Sermons 2014

Conférence des grandes religions de 1924 – sermon du 28-02-2014

Baitul-Futuh-Dome-Interieur
Photo: Tanveer Khokhar - www.uk.smugmug.com/

 Sermon du vendredi prononcé par Sa Sainteté le Calife, Hadrat Mirza Masroor Ahmad, chef spirituel de la Communauté Islamique Ahmadiyya Internationale, le 28 février 2014, à la mosquée Baitul-Futuh, au Royaume-Uni.

Vendredi dernier j’ai évoqué la prophétie à propos du Muslih Maw’ūd (le Réformateur Promis) faite par Hadrat Mirza Ghulam Ahmad (a.s). Je m’étais appesanti sur l’aspect de la prophétie qui avait trait à la connaissance spirituelle et séculière que possédait le deuxième Calife, ainsi que sur son exégèse du Coran et l’effet qu’elle a eu sur les non-ahmadis.

Les chefs-d’œuvre et réalisations de Hadrat Muslih Maw’ud (r.a.) sont si importants des mois voire des années seront nécessaires pour en parler. [Dans ce contexte] je compte aujourd’hui évoquer un évènement qui a eu lieu 90 ans de cela et qui concerne la ville de Londres. En effet, en septembre 1924, le deuxième Calife y était présent pour une conférence sur les grandes religions. Aujourd’hui, ici et ailleurs, la djama’at a des relations et une [bonne] renommée parmi les parlementaires et les intellectuels. Elle est aussi connue des organisations qui militent en faveur des droits de l’homme en raison des persécutions que subissent les ahmadis dans le monde.

Or ce n’était pas le cas à l’époque du deuxième Calife ; cependant Dieu fit naitre des circonstances particulières et les organisateurs de la conférence invitèrent Hadrat Muslih Maw’ud (r.a.) à Londres. Sans le soutien spécial de Dieu cela aurait été impossible. D’ailleurs la situation financière de la djama’at à l’époque n’était pas aussi favorable : le Calife était accompagné d’une délégation de 11 personnes, chose qui sortait de l’ordinaire. Il avait payé ses frais de voyage de sa poche et les membres de sa délégation avaient contracté des dettes pour l’accompagner.

Ce ne fut qu’après d’incessantes prières, après avoir demandé conseil aux ahmadis et après mûre réflexion qu’il entreprit ce voyage qui d’ailleurs était accompagné du soutien divin à chaque étape. Ce fut la première tournée d’un Calife [de la djama’at] en Europe, en Syrie, en Egypte et en Palestine. Aucun autre Calife n’a pu visiter le Moyen-Orient après lui et la situation dans cette région s’est empirée par la suite, [rendant impossible cette entreprise] en raison des restrictions.

Je compte présenter aujourd’hui quelques faits concernant la conférence ainsi que l’impression qu’a laissée le deuxième Calife (r.a.) sur les Anglais de l’époque, des impressions qui dévoilent son érudition ainsi que le soutien divin qui l’accompagnait.

Pendant le voyage effectué par mer, un jour alors que le Calife (r.a.) se trouvait sur le pont du navire avec ses compagnons le médecin de bord, qui était un Italien, passa tout près d’eux. En les voyant il s’exclama : « Jésus-Christ et ses douze disciples ! » Le Dr Hasmatullah, qui l’avait entendu, affirma qu’il était tout étonné d’entendre cette description si pertinente et perspicace de la part de ce disciple du Pape. Le douzième de la délégation était Chaudhry Mohammad Sharif, un avocat, qui était en voyage privé.

En 1924 devait se tenir à Londres l’exposition de Wembley. Et un des chefs de file du socialisme de l’époque, un certain William Loftus Hare suggéra d’organiser une conférence et de convier les représentants des religions de l’Empire britannique pour qu’ils exposent les principes de leur foi. Parmi les organisateurs se trouvaient des orientalistes qui formèrent un comité sous les auspices de l’École des études orientales de l’Université de Londres. L’Imperial Institute fut choisi comme lieu de la conférence et le 22 septembre au 3 octobre furent les dates fixées. Et le comité décida d’inviter les représentants de l’Hindouisme, de l’Islam, du Bouddhisme, du Zoroastrisme, du Jainisme, du Sikhisme, du soufisme, du Brahmo Samaj, de l’Arya Samaj, et du Confucianisme.

