Sermons 2012

Construction des mosquées en Europe et les devoirs des musulmans – sermon du 27-04-2012

Mosquée-Dar-Ul-Aman-Manchester
Mosquée-Dar-Ul-Aman-Manchester

Construction des mosquées en Europe et les devoirs des musulmans

Sermon du 27 avril 2012 – par Hadrat Mirza Masroor Ahmad

Sa Sainteté le Calife prononça son sermon du 27 avril 2012 à Manchester dans le cadre de l’ouverture de la mosquée Dar-ul-Aman. D’emblée il cita les versets suivants tirés du Saint Coran : « Et souvenez-vous quand Abraham et Ismaël élevaient les fondations de la Maison, tout en implorant : « Notre Seigneur, accepte ceci de nous ; car Tu es Celui Qui entend tout, Tu es l’Omniscient. Notre Seigneur, fais-nous tous deux soumis à Toi, et fais, de notre postérité, un peuple soumis à Toi. Et montre-nous nos façons de prier et tourne-Toi vers nous avec clémence ; car Tu es Celui Qui revient sans cesse avec compassion, le Miséricordieux. Notre Seigneur, élève parmi eux un Messager d’entre eux-mêmes, qui puisse leur réciter Tes Signes et leur enseigner le Livre et la Sagesse et qui puisse les rendre purs ; assurément, Tu es le Puissant, le Sage. » (Le Saint Coran, chapitre 2, versets 128 à 130)

Ces versets évoquent l’humilité, le sens de sacrifice et la fidélité des prophètes Abraham (a.s) et Ismaël (a.s), ainsi que leur prière en faveur de leurs descendants pour qu’ils soient toujours attachés à Dieu. Chaque pierre posée pour bâtir la Ka’aba témoignait qu’une fois cette maison construite le père abandonnera son fils ainsi que ses descendants en ce lieu désert, afin qu’ils se consacrent à l’adoration de Dieu. Suite à la promesse divine ils étaient tous deux convaincus qu’un jour cette maison sera le centre du monde, mais ils en ignoraient tout du moment de son accomplissement. Leur vie était sacrifice, néanmoins ils firent preuve d’une grande humilité, car disaient-ils, Dieu daigna accepter leurs sacrifices et c’était par Sa grâce qu’ils bâtissaient ce lieu de culte. L’orgueil ne ternissait point leur œuvre et ils ne convoitaient aucune récompense. Ils étalèrent leurs intentions à Dieu l’Omniscient en affirmant qu’ils ne désirent que Son plaisir et suppliant Celui-ci d’accorder perspicacité et progrès spirituel à leurs descendants.

{wd file=images/stories/audio/sermon_27_04_2012.mp3 name=’Téléchargez la version mp3 du sermon’}

Voilà en somme les sentiments qui doivent animer les musulmans quand ils bâtissent des mosquées. En soit un bel édifice n’a aucun sens ; certes il existe de belles mosquées, richement décorées, mais elles ne permettent guère d’atteindre les objectifs évoqués ci-dessus.

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w) avait interdit aux musulmans d’embellir leurs mosquées à l’instar des adeptes des autres religions. Mais la vraie beauté d’une mosquée ne réside pas en ces fioritures ; sa parure d’une se trouve en ceux qui viennent y prier en toute sincérité.

Le deuxième Calife de la djama’at Ahmadiyya rapporta qu’il visita une très belle et grande mosquée – probablement en Égypte – mais n’y trouva que quatre ou cinq personnes en prière dans un coin. Il en demanda la raison à l’imam qui expliqua qu’afin d’éviter tout embarras face aux visiteurs, il ne se mettait pas dans la niche pour diriger la prière en congrégation car il n’y a jamais grand monde. Lui et ses quelques fidèles prient dans un coin afin que les visiteurs croient que la prière en congrégation est terminée et qu’ils sont en train de faire les leurs dans un coin.

Il en est aussi de ces mosquées remplies de fidèles ; mais les cœurs de ces derniers sont dénués des sentiments qui doivent animer une personne en prière. Les pensées de ce monde occupent leur esprit même au cours de la Salat, ils ne consacrent point leur attention à Dieu en toute sincérité. Nous devons bâtir des mosquées uniquement pour que l’on se prosterne devant Dieu et pour avoir son plaisir.

Loin d’être fier de nos sacrifices, nous devons au contraire, Le remercier pour nous avoir offert le privilège d’offrir notre argent pour bâtir cette mosquée. Car nos sacrifices sont tout à fait insignifiants comparés à ceux consentis par le prophète Ismaël (a.s). Nous nous contentons, quant à nous, de sacrifier nos biens et cela dépendant de nos capacités. Vu la situation qui prévaut, c’est un acte très louable que de changer de priorité et de contribuer financièrement pour bâtir une mosquée. En de nombreuses occasions le Saint Prophète Muhammad (s.a.w) nous a encouragés en ce sens déclarant que c’est un acte hautement méritoire aux yeux de Dieu.

