Sermons 2021

Abou Bakr, le bienfaiteur

Dans son sermon du 17 décembre 2021, Sa Sainteté le Calife a mentionné plusieurs nobles qualités d'Abou Bakr As-Siddiq (r.a.).

Sermon du vendredi 17 décembre 2021, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à la mosquée Moubarak, à Islamabad, Tilford au Royaume-Uni. Après le Tashahoud, le Ta’awudh et la Sourate Al-Fatiha, Sa Sainteté le Calife a déclaré :

J’évoquais les esclaves qu’Abou Bakr (r.a.) avait affranchis. Voici d’autres récits à ce propos. Abou Bakr (r.a.) avait affranchi Al-Nahdiyyah et sa fille. Toutes deux étaient les esclaves d’une femme des Banou ‘Abd Al-Dar. Abou Bakr (r.a.) est passé à côté d’elles : leur maîtresse les avait envoyés moudre du blé. Elle leur disait : « Par Allah ! Je ne vous libérerai jamais ! » Ou peut-être qu’elle jurait au nom d’une autre [divinité].

Abou Bakr (r.a.) lui a dit : « Ô mère d’untel ! Brise ta promesse ! » Elle a répliqué : « Va-t’en d’ici ! C’est bien toi qui les a corrompues ! Si tu te soucies tant d’elles, c’est à toi de les faire libérer. »

Abou Bakr (r.a.) a demandé : « Combien demandes-tu pour leur liberté ? » Elle a répondu : « Tant et tant. »

Abou Bakr (r.a.) a déclaré : « Je les ai prises ; et elles sont toutes deux libres. » Ensuite, il a dit aux deux femmes : « Retournez-lui sa farine. » Il a demandé aux deux femmes qui étaient esclaves de retourner à la femme la farine qu’elles partaient moudre. Elles ont répondu : « Ô Abou Bakr (r.a.) ! Sommes-nous à présent libérées de ce travail ? Devons-nous retourner cette farine ? » C’est-à-dire devons-nous compléter le travail et retourner la farine que nous avons moulue. Abou Bakr (r.a.) a répondu : « Oui. Vous pouvez le faire si vous le souhaitez. »

Abou Bakr (r.a.) est passé tout près d’une femme-esclave des Banou Mou’ammal, un clan des Banou ‘Adiyy Ibn Ka’b. Cette esclave était une musulmane. ‘Oumar Ibn Al-Khattab la tourmentait pour qu’elle abandonne l’islam. ‘Oumar Ibn Al-Khattab était encore un polythéiste à l’époque. Il n’avait pas encore embrassé l’islam. Il frappait cette femme-esclave. Et quand il était fatigué, il lui disait : « Je t’ai laissée pour la simple raison que je suis fatigué. » Elle répondait : « Allah te traitera de la même manière. » Suite à quoi Abou Bakr (r.a.) l’a achetée pour l’affranchir.

Selon un récit, Abou Qouhafa, le père d’Abou Bakr (r.a.) a dit à celui-ci : « Ô mon fils ! Je constate que tu libères les faibles. Si tu le souhaites, tu pourras libérer des hommes robustes afin qu’ils te protègent et te soutiennent. »

Le rapporteur a déclaré qu’Abou Bakr a répondu : « Ô mon cher père ! Moi, je souhaite uniquement le plaisir de Dieu. »

Certains exégètes, dont le ‘Allamah Al-Qourtoubi et Al-Alousi relatent que les versets suivants ont été révélés en raison de l’action d’Abou Bakr (r.a.) :

أَمَّا مَنْ أَعْطَى وَاتَّقَى ۞ وَصَدَّقَ بِالْحُسْنَى ۞ فَسَنُيَسِّرُهُ لِلْيُسْرَى ۞ وَأَمَّا مَنْ بَخِلَ وَاسْتَغْنَى ۞ وَكَذَّبَ بِالْحُسْنَى ۞ فَسَنُيَسِّرُهُ لِلْعُسْرَى ۞ وَمَا يُغْنِي عَنْهُ مَالُهُ إِذَا تَرَدَّى ۞ إِنَّ عَلَيْنَا لَلْهُدَى ۞ وَإِنَّ لَنَا لَلْآَخِرَةَ وَالْأُولَى ۞ فَأَنْذَرْتُكُمْ نَارًا تَلَظَّى ۞ لَا يَصْلَاهَا إِلَّا الْأَشْقَى ۞ الَّذِي كَذَّبَ وَتَوَلَّى ۞ وَسَيُجَنَّبُهَا الْأَتْقَى ۞ الَّذِي يُؤْتِي مَالَهُ يَتَزَكَّى ۞ وَمَا لِأَحَدٍ عِنْدَهُ مِنْ نِعْمَةٍ تُجْزَى ۞ إِلَّا ابْتِغَاءَ وَجْهِ رَبِّهِ الْأَعْلَى ۞ وَلَسَوْفَ يَرْضَى

Alors, quant à celui qui donne dans la voie de la vérité et qui est vertueux, et qui témoigne de tout ce qui est bien, Nous lui faciliterons toutes les facilités pour le bien. Mais quant à celui qui est avare et qui est dédaigneusement indifférent, et rejette ce qui est juste, Nous lui rendrons facile le chemin de la détresse. Et quand il périra, ses richesses ne lui serviront à rien. En vérité, c’est à Nous de guider ; et à Nous appartient l’Au-delà aussi bien que ce monde. Je vous avertis donc d’un Feu flambant. Nul n’y entrera excepter le plus malchanceux de par sa dépravation, celui qui rejette la vérité et tourne le dos. Mais le plus vertueux en sera tenu à l’écart, qui donne ses biens afin qu’il soit purifié, et non pas parce qu’il doit à qui que ce soit une faveur qui doit être repayée. Sauf qu’il donne ses richesses pour rechercher le plaisir de son Seigneur, le Plus-Haut. Et certainement Il sera très satisfait de lui » (92 : 6-22)

Khabbab Ibn Al-Arat faisait partie de ces esclaves qu’avait libérés Abou Bakr (r.a.).