Hadrat Maulvi Abdur Rahim Dard était en poste comme missionnaire à Londres depuis 1923, mais il ignorait tout de la conférence. Au début de l’année 1924 quelqu’un en fit mention en sa présence et il partit voir la secrétaire du comité organisateur, qui fut convaincu que l’on devrait présenter le point de vu de djama’at Ahmadiyya sur l’Islam. Sir Thomas W. Arnold, le vice-président du comité, impressionné par la personnalité et l’érudition de Hadrat Abdur Rahim Saheb suggéra aux membres organisateurs de prendre son avis à propos des autres orateurs. [Face à pareil situation] aujourd’hui d’aucuns parmi nous jettent l’éponge facilement en disant qu’il est trop tard et que l’on ne pourra rien faire. Mais à l’époque malgré le fait qu’il n’avait aucune influence, Maulvi Abdur Rahim sut convaincre les organisateurs.

Ces derniers révisèrent leur programme et acceptèrent d’inviter les orateurs que leur suggérait Hadrat Abdur Rahim pour représenter l’Hindouisme, le Bouddhisme ; et pour le soufisme il leur présenta le nom de Hafiz Roshan Ali Saheb en ajoutant que ce dernier ne pourra faire le déplacement qu’après l’aval du deuxième Calife (r.a.). Le Dr Arnold, le professeur Margoliouth et les autres membres du comité prirent aussi la décision d’inviter le deuxième Calife (r.a.) pour la conférence et le priant de prendre avec lui Hafiz Roshan Ali Saheb.

Hadrat Muslih Maw’ud (r.a.) accepta l’invitation après mûre réflexion et maints conseils. Il travailla sur son exposé et le confia à Chaudhry Muhammad Zafrullah Khan, à Maulvi Sher Ali et à Hadrat Mirza Bashir Ahmad pour la traduction en anglais et pour la révision. Mais il constata que le discours était trop long et qu’il n’aurait pas assez de temps pour le présenter. Etant donné qu’un simple résumé du discours n’était pas non plus approprié il décida de travailler sur un nouveau traité. Le premier discours qu’il prépara fut par la suite publier sous le titre de « L’Ahmadiyya, l’Islam véritable ».

Ainsi le 23 septembre 1924 fut le jour historique où l’on présenta le discours du deuxième Calife (r.a.) : ce fut aussi le jour de gloire de l’Islam et de l’Ahmadiyya, le jour où l’Europe reçut le véritable message de l’Islam. Plusieurs années auparavant le Messie Promis (a.s) avait vu en rêve qu’il prononçait un discours à Londres, songe qui se réalisa dans toute sa splendeur.

L’exposé du deuxième Calife (r.a.) débuta à 17 heures. Ceux qui étaient dans la salle avaient écouté plusieurs discours pendant deux heures et demie. Mais ils ne quittèrent pas pour autant leur place ; de surcroit d’autres personnes vinrent les rejoindre et en peu de temps la salle était comble, chose que l’on n’avait pas vu pour les autres orateurs.

Sir Theodore Morison qui présidait la conférence demanda poliment à Hadrat Khalifat Masih (qu’Allah soit satisfait de lui) de prendre la parole. Celui-ci se leva et dit en anglais : « Monsieur le Président, sœurs et frères ! Je remercie tout d’abord Dieu qui a inspiré les organisateurs à pousser les autres à réfléchir sur des questions d’ordre religieuse et de leur offrir l’occasion d’écouter le point de vue des différentes religions, les permettant ainsi de faire un choix parmi elles. J’invite à présent mon disciple, Chaudhry Muhammad Zafrullah Khan, de prendre la parole et de présenter mon traité. Quant à moi, je n’ai point l’habitude de lire un texte préparé quand je prends la parole, même dans ma langue. Je prononce tous mes discours de mémoire et des fois je parle pendant six heures.

