Dieu Sermons 2014

Comment aimer Dieu

Celui qui aime Dieu acquiert, dans la mesure de ses facultés, la lumière divine. Quant à celui qui s’éprend de Satan, il obtient de ce dernier une part des ténèbres. Le secret de l’amour divin est de faire sien les attributs de Dieu.

Sermon du vendredi prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, chef spirituel de la Communauté Islamique Ahmadiyya Internationale, le 04 avril 2014, à la mosquée Baitul-Futuh, au Royaume-Uni.

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Je compte présenter pour le sermon d’aujourd’hui certains écrits du Messie Promis (a.s) dans lesquels il a évoqué la réalité et la définition de l’amour Dieu. Il y mentionne entre autres le secret pour le mériter, son sens profond, sa philosophie ainsi que ses espoirs concernant sa djama’at à ce propos. Chacun de ses écrits présentés ci-dessous méritent toute notre attention et nous servent de guide. Il faut y prêter une oreille attentive afin de saisir l’importance de l’amour de Dieu, afin de l’accroitre et de se réformer.

Le Messie Promis (a.s) affirme : « L’amour n’exige point d’artifice ou de formalité : il fait partie des aptitudes que possède l’homme. L’amour n’est autre que le résultat de l’attraction qu’exerce objet désiré sur le cœur. La quintessence de tout sujet est manifeste quand celui-ci atteint sa perfection. Il en est de même de l’amour : son excellence se révèle au grand jour quand il atteint son apogée. Allah déclare [à titre d’exemple] :

وَأُشْرِبُوا فِي قُلُوبِهِمُ الْعِجْلَ

Leur passion pour le veau fut telle, qu’elle a été comme réduit à l’état d’une boisson qu’ils auraient bue. (Le Saint Coran, chapitre 2, verset 94)

En somme aimer quelqu’un à la perfection c’est l’absorber, c’est le consommer : l’on imite ses excellences et ses moindres faits et gestes. Plus la passion est importante, plus l’on est attiré naturellement vers les attributs de son bien-aimé, tant est si bien que la physionomie de l’amoureux ressemble à celle de son bien-aimé.

Ainsi celui qui aime Dieu acquiert, dans la mesure de ses facultés, la lumière divine. Quant à celui qui s’éprend de Satan, il obtient de ce dernier une part des ténèbres. Le secret de l’amour divin est de faire sien les attributs de Dieu. » (Nur ul Haq, 2e partie, p. 430, Ruhani Khaza’in Vol. 9)

J’avais affirmé auparavant, dit Sa Sainteté le Calife, que sans connaître tous les attributs divins l’on ne possèdera pas la Ma’rifah (la connaissance suprême de Dieu). L’amour dans le contexte présent signifie accroitre ce savoir. Cependant cette connaissance à elle seule ne suffit pas ; il faut se parer des couleurs de Dieu et d’en acquérir la lumière.

Le Messie Promis (a.s) ajoute : « La réalité de l’amour exige que l’amoureux doit, en toute sincérité, chérir les vertus, les excellences et les adorations de son Bien-aimé, et doit s’évertuer corps et âme à s’anéantir en Sa personne, à se fondre en Lui afin d’acquérir la vie que possède ce dernier. L’adorateur sincère se perd en son Bien-aimé, il se dévoile par sa Face, il grave en son for intérieur une image si forte de ce dernier, qu’on eut dit qu’il L’a bu. On dit qu’il se perd en Lui, qu’il se pare de Sa couleur, et qu’il dévoile aux autres qu’il aime éperdument son Bien-aimé. » (Nur ul Haq, 2 e partie, p. 431, Ruhani Khaza’in Vol. 9)

En guise de réponse à une objection soulevé par un prêtre du nom de Fateh Masih, le Messie Promis (a.s) affirme : « Il existe la critique que l’amour que les musulmans éprouvent à l’égard de Dieu n’est pas dénué de leur intérêt personnel et qu’ils ignorent que Dieu est digne d’être aimer en raison des Ses excellences. Cette objection s’applique non au Coran mais aux Evangiles, car en aucun lieu ces derniers préconisent d’éprouver à l’égard de Dieu un amour personnel et de L’adorer pour cette raison. Le Coran, quant à lui, regorge de ces préceptes. Il annonce clairement :

