le moyen par lequel le doute est effacé est plus proche de lui que ne l’est l’origine du doute.


    4. Le vrai croyant n’échoue pas !

    Répétez :

    وَلِلَّهِ الْعِزَّةُ وَلِرَسُولِهِ وَلِلْمُؤْمِنِينَ وَلَكِنَّ الْمُنَافِقِينَ لَا يَعْلَمُونَ

    L’honneur véritable appartient à Allāh et à Son Messager et aux croyants  mais les hypocrites ne savent pas. (63 : 9)

    En vous disant :

    Je suis un croyant, et un croyant ne peut en aucune manière être vaincu. Comment est-ce possible que ma volonté ne s’impose pas ? Vous devez vous le répéter jusqu’à ce que votre volonté prenne le dessus sur votre moi.


    5. Satan ne peut tromper le serviteur de Dieu !

    Répétez :

    إِنَّ عِبَادِي لَيْسَ لَكَ عَلَيْهِمْ سُلْطَانٌ إِلَّا مَنِ اتَّبَعَكَ مِنَ الْغَاوِينَ

    Assurément, tu n’auras aucun pouvoir sur Mes serviteurs, sauf celui d’entre les pervers qui te suivra de son gré. (15 : 43)

    En vous disant :

    Dieu a dit que Satan ne peut exercer aucun contrôle sur les serviteurs de Dieu. Je suis Son serviteur. Comment est-ce possible que le mal s’accapare de moi ?


    6. Ne craignez personne !

    Répétez :

    أَلَا إِنَّ أَوْلِيَاءَ اللَّهِ لَا خَوْفٌ عَلَيْهِمْ وَلَا هُمْ يَحْزَنُونَ

    Sachez-le ! Les amis d’Allāh ne seront ni dans la crainte ni ne seront-ils désolés. (10 : 63)

    En vous disant :

    Je ne crains personne sauf Dieu. Je suis un croyant, et un croyant n’éprouve aucune crainte si ce n’est celle de Dieu.


    7. J’ai du soutien !

    Répétez :

    نَحۡنُ اَوۡلِیٰٓؤُکُمۡ فِی الۡحَیٰوۃِ الدُّنۡیَا وَفِی الۡاٰخِرَۃِ

    Nous sommes vos amis dans cette vie et dans l’au-delà. (41 : 32)

    En vous disant :

    Les anges descendent sur les croyants pour les rassurer : Nous sommes là pour vous aider. Je n’ai donc aucune raison de m’inquiéter.


    8. Je ne désespère pas de la miséricorde de Dieu !

    Répétez :

    وَلَا تَيْئَسُوا مِنْ رَوْحِ اللَّهِ إِنَّهُ لَا يَيْئَسُ مِنْ رَوْحِ اللَّهِ إِلَّا الْقَوْمُ الْكَافِرُونَ

    Ne désespérez pas de la miséricorde d’Allāh, car personne ne désespère de la miséricorde d’Allāh, excepté les gens mécréants. (12 : 88)

    En vous disant :

    Aucune difficulté ne peut me pousser au désespoir. Le désespoir, c’est la mort ; et ceci, je ne suis pas prêt de l’accepter. Tant que ma volonté de vaincre ne prend pas le dessus, je ne me donnerai aucun repos.


    9. Mes possibilités sont infinies !

    Répétez :

    يَا أَيَّتُهَا النَّفْسُ الْمُطْمَئِنَّةُ

    ارْجِعِي إِلَى رَبِّكِ رَاضِيَةً مَرْضِيَّةً

    فَادْخُلِي فِي عِبَادِي

    وَادْخُلِي جَنَّتِي

    Ô âme en paix !

    Retourne auprès de ton Seigneur, satisfaite de Lui et Lui satisfait de toi.

    Entre donc parmi Mes serviteurs,

    Et entre dans Mon Jardin. (89 : 28-31)

    En vous disant :

    J’ai trouvé la paix intérieure, et d’énormes possibilités s’offrent à moi. Pourquoi dois-je désespérer quand Dieu est avec moi, et qu’Il m’invite à entrer dans Son Paradis éternel ?


    10. Je ne serai pas déshonoré !

    Répétez :

    وَلِلَّهِ الْعِزَّةُ وَلِرَسُولِهِ وَلِلْمُؤْمِنِينَ وَلَكِنَّ الْمُنَافِقِينَ لَا يَعْلَمُونَ

    L’honneur réel appartient à Allāh et à Son Messager et aux croyants, mais les hypocrites ne savent pas. (63 : 9)

    En vous disant :

    Dieu a promis qu’en ce monde le croyant sera toujours tenu en estime, à l’abri de la disgrâce. Je n’ai rien à craindre de la disgrâce et de l’humiliation, car je suis un croyant.

    Ceci aussi renforce la volonté.


    11. J’éviterai l’échec !

    Répétez :

    وَسَخَّرَ لَكُمْ مَا فِي السَّمَاوَاتِ وَمَا فِي الْأَرْضِ جَمِيعًا مِنْهُ إِنَّ فِي ذَلِكَ لَآَيَاتٍ لِقَوْمٍ يَتَفَكَّرُونَ

    Et Il vous a assujetti tout ce qui est dans les cieux et tout ce qui est sur la terre  et tout ceci vient de Lui. Assurément, il y a en cela des Signes pour un peuple qui réfléchit. (45 : 14)

    En vous disant :

    La frustration a ses causes et dans la convoitise et dans l’avarice. Au fait, je n’ai aucune raison d’éprouver de la convoitise, puisque Dieu m’a déjà tout donné.


    12. Je ne serai pas influencé par la négativité !

    Répétez :

    مُحَمَّدٌ رَسُولُ اللَّهِ وَالَّذِينَ مَعَهُ أَشِدَّاءُ عَلَى الْكُفَّارِ رُحَمَاءُ بَيْنَهُمْ

    Mohammad est le Messager d’Allāh. Et ceux qui sont avec lui sont fermes devant les mécréants, et tendres entre eux-mêmes. (48 : 30)

    En vous disant :

    Les pensées, les desseins et les suggestions malsains ne peuvent pénétrer dans mon coeur. J’appartiens au peuple concernant lequel Dieu a dit qu’il ne peut subir l’influence des incroyants ; il n’est influencé que par les croyants.


    13. Je m’entoure de positivité !

    Répétez :

    يَا أَيُّهَا الَّذِينَ آَمَنُوا اتَّقُوا اللَّهَ وَكُونُوا مَعَ الصَّادِقِينَ

    Ô vous qui croyez ! Craignez Allāh et soyez avec les véridiques. (9 : 119)

    Et méditez sur ce dire du Saint Prophète (sur lui la paix!)  : « Celui qui demeure en la compagnie des justes sera à l’abri de la mauvaise fortune. »

    En vous disant :

    Les bonnes pensées qui naissent dans mon esprit influencent autrui. Dieu me recommande de choisir la compagnie des justes. Si je ne peux influencer personne à faire le bien, je ne suis pas un croyant.


    14. Je ne vivrai pas éternellement !

    Répétez :

    وَمَا جَعَلْنَا لِبَشَرٍ مِنْ قَبْلِكَ الْخُلْدَ أَفَإِنْ مِتَّ فَهُمُ الْخَالِدُونَ

    Nous n’avons accordé la vie éternelle à aucun être humain avant toi. Si tu devais mourir, vivront-ils ici-bas éternellement ? (21 : 35)

    En vous disant :

    Cette vie ne dure que quelques souffles. Aussi, aucun instant ne doit être perdu.


    Conclusion

    Voilà les quatorze ingrédients macérés en tonique pour guérir une volonté paresseuse et lui donner force et vigueur, de façon à ce qu’en le ‘buvant’, vous puissiez maîtriser vos sentiments vos émotions et vos inclinations. Souvenez-vous qu’il ne s’agit pas de réflexion passive ou superficielle, mais de méditation profonde et active, le Mouraqbah en fait.


    Source : Way of the Seekers, p. 106-110, par Hazrat Mirza Bashir Ud Din Mahmud Ahmad

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    Le système financier basé sur l’usure est voué à l’instabilité https://islam-ahmadiyya.org/crise-usure-interet/ Wed, 06 Apr 2022 08:58:48 +0000 https://islam-ahmadiyya.org/?p=3035 Tout au long du Moyen Âge, la grande controverse autour de l’usure en Occident est considérée par les historiens contemporains comme l’« accouchement du capitalisme ». En effet, le capitalisme et toutes les pratiques qui lui sont associées ont été mis en place et rendus possibles par la levée progressive des tabous religieux, notamment ceux concernant l’argent. Dès lors, on peut affirmer que le capitalisme n’est en définitive que la sanctification philosophique et politique de l’usure (ou du taux d’intérêt).

