Sermons 2022

Abou Bakr, le calife bien-guidé

Dans son sermon du 09 septembre 2022, Sa Sainteté le Calife a présenté plusieurs récits sur la vie du calife Abou Bakr (r.a.).

Sermon du vendredi 09 septembre 2022, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

Je vais présenter quelques incidents de la vie du Calife Abou Bakr (r.a.). Quand sa mort était proche, il a fait venir ‘Abdour Rahman Ibn ‘Awf et lui a demandé : « Quelle est ton opinion à propos d’Oumar ?  » ‘Abdour Rahman Ibn ‘Awf a répondu  : « Ô Calife du Prophète d’Allah ! Par Allah ! ‘Oumar est bien meilleur que l’opinion que vous avez de sa personne, sauf qu’il est dur de tempérament.  » Le Calife Abou Bakr (r.a.) a répondu  : « Il est dur tout simplement parce qu’il constate en moi de l’indulgence. Si on lui confie l’Emirat, il abandonnera nombre de ses anciennes habitudes. Car si je suis sévère envers untel, il tente d’intercéder en sa faveur auprès de moi ; si je suis indulgent envers un autre, il me recommande d’être sévère envers lui.  »

Ensuite, Abou Bakr a convoqué ‘Outhman Ibn ‘Affan et l’a questionné à propos d’Oumar. ‘Outhman Ibn ‘Affan a dit  : « Son état intérieur est meilleur que son état extérieur. Il n’y a personne d’égal à lui parmi nous.  » Sur ce, Abou Bakr a dit à ces deux compagnons  : « Ne dévoilez à personne ce que je vous ai dit. Si je ne choisis pas ‘Oumar, je ne choisirai pas un autre, sauf ‘Outhman. ‘Oumar fera preuve de justice dans vos affaires. Je souhaite être soulagé de la charge qui vous concerne ; et que je sois parmi vos devanciers.  »

Talhah Ibn ‘Oubaydillah a visité Abou Bakr durant ses jours de maladie et lui a dit  : « Vous avez nommé ‘Oumar Calife en dépit du traitement qu’il inflige aux gens en votre présence ! Quelle sera la situation lorsqu’il sera seul au pouvoir, lorsque vous partirez à la rencontre de votre Seigneur et qu’Il vous questionnera concernant vos responsabilités de dirigeant ?  » Abou Bakr de répondre  : « Redresse-moi afin que je puisse m’asseoir.  » Quand il s’est assis, Abou Bakr (r.a.) lui a demandé  : « Cites-tu le nom d’Allah afin de m’effrayer ? Quand je rencontrerai mon Seigneur et qu’Il me questionnera, je Lui répondrai que j’ai nommé Calife le meilleur de Ses serviteurs.  »

En citant des recueils d’histoire, le Mouslih Maw’oud (ra) explique  : « Quand le Calife Abou Bakr (r.a.) était sur le point de rendre l’âme, il a demandé aux compagnons qui [des leurs] nommer Calife après lui. La majorité des compagnons étaient en faveur d’Oumar (r.a.) tandis que certains pensaient qu’il était trop strict et avaient peur qu’il ne soit trop sévère envers le peuple.  »

Le Calife Abou Bakr (r.a.) a répondu  : « Il était strict tant qu’il n’avait pas de responsabilité. Quand on lui confiera une charge, sa sévérité sera confinée à ce qui est juste.  »

Tous les compagnons étaient dès lors d’accord avec le choix d’Oumar [comme] Calife. Étant donné que la santé d’Abou Bakr (r.a.) s’était détériorée, avec le soutien d’Asma, son épouse, il est venu à la mosquée, traînant les pieds et les mains tremblantes ; et il s’est adressé à tous les musulmans  : « J’ai médité plusieurs jours sur celui qui me succédera comme Calife après mon décès. Après mûre réflexion et de longues prières, j’ai décidé de proposer le nom d’Oumar comme Calife. Ainsi donc, ‘Oumar sera Calife après moi.  »

Tous les compagnons et les autres ont accepté ce choix ; et après le décès d’Abou Bakr (r.a.), [les musulmans] ont prêté allégeance à ‘Oumar.  »

Le Mouslih Maw’oud (ra) répond à l’objection quant à la nomination d’Oumar (r.a.). Il déclare  : « On dit que c’est le peuple qui élit le Calife. Pourquoi en ce cas le Calife Abou Bakr (r.a.) avait-il nommé Oumar [comme son successeur] ? La réponse est qu’il ne l’a pas nommé arbitrairement. Les [récits] prouvent qu’il avait au préalable demandé conseil aux compagnons. La seule différence est que les autres Califes ont été élus après le décès de leur prédécesseur. ‘Oumar (r.a.) quant à lui a été nommé du vivant du Calife Abou Bakr (r.a.). Or celui-ci ne s’est pas contenté de prendre l’avis d’une poignée de compagnons pour annoncer qu’Oumar (r.a.) sera le prochain Calife. En dépit de la gravité de sa maladie et de sa faiblesse extrême, il s’est rendu à la mosquée avec le soutien de son épouse. Il a dit à l’assistance  : « Ô Gens ! Après avoir demandé conseil aux compagnons, j’ai choisi ‘Oumar comme mon successeur. Êtes-vous d’accord avec ce choix ?  » Tout le monde a exprimé son approbation. Ainsi, c’était là une forme d’élection.  »

