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Campagnes en Syrie

Dans son sermon du 19 août 2022, Sa Sainteté le Calife a évoqué la première campagne militaire en Syrie.

Sermon du vendredi 19 août 2022, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

Dans le cadre de la mention des Compagnons de Badr, j’évoquais le califat d’Abou Bakr (r.a.) et les événements de son époque. J’évoquerai aujourd’hui les campagnes menées en Syrie au cours de son califat.

Quand Abou Bakr (r.a.) en avait terminé avec les rebelles-apostats et que l’Arabie était stable, il commença à réfléchir sur le conflit contre les Byzantins qui agressaient les musulmans de l’extérieur. Ils étaient en effet des agresseurs qui harcelaient les musulmans. Or, personne n’avait [jusqu’alors] entrepris quoi que ce soit à cet égard.

La Syrie d’aujourd’hui se trouvait à l’époque dans l’Empire byzantin et son roi était nommé « Empereur de Rome ».

Le Calife Abou Bakr (r.a.) réfléchissait à ce propos lorsque Chourahbil Ibn Hassanah s’est présenté, s’est assis à côté de lui et a déclaré : « Ô Calife de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) ! Etes-vous en train de réfléchir­­ à propos d’une campagne militaire en Syrie ? » Le Calife Abou Bakr (r.a.) a répondu : « Oui. J’ai l’intention d’en mener une. Mais je n’en ai informé personne jusqu’à présent. Pourquoi donc as-tu posé cette question ? » Chourahbil Ibn Hassanah de répondre : « Ô Calife de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) ! J’ai vu dans un rêve que vous étiez en train de marcher avec vos compagnons sur une route montagneuse difficile. Ensuite, vous êtes arrivé sur un sommet élevé et vous avez regardé vers les gens. Vos compagnons étaient avec vous. Puis, vous êtes descendu de ce sommet vers une terre souple et fertile où il y avait des champs, des sources, des villages et des forteresses. Vous avez dit aux musulmans : « Attaquez les polythéistes ! Je vous donne la garantie de la victoire et du butin. » Sur ce, les musulmans ont lancé l’assaut et j’étais dans cette armée avec un drapeau. Je suis parti vers un village dont les habitants m’ont demandé un gage de paix, que je leur ai donné. Ensuite, je suis venu auprès de vous. Vous étiez arrivé tout près d’une grande forteresse. Vous avez remporté la victoire. Les gens [de la forteresse] ont voulu conclure un pacte de paix avec vous. Ils ont placé un trône sur lequel vous vous êtes assis. Puis, quelqu’un a dit : « Allah vous a accordé la victoire et vous aidé. Exprimez donc votre gratitude envers Dieu et obéissez-Lui ! » Ensuite, cette personne a récité les versets suivants :

إِذَا جَاءَ نَصْرُ اللَّهِ وَالْفَتْحُ ۞ وَرَأَيْتَ النَّاسَ يَدْخُلُونَ فِي دِينِ اللَّهِ أَفْوَاجًا ۞ فَسَبِّحْ بِحَمْدِ رَبِّكَ وَاسْتَغْفِرْهُ إِنَّهُ كَانَ تَوَّابًا ۞

« Lorsque vient l’aide d’Allah ainsi que la victoire, et que tu vois les hommes entrer en troupes dans la religion d’Allah, alors glorifie ton Seigneur avec Sa louange, et implore Son pardon. Assurément, Il revient sans cesse avec compassion»

Chourahbil Ibn Hassanah déclare : « J’ai ensuite ouvert les yeux. » Il s’agissait d’un long rêve.

Alors, le Calife Abou Bakr (r.a.) a déclaré : « Bonheur à toi ! Tu as fait un bon rêve ! Incha Allah le bien en découlera. Tu m’as donné la bonne nouvelle de la victoire et la nouvelle de ma mort dans ce rêve. » En disant cela, le Calife Abou Bakr (r.a.) avait des larmes aux yeux. Il a déclaré : « La zone rocheuse que nous avons escaladé jusqu’au sommet de la montagne et le fait de regarder les gens de là, signifie que nous aurons des difficultés en ce qui concerne cette armée et que les soldats souffriront également. Par la suite, nous aurons le dessus et aurons la stabilité. Descendre du sommet de la montagne et se rendre vers la terre fertile, où il y avait des cultures luxuriantes, des sources, des villages et des forts signifie que nous aurons plus de facilités qu’auparavant, ainsi que la prospérité et l’abondance, et que nous aurons accès à des terres plus fertiles. Mon ordre aux musulmans d’attaquer l’ennemi, ma garantie de victoire et de butin, signifie que j’envoie les musulmans sur les terres des polythéistes et je les incite au jihad. Et quant au drapeau que tu as porté pour te rendre dans un de ces villages, que tu as pénétré et dont les habitants ont demandé la paix que tu leur as accordée, cela signifie que tu seras l’un des commandants qui conquerra cette région et Allah t’accordera la victoire. La forteresse que nous avons conquise grâce à l’aide d’Allah signifie cette région qu’Allah m’accordera. Le trône sur lequel tu m’as vu assis signifie qu’Allah m’honorera et humiliera les polythéistes. L’homme qui m’a ordonné de faire de bonnes actions et d’obéir à Allah et qui m’a récité la sourate Al-Nasr m’a informé de ma mort. Quand cette sourate a été révélée au Saint Prophète, il a su que sa mort y était annoncée. »

Ceci était l’interprétation de ce rêve par Abou Bakr (r.a.).