فَاذْكُرُوا اللَّهَ كَذِكْرِكُمْ آَبَاءَكُمْ أَوْ أَشَدَّ ذِكْرًا

« …souvenez-vous d’Allāh, comme vous vous souvenez de vos pères ou même avec plus de dévotion. » (Le Saint Coran, chapitre 2, verset 201)

وَالَّذِينَ آَمَنُوا أَشَدُّ حُبًّا لِلَّهِ

« …mais les croyants portent l’amour le plus fort pour Allāh. » (Le Saint Coran, chapitre 2, verset 166)

Ces versets sous-entendent que les croyants aiment Allah plus que leurs pères, leurs mères, leurs bien-aimés et leurs personnes.

Ensuite le Coran affirme :

حَبَّبَ إِلَيْكُمُ الْإِيمَانَ وَزَيَّنَهُ فِي قُلُوبِكُمْ

« mais Allāh vous a rendu chère la foi, et l’a rendue agréable à votre cœur, » (Le Saint Coran, chapitre 49, verset 8)

Il y a aussi le verset :

إِنَّ اللَّهَ يَأْمُرُ بِالْعَدْلِ وَالْإِحْسَانِ وَإِيتَاءِ ذِي الْقُرْبَى

« En vérité, Allāh enjoint la justice et la bienfaisance envers autrui, et de donner pour Sa cause comme on le fait à des parents proches ; » (Le Saint Coran, chapitre 16, verset 91)

Ce dernier verset indique nos devoirs envers Dieu et envers autrui. »

(Nur ul Haq, 2e partie, pages 436 à 441, Ruhani Khaza’in Vol. 9)

A ce propos le Messie Promis (a.s) affirme que le croyant doit aussi être bienveillant à l’égard des mécréants et qu’ils méritent sa sympathie et qu’il faut enlever leurs souffrances physiques et spirituelles.

Ceci est la réponse à ceux qui critiquent notre devise « amour pour tous… », et qui demandent si elle sera applicable à l’égard des non-croyants. Le Messie Promis (a.s) affirme qu’aimer l’incroyant signifie éprouver pour lui de la sympathie, de le reformer et de subvenir à ses besoins. L’aimer ne signifie guère adopter ses paroles qui ont trait à l’incroyance ou embrasser sa foi.

L’affection de la part d’un véritable croyant signifie faire sien les bonnes habitudes et les vertus de l’autre. Si ce dernier a de mauvaises habitudes il faudra le corriger à la lumière des préceptes de la foi. Aimer signifie éprouver une sympathie générale à l’égard de l’humanité et ne signifie guère adopter les vices et les mauvaises habitudes d’autrui.

Evoquant nos devoirs envers nos semblables le Messie Promis (a.s) ajoute :

« Nourrissez les affamés, libérez les esclaves, payez les dettes de ceux qui sont endettés, portez les fardeaux des autres. En sus d’être équitable, il faut faire preuve d’Ihsān à l’égard d’autrui, c’est-à-dire être bienveillant envers tout le monde sans faire de distinction de religion ou d’origine. Voila en somme nos devoirs envers autrui. C’est le droit qu’impose l’amour qu’un croyant éprouve à l’égard d’autrui dans le seul but de désirer le plaisir de Dieu. En tout cas c’est l’amour pour Dieu qui prédomine. »

Le Messie Promis (a.s) ajoute : « A la lumière du verset suivant

إِنَّ اللَّهَ يَأْمُرُ بِالْعَدْلِ وَالْإِحْسَانِ وَإِيتَاءِ ذِي الْقُرْبَى

nos devoirs envers Dieu exige de Lui vouer obéissance en respectant la justice. Celui qui nous a créé et qui ne cesse de subvenir à nos besoins mérite obéissance.

Mais si l’on est doué d’un plus grand discernement, l’on ne se contentera pas d’accomplir ses devoirs mais l’on respectera de surcroît les exigences d’ Ihsān dans l’exercice de cette obéissance, car les faveurs de Dieu le Bienfaiteur sont innombrables.