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) relate à propos de Khabbab Ibn Al-Arat : « Il y avait un autre compagnon. Un jour, alors qu’il avait levé sa chemise pour prendre un bain, quelqu’un qui était à côté a constaté que la partie supérieure de la peau de son dos était dure et rugueuse comme du cuir de buffle. Tout étonné, il a demandé : « Depuis quand es-tu malade ? La peau de ton dos est dure comme le cuir d’un animal. » Khabbab a ri et a déclaré : « Il ne s’agit pas d’une maladie. Quand nous avions embrassé l’islam, nos maîtres avaient décidé de nous punir. Ils nous allongeaient sous le soleil brûlant et nous frappaient et disaient : « Reniez Muhammad (s.a.w.) ! » En réponse, nous récitions la chahadah. Et alors, ils nous battaient davantage. Quand ils ne décoléraient pas, ils nous tiraient sur des pierres. » À l’époque, en Arabie, pour protéger les maisons en terre battue, on plaçait un type de pierre – qu’on appelle du Khingar en langue pendjabie – aux pieds des murs. Cette pierre est très dure et tranchante : on la plaçait au pied des murs afin de protéger ces derniers en cas d’inondation. Ce compagnon a relaté : « Quand nous ne renions pas l’islam et que nos persécuteurs étaient fatigués de nous battre, ils nous attachaient par les pieds et nous tiraient sur ces pierres dures. Tu vois là le résultat de ces supplices. » Ainsi ils ont été tourmentés pendant des années entières. En fin de compte, Abou Bakr (r.a.) ne pouvait plus endurer de voir ces supplices : il a vendu une bonne partie de ses biens pour les affranchir. »

Le Mouslih Maw’oud (r.a.) explique ce qui suit à propos de l’affranchissement des esclaves par Abou Bakr (r.a.). « Les esclaves qui avaient accepté le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) étaient d’origines diverses : Bilal (r.a) était abyssinien et Souhayb (r.a) romain. Il y avait aussi des chrétiens parmi eux à l’instar de Joubayr (r.a.) et de Souhayb (r.a.) et des idolâtres, notamment, Bilal (r.a.) et ‘Ammar (r.a). Les maîtres de Bilal (r.a) l’allongeaient sur le sable brûlant et le couvraient de pierres ou faisaient piétiner sa poitrine par des jeunes. Quand Abou Bakr (r.a.) a constaté les sévices qu’on leur faisait subir, il les a achetés de leurs maîtres pour les libérer. »

Abou Bakr (r.a.) souhaitait émigrer en Abyssinie. On relate que lorsque le nombre de musulmans a augmenté et que l’islam s’étalait au grand jour, les Kouffar parmi les Qouraychites ont durement persécuté ceux des leurs qui avaient embrassé l’islam. Leur objectif était de les détourner de leur religion. Alors, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a dit aux croyants : « Éparpillez-vous sur la terre. Certainement Allah vous réunira. »

Les compagnons ont demandé : « Où partir ? » Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a indiqué : « Là-bas. » Et il a indiqué l’Abyssinie de sa main. Cet incident date du mois de Rajab de l’an cinq de la Noubouwwah (le prophétat). Sur l’instruction du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.), onze hommes et quatre femmes ont émigré en Abyssinie. Après l’émigration de ces premiers musulmans, Abou Bakr (r.a.) a été persécuté et il a décidé de s’y rendre [lui aussi]. Selon un récit d’Al-Boukhari, ‘Aïcha (r.a.) relate : « Quand les musulmans ont été persécutés, Abou Bakr (r.a.) s’est mis en route pour rejoindre l’Abyssinie. Quand il est arrivé à Barq Al-Ghimad – une ville côtière du Yémen sise à cinq jours de voyage de La Mecque – il a rencontré Ibn Al-Daghina qui était le chef de la tribu de Qara. Il lui a demandé : « Ô Abou Bakr ! Où vas-tu ? » Abou Bakr (r.a.) lui a répondu : « Ma tribu m’a chassé et je souhaite parcourir la terre et adorer mon Seigneur. » Ibn Al-Daghina a répondu : « Un homme comme toi ne s’exile pas et n’est pas expulsé de sa terre. Tu as fait revivre les vertus perdues. Tu respectes les liens de parenté, tu soulages les fardeaux de ceux qui sont fatigués, tu fournis de la nourriture aux invités et tu aides ceux qui sont en difficulté. »

Une autre traduction de cette partie est : « Tu aides les pauvres à gagner leur vie. Tu maintiens de bonnes relations avec tes proches. Tu aides les démunis. Tu possèdes le sens de l’hospitalité et tu aides ceux qui sont en difficulté. »

Ibn Al-Daghina a ajouté : « Je t’accorde ma protection. Retourne chez toi et adore ton Seigneur dans ta maison. » Ibn Al-Daghina a accompagné Abou Bakr et l’a présenté aux chefs des Qouraychites en leur disant : « Un homme comme Abou Bakr ne s’exile pas et n’est pas expulsé de sa terre. Faites-vous sortir un homme qui a fait revivre les vertus qui ont disparu, qui respecte les liens de parenté, qui soulève le fardeau de ceux qui sont lassés, qui fournit de la nourriture aux invités et qui aide ceux qui sont frappés de malheurs ? » Les Qouraychites ont autorisé la garantie de protection d’Ibn Al-Daghina et ont dit à Abou-Bakr qu’il était en sécurité. Ils ont dit à Ibn Al-Daghina : « Conseille à Abou Bakr d’adorer son Seigneur dans sa maison et de prier et de lire ce qu’il souhaite. Mais il ne doit pas nous tourmenter priant et en récitant le Coran publiquement, car nous craignons que nos fils et nos femmes ne le suivent. »

Ibn Al-Daghina a transmis leur message à Abou Bakr. Celui-ci rendait culte à son Seigneur dans sa maison et ne priait pas ou ne récitait pas le Coran à haute voix sauf dans sa maison. Plus tard, Abou Bakr a eu l’idée de construire une mosquée dans la cour de sa maison. Il a commencé à y prier et à y réciter le Coran en public. Les femmes et les enfants des païens ont commencé à se rassembler autour de lui et à le regarder avec étonnement. Abou Bakr avait le cœur tendre et ne pouvait s’empêcher de pleurer en récitant le Coran. Cela a épouvanté les chefs païens des Qouraychites. Ils ont fait mander Ibn Al-Daghina ; et quand il s’est présenté, ils lui ont dit : « Nous avons accordé la protection à Abou Bakr à condition qu’il rende culte à son Seigneur dans sa maison ; mais il a transgressé cette condition et a construit une mosquée dans sa cour et y prie et récite le Coran en public. Nous craignons qu’il n’induise en erreur nos femmes et nos enfants. Va le voir et dis-lui que s’il le souhaite, il ne peut adorer son Seigneur dans sa maison, et sinon, s’il insiste à le faire publiquement, dis-lui de te rendre ton engagement de protection car nous ne souhaitons pas te trahir en révoquant ton engagement, et nous ne pouvons pas non plus tolérer le culte publique d’Abou Bakr. »