Quand Abou Bakr (r.a.) a décidé de préparer une armée pour la conquête de la Syrie, il a consulté ‘Oumar, ‘Outhman, ‘Ali, ‘Abdour-Rahman Ibn ‘Awf, Talhah, Zoubayr, Sa’d Ibn Abi Waqqas, Abou ‘Oubaydah Ibn Al-Jarrâh et les combattants de Badr, et les grands compagnons parmi les Mouhâjirîn et les Ansâr ainsi que d’autres Compagnons. Quand ces Compagnons se sont présentés au Calife Abou Bakr (r.a.), il a déclaré : « Les bénédictions d’Allah sont innombrables et les actes ne peuvent les rembourser. Louez Allah beaucoup, car Il vous a favorisés et vous a réunis sous l’égide de la déclaration de foi et vous a réconciliés. Il vous a donné la direction de l’islam et a éloigné Satan de vous. À présent, Satan n’a aucun espoir de vous impliquer dans le polythéisme et de vous pousser à prendre un autre dieu qu’Allah. Aujourd’hui, les Arabes sont une nation, les enfants des mêmes parents. Mon opinion est que je dois les envoyer en Syrie pour combattre les Byzantins. Celui qui est tué parmi eux sera un martyr. Allah a préparé la meilleure récompense pour ceux qui font de bonnes œuvres. Et quiconque a survécu parmi eux restera en vie en défendant l’islam et méritera la récompense des Moujâhidîn de la part d’Allah. Voilà mon avis. Que chacun d’entre vous me conseille selon sa propre opinion. »

Le Calife Abou Bakr (r.a.) leur a demandé leur avis.

‘Oumar Ibn Al-Khattâb s’est levé et a dit : « Toutes les louanges sont dues à Allah, Qui accorde des bénédictions à qui Il veut parmi Ses créatures. Par Allah, vous nous avez toujours surpassés dans le bien. Ceci est la grâce spéciale qu’Il accorde à qui Il veut. Par Allah ! Je voulais vous rencontrer pour parler du même sujet. Mais Allah a décrété que je ne puisse le faire et vous en avez fait mention de votre propre chef. Bien sûr, votre avis est juste. Allah vous a donné la compréhension du droit chemin. »

‘Abdour-Rahman Ibn Auf, ‘Outhman Ibn ‘Affân, Talhah, Zoubayr, Sa’d, Abou ‘Oubaydah, Sa’id Ibn Zayd, ‘Ali et tous les autres présents parmi les Mouhâjirîn et les Ansâr ont soutenu l’opinion du Calife Abou Bakr (r.a.) et ont déclaré : « Nous vous écouterons et vous obéirons. Nous ne désobéirons pas à votre ordre et répondrons à votre requête. » Ensuite le Calife Abou Bakr (r.a.) s’est levé pour s’adresser à nouveau à l’assistance. Il a loué Allah comme Il le mérite et a envoyé des bénédictions sur l’Envoyé d’Allah (s.a.w) et a prié pour lui. Il a ensuite déclaré : « Ô gens ! Dieu vous a accordé une grande faveur en vous octroyant la bénédiction de l’islam. Il vous a honoré par le Jihad. Il vous a donné la supériorité sur les autres religions par la religion de l’islam. Ô serviteurs d’Allah ! Préparez-vous à combattre les Byzantins en Syrie. Je vais nommer vos commandants et en faire vos dirigeants. Obéissez à votre Seigneur et ne désobéissez pas à vos commandants. Que vos intentions soient uniquement de plaire à Dieu. Améliorez votre vie et votre caractère. Soyez modérés dans vos repas et vos boissons. Allah soutient les pieux et les bienveillants. »

Le Calife Abou Bakr (r.a.) a ordonné à Bilal [de lancer un appel]. Il a annoncé au peuple : « Ô Gens ! Partez en Syrie combattre votre ennemi byzantin ; et l’émir des musulmans sera Khalid Ibn Sa’id.

Dans cette série de conquêtes de la Syrie, le Calife Abou Bakr Al-Siddîq (r.a.) a d’abord envoyé Khalid Ibn Sa’id. Selon un récit, lorsqu’Abou Bakr (r.a.) est retourné à Médine après avoir effectué le Hajj, en treize de l’Hégire, il a envoyé Khalid Ibn Sa’id en Syrie avec une armée. Selon d’autres, Abou Bakr (r.a.) a envoyé Khalid Ibn Sa’id en Syrie lorsqu’il avait envoyé Khalid Ibn Al-Walîd en Irak. Le premier drapeau hissé pour la conquête de la Syrie était celui de Khalid Ibn Sa’id. Selon un autre récit, lorsqu’Abou Bakr (r.a.) a préparé et envoyé onze armées contre les apostats, il a ordonné à Khalid Ibn Sa’id de se rendre à Taymâ pour protéger les frontières de la Syrie. Il l’a commandé de ne pas bouger de sa place et d’inviter les gens de la région à venir à sa rencontre et de recruter uniquement ceux qui n’ont pas apostasié et de combattre uniquement ceux qui les combattent, jusqu’à ce qu’il reçoive d’autres instructions de la part du Calife. Taymâ est une ville très connue entre la Syrie et Médine.