Voici d’autres détails à propos de la maladie d’Abou Bakr (r.a.) et de ses dernières volontés. Le recueil d’Al-Tabari évoque en ces termes la maladie et la mort d’Abou Bakr (r.a.). Voici donc la raison de sa maladie selon Al-Tabari. Il avait pris un bain le lundi 7 du mois de Jamadil-Akhir. Il faisait très froid ce jour-là et il a attrapé une fièvre qui a duré 15 jours, tant et si bien qu’il ne pouvait même pas sortir pour prier. Selon ses instructions, ‘Oumar (r.a.) dirigeait les prières. Les gens venaient le visiter mais sa situation s’est détériorée au fil des jours. À l’époque, le Calife Abou Bakr (r.a.) logeait dans la maison que le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) lui avait offerte et qui était située devant celle d’Outhman Ibn ‘Affan. Durant ses jours de maladie, c’était Outhman qui venait le visiter le plus souvent. Sa maladie a duré 15 jours. Quelqu’un lui a conseillé de consulter un médecin. Il a répondu  : « Il m’a déjà examiné.  » On lui a demandé  : « Qu’a-t-il dit ?  » Il a répondu  : « Je fais ce que je souhaite.  »

Selon un autre récit quand le Calife Abou Bakr (r.a.) est tombé malade, on lui a demandé s’il était nécessaire d’appeler un médecin. Il a répondu  : « Il m’a examiné et a déclaré  : « Je fais ce que je souhaite.  » En tout cas, il voulait dire : Dieu a décidé de m’appeler et ce n’est pas la peine d’appeler un médecin.

Le Calife Abou Bakr (r.a.) est décédé le mardi 22 du mois Jamadil-Akhir de l’an 13 de l’Hégire, à l’âge de 63 ans. Son califat a duré 2 ans, 3 mois et 10 jours. Ses dernières paroles étaient ce verset du Coran  :


تَوَفَّنِي مُسْلِمًا وَأَلْحِقْنِي بِالصَّالِحِينَ

« Fais-moi mourir dans un état de soumission et rassemble-moi avec les justes. »

Ceci était inscrit sur la bague d’Abou Bakr (r.a.)  : « Allah est certainement Tout-Puissant.  »

‘Aïcha relate  : « Le Calife Abou Bakr (r.a.) a déclaré  : « Après mes funérailles, veuillez voir si tout [objet appartenant à l’État] a été retourné.  » Il avait au préalable tout confié à ‘Oumar (r.a.) « S’il en reste, il faut le retourner à ‘Oumar.  »

Il a conseillé ceci à propos de son enterrement. « Lavez les vêtements que je porte et servez-vous-en en guise de linceul avec d’autres tissus.  » Aïcha lui a dit  : « Ces vêtements sont vieux. Les linceuls doivent être tout neufs.  » Il a répondu  : « Comparé au mort, le vivant à plus de droits aux vêtements neufs.  »

‘Aïcha relate  : « Il souhaitait que son épouse Asma Bint Oumays lave sa dépouille. ‘Abdour Rahman, le fils d’Abou Bakr (r.a.), l’a aidé. Son linceul comprenait deux morceaux de tissu, dont l’un utilisé pour laver sa dépouille. Selon un autre récit son linceul comprenait trois morceaux de tissus. Ensuite sa dépouille a été placée sur le lit du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) – le lit sur lequel dormait ‘Aïcha (r.a.). La dépouille du Calife Abou Bakr (r.a.) a été transportée dessus. Et le Calife ‘Oumar (r.a.) a placé sa dépouille entre la tombe du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et la chaire de la mosquée pour diriger sa prière funéraire. Il a été enterré la même nuit dans la chambre accueillant la tombe de l’Envoyé d’Allah (s.a.w). La tête du Calife Abou Bakr (r.a.) a été alignée à l’épaule de l’Envoyé d’Allah (s.a.w).

Au moment de l’inhumation, ‘Oumar Ibn Al-Khattâb, ‘Outhman Ibn ‘Affân, Talhah Ibn ‘Oubaydillah et ‘Abdour-Rahman Ibn Abi Bakr (r.a.) sont descendus dans la tombe et l’ont enterré. Selon Ibn Chahab, ‘Oumar a enterré Abou Bakr (r.a.) durant la nuit. Salim Ibn ‘Abdillah rapporte de son père que la cause de la mort d’Abou Bakr (r.a.) Al-Siddîq était le chagrin causé par la mort du Messager d’Allah (s.a.w.) car après cette tragédie, il a faibli physiquement de jour en jour, jusqu’à sa mort. Selon certains biographes un repas empoisonné par un juif serait la cause de sa mort. Mais généralement les biographes ont rejeté ce récit.

‘Aïcha raconte  : « Quand Abou Bakr (r.a.) a senti que sa fin était proche, il a demandé : « Quel jour sommes-nous ?  » Les gens ont répondu  : « Lundi.  » Abou Bakr (r.a.) a déclaré : « Si je meurs aujourd’hui, n’attendez pas demain, car j’aime le jour ou la nuit qui est plus proche du Messager d’Allah.  » C’est-à-dire qu’il souhaitait être enterré le même jour. Abou Bakr (r.a.) a donné ces instructions à propos des biens qu’il a légués en héritage  : « Réglez les parts de l’héritage selon aux règles coraniques.  » »

Selon un récit, il aurait légué un cinquième de sa fortune à des parents qui n’étaient pas des héritiers.

