Sermons 2022

La bataille de Badr et Abou Bakr As-Siddique

Dans son sermon du 21 janvier 2022, Sa Sainteté le Calife a évoqué les accomplissements de Abou Bakr As-Siddique (r.a.) lors de la bataille de Badr.

Sermon du vendredi 21 janvier 2022, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

J’évoque ces jours-ci [le Calife] Abou Bakr (r.a.). Une fois à Médine, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) s’est consacré, en premier lieu, à la construction de [sa] mosquée. Hazrat Mirza Bashir Ahmad Saheb explique ceci dans son ouvrage Sirat Khatam-un-Nabiyyine : « La première tâche accomplie par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) à Médine était la construction de sa mosquée. Le lieu où son chameau s’arrêta appartenait à deux enfants de Médine, Sahl et Souhail, qui vivaient sous la tutelle de As’ad Ibn Zourarah. C’était un terrain vacant sur lequel poussaient quelques palmiers dattiers. Dans un autre coin, il y avait des ruines. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a choisi ce terrain pour construire sa mosquée et ses propres quartiers. Ce terrain a été acheté pour 10 dinars. La surface a été nivelée et débarrassée des arbres, après quoi la construction du Masjid al-Nabawi a commencé. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) pria à Allah et posa lui-même la première pierre. Comme lors de la construction de la mosquée de Qouba, les Compagnons ont travaillé comme maçons et ouvriers. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) y participait aussi parfois.

Le Saint Prophète Muhammad a donc acheté le terrain pour la mosquée et ses quartiers au prix de dix dinars. Selon un récit, ce terrain a été acquis grâce à l’argent d’Abou Bakr. »

Voici des détails supplémentaires sur la construction de la mosquée. Au début des travaux, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a posé une pierre de ses mains bénies. Ensuite, il a appelé Abou Bakr (r.a.) qui a placé une brique à côté de la sienne. Ensuite, il a appelé ‘Oumar (r.a.), qui a placé une brique à côté de celle d’Abou Bakr (r.a.). Ensuite ‘Outhman s’est présenté : il a placé une brique à côté de celle d’Oumar (r.a.).

Selon un autre récit, quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a lancé les travaux, il a placé une pierre dans les fondations. Il a ensuite demandé à Abou Bakr (r.a.) de placer une pierre à côté de la sienne. Ensuite il a demandé à ‘Oumar de mettre une pierre à côté de celle d’Abou Bakr (r.a.). Ensuite il a demandé à ‘Outhman (r.a.) de placer la sienne à côté de celle d’Oumar (r.a.).

Au cours du mois de Mouharram en l’an sept de l’Hégire, quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est retourné victorieux de la bataille de Khaybar, il a annoncé l’agrandissement et la reconstruction de la mosquée Al-Nabawi. Il avait participé aux travaux avec ses compagnons.

‘Obaydoullah Ibn ‘Abdillah relate : « Le Saint Prophète Muhammad a offert à Abou Bakr (r.a.) un terrain tout près de la mosquée pour bâtir sa maison quand il a alloué des terrains à Médine pour des résidences. »

Selon les récits, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a établi un lien de fraternité entre Abou Bakr (r.a.) et Kharija Ibn Zayd. Selon un autre récit, il aurait établi ce lien entre Abou Bakr (r.a.) et ‘Oumar (r.a.). D’après ces récits, ce lien de fraternité aurait été établi à La Mecque. Le ‘Allamah Ibn ‘Asakir relate que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait établi un lien de fraternité entre Abou Bakr (r.a.) et ‘Oumar (r.a.) à La Mecque. Ensuite, quand l’Envoyé d’Allah (s.a.w) s’est établi à Médine, il a mis fin à ces liens de fraternité, sauf deux : l’un était celui entre ‘Ali (r.a.) et lui-même et l’autre entre Hamza et Zayd Ibn Haritha.

Quand ces liens de fraternité ont-ils été établis ? Selon les recueils d’histoire, ils l’ont été à deux reprises. Le ‘Allamah Al-Qastalani, l’exégète du Sahih d’Al-Boukhari explique que ces liens de fraternité ont été établis à deux reprises. Une première fois, avant l’Hégire à La Mecque entre les musulmans : l’Envoyé d’Allah (s.a.w) avait établi un lien entre Abou Bakr (r.a.) et ‘Oumar, entre Hamza et Zayd Ibn Haritha, entre ‘Outhman et ‘Abdour Rahman Ibn ‘Awf, entre Zoubayr et ‘Abdoullah Ibn Mas’oud et enfin entre lui-même et ‘Ali.

Ensuite, quand l’Envoyé d’Allah (s.a.w) s’est rendu à Médine, il a établi des liens de fraternité entre les Mouhajirine et les Ansâr dans la maison d’Anas Ibn Malik. Ibn Sa’d relate que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a établi des liens de fraternité entre 100 personnes : c’est à dire entre cinquante Mouhajirine et cinquante Ansâr.

Voici les récits sur la bataille de Badr et Abou Bakr (r.a.). La bataille de Badr a eu lieu au cours du Ramadan en l’an deux de l’Hégire, soit en mars 623 de l’ère chrétienne. Les compagnons disposaient de soixante-dix chameaux lorsqu’ils se rendaient à la bataille. Un chameau était alloué à trois combattants qui y montaient à tour de rôle. Abou Bakr (r.a.), ‘Oumar (r.a.) et ‘Abdour Rahman Ibn ‘Awf (r.a.) utilisaient le même chameau à tour de rôle.

