Sermons 2015

Epreuves et tribulations dans la vie du musulman

Sermon du vendredi 2 octobre 2015, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à Baitul-Futuh, à Londres.

Sermon du vendredi 2 octobre 2015, prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, à Baitul-Futuh, à Londres.

« Et certainement Nous vous éprouverons en vous affligeant un peu de crainte, de faim, de pertes de biens et de vies, et de récoltes, mais annonce la bonne nouvelle à ceux qui persévèrent patiemment, qui, quand un malheur les frappe, disent : « Assurément, nous appartenons à Allāh, et certainement c’est à Lui que nous retournerons. » (Saint Coran, chapitre 2, versets 156 à 157)

Ces versets évoquent les vertus du croyant lorsqu’il rencontre des difficultés, des malheurs ou lorsqu’il subit quelque perte d’ordre personnel ou communautaire. Le véritable croyant sort gagnant de toute épreuve tout en méritant, par la même occasion, le plaisir de Dieu. Le Messie Promis (a.s.) a commenté longuement sur les différents aspects de ce sujet dans ses différents écrits et énoncés.

Il affirme, en commentant sur ces versets : « Il ne faut point abominer les malheurs, car celui qui agit de la sorte n’est point croyant. Allah affirme :

وَلَنَبْلُوَنَّكُمْ بِشَيْءٍ مِنَ الْخَوْفِ وَالْجُوعِ وَنَقْصٍ مِنَ الْأَمْوَالِ وَالْأَنْفُسِ وَالثَّمَرَاتِ وَبَشِّرِ الصَّابِرِينَ

Lorsque les prophètes sont affligés de ces malheurs ils reçoivent les bonnes nouvelles des récompenses. Ces mêmes malheurs causent la destruction des méchants lorsqu’ils en sont affligés. Quand frappent les assauts de l’adversité on doit réciter : « Assurément, nous appartenons à Allāh, et certainement c’est à Lui que nous retournerons » tout en cherchant le plaisir de Dieu. La vie du croyant est divisée en deux parties et toues ses bonnes œuvres seront rétribuées. Or, les récompenses de la persévérance sont illimitées. Allah affirme que ceux-là sont persévérants : ils L’ont connu.

Allah divise la vie du persévérant en deux parties. Dans le premier cas de figure, Il exauce sa prière, comme l’annoncent les versets : « Suppliez-Moi et Je vous exaucerai » ou « Je réponds aux suppliques de celui M’implore. » Dans le deuxième cas de figure, Allah n’exauce pas, pour certaines raisons, ses prières. En pareille occasion, le croyant se soumet humblement au décret divin. On dit d’Allah qu’Il est l’Ami du croyant. Parfois on accepte l’opinion de son ami et parfois on impose la sienne à ce dernier. Il en est de même dans cette relation entre Allah et le croyant. Parfois, Il exauce la prière du croyant, tout comme Il l’affirme « suppliez-moi et je vous répondrai… », et parfois, Il impose son décret comme l’annonce le verset : « et certainement Nous vous éprouverons en vous affligeant un peu de crainte… » La probité exige que l’on n’insiste pas sur un seul aspect de cette relation.

Le croyant ne doit point s’affliger quand frappe un malheur, car il n’est point supérieur au prophète. Une source d’amour coule quand frappe l’adversité : le croyant en tire un plaisir immense. Or, Allah ne frappe pas de malheur Ses bien-aimés en raison de leurs péchés.