‘Aïcha a ajouté : « Ibn Al-Daghina est venu voir Abou Bakr et a dit : « Tu connais les conditions auxquelles je t’ai accordé protection. Tu dois soit respecter ces conditions, soit révoquer ma protection, car je ne souhaite pas entendre les Arabes dire qu’Ibn Al-Daghina a trahi la protection qu’il avait promis à untel. » Abou Bakr a dit : « Je révoque ton engagement de protection et je suis satisfait de la protection d’Allah. »

Selon le Charh ‘Oumdat Al-Qari, l’exégèse du Sahih d’Al-Boukhari, la mosquée qu’Abou Bakr (r.a.) a construite dans sa cour, s’étendait jusqu’aux murs de sa maison et elle était la première mosquée construite dans l’islam.

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) déclare : « Toute La Mecque était l’obligée d’Abou Bakr. Il dépensait tout ce qu’il gagnait pour libérer des esclaves. Il était en train de quitter La Mecque quand il a rencontré un chef en chemin. Il lui a demandé : « Abou Bakr, où vas-tu ? » Il a répondu : « Je n’ai aucune protection dans cette ville. Je m’en vais ailleurs. » Le chef a commenté : « Si un homme bon comme toi abandonne la ville, celle-ci sera ruinée. Je t’accorde ma protection. Ne pars pas. » Ainsi, Abou Bakr (r.a.) est retourné sous la protection de ce chef. Quand il se réveillait le matin, il récitait le Coran et les femmes et les enfants l’écoutaient avec leurs oreilles collées au mur car sa voix était empreinte d’une grande tendresse et d’une grande ferveur. Étant donné que le Coran était en arabe, tout homme, femme et enfant en comprenait les sens. Et les auditeurs en étaient impressionnés. Quand la chose fut connue, elle a soulevé un tollé à La Mecque : on disait que tout le monde abandonnerait leur religion [ancestrale]. » C’est-à-dire que si les gens écoutent le Saint Coran et sa voix emplie de ferveur ils abandonneront leur religion.

Les ahmadis dans certains pays, notamment au Pakistan, subissent le même sort. On dit que si l’on voit les ahmadis accomplissant la Salat et récitant le Coran, les gens perdront leur foi. Les ahmadis sont donc durement punis s’ils récitent le Coran ou accomplissent [publiquement] la Salat.

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) déclare : « En fin de compte, les gens sont partis à la rencontre de ce chef et lui ont demandé pourquoi il avait accordé sa protection à Abou Bakr (r.a.). Le chef a conseillé à celui-ci : « Ne récite pas le Coran [publiquement] : les habitants de La Mecque en sont furieux. Abou Bakr (r.a.) a répondu : « Reprends ta protection en ce cas, car je ne peux m’en empêcher. » Sur ce, le chef a mis fin à sa protection. »

Abou Bakr (r.a.) était également avec le Saint Prophète (s.a.w.) dans la vallée d’Abou Talib. Les Qouraychites de La Mecque avaient remué ciel et terre pour endiguer le message de l’unicité, mais face à un échec cuisant, ils ont décidé de rompre tout lien avec les Banou Hachim et les Banou Mouttalib en guise de mesure pratique.

Hazrat Mirza Bachir Ahmad Sahib en a fait mention dans son ouvrage, Sirat Khatam-un-Nabiyyin. Il déclare : « En guise de mesure pratique, après délibération mutuelle, les Qouraychites ont décidé de rompre tout lien avec le Saint Prophète (s.a.w.) et tous les membres des Banou Hachim et Banou Mouttalib. Si ces deux clans refusent de renoncer à leur protection du Saint Prophète (s.a.w.), ils devront être assiégés en un seul endroit et détruits. Par conséquent, un accord formel a été rédigé au cours du mois de Mouharram en l’an 7 Nabawi, selon lequel personne n’aura de relation avec les Banou Hachim et les Banou Mouttalib et ne leur vendra ou achètera d’eux quoi que ce soit. On ne leur donnera rien à manger ou à boire et on n’aura rien à faire avec eux. »

Des ahmadis subissent le même traitement aujourd’hui dans certains endroits.

« L’accord disait que ces mesures seront imposées jusqu’à ce que les Banou Hachim et les Banou Mouttalib leur remettent le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.).

Ce traité des Qouraychites, qui incluait également la tribu des Banou Kinanah, a été formellement rédigé et signé par tous les grands chefs et accroché au mur de la Ka’bah sous forme d’un important gage national.

Par conséquent, le Saint Prophète (s.a.w.) et tous les membres des Banou Hachim et Banou Mouttalib, qu’ils soient musulmans ou mécréants (sauf Abou Lahab l’oncle paternel du Saint Prophète (s.a.w.), qui, dans son animosité, s’était rangé du côté des Qouraychites), ont été assiégés dans une vallée montagneuse appelée la vallée d’Abou Talib. De cette manière, deux grandes tribus de Qouraychites ont été complètement coupées de la vie sociale de La Mecque et emprisonnées dans la vallée d’Abou Talib, qui appartenant aux Banou Hachim. La poignée de musulmans qui résidaient encore à La Mecque était également avec le Saint Prophète (s.a.w.). »

Abou Bakr (r.a.) n’a pas abandonné le Saint Prophète (s.a.w.) même en ces circonstances des plus difficiles.

Shah Waliullah (qu’Allah lui fasse miséricorde) déclare que lorsque les Qouraychites ont accepté unanimement de persécuter le Saint Prophète (s.a.w.) et qu’ils ont rédigé un document, [Abou Bakr] As-Siddiq (r.a.) est demeuré aux côtés du Saint Prophète (s.a.w.) pendant cette période difficile. Abou Talib a composé ce vers poétique à cette occasion : « Ils ont renvoyé Sahl Ibn Baida tout content ; Abou Bakr et Muhammad en ont été ravis. »

C’est-à-dire lorsque les Qouraychites de La Mecque ont finalement mis fin au boycott, l’un des poèmes qu’Abou Talib avait cités était celui mentionné ci-dessus, notamment que le Prophète (s.a.w.) et Abou Bakr étaient heureux à la fin du bannissement.