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est sorti de Médine pour arrêter la caravane d’Abou Soufyan qui venait de la Syrie. Quand la caravane des musulmans est arrivée à Zafran, une des vallées d’Al-Safra dans les alentours de Médine, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a su que les Qouraychites avaient quitté La Mecque dans le but d’aider leur caravane commerciale venant de la Syrie. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a demandé conseil à ses compagnons et les a informés qu’une armée venait à grands pas de La Mecque. Il leur a demandé conseil : préféraient-ils combattre l’armée ou la caravane commerciale ? Un groupe parmi eux a répondu qu’ils préféraient combattre l’armée Qouraychites. Selon un autre récit, certains auraient déclaré : « Si vous aviez évoqué le combat, nous nous serions préparés à nous battre. Nous sommes sortis pour intercepter la caravane commerciale. » Selon un autre récit, ils auraient déclaré : « Ô Envoyé d’Allah ! Il est préférable d’arrêter la caravane commerciale et de laisser l’ennemi. »

Le visage du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a changé en entendant cela.

Abou Ayyoub déclare que le verset suivant a été révélé en raison cet incident.

كَمَا أَخْرَجَكَ رَبُّكَ مِنْ بَيْتِكَ بِالْحَقِّ وَإِنَّ فَرِيقًا مِنَ الْمُؤْمِنِينَ لَكَارِهُونَ

« Tout comme ton Seigneur t’a fait sortir de ta maison pour une bonne cause alors qu’un groupe de croyants y répugnait. » (Le Saint Coran, chapitre 8, verset 5)

Abou Bakr s’est mis debout en cette occasion : il a pris la parole et a prononcé un discours très éloquent. Ensuite ‘Oumar s’est mis debout : il a pris la parole et a prononcé [lui aussi] un très bon discours. Ensuite, Miqdad s’est mis debout et il a déclaré : « Ô Envoyé d’Allah ! Nous obéissons à l’ordre que Dieu vous a donné ! Nous sommes avec vous. Par Allah ! Nous ne sommes pas comme les disciples de Moïse et nous ne vous répondrons pas :

اذْهَبْ أَنْتَ وَرَبُّكَ فَقَاتِلَا إِنَّا هَاهُنَا قَاعِدُونَ

« Va, toi et ton Seigneur et combattez ; nous nous asseyons ici. » Nous sommes avec vous et nous combattrons tant que nous serons vivants. Par Allah qui vous a envoyé comme prophète avec vérité ! Nous vous accompagnerons pour le combat même jusqu’à Barq Al-Ghimad si vous l’exigez de notre part ! »

Barq Al-Ghimad est une ville côtière sise à cinq nuits de voyage de La Mecque.

‘Abdoullah Ibn Mas’oud déclare : « J’ai regardé le visage du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) : il brillait et il était très content d’entendre ces paroles.

Ensuite, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a quitté Zafran et a campé tout près de Badr. Puis, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et un de ses compagnons ont pris leur monture. Selon Ibn Hicham, il s’agissait d’Abou Bakr. Selon un autre récit il s’agissait de Qatadah Ibn Nou’man ou Mouadh Ibn Jabal. Il a voyagé et s’est arrêté tout près d’un vieux Bédouin et lui a demandé des informations à propos des Qouraychites, de Muhammad (s.a.w.) et de ses compagnons.

Lorsque les musulmans se sont réunis sur la plaine de Badr, on a construit un abri pour le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Voici le récit à propos de sa construction. Suite à la suggestion de Sa’d Ibn Mou’adh, le chef des Aws, les compagnons ont bâti un abri pour le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) dans un coin de la plaine. Sa’d a attaché la monture du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) à côté de l’abri et a déclaré : « Ô Envoyé d’Allah ! Veuillez prendre place dans cet abri ! Nous allons combattre l’ennemi au nom d’Allah. » Sa’d et d’autres Ansâr ont assuré la sécurité autour de l’abri. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et Abou Bakr ont passé la nuit dans cet abri. Selon un récit, Abou Bakr avait assuré la protection du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), l’épée au clair : ce dernier a passé toute la nuit à prier ardemment. On dit que dans toute l’armée il était le seul à avoir passé une nuit blanche : les autres avaient dormi à tour de rôle.

‘Ali rapporte ceci à propos de la bravoure d’Abou Bakr (r.a.). Il a demandé à des compagnons de lui dire qui est le plus courageux. On lui a répondu : « C’est vous qui l’êtes. » Il a déclaré : « Abou Bakr était le plus brave. Écoutez, avant la bataille de Badr, nous avions érigé un dais pour Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Et nous nous sommes demandé qui assurera la sécurité du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) de peur qu’un polythéiste ne l’attaque. Par Dieu, aucun des nôtres ne s’est porté volontaire. Abou Bakr Al-Siddiq (r.a.) s’est tenu à la tête du Messager d’Allah (s.a.w.) avec son épée nue à la main. Aucun polythéiste ne pourra se rapprocher de ‘l’Envoyé d’Allah (s.a.w) sans combattre en premier Abou Bakr (r.a.). »

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) relate : « Abou Bakr (r.a.) était le plus courageux et le plus brave des compagnons. Lors de la bataille de Badr, lorsqu’on a construit une plate-forme séparée pour le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), la question s’est posée de savoir qui devra assurer la protection du Messager d’Allah (s.a.w.). Abou Bakr s’est immédiatement présenté avec son épée dégainée. Il a courageusement assuré sa protection face à ces grands dangers. »

Ibn ‘Abbas relate que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a récité ces prières le jour de Badr quand il était dans une grande tente:

اللهم اِنِی اَنشُدُک عهدک ووعدک اللهم اِن شئت لم تعبد بعد الیوم

«Ô mon Seigneur ! Je jure par Ton alliance et Ta promesse ! Ô Mon Seigneur ! Si Tu souhaites la destruction des musulmans, après ce jour personne ne Te rendra culte. »

Sur ce, Abou Bakr a pris sa main et a déclaré : « Ô Messager d’Allah ! Cela suffit. Vous avez supplié votre Seigneur avec assez d’insistance. » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) portait son armure : il est sorti de la tente tandis qu’il récitait :

سَيُهْزَمُ الْجَمْعُ وَيُوَلُّونَ الدُّبُرَ ۞ بَلِ السَّاعَةُ مَوْعِدُهُمْ وَالسَّاعَةُ أَدْهَى وَأَمَرُّ