En sus des habitants de Médine, le Calife Abou Bakr (r.a.) a préparé les musulmans d’autres régions à livrer bataille contre les Byzantins et les a encouragés à rejoindre le Jihad. Il a écrit une lettre au peuple du Yémen, dont le texte est le suivant :

« Du Calife du Messager d’Allah (s.a.w.) à chaque croyant et musulman du peuple du Yémen : Que la paix soit sur celui qui reçoit ce message. Je loue Allah, hormis Qui il n’y a pas de divinité. Allah a rendu le Jihad obligatoire aux musulmans et leur a ordonné de sortir avec peu de préparatifs ou en se préparant complètement. Allah déclare : « Accomplissez le Jihad dans la voie d’Allah avec vos biens et vos personnes. » Ainsi le Jihad est un devoir obligatoire et sa récompense est grande auprès d’Allah. Nous avons ordonné aux musulmans de se préparer au Jihad contre les Byzantins en Syrie. Leurs intentions sont bonnes et leur statut élevé. Ô serviteurs d’Allah ! Hâtez-vous d’accomplir le devoir de votre Seigneur et de suivre la Sounnah de Son Prophète vers l’une des deux vertus : soit le martyre, soit la victoire et le butin. Allah n’est pas satisfait des vaines paroles de Son serviteur, ni de l’abandon du Jihad face à Ses ennemis jusqu’à ce qu’ils acceptent la vérité et obéissent aux commandements du Saint Coran. Qu’Allah protège votre religion et guide vos cœurs et purifie vos actions et vous récompense comme les moudjahidines qui persévèrent. »

Abou Bakr (r.a.) a envoyé cette lettre par l’entremise d’Anas Ibn Malik. Anas déclare : « Je suis arrivé au Yémen et j’ai commencé par chaque quartier et chaque tribu. Je leur lisais la lettre d’Abou Bakr (r.a.) et quand je terminais sa lecture, je disais : « Toutes les louanges sont dues à Allah et je témoigne qu’il n’y a de dieu qu’Allah et Muhammad est le Messager d’Allah. Je suis le Calife du Messager d’Allah (s.a.w.) et le messager des musulmans. Écoutez bien : j’ai laissé les musulmans dans un état où ils sont rassemblés sous forme d’armée : l’attente de votre arrivée à Médine est la seule chose qui les empêche de livrer bataille contre leur ennemi. Marchez rapidement vers vos frères ! Ô musulmans ! Qu’Allah vous fasse miséricorde ! »

Anas est retourné à Médine et a annoncé à Abou Bakr (r.a.) la bonne nouvelle de l’arrivée des Yéménites en disant : « Les braves hommes et chevaliers du Yémen sont sur le point de venir avec des cheveux ébouriffés et recouverts de poussière. Ils sont partis avec leurs biens, leurs femmes et leurs enfants. » D’autre part, Khalid Ibn Sa’id est arrivé à Taymâ et s’y est installé. Des tribus de nombreuses régions les ont rejoints. Quand les Byzantins ont entendu parler de cette grande armée de musulmans, ils ont invité les tribus arabes sous leur influence pour livrer bataille en Syrie. Khalid Ibn Sa’id a écrit à Abou Bakr (r.a.) à propos de ces préparatifs des Byzantins. Le Calife Abou Bakr (r.a.) lui a répondu : « Vous devrez aller de l’avant sans avoir peur et demander l’aide d’Allah. »

Alors, Khalid Ibn Sa’id s’est avancé vers les Byzantins. Mais lorsqu’il s’est approché d’eux, ils se sont dispersés et ont abandonné leurs camps. Khalid Ibn Sa’id a occupé la zone et la plupart de ceux qui étaient autour de lui sont devenus musulmans. Khalid Ibn Sa’id en a informé le Calife Abou Bakr (r.a.). Celui-ci lui a dit : « Avance, mais ne vas pas si loin que l’ennemi ait une chance d’attaquer par l’arrière. Khalid Ibn Sa’id a marché avec ses troupes jusqu’à ce qu’ils s’arrêtent à un endroit. Là, un prêtre byzantin du nom de Bahan s’est approché pour le combattre. Khalid Ibn Sa’id l’a vaincu et a tué beaucoup de ses soldats. Bahan s’est enfui et s’est réfugié à Damas. Khalid Ibn Sa’id a rapporté cela à Abou Bakr (r.a.) et a demandé des renforts.