C’est dans l’adversité que l’on découvre les vertus des croyants. Les excellences du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) se sont dévoilées tant dans l’adversité qu’au moment de ses succès. Si le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) n’avait pas subi maints malheurs, comment aurions-nous pu décrire ses qualités ? Aux yeux des autres, les souffrances des croyants sont peut-être des afflictions ; or, le croyant n’y accorde aucune attention. Il doit nécessairement persévérer sur la voie d’une pénitence sincère : celle-ci lui accordera une nouvelle vie. Si vous désirez profiter des fruits de la pénitence, parachevez celle-ci avec des actions. Quand un paysan met une pousse en terre, il l’arrose et prend soin d’elle jusqu’à sa perfection. La foi est une pousse irriguée d’œuvres. Il est essentiel de la parachever grâce aux actions. Sans celles-ci, la foi s’asséchera et sera réduite en poussière. »

Le Messie Promis (a.s.) ajoute : « En tant que croyant, ne maudissez point les épreuves. Seul le croyant imparfait agit de la sorte. Allah déclare dans le Saint Coran :

وَلَنَبْلُوَنَّكُمْ بِشَيْءٍ مِنَ الْخَوْفِ وَالْجُوعِ وَنَقْصٍ مِنَ الْأَمْوَالِ وَالْأَنْفُسِ وَالثَّمَرَاتِ وَبَشِّرِ الصَّابِرِينَ

Nous vous éprouverons par des pertes de biens, de vie, d’enfants ou de récolte. Donne la bonne nouvelle à celui qui est persévérant et reconnaissant : Allah ouvrira pour lui la porte de Sa miséricorde. Celui qui proclame « c’est à Allah que nous appartenons… » profitera des bénédictions divines.

Il annonce, en somme : « Nous et nos possessions appartenons à Dieu : nous allons irrémédiablement retourner vers Lui. » Ceux qui ne s’attristent point pour leurs pertes profiteront du plaisir de Dieu. Ils sont persévérants et Allah leur réserve des récompenses illimitées.

D’aucuns accusent Dieu de n’avoir point exaucé leurs prières, d’autres se moquent des amis de Dieu, affirmant que telle prière n’a pas été exaucée. Or, ces sots ignorent la loi divine. Celui qui connaît Dieu est pleinement au courant de cette loi. Allah a défini deux règles : l’une régissant l’acceptation [des suppliques] et l’autre l’application de Son décret. La foi exige l’acceptation de ces deux décrets. Ne mettez point d’emphase sur une seule de ces règles, ne vous opposez point à Dieu et n’enfreignez pas Ses règles. »

Le Messie Promis (a.s.) affirme : « Le progrès de l’homme dépend de deux moyens. Il doit tout d’abord respecter les règles de la Shariah, à l’instar de celles qui régissent la Salat, le jeûne, la Zakaat, le pèlerinage. Or, étant donné que l’homme accompli ces œuvres de son propre gré, il est parfois négligent à cet égard. D’ailleurs, ces œuvres sont aussi sujettes à certaines exceptions.

La deuxième voie du progrès de l’homme est imposée par Dieu. Elle est la voie de son perfectionnement. Dans le premier cas, l’homme a le libre choix d’agir. A titre d’exemple, personne ne se fouettera le corps de son propre chef, vu l’affection que l’on porte pour soi-même. D’où cette deuxième voie prescrite par Dieu pour l’amélioration de l’homme :

وَلَنَبْلُوَنَّكُمْ بِشَيْءٍ مِنَ الْخَوْفِ وَالْجُوعِ وَنَقْصٍ مِنَ الْأَمْوَالِ وَالْأَنْفُسِ وَالثَّمَرَاتِ وَبَشِّرِ الصَّابِرِينَ – الَّذِينَ إِذَا أَصَابَتْهُمْ مُصِيبَةٌ قَالُوا إِنَّا لِلَّهِ وَإِنَّا إِلَيْهِ رَاجِعُونَ

Et certainement Nous vous éprouverons en vous affligeant un peu de crainte, de faim, de pertes de biens et de vies, et de récoltes, mais annonce la bonne nouvelle à ceux qui persévèrent patiemment, qui, quand un malheur les frappe, disent : « Assurément, nous appartenons à Allāh, et certainement c’est à Lui que nous retournerons. »

Voyez avec quelle peine le paysan laboure son champ, pour ensuite l’ensemencer. Il l’irrigue et récolte le fruit de ses labeurs qu’après maintes difficultés et maintes précautions. Or, Dieu, dans toute Sa sagesse, envoie une tempête de grêle ou une sécheresse pour détruire son champ. Ces malheurs s’intitulent « les affres du décret divin ». Hormis les musulmans, personne d’autre n’a reçu ces préceptes qui enseignent la vraie soumission au décret de Dieu. »