« Les armées seront bientôt mises en déroute et elles fuiront. Oui, sûrement, l’Heure est leur terme désigné ; et l’Heure sera des plus désastreuses et des plus amères. » (54 : 46-47)

‘Abdoullah Ibn ‘Abbas relate : « ‘Oumar Ibn Al-Khattab m’a dit que le jour de Badr, le Saint Prophète a regardé les polythéistes : ils étaient un millier et ses compagnons étaient trois cent dix-neuf. Le Prophète d’Allah (s.a.w.) s’est tourné vers la Qiblah et il a étendu ses deux mains et imploré son Seigneur à haute voix :

اللّهم انجز لی ما وعدتنی اللّهم اٰت ما وعدتنی اللّهم ان تهلك هذه العصابة من اهل الاسلام لا تعبد فی الارض

C’est-à-dire : « Ô Allah ! Accomplis la promesse que tu m’as faite. Ô Allah, accorde-moi ce que Tu m’as promis. Ô Allah, si Tu détruis cette communauté de musulmans, Tu ne seras plus adoré sur terre. » Tendant les deux mains face vers la Qiblah, il n’a cessé d’implorer Son Seigneur à haute voix tant et si bien que son manteau est tombé de ses épaules.

Abou Bakr (r.a.) s’approcha de lui, souleva son manteau et le remit sur ses épaules. Puis, il se cramponna au dos du Messager d’Allah (paix et bénédictions d’Allah sur lui) et déclara : « Ô Prophète d’Allah ! Ces prières emplies de détresse suffissent. Les promesses qui vous ont été faites s’accompliront certainement. »

Sur ce, Allah a révélé ces versets :

إِذْ تَسْتَغِيثُونَ رَبَّكُمْ فَاسْتَجَابَ لَكُمْ أَنِّي مُمِدُّكُمْ بِأَلْفٍ مِنَ الْمَلَائِكَةِ مُرْدِفِينَ

« Quand vous avez imploré l’aide de votre Seigneur, et qu’Il vous a répondu en disant : « Assurément, Je vous soutiendrai avec un millier d’anges se suivant rangs sur rangs. » (8 : 10)

Ainsi, Allah a aidé le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) par l’entremise des anges.

Hazrat Mirza Bashir Ahmad Saheb explique ceci sur la bataille de Badr : « Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a dit aux compagnons : « Il y a des gens dans l’armée des Qouraychites qui ne sont pas venus participer à cette campagne de plein gré mais sous la pression des chefs des Qouraychites. Ils ne nourrissent aucune hostilité à notre encontre. De même, il y a dans cette armée des personnes qui, quand nous étions persécutés à La Mecque, nous avaient traités bienveillamment. Il nous incombe de leur rendre leur bienveillance. Si un musulman a le dessus sur un tel individu, il ne doit pas lui faire du mal. »

Parmi la première catégorie de personnes, le Saint Prophète (s.a.w.) a spécifiquement mentionné le nom de ‘Abbas Ibn ‘Abdil-Mouttalib et dans la deuxième catégorie Aboul-Bakhtari, et a interdit qu’on les tue. Or, le cours des événements a pris une tournure si inévitable qu’Aboul-Bakhtari n’a pu échapper à la mort. Néanmoins, avant sa mort, il avait su que le Saint Prophète (s.a.w.) avait interdit de le tuer.

Après ces consignes adressées aux compagnons, le Saint Prophète (s.a.w.) se retira dans sa tente et reprit ses supplications. Abou Bakr (r.a) l’accompagna également, tandis qu’un groupe d’Ansâr sous le commandement de Sa’d Ibn Mou’adh, était posté autour de la tente pour monter la garde. Peu de temps après, il y eut un tumulte sur le champ de bataille, ce qui indiqua que les Qouraych avaient lancé une attaque générale.

En ces instants, le Saint Prophète (s.a.w.) pleurait abondamment et suppliait Dieu avec ses mains tendues. Il implorait avec une angoisse extrême :

اللهم اِنِی انشدک عهدك ووعدک اللهم ان تهلك هذه العصابة من اهل الاسلام لا تعبد فی الارض

C’est-à-dire : « Ô mon Seigneur ! Tiens Tes promesses. Ô mon Maître ! Si Tu détruis cette communauté de musulmans, personne ne T’adorera plus sur terre. »

En ces instants le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) était dans un tel état de détresse, que parfois il tombait en prosternation, et parfois il se levait pour invoquer Dieu.

Son châle tomba à plusieurs reprises de son dos, et Abou Bakr la ramassa [à chaque fois] et la remit sur lui.

‘Ali raconte qu’au cours de la bataille, chaque fois que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui venait à l’esprit, il courrait vers sa tente, mais il trouvait le Saint Prophète (s.a.w.) toujours en train de pleurer en prosternation. Il répétait constamment les mots :

یا حیی یاقیوم یاحیی یاقیوم

« Ô mon Dieu éternel ! Ô mon Maître Qui donne la vie ! »

Abou Bakr (r.a.), très perturbé par cet état du Saint Prophète (s.a.w.), dit spontanément : « Ô Messager d’Allah ! Que ma mère et mon père soient sacrifiés pour vous ! Ne vous inquiétez pas, Allah accomplira certainement Ses promesses. »

Cependant, le Saint Prophète (s.a.w.) ne cessa de prier constamment, ce qui rappelle le proverbe :

« Plus un saint est sage, plus sa peur est grande. »