    Cependant, la question économique/monétaire va assez rapidement s’affranchir de son versant fondamentalement morale. En effet, au fil des années, c’est la physique et l’approche mécaniste qui va servir de modèle. La « théorie de l’équilibre général » de Léon Walras par exemple, affichant la volonté de mettre sur pied une « physique sociale », a été un événement crucial à ce stade. Mais alors que la prohibition de l’usure va s’estomper, le courant dominant en économie va omettre que ce mécanisme entre en contradiction avec au moins deux principes fondamentaux… de la physique.

    Taux d’intérêt et entropie

    Selon un principe fondamental, toute chose composant l’univers entier, y compris les hommes, est vouée à la disparition. Les physiciens explicitent le même phénomène avec la notion d’ « entropie ». Grosso modo, l’entropie signifie que l’univers matériel perd continuellement une partie infinitésimale de sa masse sans possibilité de la récupérer. Elle est souvent considérée comme la quantité de désordre dans un système. Lorsqu’il est dit que « l’entropie augmente », il s’agit d’une tendance de tous les systèmes physiques tendant irrévocablement vers plus de désordre.

    Bien que l’entropie augmente toujours, son taux d’augmentation peut varier. Une fois cueillis, les fruits se décomposent en quelques jours, les bâtiments laissés sans surveillance se délabrent en quelques années, et les minéraux de la croûte terrestre peuvent rester pendant des millénaires avec des signes de détérioration moindre.

    Cette tendance, encapsulée dans le deuxième principe de la thermodynamique, a été appliqué à la dimension physique et ces analyses ont de nombreuses implications dans le processus économique.

    Néanmoins, en regardant de plus près la structure de notre système financier basé sur l’usure (ou les intérêts), force est de constater qu’il contredit la nature même du processus d’entropie. Il faut savoir que parmi les types d’intérêts appliqués dans la finance moderne, une distinction est faite entre d’une part les intérêts dits « simples » et les intérêts « composés » d’autre part. La première convention s’applique à la perception d’intérêts sur le montant principal d’un prêt, tandis que la seconde sur le montant principal et les intérêts à des intervalles déterminés.

    Afin d’analyser l’application concrète de ces deux types d’intérêt, prenons l’exemple simple d’un homme empruntant 100 miches de pain au taux annuel de 5% en l’an 20 de notre ère.

    Le montant de l’emprunt restant à rembourser à la fin de la deuxième année avec un taux d’intérêt simple ne serait que de 110 pains (100*[1 + 0,05*2]) puisque l’intérêt de la première année de 5 pains ne rapporterait pas lui-même d’intérêt pendant la deuxième année. En 1995 après J.-C. (soit 1975 ans plus tard), le montant total du prêt en cours et maintenant exigible serait de 9975 miches de pains (100*[1 + 0,05*1975]). En d’autres termes, aucune composition n’aura lieu dans le régime des intérêts simple.

    Appesantissons-nous désormais sur le cas des intérêts composés. Le montant total dû pour le remboursement après la première année (21 après J.-C.) serait le montant initial du prêt de 100 pains plus 5 pains d’intérêt. Ensuite, le nouveau montant principal deviendrait 105 sur lesquels un taux d’intérêt de 5% serait à nouveau facturé. En l’an 22 de notre ère, le montant total à rembourser sera de 110.25 pains. Ceux qui sont au fait du processus des intérêts composés ne seront pas surpris du résultat démentiel lorsque le même calcul est fait sur une période longue. En 1995 après J.-C., le montant total du prêt en cours et maintenant exigible dépasse 700 000 milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de milliards de miches de pain… (100*[1 + 0,05]1975). Aussi absurde que ce chiffre puisse paraître, on ne peut s’empêcher de penser qu’il n’y aurait pas suffisamment de pain disponible pour y faire face même si chaque personne ayant vécu sur Terre avait produit et stocké avec succès même 10 millions de pains par jour. En fait, le remboursement serait toujours impossible si le prêteur initial facturait un intérêt plus clément de 2,5% par an.

    Un phénomène étrange est à l’œuvre dans l’exemple ci-dessus car les mathématiques employées ne sont pas en accord avec les réalités du monde physique. Le pain se décompose et pourrit, tandis que les prêts à intérêt suivent le chemin opposé. Dans une économie de troc simple, un individu détiendrait son excédent de richesse sous forme d’actifs physiques. En conservant son excédent, il encourrait une sorte de « coût de stockage » et un autre pourrait également survenir au fil du temps puisque la qualité des actifs stockés serait soumise à la loi de l’entropie.

    Dans une économie basée sur les intérêts, 100€ empruntés doivent être remboursés à hauteur de 100€ plus les intérêts. Mais ces 100€ d’argent prêté à intérêt n’obéissent pas à la même loi. Dans l’application des intérêts composés, une valeur monétaire donnée peut miraculeusement suivre le chemin de l’incrément géométrique infini.

    Dès lors, le taux d’intérêt a le pouvoir de transformer le capital en un monstre redoutable. De cette façon, une accumulation malsaine du capital se produit entre les mains d’une poignée d’individus, affectant par la même occasion sa répartition équitable. Ce phénomène dangereux oriente nos sociétés vers une ploutocratie, sujette à la monopolisation et à la concentration économiques ; à tel point que les soi-disant principes de libre concurrence et de libre entreprise sont en pratique grandement affaiblis. On le voit bien, la transaction usuraire pose un problème car elle avalise une injustice qui se matérialise par un rapport de force instable entre le créditeur et le débiteur.

    Taux d’intérêt et équilibre

    Les découvertes de la science font également état d’un univers dépendant sur une série de lois qui reposent sur l’équilibre. L’univers entier est soumis à une loi uniforme, et ses parties constituantes s’unissent pour former une glorieuse harmonie à la fois au niveau de sa structure que dans son mouvement. Ce principe suprême opère partout dans la création de l’univers : les systèmes solaires, les galaxies, voire le mouvement orbital des planètes possèdent la même précision mathématique. S’il y avait eu une absence de justice absolue dans l’opération n’importe où dans l’univers, un désordre et un chaos universel aurait naturellement suivis.

    De manière réciproque, l’homme étant animal social, se doit de maintenir un équilibre et de traiter ses semblables avec justice et équité. Cependant, lorsque le principe de la justice est appliqué à la sphère humaine, il inclue l’aspect du libre arbitre. Grâce à leur capacité de choisir, de sélectionner et de décider, les êtres humains ont la liberté de choisir entre deux chemins radicalement opposés.

    L’unité fondamentale dans la vie économique se caractérise par la transaction. Étant donné que celle-ci implique invariablement au moins deux parties, la condition préalable à toute transaction économique équitable est la justice absolue dans l’échange. La conduite de l’homme est alors liée par des considérations de réciprocité (traitement de l’autre partie similaire au traitement reçu par elle). Tout contrat s’explique au mieux comme un transfert de droits, qui est complet au moment de l’accord et est régi par une conception définie de la justice et de la morale. Ainsi, la règle d’or « Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu’on te fît » s’applique à la sphère économique plus que toute autre car elle implique un échange.

    Cependant, un problème intervient lorsque le contrat est vicié et qu’une partie prenante à la transaction prend l’ascendant sur l’autre. Quand la balance penche trop d’un côté (de la transaction économique), le déséquilibre se créée automatiquement avec des conséquences qui peuvent être néfastes de part et d’autre, sans que, dans l’instant t, on ne puisse imaginer la portée engendrée par celui-ci. En effet, si les efforts sont toujours demandés du même côté, et si la barre n’est pas redressée, les relations humaines deviendront impossibles, l’un prendra le dessus sur l’autre avec ce que cela comporte en matière de frustration, de colère, d’amertume, de désir de vengeance, de haine, etc. Il en va ainsi des relations économiques entre les humains qui sont liés par la transaction, dont la condition sine qua non est d’être juste et équitable.

    Or, le cas d’un déséquilibre se matérialise précisément lorsqu’un taux d’intérêt est facturé car l’emprunteur supporte une grande partie, si ce n’est la totalité du risque. En réalité, le fondement même de notre système financier, dont le pilier repose sur le taux d’intérêt, est l’illustration parfaite d’une violation de la justice absolue et de la loi de l’équilibre nécessaire à toute transaction économique.

    Comme expliqué plus haut, les intérêts suivent un schéma de croissance exponentielle. La croissance exponentielle des intérêts croît très lentement au début, puis de plus en plus rapidement, pour finalement monter en flèche de façon presque verticale. Dans le monde physique, ce schéma de croissance se manifeste d’ordinaire lors d’une maladie ou à l’approche de la mort. Le cancer, par exemple, suit un schéma de croissance exponentielle. Il se développe d’abord lentement, même s’il est en constante accélération, et souvent, au moment où on le découvre, il est entré dans une phase de croissance que l’on ne peut plus arrêter. La croissance exponentielle, dans le monde physique, s’achève en général avec la mort de l’organisme vivant et de son hôte. De la même manière, les intérêts sont contre-nature et constitue le cancer au sein de la structure sociale.