On trouve mention de la prédiction de la victoire de Rome et le pari d’Abou Bakr (r.a.). Selon Ibn ‘Abbas (r.a.), il y a un récit sur la [prédiction suivante du Coran] :

الم ۞ غُلِبَتِ الرُّومُ ۞ فِي أَدْنَى الْأَرْضِ

Il a commenté sur les mots Ghoulibat et Ghalabat en disant que les polythéistes souhaitaient que les Perses conquissent les Romains parce qu’ils étaient des idolâtres. Les musulmans souhaitaient que les Romains conquissent les Perses parce qu’ils étaient les Gens du Livre.

Il en a fait mention à Abou Bakr et celui-ci en a fait mention au Messager d’Allah (s.a.w.). Il a déclaré : « Ils auront certainement le dessus. »

Quand Abou Bakr (r.a.) lui en a fait part, il a déclaré : « Fixez une période entre nous et vous. » C’est-à-dire entre les opposants polythéistes et les musulmans. Si nous l’emportons, nous aurons ceci et cela. Si vous l’emportez, vous aurez ceci ou cela. » C’est-à-dire, ils ont fait un pari dessus.

Alors ils ont fixé un délai de cinq ans, mais [les Romains] n’ont pas eu le dessus. Il l’a mentionné à l’Envoyé d’Allah (s.a.w), et celui-ci de déclarer : « Pourquoi n’avais-tu pas fixé une période plus longue ? » Le narrateur déclare qu’il pense qu’il voulait dire dix ans. Ce récit est tiré de l’exégèse d’Al-Tirmidhi.

Selon un récit du Sahih d’Al-Boukhari, quatre prophéties du Saint Prophète (s.a.w.) se sont accomplies avec une grande gloire. Parmi elles se trouve celle de la victoire des Romains. Masrouq raconte : « Nous étions avec ‘Abdoullah Ibn Mas’oud. Il a déclaré : « Quand l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a constaté que le peuple se détournait, il a déclaré : « Ô Allah ! Frappe le peuple d’une disette à l’instar de sept ans de famine de l’époque de Joseph. » Ainsi ils ont été frappés d’une famine qui a tout détruit. Tant et si bien que la population était contrainte de consommer de la peau, des cadavres et des charognes fétides. Tous ceux qui regardaient vers le ciel, affamés, n’y voyaient que de la fumée. Ceci est l’une des quatre prophéties. Abou Soufyan est venu voir le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et lui a dit : « Ô Muhammad (la paix soit sur lui) ! Tu commandes l’obéissance à Allah et la compassion à l’égard d’autrui. Or, ton peuple est en train de périr. Implore Allah en leur faveur ! Allah avait dit : « Mais attends le jour où le ciel produira une fumée visible. [Nous enlèverons le châtiment pour quelque temps,] mais vous retournerez sûrement à ces choses-là. Le jour où Nous vous saisirons du grand saisissement. »

Cette grande saisie a eu lieu le jour de Badr : le tourment de la fumée, la saisie sévère et la prophétie sur Al-Lizam et la prophétie sur Rome se sont toutes accomplies. »

Ceci est un récit d’Al-Boukhari.

Le ‘Allamah Badr Al-Din Al-‘Ayni a commenté sur ce hadith. Il déclare en se référant à la prophétie de la victoire Rome : « La guerre a éclaté entre les Romains et les Persans : les musulmans souhaitaient la victoire de Rome sur la Perse parce que les Romains étaient des gens du Livre. Tandis que les mécréants de parmi les Qouraychites souhaitaient la victoire de la Perse parce que ces derniers étaient des mages et les mécréants [Qouraychites] adoraient également des idoles. Ainsi, Abou Bakr et Abou Jahl ont fait un pari à ce sujet : c’est-à-dire qu’ils ont fixé une période de quelques années entre eux. L’Envoyé d’Allah (s.a.w) a déclaré : « [Le Coran] utilise le terme Bid’oun qui s’applique à une période s’étalant jusqu’à neuf ou sept ans. Prolonge donc la période. » Abou Bakr (r.a.) a suivi ses consignes. Les Romains ont remporté la victoire et Allah a déclaré :

الم ۞ غُلِبَتِ الرُّومُ ۞ فِي أَدْنَى الْأَرْضِ وَهُمْ مِنْ بَعْدِ غَلَبِهِمْ سَيَغْلِبُونَ ۞ فِي بِضْعِ سِنِينَ لِلَّهِ الْأَمْرُ مِنْ قَبْلُ وَمِنْ بَعْدُ وَيَوْمَئِذٍ يَفْرَحُ الْمُؤْمِنُونَ ۞ بِنَصْرِ اللَّهِ

Alif Lam Mim. Je suis Allah, le Plus-Savant. Les Romains ont été vaincus, sur la terre voisine, et, après leur défaite, ils seront victorieux, dans quelques années – à Allah est le commandement, avant et après cela – et ce jour-là les croyants se réjouiront de l’aide d’Allah. (30 : 2-6)

Al-Cha’bi déclare que les paris étaient licites à l’époque.