Voici les détails au sujet des épouses et des enfants d’Abou Bakr (r.a.). Il avait quatre épouses. La première était Qoutaylah Bint ‘Abdil-‘Ouzza. Il y a désaccord sur sa conversion à l’islam. Elle était la mère d’Abdoullah et d’Asma. Le Calife Abou Bakr (r.a.) avait divorcé d’elle à l’époque de l’ignorance. Une fois, elle a apporté du beurre clarifié et du fromage à Asma à Médine. Mais Asma a refusé d’accepter ce cadeau et ne lui a même pas permis d’entrer dans la maison. Elle a demandé à ‘Aïcha de s’enquérir à ce sujet auprès du Messager d’Allah (s.a.w.). Elle a dit à ‘Aïcha de l’informer que sa mère est venue et qu’elle a apporté un cadeau. « Je ne l’ai pas laissée entrer dans la maison. Quelle est l’instruction du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) à ce propos ?  » L’Envoyé d’Allah (s.a.w) de répondre  : « Laisse-la visiter la maison et accepte son cadeau.  »

La deuxième épouse était Oumm Roummân bint ‘Âmir. Elle appartenait à la tribu des Banou Kinana Ibn Khouzaymah. Son premier mari, Harith Ibn Soukhbara, est décédé à La Mecque. Par la suite, elle s’est mariée à Abou Bakr (r.a.). Elle était parmi les premiers musulmans ; elle avait prêté allégeance au Messager d’Allah (s.a.w.) et avait émigré à Médine. Elle a donné naissance à ‘Abdour Rahman et ‘Aïcha. Elle est morte à Médine en l’an 6 de l’Hégire. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) en personne est descendu dans sa tombe et a prié pour son pardon.

La troisième épouse était Asma bint Oumays Ibn Ma’bad Ibn Harith. Son surnom est Oumm ‘Abdillah. Elle avait accepté l’islam et prêté allégeance à l’Envoyé d’Allah (s.a.w) avant que les musulmans n’entrent à Dar Al-Arqam. Elle était un des premiers migrants. Elle a d’abord émigré en Abyssinie avec son mari, Ja’far Ibn Abi Tâlib, et de là elle s’est rendue à Médine en l’an 7 de l’Hégire. Jafar est tombé en martyr lors de la bataille de Mou’ta en l’an 8 de l’Hégire ; elle s’est alors mariée à Abou Bakr (r.a.) et a donné naissance à Muhammad Ibn Abi Bakr.

La quatrième épouse était Habibah bint Kharijah Ibn Zayd Ibn Abi Zouhayr. Elle appartenait à la branche Khazraj des Ansâr. Abou Bakr (r.a.) vivait avec elle à Souna, une banlieue de Médine. Elle a donné naissance à Oumm Koulthoum, la fille d’Abou Bakr (r.a.). Celle-ci est née quelque temps après la mort d’Abou Bakr (r.a.).

Parmi les enfants se trouvaient quatre fils et trois filles. Le premier enfant, ‘Abdour-Rahman Ibn Abi Bakr (r.a.), était le fils aîné d’Abou Bakr (r.a.). Il est devenu musulman le jour de Houdaybiyyah et est ensuite resté fidèle à l’islam. Il a partagé la compagnie de l’Envoyé d’Allah (s.a.w). Il était très connu pour sa bravoure. Après avoir accepté l’islam, il avait eu une attitude admirable.

Le deuxième fils était ‘Abdoullah Ibn Abi Bakr (r.a.). Celui-ci avait joué un rôle important à l’occasion de la migration du Prophète à Médine. Il avait l’habitude de passer toute la journée à La Mecque et de recueillir les informations sur les habitants de La Mecque, puis la nuit, il partait secrètement à la grotte et annonçait la nouvelle à l’Envoyé d’Allah (s.a.w) et à Abou Bakr (r.a.). Ensuite, il retournait à La Mecque dans la matinée. Une flèche l’avait blessé lors de la bataille de Taïf  : la blessure n’avait pas guéri, causant sa mort durant le califat d’Abou Bakr (r.a.).

Muhammad Ibn Abi Bakr (r.a.) était le troisième fils. Il est né d’Asma bint Oumays. Sa naissance a eu lieu à Dhou’l-Hilafa à l’occasion du pèlerinage d’adieu. Il a été élevé dans le giron d’Ali et celui-ci l’a nommé gouverneur de l’Égypte à son époque. Il a été tué là-bas. Dans certains récits, son nom est également mentionné parmi ceux qui ont assassiné le Calife ‘Outhman et ce serait pourquoi il avait été tué. Dieu seul sait la vérité.

Le quatrième enfant était Asma bint Abi Bakr (r.a.). Elle était connue sous le nom de Dhât Al-Nitâqayn. Elle était plus âgée qu’Aïcha (r.a.). L’Envoyé d’Allah (s.a.w) lui a accordé le titre de Dhât Al-Nitâqayn parce qu’au moment de l’Hégire, elle avait préparé des provisions pour l’Envoyé d’Allah (s.a.w) et son père. N’ayant pas trouvé de corde, elle avait coupé sa ceinture pour attacher les provisions. Elle a attaché la nourriture avec sa ceinture. Elle s’est mariée avec Zoubayr Ibn Al-‘Awwam et a émigré à Médine lorsqu’elle était enceinte. Après l’Hégire, elle a donné naissance à ‘Abdoullah Ibn Zoubayr qui était le premier enfant né après la migration. Asma a vécu jusqu’à cent ans et est morte à La Mecque en soixante-treize Hijri.

Le cinquième enfant était Oumm Al-Mou’minîn, ‘Aïcha bint Abi Bakr (r.a.). Elle était l’épouse de l’Envoyé d’Allah (s.a.w). Elle était la plus grande érudite parmi les femmes. Le Messager d’Allah (s.a.w) lui a donné le surnom d’Oumm ‘Abdillah. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) avait un amour exemplaire pour elle. L’Imam Cha’bi déclare que lorsque Masrouq racontait un hadith d’Aïcha, il disait  : « Ceci m’a été rapporté par la Siddîqah bint Al-Siddîq, qui est la bien-aimée du bien-aimé d’Allah et dont l’innocence a été révélée par Allah.  »

Elle est morte à l’âge de soixante-trois ans en l’an 57 de l’Hégire. Selon un récit, elle serait décédée en l’an cinquante-huit de l’Hégire.