Ainsi, nous ne devons jamais nous demander pourquoi Dieu nous fait subir de si grandes pertes ou nous éprouve. Nous ne devons point nous soucier des railleries de ceux qui disent : « Si Allah est avec vous, pourquoi avez-vous subi pareille perte ? »

Je vous expose, ici-bas, certains points importants tirés de ces écrits du Messie Promis (a.s.). Il nous rappelle que Dieu éprouve Ses prophètes, Ses bien-aimés ou Ses communautés. Or, l’objectif de ces épreuves n’est point de les mettre en grande difficulté ou de les punir. Dieu leur donne la bonne nouvelle de Ses récompenses. Quand les méchants et les ennemis des prophètes de Dieu ou de leur communauté subissent ces malheurs, ils sont détruits. Ceux qui persévèrent face à cette situation sont récipiendaires d’innombrables faveurs. Il incombe au croyant de comprendre le sens véritable de la patience. الصبر (As-Sabr – la persévérance) ne signifie pas ne pas s’attrister suite à une perte. Il signifie ne pas se tourmenter l’âme au point de perdre la raison, de sombrer dans le désespoir, d’être complètement incapable de travailler. Certes, on peut, jusqu’à un certain point, ressentir de la peine. Or, il faudra, avec une nouvelle détermination faire le prochain pas.

Seuls les persévérants comprennent le sens véritable de la patience. Parfois, Allah exauce des prières immédiatement, parfois Il ne le fait pas pour certaines raisons. Or, il incombe au croyant d’être satisfait du décret divin : c’est ainsi qu’Allah récompense Ses serviteurs. Ces derniers tirent plaisir de ces difficultés, étant convaincus qu’elles seront suivies d’innombrables faveurs divines.

Le croyant ne connaît pas ces tribulations en raison de ses péchés : elles sont des épreuves de la part de Dieu, afin que le monde sache que Ses serviteurs se soumettent à Son décret en toute situation. Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) est la personne la plus aimée par Dieu. Or, personne d’autre n’a subi autant de malheurs que lui, personne d’autre n’a fait preuve d’une si grande soumission au décret de Dieu. Il nous offre un exemple unique des véritables valeurs morales, exemple que doit suivre tout musulman.

Le Messie Promis (a.s.) attire aussi notre attention vers le vrai repentir : voilà comment sortir de ces épreuves avec succès. Tout en s’appliquant, le croyant doit accomplir l’Isghtighfar. Face aux épreuves, il doit se prosterner devant Dieu, admettre ses faiblesses, perpétuer ses bonnes œuvres, se réformer. À l’instar du paysan qui arrose ses champs et prend soin d’eux, il incombe au croyant d’irriguer, grâce aux bonnes œuvres, sa foi. C’est ainsi qu’il remportera du succès. Le Messie Promis (a.s.) nous recommande de ne point nous soucier des critiques d’autrui. On raille aussi les amis de Dieu : on affirme que leur prière n’a point été exaucée. En somme, explique le Messie Promis (a.s.), ceux qui émettent pareilles objections ignorent la loi divine. Le croyant sait que Dieu exauce parfois ses suppliques ; en d’autres situations, Il impose Son décret. Il ne faut point enfreindre cette loi divine.

Quand l’incendie s’est éclaté à la mosquée Baitul Futuh, un ahmadi m’a informé qu’un de ses amis musulmans lui a dit : « Si vos prières sont exaucées, pourquoi cet incendie ? Pourquoi ce malheur vous a-t-il frappés ? »

L’ahmadi lui a cité l’exemple du Saint Prophète Muhammad (s.a.w.) et bien d’autres croyants qui avaient subi maintes tribulations. Le Messie Promis (a.s.) nous recommande, quant à lui, de ne point enfreindre les lois divines. Les adversités et les difficultés des croyants ne sont point permanentes : elles vont et viennent. Il faudra, avec persévérance, prières et actions, attirer les faveurs divines.