En somme il est évident que l’état d’Ihsān (faveur) est supérieur à celui d’Adl (justice). Quand on étudie ces faveurs le visage et les excellences du Bienfaiteur se dévoilent à l’adorateur ; la définition d’Ihsān est d’adorer Dieu comme si on Le voyait. Quand le visage de Dieu le Bienfaiteur se dévoilera on se souviendra de Ses faveurs. Et quand on se souvient de Ses faveurs l’on perçoit davantage Son visage et l’homme devient encore plus l’obligé de Dieu.

En somme l’Ihsān à l’égard de Dieu est de L’adorer comme si on Le voyait.

Ceux qui vouent obéissance à Dieu sont divisés en trois catégories. Il y a tout d’abord ceux qui ne peuvent estimer à leur juste valeur les faveurs divines en raison du fait que Dieu est invisible et que les objets matériels sont, quant à eux, visibles.

Ceux de la première catégorie ne possèdent pas la passion qu’engendre une étude de la grandeur des faveurs divines. Il n’y a pas non plus cet amour qui s’enflamme après avoir vu les grâces grandioses du Bienfaiteur. D’un regard superficiel ils acceptent les droits de Dieu en tant que Créateur. Les brumes du culte de la chose matérielle les empêchent de voir dans toute sa plénitude le visage de Dieu, la Cause Véritable, ainsi que sa beauté.

Leur connaissance imparfaite est davantage ternie par le matérialisme : ils ne peuvent ainsi apprécier à leur juste valeur les faveurs divines et ne peuvent contempler le Visage du Véritable Bienfaiteur. Leur connaissance est floue car d’une part ils se fient à leurs efforts et à leurs moyens, et d’autre part par formalité ils affirment que Dieu, en tant que Créateur et Pourvoyeur, a des droits sur eux. Etant donné que Dieu n’impose pas sur l’homme des charges qui dépassent son entendement, tant qu’ils sont à ce stade Dieu ne leur exige pas plus que la reconnaissance qui Lui est due. Dans le verset en question Adl (l’équité) signifie qu’ils obéissent à Dieu en toute justice.

Mais l’entendement de l’homme peut atteindre un stade supérieur. Quand son discernement n’est plus terni par le monde matériel et quand il voit la main des faveurs divines, il se débarrasse des voiles ténébreux que sont les moyens terrestres [et attribue tout à Dieu].

Il ne dira plus, par exemple, que « j’ai eu une bonne récolte parce que j’ai irrigué mon champ » ou que « j’ai réussi en raison de mes seules compétences » ou que « j’ai pu atteindre cet objectif grâce à l’aide d’untel » ou que « sans celui-là je serai en danger ». Toutes ces notions seront à ses yeux insignifiantes. Il ne verra qu’une seule Personne, qu’une seule Puissance, et qu’un seul Bienfaiteur.

Et c’est là, qu’avec clairvoyance et d’une vision exempte du culte de l’objet matériel, l’homme apercevra les faveurs divines.

Son Bienfaiteur ne sera pas invisible mais bel et bien présent quand il Lui rendra culte. Le Coran qualifie d’Ihsān cette étape dans l’adoration du divin. Voila aussi le sens d’Ihsān selon les dires du Saint Prophète Muhammad (s.a.w) recueillis dans Sahih Bukhari et Sahih Muslim.

La troisième étape, celle qualifiée de Ītāi-dhil Qurba, est celle de l’amour personnel. Tous les motifs égoïstes sont éradiqués et le cœur est plein d’amour à l’instar d’un flacon empli de parfum. C’est ce qu’indique le verset suivant :

وَمِنَ النَّاسِ مَنْ يَشْرِي نَفْسَهُ ابْتِغَاءَ مَرْضَاةِ اللَّهِ وَاللَّهُ رَءُوفٌ بِالْعِبَادِ

« Et parmi les hommes, il y a aussi celui qui vendrait son âme pour obtenir le plaisir d’Allāh; et Allāh est Compatissant envers Ses serviteurs. » (Le Saint Coran, chapitre 2, verset 208)

Ailleurs ce sujet est évoqué en ces termes :

بَلَى مَنْ أَسْلَمَ وَجْهَهُ لِلَّهِ وَهُوَ مُحْسِنٌ فَلَهُ أَجْرُهُ عِنْدَ رَبِّهِ وَلَا خَوْفٌ عَلَيْهِمْ وَلَا هُمْ يَحْزَنُونَ

En vérité, quiconque se soumet complètement à Allāh et dont la conduite est excellente aura sa récompense auprès de son Seigneur. Ils ne seront ni dans la crainte, ni ne seront-ils affligés. (Le Saint Coran, chapitre 2, verset 113) Dieu et l’amour qu’ils Lui vouent sont les objets de leur désir et les bénédictions divines est leur récompense.