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) déclare : « Les événements survenus lors de la bataille Badr eu égard au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) suffisent pour éblouir les gens doués de discernement et démontrer à quel point il craignait Dieu. À l’occasion de la bataille de Badr, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avançait avec ses vaillants guerriers contre l’ennemi ; les signes du soutien divin étaient évidents ; les mécréants avaient pris position sur un terrain dur et avaient laissé un terrain sablonneux pour les musulmans. Mais Allah a envoyé une pluie transformant le terrain de mécréants en bourbier et affermissant celui des musulmans. De même, d’autres signes du soutien céleste apparaissaient dans le ciel ; néanmoins, la crainte d’Allah avait une telle emprise sur le cœur du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) que malgré toutes les promesses et les signes, il était terrifié en raison de l’autosuffisance de Dieu et Le suppliait, le cœur en émoi, d’accorder la victoire aux musulmans. Ibn ‘Abbas relate que le Saint Prophète était dans la tente ronde lors de la bataille de Badr et il priait : « Ô mon Dieu, je Te rappelle Tes alliances et Tes promesses et cherche leur accomplissement. Ô mon Seigneur ! Si Tu souhaites la destruction des musulmans après ce jour, il n’y aura plus personne pour T’adorer. » Alors, Abou Bakr a pris sa main et a déclaré : « Ô Messager d’Allah ! Cessez à présent. Vous avez imploré votre Seigneur du mieux de votre possibilité. »

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) portait une armure. Il est sorti de la tente et a déclaré que maintenant ces armées seraient vaincues et qu’elles tourneraient le dos et s’enfuiraient, voire c’est le moment de leur fin et ce moment sera très dur et amer pour eux. Il ressentait une telle crainte d’Allah que malgré Ses promesses il se souciait du fait que Dieu n’avait besoin de personne ; mais il avait aussi une telle certitude que lorsque Abou Bakr s’est adressé à lui, à haute voix il a déclaré : « Je n’ai pas peur. Dieu m’a informé que l’ennemi sera vaincu et humilié. Les chefs de la mécréance seront tués ici. »

Et Il en fut ainsi.

Le Messie Promis (a.s.) déclare : « Le Coran a promis à maintes reprises au Prophète (s.a.w.) la victoire sur les mécréants. Lorsque la bataille de Badr – la première en islam – a commencé, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) s’est mis à pleurer et à supplier [Dieu]. Ces paroles sont sorties de sa bouche :

اللهم ان اهلكت هذه العصابة فلن تعبد فی الارض ابدا

C’est-à-dire, « Ô mon Dieu ! Si aujourd’hui Tu as détruit ce groupe – qui ne compte pas plus de trois cent treize hommes – personne ne T’adorera plus jusqu’au Jour de la Résurrection. » Lorsque Abou Bakr (r.a.) entendit ces mots de la bouche du Saint Prophète (paix soit sur lui), il demanda : « Ô Messager d’Allah ! Pourquoi êtes-vous si agité ? Dieu vous a promis une victoire certaine. » Il répondit : « Cela est vrai ! Mais je vois aussi Son indépendance. » C’est-à-dire, Dieu n’est pas obligé d’accomplir une de ses promesses. »

Lorsque la bataille générale a commencé, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est sorti du dais et a incité les soldats à se battre. Ils évoquaient Allah dans leurs rangs. Le Saint Prophète (s.a.w.) se battit vaillamment et Abou Bakr Al-Siddiq en fit de même, côte à côte. Le courage inégalé d’Abou Bakr (r.a.) est venu au premier plan. Il était prêt à combattre tous les infidèles, y compris son fils.

Lors de cette bataille, son fils, ‘Abdour Rahman, est venu combattre du côté des infidèles, il était considéré comme l’un des plus grands guerriers d’Arabie et le plus grand expert en tir à l’arc parmi les Qouraychites. Lorsqu’il s’est converti à l’islam, il a dit à son père, Abou Bakr (r.a.) : « Le jour de Badr, vous étiez pour moi une cible claire. Mais je me suis écarté de vous et je ne vous ai pas tué. »

Abou Bakr (r.a.) a répondu : « Si tu étais devenu ma cible, je ne t’aurais pas raté. »

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) évoque en ces termes ce sujet : « Abou Bakr (r.a.) prenait un repas avec le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et ils ont commencé à parler sur plusieurs questions. Abdour Rahman était le fils aîné d’Abou Bakr (r.a.) qui est devenu musulman plus tard. Il avait pris part à la bataille de Badr ou d’Ouhoud du côté des infidèles. Lors du repas, il a déclaré : « Ô mon père ! Lors de la bataille vous passiez quelque part quand je me cachais derrière un rocher. J’aurais pu vous attaquer et vous tuer si je l’avais voulu. Mais je me suis dit : « Pourquoi tuer mon père ? » Abou Bakr (r.a.) a répondu : « Dieu souhaitait t’accorder la foi, c’est pour cette raison que tu as survécu. Sinon, par Dieu, si je t’avais vu, je t’aurais tué. » »

Voici les détails concernant les conseils du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) sur les prisonniers de la bataille de Badr et l’opinion d’Abou Bakr (r.a.). On a suivi plus tard l’opinion d’Abou Bakr (r.a.).

Hazrat Mirza Bashir Ahmad Sahib écrit à ce sujet : « Lorsque le Saint Prophète est rentré à Médine, il a demandé conseil sur le sort des prisonniers. La pratique générale, en Arabie, était d’exécuter des prisonniers ou d’en faire des esclaves permanents. Cependant, le Saint Prophète était opposé à ces mesures dures. De plus, aucune injonction divine à cet égard n’avait été révélée non plus. Abou Bakr (r.a.) a déclaré : « À mon avis, ils devraient être libérés contre rançon, car après tout, ce sont nos frères et nos parents. Qui sait si demain des fidèles de l’islam naîtront de parmi eux ? » Cependant, ‘Oumar (r.a.) s’est opposé à ce point de vue et a déclaré : « Il ne doit pas y avoir de considération de parenté en matière de religion. Ces personnes méritent d’être exécutées en raison de leurs actions. Mon avis est que tous devraient être exécutés. En fait, les musulmans devraient exécuter leurs proches respectifs de leurs propres mains. »

En raison de sa nature miséricordieuse, le Saint Prophète a approuvé la proposition d’Abou Bakr (r.a.). Il a donc émis un ordre contre l’exécution des prisonniers et a ordonné de libérer les idolâtres qui paieront leurs rançons. Par la suite, une injonction divine a également été révélée à cet effet. »

Ainsi, par la suite, des injonctions divines ont été révélées conformément à cette opinion.