    De ce fait, il ne fait aucun doute que le système financier basé sur l’usure est voué à l’instabilité, voire à la déliquescence. La récession ou le krach, prenant la forme d’une correction (ou d’un mouvement baissier plus ou moins soudain) et mettant un coup d’arrêt à une tendance générale à la hausse (croissance factice), est le point final du cycle de l’usure car il est basé sur une injustice crasse qui finit toujours par exploser en plein vol car nécessitant un rééquilibrage naturel. La crise économique et financière est donc l’idée du cataclysme, de la catastrophe naturelle, comme concrétisation du mécanisme régulateur.

    La crise et le désordre sont donc inévitables car ils sont la nature même du capitalisme. L’histoire du capitalisme est une histoire émaillée de crises économiques, qui peuvent toutes être retracées par la trajectoire de l’usure. Les laudateurs du système financier omettent toujours d’admettre que le cycle « prospérité-récession » est causé par le « boom » (prospérité) qui le précède car celui-ci est un brouillard épais cachant en fait un surendettement !

    Dans l’arbre enchevêtré des mécanismes menant aux déséquilibres du système financier, il s’y trouve donc un facteur pathogène commun : l’intérêt. Tant que le système économique et financier sera basé sur ce facteur déstabilisant, il contiendra en lui les germes de sa propre destruction.


    Ahmed Danyal Arif est économiste de formation et travaille actuellement à Londres pour la Review of Religions. Il est titulaire d’une maîtrise en économie politique et est passé par l’administration fiscale française. Il est également l’auteur de deux ouvrages aux éditions l’Harmattan : Islam et capitalisme : pour une justice économique (2016) et Histoire économique du monde islamique : de l’Arabie préislamique à la dynastie umayyade (2019).


    Paru sur le site www.oumma.com

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    L’Islam, la sorcellerie, l’idolâtrie et la superstition https://islam-ahmadiyya.org/sorcellerie-magie-noire-superstition/ Thu, 27 Jan 2022 11:06:37 +0000 https://islam-ahmadiyya.org/?p=2858
  • La sorcellerie et l’Islam
  • Idolâtrie et la pierre noire de la Ka’aba
  • Sorcellerie, guérison miraculeuse et christianisme
  • Superstition et unicité de Dieu

  • Au cours de sa visite au Nigéria en 1988, Hazrat Mirza Tahir Ahmad, le quatrième Calife de la communauté Ahmadiyya, qu’Allah lui fasse miséricorde, a répondu, lors d’une interview à une chaîne de télévision nationale, à des questions sur la place de la superstition, de la sorcellerie et de la magie noire.

    La sorcellerie et l’Islam

    Question : « Je viens d’Afrique – et une chose qui est très répandue en Afrique, c’est la peur de la sorcellerie. Quelle est votre opinion à ce sujet ? »

    Hazrat Mirza Tahir Ahmad : « Le Saint Coran n’autorise pas la sorcellerie et, en fait, ne la reconnaît pas. En réalité, le Saint Coran mentionne une sorte de sorcellerie ou, appelons-la « magie », dans un cas particulier ; et il explique la nature de cette magie. Ayant compris ce point, nous n’avons pas le droit de mal interpréter cette notion, car le Saint Coran a clairement indiqué ce qu’est cette magie.

    Je renvoie à l’incident de Moïse, lorsqu’il fut confronté à la magie de Pharaon et de ses magiciens.

    Se référant aux magiciens, le Saint Coran déclare que ce qu’ils ont fait n’était pas réel – ils ne transformaient pas vraiment des cordes en serpents. En fait, ils ensorcelaient les yeux des spectateurs, les yeux des observateurs. Saharou a’younin-nâs « ils ont ensorcelé les yeux des gens ». (Le Saint Coran, 7 : 116-117)

    On leur fit croire que les cordes s’étaient transformées en serpents. Cette « magie » a été analysée par le Saint Coran lui-même. C’était, en fait, une sorte d’hypnotisme qui n’apporte pas de changement réel dans la matière créée par Dieu. Au contraire, cela affecte la pensée et la perception humaines et peut provoquer des illusions dans l’esprit de l’homme. Dans cette mesure seulement, nous sommes d’accord avec la notion de « magie », mais nous croyons qu’elle ne devrait pas être utilisée à des fins d’exploitation des personnes les plus faibles. Au contraire, elle devrait être utilisée pour le bien-être des gens, comme, par exemple, dans la guérison par l’hypnotisme. Dans cette mesure, nous la soutenons ; mais autrement, non. »

    Idolâtrie et la pierre noire de la Ka’aba

    Question : « Comment définiriez-vous le culte des idoles ? Embrasser la Pierre Noire dans la Ka’bah : n’est-ce pas une forme d’idolâtrie ? Quelle est la véritable signification de la Pierre ? »

    Hazrat Mirza Tahir Ahmad : « A mon avis, le culte des idoles est un culte vain ! Ce que je veux dire, c’est que c’est un culte inutile et dénué de sens.

    Comment pouvez-vous demander quoi que ce soit à une chose que vous avez sculptée ? Quant à la Pierre Noire, nous ne l’adorons pas du tout. Embrasser quelque chose n’est pas adorer cette chose. Si vous embrassez un mouchoir à la mémoire d’un être cher, est-ce de l’adoration ?

    Le Saint Prophète de l’islam, que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur lui, nous en a fait connaître la signification. La réalité est qu’une expression d’amour à la mémoire d’un être cher n’est pas adoration. Cela se produit dans la vie de tous les jours et fait partie de la psyché humaine. Si l’on aime et on embrasse quelque chose ou quelqu’un en souvenir de ce qu’on vénère et de ce qu’on aime, ce n’est qu’une expression de cette révérence. Les gens envoient des lettres à leurs proches ; et parfois, par amour pour la personne qui l’a écrite, ces derniers embrassent la lettre.

    La signification de la pierre dans la Ka’bah peut être expliquée en des termes similaires. Selon le Saint Prophète (paix et bénédictions d’Allah sur lui), lorsque la première maison de Dieu était sur le point d’être construite, Dieu fit tomber des « pierres » du ciel pour fournir le matériau de construction de cette maison. A présent, nous en comprenons mieux le sens. Cela a dû être une pluie de météorites. Des météorites ont dû pleuvoir sur cette zone particulière sous le commandement de Dieu.

    Ces pierres venues du ciel ont été utilisées pour construire la toute première maison d’adoration de Dieu. »

    Lors d’une rencontre dans les studios de MTA International, le 13.8.1995, avec des amis anglophones venus d’Afrique à Londres, Sa Sainteté le quatrième Calife a répondu à des questions sur les mêmes thèmes.

    Magie noire, guérison miraculeuse et christianisme

    Question : « Il y a des églises spirituelles, des églises pentecôtistes, qui s’installent au Ghana, attirant nombre de Ghanéens dans leur giron ; cela devient une menace, atteignant le stade où le gouvernement a demandé que les églises s’enregistrent. Plus de 2000 d’entre elles se sont faites enregistrer ; vous pouvez imaginer le nombre de personnes dans ces églises. Toutes sont basées sur la superstition et la sorcellerie. Y a-t-il une réalité dans la sorcellerie ? »

    Hazrat Mirza Tahir Ahmad: « Aucune. Aucune dans la sorcellerie pratiquée en Afrique. Je l’ai notée et étudiée. Rien du tout. Seulement des superstitions et des comportements malveillants de la part de ceux qui utilisent des poisons, des herbes et d’autres dispositifs astucieux pour blesser et terroriser les autres par ces moyens. Voilà la seule substance dans cette sorcellerie, et rien d’autre.

    La fraude est endémique, vous savez. Une fois – je crois que c’était du Ghana – on m’avait rapporté que ces spiritualistes essayaient de faire des convertis en jouant des tours au peuple, en disant : « Que celui d’entre vous qui est complètement incapable de faire un seul pas en avant, ou a les jambes tordues ou est né avec une malformation congénitale, etc., que toutes ces personnes handicapées, dans les cas les plus avancés lèvent la main ! » Et beaucoup l’ont fait. Ensuite, ils ont dit : « Au nom du Christ, soyez guéris. Levez-vous ! » Et voici qu’ils se sont tous levés et ont jeté leurs béquilles.