Dieu dit dans un autre endroit :

وَيُطْعِمُونَ الطَّعَامَ عَلَى حُبِّهِ مِسْكِينًا وَيَتِيمًا وَأَسِيرًا – إِنَّمَا نُطْعِمُكُمْ لِوَجْهِ اللَّهِ لَا نُرِيدُ مِنْكُمْ جَزَاءً وَلَا شُكُورًا

« Et pour l’amour de Lui, ils nourrissent l’indigent, l’orphelin, et le captif ; En leur disant : « Nous vous donnons à manger uniquement pour le plaisir d’Allāh. Nous ne désirons de vous ni récompense ni remerciements. » (Le Saint Coran, chapitre 76, verset 9 à 10)

A la lumière de tous ces versets il est évident que, selon le Saint Coran, le stade le plus élevé de l’Ibādah et de la vertu est d’acquérir l’amour de Dieu et Son plaisir.

Dieu le Tout-Puissant a nommé cette religion « Islam » afin que l’homme Lui voue culte en raison de sa passion inhérente et non pour des desseins égoïstes, car « Islam » signifie l’abandon de tous les motifs et de se soumettre consciemment à la volonté de Dieu.

Aucune autre religion hormis l’Islam ne présente pareils objectifs. Sans doute, comme un signe de Sa grâce, Dieu a promis aux croyants toutes sortes de faveurs. Cependant ces derniers, qui aspirent à la station supérieure, ont appris à adorer Dieu en éprouvant à Son égard un amour personnel. » (Nur ul Haq, Part II, pp. 436- 441, Ruhani Khaza’in Vol. 9)

« L’amour est une chose merveilleuse. Son feu consume le feu du péché et éteint la flamme de la désobéissance. Il ne peut être question de « punition » là où il y a l’amour parfait et vrai. Un des signes du vrai amour est la crainte qui talonne l’amoureux d’être séparée de son bien-aimé ; il se considère tout à fait perdu et fini s’il commet la moindre bévue ; le mécontentement de son bien-aimé est pour lui un poison. Il est pressé de voir l’aimé ; et quand il est loin de lui le chagrin le prend si fort qu’il peut en perdre la vie. Aussi, pour lui est non seulement péché tout ce que l’on considère comme tel, c’est-à-dire le meurtre, la fornication, le vol ou le parjure etc. mais aussi la moindre négligence vis-à-vis du Dieu, où le moindre attachement que l’on puisse avoir avec une chose qui tend à contrarier son amour pour Dieu. Dans cette situation il récite l’Istighfār (la recherche de la protection) constamment devant son Eternel Bien-aimé. Et comme il ne veut à aucun moment s’éloigner de Dieu, pour lui la moindre négligence, même si elle est due à une faiblesse humaine, est comme un péché aussi énorme qu’une montagne. Voilà le secret des hommes justes et spirituellement parfaits ; ils sont constamment occupés à réciter l’Istighfār ; car là où l’amour est sincère, l’amoureux a toujours la crainte de déplaire à l’aimé. Et comme il aspire au plaisir de Dieu sous sa forme la plus complète, il ne se contente pas même si Dieu lui dit qu’Il est content de lui ; il est comme l’ivrogne qui se met à boire et qui ayant bu une fois ne cesse de demander encore. Il en est de même avec celui dont l’amour déborde, il aspire à plaire à Dieu de plus en plus. L’amour qui s’accroit amène donc à une augmentation de la récitation de l’Istighfār. C’est la raison pour laquelle ceux dont l’amour pour Dieu est au comble récitent l’Istighfār continuellement. Pour reconnaître un homme sans péché, voyez s’il est le plus occupé à réciter l’Istighfār .

