Sermons 2021

Abou Bakr, dévoué compagnon du Saint Prophète (s.a.w.)

Dans son sermon du 24 décembre 2021, Sa Sainteté le Calife a évoqué le dévouement d'Abou Bakr (r.a.) à l'endroit du Saint Prophète Mohammad (s.a.w.)

Sermon du vendredi 24 décembre 2021, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

J’évoquais précédement Abou Bakr As-Siddiq (r.a.). On rapporte ceci concernant la deuxième Bai’ah d’Aqabah : Abou Bakr (r.a.), ‘Ali (r.a.) et ‘Abbas, l’oncle du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), l’avaient accompagné pour [la rencontre] de la deuxième Bai’ah d’Aqabah. ‘Abbas était, quelque peu, l’organisateur principal de cette rencontre : il avait affecté ‘Ali pour assurer la sécurité à une extrémité de la passe et Abou Bakr (r.a.) à l’autre.

Abou Bakr As-Siddiq (r.a.) avait accompagné le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lors de son immigration à Médine. On rapporte que la persécution des musulmans par les mécréants de La Mecque ne cessait de s’intensifier. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a vu dans un rêve deux endroits où les musulmans pouvaient émigrer. Ce lieu était une terre inculte et entourée de palmiers-dattiers. Mais le nom n’avait pas été évoqué et mentionné [dans le rêve]. Vu la topographie le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), a déduit qu’il s’agirait de Hajar ou d’Al-Yamamah.

Selon un récit du Sahih d’Al-Boukhari le Saint Prophète a déclaré :

ذَهَبَ وَهَلِي إِلَى أَنَّهَا الْيَمَامَةُ أَوْ هَجَرٌ، فَإِذَا هِيَ الْمَدِينَةُ يَثْرِبُ،

« J’avais pensé que cela pourrait être le pays d’Al-Yamamah ou de Hajar, mais voilà, il s’est avéré que c’était Yathrib (c’est-à-dire Médine). »

Al-Yamamah est une ville très connue du Yémen. Plusieurs villes portent le nom de Hajar en Arabie. Une ville ou une région du Bahreïn était aussi connue sous le nom de Hajar.

En tout cas, après quelque temps, la situation a changé et les bienheureux Ansâr de Médine ont commencé à embrasser l’islam. [Allah] a informé le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) que cette terre d’exil est Yathrib, auquel on a donné le nom de Médine par la suite. Le Messie Promis (a.s.) a commenté sur cette déduction faite par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) :

« Ce hadith ce lit ainsi :

فَذَهَبَ وَهَلِي إِلَى أَنَّهَا الْيَمَامَةُ أَوْ هَجَرٌ، فَإِذَا هِيَ الْمَدِينَةُ يَثْرِبُ،

Il démontre clairement que la déduction faite par le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) s’est révélée inexacte. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a permis aux compagnons et [autres] musulmans persécutés et opprimés de La Mecque de migrer vers Médine et il leur a donné des directives à ce propos. Les musulmans de La Mecque ont donc commencé à migrer vers Médine. Après la deuxième Bai’ah d’Aqabah cette migration a pris de l’ampleur. Des foyers et de quartiers tout entiers se vidaient. Cette situation a enflammé davantage les chefs tyranniques de La Mecque. Ils en étaient furieux. Ils ont pris une autre mesure : celle d’empêcher les persécutés de partir. Ils ont trouvé de nouveaux moyens pour les opprimer : parfois ils laissaient partir le mari mais le séparaient de sa femme et de ses enfants. Parfois, ils faisaient main basse sur le capital et les biens de l’opprimé sous prétexte qu’il l’avait acquis à La Mecque et que s’il souhaitait partir de là, il devait leur remettre ses avoirs. Parfois les persécuteurs citaient l’amour maternel : « Va rencontrer ta mère », disaient-ils [au musulman] et ensuite ils l’enlevaient en cours de route, le ligotaient et le séquestraient dans une maison. Mais ces musulmans emplis de foi et pétris d’amour pour leur religion – cette communauté de croyants reconnaissants – ne cessaient de migrer vers Médine avec passion.

En tout cas, quand La Mecque était presque vide de musulmans et que ceux qui pouvaient migrer sont partis, il ne restait en arrière que des musulmans très faibles et ceux des plus démunis, évoqués en ce terme par le Coran :

إِلَّا الْمُسْتَضْعَفِينَ مِنَ الرِّجَالِ وَالنِّسَاءِ وَالْوِلْدَانِ لَا يَسْتَطِيعُونَ حِيلَةً وَلَا يَهْتَدُونَ سَبِيلًا

« Excepté ceux qui sont rendus faibles de parmi les hommes, les femmes et les enfants qui sont incapables d’adopter un plan ou de trouver une voie de sortie. » (4 : 97)

En sus de ceux-là, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) était encore à La Mecque, attendant la permission divine pour migrer à Médine. ‘Ali (r.a.) s’y trouvait aussi. Un jour, Abou Bakr As-Siddiq (r.a.) s’est présenté au Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) pour lui demander la permission de partir. Celui-ci lui a demandé d’attendre. « Je pense aussi recevoir la permission [divine] de partir », a dit le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).