Quand frappe un malheur, il faudra se soumettre en disant : « Assurément, nous appartenons à Allāh, et certainement c’est à Lui que nous retournerons » Allah donne de bonnes nouvelles à ceux qui agissent ainsi. « Nous appartenons à Allāh » signifie qu’Allah nous préservera de toute destruction. Si nous subissons un malheur, il est fort probable qu’Allah désire nous accorder une plus grande faveur en retour. « C’est à Lui que nous retournerons » signifie que nous appartenons à Allah et qu’Il ne nous détruira jamais. Cette prière nous pousse à nous prosterner devant Dieu, Lui demandant d’enlever tout obstacle qui pourrait nous priver de grandes récompenses à l’avenir.

Nous affirmons : « O Allah ! Nous nous prosternons devant Toi et nous Te demandons de nous octroyer Tes faveurs. Accorde nous de la patience et l’occasion d’accomplir des œuvres encore plus meilleures, fasse que nous nous prosternions toujours devant Toi. » Si nous agissons ainsi, les progrès de la Jama’at seront encore plus importants. L’hostilité de l’ennemi et ses railleries ne nous nuiront aucunement si nous avons une relation sincère avec Dieu.

Quelques jours auparavant, un terrible incendie a détruit deux salles annexes de la mosquée Baitul-Futuh. L’incendie a reçu une large couverture médiatique : ceux qui nourrissent antipathie et haine à l’égard de la djama’at s’en sont réjouis. J’en ai cité un exemple. D’ailleurs, [ces musulmans] affirment que les ahmadis ne sont point musulmans et que leur lieu de culte n’est point une mosquée. Ceux qui se réjouissaient plus tôt, étaient fort tristes par la suite, car seules les deux salles annexes avaient brûlé et pas la mosquée. Voilà la condition des musulmans d’aujourd’hui. Or, ils ne sont pas tous pareils : certains parmi eux nous ont fait part de leur sympathie. À titre d’exemple, un musulman du Royaume-Uni a déclaré : « Notre mosquée a été ravagée par un incendie et était fermée pour plusieurs mois. Elle a été rouverte quelque temps de cela. »

Certains Anglais, qui ignorent tout [de la djama’at] se sont aussi réjouis de l’incendie : c’est en raison de la haine nourrie à l’encontre des musulmans dans certaines régions [du Royaume-Uni]. Or, nos voisins ou ceux qui connaissent la djama’at, ont répondu à ces non musulmans ou à ces non ahmadis, leur disant qu’ils devraient avoir honte de leurs actions [et de leurs propos] et que les ahmadis mettent en pratique les véritables préceptes de l’Islam.

Différents médias dans le monde en ont couvert cet incendie. Ceux d’Europe ont annoncé que la plus grande mosquée du continent a été ravagée par le feu. Ils ont aussi commenté sur la communauté et ses membres. Ce sinistre a fait la renommée de la djama’at sur une grande échelle. Certes, l’incendie nous a fort attristés, nous avons fait preuve de patience, et nous avons prié. Cependant, Allah a poussé d’aucuns à défendre la djama’at dans la foulée de ce malheur, faisant comprendre aux autres qu’Il est avec nous.

La police ne nous a pas encore informés des causes de l’incendie. Il est fort possible qu’il ait débuté dans l’entrepôt jouxtant la cuisine : il s’y trouvait des fournitures en plastique et d’autres produits qui ont attisé les flammes : celles-ci se sont propagées par la toiture en bois et les conduits d’aération.

Quelle qu’en soit la raison, cela met en exergue les lacunes des membres du personnel de la mosquée et des responsables : ils doivent accomplir l’ Istighfar et supplier ardemment la clémence de Dieu. Les flammes étaient si intenses que les dégâts auraient pu être encore plus importants selon les pompiers : elles étaient de plusieurs centaines, voire plusieurs milliers de degrés centigrades. Les dégâts sont minimes comparés à la chaleur de l’incendie.