Hazrat Mirza Bashir Ahmad Sahib a écrit à ce sujet : « Avant l’avènement de l’islam et au début de l’ère de l’islam, la Perse et Rome étaient les deux empires les plus puissants et les plus grands dans le monde civilisé. Ces deux empires étaient situés tout près de l’Arabie. L’empire de la Perse était situé au nord-est de l’Arabie et l’Empire romain au nord-ouest. Étant donné que les frontières de ces deux empires se rencontraient, il y avait parfois des guerres et des conflits entre les deux. Or, à l’époque à laquelle nous faisons allusion dans le cadre de cette prophétie, ces deux empires étaient en guerre. La Perse avait dominé Rome et s’était emparée de bon nombre de ses régions prisées. Et la Perse n’a pas cessé de dominer Rome. Étant donné que les Qouraychites étaient des adorateurs d’idoles et que la religion de la Perse était assez similaire, pour cette raison, les Qouraychites de La Mecque ont été très satisfaits des victoires de la Perse. Cependant, les musulmans sympathisaient avec Rome, qui était chrétienne. Étant chrétiens, appartenant aux Ahl Al-Kitab (Gens du Livre) et en raison de leur relation avec le Messie, ils étaient plus proches des musulmans que ne l’étaient les nations idolâtres et adoratrices du feu. Dans de telles circonstances, après en avoir été informé par Allah l’Exalté, le Saint Prophète (s.a.w.) a prophétisé que bien qu’actuellement Rome soit dominée par la Perse, dans quelques années, elle vaincra la Perse, et ce jour-là les croyants se réjouiront. En entendant cette prophétie, les musulmans, parmi lesquels le nom d’Abou Bakr figure de façon proéminente, ont commencé à annoncer ouvertement à La Mecque : « Notre Dieu nous a informés que Rome vaincra bientôt la Perse. Les Qouraychites ont répondu : « Si cela est vrai, alors venez et parions là-dessus. » Jusque-là, les paris n’avaient pas encore été interdits en l’islam et Abou Bakr a accepté. Les termes ont été fixés entre Abou Bakr et les chefs des Qouraychites sur quelques chameaux et six ans ont été fixés comme délai. Mais quand le Saint Prophète (s.a.w.) en reçut la nouvelle, il dit : « Fixer un délai de six ans est une erreur. Allah l’Exalté a utilisé les mots Bid‘i Sinîn eu égard à la période fixée, qui, dans l’idiome arabe, sont utilisés pour désigner une période de trois à neuf ans. Cela date de l’époque quand le Saint Prophète (s.a.w.) résidait encore à La Mecque et n’avait pas encore migré. Au cours du délai imparti, la guerre a pris une autre tournure, et dans un court laps de temps, Rome a vaincu la Perse et a récupéré l’intégralité de ses terres. Cela a eu lieu après la migration. »

Après l’émigration du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) les Romains ont donc remporté la victoire.

Hazrat Mouslih Maw’oud (r.a.) déclare à ce propos : « L’Envoyé d’Allah (s.a.w) était encore à La Mecque lorsque la nouvelle s’est répandue en Arabie que les Persans avaient vaincu les Romains. Les [mécréants] de La Mecque en ont été forts ravis, car ils étaient des polythéistes à l’instar des Persans. La défaite des Romains par les Persans était de bon augure et cela signifiait que les habitants de La Mecque l’emporteraient également sur le Prophète Muhammad (paix soit sur lui).

Mais Dieu a informé le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) :

غُلِبَتِ الرُّومُ ۞ فِي أَدْنَى الْأَرْضِ وَهُمْ مِنْ بَعْدِ غَلَبِهِمْ سَيَغْلِبُونَ ۞ فِي بِضْعِ سِنِينَ لِلَّهِ

L’État romain a en effet été vaincu en Syrie, mais ne tenez pas cette défaite pour acquise. Après avoir été vaincus, les Romains seront de nouveau victorieux dans une période de 9 ans.

Les habitants de La Mecque ont grandement ridiculisé cette prophétie après son annonce et certains mécréants ont fait un pari de cent chameaux avec Abou Bakr (r.a.) : si Rome progresse même après une pareille défaite, nous te donnerons cent chameaux, sinon, tu dois nous offrir cent chameaux. Apparemment, la possibilité que cette prophétie s’accomplisse s’éloignait de plus en plus. Après la débâcle de la Syrie, l’armée romaine battit en retraite après une série de défaites, jusqu’à ce que l’armée persane atteignît les rives de la mer de Marmara. Constantinople était complètement coupée de ses États asiatiques et le puissant empire romain n’était qu’un simple État ; mais la parole de Dieu devait s’accomplir et s’est accomplie. En désespoir de cause, l’empereur romain, avec ses soldats, est sorti de Constantinople pour l’assaut final et a débarqué sur la côte asiatique pour mener une bataille décisive contre les Persans. Malgré leur nombre et leur équipement réduits, les soldats romains ont maîtrisé les Persans, en accord à la prophétie du Saint Coran, et l’armée Persane a pris ses jambes à son cou pour ne s’arrêter nulle part au-delà des frontières de la Perse. Les Romains ont de nouveau pris contrôle des régions conquises en Afrique et en Asie. »

Le Messie Promis (a.s.) déclare : « Abou Bakr, le Siddiq (r.a.), a fait un pari avec Abou Jahl et il a fait de la prédiction du Saint Coran une condition de ce pari. Le Coran affirme :

الم ۞ غُلِبَتِ الرُّومُ ۞ فِي أَدْنَى الْأَرْضِ وَهُمْ مِنْ بَعْدِ غَلَبِهِمْ سَيَغْلِبُونَ ۞ فِي بِضْعِ سِنِينَ

Il avait fixé un délai de trois ans. Voyant la nature de la prophétie, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a immédiatement usé de sa prévoyance et a demandé à Abou Bakr al-Siddiq d’apporter quelques modifications dans le pari, en disant : « Bid’i Sinîn est métaphorique et s’applique à une période s’étalant jusqu’à 9 ans. »

L’Envoyé d’Allah (s.a.w) s’est présenté à différentes tribus, c’est-à-dire qu’il a présenté sa déclaration de prophète ; et Abou Bakr l’avait accompagné à cet effet. Quand Allah a voulu faire prévaloir Sa religion, honorer Son Prophète et accomplir Sa promesse, le Messager d’Allah (s.a.w.) est sorti les jours du Hajj et a rencontré les tribus des Aws et Khazraj des Ansâr. Il s’est présenté à l’époque du Hajj comme il le faisait chaque année à l’époque du pèlerinage.