Le sixième enfant était Oumm Kouthoum bint Abi Bakr (r.a.). Habibah bint Kharija Al-Ansariyyah était sa mère. Au moment de sa mort, le Calife Abou Bakr (r.a.) a dit à ‘Aïcha : « Ces [biens] sont tes deux frères et tes deux sœurs.  » ‘Aïcha a dit  : « Je connais ma sœur Asma. Mais qui est mon autre sœur ?  » Abou Bakr (r.a.) a déclaré  : « Celle qui dans le ventre de la fille de Kharija.  » C’est-à-dire l’enfant qui naîtra sera une fille. Il a déclaré  : « J’ai le pressentiment qu’elle donnera naissance à une fille.  » Il en fut ainsi. Oumm Koulthoum est née après la mort d’Abou Bakr (r.a.). Oumm Koulthoum s’est mariée à Talhah Ibn ‘Oubaydillah qui est tombé en martyr lors de la bataille du Chameau. Selon certains récits, une fille d’Abou Bakr (r.a.) s’était mariée à Bilal. On dit que cette fille était issue du premier mari de l’une de ses quatre épouses.

Voici [des détails] sur [sa] gestion des affaires de l’État. Lorsqu’Abou Bakr (r.a.) était confronté à une question et quand il avait besoin de conseils et l’opinion des gens avisés et s’il souhaitait consulter les jurisconsultes, il invitait ‘Oumar, ‘Outhman, ‘Ali, ‘Abdour-Rahman Ibn ‘Awf, Mou’adh Ibn Jabal, Oubay Ibn Ka’b et Zayd Ibn Thabit parmi les Mouhajirîn et les Ansâr. Parfois, il invitait les Mouhajirîn et les Ansâr en plus grand nombre.

Le Mouslih Maw’oud (ra) commenté sur l’énoncé « Wa châwir-houm  » (demande-leur conseil). Il déclare  : « Réfléchissez à propos de cet énoncé. L’on en déduit que celui qui demande conseil est un et pas deux, et ceux qui doivent être consultés doivent être trois ou plus de trois. Ensuite, l’intéressé doit méditer sur ce conseil. Puis, l’ordre est « Fa idhâ ‘azamta fatawakkal ‘al-Allâh  » Ayant pris sa décision, il doit l’appliquer sans se soucier de quiconque.  » C’est-à-dire, celui qui demande conseil doit le prendre en considération et prendre sa décision après avoir tout analysé et ne se soucier de quiconque.

Le Mouslih Maw’oud (ra) explique  : « Il existe un bon exemple de cette détermination à l’époque du Calife Abou Bakr (r.a.). Quand les gens ont commencé à apostasier, on lui a conseillé de ne pas envoyer l’armée qui allait partir sous le commandement d’Oussamah. Mais Abou Bakr (r.a.) a répondu  : « Je ne peux pas faire retourner l’armée que l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a lui-même expédiée. Le fils d’Abou Qahafa ne détient pas cette autorité.  » Mais il a aussi maintenu [à Médine] certains [d’entre eux]. ‘Oumar (r.a.) était inclus dans cette armée et le Calife Abou Bakr (r.a.) l’a tout de même retenu.

Ensuite, certains ont conseillé au Calife Abou Bakr (r.a.) n’exempter aux rebelles le paiement de la Zakat pour qu’ils ne sombrent pas dans l’apostasie. Le Calife Abou Bakr (r.a.) a répondu  : « Si [ces tribus] offraient à l’Envoyé d’Allah (s.a.w) ne serait-ce qu’une corde pour attacher un chameau, je la prendrais moi aussi, et si vous me quittez tous et allez rejoindre les apostats avec les bêtes de la forêt, tout seul, je les combattrai tous.  »

Ceci est la quintessence de la détermination. Telle était la détermination d’Abou Bakr (r.a.). Les conseils des autres étaient différents [de son opinion], mais que s’est-il passé ? Suite à l’exemple de détermination qu’il a démontré, Dieu a ouvert la porte des victoires. Quand on craint Dieu, la peur de la création n’a pas d’influence.  » Telle est la réalité de l’office du Califat.

Voici les détails sur l’établissement du Bayt Al-Mâl. À l’époque du Saint Prophète (s.a.w.), celui-ci distribuait devant tout le monde dans la mosquée les avoirs provenant des butins, du khoums et de la Zakat. On peut dire donc que la trésorerie existait au cours du vécu du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.). Cependant, en raison des conquêtes sous le règne d’Abou Bakr (r.a.), en sus des autres fonds, les revenus du butin et de la Jizya ont également commencé à augmenter. Le Calife Abou Bakr (r.a.) a ressenti le besoin d’établir une trésorerie, afin de conserver ces avoirs jusqu’à ce qu’ils soient distribués et dépensés. Il a donc alloué une maison suite aux conseils des grands compagnons. Mais ce Bayt Al-Mâl est demeuré nominal, car Abou Bakr (r.a.) a toujours tenté de distribuer tout bien en nature et en espèces dès son arrivé. Selon certains récits, la responsabilité du département des finances était confiée à Abou ‘Oubaydah. Au début, Abou Bakr (r.a.) a construit le Bayt Al-Mâl dans la vallée de Souna, et aucun garde n’a été désigné pour le protéger.

Souna est un lieu situé dans la banlieue de Médine à environs 4 kilomètres de la mosquée du Prophète (s.a.w.).