Mosquée-Dar-Ul-Aman-Manchester

Mosquée-Dar-Ul-Aman à Manchester, Royaume-Uni

Par la grâce de Dieu les ahmadis ont bâti de nombreuses mosquées en Occident récemment. D’aucuns y accorde une telle importance qu’ils s’imposent de grandes privations afin de consentir à ces sacrifices. Les membres de la djama’at [de Manchester] ont contribué environ 1 200 000 livres sterlings pour construire cette mosquée : d’aucuns ont offerts entre 15 000 et 30 000 livres sterlings, d’autres 84 000 ou 78 000 livres sterlings à titre individuel. La contribution de onze personnes totalise 300 000 livres sterlings. Ce sont là de grands sacrifices consentis par les ahmadis compte tenu de la situation [économique] d’aujourd’hui. Mais ces sacrifices doivent nous pousser vers plus d’humilité car face à l’exemple présenté par Dieu, les nôtres sont tout à fait insignifiants. De surcroît ils auront un sens quand allons remplir cette mosquée.

Dieu avait demandé à Abraham (a.s) et Ismaël (a.s) de bâtir cette maison dans un lieu désert ; de même l’Occident est une terre spirituellement aride. Et c’est pour le rendre verdoyant que nous sommes en train d’y bâtir des mosquées. Nos sacrifices financiers seront acceptés lorsque nous allons faire la promesse avec Dieu que nous allons progresser spirituellement et que nous allons remplir ces lieux.

Chanceux sont ceux qui sont animés de telles intentions quand ils bâtissent des mosquées et quand ils viennent y prier ; ils profiteront de l’hospitalité de Dieu dans l’Au-delà, tout en ayant jouir du paradis ici sur terre.

Dans la plupart de nos mosquées nous voyons inscrit le verset suivant :

أَلَا بِذِكْرِ اللَّهِ تَطْمَئِنُّ الْقُلُوبُ

« Oui, c’est dans le souvenir d’Allāh que les cœurs trouvent la tranquillité » (Le Saint Coran, chapitre 13, verset 29).

Il n’y a pas plus grand paradis que d’avoir le cœur en paix. C’est parce qu’on a oublié Dieu qu’il y a tant de détresse dans le monde. Celui qui se souvient de Dieu à chaque instant endure toute souffrance pour Sa cause ; ses peines sont un moyen pour acquérir le plaisir divin. Quotidiennement de centaines de personnes se suicident parce qu’elles n’arrivent pas à endurer les malheurs de ce monde. D’aucuns sont si accablés qu’ils en font des infarctus. Le croyant, quant à lui, se tourne vers Dieu quand frappent les épreuves afin que son cœur puisse retrouver sa quiétude. Ainsi l’affirme le Saint Coran :

وَلِمَنْ خَافَ مَقَامَ رَبِّهِ جَنَّتَانِ

« Mais pour celui qui redoute le rang élevé de son Seigneur, il y a deux Jardins » (Le Saint Coran, chapitre 55, verset 47). Le souvenir ainsi que la crainte de Dieu et l’Ibadah ouvrent les portes du paradis terrestre et céleste.

Dans le verset cité plus haut les prophètes Abraham (a.s) et Ismaël (a.s) demandent à Dieu de faire en sorte qu’ils soient toujours soumis à Lui. Cela démontre encore une fois leur humilité extrême, en dépit de leurs grands sacrifices. Ainsi un croyant ne doit jamais être fier de ses bonnes œuvres ni y placer toute sa confiance. Il doit à chaque instant implorer Dieu en ces termes : « O Notre Seigneur ! Nos actions sont insignifiantes ; c’est Ta grâce qui fera de nous Tes serviteurs vertueux. Exauce nos prières et fasse que nous soyons parmi les justes et ceux qui Te sont fidèles. »

À l’instar des prophètes Abraham (a.s) et Ismaël (a.s), le croyant doit prier pour ses descendants. Les mosquées ne doivent pas réunir uniquement les vieux ou les chômeurs ; en dépit de ses occupations l’on doit trouver du temps pour s’y présenter et établir une relation vivante entre elle et ses enfants. La prière est le moyen le plus efficace pour atteindre cet objectif. Si l’on néglige soi-même les consignes de Dieu, la génération future suivra elle aussi la même tendance. La construction de toute nouvelle mosquée doit enclencher la réforme et nous pousser à nous soucier davantage de l’éducation de nos enfants et à prier en ce sens.