Il y avait alors des gens qui avaient initialement émigré du Yémen dans le but d’accomplir le Jihad en Syrie. En sus de cela, des gens vivant entre La Mecque et le Yémen étaient venus eux aussi. Parmi ceux-là figuraient Dhou’l-Qila et ‘Ikramah, qui avait vaincu les apostats et était retourné vers Abou Bakr (r.a.) : il était accompagné des troupes de la région. Le Calife Abou Bakr (r.a.) a écrit aux responsables de la Zakât à leur propos : « Remplacez ceux qui souhaitent le changement. » Tout le monde voulait être remplacé. Ils l’ont tous été et une nouvelle armée a été formée. C’est pourquoi cette armée s’appelait Jaych al-Bidal. Ces troupes ont atteint Khalid Ibn Sa’id ; et le Calife Abou Bakr (r.a.) n’a cessé d’encourager les gens à se battre en Syrie. Le Calife Abou Bakr (r.a.) a dit à Walîd Ibn ‘Ouqbah de se rendre en Syrie auprès de Khalid Ibn Sa’id. Quand celui-ci s’est rendu auprès de Khalid Ibn Sa’id, il lui a dit que les habitants de Médine étaient impatients d’aider leurs frères et que le Calife Abou Bakr (r.a.) s’arrangeait pour envoyer des troupes. En entendant cela, Khalid Ibn Sa’id a été fou de joie et, souhaitant recevoir le mérite de la victoire contre les Byzantins, il a pris Walîd Ibn ‘Ouqbah avec lui pour combattre la grande armée de Byzantins, dont le chef militaire était Bahan. Or, en attaquant l’armée byzantine, Khalid Ibn Sa’id avait ignoré l’ordre du Calife Abou Bakr (r.a.) selon laquelle il ne devait pas avancer si loin que l’ennemi ait la chance de l’attaquer par derrière. En tout cas, il avait négligé la défense de son arrière avait commencé la bataille contre les Byzantins avant l’arrivée d’autres commandants. Bahan et ses compagnons sont sortis avant eux et se sont dirigés vers Damas. La retraite de Bahan était en fait une ruse. Il voulait encercler les musulmans et les attaquer par derrière. Le Calife Abou Bakr (r.a.) avait prévenu Khalid Ibn Sa’id de ce danger ; la quête de la victoire avait rendu Khalid Ibn Sa’id négligent de cet avertissement du Calife et il a avancé.

Khalid Ibn Sa’id a donc avancé vers l’armée ennemie. Walîd Ibn ‘Ouqbah, Dhou’l-Qala et ‘Ikramah étaient également avec lui. Khalid Ibn Sa’id a été cerné par l’ensemble des postes militaires de Bahan et ils lui ont bloqué la route. Khalid n’en n’avait aucune nouvelle.

Bahan s’est avancé et a trouvé Sa’id, le fils de Khalid, errant à la recherche d’eau avec quelques individus, et les a tous tués. Khalid Ibn Sa’id a appris le meurtre de son fils et de ses compagnons : sur ce, il s’est enfui de là avec un groupe de cavaliers. Au lieu de se battre, il a abandonné l’endroit. Après eux, de nombreux compagnons sur des chevaux et des chameaux ont également été séparés de leur armée. Vaincu, Khalid a atteint Dhou’l-Marwa, mais ‘Ikramah n’a pas bougé de sa place et a continué à aider les musulmans. Dhou’l-Marwa est un endroit entre La Mecque et Médine, à environ 155 kilomètres de Médine. En tout cas, ‘Ikramah a empêché Bahan et ses troupes de poursuivre Khalid. Lorsque le Calife Abou Bakr (r.a.) a eu vent de ce événements, il a exprimé son mécontentement à l’égard de Khalid et ne lui a pas permis d’entrer à Médine. Cependant, plus tard, lorsque celui-ci obtiendra la permission d’entrer à Médine, il s’excusera auprès du Calife Abou Bakr (r.a.) pour cet acte.

Malgré cet échec de Khalid Ibn Sa’id, la détermination et le courage d’Abou Bakr Siddique (r.a.) n’ont pas flanché. Lorsque la nouvelle lui est parvenu qu’Ikramah et Dhou’l-Qala avaient sauvé les armées islamiques des griffes des Byzantins et les avaient ramenées aux frontières de la Syrie et y attendaient de l’aide, Abou Bakr Al-Siddîq (r.a.), sans perdre un instant, a pris les dispositions pour envoyer des renforts. Le Calife Abou Bakr Al-Siddîq (r.a.) a préparé quatre grandes armées à cet égard et les a envoyées dans différentes régions de la Syrie. Leur description est la suivante.

La première armée était celle de Yazid Ibn Abi Soufyan. Il était le frère de Mou’awiyah et le meilleur homme de la famille d’Abou Soufyan. C’était la première des quatre armées envoyées en renfort pour avancer vers la Syrie. Le Calife Abou Bakr (r.a.) a nommé Yazid Ibn Abi Soufyan commandant de cette armée. Sa responsabilité était d’atteindre Damas, de la conquérir et d’aider les trois autres armées en cas de besoin. Cette armée comprenait initialement trois mille soldats. Ensuite, le Calife Abou Bakr (r.a.) a envoyé d’autres renforts, ce qui a porté leur nombre à environ sept mille soldats. Parmi les habitants de La Mecque, Souhayl Ibn ‘Amr et d’autres personnes de son statut ont également rejoint cette armée de Yazid Ibn Abi Soufyan. Souhayl Ibn ‘Amr était l’un des dirigeants et des chefs subordonnés des Qouraychites pendant l’ère de l’ignorance et il a représenté les infidèles de La Mecque en concluant un accord avec l’Envoyé d’Allah (s.a.w), c.-à-d. en concluant un traité de paix à Houdaybiyyah. Il est devenu musulman à l’occasion de la conquête de La Mecque. Abou Bakr (r.a.) a attaché un drapeau pour Yazid Ibn Abi Soufyan. Il a également fait venir Rabi’ah Ibn ‘Amir et a attaché un autre drapeau pour lui en disant : « Tu iras avec Yazid Ibn Abi Soufyan. Ne lui désobéis pas et ne t’oppose pas à lui. » Puis il a dit à Yazid Ibn Abi Soufyan : « Si tu le considères approprié de confier le commandement de l’avant-garde de ton armée à Rabi’ah Ibn ‘Amr, eh bien, fais-le. Il est l’un des meilleurs cavaliers de l’Arabie et les nobles de ton peuple. J’espère aussi qu’il est l’un des serviteurs vertueux d’Allah. » Yazid a déclaré : « Votre bonne opinion à son sujet et votre espoir en lui ont d’autant plus augmenté mon amour pour lui. »