Une fois, quelqu’un lui a suggéré de nommer un garde pour protéger le Bayt Al-Mâl. Il a répondu  : « Un cadenas suffit pour le protéger. Car tout ce qui a été collecté au trésor a été distribué. » Il demeurait souvent vide. Lorsque le Calife a déménagé à Médine, il a déplacé la trésorerie dans sa maison. Il avait l’habitude de distribuer les biens du Bayt Al-Mâl aux gens jusqu’à ce qu’il soit vide et il offrait des parts égales à tout le monde. Il achetait des chameaux, des chevaux et des armes avec ces mêmes biens et les distribuait dans la voie d’Allah. Une fois, il a acheté des tissus à des Bédouins et les a distribués aux veuves de Médine. Il l’aura certainement fait plusieurs fois, mais on n’en trouve qu’une seule mention dans les récits.

Voici les détails concernant l’allocation du Calife Abou Bakr (r.a.) prélevée du Bayt Al-Mâl. Quand Abou Bakr (r.a.) a été élu Calife, son allocation était prélevée du Bayt Al-Mâl pour répondre à ses besoins. ‘Aïcha raconte  : « Quand Abou Bakr Al-Siddiq (r.a.) est devenu Calife, il a dit  : « Mon peuple sait que j’arrivais à nourrir ma famille grâce aux revenus de ma profession. » C’est-à-dire, je subvenais confortablement aux besoins de mon foyer. « Mais à présent je suis engagé dans le travail des musulmans. À présent la famille d’Abou Bakr (r.a.) sera soutenue par le Bayt Al-Mâl. » C’est-à-dire qu’Abou Bakr (r.a.), fera du commerce pour les musulmans grâce aux avoirs de la Trésorerie et augmentera ainsi leur richesse. Ainsi, les musulmans lui ont fixé une allocation annuelle de six mille dirhams. Certains disent qu’il avait accepté uniquement ce dont il avait besoin. Il était le premier chef d’État dont les sujets ont approuvé les dépenses.

Selon un récit lorsqu’Abou Bakr (r.a.) a été nommé Calife, un matin, il se rendait au marché. Il portait sur les épaules les vêtements qu’il mettait en vente. Il a croisé ‘Oumar Ibn Al-Khattâb et Abou ‘Oubaydah Ibn Al-Jarrâh. Ils ont demandé  : « Ô Calife du Messager d’Allah ! Où partez-vous ?  » Il a répondu  : « Je me rends au marché.  » Ils lui ont dit : « Pourquoi donc ? Vous êtes le responsable des affaires des musulmans.  » Il a répondu  : « Comment vais-je nourrir ma famille ?  » Ils l’ont emmené en disant  : « Nous allons vous allouer une part.  » Ils lui ont fixé une allocation annuelle de trois mille dirhams.

Selon certains récits, son allocation aurait été fixée à six mille dirhams comme mentionné précédemment. Selon d’autres, il avait reçu en tout six mille dirhams au cours de son califat. De même, toutes les biographies sont unanimes que bien qu’Abou Bakr (r.a.) ait prélevé une allocation du Bayt Al-Mâl pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille, il a rendu toute cette somme moment de sa mort. Quand sa fin était proche, le Calife Abou Bakr (r.a.) a demandé [à ses proches] de vendre une parcelle de terre et que la recette soit versée au Trésor public pour rembourser la somme qu’il y avait prélevé pour ses dépenses personnelles. Selon un autre récit, lorsque sa fin était proche, il dit à Aicha  : « Depuis que j’ai été élu Calife, je n’ai dépensé sur moi aucun denier public  : je me suis contenté de repas et de vêtements simples. Voici ce qui appartient aux butins des musulmans  : un esclave, un chameau et un manteau. Après ma mort, envoyez tout cela à ‘Oumar.  » ‘Aïcha relate : « Quand il est décédé, je les ai envoyés à ‘Oumar, qui a commencé à pleurer en les voyant, tant et si bien que ses larmes tombaient au sol. Il disait : « Qu’Allah ait pitié d’Abou Bakr (r.a.) ! Il a mis en difficulté ses successeurs.  »

Quand Abou Bakr (r.a.) est décédé, ‘Oumar (r.a.) a appelé quelques compagnons et a examiné le Bayt Al-Mâl. Il ne contenait rien, même pas un sou. Tout avait été distribué.

Le Calife a aussi établi le tribunal d’arbitrage. Bien que ce département n’avait pas été officiellement institué sous le règne d’Abou Bakr (r.a.), il a confié cette responsabilité à ‘Oumar (r.a.). Selon un récit, quand Abou Bakr (r.a.) est devenu Calife, ‘Oumar a déclaré : « J’effectuerai les services judiciaires en votre nom.  » ‘Oumar a attendu un an, mais pendant cette période, même deux personnes ne lui ont pas présenté leur différend. Il n’y avait pas de disputes ou de litiges. Il y avait très peu de cas. Même si un cas se présentait, Abou Bakr (r.a.) prenait du temps pour le résoudre. ‘Oumar (r.a.) était le chef du tribunal d’arbitrage et les compagnons suivants étaient nommés pour l’aider  : ‘Ali, Mou’adh Ibn Jabal, Oubay Ibn Ka’b, Zayd Ibn Thabit et ‘Abdoullah Ibn Mas’oud.

‘Oumar (r.a.) relate : « À cette époque, il y avait une telle paix et un tel degré d’honnêteté que des mois durant même pas deux individus ne venaient me voir pour résoudre leur litige. »

Voici les détails concernant le département de la jurisprudence. De nouvelles tribus et communautés entraient dans le giron de l’islam et de nouveaux problèmes jurisprudentiels se présentaient. Alors, Abou Bakr (r.a.) a créé le département d’Iftâ (jurisprudence) pour l’orientation des musulmans ordinaires. Il a nommé ‘Oumar, ‘Outhman, ‘Ali, ‘Abdour-Rahman Ibn ‘Awf, Oubay Ibn Ka’b, Mou’adh Ibn Jabal et Zayd Ibn Thabit pour émettre des fatwas car ces illustres personnages se distinguaient des autres en termes de réflexion sur la religion, de connaissances et de raisonnement. Selon un récit, ‘Abdoullah Ibn Mas’oud faisait également partie des compagnons qui ont émis des fatwas. Personne d’autre n’était autorisé à émettre des décrets religieux à part eux.