À Médine Abou Bakr (r.a.) et d’autres compagnons sont un jour tombés malades.

‘Aïcha (r.a) relate : « Quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est venu à Médine, Abou Bakr et Bilal ont attrapé une fièvre.

Je suis allée les voir et j’ai demandé : « Ô mon père ! Comment vous sentez-vous ? Ô Bilal, comment te sens-tu ? » Quand Abou Bakr était fiévreux, il récitait ce vers : « Au beau matin, l’on se souhaite bonne journée, tandis que la mort est plus proche de nous que les lacets de nos chaussures. » Quand la fièvre de Bilal passait, il récitait des vers dans lesquels il évoquait les alentours de La Mecque et faisait mention de leur souvenir.

‘Aïcha ajoute : « Je suis allée voir le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et je lui ai tout raconté. C’est-à-dire ce que disait Abou Bakr (r.a.) et Bilal (r.a.). Sur ce, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a prié : « Ô Allah ! Fais que Médine nous soit aussi chère, sinon plus chère, que La Mecque. Rend Médine saine pour nous. Bénis pour nous ses sa’et ses moud (ses mesures), et détourne de nous sa fièvre vers Joufa. »

Joufa est une ville située à 131 kilomètres dans la direction de La Mecque.

Voici les récits concernant la bataille d’Ouhoud. Cette bataille a eu lieu entre les musulmans et les Qouraychites de La Mecque au cours du mois de Chawwal de l’an 3 de l’Hégire soit l’an 624 de l’ère chrétienne. À la fin de l’an 3 de l’Hégire, on a reçu les informations sur l’intention des Qouraychites de La Mecque et de leurs tribus alliées d’envahir Médine. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a rassemblé les musulmans et les a informés de l’attaque de Qouraychites et leur a demandé des conseils à ce propos : fallait-il rester à Médine pour les combattre ou sortir à l’extérieur pour le combat ?

Hazrat Mirza Bashir Ahmad Saheb relate à ce sujet : « Le Saint Prophète (s.a.w.) rassembla les musulmans et leur demanda conseil concernant cette attaque des Qouraychites : devaient-ils rester à Médine ou partir combattre l’ennemi ? Avant de commencer, le Saint Prophète (s.a.w.) a mentionné l’attaque des Qouraychites et leurs intentions meurtrières. Ensuite, le Saint Prophète (s.a.w.) a dit : « La nuit dernière, dans un rêve, j’ai vu une vache, et j’ai aussi vu que la pointe de mon épée s’était cassée. Ensuite, j’ai vu la vache en train d’être abattue, et j’ai aussi vu que j’avais mis ma main dans une cotte de mailles sûre et solide. » Selon un récit, le Saint Prophète (s.a.w.) a dit : « J’ai vu que j’étais monté sur le dos d’un bélier. »

Les Compagnons lui ont demandé : « Ô Messager d’Allah ! Comment avez-vous interprété ce rêve ? « Le Saint Prophète (s.a.w.) a répondu : « J’ai compris que l’égorgement de la vache signifie que certains de mes compagnons tomberont en martyrs, et il semble que le fait de casser la pointe de mon épée est une indication du martyre d’un de mes parents ou peut-être que je serai moi-même victime d’une blessure dans cette bataille. Pour ce qui est de placer ma main dans une armure, j’ai compris qu’il est plus approprié de repousser cette attaque de l’intérieur de Médine. »

Selon l’interprétation du Saint Prophète (s.a.w.) être monté sur un bélier symbolise la mort du chef de l’armée des Qouraychites, c’est-à-dire son porte-drapeau, entre les mains des musulmans, si telle était la volonté de Dieu.

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a demandé conseil à ses compagnons sur la démarche à suivre.

Après avoir pesé le pour et le contre de la situation – et étant peut-être quelque peu influencés par le rêve du Saint Prophète – certains éminents compagnons ont déclaré qu’il serait plus approprié de rester à Médine et de s’y battre.

Le Saint Prophète (s.a.w.) a lui aussi préféré cette proposition et a déclaré : « Il semble plus avantageux pour nous de rester à Médine pour livrer bataille. » Cependant, la majorité des Compagnons, et particulièrement les jeunes hommes qui, n’ayant pas participé à la bataille de Badr, souhaitaient servir la religion par leur propre martyre, ont insisté pour quitter la ville et se battre en rase campagne. Ce groupe a présenté son opinion avec une telle insistance que lorsqu’il a été témoin de leur zèle, le Saint Prophète (s.a.w.) a accepté leur proposition et a décidé que les musulmans combattraient les mécréants en terrain découvert. Après la prière du vendredi, le Saint Prophète (s.a.w.) a publiquement exhorté les musulmans à chercher la récompense spirituelle à travers le Jihad pour la cause d’Allah en participant à cette bataille. Par la suite, le Saint Prophète (s.a.w.) s’est retiré dans sa résidence, où il a attaché son turban, revêtu son équipement et pris ses armes avec l’aide d’Abou Bakr et d’Oumar, et il est sorti au nom d’Allah.

Pendant ce temps, suite aux conseils de certains compagnons les jeunes hommes ont compris leur erreur : notamment qu’ils n’auraient pas dû insister sur leur propre opinion et s’opposer à celle du Messager de Dieu ; la plupart d’entre eux étaient maintenant enclins aux remords.

Quand ces [jeunes] gens ont vu le Saint Prophète (s.a.w.) venir avec ses armes, revêtu d’une double armure et de son casque, leur regret a été encore plus grand. Ils ont presque unanimement déclaré : « Ô messager d’Allah ! Nous avons commis une erreur en insistant sur notre propre point de vue au détriment du vôtre. À vous d’employer la stratégie que vous jugez la plus appropriée. Si Dieu le veut, elle sera très bénie. »

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) déclara : « Il ne convient pas à un prophète de Dieu de prendre ses armes pour ensuite les déposer avant que Dieu ne prononce un verdict. Sortez au nom d’Allah ; et si vous êtes patients, l’aide d’Allah l’Exalté sera avec vous. »

Au cours de la bataille d’Ouhoud le Saint Prophète prit son épée à la main et dit : « Qui prendra cette épée et lui rendra justice ? » Abou Bakr (r.a.) était de parmi ces nombreux compagnons qui ont tendu la main dans le désir de cet honneur.