En exauçant les prières du prophète Abraham (a.s) et Ismaël (a.s) Dieu a envoyé ce grand prophète qu’est le Saint Prophète Muhammad (s.a.w) qui a auguré une grande révolution dans le monde. Dieu lui demande d’annoncer :

قُلْ إِنَّ صَلَاتِي وَنُسُكِي وَمَحْيَايَ وَمَمَاتِي لِلَّهِ رَبِّ الْعَالَمِينَ

Dis : « Assurément, ma Prière et mon sacrifice et ma vie et ma mort appartiennent à Allāh, le Seigneur des mondes ; »

Le Saint Prophète Muhammad (s.a.w) a atteint les stades les plus élevés dans ces domaines. Il est une référence pour les croyants et le truchement par lequel ils pourront atteindre Dieu.

La mosquée Dar-ul-Aman comporte deux salles principales qui peuvent accueillir 760 hommes et 560 femmes respectivement. Si le besoin se fait sentir l’on pourra aussi utiliser les salles annexes, permettant ainsi d’accueillir 2000 fidèles en tout. Mais cette « possibilité » doit vite se transformer en certitude.

Au Royaume-Uni ainsi qu’en Europe la djama’at est en train de bâtir de nombreuses mosquées. Depuis 2003, après l’ouverture de la mosquée Baitul Futuh, la djama’at du Royaume-Uni a bâti 14 nouvelles mosquées, dont six qui ont été inaugurés au cours de cette année.

Il n’y avait que 13 mosquées en Europe [continentale] et au cours des sept à huit dernières années 44 nouvelles mosquées ont été bâties – la plupart en Allemagne – et la dernière est en voie d’achèvement. Leur beauté ne se limite pas à leurs édifices mais se trouve dans les fidèles qui viennent y prier.

Ensuite Sa Sainteté le Calife a présenté quelques récits de la vie des compagnons du Messie Promis (a.s) qui démontrent leur amour pour la prière et leur concentration au cours de la Salat.

Hadrat Jan Mohammad Sahib rapporte qu’ils se trouvaient sur le toit de la mosquée Mubarak à l’heure de la prière de Maghrib. Mirza Nizam ud Din – qui était apparenté au Messie Promis (a.s) et qui lui vouai une haine farouche – se trouvait dans la cour d’à côté avec ses compagnons : ils étaient là pour fumer, boire et faire la fête. Dès que la prière commença, les fêtards commencèrent à chanter et jouer de la musique, afin d’importuner les fidèles. Mais rapporte, le compagnon du Messie Promis (a.s) : « Nous étions tellement concentrés que nous n’étions pas le moindrement dérangé par leur vacarme. »

Hakim Fadul Rahman rapporte que son père était très vigilant à propos de la prière et du jeûne. Il veillait à l’éducation de ses enfants et à ce qu’ils soient réguliers pour les Salat. En dépit de la fatigue et de son travail il enseignait lui-même à ses enfants le Coran et les réveillait la nuit pour la prière Tahajjud.

C’est là un exemple que les parents d’aujourd’hui doivent suivre, car ils sont les premiers exemples pour leurs enfants. En Occident on s’éloigne de plus en plus de la foi et nos enfants sont certainement influencés par cette tendance. D’où la raison d’un plus grand effort en ce sens. Si certains pères âgés entre 40 ou 45 ans passent leur temps devant la télé ou sur Internet jusqu’à fort tard dans la nuit comment pourront-ils éduquer leurs enfants ?

Le Messie Promis (a.s) conseille ses suivants de prier comme s’ils sont est en train de voir Dieu ou tout au plus de ressentir en leur for intérieur qu’Il est en train de les voir. Il y a certains qui prient régulièrement mais on ne voit pas de changement notable dans leurs habitudes ou dans leur état moral. Ce qui prouve que leur Salat n’est que tradition et qu’elles sont dénuées de toute sincérité. Car suivre des commandements de Dieu est comme planter une graine ; si en dépit de ses soins la graine ne germe pas, c’est qu’elle est mauvaise. Si quoiqu’en suivant les injonctions divines l’on ne profite pas du soutien de Dieu c’est que la graine est mauvaise. C’est cette même Salat qui a transformé d’autres en saints ; pourquoi n’aura-t-elle pas d’effet sur soi ? Si un patient consomme un médicament mais qu’il n’en ressent pas les effets thérapeutiques, l’on conclura qu’il n’est pas bénéfique pour sa personne. Il en est de même de ces Salat [qui ne sont pas efficaces]. Qu’Allah fasse que nous puissions comprendre ce message.