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Dieu a préservé la renommée de la djama’at par l’entremise des non ahmadis. Les médias sont friands de gros titres, ils aiment rapporter des ouï-dire et sont toujours à l’affût de pareilles nouvelles. Un journaliste était présent pendant que l’incendie faisait rage. Il interrogeait, [à l’extérieur du complexe], notre secrétaire des publications sur les relations entre la djama’at et les voisins de la mosquée, quand une voiture s’arrêta devant eux. Une dame anglaise en descendit et déclara qu’elle était une voisine de la mosquée et offrit son aide. D’autres voisins dont les représentants de différentes églises passèrent devant [le journaliste]. En entendant, de ses oreilles, leurs impressions sur la djama’at, le journaliste déclara qu’il avait eu la réponse à sa question.

D’une part, il y a la réaction de cette majorité non musulmane et d’autre part certains musulmans se réjouissaient de l’incendie. « Subhanallah ! Saint est Allah ! », clamaient-ils. Aujourd’hui, c’est par sarcasme qu’ils disent Subhanallah : ils désirent attiser le courroux divin en énonçant cette phrase. Insha Allah, nous aurons bientôt un édifice meilleur et encore plus beau. Quand nous dirons Subhanallah, ce sera dans tous les sens de ce terme. Nous dirons aussi Masha Allah.

Les épreuves font partie de la pratique de Dieu. On ignore jusqu’à présent la cause de cet incendie. Si c’était le résultat d’un complot ou d’un acte malveillant, cela n’arrêtera point le progrès de la djama’at. Or, les responsables doivent certainement scruter de près leurs lacunes et être vigilants à cet égard.

Tout comme je l’ai déclaré dans mon sermon de la Aïd, ces actes malveillants et ces feux visent à contrarier les objectifs de la communauté divine ou des prophètes : il est cependant certain que [l’ennemi] échouera dans ses tentatives. S’il y avait des intentions malveillantes, les pertes ont été minimes. D’ailleurs, Allah donne des bonnes nouvelles aux persévérants.

Des complots ont été ourdis contre le Messie Promis (a.s.), des feux ont été allumés contre lui dès qu’il s’est annoncé [Envoyé de Dieu]. Il existe un feu apparent et un autre, qui est latent : c’est celui de la jalousie et de la haine. Certes l’annexe de notre mosquée a été touchée : insha Allah, Dieu comblera ces pertes et nous profiterons de Ses bonnes nouvelles. La persévérance et les prières nous porteront dans le giron apaisant de Dieu. Or, ce feu physique a aussi attisé la jalousie de nos ennemis. Beaucoup s’étaient réjouis de l’incendie, mais étaient tristes que la mosquée n’ait pas été touchée. Ils souhaitaient que nos pertes aient été encore plus importantes. Ce feu physique a consumé les ennemis du Messie Promis (a.s.) : il a pris la forme de leur jalousie, de leur rancœur, de leur haine.

Les activités de la djama’at Ahmadiyya n’avaient pas cessé lors de l’incendie ici à Londres et au Royaume-Uni. Notre travail suivait son train quotidien. Certains de nos employés étaient certes inquiets : il est tout à fait naturel de s’attrister de ces pertes. Or, il ne faut point être entièrement envahi par la tristesse. Une grande partie des locaux de la MTA se trouve ici à Baitul-Futuh. Le jour de l’incendie, la MTA avait prévu de diffuser, en direct, l’émission Rahé-Houda. Les responsables de l’émission ont décidé, par la suite, de l’annuler et de diffuser une ancienne émission, étant donné qu’ils n’avaient plus accès aux studios. Quand j’ai su leur intention, j’ai déclaré que l’émission sera diffusée en direct de la mosquée Fazl. D’ailleurs, ils ne devraient pas prendre pareille décision de leur propre chef, sans mon avis préalable. Ne pas diffuser d’émission en direct, sombrer dans le désespoir ou l’indécision auraient donné l’impression aux ahmadis que le chaos régnait dans notre organisation. L’émission Rahé-Houda a été diffusée en direct des studios de la mosquée Fazl : il y avait des appels en direct, on a répondu aux téléspectateurs et on les a rassurés. Il ne nous sied pas de sombrer dans le désespoir, d’abandonner nos postes pour regarder le spectacle de l’incendie. Beaucoup étaient présents sur les lieux du sinistre quand ils auraient dû se trouver à leur poste ou chercher d’autres solutions. C’est ainsi qu’il faut agir en pareil cas : il faut laisser l’affaire entre les mains d’Allah.