Selon un récit l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a déclaré : « Ne t’empresse pas. Il se peut qu’Allah t’accorde un compagnon. »

Sur ce, Abou Bakr (r.a.) a répondu : « Ô l’Envoyé d’Allah (s.a.w) ! Que mes parents soient sacrifiés pour vous ! Aurez-vous aussi la permission de migrer ? » Ainsi, sa tristesse due à la séparation que lui causerait son émigration commençait à s’estomper. Abou Bakr (r.a.) est retourné après avoir entendu le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et a reporté son émigration. Par prévenance, il a acheté deux chamelles qu’il a nourries spécialement afin de les préparer pour le voyage de l’exil.

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) déclare à ce propos : « Le Saint Prophète (s.a.w.) et ses compagnons se préparaient à émigrer. Une par une les familles s’éclipsèrent de La Mecque. Les musulmans, certains que le Royaume de Dieu était proche, étaient pleins de courage. Parfois, une rue entière se vidait au cours de la nuit. Le matin, les Mecquois trouvaient les portes cadenassées et réalisaient que les habitants avaient émigré à Médine. L’influence grandissante de l’islam à l’intérieur de La Mecque les étonnait. Finalement, il ne resta pas un seul musulman à La Mecque, à l’exception de quelques esclaves convertis, du Saint Prophète (s.a.w.) lui-même, d’Abū Bakr (r.a) et de ‘Ali (r.a). Les Mecquois se rendirent compte que leur proie allait leur échapper. »

Il ajoute : « Tout naturellement, les chefs Mecquois ressentaient une plus grande inimitié à l’égard du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) qu’à l’endroit des autres [musulmans]. La rison était qu’ils constataient que l’opposition contre le polythéisme prenait de l’ampleur en raison des enseignements du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Ils savaient que s’ils l’assassinaient, sa communauté se dissoudrait de son propre chef. C’est pour cette raison qu’ils tourmentaient davantage le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Ils souhaitaient qu’il mît fin à ses proclamations d’une manière ou d’une autre. Mais en dépit de ces difficultés, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a ordonné aux compagnons de migrer mais lui-même en dépit de ces brimades et souffrances, n’a pas quitté La Mecque, car il n’avait pas encore reçu de permission de la part de Dieu. Quand Abou Bakr lui a demandé la permission de migrer, il a répondu : « Attends un peu. Il se peut que Dieu m’en donne aussi la permission. »

Les mécréants se sont réunis secrètement au Dar Al-Nadwa pour comploter contre le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).

Les chefs Mecquois étaient furieux et fulminaient car les musulmans s’échappaient de leurs griffes. Ils se sont donc réunis au Dar Al-Nadwa. Le ‘Allamah Ibn Ishaq a déclaré que les Qouraychites ont constaté qu’un groupe qui n’était pas des musulmans de La Mecque ou de la région s’était réuni autour du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et ses compagnons les avaient rejoints. Les Qouraychites ont compris qu’ils se rassemblaient dans un lieu sûr et qu’ils recevaient une protection parfaite de la part des Médinois. Ils craignaient que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) n’émigrât vers eux. Les Qouraychites avaient aussi déduit que ces gens se réunissaient pour les combattre.

Ainsi donc, ils se sont réunis au Dar Al-Nadwa pour comploter contre lui. Le Dar Al-Nadwa était la maison de Qousay Ibn Kilab où étaient prises toutes les décisions des Qouraychites. Ils venaient là pour tenir des conseils chaque fois qu’ils ressentaient quelque danger de la part du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).

Selon un autre récit, ‘Abdoullah Ibn ‘Abbas déclare que les Qouraychites se sont rassemblés pour discuter à propos [de l’Envoyé d’Allah (s.a.w)] et qu’ils ont fait le vœu d’entrer au Dar Al-Nadwa afin de pouvoir se consulter sur le Messager d’Allah (que la paix soit sur lui). Ils s’y sont réunis le jour où ils avaient conclu alliance et ce jour est appelé le Jour d’Al-Zahmah. Iblis est apparu devant eux sous la forme d’un vieillard. Il s’agissait d’un individu qui personnifiait les qualités d’Iblis. Il portait une cape et se tenait à la porte du Dar Al-Nadwa. Les gens ne le connaissaient pas. Quand ils l’ont vu debout dans l’embrasure de la porte, ils ont dit : « Qui est ce vieillard ? » Il a dit : « Je suis un vieux du peuple du Nejd. J’ai entendu la promesse que vous vous êtes faite. Je suis venu pour entendre ce que vous avez à dire. »

« J’espère que [je vous] présenterai de bons conseils » a-t-il dit à propos de lui-même. Ils lui ont répondu : « C’est bien ! Tu peux entrer. » Il est entré avec eux.