Le Calife Abou Bakr (r.a.) a marché en sa compagnie. Yazid a déclaré : « Ô Calife de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) ! Prenez une monture ou permettez-moi de marcher à vos côtés, car il me déplaît d’être sur une monture tandis que vous marchez. Sur ce, le Calife Abou Bakr (r.a.) a déclaré : « Je ne monterai pas sur une monture et tu n’en descendras pas non plus. Je suis en train de mener ces pas dans la voie d’Allah. »

Ensuite il a conseillé à Yazid : « Ô Yazid ! Je te conseille de craindre Allah, de Lui obéir, de te sacrifier pour Lui et d’avoir peur de Lui. Quand tu combattras l’ennemi et qu’Allah t’accorde la victoire, ne sois pas malhonnête et ne mutile pas l’ennemi. » C’est-à-dire ne défigure pas les morts des ennemis. « Ne viole pas tes pactes et ne sois pas lâche. Ne tue pas les enfants en bas âge, ni les vieillards, ni les femmes, ne brûle pas les palmiers-dattiers et ne les détruis pas non plus, et n’abats aucun arbre fruitier. N’abats aucun animal, sauf pour le consommer. Il ne faut pas qu’ils abattent ou tuent des animaux sans raison. Vous croiserez des gens qui se sont voués à Allah dans les églises. Laissez-les et ce pour quoi ils se sont voués. »

C’est-à-dire, ne faut rien faire aux moines ou aux prêtres des églises.

« Vous trouverez aussi des gens dont les cheveux ont été rasés au milieu par Satan. La partie médiane de leur tête ressemblera au trou creusé par une faisane dans le sol pour y pondre ses œufs. »

Un récit rapporte ces paroles : « Vous trouverez des gens qui se sont rasés la tête du milieu et qui ont laissé des mèches de cheveux de deux côtés. Frappez les parties rasées de leur tête avec l’épée. »

Il existe différents récits concernant ceux que le Calife a ordonné de tuer. On dit qu’il s’agit d’un groupe de chrétiens qui n’étaient pas des moines mais des chefs religieux qui ont incité les autres à combattre les musulmans et qui participaient également aux combats. C’est pourquoi Abou Bakr (r.a.) a dit qu’on ne doit pas toucher les moines qui sont à l’intérieur des cloîtres, mais de combattre les suivants de ceux qui incitent les autres à se battre contre les musulmans ainsi que ces fauteurs de troubles, car ils participent aux combats et incitent les autres à se battre.

Il a dit : « Vous devez vous battre contre eux jusqu’à ce qu’ils se convertissent à l’islam ou deviennent impuissants et paient la Jizya. Quiconque aide Allah et Son messager, Allah le soutient de l’invisible. Je vous salue et vous confie à Allah. »

Un autre récit présente d’autres instructions en sus des précédents. Le Calife Abou Bakr (r.a.) a dit à Yazid Ibn Abi Soufyan : « Je t’ai nommé gouverneur pour te tester, te faire sortir et te former. Si tu t’acquittes bien de tes fonctions, je te renommerai à ton poste et te donnerai une nouvelle promotion. Si tu es coupable de négligence, je te déposerai. Crains Allah. Il voit ton for intérieur tout comme Il voit ton aspect extérieur. Parmi les gens, le plus proche de Dieu est celui qui est le plus digne d’amitié avec Dieu. La personne la plus proche de Dieu est celle qui est la plus proche de Lui par ses actions. Je t’ai nommé à la place de Khalid Ibn Sa’id. Évite les préjugés de l’époque de l’ignorance : Allah hait ces pratiques et ceux qui en sont coupables. Lorsque tu seras au sein de ton armée, traite-les bien. Sois bienveillant envers eux et promets-leur le bien. Quand tu leur prodigues des conseils, sois bref, car on oublie beaucoup après de longs monologues. Rectifie ton Nafs et les gens vont alors se rectifier. Si le leader se réforme, ses subalternes en feront de même automatiquement. Accomplissez la Salât à l’heure en complétant les inclinaisons et les prosternations, et en faisant montre d’humilité. Il faudra aussi honorer les ambassadeurs de l’ennemi qui vous visitent. Leur séjour dans votre camp doit être bref et ils doivent quitter les lieux rapidement, afin qu’ils ignorent tout de votre armée. Il est d’autant plus sage de réduire le séjour des ambassadeurs et de les renvoyer rapidement. Il ne faut pas les informer à propos de biens, sinon ils connaîtront vos lacunes et auront des informations sur vous. Gardez-les dans le giron de votre armée et empêchez votre peuple de leur parler. Lorsque vous leur parlez vous-même, ne révélez pas vos secrets, sinon votre affaire sera confuse. Lorsque vous demandez conseil à quelqu’un, dites la vérité et vous obtiendrez de bons conseils. Ne cachez pas vos informations au conseiller, sinon vous souffrirez à cause de vous-mêmes. »

Quand on demande conseil à quelqu’un, il faut l’informer de tous les détails afin qu’il puisse prodiguer des conseils justes et que l’on subisse le moins de pertes possible.