L’Istighfār signifie : « cherchez le secours de Dieu pour se débarrasser des défauts et des infirmités ou faiblesses auxquelles on est sujet du fait que, malheureusement on est des hommes, afin que par la grâce d’Allah ces infirmités ou faiblesses demeurent cachées, et ne soient pas exposées au monde extérieur ». L’Istighfār possède en ce cas une signification plus étendue pour le bien du commun des mortels ; à savoir que l’ Istighfār fut amené à comprendre aussi la recherche de la protection contre les effets destructifs et les mauvaises conséquences de ses défauts.

La source du vrai salut est donc l’amour de Dieu qui attire vers soi Dieu Lui-même par l’humilité et la récitation constante de l’Istighfār. Quand on a atteint le point culminant de la passion, quand on a sublimé tout sentiment égoïste dans ce feu, l’amour de Dieu pour l’homme descend sur le coeur et vous secourt contre les maux de la vie terrestre ; on prend la couleur de Sainteté du Dieu Vivant Existant de Lui-même, voire on devient le Zill (l’ombre) de tous Ses attributs. On devient celui qui manifeste la gloire de Dieu, et par soi, sont révélés les secrets qui sont écrits et enregistrés dans le Trésor Eternel de Sa divinité. Comme le Dieu qui a créé ce monde n’est pas avare, Ses bénédictions sont perpétuelles et Ses titres et attributs ne sont jamais en suspens. » (Chashma-i-Masihi, pages 57-59)

« Le péché est un poison qui surgit lorsque l’homme ne prête plus obéissance à Dieu, et lorsqu’il s’écarte de l’amour ardent pour Dieu et de Son doux souvenir. L’état de la personne dont le cœur est dénué d’amour à l’égard de Dieu ressemble à cet arbre déraciné, incapable d’absorber l’eau de la terre, et qui se dessèche et se flétrit de jour en jour. Telle une sécheresse qui sévit, le péché gagne peu à peu de l’emprise sur le cœur de l’intéressé. La loi naturelle de Dieu prescrit trois remèdes contre cette sécheresse. Premièrement, l’amour. Deuxièmement, l’Istighfār, qui signifie le désir de réprimer et de couvrir ; car tant que les racines de l’arbre sont fermement implantées au sol, il y aura de fortes chances que les branches seront verdoyantes. Le troisième remède est la Tawbah : c’est-à-dire, se pencher en toute humilité vers Dieu afin de se désaltérer à cette source salvatrice et vivifiante ; et se rapprocher de Dieu et s’extirper des ténèbres du péché en accomplissant des actes méritoires. La tawbah n’est point un exercice verbal ; elle doit être perfectionnée grâce aux bonnes œuvres. En fait, toutes les bonnes œuvres sont accomplies afin de parfaire la tawbah.

Car leur objectif à elles toutes est de nous rapprocher de Dieu. La dua (supplication) est en soi la Tawbah, car l’on y cherche par son truchement, la proximité de Dieu. C’est la raison pour laquelle lorsque Dieu insuffla la vie en l’homme, Il lui donna le nom de Ruh (esprit), car son véritable bonheur et bien-être réside dans la reconnaissance, l’amour de Dieu et dans sa soumission à Lui. L’homme est également appelé Nafs (âme) car il cherche l’union avec Dieu. Celui qui aime Dieu est à l’instar d’un arbre solidement ancrée au sol. Voilà la définition du paradis de l’homme. A l’exemple de l’arbre qui absorbe l’eau du sol et expulse par son entremise des substances nocives, quand le cœur est nourri par l’eau de l’amour divin, il lui est facile de se débarrasser de toute influence nocive. S’étant plongé en Dieu, il continue à recevoir une subsistance pure qui l’amène à grandir, à s’épanouir et à porter de bons fruits. Mais quant à ceux qui n’ont pas leurs racines en Dieu ils ne peuvent absorber cette eau nourricière ; ils s’assèchent d’instant en instant, perdant leurs feuilles et laissant derrière que des branches nues et laides. Etant donné que l’aridité du péché résulte de l’aliénation [de Dieu], la solution toute évidente est l’établissement d’une relation ferme avec Dieu : c’est ce qu’indique la loi de la nature. Se référant à cet état, Dieu le Glorieux, affirme :

يَا أَيَّتُهَا النَّفْسُ الْمُطْمَئِنَّةُ – ارْجِعِي إِلَى رَبِّكِ رَاضِيَةً مَرْضِيَّةً -فَادْخُلِي فِي عِبَادِي – وَادْخُلِي جَنَّتِي