Il y avait un groupe important de chefs Qouraychites, dont les plus éminents étaient ‘Outbah Ibn Rabi’ah, Chaybah Ibn Rabi’ah, Abou Soufyan Ibn Harb, Taymah Ibn ‘Adiyy et quelques autres. Abou Jahl Ibn Hicham et les deux fils de Hajjaj et beaucoup d’autres y étaient aussi. En sus de cela, il y avait d’autres chefs qui n’appartenaient pas aux Qouraychites. Tout le monde s’est réuni et c’était le moment de faire des suggestions. L’un a suggéré que Muhammad devait être mis dans des chaînes de fer et la porte verrouillée de l’extérieur. Il faudra ensuite attendre qu’il connaisse la même mort ayant frappé deux poètes comme lui, Zouhayr et Nabghah ainsi que d’autres poètes qui sont décédés auparavant. C’est-à-dire attendre sa fin, comme cela est arrivé aux deux poètes avant lui, Zouhayr et Nabghah, etc. C’est-à-dire ils planifiaient pour lui une mort similaire à celle de ceux-là. Sur ce, le vieux Nejdi a déclaré : « Non ! Par Allah, cet avis ne vous convient pas selon moi. Par Allah ! Si vous le faites prisonnier, il sortira par la porte fermée et atteindra ses compagnons. Il est fort probable qu’ils vous attaquent et le feront sortir hors de votre contrôle. Ils augmenteront leur nombre et auront le dessus sur vous. Présentez donc une autre suggestion. »

L’un d’eux a suggéré : « Nous devons l’expulser des nôtres et le bannir de notre ville. Il pourra partir où il le souhaite et cela ne nous concernera pas. Quand il nous quittera et que nous nous serons débarrassés de lui, notre situation s’améliorera et nous retournerons à notre état antérieur. » Le vieux Nejdi a répondu : « Non ! Par Allah ! Cette opinion n’est pas correcte. Ne constatez-vous pas à quel point ses paroles sont efficaces et ses mots sont doux et à quel point il captive le cœur des gens avec ce qu’il apporte ? Par Allah ! Si vous faites cela, vous ne serez pas en paix, de peur qu’il ne descende dans une tribu arabe et ne les charme avec ses paroles et qu’ils finissent par le suivre. Ensuite, il se joindra à eux et avancera vers vous et vous piétinera dans votre ville. Ils prendront contrôle de vos affaires et ensuite ils vous traiteront comme bon leur semble. Trouvez une autre idée. »

Sur ce, Abu Jahl a déclaré : « Selon moi on doit prendre un jeune robuste et de bonnes lignées de chaque clan des Qouraychites et leur confier à chacun une épée tranchante. Ils poursuivront Muhammad (la paix soit sur lui) et attaqueront comme un seul homme et le tueront. C’est ainsi que nous nous débarrasserons de lui. Suite à pareil assassinat, la responsabilité de sa mort sera assumée par tous les clans [des Qouraychites] et les Banou ‘Abd Manaf ne pourra pas les combattre tous. Ils accepteront la compensation et nous la paierons. » Le vieux Najdi a répondu : « L’opinion de celui-là l’emporte sur toutes [les autres]. Les autres propos ne sont que paroles en l’air. » Ils ont tous accepté cette opinion et sont partis.

Cependant, Allah en a informé le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) tout comme Il l’affirme :

وَإِذْ يَمْكُرُ بِكَ الَّذِينَ كَفَرُوا لِيُثْبِتُوكَ أَوْ يَقْتُلُوكَ أَوْ يُخْرِجُوكَ وَيَمْكُرُونَ وَيَمْكُرُ اللَّهُ وَاللَّهُ خَيْرُ الْمَاكِرِينَ

« Et souviens-toi quand les mécréants complotaient contre toi pour t’emprisonner, ou te tuer, ou te chasser. Ils conçurent leurs plans mais Allah aussi conçut Son plan et Allah est le Meilleur de ceux qui conçoivent des plans. » (8 :31)

Par l’entremise de l’ange Gabriel, Allah a autorisé le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) de migrer.

Le Messie Promis (a.s.) déclare : « Les mécréants de La Mecque avaient l’intention de tuer le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Allah a informé Son noble prophète à propos de leur mauvaise intention et lui a ordonné de quitter La Mecque pour se rendre à Médine. En outre, Il lui a donné la bonne nouvelle d’un retour triomphal avec le soutien divin. Il a reçu cette nouvelle par révélation divine un mercredi par une chaleur torride à midi. »

Après avoir reçu l’autorisation d’émigrer, en prenant maintes précautions, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a visité la maison d’Abou Bakr à midi à un moment où les habitants de La Mecque ne sortent pas généralement de leurs maisons et ne se rendent pas visite. Il a pris des précautions supplémentaires – vu qu’il faisait très chaud – il s’est couvert le visage et la tête avec un tissu. Quand il est arrivé près de la maison d’Abou Bakr, quelqu’un a dit – il s’agirait d’Asma selon le récit d’Al-Tabarani et de Fath Al-Bari – : « On dirait que l’Envoyé d’Allah (s.a.w) nous rend visite ! »

Abou Bakr (r.a.) a déclaré : « Que mes parents soient sacrifiés pour vous ! Par Allah, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) nous rend visite en ce moment pour une raison particulière. » Abou Bakr (r.a.) est sorti tout anxieux mais plein de sincérité. Quand le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est entré, ‘Aïcha et Asma étaient dans la pièce.