Mir Mahmood Ahmad Saheb [du Pakistan], était présent [à Londres] durant ces jours. Il raconte que la situation financière de la djama’at était très difficile lors de la fondation de Rabwah [après la partition de l’Inde] et l’émigration [au Pakistan]. Le défi de construire une nouvelle ville était immense : il fallait bâtir de nouveaux édifices, ainsi que des mosquées. Il fallait faire pousser une ville dans un lieu désert et tout recommencer à zéro. Après l’ouverture de la mosquée Moubarak [à Rabwah], une rumeur laissait entendre que sa construction était défaillante et qu’on n’avait pas utilisé des matériaux appropriés pour le toit. Le deuxième Calife se présenta à la prière et déclara : « On affirme que l’édifice est sur le point de s’effondrer. Il faudra l’analyser : s’il y a défaillance, il faudra le rebâtir. C’est là une épreuve parmi tant d’autres. »

Après la partition de l’Inde, la djama’at a connu de grandes épreuves. Seuls ceux qui connaissaient la situation financière de la communauté à l’époque peuvent s’en faire une idée réelle. Or, il y a une grande différence entre la situation d’alors et celle d’aujourd’hui. Nous ne devrons point nourrir de la crainte en pareille situation. Si c’est une épreuve de la part de Dieu, nous devrons être déterminés, agir et prier afin d’en sortir avec succès. Par la grâce d’Allah, les finances de la djama’at sont bien meilleures. Allah comblera cette perte de la meilleure façon. Quelle que soit la raison du sinistre, qu’elle soit le résultat de notre inaptitude, de notre négligence, ou que ce soit un accident, insha Allah, de par Sa grâce, nous allons rebâtir un bâtiment encore plus beau. Ce n’est pas la peine pour moi de lancer un nouveau fonds à cet égard. Or, d’aucuns nous envoient, de leur propre chef, leurs contributions pour la reconstruction. Des enfants ont envoyé leurs tirelires pleines de pièces. Une fille de huit ans a dit à son père : « Nous mangions dans ces salles, nous y jouions et participions dans des réceptions. Nous devons contribuer pour sa reconstruction. J’offre tout l’argent que je possède. » Si les enfants de [notre] nation sont si déterminés, qui pourra les pousser au désespoir ? Cette perte est minime.

Nos voisins aussi se sont acquittés de leurs devoirs. L’Amir Saheb rapporte que les élèves d’une école voisine ont collecté une somme pour la reconstruction de cet édifice. Ainsi, des non musulmans font preuve de ces hautes valeurs qu’auraient dû démontrer les musulmans. Que nous acceptions leur contribution ou pas, ils ont exprimé leurs sentiments et nous devons les respecter.

L’incendie était si intense que la charpente en métal a été tordue comme des brindilles. Or, certains bureaux, dont celle de la Wasiyah et de la Qada, n’ont pas été touchés et leurs données sont à l’abri. Une grande partie de la MTA, où se trouve du matériel coûteux, n’a pas été touchée non plus. Par la grâce d’Allah, aujourd’hui on a commencé à travailler de nouveau dans ces locaux de la MTA. Étant donné que la MTA est annexée à ces salles, j’étais fort inquiet quand j’ai eu les nouvelles [de la propagation de l’incendie]. En réalité, j’ai commencé à prier quand cette partie a été touchée, car cela signifiait que le feu pouvait s’étendre jusqu’à la mosquée. Dieu nous a comblés de Sa grâce. Les archives de la MTA ont brûlé : nous avions, cependant, sauvegarder 70 % ailleurs. Toutes les archives de la traduction ont été préservées. Les cassettes originales des différentes tournées ont peut-être été perdues. Or, cette perte n’est pas aussi importante au point d’affirmer que toute l’histoire de la Communauté [en images] est perdue, car des morceaux de ces vidéos ont été préservés ailleurs.