    Cela a créé un effet si dramatique sur les gens, que, m’a-t-on dit, ils ont commencé à incliner vers le christianisme. J’ai dit: « Ce n’est pas un problème. Vous aussi, allez y participer. Et emmenez avec vous vos ahmadis nés avec des malformations congénitales véritables. Ou au lieu d’ahmadis – car nous ne voudrions pas embarrasser les ahmadis – empruntez des non-ahmadis autour de vous ; et au moment où [ces spiritualistes] vous invitent à le faire, levez-vous et dites : « S’il vous plaît, faites-le-nous ! » Et là, vous verrez leur incapacité totale de faire quoi que ce soit. »

    Voilà une façon d’exposer leur fraude. Une seconde façon est juste de leur adresser une question simple et douce : « Monsieur, si vous êtes doté par Dieu d’un potentiel de guérison aussi fantastique, dites alors pourquoi les chrétiens dirigent des hôpitaux aussi grands et chers sur tout le continent ? Tous les médecins, tous les spécialistes devraient être licenciés et renvoyés du service sur-le-champ. Vous devriez être employé à leur place. Dans tous les hôpitaux chrétiens, les spiritualistes devraient prendre le relais. Et c’est alors que nous nous convertirons au christianisme, là-bas, dans vos hôpitaux, et pas ailleurs. »

    Le tout est une fraude. De même, cette sorcellerie est une fraude. Vous devez la combattre avec la sagesse et l’illumination d’un ahmadi. Ce n’est pas un problème de vaincre ces gens. »

    Sorcellerie et unicité de Dieu

    Question : « Nous y croyons, nous essayons de les convaincre, de leur expliquer tout cela, mais le plus souvent ils enchaînent avec la question : pourquoi est-ce que ces choses ont des noms ? Dans chaque pays – par exemple, au Ghana, nous l’appelons Baifuo en Ashanti ; les Haoussas l’appellent Mayeh – et tous les autres ont aussi des noms. Alors pourquoi ces noms existent-ils ? Cela sous-entend qu’elles sont efficaces. »

    Hazrat Mirza Tahir Ahmad : Existe-t-il des maux sans nom dans le monde ? Vous voyez bien que les maux ont des noms. Leur réponse ne veut donc rien dire !

    La superstition est une tendance universelle de l’homme, qui est née de la scission de l’unicité de Dieu. Lorsque le concept de l’unicité de Dieu est soumis à la division, l’idolâtrie commence. Viennent ensuite les superstitions qui sont les enfants naturels de ces pratiques idolâtres.

    Ainsi, si vous retracez le parcours de toutes les religions depuis leur source jusqu’à nos jours, vous verrez la même histoire se dérouler. Noé a commencé par l’unicité de Dieu. Or, à l’époque d’Abraham, tout le peuple de Noé était devenu idolâtre. Abraham a commencé par l’unicité de Dieu. Avant l’époque du Messager d’Allah (le Prophète Muhammad), que la paix et les bénédictions d’Allah soient sur lui, tout le peuple d’Arabie, les enfants d’Ismaël, étaient devenus idolâtres. Moïse a commencé par l’unicité, mais très vite nous observons, comme il est rapporté dans l’Ancien Testament et aussi dans le Coran, que [ses suivants] sont devenus idolâtres et également superstitieux.

    La superstition est le sous-produit de la scission de l’unité. Lorsque vous brisez une assiette, elle devient de petits éclats et des morceaux ici et là. C’est donc cela la superstition. Et si vous nommez ces éclats, cela ne signifie pas qu’ils sont authentiques ou qu’ils ont le droit d’être être là. Ils restent des éclats. Ils ne peuvent devenir des assiettes nulle part.

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    Éléments de philosophie économique en Islam https://islam-ahmadiyya.org/elements-de-philosophie-economique-en-islam/ Tue, 10 Nov 2020 17:12:34 +0000 https://islam-ahmadiyya.org/elements-de-philosophie-economique-en-islam/ [1] On ne peut, bien évidemment, mettre de côté la dichotomie entre ces deux systèmes économiques sur des points indéniables. Toutefois, un examen plus approfondi révèle qu’ils partagent une caractéristique commune fondamentale : la négligence du côté spirituel de l’homme.]]> “Le capitalisme et le communisme ont été le plus souvent placés sous le signe de l’altérité radicale. Ce présupposé est le fil d’Ariane qui parcourt une grande partie de la théorie économique, depuis ses fondateurs jusqu’aux contemporains.”[1] On ne peut, bien évidemment, mettre de côté la dichotomie entre ces deux systèmes économiques sur des points indéniables. Toutefois, un examen plus approfondi révèle qu’ils partagent une caractéristique commune fondamentale : la négligence du côté spirituel de l’homme.

    La philosophie matérialiste des systèmes économiques conventionnels

    En apparence, le capitalisme et le communisme semblent n’appartenir qu’à la sphère économique. Cependant, loin d’être qu’un ensemble de règles et de mécanismes proprement économiques, l’omniprésence de ceux-ci dans nos vies montre la facilité déconcertante avec laquelle ils s’imprègnent de la sphère politique, éthique et personnelle. De la même manière, l’islam n’aborde point les problématiques économiques de manière isolée. D’un point de vue islamique, l’économie ne peut être perçue comme discipline autonome, et est au contraire, un chapitre de la philosophie morale islamique. Une personne non-croyante est évidemment libre de considérer les questions économiques de manière indépendante. Mais d’un point de vue religieux, un système économique doit être appréhendé d’un point de vue à la fois économique et moral.[2]

    La première caractéristique qui ressort des systèmes économiques conventionnels est une conception du monde fondée sur la primauté des valeurs marchandes. D’aucuns pourraient penser le contraire pour ce qui est du communisme, mais l’histoire a démontré de manière cinglante que les pays ayant pris cette idéologie à bras-le-corps ont assez tôt pris le virage capitaliste. Soucieux d’imiter les modes de vie des riches pays capitalistes, ils finiront par en adopter les mêmes stratégies économiques.

    Le capitalisme et le communisme ont tous deux un caractère global et totalisant qui tend à soumettre l’existence humaine au règne des marchandises et à la réification de la société dans son ensemble. La guerre sainte du capital et sa dynamique conquérante consiste précisément dans l’idée que tout peut devenir et doit être réduit à une denrée commercialisable. Par le biais de ce processus, la logique du capitalisme tend à généraliser les lois du marché dans les sphères non marchandes et, par conséquent, à déconstruire la diversité culturelle et les spiritualités.

    De ce fait, une personne de confession musulmane, chrétienne, juive ou adepte d’une toute autre religion, doit garder à l’esprit que l’être tout entier des systèmes économiques conventionnels est entièrement influencé par une philosophie de type matérialiste. Ils pourront alors nier ouvertement la croyance en Dieu ou rester silencieux à ce sujet, il n’en reste pas moins que l’un de leur buts principaux est d’annihiler l’identité spirituelle de l’homme.[3]

    Pour prendre le cas du système économique islamique, il présente des similitudes à la fois avec le capitalisme et le communisme sous sa forme externe. Il permet par exemple la récompense de l’initiative privée par le profit, et exhorte à la redistribution des richesses. Mais il se distingue des deux précédents par sa prémisse fondamentale. Au lieu de l’adoration du marché, c’est le culte du Dieu unique qui constitue l’alpha et l’oméga de la foi islamique.[4]

    De ce fait, afin de saisir pleinement l’ordre économique islamique, il est important de mettre de côté le paradigme dominant et de souligner le fait qu’il offre une approche équilibrée en encourageant le progrès économique dans un cadre économique moral. En introduisant et en examinant attentivement le facteur moral et l’idée d’un Être Suprême dans l’équation économique, de nombreuses différences entre l’ordre économique islamique et les systèmes économiques conventionnels apparaissent et les caractéristiques d’une alternative réelle commencent à émerger.

    Dieu est “Ar-Rahman” et “Ar-Rahim

    Parmi les multiples attributs de Dieu en Islam, deux sont particulièrement importants pour comprendre la philosophie de ses enseignements économiques : “Ar-Rahman” et “Ar-Rahim”. Généralement traduit par “Le Gracieux” et “Le Miséricordieux”, il faut souligner que la particularité de le langue arabe est que ces mots contiennent en eux une beauté et une philosophie profonde.