Le Prophète (paix et bénédiction d’Allah sur lui) a dit à Abou Bakr : « Fais sortir ceux qui sont avec toi. » Abou Bakr a répondu : « Seules mes deux filles sont là et personne d’autre. »

Selon un autre récit il aurait déclaré : « Ô Envoyé d’Allah (s.a.w) ! Il n’y a ici que les membres de votre famille et personne d’autre. »

L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a déclaré : « J’ai reçu l’autorisation d’émigrer. » Abou Bakr lui a demandé spontanément : « Ô Prophète d’Allah ! Pourrais-je vous accompagner ? »

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a répondu : « Oui ! » Ceci est un récit tiré d’Al-Boukhari.

Sur ce, Abou Bakr (r.a.) a pleuré de joie. ‘Aïcha raconte : « Ce jour-là, pour la première fois, j’ai découvert qu’on peut même pleurer de joie. » Par la suite, ils ont mis en place le plan pour le départ. Abou Bakr (r.a.) a déclaré : « Ô Messager d’Allah ! J’ai acheté deux chameaux à cet effet. Prenez un des deux. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a déclaré : « Je paierai le prix. » Et quand il a insisté pour payer le prix, Abou Bakr n’a eu d’autre choix. Il avait acheté ces deux chameaux pour huit cents dirhams. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) en a acheté un pour quatre cents dirhams. Selon un récit, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a acheté ce chameau pour huit cents dirhams.

Ensuite, ils ont décidé que la première étape sera la grotte de Thawr et qu’ils y resteraient pendant trois jours. Ils ont également décidé d’embaucher un expert connaissant toutes les routes du désert connues et inconnues autour de La Mecque. Ils en ont parlé à ‘Abdoullah Ibn Ourayqit. Bien qu’il fût polythéiste, il était un homme bon, responsable et honnête. Les biographes disent qu’il n’était pas musulman. Mais selon un autre récit, il s’est converti à l’islam plus tard. Ils lui ont remis trois chameaux et ils ont convenu qu’il viendrait à la grotte de Thawr le matin exactement trois jours plus tard. ‘Abdoullah Ibn Abi Bakr était un jeune homme intelligent : on lui a confié la tâche de visiter quotidiennement les assemblées de La Mecque pour savoir ce qui se passait. Ensuite, il devait se rendre à la grotte de Thawr la nuit et pour faire ses rapports. ‘Amir Ibn Fouhayra était un esclave sage et responsable d’Abou Bakr. Il a eu pour tâche de faire paître ses chèvres autour de la grotte de Thawr et la nuit, il fournirait du lait frais grâce aux chèvres laitières.

Après avoir fixé l’heure du départ de la Mecque, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est rentré chez lui sans tarder de la maison d’Abou Bakr (r.a.).

En arrivant chez lui, il a informé ‘Ali du programme de sa migration et lui a confié une tâche exigeant un grand dévouement : celle de dormir dans son lit [c.-à-d.] du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) sous la couverture de Hadramaut de couleur verte – ou rouge selon d’autres récits – qu’utilisait l’Envoyé d’Allah (s.a.w) quand il dormait.

Il a assuré ce serviteur dévoué du soutien de Dieu en lui disant : « Ne te soucis pas. Dors à l’aise dans mon lit. L’ennemi ne pourra toucher même un seul de tes cheveux. »

L’Envoyé d’Allah (s.a.w) était aussi soucieux des biens que les Mecquois lui avaient confiés et il s’en sentait responsable. Il a donc demandé à ‘Ali de retourner aux propriétaires leurs biens avant de venir le rejoindre à Médine. ‘Ali (r.a.) est resté trois jours à La Mecque jusqu’à ce qu’il ait pu rendre les biens que les gens avaient confiés à l’Envoyé d’Allah (s.a.w). Quand il a terminé, il est parti rejoindre le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) à Qouba.

Par la suite, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est sorti de chez lui, tandis que guettaient à l’extérieur des infidèles affectés de La Mecque, le sang dans les yeux et l’épée à la main. Ils attendaient que la nuit s’avançât, afin de pouvoir se précipiter tous ensemble pour en finir avec le Saint Prophète (s.a.w.).

Abu Jahl, qui était leur meneur, fanfaronnait, le sourire aux lèvres : « Muhammad dit que si vous le suivez, vous serez les rois des Arabes et des non-Arabes. Ensuite vous serez ressuscités après votre mort et vous aurez des jardins ressemblant à ceux du Jourdain. Si vous ne suivez pas ses consignes il y aura du carnage parmi vous. »

L’Envoyé d’Allah (s.a.w) est sorti et a déclaré : « Oui, c’est ce que je dis. » Et il a récité ces versets de la sourate Ya-Sin.