Le fait que [les locaux] de la MTA soient intacts est un miracle en soi. Le feu s’est arrêté après avoir consumé le toit jouxtant [la MTA] ou les pompiers ont pu, par la grâce de Dieu, le maîtriser. La Tahir Hall et une autre partie de la mosquée ont été préservées. D’ailleurs, vous en êtes aujourd’hui le témoin. Allah nous a aussi préservés de toute perte de vie.

Un individu qui travaillait dans la bibliothèque ignorait tout de l’incendie. Il raconte : « Quand j’ai ouvert la porte après [avoir terminé] mon travail une fumée noire s’est engouffrée à l’intérieur. Fort inquiet, j’ai pris la fuite : la fumée obscurcissait tout et je commençais à m’asphyxier. À tâtons, j’ai suivi le mur vers la sortie tout en priant, car je commençais à perdre espoir et ma respiration était coupée. J’ai supplié Dieu en ces termes : « Tu as révélé au Messie Promis (a.s.), « le feu est ton serviteur, voire le serviteur de tes serviteurs », je suis un de ses serviteurs, sauve-moi ! » A deux ou trois reprises j’étais sur le point de m’écrouler. Si j’étais tombé, ne serait-ce que pour quelques secondes, la chaleur m’aurait consumé. En tout cas, je suis parvenu jusqu’à l’extérieur et j’ai ouvert la porte. Quand je me suis rincé la bouche, une eau aussi noire que de l’encre en est sortie. »

Allah a sauvé cette personne miraculeusement. S’il était en retard de quelques secondes il aurait été entièrement consumé. C’est là une grande faveur de la part d’Allah.

La jalousie des jaloux prendra de l’ampleur. D’où l’importance de prier davantage.

رب كل شيء خادمك رب فاحفظني وانصرني وارحمني

« Ô mon Seigneur ! Toute chose est vouée à Ton service ! Protège-moi, aide-moi et aie pitié de moi ! »

اللهم إنا نجعلك في نحورهم ونعوذ بك من شرورهم

« Ô Allah ! Nous Te prenons comme bouclier contre leurs attaques frontales et nous cherchons refuge auprès de Toi contre leur malveillance. »

ربنا آتنا في الدنيا حسنة وفي الآخرة حسنة وقنا عذاب النار

« Notre Seigneur, accorde-nous une belle part dans ce monde ainsi qu’une belle part dans l’au-delà, et protège-nous contre le châtiment du Feu. »

Si cet incendie a été causé par notre inaptitude ou nos faiblesses, il faudra implorer ardemment le pardon de Dieu. Qu’Allah fasse que nous puissions, à l’avenir, assumer nos responsabilités et qu’Il éloigne nos faiblesses. Si c’est une épreuve, qu’Allah fasse que nous puissions en sortir gagnant et qu’Il nous fasse profiter de Ses faveurs. Qu’Il fasse que nous soyons parmi les persévérants et que nous progressions davantage.

Après les prières, je dirigerai la prière funéraire de Chaudhry Mahmood Ahmad Mubasher Saheb, darwesh de Qadian. Il était le fils de Chaudhry Ghulam Mohammad Saheb, un compagnon du Messie Promis (a.s.). Il est décédé le 18 septembre dernier, à Qadian, à l’âge de 97 ans. Inna Lillahi Wa Inna Ilaihi Rajeoune. Il était de la région de Sarghodha et étudia à la Madrassah Ahmadiyya en 1934. Il se joignit à l’armée en 1943 et dédia sa vie après sa retraite. Suite aux directives du deuxième Calife, il s’était établi à Qadian, où il occupa plusieurs postes, dont celui d’auditeur adjoint. Il était aussi le représentant de l’Anjuman à Shahanpur et avait sous sa responsabilité les terres de la Communauté à Qadian. Il fut aussi Cadi et travailla dans le département Tabligh, Talim et Tarbiyyah.