‘Ali Ibn Abi Talib relate : « Lorsqu’Allah a ordonné à Son Prophète de se présenter devant les tribus arabes, Abou Bakr et moi sommes partis pour Mina avec le Prophète (s.a.w.) et nous sommes arrivés tout près d’un rassemblement d’Arabes. Abou Bakr (r.a.) s’est avancé ; il avait une grande connaissance de la généalogie. Il a demandé : « À quelle nation appartenez-vous ? » Ils ont répondu qu’ils étaient de la tribu des Rabi’ah. Abou Bakr (r.a.) a demandé de quelle branche des Rabi’ah. Ils ont répondu de celle de Dhouhl. » ‘Ali ajoute : « Nous sommes partis dans la réunion des Aws et des Khazraj et à qui l’Envoyé d’Allah (s.a.w) avait conféré le titre d’Ansâr parce qu’ils avaient accepté de lui accorder abri et aide. » ‘Ali ajoute : « Nous ne sommes partis qu’après qu’ils aient juré allégeance au Saint Prophète (s.a.w.). »

Selon un autre récit, ‘Ali (r.a.) a déclaré : « Quand Allah a ordonné à Son Prophète (s.a.w.) de se présenter devant les tribus arabes, il est sorti pour accomplir ce but. Abou Bakr (r.a.) et moi étions également avec lui. Nous sommes arrivés dans un rassemblement calme et digne. Ces gens étaient puissants et intelligents. Abou Bakr (r.a.) lui a demandé : « À quelle tribu appartenez-vous ? » Ils ont répondu : « Nous sommes de la tribu Banou Cha’ban Ibn Tha’labah. » Abou Bakr (r.a.) s’est tourné vers le Saint Prophète et a dit : « Que mes parents soient sacrifiés pour vous ! Il n’y a personne de plus honorable dans leur nation que ceux-là. Parmi eux se trouvaient Mafrouq Ibn ‘Amr, Mouthanna Ibn Harithah, Hani Ibn Qabisa et Nou’man Ibn Charik.

L’Envoyé d’Allah (s.a.w) leur a récité ce verset :

قُلْ تَعَالَوْا أَتْلُ مَا حَرَّمَ رَبُّكُمْ عَلَيْكُمْ أَلَّا تُشْرِكُوا بِهِ شَيْئًا وَبِالْوَالِدَيْنِ إِحْسَانًا وَلَا تَقْتُلُوا أَوْلَادَكُمْ مِنْ إِمْلَاقٍ نَحْنُ نَرْزُقُكُمْ وَإِيَّاهُمْ وَلَا تَقْرَبُوا الْفَوَاحِشَ مَا ظَهَرَ مِنْهَا وَمَا بَطَنَ وَلَا تَقْتُلُوا النَّفْسَ الَّتِي حَرَّمَ اللَّهُ إِلَّا بِالْحَقِّ ذَلِكُمْ وَصَّاكُمْ بِهِ لَعَلَّكُمْ تَعْقِلُونَ

« Dis : « Venez, je vais vous réciter ce que votre Seigneur vous a rendu inviolable : que vous ne pouvez Lui associer quoi que ce soit comme partenaire, et que vous devez traiter vos parents avec infiniment de bontés ; que vous ne devez pas tuer vos enfants par crainte de pauvreté – c’est Nous Qui pourvoyons à vos besoins et aux leurs – et que vous devez vous tenir loin de toute infamie, qu’elle soit commise ouvertement ou en secret ; et que, sauf dans l’exercice de la justice, vous ne devez pas tuer la vie qu’Allah a rendue sacrée. » Voilà ce qu’Il vous a enjoint, afin que vous puissiez comprendre » (6 : 152)

Sur ce, Mafrouq a déclaré : « Ces paroles ne sont pas d’origine humaine. Si c’était le cas, nous l’aurions su. »

Ensuite, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a récité ce verset :

إِنَّ اللَّهَ يَأْمُرُ بِالْعَدْلِ وَالْإِحْسَانِ وَإِيتَاءِ ذِي الْقُرْبَى وَيَنْهَى عَنِ الْفَحْشَاءِ وَالْمُنْكَرِ وَالْبَغْيِ يَعِظُكُمْ لَعَلَّكُمْ تَذَكَّرُونَ

« En vérité, Allah enjoint la justice et la bienfaisance envers autrui, et de donner pour Sa cause comme on le fait à des parents proches ; et interdit l’indécence, et le mal manifeste et la transgression. Il vous admoneste afin que vous preniez garde. (16 : 91)

Après avoir entendu ces paroles, Mafrouq a déclaré : « Ô frère Qouraychite ! Par Allah ! Tu as invité vers des hautes qualités morales et de bonnes œuvres. La nation qui te rejette et s’entraide dans l’opposition contre toi est en effet menteuse. »

Mouthanna a déclaré : « Nous vous avons écouté. Ô frère Qouraychite ! Vous avez très bien parlé et ce que vous avez dit m’a surpris. Mais nous avons un accord avec Chosroês selon lequel nous ne ferons rien de nouveau et nous n’abriterons personne qui a apporté une nouvelle pratique. Et apparemment ce vers quoi vous nous invitez déplait aux rois. Si vous le souhaitez, nous vous aiderons et vous protégerons contre les voisins des Arabes. »

Alors, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) leur a répondu : « Il n’y a aucun mal dans vos réponses, car vous avez dit la vérité avec clarté. Seuls ceux qui sont entourés d’Allah de tous côtés peuvent suivre la religion d’Allah. »

Sur ce, l’Envoyé d’Allah (s.a.w) a pris la main d’Abou Bakr, et il s’est levé et s’en est allé.

Selon un récit le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a dit :

« Si en peu de temps Allah fera de vous les héritiers des terres et du pays de Chosroês et que leurs femmes seront entre vos mains, allez-vous glorifier et sanctifier Dieu ? »

En entendant cela, l’autre a dit : « Allah ! Nous sommes prêts ! »

Il a fait la promesse de le faire.

Voyez la puissance de Dieu. Cette parole de l’Envoyé d’Allah (s.a.w) s’est accomplie mot pour mot : Mouthanna, qui à cette époque était tellement intimidé par le pouvoir de Chosroês qu’il hésitait à accepter l’islam, a servi de commandant de l’armée islamique ayant combattu ce même Chosroês lors du califat d’Abou Bakr. Ce même Mouthana Ibn Harithah a battu Chosroês et les bonnes nouvelles du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) se sont accomplies en sa personne.

Lorsque la tribu Bakr Ibn Wa’il est venue à La Mecque pour le pèlerinage, le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) a dit à Abou Bakr : « Va voir ces gens et présente-leur ma personne. » C’est-à-dire, va leur prêcher le message et la déclaration [du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.)].

Abou Bakr est allé auprès d’eux et leur a présenté le Saint Prophète (s.a.w.) et leur a prêché l’islam.

Je mentionnerai le reste la prochaine fois, si Dieu le veut.