يس ۞ وَالْقُرْآَنِ الْحَكِيمِ ۞ إِنَّكَ لَمِنَ الْمُرْسَلِينَ ۞ عَلَى صِرَاطٍ مُسْتَقِيمٍ ۞ تَنْزِيلَ الْعَزِيزِ الرَّحِيمِ ۞ لِتُنْذِرَ قَوْمًا مَا أُنْذِرَ آَبَاؤُهُمْ فَهُمْ غَافِلُونَ ۞ لَقَدْ حَقَّ الْقَوْلُ عَلَى أَكْثَرِهِمْ فَهُمْ لَا يُؤْمِنُونَ ۞ إِنَّا جَعَلْنَا فِي أَعْنَاقِهِمْ أَغْلَالًا فَهِيَ إِلَى الْأَذْقَانِ فَهُمْ مُقْمَحُونَ ۞ وَجَعَلْنَا مِنْ بَيْنِ أَيْدِيهِمْ سَدًّا وَمِنْ خَلْفِهِمْ سَدًّا فَأَغْشَيْنَاهُمْ فَهُمْ لَا يُبْصِرُونَ

« Ya Sin ! (Ô Leader Parfait.) Par le Coran, plein de sagesse. Tu es en vérité un des Messagers sur un droit chemin. Ceci est une révélation du Puissant, du Miséricordieux, afin que tu puisses avertir un peuple dont les pères ne furent pas avertis et qui sont donc négligents. Assurément la parole s’est révélée exacte contre la plupart d’entre eux car ils ne sont pas croyants. Nous avons mis à leur cou des carcans, montant jusqu’à leur menton, de sorte qu’ils ont la tête repoussée en arrière. Et Nous avons mis une barrière devant eux et une barrière derrière eux et Nous les avons recouverts, de sorte qu’ils ne puissent voir. » (36 : 2-10)

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est sorti à leur insu ; la puissance de Dieu faisant que personne ne l’a vu partir. Ils épiaient de temps à autre à l’intérieur de la maison et croyait que Muhammad (s.a.w.) était toujours dans son lit.

Hazrat Mirza Bashir Ahmad Saheb écrit à ce propos dans son ouvrage Sirat Khatamun Nabiyyine : « Dans l’obscurité de la nuit, les infâmes Qouraychites de diverses tribus avaient assiégé la maison du Saint Prophète (s.a.w.) avec leurs intentions sanguinaires. Ils attendaient l’aube, ou que le Saint Prophète (s.a.w.) sortît de chez lui, afin de lancer un assaut soudain et de l’assassiner. Le Saint Prophète (s.a.w.) avait encore en sa possession des biens confiés par nombre d’infidèles car malgré leur inimitié extrême, beaucoup lui confiaient souvent leurs biens au Saint Prophète (s.a.w.) en raison de sa véracité et de son honnêteté. Par conséquent, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a expliqué les comptes à ‘Ali et l’a enjoint de ne pas quitter La Mecque sans rendre ces biens. Ensuite, il lui a dit : « Allonge-toi dans mon lit » et l’a assuré qu’aucun mal ne lui arrivera. Il se coucha et le Saint Prophète (s.a.w.) le couvrit de son manteau rouge. Après cela, le Saint Prophète (s.a.w.) quitta sa maison au nom de Dieu. En ses instants, les assiégeants étaient présents devant la porte du Saint Prophète (s.a.w.). Or, comme ils n’avaient pas prévu que le Saint Prophète (s.a.w.) quitterait sa maison si tôt dans la nuit, ils sont restés insouciants du fait que le Saint Prophète (s.a.w.) est passé devant eux à leur insu. Les Qouraychites qui avaient assiégé la maison du Saint Prophète (s.a.w.) regardaient à l’intérieur de temps à autre, et étaient tranquilles en voyant ‘Ali (r.a.) couché à la place du Saint Prophète (s.a.w.).

Le lendemain matin, ils découvrirent que leur proie leur avait échappé. Sur ce, ils coururent frénétiquement ici et là, fouillèrent les rues de La Mecque, regardèrent dans les maisons des compagnons, mais ne trouvèrent rien. Dans leur rage, ils s’emparèrent d’Ali (r.a.) et le rouèrent de coups. »

Le Messie Promis (a.s.) en fait mention en ces termes :

« Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a quitté soudainement sa ville ancienne alors que ses adversaires avaient encerclé sa maison bénie avec l’intention de le tuer. Un proche dévoué, pétri d’amour et de foi, se coucha fidèlement dans le lit de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) sur ses instructions ; il se cacha le visage afin que les espions des ennemis ne découvrissent pas le départ du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Ils le prenaient pour l’Envoyé d’Allah (s.a.w) et attendaient le moment pour l’assassiner. »

کس بہر کسے سر ندہد جان نفشاند

عشق است کہ این کار بصدق کناند

C’est-à-dire personne n’offre sa tête pour un autre ni ne fait offrande de sa vie. C’est l’amour qui rend autrui capable de le faire en toute sincérité. »

Les récits divergent sur l’heure que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a quitté sa maison. Certains affirment qu’il est sorti en début de soirée, d’autres disent à minuit, certains disent dans la dernière partie de la nuit.

Je vais mentionner ici les différences dans les récits sur le moment où le Prophète a quitté sa demeure.