Un historien a commenté sur le secrétariat [du Calife]. Il déclare  : « Dans le langage moderne, le scribe devrait être appelé le secrétaire de l’État, c’est-à-dire celui qui consigne les comptes-rendus des rencontres. À l’époque du califat d’Abou Bakr (r.a.), il n’y avait pas de secrétariat, mais certains individus étaient assignés à la rédaction de décrets officiels, à l’élaboration de traités et à d’autres œuvres écrites. ‘Abdoullah Ibn Arqam a été affecté au service de l’écriture dès l’ère du Prophète. Ce service lui a également été confié à l’ère du Calife Abou Bakr (r.a.).

Selon un récit, au cours du califat d’Abou Bakr (r.a.), Zayd Ibn Thabit a pris en charge ce département du secrétariat. Parfois d’autres compagnons, à l’instar d’Ali ou d’Outhman, assumaient également cette responsabilité.

Voici les détails sur le département de l’armée. Aucun système militaire régulier n’existait durant l’ère d’Abou Bakr (r.a.). À l’époque du Jihad, tout musulman était un combattant de fait. L’armée était répartie selon les tribus. Le commandant de chaque tribu était différent et tous étaient sous un commandant-en-chef, un poste institué par le Calife Abou Bakr (r.a.). Abou Bakr (r.a.) a établi un système pour la fourniture de matériel de guerre. Une partie raisonnable des revenus provenant de diverses sources était prélevée pour les dépenses militaires, dont l’achat des armes et des bêtes de somme. Par ailleurs, certains pâturages étaient réservés à l’élevage des chameaux et des chevaux du jihad.

Un biographe écrit que le système militaire d’Abou Bakr (r.a.) était plus proche de la méthode bédouine prévalant au sein des tribus arabes avant même l’époque du Prophète. À l’époque, l’État n’avait pas d’armée régulière, mais chaque individu se présentait pour le service militaire. Lorsqu’une bataille était déclarée, les tribus prenaient leurs armes et marchaient vers l’ennemi. Les tribus ne dépendaient pas de l’État central pour les fournitures et les armes, mais géraient tout elles-mêmes. Elles ne recevaient pas de salaire de l’État, mais considéraient le butin comme le salaire de leur service. Les quatre cinquièmes du butin obtenu sur le champ de bataille étaient répartis entre les combattants et un cinquième était envoyé dans la capitale au Calife, qui le déposait dans la Trésorerie. Les dépenses mineures de l’État étaient couvertes par ce Khoums.

Le Calife a donné des instructions aux commandants-en-chef lors des batailles. Selon [les chroniques], Abou Bakr (r.a.) donnait des instructions aux généraux et aux commandants qui partaient en guerre. S’adressant à l’armée d’Oussama, Abou Bakr (r.a.) a déclaré  : « Je vous conseille d’être conscients de dix choses. Ne soyez pas malhonnêtes ; ne volez pas le butin de guerre ; ne violez aucun pacte ; ne mutilez pas les morts ; ne tuez aucun enfant, aucune personne âgée, ni aucune femme ; ne coupez pas de palmiers dattiers et ne les brûlez pas ; ne coupez pas les arbres fruitiers ; et n’abattez aucune chèvre, vache ou chameau, sauf ce que vous consommez. Vous rencontrerez certainement ceux qui se sont consacrés au culte dans les églises  : ne les touchez pas. (C’est-à-dire ne touchez pas les moines.) Vous rencontrez d’autres qui vous offriront toutes sortes de provisions dans leurs récipients. Mangez-en au nom d’Allah. Vous allez aussi rencontrer un peuple de gens qui se sont rasés le milieu de la tête et qui ont laissé des mèches de cheveux sur les côtés. Vous devrez utiliser vos épées pour les combattre.  » Car ces gens incitaient les autres à se battre contre les musulmans. « Partez maintenant au nom de Dieu, et puisse-t-Il vous protéger de tous types de blessures et contre toutes formes de maux et de peste.  »

De même, le Calife Abou Bakr (r.a.) a prodigué des conseils à Yazid Ibn Abi Soufyan lorsqu’il partait en Syrie pour se battre. J’en ai fait mention dans le passé, dans un précédent sermon. Je vais brièvement présenter certains points importants qu’aucun responsable [de la communauté] ne doit oublier.

Le Calife Abou Bakr (r.a.) lui a dit  : « Je t’ai nommé gouverneur pour te tester, te faire sortir et te former. Si tu t’acquittes bien de tes fonctions, je te renommerai à ton poste et te donnerai une nouvelle promotion. Si tu es coupable de négligence, je te déposerai. Crains Allah. Il voit ton for intérieur tout comme Il voit ton aspect extérieur. Parmi les gens, le plus proche de Dieu est celui qui est le plus digne d’amitié avec Dieu. La personne la plus proche de Dieu est celle qui est la plus proche de Lui par ses actions. […] Évite les préjugés de l’époque de l’ignorance  : Allah hait ces pratiques et ceux qui en sont coupables. Lorsque tu seras au sein de ton armée, traite-les bien. Sois bienveillant envers eux et promets-leur le bien. Quand tu leur prodigueras des conseils, sois bref, car on oublie beaucoup après de longs monologues. Rectifie ton ego et les gens se rectifieront.  » En effet, si le leader se réforme, ses subalternes en feront de même automatiquement.