« Ô âme en paix ! Retourne auprès de ton Seigneur, satisfaite de Lui et Lui satisfait de toi. Entre donc parmi Mes serviteurs, et entre dans Mon Jardin. » (Le Saint Coran, chapitre 89, versets 28 à 31)

Un amour ardent et passionné à l’égard de Dieu est, par conséquent, le seul remède efficace contre le péché. Les actes de piété qui en résultent éteignent le feu du péché, car lorsque l’homme accomplit des bonnes œuvres pour Dieu, il témoigne de son amour à Son égard. La première étape de l’amour – qui ressemble à l’arbre mise en terre – est d’avoir une telle foi en Dieu qu’on Le préfère à tout, même au-dessus de sa propre vie.

La deuxième étape est l’Istighfār par lequel l’homme craint que la séparation de Dieu exposera ses faiblesses humaines : cet état est comparable à l’arbre profondément enraciné dans le sol. La troisième étape est la Tawbah (la repentance) ; elle ressemble à l’arbre qui porte ses racines près de l’eau pour en absorber, à l’instar du nourrisson qui tète.

Le péché nait de l’éloignement de Dieu : pour s’en défaire il faudra se lier à Dieu. Ignorant en effet sont ceux qui affirme que le suicide d’untel est le remède à leurs transgressions. » (Siraj-ud-Din ‘Isa’i ke char sawalon ka jawab, Ruhani Khaza’in, vol. 12, p. 328)

Le Messie Promis (a.s) a écrit plus loin : « Le Coran, nous offre l’enseignement parfait qui, appliqué [à la lettre] nous permet d’admirer ici-bas le visage de l’Etre divin. Il dit à cet effet :

فَمَنْ كَانَ يَرْجُوا لِقَاءَ رَبِّهِ فَلْيَعْمَلْ عَمَلًا صَالِحًا وَلَا يُشْرِكْ بِعِبَادَةِ رَبِّهِ أَحَدًا

« Alors que celui qui espère rencontrer son Seigneur fasse de bonnes œuvres, et qu’il n’associe personne à l’adoration de son Seigneur. » (Le Saint Coran, chapitre 18, verset 111)

En somme, celui qui désire voir Dieu, le Véritable Créateur, au cours de sa vie terrestre, doit agir avec droiture. Ses actions doivent être exempts de toute corruption, ostentation, suffisance et arrogance ; ses œuvres ne doivent être ni défectueuses ni déficientes, ni accompagnées d’un relent nauséabond qui soit contraire à l’amour personnel de Dieu. Elles doivent, au contraire, être imprégnées de sincérité et de fidélité.

Le concerné doit également s’abstenir de toute forme de Shirk [le fait d’associer des partenaires à Dieu] et ne doit adorer ni le soleil, ni la lune, ni les étoiles, ni l’air, ni le feu, ni l’eau, ou tout autre objet terrestre. Il ne doit pas glorifier les moyens de ce monde ou en avoir une telle confiance au point de les considérer des partenaires égaux à Dieu. Que ses prouesses ou ses réussites ne le rendent point prétentieux, car cela revient également à l’idolâtrie.

Après avoir remuer ciel et terre qu’il se dit qu’il n’a rien accompli. Qu’il ne soit point orgueilleux en raison de son érudition ou de ses œuvres : qu’il se considère au contraire ignorant et fainéant. Que son âme soit à jamais prosternée devant seuil du Tout-Puissant, quémandant Sa grâce par la prière et la supplication. Qu’il soit à l’instar de l’assoiffé infirme qui se trouve face à une fontaine d’eau claire et fraîche ; clopin-clopant il y parvient, y place ses lèvres et s’y désaltère jusqu’à satiété. » (Lecture Lahore, pages 10 à 11)

Evoquant le stade à atteindre dans l’amour de Dieu le Messie Promis (a.s) affirme : « Si vous vous découvrez la passion d’un amoureux sincère – qui endure la faim et la soif quand il est séparé de l’Aimé et qui ne se souci ni de sa nourriture, de sa boisson ou de son corps – vous devriez, en ce cas, éprouver à l’égard de Dieu un tel amour que votre existence soit à tout jamais anéanti pour Sa cause.