Dans un récit il est dit qu’il est sorti durant le dernier tiers de la nuit. Muhammad Hussain Haikal écrit que le prophète Muhammad (que la paix soit sur lui) s’est rendu dans la maison d’Abou Bakr durant le dernier tiers de la nuit profitant de l’insouciance des polythéistes. De là, tous deux sont sortis par la porte arrière de la maison et se sont dirigés vers la grotte de Thawr situé au sud.

Selon un autre récit, il est sorti à minuit. D’après le Dala’il Al-Noubouwwah, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) et Abou Bakr (r.a.) sont partis pour la grotte de Thawr au milieu de la nuit. Selon le Madarij Al-Noubouwwah durant la soirée du jour où le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a décidé de migrer, il avait demandé à ‘Ali (r.a.) de dormir chez lui le soir afin de ne pas éveiller les soupçons des polythéistes et de leur cacher la réalité.

Hazrat Mirza Bashir Ahmad Sahib a écrit que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a quitté sa maison durant la première partie de la nuit. Il explique : « Les assiégeants étaient présents devant la porte du Saint Prophète (s.a.w.). Or comme ils n’avaient pas prévu que le Saint Prophète (s.a.w.) quitterait sa maison si tôt dans la nuit, ils étaient si insouciants que le Saint Prophète (s.a.w.) est passé devant eux à leur insu.

Maintenant, le Saint Prophète (s.a.w.) traversait silencieusement, mais rapidement, les rues de La Mecque ; et il ne fallut pas longtemps avant qu’il n’atteignît la périphérie de la ville et se dirigeât vers la grotte de Thawr. Toute l’affaire avait été préréglée avec Abou Bakr (r.a.), qui rejoignit le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) en cours de route. »

Le Mouslih Maw’oud (r.a.) déclare : « Lorsque les Mecquois s’étaient rassemblés devant sa maison pour l’assassiner, il a quitté sa demeure dans l’obscurité de la nuit avec l’intention de migrer. Les Mecquois devaient se douter que Muhammad (s.a.w.) avait été informé de leurs intentions ; mais lorsqu’il est passé devant eux, ils ont cru qu’il s’agissait de quelqu’un d’autre et non du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).

Au lieu de l’attaquer, ils ont tenté de se cacher de ses regards afin qu’il ne soit pas au courant de leurs intentions. La veille de cette nuit Abou Bakr (r.a.) avait été informé de partir avec lui. Ils se sont rencontrés et tout deux ont quitté La Mecque en peu de temps. »

Selon le Messie Promis (a.s.), le Saint Prophète (s.a.w.) a quitté la maison le matin. Il déclare : « Aucun ennemi n’a vu le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) partir, tandis que c’était le matin et que tous les opposants avaient encerclé sa maison. Tout comme Dieu l’avait annoncé dans la sourate Ya Sin, il banda les yeux de tous et le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) passa devant eux à leur insu. »

En somme, il existe différents récits, mais le résultat est que les incroyants sont restés ignorants [de son départ].

Il existe également divers récits concernant la direction dans laquelle le Saint Prophète (s.a.w.) est parti lorsqu’il a quitté sa maison. D’après l’un des récits, il semble que le Saint Prophète (s.a.w.) et Abou Bakr (r.a.) ont respectivement quitté leurs maisons et se sont rencontrés en cours de route et se sont dirigés [ensemble] vers la grotte de Thawr. Selon un autre récit, le Saint Prophète (s.a.w.) a quitté sa maison et s’est dirigé vers la grotte de Thawr. Après un court instant, Abou Bakr (r.a.) est venu à la maison du Saint Prophète (s.a.w.) et ‘Ali (r.a.) l’a informé que le Saint Prophète (s.a.w.) était déjà parti, qu’il se dirigeait vers la grotte de Thawr et qu’il devait partir derrière lui. Donc Abou Bakr (r.a.) a suivi le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Ce récit semble très faible. Il laisse l’impression que le Saint Prophète (s.a.w.) a attendu Abou Bakr (r.a.) et que celui-ci est arrivé en retard, et de plus qu’Abou Bakr (r.a.) ignorait où le Saint Prophète (s.a.w.) s’était rendu et ‘Ali (r.a.) a dû l’en informer. Il est impossible qu’un événement aussi important et confidentiel que la migration ait eu lieu et Abou Bakr (r.a.), qui était extrêmement sage et responsable, fasse preuve d’une telle insouciance. Ainsi, les autres récits des recueils [d’histoire] semblent être plus exacts et plus logiques. Selon ces récits, le Saint Prophète (s.a.w.) a quitté sa maison et s’est rendu directement à la maison d’Abou Bakr (r.a.). De là, le Saint Prophète (s.a.w.) et Abou Bakr (r.a.) se sont rendus à la grotte de Thawr. A cette occasion, les deux filles fidèles et courageuses d’Abou Bakr (r.a.), ‘Aïcha (r.a.) et Asma (r.a.), ont rapidement préparé de la nourriture pour le voyage, qui comprenait de la viande de chèvre rôtie. En raison de la sensibilité de la situation et du manque de temps, elles n’ont rien trouvé pour attacher le sac en cuir de nourriture : alors, Asma (r.a.) a pris sa ceinture et l’a coupée en deux lamelles avec lesquelles elle a attaché la nourriture. Elle a utilisé une lamelle pour attacher le récipient de nourriture et l’autre pour fermer l’outre d’eau. Le Saint Prophète (s.a.w.) observait attentivement ces moments empreints d’amour et de fidélité et déclara : « Ô Asma ! En échange de cette ceinture, qu’Allah t’accorde deux ceintures au paradis. » Il s’agit de la ceinture qu’elle avait attachée autour de sa taille. En raison de cette parole du Saint Prophète (s.a.w.), Asma (r.a.) fut plus tard connue sous le nom de Dhat Al-Nitaqayn (celle possédant deux ceintures).