    L’attribut “Ar-Rahman” signifie que pour chaque type de création, Dieu a déjà fourni les ressources nécessaires dont ils ont besoin pour progresser. C’est un attribut général qui comprend tous types de faveurs divines, et il fonctionne de manière totalement gratuite selon les besoins de tous les êtres vivants. Cette grâce est également inconditionnelle et est accordée même à celui qui n’en est pas digne. C’est par le biais de cette grâce que Dieu a fourni la surface de la terre pour résidence, le jour et la lune pour lumière, l’air pour respirer, l’eau pour étancher sa soif, toute une variété de denrées alimentaires afin de se nourrir, et ainsi de suite.[5]

    C’est de ce point de vue que Dieu, selon la conception islamique, a créé l’univers et tout ce qui s’y trouve pour le bénéfice de toute l’humanité. Les ressources de cette terre ont été mis à la disposition de l’homme qui a la grande responsabilité d’en faire usage selon ses besoins, mais également de faire en sorte de les préserver et de leur apporter le soin qui leur sied. À cet égard, le Saint Coran dit :

    Et Il vous a assujetti tout ce qui est dans les cieux et tout ce qui est sur la terre ; et tout ceci vient de Lui. Assurément, il y a en cela des Signes pour un peuple qui réfléchit.[6]

    Le fondement de tous les principes économiques islamiques est que la propriété ultime de toutes les richesses appartient à Dieu. Elles sont toutes sous Son commandement et n’ont été accordées aux êtres humains qu’à titre de fidéicommis. Les bénéficiaires sont responsables devant Dieu d’avoir légitimement déchargé à la société la confiance qui leur a été accordée. En aucun cas, les ressources que l’on peut trouver aux quatre coins du globe n’ont été créées au profit ou pour le compte d’un groupe spécifique de personnes. Riche ou pauvre, personne ne peut prétendre être l’héritier unique et dire que tout ce qui se trouve sur terre a été créé pour lui seul. Par conséquent, la richesse d’une nation doit être utilisée pour garantir à chaque membre de la société l’accès à certains biens fondamentaux et nécessités essentielles, et où même les animaux ont un droit de partage :

    Il est décidé pour toi que tu n’y seras pas affamé et tu n’y seras pas nu non plus. Et tu n’y seras pas assoiffé, et tu n’y seras pas non plus exposé à l’ardeur du soleil.[7]

    Et dans leurs biens, il y avait une part pour le mendiant et pour celui qui ne pouvait mendier (al-mahroum).[8]

    En y regardant de plus près, nous pouvons faire un rapprochement entre cet attribut divin et certains éléments du communisme. En effet sous le communisme, toutes les richesses doivent être nationalisées et la propriété individuelle doit devenir collective. Les richesses sont produites dans le cadre d’une organisation collective et à partir de ressources collectives, elles sont réparties, sous contrôle étatique, entre les individus en fonction de leurs besoins sur la base d’un système dit équitable. Tous doivent travailler selon leurs capacités, mais la répartition dépend des besoins de chacun sans tenir compte de la productivité individuelle.

    Le second attribut divin dont il est important de saisir le sens véritable est “Ar-Rahim”. Ce dernier se réfère au traitement d’une personne selon ce qui lui revient de droit. Dans le cas de cette bénédiction singulière, un effort approprié et continuel est nécessaire. Cela signifie que pour celui qui mérite la miséricorde divine en vertu de son effort, Dieu lui accorde une récompense appropriée. Lorsqu’une quelconque créature se conforme pleinement à ses obligations, Dieu récompense cet acte qui est le sien et lui accorde Ses faveurs spéciales, créant en elle le désir de progresser indéfiniment.[9]

    En effet, l’islam ne rejette pas complètement les différences sur le plan social. Il ne garde en vue qu’une société où les différences relatives des conditions socio-économiques seraient moindres que celles observées dans les sociétés capitalistes. Si sur le plan humain, les individus ont été créés inégaux à divers égards (au niveau de l’attraction physique, du savoir ou de la richesse acquise, etc.), ces différences n’existent que pour favoriser la coopération mutuelle. Le Saint Coran dit :

    Et Allah a favorisé certains d’entre vous au-dessus d’autres en biens de ce monde. Mais les plus favorisés ne restituent aucune partie de leurs biens de ce monde à ceux que leurs mains droites possèdent, afin que tous y deviennent égaux. Nieront-ils donc la grâce d’Allah ?[10]

    C’est Nous Qui distribuons parmi eux leur subsistance dans la vie de ce monde, et Nous en élevons certains au-dessus d’autres par degrés de rang afin que les uns asservissent les autres. Et la miséricorde de ton Seigneur vaut mieux que ce qu’ils amassent.[11]

    Les versets exposent de manière succincte la loi islamique concernant la propriété privée. Si d’une part le droit de propriété individuelle est clairement reconnu, le principe de la propriété collective des richesses par tous les êtres humains est également souligné. L’homme est par nature et tempérament enclin à être social et ne peut réaliser grand-chose sans coopérer avec son prochain.[12] Les êtres vivants sont conçus comme les organes d’un même corps, de sorte que tout le corps ressente la douleur si un organe souffre d’inconfort. Afin de générer un véritable sentiment de compassion dans le cœur de l’humanité, il est également enjoint aux hommes de sacrifier leurs intérêts propres ou quelque chose qui leur est cher pour le bien de ses semblables.[13]

    Dans le même esprit, après avoir analysé cet attribut de Dieu, on peut y apercevoir certaines caractéristiques du capitalisme. En effet, ce dernier soutient que chaque personne est capable d’apporter sa pierre à l’édifice dans la production de la richesse nationale et le droit de récolter les fruits de son travail sans être redevable aux autres. Pour l’islam également, il ne fait aucun doute que le motif le plus puissant qui pousse l’homme à donner le meilleur de lui-même est l’initiative et l’effort individuels.

    Le juste milieu

    Contrairement aux systèmes économiques conventionnels, l’un excessivement collectiviste et l’autre excessivement individualiste, l’islam présente un juste milieu pour promouvoir les idéaux de progrès et de fraternité. La voie médiane de l’islam imprègne toute sa philosophie et ses enseignements, non pas dans le sens d’une conciliation à l’amiable entre deux extrêmes, mais comme l’équilibre optimal recherché afin d’obtenir une fin favorable avec des moyens justes :

    Et c’est ainsi que Nous avons fait de vous une nation du juste milieu (…)[14]

    La référence au juste milieu peut donner l’impression qu’il s’agit d’un concept normatif. Cependant, la conception islamique soutient qu’il est celui qui correspond le mieux à la nature humaine. Le maintien d’un équilibre dans les différentes dimensions de la vie est présenté comme une attitude positive plutôt que normative. La philosophie économique de l’islam autorise de ce fait l’entreprise privée, mais exige en même temps qu’une part soit redistribuée aux démunis pour assurer un meilleur équilibre et contribuer à mettre un frein à l’avidité. Elle conçoit sagement plusieurs mécanismes par lesquelles la richesse ne puisse être accumulée de manière irresponsable entre les mains d’un petit nombre (prohibition de l’usure ou devoir de charité par exemple).

    L’État, en tant que reflet de l’attribut divin “Ar-Rahman” doit veiller à ce que chacun ait accès au minimum vital, et en tant que reflet de l’attribut “Ar-Rahim”, il doit permettre aux individus de faire fructifier leurs gains obtenus à la sueur de leurs fronts. Le défaut du communisme est de vouloir être Rahman sans être Rahim, et le cas contraire vaut pour le capitalisme.

    Cependant, la règle d’or que constitue la justice économique ne peut être établie que si les deux parties travaillent de concert pour le bien commun. Les pauvres doivent assumer leurs propres responsabilités et travailler avec ardeur afin qu’ils puissent tirer profit de leurs ressources et richesses. Les riches, quant à eux, doivent volontiers afficher un véritable esprit de sacrifice afin de venir en aide à leurs frères et sœurs en humanité. Ils doivent comprendre que leurs richesses et ressources ont toutes été attribuées par Dieu et doivent donc être exploitées de telle manière que Sa Création puisse jouir pleinement de ses droits.[15]

    Conclusion

    Pour résumer, l’islam ne rejette en bloc ni le capitalisme ni le communisme, mais incarne seulement leurs bons points. Dans le même temps, l’islam évite leurs maux, ajoutant ses propres dispositions afin de protéger la société et contribuer au bien-être général.

    Bien qu’ils aient tous deux des qualités distinctives, l’expérience historique a dépeint l’échec du communisme ; et le capitalisme, malgré de longues trajectoires dans le domaine de la croissance économique, est en proie à une crise de plus en plus profonde.

    Il ne s’agit pas de nier les progrès phénoménaux qui se sont opérés à travers les siècles. Cependant, force est de constater qu’ils ont masqué l’érosion persistante des bases morales de la culture humaine. Le facteur moral est la véritable main invisible[16] et la quintessence de l’histoire de l’humanité, bien qu’il ait été marginalisé par toute un pan de la pensée économique.