« Parlez à vos amis la nuit : vous obtiendrez de nombreuses nouvelles et collecterez des informations ; et des choses cachées vous seront révélées. Gardez plus d’hommes dans les forces de sécurité et répartissez-les dans toute l’armée. Il faut souvent faire des inspections sans préavis. Disciplinez bien celui qui est négligent à son poste et mais ne soyez pas excessif dans les punitions. Fixez leur tour de garde la nuit. Gardez le tour de la première partie de la nuit plus longue que celui de la dernière partie de la nuit, car ceci sera plus facile en raison de la proximité du jour. » Le tour de garde du début de la nuit doit être plus long car il est plus facile de se maintenir éveiller. Le tour de garde à la fin de la nuit doit être plus court. « N’ayez pas peur de punir les coupables. Ne soyez pas indulgents. Ne vous précipitez pas pour punir et n’ignorez pas non plus les punitions. Ne négligez pas votre armée, de peur qu’elle ne se corrompe, et ne la déshonorez pas en l’espionnant. Ne partagez pas les secrets des soldats avec les autres. Contentez vous de leur apparence. Ne vous asseyez pas avec les fainéants. Soyez en compagnie des véridiques et des fidèles. Résistez aux assauts ennemis. Ne soyez pas lâches ou les gens deviendront aussi des lâches. Evitez toute malhonnêteté concernant le butin, car cela rapproche de la pauvreté et endigue la victoire et le triomphe. Vous trouverez des gens qui se sont consacrés aux églises. Laissez-les à leur tâche pour laquelle ils se sont engagés. »

Il s’agit là d’une feuille de route complète qu’il est important à chaque dirigeant de suivre.

Ensuite, le Calife Abou Bakr (r.a.) a pris la main de Yazid et lui a dit ceci en lui souhaitant adieu : « Tu es la première personne que j’ai nommée commandant parmi les dignitaires musulmans qui ne sont ni de statut inférieur, ni faibles, ni méchants, ni violents sur le plan religieux. Tu dois bien les traiter et être bienveillant envers eux. Tu dois garder ton bras penché et les consulter sur les questions importantes et être bienveillant. Qu’Allah fasse que tes compagnons soient bienveillants envers toi et qu’Il m’aide à remplir les responsabilités du Califat. »

Yazid a pris son armée et s’est mis en route pour la Syrie. Le Calife Abou Bakr (r.a.) avait l’habitude de prier chaque matin et chaque soir après les prières du Fajr et de l’Asr en disant : « Ô Allah, Tu nous as créés tandis que nous n’étions rien. Tu nous as envoyé un messager, déversant Ta miséricorde et Ta grâce sur nous. Tu nous as guidés quand nous étions égarés et Tu as mis l’amour de la foi dans nos cœurs pendant que nous étions incroyants. Nous étions peu nombreux et Tu nous as multipliés. Nous étions désunis et Tu nous as rassemblés. Nous étions faibles, Tu nous as donné la force. Tu nous as prescrit le Jihad et nous a ordonné de combattre les polythéistes jusqu’à ce qu’ils confessent qu’il n’y a pas d’autre dieu qu’Allah ou qu’ils paient la Jizya de leurs propres mains quand ils sont impuissants. »

Ils devaient soit se convertir à l’islam soit payer la Jizya.

« Ô Allah, nous recherchons Ton agrément en échange du Jihad contre Ton ennemi qui a associé à Toi des partenaires et qui a adoré d’autres dieux à part Toi. Ô Allah, il n’y a de dieu que Toi ! Ta gloire est bien plus élevée que ce que disent les injustes. Ô Allah, aide Tes serviteurs musulmans contre Tes ennemis idolâtres. Ô Allah, accorde-leur une victoire facile et aide-les pleinement. Rend les moins courageux parmi eux courageux, accorde-leur la constance ; et fais chanceler leurs ennemis, mets la terreur dans leurs cœurs, détruis-les, coupe leur racine, détruis leurs champs et fais de nous les héritiers de leurs terres, de leurs maisons, de leurs richesses et de leurs signes, et sois notre Gardien et sois miséricordieux envers nous. Arrange nos affaires. Fais que nous soyons reconnaissants afin de mériter Tes bénédictions. Pardonne-nous ainsi qu’aux croyants et aux croyantes et aussi aux musulmans et aux musulmanes. Pardonne à ceux qui sont vivants et à ceux qui sont morts. Qu’Allah nous rende ferme, dans ce monde et dans l’Au-delà. En vérité, Il est très bienveillant et miséricordieux envers les croyants. »

La deuxième armée était celle de Chourahbil Ibn Hassanah. Le père de Chourahbil Ibn Hassanah s’appelait ‘Abdoullah Ibn Mout’ah et sa mère se nommait Hassanah. Son surnom était Abou ‘Abdillah. Le père de Chourahbil était mort durant son enfance et il s’appelait Chourahbil Ibn Hassanah en raison de sa mère qui se nommait Hassanah. Chourahbil était l’un des premiers convertis à l’islam. Il était l’un des célèbres généraux de l’époque du Califat Bien-Guidé. Il est mort en dix-huit de l’Hégire à l’âge de soixante-sept ans. Abou Bakr (r.a.) a fixé la date du départ de Chourahbil Ibn Hassanah trois jours après celui de Yazid Ibn Abi Soufyan. Lorsque le troisième jour passa, il fit ses adieux à Chourahbil et dit : « O Chourahbil, n’as-tu pas écouté les conseils que j’ai prodigué à Yazid Ibn Abi Soufyan ? » Il a répondu : « Si, bien sûr ! »

Il s’agit des conseils évoqués plus haut.