Dans son ouvrage Sirat Khatamun-Nabiyyine, Hazrat Mirza Bashir Ahmad Saheb en fait mention en ces termes : « Le Saint Prophète prit son épée à la main et dit : « Qui prendra cette épée et lui rendra justice ? De nombreux compagnons ont tendu la main dans le désir de mériter cet honneur, parmi lesquels se trouvaient ‘Oumar et Al-Zoubayr, et à la lumière de divers récits, Abou Bakr (r.a.) et ‘Ali étaient de ceux-là. Cependant, le Saint Prophète (s.a.w.) retint sa main et continua à dire : « Y a-t-il quelqu’un pour rendre justice à cette épée ? Finalement, Abou Doujanah Al-Ansari tendit la main et dit : « Ô Messager d’Allah ! Accordez-moi cet honneur. »

Le Saint Prophète lui confia l’épée.

Lors la bataille d’Ouhoud, les mécréants sont retournés et ont lancé une contre-attaque ; et les musulmans ont subi un revers. La nouvelle se répandit que le Saint Prophète (s.a.w.) était tombé en martyr. Ibn Ishaq raconte que suite à la nouvelle du martyre du Saint Prophète (s.a.w.) et lorsque certains se fussent dispersés, Ka’b Ibn Malik (r.a.) était le premier à voir le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Il raconte : « J’ai vu l’étincelle des yeux du Saint Prophète (s.a.w.) à travers son casque et j’ai crié : « Ô musulmans ! Réjouissez-vous ! Le Messager (s.a.w.) d’Allah est ici ! » En entendant cela, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) lui indiqua par un geste de la main de garder le silence. Lorsque les musulmans ont reconnu le Saint Prophète (s.a.w.), celui-ci les a accompagnés vers la vallée. Abou Bakr Al-Siddiq (r.a.), ‘Oumar (r.a.), ‘Ali (r.a.), Talha Ibn ‘Oubaydillah (r.a.), Al-Zoubayr Ibn Al-‘Awwam (r.a.), Harithah (r.a.) et divers autres compagnons estimés étaient avec lui.

Le jour d’Ouhoud, un groupe de compagnons a prêté au Saint Prophète (s.a.w.) le serment d’être prêts à sacrifier leur vie. Tandis qu’en apparence les musulmans étaient vaincus, ceux-là sont restés fermes et ont risqué leur vie pour défendre le Saint Prophète (s.a.w.) au point que certains d’entre eux sont tombés en martyr. Abou Bakr (r.a.), ‘Oumar (r.a.), Talha (r.a.), Al-Zoubayr (r.a.), Sa’d (r.a.), Sahl Ibn Hounayf (r.a.) et Abou Doujanah (r.a.) étaient tous parmi ces personnes chanceuses qui ont pris cet engagement.

En évoquant d’autres détails sur la bataille d’Ouhoud, Hazrat Mirza Bashir Ahmad Sahib (r.a.) déclare : « L’histoire est incapable de présenter les exploits de bravoure déployés par les Compagnons qui s’étaient rassemblés autour du Saint Prophète (s.a.w.). Ils tournaient autour du Saint Prophète (s.a.w.) comme des papillons de nuit autour d’une flamme et mettaient leur vie en jeu pour le Saint Prophète (s.a.w.). Les compagnons prenaient tous les coups sur eux-mêmes et tout en protégeant le Saint Prophète (s.a.w.), ils continuaient à frapper l’ennemi. ‘Ali (r.a.) et Al-Zoubayr (r.a.) ont attaqué l’ennemi d’innombrables fois et ont constamment repoussé leurs rangs. Abou Talha Al-Ansari (r.a.) a brisé trois arcs en lançant des volées de flèches, et s’est tenu ferme comme un roc et a couvert le corps du Saint Prophète (s.a.w.) avec son propre bouclier. Le Saint Prophète (s.a.w.) remettait des flèches à Sa’d Ibn Abi Waqqas (r.a.) lui-même et Sa’d (r.a.) continuait à couvrir l’ennemi de flèches. À un moment donné, le Saint Prophète (s.a.w.) a dit à Sa’d (r.a.) : « Que ma mère et mon père soient sacrifiés pour toi ! Continue à tirer tes flèches ! » Jusqu’à la fin de sa vie, Sa’d (ra) évoquait ces paroles du Saint Prophète (s.a.w.) avec grande fierté.

Pendant très longtemps, Abou Doujanah (r.a.) a protégé le corps du Saint Prophète (s.a.w.) avec le sien, et prenait chaque flèche et pierre sur son propre corps, à tel point que son corps fut sauvagement percé de flèches ; mais il ne laissa pas s’échapper le moindre gémissement, de peur que son corps ne tressaillît et que le Saint Prophète (s.a.w.) fût ne serait-ce que légèrement exposé à une seule flèche. Afin de protéger le Saint Prophète (s.a.w.), Talha (r.a.) a pris d’innombrables coups sur son corps, et c’est par ces exploits que sa main a été paralysée pour toujours. Mais combien de temps ces quelques dévots pourraient-ils résister à ces grands flots qui les frappaient sur tous les fronts avec ses vagues terribles ? Les musulmans balançaient d’un côté à l’autre à chaque vague d’attaque menée par l’ennemi, mais dès que sa force faiblissaient quelque peu, ces musulmans se battaient et retournaient autour de leur Maître bien-aimé. Parfois, l’attaque était si violente que le Saint Prophète (s.a.w.) restait pratiquement seul. A un moment, il y avait seulement douze hommes autour de lui ; et il y avait même un moment où [pas plus que] deux personnes étaient restées près du Saint Prophète (s.a.w.). Abou Bakr (r.a.), ‘Ali (r.a.), Talha (r.a.), Al-Zoubayr (r.a.), Sa’d Ibn Abi Waqqas (r.a.), Abou Doujanah Al-Ansari (r.a.), Sa’d Ibn Mou’adh (r.a.) et Talha Al-Ansari (r.a.) étaient de ceux-là.