    Les individus ne pourront vivre une vie digne et pleine de sens que lorsque les conditions de solitude capitaliste et communiste auront été abolies. Le vide créé par la non-existence de Dieu sera immédiatement remplacé par l’ego. Les systèmes économiques conventionnels ne font pas simplement mourir Dieu, ils donnent vie à une myriade de dieux : l’ego, la vanité et l’engagement aveugle à servir ses propres fins deviennent tout-puissants. Assister ou servir son prochain sans motif ultérieur perd tout son sens logique. Il n’y a plus de point de référence externe sous la forme d’un Dieu bienfaisant qui est le seul point de rencontre entre toutes les formes de création.[17]


    Ahmed Danyal Arif est économiste de formation et travaille actuellement à Londres pour la Review of Religions. Il est titulaire d’une maîtrise en économie politique et est passé par l’administration fiscale française. Il est également l’auteur de deux ouvrages aux éditions l’Harmattan : Islam et capitalisme : pour une justice économique (2016) et Histoire économique du monde islamique : de l’Arabie préislamique à la dynastie umayyade (2019).


    Notes

    [1] Ramine Motamed-Nejad, “Le capitalisme et le socialisme : similitudes et différences”, in Capitalisme et socialisme en perspective. Évolution et transformation des systèmes économiques, 1999, pp. 217-246.

    [2] Hazrat Mirza Bashir-ud-Din Mahmood Ahmadra, The Economic System of Islam, p. 49.

    [3] Hazrat Mirza Bashir Ahmadra, Islam and Communism, p. 18.

    [4] Le Saint Coran, chapitre 13, verset 29 : “Oui, c’est dans le souvenir d’Allah que les cœurs trouvent la tranquillité.”

    [5] Hazrat Mirza Bashir-ud-Din Mahmood Ahmadra, “Exegesis of al-Rahman and al-Rahim”,  At-Tafsir-ul-Kabir.

    [6] Le Saint Coran, chapitre 45, verset 14.

    [7] Le Saint Coran, chapitre 20, versets 119 & 120.

    [8] Le Saint Coran, chapitre 51, verset 20.

    [9] Hazrat Mirza Bashir-ud-Din Mahmood Ahmadra, ibid., in At-Tafsir-ul-Kabir.

    [10] Le Saint Coran, chapitre 16, verset 72.

    [11] Le Saint Coran, chapitre 43, verset 33.

    [12] Hazrat Mirza Nasir Ahmadrh, “Islamic Economic Order”, in The Review of Religions, May 1970, p. 149.

    [13] Le Saint Coran, chapitre 3, verset 93 : “Jamais vous n’atteindrez la droiture à moins que vous ne dépensiez de ce que vous aimez ; et quoi que vous dépensiez, assurément, Allah le sait très bien.”

    [14] Le Saint Coran, chapitre 2, verset 144.

    [15] Hazrat Mirza Masroor Ahmadaba, The Basic Economic Principles of Islam, allocution présentée à Singapour, le 26 septembre 2013.

    [16]  Dans le domaine socio-économique, la main invisible est une métaphore qui désigne la théorie selon laquelle l’ensemble des actions individuelles des agents économiques, guidées uniquement par l’intérêt personnel de chacun, contribue au bien commun.

    [17] Hazrat Mirza Tahir Ahmadrh, Islam’s Response to Contemporary Issues, 2007, p. 268-269.

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    Pourquoi usure et guerre sont les deux faces d’une même pièce https://islam-ahmadiyya.org/pourquoi-usure-et-guerre-sont-les-deux-faces-d-une-meme-piece/ Thu, 05 Nov 2020 14:44:46 +0000 https://islam-ahmadiyya.org/pourquoi-usure-et-guerre-sont-les-deux-faces-d-une-meme-piece/ [1] ]]> Si le but principal de la guerre semble être la victoire sur l’adversaire, il reste que les défis posés pour y parvenir sont nombreux. Parmi ceux-ci, les finances et la fourniture des ressources de guerres revêtent d’une importance particulière. En effet, l’État belligérant se trouve devant un double impératif : il doit effectuer des dépenses pour se procurer les ressources nécessaires, et il doit obtenir des fonds permettant de couvrir ces dépenses. En d’autres termes, la guerre doit être financée.

    Les impôts étant à eux seuls insuffisants et responsables de générer des soubresauts en matière sociale, le secteur financier est le seul à même de fournir les moyens financiers des guerres. Dès lors, ce n’est pas un euphémisme que d’affirmer que l’éternel gagnant, quel que soit le vainqueur militaire, est celui qui finance la guerre et s’empresse à la hâte sur son terrain mortuaire pour y recueillir la part du lion : les intérêts issus du sang des victimes.

    Le Saint Coran, révélé il y a quatorze cents ans au Prophète Muhammadsa, parle en profondeur de ces sujets et met en avant les liaisons dangereuses entre les systèmes économiques défectueux et les conflits armés. Cet article analysera comment le système capitaliste basé sur l’usure et le taux d’intérêt[2], a eu un rôle non-négligeable tant sur le déclenchement que sur la propagation des deux dernières guerres mondiales.

    Usure et guerre : les liaisons dangereuses

    Le système usuraire qui prévaut depuis plusieurs siècles dans l’économie mondiale amenuise la paix dans le monde de deux manières : d’une part, il contribue à l’accumulation des richesses entre les mains de quelques-uns, et d’autre part, il favorise la guerre. Les usuriers créent toujours les circonstances qui peuvent provoquer des conflits entre une nation et une autre afin qu’une guerre éclate, et que les nations belligérantes soient contraintes de leur emprunter de l’argent.

    En effet, la concentration d’argent entre les mains d’un nombre décroissant d’individus et de multinationales crée des tensions entre les intérêts des différents acteurs économiques, et une demande pressante et constante d’investissements lourds (centrales nucléaires, immenses barrages pour les centrales hydroélectriques, industrie de l’armement, etc.). La raison est que l’insécurité causée par l’augmentation des inégalités économiques alimente l’insécurité inhérente au statut du géant militaire lourdement armé attaquant d’autres nations. La production d’armements est le seul secteur où le point de « saturation » puisse être repoussé indéfiniment, aussi longtemps que « l’ennemi » est lui aussi capable de mettre au point des armes de plus en plus rapides et efficaces. Les profits du complexe militaro-industriel sont beaucoup plus élevés que ceux de n’importe quel secteur civil de l’économie.

    De même, les recherches de Margrit Kennedy ont montré qu’un pfennig investi à la naissance de Jésus à 4 % d’intérêt aurait permis d’acheter en 1750 une boule d’or égale au poids de la Terre. En 1990, cependant, ce même pfennig aurait permis d’acheter 8 190 boules d’or égales au poids de la Terre. A 5 % d’intérêt, il aurait permis d’acheter une boule d’or en 1466. En 1990, il aurait permis d’acheter 2 200 milliards de boules d’or égal au poids de la Terre. Cet exemple nous montre l’énorme différence que peut représenter 1 % d’intérêt. Mais il prouve surtout que le paiement continuel d’intérêts simples et composés est arithmétiquement, de même que pratiquement, impossible. En effet, la nécessité économique et l’impossibilité mathématique entraînent une contradiction qui, pour être résolue, a engendré dans le passé d’innombrables conflits, guerres et révolutions.[3]

    L’avertissement de l’islam

    Aussi surprenant que cela puisse paraître, le Coran fait ce même lien dans les versets suivants : « Ô vous qui croyez, craignez Allah et renoncez à ce qui reste de l’usure si vous de vrais croyants. Mais si vous ne le faites pas, alors écoutez de la part d’Allah et de Son Messager une annonce de guerre ; et si vous vous repentez, vos fonds originaux seront les vôtres. Ainsi, vous ne léserez pas autrui et vous ne serez pas lésés non plus. »[4]

    Dans ces versets, le Coran commence par identifier les « vrais croyants » comme étant ceux qui fuient la pratique de l’usure quel que soit son taux. En islam, la bonté et la bienveillance envers les pauvres et les nécessiteux, ainsi que la répartition juste et équitable des richesses entre les peuples et les nations, sont essentielles. Tant sur le plan individuel que social, les concepts de charité et de morale sont équivalents à une société à la fois consciencieuse et craignant Dieu. Lorsque ces concepts s’évanouissent, l’ensemble de la structure de la société est voué à s’effondrer comme un château de cartes. Le verset continue en avertissant que la propagation de systèmes économiques injustes entraîne une réaction correspondante inévitable. Quand une société sombre dans l’immoralité, et que les écarts de richesse entre riches et pauvres augmentent de façon exponentielle, il en résulte assurément un rapport de force dangereux.