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Les effets de la pratique religieuse ne se confinent pas à ce monde : ils se transmettent à l’Au-delà et le bonheur éternel de l’homme est associé à la foi. Je vous invite à réfléchir et à méditer à ce propos et j’espère que vous allez écouter ce qui va suivre attentivement. »

Chaudhry Zafrullah Khan parla pendant une heure d’une voix puissante en dépit d’une gorge enroué. Hadrat Muslih Maw’ud (r.a.) avait dit plus tard que c’était en fait lui qui parlait par l’entremise de Chaudhry Zafrullah Khan. Toute la salle était en extase et on dirait qu’ils étaient tous des ahmadis. A chaque fois que l’on évoquait un point à propos de l’Islam qui était nouveau pour l’assistance, des expressions de joie se faisaient entendre de part et d’autre dans la salle. Les questions de l’esclavage, de l’intérêt et de la polygamie furent été traitées. Hommes et femmes écoutèrent tout avec engouement. A la fin du discours il y eu des applaudissements nourris pendant plusieurs minutes.

Hadrat Muslih Maw’ud (r.a.) évoqua la fondation de la djama’at Ahmadiyya par Hadrat Mirza Ghulam Ahmad (a.s), le fait qu’il se soit proclamé Mahdi et Messie, celui dont l’avènement était prophétisé par les Evangiles et les écritures saintes de l’Islam. En dépit de l’hostilité grandissante à son encontre, des fidèles s’étaient réunis autour lui, et peu à peu la djama’at s’implanta dans plusieurs pays.

Après son décès le Califat pris la relève pour continuer sa mission. Peu à peu des personnes appartenant à différentes religions se sont jointes à la communauté. Selon les prophéties [des Ecritures antérieures] le Messie devrait apparaître au cours de cette ère. Et selon Hadrat Mirza Ghulam Ahmad (a.s) Dieu l’envoya afin de guider l’humanité : il fit naitre la certitude en Dieu et établit un lien entre l’homme et Son créateur. Toute religion qui ne sert pas de truchement pour connaître Dieu, a-t-il ajouté, n’en mérite pas le titre.

Dans son traité Hadrat Muslih Maw’ud (r.a.) ajouta que le Messie Promis (a.s) affirme que certes le Coran est le dernier livre de Loi, mais cela ne signifie point que l’intelligence humaine avait atteint son apogée. Le Coran regorge de trésors de connaissance à la portée de ceux qui s’appliquent à les trouver : ce faisant ils accompliront d’une part de grands progrès spirituels et d’autre part ils seront récipiendaires d’un savoir secret ayant trait à ce monde.

Le Saint Coran réfute l’accusation que l’Islam s’est répandu par les armes en affirmant qu’il n’y a nul contrainte en matière de religion.

Hadrat Muslih Maw’ud (r.a.) présenta aussi des preuves et des signes afin de prouver la véracité du Messie Promis (a.s). Celui-ci avait vu en rêve qu’il prononçait, debout sur une estrade, un discours sur l’Islam à Londres et qu’il avait attrapé quelques oiseaux blancs. Il l’avait interprété comme voulant dire que ses enseignements seront diffusé dans ce pays et que d’aucuns se joindront à l’Islam. Ce rêve se réalisa une première fois par l’entremise du deuxième Calife (r.a.), lors de sa visite en 1924.

Celui-ci ajouta que pour connaître la vérité sur le Messie Promis (a.s) il faut suivre la méthode qu’il préconise : de prier pendant quarante jours, en s’étant débarrassé de ses préjugés et en demandant à Dieu Sa direction. Certainement Il exaucera les prières de l’intéressé et lui montrera des signes convaincants sur la véracité du Messie Promis (a.s).

Le deuxième Calife (r.a.) termina avec ces paroles : « Frères et sœurs, la lumière de Dieu vous éclaire, et ce que le monde qualifie de légende, en raison du passage des siècles, S’est manifesté devant vos yeux. La Gloire de Dieu s’est exprimé à vous par l’entremise d’un prophète dont l’avènement fut annoncé par tous les Prophètes précédents, de Noé au Saint Prophète Muhammad (s.a.w). Dieu vous démontre qu’Il n’est pas seulement le Dieu des morts, mais aussi celui de vos contemporains et de ceux qui vous succèderont. Acceptez cette lumière afin que votre cœur en soit éclairé. Sœurs et frères cette vie est éphémère mais il est faux de croire qu’il sera suivit du néant. Sachez que l’âme a été créé pour la vie éternelle et non pour le néant. Dès sa naissance l’homme commence à parcourir une voie sans fin et la mort n’est rien d’autre qu’une étape pour accélérer son rythme.