Abou Bakr (r.a.) raconte l’intégralité du récit dans lequel les dents bénies du Saint Prophète (s.a.w.) ont été brisées pendant la bataille d’Ouhoud. À ce sujet, ‘Aïcha (r.a.) dit que lorsqu’Abou Bakr (r.a.) racontait l’incident du jour d’Ouhoud, il disait que le jour appartenait à Talha. Racontant les détails, Abou Bakr (r.a.) disait : « Je faisais partie de ceux qui sont retournés vers le Saint Prophète (s.a.w.). Quand je suis revenu, j’ai vu qu’il y avait un individu qui protégeait le Saint Prophète (s.a.w.) et combattait à ses côtés. Le narrateur dit : « Je crois qu’Abou Bakr a déclaré qu’il le protégeait. Abou Bakr (r.a.) ajoute : Je me suis dit, je souhaite que cette personne soit Talha. J’ai raté l’occasion, mais au fond de moi, je souhaitais que cette personne appartienne à ma tribu, car cela me plairait davantage. » Voilà ce que pensait Abou Bakr (r.a.) en ces instants.

Il ajoute : « Il y avait une personne entre moi et le Saint Prophète (s.a.w.) que je ne pouvais pas reconnaître, même si j’étais plus proche de cet individu que le Saint Prophète (s.a.w.). Il marchait si vite que je ne pouvais pas le suivre. Quand j’ai observé de près, j’ai réalisé que c’était Abou ‘Oubaydah Ibn Al-Jarrah (r.a.). J’ai atteint le Saint Prophète (s.a.w.). Ses incisives latérales (c’est-à-dire la dent entre les deux incisives et les canines) ont été cassées et son visage a été blessé. Les anneaux du casque s’étaient logés dans la joue du Saint Prophète (s.a.w.). Il a dit d’aller voir notre compagnon (c’est à dire Talha) car il avait perdu beaucoup de sang. (Au lieu de leur demander de s’occuper de ses blessures, le Saint Prophète (s.a.w.) a ordonné de s’occuper de Talha) et nous l’avons donc laissé. Je me suis avancé pour retirer les chaînes du casque de la joue du Saint Prophète (s.a.w.).

Sur ce, Abou ‘Oubaydah (r.a.) a dit : « Je jure par le droit que j’ai sur vous, s’il vous plaît laissez-moi cette tâche. » J’ai donc laissé à Abou ‘Oubaydah cette tâche. Il ne souhaitait pas retirer les anneaux avec sa main, de peur de faire souffrir le Saint Prophète (s.a.w.). Il a tenté d’arracher les anneaux avec ses dents. Lorsqu’il a retiré un anneau, sa dent de devant s’est également cassée. J’ai fait un pas en avant pour retirer le deuxième anneau de la même manière. Abou Bakr (r.a.) dit : « Je tenterai de retirer l’autre anneau, mais Abou Oubayda (r.a.) a répété : « Je jure par le droit que j’ai sur vous, veuillez me laisser cette tâche. » Abou Bakr (r.a.) s’est écarté, et Abou ‘Oubaydah (r.a.) a répété son action. Quand il a retiré le deuxième anneau, l’autre incisive d’Abou Oubayda s’est cassée. Abou ‘Oubaydah (r.a.) était le plus beau de tous ceux dont les deux dents de devant étaient cassées. Après avoir soigné les blessures du Saint Prophète (s.a.w.), nous sommes allés voir Talha : il était (assis) dans un fossé. Nous avons vu qu’il avait reçu près de 70 blessures par épée, lance et flèche et qu’un de ses doigts avait été sectionné. Nous avons soigné ses blessures.

Mis à part Abou ‘Oubaydah, selon certains récits, ‘Ouqbah Ibn Wahb et Abou Bakr (r.a.) ont retiré ces anneaux. Cependant, le premier récit semble plus authentique.

Au cours de la bataille d’Ouhoud, lorsque le Saint Prophète (s.a.w.) a escaladé la montagne avec ses compagnons, les mécréants l’y ont poursuivi.

Selon un récit du Sahih Al-Bukhari, il est mentionné qu’Abou Soufyan a demandé trois fois si Muhammad (s.a.w.) était présent parmi eux. Le Saint Prophète (s.a.w.) a empêché les compagnons de répondre. Abou Sufyan a alors demandé trois fois si le fils d’Abou Qouhafah (c’est-à-dire Abou Bakr) était présent parmi eux. Et puis a demandé trois fois si le fils d’Al-Khattab, c’est-à-dire ‘Oumar, était présent parmi eux.

Il retourna ensuite vers ses camarades et leur dit : « Tous ceux-là ont été tués. »

En entendant cela, ‘Oumar (r.a.) n’a pas pu se maîtriser. Il a lancé : « Ô ennemi d’Allah ! Tu mens ! Ces personnes que tu as citées sont bel et bien vivantes. Tu devras endurer encore bien de choses déplaisantes ! »

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) relate : « Peu après, le Prophète (s.a.w.) reprit connaissance. Ceux qui l’entouraient envoyèrent des messagers dire aux musulmans de se rassembler. Les forces dispersées commencèrent à se réunir et escortèrent le Saint Prophète (s.a.w.) jusqu’au pied de la colline. Abou Soufyan, commandant de l’ennemi, en voyant des survivants musulmans, s’écria : « Nous avons tué Muhammad (s.a.w.) ! ». Le Saint Prophète (s.a.w.) entendit ces paroles, mais interdit aux musulmans d’y répondre de peur que l’ennemi, connaissant la vérité, n’attaquât encore et que le petit groupe de musulmans, épuisés et blessés, n’eût à combattre de nouveau l’ennemi. Ne recevant aucune réponse des musulmans, Abou Soufyan considéra certaine la mort du Saint Prophète (s.a.w.). Son premier cri fut donc suivi d’un second : « Nous avons aussi tué Abou Bakr (r.a) ! ». Le Prophète (s.a.w.) interdit également à Abou Bakr (r.a) de répondre.