Pendant le voyage, le Saint Prophète (s.a.w.) récitait continuellement le verset suivant :

وَقُلْ رَبِّ أَدْخِلْنِي مُدْخَلَ صِدْقٍ وَأَخْرِجْنِي مُخْرَجَ صِدْقٍ وَاجْعَلْ لِي مِنْ لَدُنْكَ سُلْطَانًا نَصِيرًا

« Et dis : « Ô mon Seigneur, rends mon entrée une entrée empreinte de vérité et rends ma sortie une sortie empreinte de vérité. Et accorde-moi de Ta part un assistant puissant. »

De même, il récitait la prière suivante:

الحمد لله الذی خلقنی ولم اک شیئا اللهم اعنی علی هول الدنیا وبوائق الدهر ومصائب اللیالی والایام. اللهم اصحبنی فی سفری واخلفنی فی اهلي وبارک لی فیما رزقتنی ولک فذللنی وعلی صالح خلقی فقوّنی والیک ربی فحببنی والی الناس فلا تکلنی۔ انت رب المستضعفین وانت ربی اعوذ بوجهك الکریم الذی اشرکت لہ السماوات والارض وکشفت به الظلمات وصلح اليه الامر الاولین والاٰخرین ان یحل به غضبک او ینزل الی سخطک اعوذبک من زوال نعمتک وفجاة الحکمتک وتحول العاقبتک وجمیع سختطک۔ لک العقبی خیر ما سطعت ولا حول ولا قوة الا بک۔

« Toute louange appartient à Allah, qui m’a créé quand je n’étais rien. Ô Allah ! Accorde-moi de l’aide contre les peurs de ce monde, les afflictions de cette époque et les épreuves du jour et de la nuit. Ô Allah ! Sois mon Compagnon dans ce voyage et le Gardien de ma famille. Accorde des bénédictions dans ce que Tu m’as accordé et permets-moi de T’obéir. Permets-moi de rester ferme dans cet excellent état de création et de devenir le bien-aimé de mon Seigneur et ne laisse pas les gens m’atteindre. Tu es le Seigneur des faibles et Tu es aussi mon Seigneur. Je cherche refuge auprès de Ton noble visage qui a éclairé les cieux et la terre et qui a fait disparaître les ténèbres et a rectifié les affaires de ceux qui sont venus avant et après. Je cherche refuge pour ne pas encourir Ta colère et Ton mécontentement. Je cherche refuge auprès de Toi contre la diminution de Tes faveurs, de Ta vengeance soudaine et de tout changement dans Ton décret final à mon sujet. »

Selon le Charh Al-Zarqani, au lieu de تحول عاقبتک « [Je cherche refuge] contre tout changement dans Ton décret final à mon sujet », on trouve mention des mots suivants : تحول عافیتک « (Je cherche refuge) contre le déclin de Ta protection. »

« Et [je cherche refuge] contre Ton mécontentement. Et je recherche Ton plaisir dans chaque acte de vertu que j’accomplis. Il n’y a aucun moyen d’éviter le péché ou de force à faire le bien sans Toi. »

En passant derrière la Ka’bah, le Saint Prophète (s.a.w.) s’est tourné vers La Mecque et s’est adressé à la ville il a déclaré : « Par Allah ! Ô Mecque ! Tu m’es la plus chère d’entre les terres d’Allah et tu es aussi celle qu’Allah aime la plus parmi Ses terres. Si tes habitants ne m’avaient pas expulsé, je ne serais jamais parti. »

L’imam Al-Bayhaqi écrit que pendant le parcours vers la grotte de Thawr, parfois Abou Bakr (r.a.) marchait devant le Saint Prophète (s.a.w.), parfois derrière lui, parfois à sa droite et parfois à sa gauche.

Le Saint Prophète (s.a.w.) lui en a demandé la raison et il a répondu : « Quand je pense que quelqu’un pourrait venir d’en face, je me mets devant vous, et quand je crains que quelqu’un pourrait vous attaquer par derrière, je me place derrière vous, et parfois à votre droite, parfois à votre gauche, afin que vous soyez protégé de tous les côtés. »

Selon un récit, les pieds bénis du Saint Prophète (s.a.w.) ont été blessés sur le chemin montagneux vers la grotte de Thawr.