Aujourd’hui, je voudrais également demander des prières pour les ahmadis d’Afghanistan. Ils traversent beaucoup d’épreuves et des arrestations ont eu lieu. Les femmes et les enfants sont très inquiets à la maison. Les hommes qui sont partis et qui n’ont pas été arrêtés sont également sans abri parce qu’il y a le risque qu’ils soient arrêtés. Qu’Allah facilite leur situation ; qu’Il les enlève de cette situation difficile.

Priez également pour les ahmadis du Pakistan. La situation est généralement difficile là-bas. Il y a toujours des incidents ici et là et les gens les harcèlent. De même, priez qu’Allah accorde au monde la capacité de reconnaître le Messie Promis (a.s.) et de mettre fin à tout mal et que le monde reconnaisse son Créateur.

Je mentionnerai [à présent] quelques personnes décédées [récemment] et dont je dirigerai les prières funéraires.

La première personne se nomme Al-Haj Abdul Rahman Ainan. Il avait servi en tant que secrétaire des affaires publiques et responsable de la Jalsa Salana. Il était un Ghanéen et il est décédé à l’âge de 81 ans. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Ses deux parents étaient ahmadis : ils avaient en effet embrassé l’Ahmadiyya.

Le défunt a commencé sa carrière après avoir fait des études supérieures en Egypte. Il a commencé sa carrière dans diverses entreprises au Ghana ; il a travaillé comme directeur dans de grandes entreprises.

Il avait aussi travaillé quelques temps au Nigéria.

Après avoir travaillé pendant un certain temps, il a créé sa propre entreprise dont il était le directeur général. Le défunt était très vertueux et sincère. Il n’a cessé de servir la Jama’at de manière exemplaire. Toute sa vie, il a préféré les intérêts de la Jama’at et les travaux qui y ont trait à ses intérêts personnels. Il a continué à servir en occupant divers postes. Il considérait comme son bonheur le fait d’obéir à l’Emir de la Jama’at et de répondre à chacun de ses appels. La plupart du temps, il venait à la mission tôt le matin et rencontrait Amir Sahib pour connaître le travail à accomplir [ce jour-là] : il s’en occupait d’abord avant de se rendre pour son travail. Il a servi pendant longtemps en tant que président de la région du Grand Accra. De 1989 à 1998, il a servi en qualité de Sadr du Majlis Ansarullah. Il a aussi servi en tant que secrétaire aux Affaires publiques pendant longtemps. Il a ensuite été affecté au poste d’officier de la Jalsa Salana et servait en tant qu’administrateur national [au sein de la Jama’at] jusqu’au moment de son décès.

Il était toujours prêt à aider tout le monde et était très généreux. Sa sympathie n’était pas limitée à sa famille et s’étendait à ses proches, ses amis et ses parents, ainsi qu’aux membres de la communauté et aux gens de son quartier sans aucune distinction de religion. Il était un soldat loyal et dévoué de la Jama’at et du Califat.

Il accordait toujours priorité aux intérêts de la Jama’at sur tout le reste et ne s’est jamais soucié d’aucune opposition. Il accomplissait le Tahajjoud régulièrement et l’observait partout, même au cours de ses voyages. Il était Moussi et payait ses cotisations avec une grande régularité. Il laisse derrière lui sa femme, cinq fils et cinq filles.

Hafiz Mubashir Ahmad, missionnaire au Ghana, écrit que le défunt était très intelligent. Ses propos étaient succincts et logiques et il comprenait l’essentiel de toute affaire immédiatement. Lors d’une réunion du conseil, tout le monde donnait son avis et les débats se rallongeaient. Le défunt a tout écouté silencieusement. Quand ce fut son tour, il a dit qu’une décision a été prise par le Calife et que nous n’avons pas besoin d’en discuter. Étant donné que le Calife a rendu son verdict, on ne doit pas présenter d’autres opinions mais le suivre à la lettre.

Allah nous a accordé des membres aussi sincères, même dans des régions éloignées.

Le défunt suivant se nomme Azyab ‘Ali Muhammad Al-Jabali. Il est décédé récemment : c’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Il appartenait à la Jama’at jordanienne. Le président de cette Jama’at écrit que le défunt avait prêté allégeance en 2010. Il était le seul ahmadi de sa région ; et selon les coutumes locales, parce que sa femme suit la même religion que son mari, elle est également devenue ahmadie.

Sa foi dans le Messie Promis (a.s.), en l’Ahmadiyya et dans le Califat étaient aussi ferme qu’une montagne. Suite à son acceptation de l’Ahmadiyya, malgré l’opposition de sa famille et d’autres opposants, le défunt a fait preuve d’une persévérance exemplaire. Il ressentait une grande fierté pour l’Ahmadiyya et le Califat et les a défendus avec grande force. Il aimait beaucoup acquérir la connaissance et prêcher [le message de l’Ahmadiyya]. Parfois, il appelait tard dans la nuit et posait des questions [sur la religion]. C’est ainsi qu’il y a eu de nombreuses séances de Tabligh chez lui avec les opposants et les proches. Le défunt était diabétique et en souffrait grandement : c’est cette maladie qui a causé sa mort. Certains de ses proches lui disaient qu’il était malade en raison de l’Ahmadiyya. « Si tu abandonnes l’Ahmadiyya, le jour de la résurrection, nous témoignerons en ta faveur », lui disaient-ils. Il pria avec ferveur et leur répondait : « Ô mon Seigneur ! Donne-moi la mort en tant que musulman ahmadi. »

Le prochain défunt se nomme Din Muhammad Shahid : il était un missionnaire à la retraite et résidait au Canada. Il est décédé à l’âge de 92 ans. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. L’Ahmadiyya a été introduite dans sa famille par l’intermédiaire de son père qui a réussi à prêter allégeance en 1938. Le défunt avait accompagné son père en 1940 à la Jalsa Salana de Qadian. Son père était impressionné par l’atmosphère éducative et religieuse de Qadian et en raison de la passion pour les études du défunt, son père l’y a laissé à l’âge de onze ans sous la garde de Hazrat Mir Muhammad Ishaq (r.a). Le défunt y a fait ses études. En 1953, il a obtenu le diplôme de Shahid de la Jami‘a Ahmadiyya. Il a travaillé comme missionnaire dans différentes villes du Pakistan. Il a servi dans les îles Fidji en tant que missionnaire en charge pendant trois ou quatre ans. Il a également été attaché de presse à Rabwah pendant une longue période. En plus de quatre ouvrages, il a écrit plusieurs articles. Il avait une grande passion pour la prédication et adoptait de nouvelles méthodes. Par la grâce d’Allah, il était Moussi. Outre sa femme, il laisse derrière lui deux fils et trois filles.