Abou Soufyan poussa un troisième cri : « Nous avons aussi tué ‘Oumar (r.a) ! ». Cette fois, ‘Oumar (r.a) ne put se contenir et voulut s’écrier : « Nous sommes tous vivants et, par la grâce de Dieu, prêts à vous combattre et à vous briser le cou ! ». Mais le Saint Prophète (s.a.w.) lui imposa la même interdiction afin de ne pas faire souffrir les musulmans.

Les mécréants étaient sûrs et certains que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et ses bras droits avaient été tués.

Abou Soufyan et ses comparses poussèrent le cri : « Gloire à Houbal ! Gloire à Houbal ! Car Houbal a mis fin à l’islam ! ». Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait refusé de rectifier une déclaration concernant sa propre mort ; il avait refusé de rectifier une déclaration concernant la mort d’Abou Bakr (r.a) et de ‘Oumar (r.a) pour des raisons stratégiques, car seuls restaient quelques survivants de son armée que l’ennemi pourrait facilement tués. Mais maintenant que l’ennemi avait insulté Allah et qu’on glorifiait le polythéisme, le Prophète (s.a.w.) ne pouvait supporter une telle insulte. Son esprit s’enflamma.

Il regarda avec colère les compagnons qui l’entouraient et dit : « Pourquoi ne répondez-vous pas ? » Les compagnons demandèrent : « Que devons-nous dire, ô Prophète (s.a.w.) ? »

Il a dit : « Répétez :

الله ٲعْلی واجل الله ٲعْلی واجل

C’est-à-dire : « [Ô mécréants !] Vous mentez ! Vous avez glorifié Houbal, mais ce n’est que mensonge. Allah est le plus élevé et le plus glorifié ! Il est l’Unique et sans partenaire ! »

C’est ainsi qu’il a informé l’ennemi qu’il était toujours en vie. Cette réponse brave a eu un profond impact sur les troupes mécréantes et leur espoir a été anéanti. En dépit du fait qu’ils avaient en face d’eux qu’une poignée de musulmans blessés et qu’il était tout à fait possible de les tuer selon les lois physiques, les mécréants n’ont pas osé les attaquer de nouveau et ils sont retournés à La Mecque en se réjouissant de la victoire qu’ils avaient obtenu jusque-là. »

‘Aïcha (r.a.) a rapporté : « Le verset suivant fait référence à ces compagnons.

الَّذِينَ اسْتَجَابُوا لِلَّهِ وَالرَّسُولِ مِنْ بَعْدِ مَا أَصَابَهُمُ الْقَرْحُ لِلَّذِينَ أَحْسَنُوا مِنْهُمْ وَاتَّقَوْا أَجْرٌ عَظِيمٌ

Ce verset signifie : « Quant à ceux qui, après avoir été blessés, répondirent à l’appel d’Allah et du Messager, il y a une très grande récompense pour ceux d’entre eux qui font le bien et qui agissent avec droiture. » (3 : 173)

‘Aïcha (r.a.) a dit à ‘Ourwah : « Ô mon neveu, tes aïeux Al-Zoubayr (r.a.) et Abou Bakr (r.a.) faisaient partis de ceux-là. Quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a été blessé lors de la bataille d’Ouhoud et que les polythéistes sont repartis, il a été inquiet qu’ils ne reviennent. Il a déclaré : « Qui les poursuivra ? » Soixante-dix d’entre eux se sont présentés pour cela. »

‘Ourwah a rapporté : « Abou Bakr et Al-Zoubayr en faisaient partie. »

Hazrat Mirza Bashir Saheb écrit à ce propos : « C’est étrange ; en dépit du fait que les Qouraychites avaient obtenu la victoire contre les musulmans, et qu’en apparence ils pouvaient, s’ils le souhaitaient profiter de leur victoire, et que la voie pour attaquer Médine leur était ouverte, le dessein de Dieu avait prévu autre chose. Les cœurs des Qouraychites étaient rassasiés par cette victoire, et ils ont préféré retourner rapidement à La Mecque, considérant comme triomphe ce qu’ils avaient obtenu sur le champ d’Ouhoud. Mais afin de prendre plus de précautions, le Saint Prophète (s.a.w.) a envoyé un groupe de soixante-dix compagnons pour suivre les troupes mecquoises qui comprenait Abou Bakr (r.a.) et Al-Zoubayr (r.a.). »

Il s’agit d’un récit d’Al-Boukhari. Les historiens mentionnent que le Saint Prophète (s.a.w.) avait envoyé ‘Ali (r.a.) à leur poursuite, et selon d’autres narrations il s’agissait de Sa’d Ibn Abi Waqqas, leur disant : « Essayez de savoir si les troupes mecquoises n’envisagent pas d’attaquer Médine. » Il a ajouté : « Si les Qouraychites voyagent sur les chameaux et que leurs chevaux sont libres, cela signifie qu’ils rentrent à La Mecque et qu’ils n’envisagent pas d’attaquer Médine. Et s’ils voyagent sur leurs chevaux, cela signifie que leurs intentions ne sont pas bonnes. » Il a mis l’accent sur le fait que si les troupes mecquoises prennent la direction de Médine, il doit en être informé immédiatement, et il a déclaré : « Si les Qouraychites attaquent Médine maintenant, par Dieu, nous les combattrons et leur feront regretter leur attaque. »

Ce groupe qui les a poursuivis est vite retourné avec la nouvelle que les troupes mecquoises se dirigeaient vers La Mecque.

Incha Allah, [je] présenterai d’autres récits à ce propos.


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