Abou Bakr (r.a.) a déclaré : « Je t’offre les mêmes conseils et d’autres que j’avais oublié de mentionner à Yazid. Je t’ordonne de prier à temps et d’être inébranlable le jour de la bataille jusqu’à ce que tu sois victorieux ou tombes en martyr. Je te conseille de visiter les malades et d’assister aux funérailles et d’invoquer Allah abondamment dans chaque situation. »

Abou Soufyan a dit au Calife Abou Bakr (r.a.) : « Yazid suit déjà ces conseils. Il était constant dans ces choses avant même de se rendre en Syrie. Maintenant il sera plus strict à cet égard, si Dieu le veut. » Chourahbil a répondu : « Demandez l’aide d’Allah ! Quoi qu’Allah veuille arrivera. » Puis, il a fait ses adieux au Calife Abou Bakr (r.a.) avant de se mettre en route pour la Syrie avec son armée.

L’armée de Chourahbil comptait entre 3 000 et 4 000 hommes. Le Calife lui a ordonné de se rendre à Tabouk et Balqa, puis de tourner vers Bousra qui sera sa destination finale. Bousra est une ville ancienne et connue de la Syrie. Chourahbil est parti pour Balqa sans qu’il n’y ait de combat important. Balqa est également située en Syrie. Son armée a marché à gauche de celle d’Abou ‘Oubaydah Ibn Jarrah et à droite de celle d’Amr Ibn Al-‘Âs ; elle a atteint Balqa et a pénétré dans son enceinte pour l’assiéger après avoir atteint Bousra, mais n’a pas remporté de victoire, car c’était l’un des centres sûrs et forts des Byzantins.

La troisième armée était celle d’Abou ‘Oubaydah Ibn Al-Jarrâh. Le nom d’Abou ‘Oubaydah Ibn Al-Jarrâh était ‘Amir Ibn ‘Abdillah ; et le nom de son père était ‘Abdoullah Ibn Al-Jarrâh. Abou ‘Oubaydah est mieux connu par son surnom et sa lignée remonte à son grand-père Al-Jarrâh. Il est l’un de ces dix Compagnons à qui l’Envoyé d’Allah (s.a.w) avait annoncé la bonne nouvelle du paradis au cours de sa vie et qu’on appelle « les dix bien-heureux ». Il est mort en l’an 18 de l’Hégire. Il avait alors cinquante-huit ans.

La troisième armée envoyée par Abou Bakr (r.a.) en Syrie avait pour commandant Abou ‘Oubaydah, comme je l’ai dit. Il l’a envoyée vers Homs, une ancienne ville de Syrie près de Damas. C’était une grande ville. L’armée d’Abou ‘Oubaydah comptait sept mille soldats. Selon un autre récit, son armée comptait entre trois mille et quatre mille soldats. Abou ‘Oubaydah est passé par Ma’ab, un hameau de Balqa, en cours de route. Il ne s’agissait pas d’une ville mais d’un campement de tentes.

Il y a livré bataille : par la suite, les habitants de la région ont voulu conclure un traité. Il a donc fait la paix avec eux. C’était la première réconciliation qui a eu lieu dans la région syrienne. Le Calife Abou Bakr (r.a.) a envoyé Qays Ibn Houbayra avec Abou ‘Oubaydah. Abou Bakr (r.a.) a conseillé ceci à Abou ‘Oubaydah : « Tu es accompagné d’un chevalier arabe d’un grand honneur et d’un éminent statut. Je ne pense pas qu’il y ait un autre avec une meilleure intention en matière du Jihad. Les musulmans ne peuvent pas être indifférents à son opinion, à ses conseils et à sa force au combat. Garde-le près de toi et traite-le avec grâce. Fais-lui sentir que tu ne lui es pas indifférent. Grâce à cela, vous profiterez de sa bonne volonté et ses efforts contre l’ennemi seront avec vous. » Quand Abou ‘Oubaydah est parti de là, Abou Bakr (r.a.) a appelé Qays Ibn Houbayra et lui a dit : « Je t’envoie avec Abou ‘Oubaydah l’Amîn de la Oummah. S’il est lésé, il ne se venge pas et s’il est maltraité, il pardonne, et si on rompt toute relation, il tente de la réparer. Il est très clément envers les croyants et strict envers les non-croyants. Ne lui désobéis pas et il ne t’ordonnera que ce qui est bien. Je lui ai donné des instructions pour qu’il t’écoute : n’hésite pas à lui offrir tes suggestions tout en craignant Allah. On m’a informé que tu étais un chef de guerre capable de l’ère de l’ignorance quand le péché et la mécréance étaient courants. Cependant, il faut que tu investisses ton courage et ta force dans l’islam contre les mécréants et ceux qui ont associé des partenaires à Dieu. Allah a placé en cela une très grande récompense pour toi, ainsi que du respect et de la prédominance pour les musulmans. » Après avoir écouté ce conseil, Qays Ibn Houbayra (ra) a dit : « Tant que vous et moi sommes vivants, vous entendrez de moi de nouvelles qui vous plairont par rapport à la protection des musulmans et le Jihad contre les incroyants. » Le Calife Abou Bakr (ra) a dit : « Seule une personne comme toi est capable de cela. »

Quand le Calife Abou Bakr (r.a.) a reçu à Jabia les nouvelles du combat de deux commandants ainsi que de leur mort, il a déclaré : « Qays a respecté sa parole et a accompli sa promesse. »

Ces récits ne sont pas terminés et j’en ferai mention à l’avenir.