« Accomplissez la Salât à l’heure en complétant les inclinaisons et les prosternations, et en faisant montre d’humilité. Il faudra aussi honorer les ambassadeurs de l’ennemi qui vous visitent. Leur séjour dans votre camp doit être bref et ils doivent quitter les lieux rapidement, afin qu’ils ignorent tout de votre armée. Il ne faut pas les informer à propos de vos activités  : il faut leur parler brièvement ; et empêchez votre peuple de leur parler.  »

Il ne faut pas les laisser libres dans le camp. Ils doivent parler uniquement à leurs interlocuteurs désignés et ne pas s’immiscer dans la masse.

« Lorsque vous leur parlez vous-mêmes, ne révélez pas vos secrets. » Il faut être très vigilant quand on parle aux ambassadeurs. « Lorsque vous demandez conseil à quelqu’un, dites la vérité et vous obtiendrez de bons conseils. Ne cachez pas vos informations au conseiller, sinon vous souffrirez de vos propres mains.  »

Comment le leader, le responsable et le commandant peut-il récolter les informations de la journée ? Il lui a dit  : « Parlez à vos amis la nuit  : vous obtiendrez de nombreuses nouvelles et collecterez des informations ; et des choses cachées vous seront révélées. Il faut souvent faire des inspections sans préavis.  » Le contrôle est aussi nécessaire.

« Disciplinez bien celui qui est négligent à son poste. Ne vous précipitez pas pour punir et n’ignorez pas non plus les punitions. Ne négligez pas votre armée et ne la déshonorez pas en l’espionnant. Ne partagez pas les secrets des soldats avec les autres. Ne vous asseyez pas avec les fainéants. Soyez en compagnie des véridiques et des fidèles. Ne soyez pas lâches sinon les gens deviendront eux aussi des lâches. Évitez toute malhonnêteté concernant le butin, car cela rapproche de la pauvreté et endigue la victoire et le triomphe.  »

Il y a de nombreux points que j’ai omis ici. Il s’agit de conseils importants non seulement aux commandants mais aussi aux responsables de la communauté. Ils ne doivent pas être négligents à cet égard et c’est là que leurs œuvres seront bénites.

J’ai présenté brièvement ces points ici afin d’en faire un rappel aux responsables.

Voici les détails de la division de l’empire islamique en différents États. Au cours du califat de Abou Bakr (r.a.), le royaume de l’islam a été divisé en différents États. Il avait nommé des chefs et des gouverneurs dans ces États. Médine était leur capitale et Abou Bakr (r.a.) y siégeait en tant que Calife. Voici la méthode de nomination des gouverneurs. Le Calife Abou Bakr (r.a.) suivait la Sounnah du Prophète (s.a.w.) en nommant un gouverneur dans une région – notamment s’il existait parmi eux des gens justes et pieux, il choisissait le gouverneur de parmi eux.

Il a nommé le gouverneur de Taïf et ceux d’autres tribus en suivant cette méthode. Quand il nommait un gouverneur, il consignait un acte pour son poste de gouverneur et spécifiait souvent le chemin qu’il devait emprunter pour atteindre cette région. Et il mentionnait les endroits par lesquels il devait passer en particulier lorsque la nomination concernait des zones qui n’avaient pas encore été conquises et échappaient au contrôle du califat islamique. Ces méthodes étaient assez évidentes lors de conquêtes de la Syrie et de l’Irak et les batailles contre les apostats. Parfois, il a fusionné certains États avec d’autres, surtout après avoir combattu les apostats. Ainsi, Ziyad Ibn Labîd, qui était le gouverneur de l’Hadramaout, a inclus Kinda sous sa supervision et par la suite, il a servi en tant que gouverneur et de l’Hadramaout et de Kinda.

À l’époque d’Abou Bakr (r.a.), l’ancienneté dans la conversion à l’islam était un critère de sélection des gouverneurs. Ceux qui avaient été formés directement par le Prophète avaient priorité. Ils étaient considérés en premiers. Si l’Envoyé d’Allah (s.a.w) avait désigné une personne pour une tâche, le Calife n’apportait aucun changement à cet égard.

À titre d’exemple, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) avait nommé Oussama commandant d’une armée  : par la suite, en raison de certaines considérations, plusieurs individus ont conseillé au Calife de nommer un aîné parmi les Compagnons à ce poste, mais il y a maintenu Oussama.

De même le Calife prenait en considération la personne qui avait profité le plus du Saint Prophète. C’est la raison pour laquelle souvent il confiait diverses responsabilités à ceux qui avaient embrassé l’islam avant la conquête de La Mecque. A cet égard, il n’a jamais été coupable de tribalisme ou de népotisme. C’est en résultat de ce principe strict et de cette norme élevée que les chefs et gouverneurs qu’il a nommés ont toujours utilisé leurs meilleures compétences pour servir l’islam et les musulmans.

Le Calife Abou Bakr Al-Siddiq (r.a.) a également respecté l’opinion de la population locale dans la nomination des gouverneurs. ‘Alâ Ibn Al-Hadrami était le gouverneur du Bahreïn à l’époque du Prophète. Plus tard, il a été muté ailleurs pour une raison quelconque. Ensuite, au cours du califat d’Abou Bakr (r.a.), le peuple de Bahreïn lui a demandé de leur renvoyer ‘Alâ. Sur ce, Abou Bakr (r.a.) a fait d’Alâ Ibn Al-Hadrami le gouverneur du Bahreïn et l’y a envoyé.