Bienheureux est celui qui meurt dans un tel état. Nous sommes intéressés par l’amour personnel [à l’égard de Dieu] et non par des révélations et des visions… »

D’aucuns disent, affirme Sa Sainteté le Calife, qu’ils n’ont pas eu de révélations ou de visions ; ce qui compte en réalité, c’est la relation personnelle avec Dieu et non pas le nombre de révélations, de visions ou de rêves vraies.

Le Messie Promis (a.s.) ajoute : « …Un ivrogne avale verre après verre d’alcool et en tire plaisir. De même, vous devriez boire une coupe pleine d’amour personnel de Dieu.

Et vous ne devez jamais vous en rassasier à l’instar de l’ivrogne dont la soif n’est jamais étanchée. Tant que l’on n’a pas mérité le titre de l’amant passionné l’on ne doit jamais faire marche arrière. On doit faire un pas devant l’autre sans jamais éloigner la coupe de ses lèvres. Soyez désespéré et angoissé à l’égard de cet amour.

Si vous n’avez pas atteint ce stade vous n’êtes d’aucune utilité.

L’amour de Dieu doit être si importante que rien d’autre ne doit avoir de l’importance. Ne succombez pas à la tentation et n’ayez crainte [de personne sauf de Dieu] ! (Malfuzat, vol. 3, p. 134, nouvelle édition)

Le Messie Promis (a.s) ajoute : « Quand l’homme est complètement en paix avec Allah et qu’il n’y pas de doléances de sa part, il développera pour Dieu un amour personnel. Sans cette affection personnelle à l’égard du Très-Haut Sa foi est en grand danger ; cependant une fois présente l’homme se retrouvera à l’abri des assauts de Satan.

L’on doit acquérir cet amour personnel par l’entremise de la prière. Tant qu’il est inexistant l’homme vivra sous [le joug] du Nafs-i-Ammarah (l’âme qui incite au mal) et sera entre ses griffes. Ceux qui subissent l’influence de cette âme chérissent ce monde, sont loin de l’Au-delà et sont en grand danger ! Ils se disent : « Ce monde est délicieux profitons-en, qui a vu l’Au-delà pour qu’on s’en soucie ? »

Quant à ceux qui subissent l’influence de la Nafs-i-Lawwamah (l’âme qui se réprouve), ils sont à un moment l’ami de Dieu et Satan à un autre ! Leur état est inconstant car ils luttent contre leurs âmes ; ils sont parfois victorieux et parfois perdants. Cependant ils sont à un stade louable, car ils accomplissent de bonnes œuvres et ont peur de Dieu. Toutefois, ceux qui sont sous l’influence de Nafs-iMutma’innah (l’âme en paix) ont triomphé. Ils ont vaincus tous les dangers et la peur pour atteindre un havre de paix où Satan ne peut les atteindre. (Malfuzat, vol. 3, p. 508, nouvelle édition)

Le Messie Promis (a.s) ajoute : « Un croyant doit être à l’instar de l’ardent amoureux ; il doit être sincère dans son amour. Il voue à son Bien-aimé – c’est-à-dire Dieu – une passion sincère et une fidélité à toute épreuve ; il se présente à Lui en toute humilité, tout en Le suppliant et en étant ferme dans sa détermination.

Aucun délice mondain n’est pour lui source de plaisir ; son âme se nourrie de l’amour ardent de Dieu. Il n’est pas perturbé si Son Bien-aimé lui est indifférent et ne perd pas courage quand s’Il est silencieux et ne lui répond pas. En fait, il va toujours de l’avant et ressent une tendresse grandissante.

Ces deux aspects sont importants : le fervent croyant doit être complètement consumé par l’amour divin et cette affection doit atteindre son apogée. Cette passion doit être sincère et ce lien d’amour si inébranlable qu’aucun malheur, aucun silence et aucune indifférence de la part de l’Aimé ne peuvent l’ébranler.