    En fait, aucun gouvernement ne peut imaginer entrer dans une guerre longue à moins qu’il ne s’appuie sur sa capacité à recueillir des fonds au moyen de prêts portant des intérêts. Les guerres dites longues et dévastatrices ne sont rendues possibles que par l’institution du taux d’intérêt. Celui-ci introduit un mécanisme de trappe à endettement qui laisse peu de chances de sortie au débiteur. L’endettement excessif au niveau national et international crée des risques d’insolvabilité, et les pays touchés ne peuvent sortir de ce cercle vicieux qu’en déclarant la banqueroute ou en attendant l’effacement de la dette des pays créditeurs. Si d’énormes prêts avec intérêts étaient rendus impossibles, nombreuses seraient les nations qui refuseraient tout bonnement de s’aventurer de manière hasardeuse dans ce qui semble être une guerre longue et coûteuse. Même si le cas contraire avait été le cas, elles se hâteraient certainement de s’y retirer bien avant qu’elles ne prennent fin car elles se retrouveraient rapidement sans un sou vaillant. En effet, en plus de caisses publiques vides, les peuples respectifs se révolteraient pour protester contre le gaspillage criminel d’hommes et d’argent.[5]

    Cependant, la dette facile permet aux gouvernements de poursuivre des luttes ruineuses car ils sont en mesure d’obtenir le nerf de la guerre sans avoir à recourir à un système de taxation directe. Pendant la guerre, les populations des nations belligérantes ne ressentent pas le fardeau qui leur est imposé. Mais à l’issue de celle-ci, ils se retrouvent sous le poids écrasant des dettes nationales, avec des générations postérieures essayant tant bien que mal de le réduire.

    L’histoire récente comme preuve

    Les férus d’histoire des deux dernières guerres mondiales ne peuvent nier le fait que le capitalisme a joué un rôle désastreux non seulement en provoquant, mais aussi en prolongeant ces guerres dans le temps.

    La Grande Guerre (1914-1918) a contraint les différents États belligérants de mobiliser des ressources financières à une échelle sans précédent. La plupart d’entre eux vont utiliser une combinaison de deux méthodes : la fiscalité et la dette.

    Si la fiscalité fut, il est vrai, importante pour le financement de la guerre et la façon la plus directe et la plus traditionnelle de payer les dépenses de guerre, nous savons qu’elle a joué un rôle secondaire pour presque toutes les nations impliquées dans le conflit. À titre d’exemple, la fiscalité en temps de guerre a atteint entre 6 et 15 % en Allemagne et en Italie, et représentait environ un quart des dépenses réelles en Grande-Bretagne et aux États-Unis. En effet, les plans de mobilisation financière pour la Première Guerre mondiale reposait sur le scénario stratégique d’un conflit qui avait vocation à ne durer que quelques mois. Malgré un bilan ultime terrifiant, même les plus sombres prédictions militaires n’ont permis de prévoir un conflit qui durera au final plus de quatre longues années. Étant donné que le financement de la guerre a une composante temporelle, il y avait clairement un écart entre les attentes d’une guerre courte et les réalités du financement d’une guerre longue.[6]

    La réalité est que c’est l’endettement qui se trouvait au fondement même du financement des pays en temps de guerre. Il y avait deux dimensions de la dette qui étaient importantes pour comprendre la dynamique du financement de la Première Guerre mondiale. La première dimension était de savoir s’il s’agissait d’un emprunt à court terme ou à long terme. La deuxième était de savoir si le crédit était domestique ou provenait du monde extérieur. Les emprunts sur le marché international étaient distincts des emprunts internes en ce qu’ils dépendaient de la position d’un pays dans la hiérarchie économique mondiale. Cependant, tout porte à croire que le recours à la dette était certainement la pire des décisions parce qu’elle va forcer les États belligérants à jouer un jeu dangereux du chat et de la souris durant le chaos de la guerre.

    L’une des forces motrices derrière cette initiative a été la banque américaine J.P. Morgan & Co. Celle-ci était la banque la mieux connectée à l’époque, et elle jouera un rôle central en facilitant considérablement l’effort de guerre des belligérants malgré la neutralité américaine. Ambitieux et hardi, Henry Davison, un des associés principaux de la banque, présentera un argument brutal en faveur des prêts : « Pour maintenir notre prospérité, nous devons la financer. Sinon, elle pourrait s’arrêter et ce serait une catastrophe. »[7]

    En août 1914, il se rendra à Londres pour conclure un accord officiel avec la Banque d’Angleterre pour faire de J.P. Morgan le sponsor officiel de tous les crédits émis par le gouvernement britannique sur les marchés américains. La banque souscrira un prêt de guerre à Londres d’un montant de 1,5 milliards de dollars au cours de la guerre. Lorsqu’il devint évident en 1915 que l’issue du conflit était indéterminée, la banque Morgan va décider de nouer des relations formelles avec la France. Un peu plus tard, une fois que la Russie choisira également cette banque comme intermédiaire pour ses emprunts sur le marché américain, la « maison Morgan » deviendra le courtier principal de l’ensemble des puissances de l’Entente (alliance militaire entre la France, le Royaume-Uni et la Russie). Pour ses services à l’alliance, la banque touchera une commission de 8,3 %, soit l’équivalent de 200 millions de dollars de bénéfices.[8] Ce mercantilisme guerrier leur vaudra assez rapidement la critique de certains ennemis qui l’accuseront de « profiteurs de guerre ».

    Entre 1914 en 1918, le Vieux Continent est inondé par un océan de dettes et les emprunts externes souscrits par l’Entente s’élèvent à 16 milliards de dollars. Les États-Unis étaient les créanciers principaux en temps de guerre, prêtant au total 7 milliards de dollars, dont 3,7 milliards à la Grande-Bretagne, 1,9 milliards à la France, et 1 milliard à l’Italie. La position de dauphin reviendra à la Grande-Bretagne avec une provision totale de crédit s’élevant à 6,7 milliards de dollars, dont 2,5 milliards à la Russie, 1,9 milliard à l’Italie, et 1,6 milliards à la France. La France, quant à elle, prêtera 2,2 milliards de dollars, dont près de la moitié à la Russie (955 millions de dollars), 535 millions à la Belgique et le reste à de plus petits alliés. La Grande-Bretagne et la France ont donc simultanément joué le rôle de pourvoyeurs de fonds et d’emprunteurs. En tant que seul État à ne pas à avoir eu à se financer par la dette extérieure, les États-Unis étaient l’armature dans la pyramide mondiale de la dette.[9]

    En effet, l’entrée américaine dans la guerre en 1917 a transformé les crédits interalliés en un ensemble de relations intra gouvernementales d’endettement, avec les États-Unis en tant que créanciers mondiaux principaux. Cette prééminence financière va cependant provoquer une discorde importante. Les souverains européens ont emprunté aux États-Unis en supposant qu’ils défendaient la civilisation contre la menace de l’agression et de l’autocratie des puissances centrales. Ils ne s’attendaient pas à ce que les Américains traitent leurs prêts étrangers comme un investissement commercial avec une logique de maximisation des profits. Lorsque les prêts arriveront à échéance, les pays européens ont dû faire face aux coûts de la reconstruction et du remboursement de la dette extérieure en parallèle.

    À partir des années 1920, la question des dettes de guerre deviendra une faiblesse majeure des fondements matériels de l’ordre international « libéral ». Au milieu de ces année-là, la charge de la dette (les intérêts) du gouvernement britannique absorbait 44 % de l’ensemble des dépenses publiques. Son montant colossal dépassait confortablement les dépenses de défense jusqu’en 1937, date à laquelle, à l’approche de la Seconde Guerre mondiale, le coût du réarmement commencera à exploser.[10]

    L’incapacité des Alliés à résoudre ce problème de manière satisfaisante avant le début de la Grande Dépression sera une préfiguration des nouveaux échecs de coordination dans la réponse à la crise économique elle-même. L’effet domino ouvrira la voie à une détérioration des relations économiques mondiales dans un climat de méfiance mutuelles dans les années 1930 – une condition préalable à l’instabilité politique des années suivantes et qui, en temps voulu, rendra possible une Seconde Guerre mondiale.