Selon un autre récit son pied béni a été blessé après avoir percuté une pierre. Lorsqu’ils ont atteint la grotte de Thawr, Abou Bakr (r.a.) a dit au Saint Prophète (s.a.w.) : « Restez-là, laissez-moi y entrer afin que je puisse bien nettoyer cette grotte, et enlever tout danger qui pourrait s’y trouver. » Il est entré et a nettoyé la grotte. Il a obstrué tous les trous et les terriers qui s’y trouvaient avec ses vêtements. Il a ensuite invité le Saint Prophète (s.a.w.) à entrer. On rapporte que le Saint Prophète (s.a.w.) s’était allongé en posant sa tête sur la cuisse de Abou Bakr (r.a.) qui avait posé son pied sur un trou qu’il n’a pu boucher par manque de tissu ou qu’il n’avait pas vu. Selon le récit un scorpion a piqué Abou Bakr (r.a.) ou un serpent l’a mordu à plusieurs reprises de ce trou, mais par peur de déranger le Saint Prophète (s.a.w.) pendant son repos Abou Bakr (r.a.) est resté immobile. Lorsque le Saint Prophète (s.a.w.) a ouvert ses yeux, il a vu que le teint du visage de Abou Bakr (r.a.) avait changé : il lui a demandé ce qu’il se passait. Abou Bakr (r.a.) lui a tout raconté. Le Saint Prophète (s.a.w.) a appliqué sa salive bénie à l’endroit où il a été mordu, et son pied est redevenu tout à fait normal. De l’autre côté, les Qouraychites de La Mecque assiégeaient la demeure du Saint Prophète (s.a.w.). En les voyant, un passant leur a demandé ce qu’ils faisaient. Lorsqu’ils l’en ont informé, il a déclaré : « Je viens de voir Muhammad passer dans les ruelles. » Ils se sont moqués de lui et ont déclaré : « Il se trouve à l’intérieur sur son lit, et nous le surveillons constamment. » Dès la nuit tombée, lorsque conformément à leur complot ils sont entrés soudainement et ont tiré la couverture, ils ont découvert que c’était ‘Ali (r.a.) qui dormait là. Lorsqu’ils lui ont demandé : « Où se trouve Muhammad ? » il a répondu : « Je l’ignore. » Sur ce les polythéistes l’ont réprimandé, l’ont frappé, puis l’ont relâché après l’avoir emprisonné pendant quelque temps.

Selon cette narration, étant furieux, ils ont réprimandé et battu ‘Ali (r.a.) et sont revenus, et ont commencé à rechercher le Saint Prophète (s.a.w.) dans toutes les rues et maisons de La Mecque. Ils se sont également rendus chez Abou Bakr (r.a.) où ils ont trouvé Asma (r.a.). Abou Jahal s’est avancé et lui a demandé : « Où se trouve ton père Abou Bakr ? » Elle a répondu : « J’ignore où il se trouve. » Sur ce, l’infâme Abou Jahal a levé sa main et a giflé si fortement Asma (r.a.) que sa boucle d’oreille s’est cassée et est tombée au sol, et ces gens sont repartis en colère. Après avoir échoué dans leurs recherches, ils ont envoyé des traqueurs expérimentés aux quatre coins hors de La Mecque. Le chef de La Mecque, Oumayyah Ibn Khalf, a emmené un pisteur expert avec lui ainsi que d’autres personnes, et ils sont partis dans une direction. Il ne fait aucun doute que ce pisteur était un expert. Son expertise méritait tous les éloges, car il était le seul traqueur qui avait pisté tous les pas du Saint Prophète (s.a.w.) jusqu’à l’entrée de la grotte de Thawr, et il a déclaré : « Les traces de pas de Muhammad s’arrêtent ici. Elles ne vont pas plus loin. »

Le ‘Allamah Al-Balâdhouri a mentionné que ce pisteur se nommait Alqamah Ibn Qourd et il a écrit qu’il avait accepté l’islam lors de la conquête de La Mecque. Ces gens parlaient, se tenant devant l’entrée de la grotte de Thawr, et les deux émigrés se trouvaient dans cette grotte et les écoutaient. Abou Bakr (r.a.) a même mentionné : « Je voyais leurs pieds, et par Dieu, si l’un d’entre eux avaient jeté un coup d’œil à l’intérieur nous aurions été découverts. » Mais en cette heure de danger et de détresse, ces deux personnes n’étaient pas seules, le troisième était ce Dieu Qui contrôle les Cieux et la Terre, et Qui est Omnipotent. D’un côté, avant l’arrivée des poursuivants Il avait fait pousser un arbre par son pouvoir miraculeux. Il a ordonné à une araignée de tisser une toile à l’entrée de la grotte, et Il a envoyé un couple de pigeons afin qu’ils y construisent leur nid et y avaient pondu. Ceci est rapporté dans le récit.

Je mentionnerai la prochaine fois Incha Allah comment Dieu l’Exalté a rassuré le Saint Prophète (s.a.w.) et comment par ordre divin celui-ci avait rassuré Abou Bakr (r.a.) après avoir vu toute cette scène.


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