Pour l’instant, je souhaite mentionner un martyr. Il s’agit de Naseer Ahmad, le fils d’Abdul Ghany. Il habitait dans le quartier Dar-ur-Rehmat Sharqi à Rabwah. Il est tombé en martyr le 12 août après avoir été poignardé par un opposant à l’Ahmadiyya.

C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons.

D’après les détails, Naseer Ahmad se trouvait à un arrêt de bus auprès d’un ami vendeur de journaux quand un fanatique religieux du nom de Hafiz Shehzad Hassan s’est présenté et lui a demandé s’il était ahmadi. Lorsqu’il a confirmé qu’il l’était, le fanatique lui a demandé de renoncer à sa foi. Lorsqu’il a refusé de le faire, il a sorti un couteau et l’a poignardé plusieurs fois, le tuant en quelques secondes. Il avait soixante-deux ans au moment du martyre. L’assassin n’a exprimé aucun remords et a déclaré qu’il referait la même chose si on lui en donnait l’occasion. Tout cela s’est passé en une minute. En deux ou trois minutes on l’a transporté à l’hôpital mais le décret d’Allah était tout autre et les coups ont été mortels.

L’Ahmadiyya a été introduite dans la famille du martyr par l’intermédiaire de son grand-père, Feroz Din de Raipour, dans le district de Sialkot, qui a prêté allégeance en 1935 à l’époque du deuxième Calife. Il n’a pas poursuivi ses études après les enseignements primaires et s’est consacré à l’exploitation agricole familiale. Il a vécu dix ans à l’étranger. Il a travaillé en Malaisie avant de retourner au Pakistan. Dix ans de cela, il a déménagé de Raipour, dans le district de Sialkot, à Rabwah. Il était au chômage ces jours-ci et était un patient cardiaque. Il passait beaucoup de temps à rendre service à la Jama’at dans son quartier. Ces jours-ci, il servait comme Muntazim Ithar de l’Ansarullah et était un collecteur de fonds pour le département des finances. Il possédait de nombreuses vertus et était toujours prêt à aider les orphelins et les pauvres. Il s’occupait également du nettoyage de la mosquée. Il était très honnête, sociable, courageux ; un travailleur acharné. Il s’était fracturé la jambe et avait des difficultés à marcher, mais cela ne l’empêchait pas de se présenter la nuit pour son service à chaque fois qu’on faisait appel à lui. Il écoutait régulièrement le sermon du vendredi et était constant dans sa Salât ; il encourageait les gens de son quartier à en faire de même. Il avait une grande affection pour le califat. Chaque matin, après la prière de Fajr, il écoutait le Saint Coran sur son portable pendant une heure. Il se rendait au cimetière ainsi qu’au Bahishti Maqbarah presque tous les jours pour prier. Le président du quartier déclare : « Chaque fois qu’on avait besoin de l’aide pour servir la jama’at, le défunt se présentait aussitôt et ne refusait jamais d’offrir son aide. »

Mubarika Sahiba, la fille du défunt déclare : « Quelques jours avant son martyre, le défunt avait vu une foule de gens dans un rêve et tout le monde était triste. Il a fait de l’aumône après ce rêve. Ces derniers temps, il a souvent répété qu’il sentait que son décès était proche. »

Il laisse derrière lui sa femme, Parveen Akhtar, et trois filles. Qu’Allah leur accorde à toutes la patience et le courage.

Son frère, Tanveer Akhtar, déclare : « Bien qu’il n’avait pas de grandes connaissances séculières et religieuses, il avait un très grand sens de l’honneur à l’égard de la Jama’at depuis son enfance et un immense amour pour le califat. Il était un homme au cœur simple et altruiste et était content en voyant la joie des autres. Quand il rentrait de Lahore pour l’Aïd, il ramenait à chaque fois plein de provisions et se faisait coudre de beaux habits qu’il portait uniquement pour l’Aïd avant de me les offrir, car je suis Wâqif-e-Zindagi, et prenait mes anciens habits en retour. »

Son neveu déclare : « Le défunt avait toujours son portable sur lui car un membre de la Jama’at pourrait appeler et demander son aide à tout moment. S’il n’avait pas son portable, comment pourrait-on le contacter ? Dans la soirée, également, quand son portable sonnait, il ne tardait pas à se lever et partait servir la Jama’at. Même s’il devait se rendre d’un coté à l’autre de Rabwah, il s’y rendait. Il était toujours prêt à offrir son sang, contribuant ainsi à sauver de nombreuses vies. Il ne s’est jamais soucié du fait qu’il était un malade cardiaque. D’après lui, aider les nécessiteux était un devoir moral qui était plus important que sa maladie.

Qu’Allah élève le rang du martyr et qu’Il lui accorde une place éminente au paradis. Qu’Il soutienne les membres de la famille du défunt et qu’Il permette à sa descendance de perpétuer ses bonnes œuvres.

Je dirigerai sa prière funéraire en absence de sa dépouille après la prière, Incha Allah.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

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