Chaudhry Mahmood Ahmad Mubasher Saheb était poète : il savait exprimer les sentiments d’autrui en vers. Le défunt était toujours jovial, très amical, d’un grand sens de l’hospitalité. Il jouissait d’une grande renommée parmi les non musulmans de Qadian : beaucoup étaient présents pour sa prière funéraire. Allah lui a accordé quatre fils et trois filles. Deux de ses fils sont Qadian : un fils et trois filles sont au Pakistan.

Il était d’une grande hospitalité à l’égard des invités à Qadian, qu’ils lui soient connus ou inconnus. Le défunt vécut dans une grande simplicité pendant longtemps : qu’Allah exalte son statut et qu’Il fasse que ses enfants puissent perpétuer ses œuvres.

La deuxième prière funéraire sera celle de Mokarram Khalid Salim Abbas Abu Al-Haji Saheb de la Syrie : il est décédé le 27 août 2015, des suites d’un arrêt cardiaque. Inna Lillahi Wa Inna Ilaihi Rajeoune.

Il faisait partie de ces ahmadis sincères de la Syrie. Il embrassa l’Ahmadiyya en 1927, suite aux efforts de Munir Al-Husni Saheb. Le défunt était d’une grande amabilité, d’une grande hospitalité, un travailleur infatigable, imbu d’une grande obéissance. Il était charpentier de profession. Il éprouvait une grande affection pour le Califat et avait un grand respect pour la Nizam et pour les missionnaires. Il était respectueux à l’égard de tout le monde. Il venait régulièrement à la mosquée pour la prière du vendredi. En dépit du fait que sa maison était la plus éloignée de la mosquée, il arrivait toujours le premier et aimait donner l’appel à la prière. En dépit de son âge, il était d’une grande détermination. Il partait rencontrer les anciens ahmadis à pied.

Khalid Salim Saheb écoutait régulièrement [mes] sermons et [mes] discours. Il a respecté son serment d’allégeance jusqu’à son dernier souffle. Il avait assisté à la Jalsa de Rabwah et du Royaume-Uni. Tous les missionnaires et ceux qui ont vécu en sa compagnie ont évoqué sa grande sincérité, sa bienveillance à l’égard des missionnaires. Qu’Allah exalte son statut : seule sa fille est ahmadie. Il était fort triste pour ses autres enfants. Qu’Allah fasse que ces derniers puissent embrasser l’Ahmadiyya et qu’Il exauce ses prières et ses pieux désirs en leur faveur.

Un jour il suivit un débat entre un mollah et un individu qui citait les paroles de Dieu et de Son Prophète (s.a.w.). Le mollah répliquait à son interlocuteur qu’il était un mécréant. Ce dernier était en fait un ahmadi. Khalid Salim embrassa l’Ahmadiyya par son entremise. Qu’Allah exalte son statut.

Je ne me souviens pas du nom de la troisième personne dont je dois diriger la prière funéraire. Elle est d’origine syrienne en tout cas. La Syrie est en état de guerre : le défunt a été touché par un éclat de bombe et est décédé des suites de ses blessures.. Inna Lillahi Wa Inna Ilaihi Rajeoune. Qu’Allah exalte son statut. Priez aussi pour la situation en Syrie. Qu’Allah rétablissent la paix et qu’Il accorde la perspicacité à tous les musulmans de ces pays. Qu’ils cessent de s’entre-tuer et qu’ils deviennent de véritables musulmans. Qu’ils soient compatissants envers leurs coreligionnaires. Qu’Allah leur accorde la possibilité d’accepter l’Imam de l’époque.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication du texte de ce sermon)