« C’est d’une façon miraculeuse, et non ordinaire, que Dieu sauve de la calamité les personnes véritablement pieuses. Le fourbe ou l’ignorant peut prétendre à la piété, mais seul l’est celui qui est confirmé tel par le Signe de Dieu. Tout un chacun peut se flatter d’aimer Dieu, mais seul celui dont l’amour est attesté par le ciel L’aime vraiment. Qui que se soit peut avancer que sa religion est vraie, mais seul celui qui reçoit la lumière en ce monde-ci a raison. Tout un chacun peut revendiquer que le salut lui est réservé, mais seul celui qui voit la lumière du salut en ce monde-ci a raison.

Efforcez-vous donc de vous faire les bien-aimés de Dieu afin que tous les malheurs vous soient épargnés. »

« Misérable est-il, celui qui ignore l’existence d’un Dieu puissant sur toute chose. Notre Dieu est notre paradis. L’apogée de notre félicité réside en Lui, car nous L’avons rencontré et avons distingué en Lui la beauté sublime dans tous ses reflets. Un Tel Trésor mérite qu’on se Le procure, même si cela engage le sacrifice de sa vie. Même s’il faut se ruiner, ce Joyau mérite qu’on se L’achète. Ô vous qui êtes privés de cette bénédiction ! Empressez-vous d’atteindre cette source; elle vous étanchera la soif. Elle est l’élixir de la vie qui vous délivrera.

Ah ! Que dois-je faire ? Comment vous martèlerai-je le cœur de ces heureuses nouvelles ? Quel tambour dois-je frapper pour vous faire entendre et comprendre qu’Il est votre Dieu ? Quel remède dois-je utiliser pour vous faire prêter l’oreille à ma voix ?

Si vous acceptez d’être le peuple de Dieu en vous offrant entièrement à Lui, soyez certains qu’Il sera votre Dieu. Si vous dormez, Il veillera sur vous. Si, vis-à-vis de votre ennemi, vous perdez de vigilance, Il le matera et fera échouer ses machinations. Vous êtes encore loin d’évaluer justement combien puissant Il est.

Si vous l’aviez su, jamais vous n’auriez versé des larmes de tristesse à cause des biens de ce monde. Celui qui possède un trésor, s’attristera-t-il au point de se suicider, s’il perd un misérable sou ? Si vous pouviez réaliser ce qu’est l’heureuse fortune d’avoir un Dieu Qui fera le nécessaire chaque fois que vous êtes dans le besoin, vous ne vous laisseriez pas tant ronger par la concupiscence.

Votre Dieu est un Trésor Précieux; aussi, appréciez-Le à Sa juste valeur, car Il vous apporte instamment Son aide dans tout ce que vous entreprenez. Sans Lui, vous ne valez rien; vos ressources et vos plans non plus n’ont aucune valeur. N’imitez pas le peuple qui s’est rendu totalement dépendant des moyens matériels. Il est tel le serpent qui se nourrit de poussière, tel le chien ou le vautour qui se festoient de charognes. Il est très éloigné de Dieu. Il adore les humains, mange le porc, et boit le vin comme si c’était de l’eau. Il est tel le mort parce qu’il place une confiance excessive dans les moyens matériels, et estime qu’il n’est pas nécessaire de solliciter auprès de Dieu la force. Tel le pigeon qui quitte son nid pour prendre son envol, l’esprit céleste l’a abandonné. La lèpre qu’est le culte du matériel lui infestera ses entrailles et rongera tous ses organes internes. Méfiez-vous donc de cette lèpre ! (Kishti-Nuh)

« Faites de grands efforts afin de reconnaître Dieu, car L’atteindre est synonyme de salut réel et de délivrance véritable. Ce Dieu se manifeste à ceux qui, le cœur sincère et empli d’amour, se mettent à Sa recherche. Il ne se révèle qu’à celui qui se voue à Lui. Les cœurs purs sont Son royaume et les langues exemptes de mensonges, d’abjections et d’absurdités le réceptacle de Sa révélation. Tous ceux qui s’annihilent en Son plaisir deviennent la manifestation de Ses pouvoirs miraculeux ! (Kashful Ghita, p. 188, Ruhani Khaza’in, Vol. 14)

Qu’Allah fasse que nous puissions atteindre ces sommets sur lesquels le Messie Promis (a.s) souhaitait nous voir. Que nous puissions nous prosterner devant Lui en toute sincérité, mériter Son amour et entrer dans le Jardin de Son plaisir. Amine.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication de ce sermon)

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