Comment se fait-il que vous essayer de vous surpasser les uns les autres dans de petites compétitions et que vous en négligez la plus importante dans laquelle vos prédécesseurs, vos contemporains et vos successeurs doivent certainement prendre part ? Ignorez vous qu’un juste a été envoyé à l’Est et Dieu, par son entremise, a porté la vérité jusqu’à vos portes ? Soyez très reconnaissants pour cette grâce que vous avez reçue, afin que vous puissiez en mériter davantage. Courez profiter de Sa miséricorde afin que l’amour divin ne cesse de grandir pour vous.

Pourquoi vous, qui condamnez tout intoxicant qui engourdit le cerveau, vous complaisez vous dans ce qui est préjudiciable et ce qui réprime les aspirations de l’âme ? Vous qui refusez de vous prosterner devant les idoles, pourquoi donc rendez-vous culte à un dieu imaginaire qui ne donne pas signe de vie ? Venez profiter de ce nectar divin et vivifiant que vous offre Dieu : il ne tue point la raison, mais l’éclaire. »

En prenant le ton du style biblique, il termina avec ces phrases :

« Réjouissez-vous, demoiselles d’honneur et amies de la mariée ! Chantez des hymnes joyeux, car le marié est là ! Celui que l’on cherchait est venu ! Celui que l’on attendait pendant si longtemps que les yeux avaient perdus de leur vivacité, se dévoile maintenant à vous. Béni soit celui qui est venu au nom de Dieu ! Celui qui L’obtient, obtient tout. Et celui qui ne Le voit pas, ne peut rien voir. Toutes les louanges appartiennent à Dieu, le Maitre de tous les mondes ! »

Ainsi avec sagesse et résolution Hadrat Muslih Maw’ud (r.a.) invita les membres de l’audience vers l’Islam. Sir Theodore Morison indiqua dans ses remarques de la fin, que l’existence de la djama’at Ahmadiyya prouve que l’Islam est une religion vivante. La communauté Ahmadiyya est la renaissance naturelle de l’Islam, à l’instar de ce qu’était le mouvement initié par Jésus-Christ dans la dispensation mosaïque. Sir Theodore ne cessa de faire les éloges du discours du Calife à plusieurs reprises lors de son allocution.

Un invité de France expliqua qu’il préférait l’Islam au Christianisme, mais qu’il s’inclinait plus vers le Boudhisme que vers l’Islam. Mais après avoir entendu les représentants de toutes ces religions et la présentation du Calife il conclut que l’Islam est la meilleure d’entre toutes.

Le journal Manchester Guardian du 24 septembre 1924 publia un article à propos du discours du Calife, ajoutant qu’il est important de noter qu’aucun autre exposé n’avait reçu autant d’acclamations que celui du représentant de la djama’at Ahmadiyya. Et nombre d’invités rencontrèrent personnellement le Calife pour le féliciter.

Ce traité et celui qui a été écrit précédemment, ont été traduits en anglais. Que Dieu bénisse infiniment Hadrat Muslih Maw’ūd (le Réformateur Promis) qui nous a légué un grand trésor sur presque tous les sujets. La Fadl-i-Umar Foundation doit faire davantage afin de traduire ses œuvres.

A la fin de son sermon Sa Sainteté le Calife a annoncé qu’il dirigerait la prière funéraire en absence de M. Kamal Ahmad Krogh Sahib du Danemark. Le défunt est né en 1942 et avait enseigné l’histoire, la géographie et la langue danoise jusqu’en 2003. Il avait accepté l’Islam dans les années soixante et a été l’un des étudiants de M. Abdus Salam Madsen. Jusqu’à sa mort, il a été un Ahmadi fidèle, sincère et animé d’un amour ardent pour le Califat.

Quand le Calife était en tournée au Danemark, en dépit de sa maladie, M. Kamal Ahmad venait régulièrement à sa rencontre. Il a servi au sein de la djama’at en diverses capacités pour de longues années ; il avait une grande passion pour le Tabligh. Selon son épouse, quand il rentrait tard à la maison après avoir servi la djama’at il planifiait les réunions du lendemain et rédigeait les rapports jusqu’à fort tard pour l’Ameer sahib, avant de se mettre au lit.

Qu’Allah exalte le statut du défunt, et qu’Il accorde patience et persévérance à sa veuve et à ses enfants. Qu’Il fasse aussi qu’ils soient toujours attachés à la djama’at.


(Le site www.islam-ahmadiyya.org prend l’entière responsabilité de la publication de ce sermon)