Le prochain défunt est M. Mian Rafiq Ahmed qui était membre du bureau de la Jalsa Salana. Il est décédé récemment à l’âge de 87 ans. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Son père se nommait Bashir Ahmad Sahib : il avait migré de Qadian à Quetta avant la formation du Pakistan. Le père du défunt avait servi en tant qu’Emir de Quetta.

L’Ahmadiyya a été introduit au sein de la famille de Mian Rafiq par l’intermédiaire de son grand-père, le Dr Abdullah, qui était un compagnon du Messie Promis (a.s.). En 1960, le défunt a obtenu sa licence en ingénierie mécanique à l’Engineering College de Lahore. Il a ensuite travaillé dans différents endroits. Par la suite il a émigré en Tanzanie, où il a vécu pendant une dizaine d’années. En plus d’y travailler au sein d’une entreprise, il y enseignait. En Tanzanie, il a également servi en tant que secrétaire aux finances. En 1986, il a commencé à servir progressivement au sein du Bureau de la Jalsa Salana en se dédiant de façon temporaire et à temps plein à partir de 1987. En 1989, il a dédié sa vie et a commencé à servir en tant que responsable des affaires techniques au sein du département technique. Il a servi à ce poste jusqu’à la fin. Le troisième Calife (r.h.) lui avait trouvé une épouse. L’annonce de son mariage a été faite par Maulana Abul Ata. Allah le Très Haut lui a accordé trois fils et une fille.

Son fils écrit : « Si une personne critiquait à tort la communauté, il l’arrêtait et l’en empêchait aussitôt. Il portait un grand amour pour le Califat. Une fois un membre de la famille ou un invité lui a dit : « L’appartement que la Jama’at a mis à votre disposition est très petit. Si vous en faites la demande vous pouvez en avoir un de plus grand. » Il a répondu : « Même si la Jama’at me demande de vivre dans une tente je le ferai. Je ne formulerai aucune demande. » Son fils a ajouté : « Après le décès de notre père, nous avons appris au sujet d’une autre de ses qualités. Il aidait des personnes dans le besoin discrètement. » Son fils cadet écrit : « Il accomplissait régulièrement la prière de Tahajjoud ; il avait un grand amour pour le Saint Coran : c’était une personne douce, il parlait très aimablement, il était honnête et véridique, et possédait de nombreuses autres qualités. Notre père faisait preuve d’une grande obéissance et fidélité envers le Califat, et d’un grand enthousiasme à l’égard de son Waqf. »

J’ai également moi-même observé ces qualités en lui : il avait une âme très noble et travaillait en faisant preuve d’une grande humilité, et était à la hauteur du serment d’allégeance qu’il avait prêté, serment qu’il a honoré avec fidélité. Il tentait toujours d’économiser l’argent de la Jama’at, et d’en faire le plus en dépensant le moins. Il avait également établi le plan de machines à préparer des rotis (pains plats), et il avait beaucoup travaillé à Rabwah dans ce cadre. »

Il ajoute : « Lorsqu’il souffrait ou était inquiet, je l’ai toujours trouvé patient et courageux, et souvent dans cet état je l’ai vu réciter le Saint Coran. Il a ajouté : « Lorsqu’il est tombé malade et même avant son décès, il n’a jamais laissé transparaître qu’il souffrait. L’honnêteté et l’enthousiasme transparaissaient dans chacune de ses œuvres. » C’est un point que j’ai déjà mentionné.

La prochaine mention sera celle de Qanita Zafar, l’épouse d’Ahsanullah Zafar, l’ex-Amir de la Jama’at des Etats-Unis. Elle est décédée ces derniers jours suite à un accident de voiture. C’est à Allah que nous appartenons et c’est à Lui que nous retournerons. Elle est née en 1941. Son père était Chaudhary Azam ‘Ali, un juge à la retraite. Son grand-père maternel était Chaudhary Faqir Muhammad qui avait eu l’opportunité de servir en tant que Nazir Umoor-e-Ammah tout juste après la partition. La défunte possédait de nombreuses qualités et était joviale. Elle était fidèle envers le Califat, un sentiment qu’elle exprimait également. Elle ressentait un grand amour pour le Saint Coran et elle aimait profondément le Saint Prophète (s.a.w.) et le Messie Promis (a.s.). Elle tentait également de susciter cet amour chez ses enfants. Par la grâce d’Allah, elle faisait partie du système d’Al-Wassiyat. Elle laisse dans le deuil son mari et ses deux filles. Elle avait un jeune fils qui est décédé dans un accident quelques années auparavant. Elle a enduré ce malheur avec une grande patience.

Inam-ul-Haq Kausar, missionnaire en Australie, écrit ceci : « Lorsque j’étais aux Etats-Unis, elle participait régulièrement aux cours de Saint Coran, et elle s’y rendait en faisant une longue route. Titulaire d’un doctorat, elle était néanmoins d’une grande simplicité. Elle ne faisait montre d’aucune fierté ou d’aucune vanité à cet égard. Elle s’occupait beaucoup des personnes pauvres et de ceux qui étaient dans le besoin. Elle se comportait avec les missionnaires telle une mère bienveillante ; elle s’adressait à eux avec un énorme respect et une grande considération. L’humilité transparaissait dans tous ses actes. Elle disait souvent aux membres de la Lajna de ranger leurs chaussures aux endroits dédiés et elle rangeait elle-même les chaussures de celles qui ne le faisaient pas. De plus, elle accomplissait les différentes tâches de la mosquée avec beaucoup d’humilité. » Il ajoute : « Il n’y avait aucune trace d’arrogance en elle ou d’ostentation. Elle portait des vêtements très sobres, et s’adressait aux autres de façon très noble. Elle n’était fâchée contre personne. Elle se comportait avec tous de façon très noble. Elle obéissait à toutes les directives du Calife. »

Qu’Allah fasse preuve de pardon et de miséricorde envers tous ces défunts, et qu’Il exalte leurs rangs. Qu’Allah permette également à leurs descendants de marcher sur leurs pas.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)