    Le cas de la Grande-Bretagne est symptomatique de la pathologie de la dette car il faudra attendre mars 2015 pour que les contribuables britanniques finissent par rembourser les dettes que le pays a contracté pour combattre la Première guerre mondiale.[11]

    Mais ce n’est pas tout. À la fin de la Seconde Guerre mondiale, la nation britannique, épuisée par des années de rationnement, aura cruellement besoin d’argent pour payer la reconstruction et importer des denrées alimentaires. En conséquence, le Royaume-Uni contractera un énième emprunt de 145 millions de livres sterling et un autre d’une valeur de 930 millions de livre sterling auprès des États-Unis (taux de change de 1945). Bien qu’ils soient à l’époque les alliés les plus proches du pays en question, les États-Unis n’hésiteront pas à leur appliquer un taux d’intérêt fixe de 2 %. En effet à cette période, les conditions du prêt étaient considérées comme extrêmement favorables et généreuses. Mais il y avait des responsables britanniques, dont l’économiste John Maynard Keynes, qui détecteront une note d’impolitesse dans le comportement général des Américains après la guerre.[12] Robert Skidelsky, le biographe de Keynes, dira que l’économiste espérait soit une aide qui prendrait la forme d’une subvention pour couvrir la balance des paiements britannique d’après-guerre, soit un prêt sans intérêt.[13]

    Keynes comprendra cette passion dangereuse qu’il présentera comme « l’amour de l’argent en tant que possession ». Il en viendra même à regretter l’époque où la fièvre de l’or était la cible des interdits exhortés par les grandes religions monothéistes :

    « Je ne vois donc rien qui nous empêche de revenir un jour à quelques-uns des principes les plus sûrs et les moins douteux de la religion et de la vertu traditionnelles – que l’avarice est un vice, la pratique de l’usure, un délit, et l’amour de l’argent, détestable […] »[14]

    Sans l’ombre d’un doute, les deux dernières guerres mondiales ont été pour les nations belligérantes européennes des guerres d’usure financière. Si de gigantesques emprunts n’avaient pas été rendus possibles, le résultat de la guerre aurait certes été le même, mais la dévastation et le lourd endettement des différentes nations auraient été évités. Peut-être même que la guerre elle-même aurait été évitée. Mais quand bien même elle aurait eu lieu, les ressources des pays belligérants auraient rapidement été épuisées, la paix aurait été signée l’année suivante et le monde aurait poursuivi sa marche en avant.

    Conclusion

    Tout au long de l’histoire, la dette et la guerre ont été des partenaires constants. Et comme l’histoire récente l’a démontré, le concept d’intérêt n’est pas simplement préjudiciable au système financier, il se traduit littéralement par des bains de sang en repoussant l’armistice toujours plus loin dans le temps. Il est remarquable qu’une vérité aussi subtile, qui s’est révélée terriblement vraie au cours des cent dernières années, ait été prédite par le Saint Coran. Qu’un livre du VIIe siècle, révélé à un prophète dans le désert profond de l’Arabie, ait fait ce lien, donne une crédibilité significative à sa prétention d’être un texte divinement révélé. Résonnant au fil des siècles, ses enseignements et ses avertissements mettent en exergue la nature fondamentalement intemporelle du Coran.

    À côté de cela, les critiques du système financier actuel sont nombreuses. S’il existe un consensus sur ses effets antiéconomiques, l’analyse de ces causes n’est pas monotone. Mais dans l’arbre enchevêtré des mécanismes conduisant aux déséquilibres du système financier actuel, il existe un facteur pathogène commun : le taux d’intérêt.

    Tant que le système financier sera basé sur ce facteur déstabilisant, il créera des tensions entre les intérêts des différents acteurs économiques, c’est-à-dire des facteurs de production. Aujourd’hui, ce rapport est en faveur de la classe capitaliste. Mais ce dernier étant injuste, il est aussi instable.[15] Le système capitaliste tentera donc toujours de trouver les expédients efficaces pour préserver ce rapport de force, quitte à jouer au va-t-en-guerre.

    Nous sommes donc face à la difficulté suivante, érigée en tabou, qui est que la légalisation du taux d’intérêt est un obstacle à la paix économique. Ne tombons pas béatement dans ce piège qui nous guette ; ne reproduisons pas la même erreur une troisième fois… Il s’agira de la fois de trop. Mais il y a bien plus qu’une petite part de vérité dans l’idée que ceux qui n’apprennent point de l’histoire sont condamnés à la répéter.


    À propos de l’auteur : Ahmed Danyal Arif est économiste de formation et travaille actuellement à Londres pour la Review of Religions. Il est titulaire d’une maîtrise en économie politique et est passé par l’administration fiscale française. Il est également l’auteur de deux ouvrages aux éditions l’Harmattan : Islam et capitalisme : pour une justice économique (2016) et Histoire économique du monde islamique : de l’Arabie préislamique à la dynastie umayyade (2019).


    [1] « Pourquoi les banques aiment les guerres », The Epoch Times, 2018.

    [2] Nous assimilons ici les termes « usure » et « intérêt » quand bien même ces termes dans le langage courant et l’acception contemporaine fait apparaître des nuances sémantiques entre eux.

    [3] Kennedy, M., Interest and Inflation Free Money, 1992, p. 7.

    [4] Le Saint Coran, chapitre 2 (Al-Baqarah), versets 279 & 280

    [5] Hazrat Mirza Bashir-ud-Din Mahmud Ahmadra, in The Holy Quran with English Translation and Commentary, vol. 1, 2018, p. 431.

    [6] Stevenson, D. « World War One and the ‘Short-War Illusion’ », Sky News, 2014.

    [7] Kemp, K. « House of Morgan », International Encyclopaedia of the First World War, 2017.

    [8] Harvey, A. D., Collision of Empires: Britain of in Three World Wars, 1793-1945, Londres, 1992, p. 291.

    [9] Moulton, H., Pasvolsky, L., War Debts and World Prosperity, New York, 1932, p. 426.

    [10] Ferguson, N., Civilization: The West and the Rest, Penguin Books, 2011, p. 720.

    [11] «  Chancellor Osborne to repay part the nation’s First World War Debt », Gov.uk

    [12] Rohrer F., « What’s a little debt between friends? », BBC News Magazine, 2006.

    [13] Skidelsky, R., Keynes: A Very Short Introduction, Oxford, 2010, p. 117.

    [14] Keynes, J. M., « Economic Possibilities for our  Grandchildren » (1930), in Revisiting Keynes, Londres, 2008, p. 25.

    [15] Pélissier, J. E., « Néolibéralisme et autoritarisme: une spirale malsaine », Oumma, 14 novembre 2006.

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    Kasher et halal : vers une interdiction ? https://islam-ahmadiyya.org/kasher-et-halal-vers-une-interdiction/ Tue, 12 Mar 2019 10:31:50 +0000 https://islam-ahmadiyya.org/kasher-et-halal-vers-une-interdiction/ La Belgique vient récemment d’interdire, en région flamande, les méthodes d’abattage selon les rites juif et islamique (kasher et halal), au nom des « droits des animaux ». Désormais, l’abattage se fera après étourdissement de l’animal.

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    La Belgique vient récemment d’interdire, en région flamande, les méthodes d’abattage selon les rites juif et islamique (kasher et halal), au nom des « droits des animaux ». Désormais, l’abattage se fera après étourdissement de l’animal. Cela va sans dire que cette loi va criminaliser le respect des traditions juives et islamiques, des traditions qui, rappelons-le, exigent que l’animal – qui doit être élevé sans cruauté, et qui doit être en bonne santé – soit pleinement conscient lors de l’abattage. A noter que la méthode d’abattage selon le rituel islamique impose l’utilisation d’un couteau très acéré pour égorger l’animal d’un seul coup rapide, et requiert qu’aucun animal ne soit égorgé devant ses congénères afin de minimiser le stress – le tout dans un souci d’éviter la cruauté. Il est important de faire ressortir que l’égorgement rapide signifie que l’alimentation de sang au cerveau étant subitement interrompue, la souffrance de l’animal est minimisée et la mort survient très vite.

    Dans le même esprit, l’islam interdit l’utilisation d’animaux comme cibles pour l’entrainement au tir ainsi que l’utilisation des peaux de prédateurs.

    Bien qu’elle ait pour prétexte la défense des animaux, beaucoup verront cette loi comme étant encore un subterfuge de politiciens européens qui, voulant profiter de la vague populiste qui déferle sur l’Occident, courtisent l’électorat de droite et d’extrême-droite dont le nombre connaît une croissance inquiétante dans plusieurs pays d’Europe. Il est très révélateur qu’en Belgique, l’idée de l’interdiction ait été proposée par Ben Weyts, un nationaliste flamand de droite. La liberté de religion vient de prendre un sérieux coup.

    Des interdictions similaires ou partielles existent déjà dans nombre de pays en Europe ; et devant la popularité d’idées xénophobes, islamophobes et anti-immigration en Occident, avec l’extrême-droite qui réclame l’interdiction de l’abattage halal en France et en Grande-Bretagne, il est à craindre que la liberté religieuse sera atteinte dans ces pays-là également. Les musulmans en Europe ont le sentiment que, motivés par une mauvaise compréhension voire une peur de l’islam, certains veulent leur rendre la vie de plus en plus difficile. Aux musulmans, donc, de tout faire pour montrer une exemplarité sans tache dans leur comportement en société –  une exemplarité telle que l’islam l’enseigne. Certains le font déjà, notamment les jeunes et moins jeunes de la communauté islamique Ahmadiyya : vous les verrez partout dans les pays occidentaux, offrant régulièrement à manger et des vêtements aux sans-abris, organisant des collectes de sang, nettoyant gratuitement les rues après les festivités, participant dans des projets de plantation d’arbres et distribuant des tracts pour faire connaître l’islam, afin d’enrayer la peur et dissiper l’incompréhension.

    Nous prions et restons optimistes.

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