Il a également donné des instructions aux gouverneurs. Selon les récits, le Calife Abou Bakr (r.a.) donnait des instructions en personne à l’occasion de la nomination des gouverneurs. Selon le Târîkh Al-Tabari, il a conseillé ceci à ‘Amr Ibn Al-‘Âs et Walîd Ibn ‘Ouqbah  : « Craignez Dieu intérieurement et extérieurement. Quiconque craint Allah, Il ménage une issue pour lui et lui fournit une subsistance d’où il ne s’y attend pas. Quiconque craint Allah, Il pardonne ses péchés et lui accorde une récompense accrue. Adoptez la crainte de Dieu. Les meilleurs des serviteurs de Dieu sont ceux qui s’exhortent les uns les autres. Vous suivez l’une des voies de Dieu  : négliger ce qui est nécessaire à la force de votre religion et à la sécurité de votre gouvernement est un crime impardonnable. Ne soyez donc jamais coupables de paresse ou de négligence.  »

Al-Moustawrid Ibn Chaddâd relate  : « J’ai entendu l’Envoyé d’Allah (s.a.w) dire  : « Celui que je nomme gouverneur doit se contenter d’une épouse, et s’il n’a pas de serviteur, il doit en employer un. S’il n’a pas de maison où habiter, qu’il s’en trouve une.  » Al-Moustawrid a déclaré que Abou Bakr (r.a.) avait dit  : « Quiconque réclame davantage est un traître ou un voleur.  »

Comment les gouverneurs étaient-ils contrôlés ? Le Calife Abou Bakr (r.a.) surveillait leurs moindres mouvements. Étant donné qu’ils avaient profité de la proximité du Saint Prophète (s.a.w.), contrairement à ‘Oumar, Abou Bakr (r.a.) avait l’habitude de fermer les yeux sur leurs omissions mineures. Il gardait un œil sur ce qu’ils faisaient, mais pardonnait leurs écarts mineurs. Selon Al-Tabari, Abou Bakr (r.a.) n’a pas emprisonné ses gouverneurs et ses hommes. Mais si quelqu’un commettait une erreur, il lui donnait un avertissement approprié, quelle que soit sa position en termes de position. Lorsqu’il a appris que Al-Mouhajir Ibn Abi Umayyah avait arraché les dents d’une femme qui ridiculisait les musulmans, il a immédiatement écrit une lettre de réprimande à Al-Mouhajir Ibn Abi Umayyah. Même s’il avait su à propos de quelque lacune de Khalid Ibn Al-Walîd, il n’hésitait pas à le réprimander.

Le Calife Abou Bakr (r.a.) avait assigné différents devoirs et responsabilités aux gouverneurs et chefs nommés dans différentes régions, villes et villages. Les chefs et leurs adjoints avaient également des responsabilités financières. Ils collectaient la Zakat des riches de leur région et la distribuer aux pauvres et de prélever la Jizya des non-musulmans et la déposer au Bayt Al-Mâl. Ces responsabilités dataient du temps de l’Envoyé d’Allah (s.a.w). Les accords conclus sous le règne de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) ont été renouvelés. Le gouverneur du Najran a renouvelé l’accord entre l’Envoyé d’Allah (s.a.w) et le peuple de Najran parce que les chrétiens de cette région l’avaient exigé.

Les gouverneurs ont joué un rôle actif dans l’éducation religieuse du peuple dans leurs régions respectives et dans la prédication et la diffusion de l’islam. La plupart d’entre eux avaient l’habitude d’enseigner le Coran dans les mosquées, ainsi que les règles et les étiquettes islamiques. Cette responsabilité était considérée comme la plus importante aux yeux du Saint Prophète et de son Calife Abou Bakr (r.a.). C’est pourquoi les chefs et les gouverneurs d’Abou Bakr (r.a.) ont bien assumé cette responsabilité et l’ont bien exécutée. Un historien écrit ceci à propos de l’émir Ziyad Ibn Labîd nommé par Abou Bakr (r.a.) dans l’Hadramaout. Ziyad enseignait le Coran à de nombreuses personnes tout comme il le faisait avant d’être nommé gouverneur.

De même, ces gouverneurs ont joué un rôle très important dans le domaine de l’éducation et la formation et de la diffusion de l’islam dans leurs régions. Grâce à cette éducation, l’islam s’est renforcé dans les régions conquises et dans les régions apostates et rebelles. Cette éducation a eu un résultat important dans les zones dont les habitants s’étaient récemment convertis à l’islam et qui ignoraient les règles religieuses. Les centres importants de l’islam dont La Mecque, Taïf et Médine, disposaient aussi de précepteurs pour éduquer le peuple. Ils organisaient l’éducation et la formation. Tout cela était accompli sous l’égide du Calife ou de son émir ou ceux qui ont été spécialement nommés par le Calife pour l’éducation dans différentes zones s’acquittaient de ce devoir.

L’émir ou gouverneur de la région était directement responsable des affaires administratives de sa province. S’il devait partir en voyage, il nommait son adjoint qui s’occuperait des affaires administratives jusqu’à son retour. Un exemple de ceci est Al-Mouhajir Ibn Abi Umayyah, qui avait été nommé gouverneur de Kinda par le Saint Prophète. Après la mort du Prophète, Abou Bakr (r.a.) l’a maintenu à la même position. Al-Mouhajir n’a pas pu se rendre au Yémen en raison d’une maladie  : il est resté à Médine et a envoyé Ziyad Ibn Labîd à sa place pour exercer ses fonctions jusqu’à son rétablissement et son retour au Yémen. Le Calife Abou Bakr (r.a.) avait autorisé cette suppléance.

De même, quand il servait au poste de gouverneur en Irak, Khalid Ibn Al-Walîd nommait son adjoint jusqu’à son retour à Hira.

Incha Allah, je présenterai d’autres récits sur ce thème à l’avenir.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)

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